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Critiques de Florence Aubenas (557)
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L'inconnu de la poste

Ouais... c'est très bien écrit, mais l'émettrais deux objections;

* Aucune empathie pour Kathy Burrgod... dommage ! On sait qu'elle a des copines, un petit chien, une Cooper blanche et noire (on s'en f... éperdument) mais rien sur sa psychologie.

L''autrice m'a paru détachée, froide. Elle rapporte des faits, c'est tout.

* Quel est l'intérêt de ce livre ?? Il y a eu paraît-il un travail de 7 ans... C'est en effet suurtout un travail de dépouillement, et certains passages semblent être des copiés-collés.



Le livre est bien écrit, et se lit facilement, mais à la fin on se demande bien pourquoi on l'a lu. Il ressemble à certaines émissions télé, genre "faites entrer l'accusé", ou autres. Faudrait pas que la littérature soit encombrée de ce genre !



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L'inconnu de la poste

J'ai enchaîné L'inconnu de la poste derrière Histoires de la nuit. En quelque sorte, ce sont 2 polars. Deux histoires criminelles en tous cas. Mais là où Laurent Mauvignier met 635 pages à raconter vingt-quatre heures dont une soirée qui tourne mal, Florence Aubenas en met 200 et quelques pour raconter un crime, 10 ans d'enquête mais surtout la psychologie de tous les protagonistes et la socio-géographie d'une région. Alors, c'est une histoire qui n'a pas ému les foules mais dont certains se souviennent peut-être: en décembre 2008, l'employée d'un minuscule bureau de poste de Montréal-la-Cluse, dans l'Ain, est sauvagement assassinée de 28 coups de couteaux pour un butin ridicule. Ce qui est troublant c'est que, juste en face de la poste, vivait Gérald Thomassin, acteur cesarisé mais confidentiel, alternant tournages et clochardisation, copain de stars et de toxicos (parfois 2 en 1). Il sera le suspect numéro 1. Il sera défendu par Dupont-Moretti...

Ça, c'est la trame, et c'est déjà intéressant mais ce qui fait la qualité de ce livre c'est l'environnement de ce drame. Florence Aubenas a enquêté 6 ans ! Elle a rencontré tout le monde ! Et la peinture qu'elle fait des victimes et des suspects, des gendarmes, des avocats, des voisins, des parents, des amis, des gens de cette vallée du plastique est saisissante et très émouvante. Elle ne juge jamais mais ne sombre pas non plus dans la démagogie. Les pages sur les enfants de la DASS m'ont effarée, celle sur la transformation de la vallée m'ont vivement intéressée. Et puis il y a aussi le milieu du cinéma qui, hors cachet de quelques stars, est un monde de grande précarité, un ogre sanguinaire qu'on ne peut défier que très armé. Et tout ça en moins de 300 pages, dans une écriture précise, efficace, toujours à hauteur d'hommes. Non vraiment, ce livre n'a qu'un seul défaut: il est trop court.
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En France

En trois chapitres Florence Aubenas nous propose un tour de France étonnant : "En campagne", "Au camping", "Une jeunesse française", sont les étapes de ce parcours de découverte sociale. La journaliste dessine ainsi le portrait de cette France d'en bas qui s'enfonce un peu plus chaque année dans la galère et la débrouille.

Une France rurale, banlieusarde, précaire, celle qui se lève tôt pour gagner moins, et permettre aux plus puissants d'amasser toujours plus de capitaux exilés. Un panorama de ces hommes et femmes du commun, au travail ou en vacances, entre fermeture des petits commerces ou des coopératives, écrasées par les normes et la libre concurrence, la crise, les licenciements, le coût de la vie, le chômage.

Florence Aubenas revient aussi sur les élections présidentielles, les manifestations d'intolérance provoquées par la loi sur le mariage pour tous, avec la montée du FN pour toile de fond - ou d'araignée. Elle donne la parole à ces oubliés du système, dont on parle beaucoup mais qu'on aide de moins en moins, elle se fait l'écho des préjugés, du bon sens, de la peur ou du goût de l'autre, dans un reportage tout en délicatesse dans lequel chaque titre est une promesse : "Si j'étais Gérard Depardieu", "Mais il est passé où, le million ?", "Merde, la canette a explosé dans le poulet"...
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Le Quai de Ouistreham

Un reportage fort qui se lit comme un roman. On en vient à oublier totalement que l'auteur n'est pas réellement une femme de ménage et on suit avec angoisse son triste quotidien. On a beau savoir que la situation aujourd'hui n'est pas glorieuse, on ne peut s'empêcher d'être surpris par l'ampleur des dégâts. Un très bon livre.
Lien : http://madimado.com/2011/12/..
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Le Quai de Ouistreham

Chronique magistrale de la misère sociale



Permettez-moi tout d'abord de resituer qui est Florence Aubenas. Une journaliste brillante, engagée, qui a effectué une bonne partie de sa carrière à Libé où elle a couvert des conflits à travers nombres d'endroits chauds de la planète. Elle a ensuite acquis une certaine célébrité comme otage pendant 6 mois en Irak avant d'être finalement libérée. Il est d'ailleurs assez remarquable qu'après ce cauchemar, elle soit toujours apparu souriante et libérée au propre comme au figuré et ce, dès sa descente d'avion. Même si elle a du être marquée pour toujours dans sa tête sinon dans sa chair, elle n'en a jamais rien laissé paraître. Elle a ensuite couvert le procès d'Outreau, étant une des premières à émettre des doutes sur la culpabilité des accusés. Elle travaille désormais au Nouvel Obs, elle est également présidente de l'Observatoire International des Prisons.



Début 2009, frappée (intellectuellement) par la crise, elle prend un congé sabbatique en cachant son vrai projet à son employeur. Celui-ci est de partir à Caen en laissant tout derrière elle pour vivre la crise "à hauteur d'hommes" (ou de femmes plutôt). Elle loue une chambre minable à Caen, part sans voiture, ne rentre à Paris que deux fois et se promet d'arrêter l'expérience quand elle aura décroché un CDI ce qui arrive (miraculeusement) au bout de 6 mois. Elle revient alors à Paris puis repart quelques mois après dans sa chambre meublée pour écrire ce roman/document/reportage. Ca n'est pas la première fois qu'un journaliste utilise cette méthode d'"immersion extrême", cela avait été fait avec des immigrants clandestins, des SDF. Néanmoins, il faut un sacré courage pour aller s'immerger, les mains dans le cambouis (ou pire dans la merde), dans ce que tous les autres français ne rêvent que de fuir. Avec en bandoulière, ses yeux, ses oreilles et sa mémoire pour enregistrer. Sa sensibilité et sa plume pour rapporter.



Ce qui est étonnant, c'est qu'avec son profil d'ex-otage que l'on voyait à la TV quasi tous les soirs pendant 6 mois, on se dit qu'il lui a fallu porter faux nez et postiches en tous genres. Eh bien, non ! Elle a fait au plus simple. Elle a vaguement teint ses cheveux, mis en permanence ses lunettes (qu'elle ne porte pas toujours sinon) et ... c'est tout. Pour le reste, elle a gardé la même identité et s'est juste inventé un passé de femme mariée et au foyer pendant 20 ans qui vient de se faire larguer par son mari et a besoin désespérément de bosser. Le plus fou, c'est que presque personne ne l'a reconnue. Deux ou trois personnes ont eu un doute et une l'a formellement reconnue mais a gardé le silence à sa demande.



Donc Florence Aubenas décrit sa quête d'un travail ou plutôt d'heures de travail car on se rend rapidement compte que non seulement le CDI relève du graal absolu, que même un CDD est déjà un poste au-dessus du lot mais qu'en plus espérer travailler 35h par semaine est totalement illusoire, voire impossible. Caen est marquée par un passé industriel (SMN, Moulinex, qui a complément disparu entre les années 70 et la fin des années 90). Résultat : ça n'est plus qu'une zone condamnée, avec un taux de chômage élevé et une population paupérisée. Le statut d'ouvrier est devenu quelque chose de mythique, un rêve presque oublié.



La quête de Florence Aubenas commence logiquement par l'ANPE, débordée, ne proposant rien sinon brasser du vent et truquer les chiffres à la demande de sa direction. Puis c'est les agences d'interim et enfin les boîtes de nettoyage qui vendent de la viande pour laver des locaux, ici de 5 à 7 deux fois par semaine, là de 18h30 à 20h30 tous les soirs. Une vie passée à quémander un bout de travail ici, un autre là, à faire 1h de route pour 2h de travail payés au SMIC (la convention collective prévoit SMIC+10% mais les employeurs ne la respectent pas avec la complicité de l'ANPE). Et encore, souvent les 2h négociées entre la société de nettoyage et son client se transforment en 3h. Qui éponge la différence ? Les femmes de ménage pardi ... Car c'est ce qu'a trouvé Florence Aubenas. Sa seule carte de visite ? Elle est prête à tout. "Comme tout le monde", lui est-il répondu ...



Ce livre permet de vraiment regarder la France dans les yeux de la crise, voir la misère humaine mais aussi sociale et culturelle. Le mépris affiché par les patrons, les petits chefs, les sociétés d'interim donne mal au ventre. On n'a pas vraiment l'impression d'être la France "pays-des-droits-de-l'homme" mais plutôt être resté dans Zola. Et à côté de cela, on sent malgré tout une envie de vivre, une humanité, une solidarité qui sent les derniers remparts avant le désespoir.



La grande force de Florence Aubenas c'est que son immersion permet d'être au plus près de cette réalité mais elle parvient malgré tout à trouver le recul nécessaire pour le récit. Un récit qui ne surligne jamais, ce qui aurait été l'écueil majeur. Les situations sont telles qu'il n'est pas besoin de faire de l'emphase. Juste recueillir, relater avec une sensibilité et une bienveillance qui affleure dans le récit. Sans misérabilisme, sans condescendance, sans manichéisme ni prise de parti excessive. L'exacte bonne distance. Avec du style en plus.



Chapeau, madame Aubenas !


Lien : http://www.critiqueslibres.c..
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Le Quai de Ouistreham

Florence Aubenas, ex otage en Irak en 2005 ( à l'heure où je rédige cette critique, je cherche à savoir si elle a livré de cette expérience traumatisante un témoignage - auquel cas je vais me précipiter !) rend compte tout le long de cette enquête de la vie de ces invisibles que sont les chômeurs les plus précaires pris dans la dureté d'un système qui vit pourtant de leur propre sacrifice ... Infiltrée dans le milieu des demandeurs d'emploi du Calvados (région de Caen), Florence Aubenas sait rendre tout le tranchant et la fragilité de ces vies courageuses et que la solidarité, souvent, vient adoucir un peu. Le style (non dénué d'humour, mais un humour "froid") est vif comme le climat normand, direct comme une circulaire administrative, sans concession comme la fatalité sociale qui dit"oui", qui dit"non", parfois souffretant comme la voiture baptisée "le tracteur" par l'autrice et qui conduit, tant bien que mal, la journaliste sur les "sites"arrachés de justesseà Pôle Emploi. Combien de politiques ont-ils lu ce livre ? Bonne lecture !
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L'inconnu de la poste

Florence Aubenas nous retrace le parcours de Gérald Thomassin de son arrivée à Montréal-la-Cluse à sa disparition mystérieuse en parallèle de l'enquête sur le meurtre de Catherine Burgod dans le petit bureau de poste de ce petit village.

Elle dissèque les éléments du dossier, les relations des protagonistes, les suspicions, les cancans, ... Elle établit le portrait robot de ce village mais, comme pour la justice, le résultat final est toujours en suspens : qui a tué la postière ?



Cette enquête minutieuse est intéressante et fouillé mais parfois trop long à mon goût.
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L'inconnu de la poste

"C'est peut-être bizarre mais, pour autant que je sache, on n'a jamais assassiné quelqu'un parce qu'il était trop parfait ! Dieu sait pourtant que la perfection est exaspérante." dixit Agatha Christie dans Meurtre en Mésopotamie, que j'ai lu en même temps que L'inconnu de la poste de Florence Aubenas.



Quel rapport entre un roman policier qui se passe en Irak dans les années 1930 et une enquête journalistique de plusieurs années dans la France du début du vingt-et-unième siècle ?

Le portrait de la victime, une belle femme dépressive que tous semblaient aimer et apprécier; la recherche du coupable parmi les "étrangers" et surtout la description d'un microcosme exotique, qu'il soit un camp de fouilles archéologiques près de Ninive ou Montréal-la-Cluse, une petite ville du Jura français, perdue entre Lyon et la Suisse.



Florence Aubenas excelle a décrire par petites touches impressionnistes une France profonde, où l'assassinat de la postière Catherine Burgod n'aurait jamais attiré l'attention des médias nationaux si le suspect principal, Gérald Thomassin, n'avait été un acteur césarisé pour son premier rôle dans Le Petit Criminel de Jacques Doillon en 1991. Né en banlieue parisienne, enfant de la Ddass, passant de la célébrité à la marginalité, entre alcool et drogue, résidant en face de la poste de Montréal-la-Cluse depuis un an au moment de l'assassinat, Thomassin fait figure de coupable idéal, même s'il clame son innocence.



Si, dans le roman, Hercule Poirot résoud l'énigme en quelques jours, dans la réalité, l'enquête piétine malgré les moyens techniques et humains mis à disposition de la justice pendant plus de dix ans.



Florence Aubenas écoute et se retient de porter des jugements de valeur. Elle constate seulement que, malgré les rapides progrès technologiques qui ont transformé le pays dans la seconde moitié du XXème siècle, la mentalité dans les petites villes n'a pas tellement changé. L'étranger, qu'il vienne de Paris ou d'Alger, demeure un inconnu, qu'on peut accuser de toutes les fautes, même s'il n'a souvent que le tort de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment.
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L'inconnu de la poste

Florence Aubenas a dû vouloir faire comme Ivan Jablonka avec "Laëtitia" écrire un livre sur un fait divers sordide et qui plus est, peut être commis par un ancien acteur Gérald Thomassin qui a disparu corps et bien le jour de son ultime procès.

Nous suivons donc cet acteur dans sa vie plus ou moins raté, dans le petit village de Montréal la Cluse, la vie paisible qui y régnait jusqu'au meurtre atroce de la postière. S'ensuit l'enquête, les enquêtes successives, les doutes, le regard négatif porté sur Gérald qui fait le suspect parfait par son comportement et sa disparition soudaine.

On ne connaîtra jamais l'assassin de cette postière, les motivations de celui-ci ni la raison de la disparition de l'acteur, s'il a rencontré une mauvaise personne au mauvais moment ou s'il s'est suicidé ou évaporé dans la nature.
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L'inconnu de la poste

Véritable "page turner", on retrouve dans L'inconnu de la poste le style simple sans être simpliste de Florence Aubenas. On apprécie aussi le travail d'enquête journalistique de l'auteure. Ce que j'ai particulièrement apprécié c'est la façon dont elle nous implante dans le décor du livre. Nous sommes avec les protagonistes et Aubenas réussit à parler de chacun d'eux sans préjugés ni condescendance. En cela on dépasse le fait divers, ou l'affaire criminelle sordide, pour juste raconter une histoire d'hommes.
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L'inconnu de la poste

Que l'on se souvienne ou pas de ce fait divers, que l'on ait vu ou pas Le petit criminel, que l'on connaisse ou pas Gérald Thomassin, peu importe. L'essentiel est ailleurs. Il se situe dans le village de Montréal-la-Cluse où Catherine Burgod a été tuée de vingt-huit coups de couteau dans le bureau de poste où elle travaillait. L'inconnu de la poste est l’histoire d’un crime et le portrait sociologique d'une certaine France. Passionnant !



Pour aboutir à L'inconnu de la poste, Florence Aubenas a travaillé durant quasi sept ans sur cette affaire. Ce livre n'est pas une contre-enquête. L'auteure s'est évertuée à reconstituer chacun des épisodes de ce fait divers sordide. Les faits, rien que les faits et une présentation de chacun des acteurs -sans mauvais jeu de mot- de ce dossier. La journaliste les a tous rencontrés (sauf une évidemment). Elle les a fait parler de leur vie, leur parcours. Sans jamais porter de jugement, elle retranscrit avec beaucoup d'humanité ce qu'a été le chemin des uns et des autres. Certains en ont eu de plus sinueux, plus chaotiques que d'autres. Tel est le cas de Thomassin, le petit criminel. Enfant de l'assistance publique, sacré meilleur espoir masculin en 1991 grâce à Jacques Doillon, au moment des faits, il se débattait avec ses démons, la toxicomanie et la marginalité. Tout le désignait comme étant le coupable idéal. Dès lors, il va endosser tous les rôles. Accusé, incarcéré, puis relaxé avant de se volatiliser. Incompréhensible. Au-delà de cette mystérieuse disparition, Florence Aubenas, s'attache à mettre sur le devant de la scène outre la victime et son présumé coupable, tous ceux qui ont gravité autour d'eux. En toute impartialité, elle donnera la parole aussi bien au père de Catherine Burgod, notable, qui a l'intime conviction que l'ex comédien drogué et zonard est coupable, qu'aux compagnons de route de Gérald Thomassin. Elle s'évertuera à dépeindre la vie des uns et des autres dans cette France rurale qui ne parvient pas toujours à s'affranchir des préjugés.



L'inconnu de la poste est un récit captivant. Florence Aubenas dissèque, analyse en toute objectivité et sans pathos un fait divers comme il en existe tant d'autres mais qui a l'originalité d'ouvrir lui-même sur une autre affaire. Qu'est-il arrivé au présumé coupable qui in fine a été relaxé ? Entre polar et reportage, servi par l'écriture au cordeau de l'auteure et par son talent de conteuse, L'inconnu de la poste est à découvrir.
Lien : https://the-fab-blog.blogspo..
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L'inconnu de la poste

Un fait divers dans un bled paumé, un désigné coupable tout aussi paumé.

Aubenas retrace l'itinéraire de cet enfant terrible du cinéma français, de sa jeunesse entre un père absent, au sens littéral du terme, une mère déglinguée et les placements en foyers et familles d'accueil, dont une dans laquelle son frère et lui subiront des violences sexuelles.

On a connu meilleur jeu de carte pour entrer dans la vie et pourtant, le destin va se faire pardonner ses erreurs sous la forme d'un casting sauvage qui mènera Gérald Thomassin aux sommets de la gloire. On se dit que là c'est bon, l'est sauvé le gamin et pourtant comme tant d'autres enfants stars, Thomassin sombre dans les addictions, se marginalise, il atterrira pour une mise au vert à Montréal la Cluse mais même un bled perdu du fin fond de l'Ain possède ses âmes perdues et Thomassin se rapprochera rapidement des 3-4 marginaux du coin.

Jusque là, ça va pas trop mal entre alcool, dope et RMI, c'était sans compter sur l'assassinat de la postière et Thomassin il habite juste en face, et Thomassin c'est un marginal alors hein ces gens là...et Thomassin quand il a bu, c'est à dire tout le temps, il raconte un beau paquet de conneries, suffisamment pour que tous les soupçons convergent vers lui.



Aubenas retrace aussi la vie de la victime et de ses proches, entre père fou de douleur, ex amants et copines de virées. Une vie ordinaire dans un village ordinaire avec des gens ordinaires, bref un coin chiant à mourir que la plupart des ses habitants ne pense qu'à quitter pour une vie extraordinaire ailleurs.



On suit le travail de la justice, ses hésitations, ses égarements, ses erreurs jusqu'au rebondissement final qui devrait conduire Thomassin vers un blanchiment sauf que Thomassin, il est perdu, littéralement, on sait plus où il est, disparu, envolé, il devait rejoindre Aubenas à Lyon, il a bu l'argent du train, s'est embarqué sans billet et la dernière trace de lui s'arrête à Nantes, où il n'avait rien à faire et ne connaissait personne, on est en août 2019 et il n'a jamais été revu, ni mort ni vivant, depuis cette date.

Un livre intéressant, du bon travail d'investigation, du Aubenas quoi!





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L'inconnu de la poste

Cette histoire vraie nous est racontée par Florence Aubenas, cette journaliste qui défraya la chronique en 2005, retenue 5 mois en otage en Irak.

Gérald Thomassin, gosse de la DDASS sans repères, espoir du cinéma depuis que Doillon en a fait la vedette d'un de ses films, ne parvient pas à se défaire de ses démons, délinquance, drogue.

Accusé d'un meurtre, il va multiplier les maladresses. Sa disparition inquiétante alors qu'il vient se justifier auprès des enquêteurs ne cesse d'interroger.
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Le Quai de Ouistreham

Une plongée dans la crise économique des années 2000, du côté des travailleurs précaires, les sans-diplômes. L'autrice se fait passer pour une femme sans diplôme mais n'ayant jamais travaillé car femme au foyer. Elle change également d'apparence. Après une inscription à Pôle Emploi et une formation de femme de ménage, elle va se trouver accumuler les petits jobs, de nettoyage, notamment sur un ferry depuis Ouistreham, l'emploi réputé le plus difficile.

Le livre pourrait paraître daté puisque nous parlons plus aujourd'hui de plein emploi que de crise mais ce ne sont pas les mêmes personnes qui sont concernées car si les diplômés peuvent aujourd'hui choisir leur emploi, ce n'est toujours pas le cas des sans diplômes.

Le livre pourrait paraître indigeste, vu le sujet ; en fait, les rencontres faites et quelques scènes très cocasses en font une description de la société d'en bas très juste.

Elle rencontre la difficulté de trouver un emploi sans voiture et les scènes avec la voiture prêtée sont très drôles !

Cette phrase résume bien ses propos "on travaille tout le temps, sans avoir vraiment de travail, on gagne de l'argent sans vraiment gagner notre vie".
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L'inconnu de la poste

En 2008, dans une petite ville de l’Ain, la postière est sauvagement poignardée. L’enquête policière piétine pendant plusieurs années. Un jeune marginal est finalement inculpé et incarcéré : il clame son innocence et les preuves manquent.

L’accusé est un personnage hors norme : Gérald Thomassin, enfant de la DDASS devenu meilleur jeune espoir du cinéma français et dont la vie vacille entre succès et addictions.

Florence AUBENAS retrace ce fait divers réel à la manière d’un roman. Le lecteur est plongé dans l’univers « tristounet » de cette vallée montagnarde devenue Plastic Vallées. Les personnages auxquels la vie n’a pas fait de cadeau sont décrits avec beaucoup d’empathie : la victime est une maman un peu perdue, son père consacre la fin de sa vie à confondre l’accusé, quelques paumés se perdent dans l’alcool et la drogue, les gendarmes sont impuissants à trouver la vérité… Et Thomassin parait déphasé, sans boussole, mais derrière ce portrait d’antihéros, on devine une personne attachante.

Un bon récit.

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L'inconnu de la poste

Énigmes non élucidées.



C'est l'histoire d'un fait divers survenu en décembre 2008. L'employée de la « petite poste » de Montréal-la-Cluse, 3500 habitants, est assassinée. Personne n'a rien vu. L'enquête va durer des années.



Au coeur de ce drame, un acteur, soupçonné à partir de 2013 : Gérald Thomassin, le jeune acteur du film « le petit criminel » rôle qui lui a valu le césar du meilleur espoir masculin en 1991, et qui a continué sa vie et sa carrière cahin-caha, lourdement lesté de problèmes personnels importants, mais très considéré dans le milieu du cinéma et estimé comme étant un acteur de premier plan.



Dans les premières pages du livre Florence Aubenas nous emmène faire connaissance avec la région qui vit grâce à l'industrie du plastique (la « Plastic Vallée » vantée par les panneaux publicitaires comme le premier pôle européen du secteur), avec le village, les habitants avec leur vie, leurs habitudes, leur travail.



En parallèle nous entrons dans l'intimité de la vie de Gérald Thomassin qui avait emménagé à Montréal-la-Cluse quelque temps avant le meurtre dans un modeste logement en sous-sol dans une bâtisse habitée par des familles en difficultés. L'acteur, personnage hors du commun, se démarque à la fois par un comportement quelque peu inquiétant de marginal, trainant avec des « paumés » comme lui avec lesquels il passe son temps à écluser des bières et jouer aux jeux vidéo, mais qu'on peut aussi observer en prière à l'église profondément recueilli.



Tout au long du récit, très scrupuleux, la journaliste reste en retrait ; elle nous livre un récit empreint de le neutralité propre à toute bonne enquête journalistique.

Néanmoins à travers son texte je me suis surprise à l'imaginer discutant avec les uns et les autres, recueillant leurs témoignages d'une oreille attentive « l'air de rien » ou officiellement, favorisant les confidences, les avis personnels, les opinions, comptant sur le fait que les gens aiment à parler et à donner leur avis mais restant professionnelle, poursuivant son objectif d'investigation, et pourquoi pas peut-être faire avancer l'enquête judiciaire.

On devine une importante opération d'investigation et de collecte d'information suivi d'un énorme travail de traitement des données, de réflexion, mise en forme et de rédaction.

La psychologie des personnes impliquées dans ce récit est parfaitement brossée ; on imagine si bien les personnages qu'ils nous deviennent familier, on souffre avec eux, on imagine leurs peurs, leurs angoisses, leurs détresses, leur stupeur, leurs incompréhensions.



J'ai été tentée de lire ce livre comme un vrai roman policier ; ce qui m'en a empêchée ? C'est que le drame est bien réel et qu'une femme de 41 ans enceinte de 5 mois a été poignardée à 28 reprises.



À ce jour l'affaire n'a pu être élucidée. Il se trouve qu'un auteur présumé, découvert en 2019, a été acquitté au bénéfice du doute en avril 2022.

Et Gérald Thomassin dans tout ça ? La journaliste avait noué des liens avec lui au titre de l'enquête, et reste comme toutes les connaissances et l'entourage de l'acteur sans aucune nouvelle de lui.

Il disparait en août 2019 lors d'un changement de train, alors qu'il se rend à Lyon à la convocation du juge d'instruction qui devait lui signifier sa relaxe dans l'affaire du meurtre de Montréal-la-Cluse.



La disparition de Gérald Thomassin, un mystère qui reste lui aussi à élucider.



Challenge « non-fiction tout connaître 2022 »

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L'inconnu de la poste

Il s’agit d’un crime non résolu, qui s’est déroulé en décembre 2008 à Montréal-la-Cluze. Ce matin là, à l’ouverture, des clients découvrent le cadavre de Catherine Burgod, la responsable de l’agence de la poste et du dépôt SNCF, tuée de 23 coups de couteau. Fille d’un notable particulièrement influent, séparée de son mari et enceinte de son nouveau compagnon, elle menait cependant une vie tranquille, était connue et appréciée de tous, dans ce village qui l’avait vu naitre et dont elle connaissait tous les habitants.

À partir de ce fait divers tragique (dont le premier procès aura lieu en 2022 soit 14 ans après le déroulement des faits), Florence Aubenas va faire ce qu’elle fait de mieux: une enquête sérieuse et particulièrement documentée mais pas à la façon d’un policier ou d’un criminologue, mais à sa façon à elle si singulière et humaine. On retrouve là toute son habileté à nous faire pénétrer dans l’intimité de la victime puis du principal suspect, Gérald Thomassin, acteur marginal mais doué et reconnu dans la profession - au point d’avoir remporté un César.

Elle nous raconte cette affaire d’une façon tellement humaine qu’on la vit de l’intérieur, comme si nous vivions au village et qu’on regardait l’enquête se déroulant pendant toutes ses années.

J’ai beaucoup aimé ce livre, dont l’autrice nous fait suivre le déroulement avec précision et beaucoup d’humanité.
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L'inconnu de la poste

Hier, il pleuvait dru...



J'ai donc dévoré L'inconnu de la poste de Florence Aubenas.



Florence Aubenas est grand reporter au journal Le Monde, son écriture est fluide, son récit est passionnant.



Il se base sur un fait divers : l'assassinat, en 2008, de Catherine Burgod, l'employée de la poste de Montréal La Cluse, petit village de l'Ain, un assassinat particulièrement violent, car la victime (enceinte) a tout de même reçu pas moins de 28 coups de couteau.



Alors oui, vous allez me dire que c'est un documentaire... Mais je vous assure que ça se lit comme un excellent polar et que ce livre vous tiendra en haleine du début à la fin.



Une lecture que j'ai, pour ma part, beaucoup appréciée, sans doute en raison de sa vérité sans concession, et sans doute aussi parce qu'on se rend compte que toutes les horreurs qu'on peut lire dans des polars de fiction existent dans la vraie vie.
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L'inconnu de la poste

Sans rien connaître sur cette affaire mais étant consommatrice de polars, documentaires criminels et autres contenus glaçants, j'avais hâte de découvrir cet ouvrage et cette histoire si médiatisés et mystérieux.

Le livre se lit vite et la lecture est agréable mais il y a un je ne sais quoi qui empêche la narration d'être à la hauteur du récit. Et c'est bien lui qui, étant 100% tiré des faits réels, apporte l'impact et l'essence à ce livre. C'est peu être le choix de point de vue qui retient la narration... Ni omnisciente ni personnelle nous survolons l'affaire de loin puis d'un peu plus près, sans jamais se sentir baignés dedans.

On prend tout de même beaucoup de plaisir à la lecture, notamment vers la fin où l'affaire se déroule comme le plus tiré-par-les-cheveux des polars. Là où on s'attendait à rester sur notre faim, on se retrouve face à un festin, et c'est une belle surprise.

En somme, Aubenas avait entre les mains un fait divers digne de devenir un roman, et quelle que soit la la qualité de la réalisation littéraire, on se régale.
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L'inconnu de la poste

Un récit passionnant , on ne quitte plus le livre. Elle est une des rares (avec Emmanuel Carrère à sa belle époque) à pouvoir s'emparer d'un fait divers, le raconter, nous passionner et nous transporter dans un milieu à des kilométres du notre. Je ne connaissais que très peu cette affaire, quelle enquête ! Quelle maestra !
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