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Critiques de Florence Aubenas (557)
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Résister, c'est créer

Alors que le monde semblait résigné au néolibéralisme, un foisonnement inattendu de mouvements de contestation multiples, diffus, a surgi. Les auteurs analysent, avec force exemples, cette contre-offensive.





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La méprise. L'affaire d'Outreau

Dans La méprise, la journaliste Florence Aubenas aborde avec tact et une très grande sensibilité l’affaire d’Outreau, un sordide feuilleton judiciaire qui tint en haleine la France il y a quelques années.

Petit rappel des faits. Après des mois d’une enquête effrénée, basée principalement sur les dires d’enfants, dix-sept personnes sont inculpées, soupçonnées de faire partie d’un gigantesque réseau de pédophilie. Parmi elles des notables, un prêtre-ouvrier, une boulangère, un gardien d’immeuble ou encore un chauffeur de taxi. Les accusés sont présentés comme de véritables monstres, violeurs et assassins d’enfants.

Le juge d’instruction, incapable de prendre le recul nécessaire par rapport à des accusations délirantes (les enfants vont jusqu’à prétendre avoir été violés par des moutons, des vaches et des chèvres...), mène l’enquête uniquement à charge. Arrive le procès, très vite, l’affaire se dégonfle comme une vulgaire baudruche. Plusieurs accusés sont pourtant condamnés alors qu’ils ont toujours clamé leur innocence. Ils seront finalement acquittés l’année d’après, lors du procès appel (que le livre de Florence Aubenas n’aborde pas, ayant été publié avant), non sans avoir passé trois ans en prison préventive et avoir vu leurs vies familiale et professionnelle ruinées. Si ce procès fut l’occasion d’une réhabilitation pour l’ensemble des protagonistes accusés à tort, il fit également ressortir crûment les dysfonctionnements de l’institution judiciaire et des acteurs sociaux (notamment les experts psychologues) dans la lutte contre la pédophilie. Pour parachever le sombre tableau, on notera encore qu’une dix-huitième personne inculpée s’est suicidée en prison, ne pouvant supporter le poids des accusations mensongères portées contre elle.

Le récit fouillé de Florence Aubenas va des premiers soupçons d’actes sexuels sur des enfants habitant la Tour du Renard, dans le quartier populaire d’Outreau, jusqu’au procès de St-Omer. Son enquête finement construite, richement documentée et portée par une plume alerte prend aux tripes. En se basant sur l’ensemble des éléments du dossier judiciaire, la journaliste permet de mieux comprendre comment cette enquête, certes gigantesque et complexe, s’est transformée en instruction digne de l’Inquisition. Mis sous pression par des médias prêts à lyncher quiconque ferait preuve de laxisme dans la traque des pédophiles, le juge d’instruction sombra dans un parti pris manifeste en sacralisant la parole des enfants, qui selon lui, «ne mentent pas».

L’ancienne journaliste de Libération, qui a suivi au jour le jour l’affaire, met également en lumière l’existence de poches de pauvreté inimaginables dans la France du XXIe siècle. On ne peut qu’être abasourdi par la description de quartiers entiers gangrenés par le chômage, la violence, l’ennui et l’oisiveté.
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Le Quai de Ouistreham

Si le livre de Florence Aubenas a le mérite de décrire les difficultés de la vie quotidienne des travailleurs précaires mais aussi les débrouilles et les petites joies du quotidien, cette immersion de la journaliste montre trop rapidement ces limites. Tout d'abord le livre peine à trouver le ton juste, problème de rythme et de lien.Et surtout même si bien sûr la démarche est louable et sincère

il est clair qu' Aubenas ne peut véritablement nous faire ressentir le quotidien de ces précaires puisque qu'elle cache son identité et ne pourra jamais totalement ressentir leur problématique au quotidien. Et forcément le récit manque sa cible et n'a pas la force voulue. Intéressant même si bancal.
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Le Quai de Ouistreham

Il y a quelques années profitant des livres étudiés par ma fille, j’ai eu l’occasion de lire « L’Amérique pauvre » de Barbara Ehrenreich, journaliste qui faisant un pari avec un ami va partir chercher du travail sans qualification, en conservant seulement sa voiture et mille dollars (il me semble, bien que maintenant la somme me parait importante…), Depuis j’attendais qu’un journaliste ou sociologue se lance dans le même genre d’aventure en France. Mon souhait a été exaucé ! Ce livre arrive au bon moment dans ma vie puisque je suis inscrite à pôle emploi depuis deux mois…. J’ai retrouvé dans ce constat navrant et pourtant réaliste l’ambiance de pôle emploi, une sorte d’agressivité latente dès qu’on pousse la porte de cet endroit. La pensée positive est arrivée jusqu’à nous, sauvons nous help !!!! Ou comment faire passer des consignes et des ordres sans que ceux-ci soit discutés ou refusés, excellent ! J’ai beaucoup ri en lisant ce témoignage, me retrouvant dans certaines situations. Les loisirs évoqués sont malheureusement pragmatiques en ces temps de précarité et je le constate dans ma région : la sortie du week-end est aussi la grande surface où on passe beaucoup de temps à discuter, à faire des rencontres etc…La solidarité, les astuces pour acheter de quoi manger, l’amitié, les bagarres, tout y est. Florence Aubenas s’est parfaitement « coulée » dans la peau du personnage s’est contentée de témoigner et son livre est une réussite. A lire absolument surtout si vous êtes « demandeur d’emploi », il ne faut plus dire chômeur, la pensée positive n’oubliez pas !
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L'inconnu de la poste

Florence Aubenas s'empare d'une affaire de meurtre non élucidée, enquête longuement - 7 ans- auprès de toutes les personnes impliquées, s'immerge dans la petite ville, tire toutes les ficelles, non pas pour résoudre l'enquête, trouver l'assassin mais pour faire le portrait, le tableau, le plus précis possible de ce qui s'est passé bien sûr, et aussi du contexte de cette ville, de cette région de l'Ain, de l'époque et des gens et nous fait le récit de tout cela.

Le principal accusé est un personnage particulier, enfant placé, acteur, marginal, décalé et attachant.

La victime est elle une enfant du pays, assassinée de 28 coups de couteau pour quelques milliers d'euros dans son minuscule bureau de poste.

Florence Aubenas a réalisé un travail d'enquête impressionnant, ne laissant rien au hasard. Elle nous montre bien comment un faisceau de circonstances, une vie un peu en marge vous transforme facilement en suspect. Pas de preuves directes, avérées mais des soupçons et des bricoles, le besoin de trouver l'assassin, de résoudre et de clore l'enquête peut mener à une solution rapide, expédiée...

J'ai trouvé ce livre intéressant pour ce qu'il raconte d'une région, d'une époque qu'elle scanne avec précision et serieux. La France ordinaire, celle d'en bas, des zones industrielles et des petites villes.

L'autrice est rigoureuse, on le sent et cherche à rendre visibles ces gens, ces lieux qui sont rarement mis en lumière sauf quand un drame s'y produit.



Elle -me semble t-il- s'attache surtout, se prend d'affection pour Gérald Thomassin, cet homme fragile, instable, perdu souvent, qui tente de se maintenir à flots, acteur par hasard, au talent reconnu par un César, pour des rôles proches de sa vie. Un homme complexe, au destin tellement singulier, insolite et intéressant et jusqu'au bout, mystérieux.

La victime, Catherine Burgod, paraît moins remarquable pour l'autrice, à mon avis. Un parcours presque ordinaire de femme qui se débat elle aussi pour rester maîtresse de sa vie. Même si son destin est moins romanesque que celui du suspect, au delà de sa mort qui en fait un personnage de tragédie, elle n'en est pas moins une femme intéressante et complexe.

Ce livre m'a vraiment fait penser à "de sang froid" de Truman Capote. Un peu en dessous pour la qualité de l'écriture... Son écriture est plus journalistique, moins travaillée.

Bref, n'est pas Truman Capote qui veut...mais "l'inconnu de la poste est de qualité" et j'ai aimé le lire.

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L'inconnu de la poste

Florence Aubenas possède ce don rare de vous plonger dans un fait divers et vous en montrer toutes les ramifications Sans jamais prendre partie, elle nous relate uniquement les faits, leur enchevêtrement et donne la parole à chaque protagoniste. Ici, chacun a sa place.

Sous sa plume, la victime, cette postière assassinée de plusieurs coups de couteau, cesse de l'être. Elle redevient avant tout une femme avec sa vie ordinaire, un peu moins parfois, mais aussi avec la place qu'elle occupait dans le coeur ou l'imaginaire de chacun. Catherine Burgod , c'est son nom.

Dans ce petit village de Montreal-La-Cluse où rien ne se passe, son assassinat a fait l'effet d'une bombe. La méfiance s'est installée, l'incompréhension a régné. Il n'en fallait certainement pas plus pour désigner "l'étranger" comme responsable. Cet étranger, c'est Gérald Thomassin, acteur césarisé, adepte des drogues et de l'alcool qui a fui le monde du cinéma pur se mettre au vert. Hanté par ses propres démons, ce dernier va très vite devenir l'objet de tous les fantasmes et de toutes les suspicions. Il faut trouver le coupable, Gérald est celui qui y correspond le plus. S'ensuit alors une enquête interminable, reposant sur bon nombre d'allégations et avec peu de preuves concrètes.

C'est cette enquête que l'auteure va décortiquer tout au long de son livre. En recueillant la parole de presque tout un village et de Gérald Thomassin, elle affine le processus. Elle donne à voir sans jamais dire ce qu'elle en pense. Nous sommes à ses côtés, nous découvrons avec elle. Ce récit se lit donc comme un roman, tant le talent de conteuse de l'auteure est à son sommet. Comme pour "La méprise: l'affaire d'Outreau" ou "Le quai de Ouistreham", je ne peux que saluer le grand travail d'investigation, la justesse de ton dont fait preuve à chaque fois Florence Aubenas. Ici elle dépouille le fait divers du sensationnalisme qui y est habituellement lié pour nous donner juste à voir une histoire d'hommes et de femmes qui a conduit à l'inéluctable.

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L'inconnu de la poste

Quelle enquête que celle-ci! Un mystère toujours non résolu, et pour cause celui qu'on a accusé, puis mis hors de cause a disparu... Son histoire personnelle racontée ici par la journaliste m'a fait penser à celle de Patrick Dewaere, qui, comme Gérald Tomassin, a vécu une enfance violée. A t-il pu aussi commettre ce crime envers lui-même?

La journaliste rencontre des personnes qui deviennent dans ce récit des personnages auxquels on s'attache et pour lesquels la vérité ne s'est pas faite, les on-dit, les rumeurs ainsi que les coincidences - logement proche du lieu du crime, fréquentations et attitudes floutées à cause de la drogue et de l'alcool- ont pesé dans la balance des enquêteurs et des magistrats. Ce fait divers resté sans solution est parmi les milliers - comme d'autres - dont les familles espèrent toujours la conclusion.
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L'inconnu de la poste

Le petit avis de Kris

En 2008, dans l'Ain, le corps de Catherine Burgod est retrouvé dans un relais de poste. L'un de ses voisins, Gérald Thomassin, est soupçonné d'être l'auteur de ce crime à l'arme blanche. Considéré comme un marginal, jeune acteur, il est relâché, faute de preuves. La journaliste reprend les éléments de l'enquête et analyse les témoignages, proposant un saisissant portrait de cette province.



Écrit a la manière d'un polar, Florence Aubenas mène son enquête comme la professionnelle qu'elle est. Elle expose les faits, ne pose aucun jugement mais est très claire dans leur déroulement.

Sans parti pris elle décortique cette affaire qui paraît bien compliquée surtout avec la disparition du principal "accusé" dont personne n'est certain que ce soit lui.



Une sombre affaire qui semble avoir trouvé sa solution mais toutefois emplie de zones d'ombres.



Magnifique récit des faits, rien que des faits qui laisseront seul juge le lecteur.
Lien : https://collectifpolar.com/
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L'inconnu de la poste

Je me suis toujours intéressée aux affaires criminelles et aux "cold case" aussi le sujet du dernier livre de Florence Aubenas ne pouvait que m'attirer. En effet, en décembre 2008 Catherine Burgod postière à Montréal-la-Cluze est retrouvée assassinée dans son bureau de poste. Pas de témoins, des traces d'ADN non identifiées, les enquêteurs disposent de peu d'éléments. Très vite les soupçons se portent sur Gérald Thomassin, marginal arrivé un an plus tôt et habitant un appartement en face de la poste. Ce dernier est acteur, révélé dans "Le petit criminel" de Jacques Doillon et titulaire d'un César. Cependant ce statut ne lui épargne pas d'être le coupable idéal: vivant du RMI, alcoolique, en sevrage de drogue, tournant de façon épisodique et dépensant rapidement ses gains et surtout "étranger" aux villageois qui se connaissent tous depuis plusieurs générations, gagnant leur vie grâce aux usines de plastique, faisant de cette région la "Plastique Valley" de la France. Pendant sept ans, florence Aubenas y a enquêté, rencontrant tous les protagonistes ayant connu de près ou de loin Catherine Burgod. Nous y croisons les copines de Catherine, habituées à voir le café tous les matins dans l'arrière pièce du bureau de poste. Son ex-mari, père de ses enfants et ayant du mal à accepter la séparation. Le père de Catherine , Raymond, ancien secrétaire de marie pendant toute sa carrière et disposant encore d'influence dans le village.Enfin, figure centrale du récit, Gérald Thomassin, acteur au parcours de vie compliqué: abandonné par son père, une mère qu'il adore mais complètement défaillante, des relations sentimentales chaotiques dont la dernière en date avec Corinne reste difficile à accepter. Gérald est venu s'installer dans cet endroit grâce à Raymond Bonaventure, ami de son lointain passé à la DASS.

Addict aux drogues, à l'alcool, Gérald n'arrive pas à s'intégrer, son métier d'acteur dans lequel il excelle ne lui apporte pas l'équilibre nécessaire pour construire sa vie. A Montréal, il crée des liens avec Tintin et Rambouille, deux exclus comme lui de la société qui connaîtront une vie de vie tragique.

Au fil de son enquête, Florence Aubenas donne la parole aux habitants de Montréal-la-Cluze, elle restitue d'une manière fidèle mais empathique le destin de ces habitants. Elle montre également la difficulté des enquêteurs face à l’incompréhension de ce crime mais aussi leur aveuglement à trouver un coupable, en l’occurrence à inculper Gérald , coupable idéal à leurs yeux.

Elle montre aussi la souffrance incommensurable du père de Catherine qui va consacrer toute son énergie à faire avancer l'enquête. Elle dissèque avec minutie tous les détails, les mécanisme de la machine judiciaire d'une affaire hors-normes. Mais surtout elle analyse finement le parcours de vie de Gérald Thomassin, disparu depuis août 2019, la veille d'une confrontation avec deux présumés coupables au tribunal de Lyon.

Le portrait de cet acteur m'a beaucoup touché, il fait écho à celui de beaucoup d'enfants de la DASS qui n'ont jamais connu leur "quart d'heure de gloire" et dont le manque d'amour les ont empêché de trouver leur place. Après la lecture de ce livre, la personnalité de Gérald Thomassin vous accompagnera, personnalité solaire et fragile : qu'est-il devenu? es-t-il toujours vivant? Nulle réponse pour le moment...
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L'inconnu de la poste

Gérald Thomassin, jeune acteur, choisit par Jacques Doillon et consacré par un césar pour son rôle dans « le petit criminel » est un adolescent instable fréquemment accompagné par des excès d’alcool et de drogues diverses. Entre deux tournages, il vit chichement à Montréal-la-cluse, village du Haut Bugey. L’assassinat de Catherine Burgod, la postière déclenche de longues recherches infructueuses pour retrouver l’assassin et Gérald Thomassin fait partie des suspects potentiels. Florence Aubenas raconte l’enquête de façon précise et détaillée avec un grand sens de l’observation des gens, de leurs sentiments, de leurs émotions, sous la forme d’une fresque sociale passionnante et empreinte d’une grande humanité.
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L'inconnu de la poste

Florence Aubenas se saisit des codes du polar pour raconter un fait divers avec les suites judiciaires et la vie des habitants de Montréal-la-Cluze, le lieu du drame.

Lorsqu’un bourg vit son 11 septembre, tout le monde en parle, forcément ! L’assassinat de la postière, quelque fois dépressive mais de nouveau heureuse, est un événement qui retentit bien au-delà du canton.

Surtout que connue de tous, Catherine Burgot ne passait pas inaperçue. Appréciée de tous, elle promenait son bichon blanc au bout de sa laisse assortie à son manteau rouge. Elle appelait chacun par son prénom et avait ses copines dès le matin dans sa mini-poste pour papoter. Et elle savait arranger tout le monde, même ceux venant retirer juste trois ou quatre euros.

Ainsi, elle est retrouvée sauvagement égorgée un matin dans la pièce annexe de son guichet en plein pays des usines de plastique. Surnommée la « Plastic Vallée, » cette économie dégraisse au moment de Noël pour gonfler sa cagnotte. Ses salariés sont mis au chômage juste après cinq minutes d’un entretien, sans aucun respect de la loi ! Alors, vingt-huit coups de couteaux dont six mortels vont réveiller toutes les rumeurs. Surtout qu’un vol de 2600 euros est aussi constaté.

L’enquête s’oriente vers un groupe de marginaux surnommé les Daltons: Tintin, Rambouille et Thomassin. Ce dernier, baptisé La Pionne par sa bande, est un acteur qui a reçu un césar lors de son premier rôle au cinéma.

Pourquoi lire une enquête sur fond de fait divers, alors qu’il y a de bonnes séries ? Parce-que c’est Florence Aubenas qui nous la raconte. Car, la journaliste sait conceptualiser ses personnages en les faisant vivre dans leur univers avec leurs histoires et leurs expériences. Comme une étude sociologique, Florence Aubenas rend compte dans ce village, des tensions, des envies et des luttes de pouvoirs de cette petite communauté.

Mais tourné vers le monde qu’on ne raconte jamais, son regard s’attarde sur la précarité, la marginalité, les abimés de la vie, ceux qui accumulent les problèmes. Car, pour certains la vie s’acharne ! Florence Aubenas raconte leurs vies saccagées et leurs tentatives de survie. En rapportant les faits, la journaliste fait vivre les ouvriers, les fermiers, les marginaux, les copines de Catherine mais aussi son Ex et le Nouveau. Toute une galerie de personnages décrit avec l’humanité et l’empathie que l’on connait de Florence Aubenas.

Formidable conteuse, Florence Aubenas dévoile l’enquête et l’instruction qui a envoyé Gérard Thomassin en prison puis la suite entretenant avec talent le suspens. La vérité n’est pas forcément trouvée mais qu’importe, ce récit ressemble à un thriller mais raconte une vraie histoire !

https://vagabondageautourdesoi.com/2021/03/17/florence-aubenas-linconnu-de-la-poste/
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L'inconnu de la poste

Mais pourquoi ai-je lu ce livre ? Je ne m’intéresse jamais aux faits divers dans les journaux, je ne lis quasiment pas de polar, cette non fiction centrée sur une enquête policière à propos d’un crime non élucidé, n’avait donc rien pour m’attirer… Sauf qu’elle est écrite par Florence Aubenas dont j’ai énormément aimé Le quai de Ouistreham et dont j’ai écouté une interview (j’ai d’ailleurs acheté son livre le lendemain).



Florence Aubenas pourrait raconter un match de foot, je serais capable d’adorer… J’aime son écriture maitrisée. C’est une conteuse passionnante.



Dans le village de Montréal-la-Cluse, Catherine Burgod a été tuée à coups de couteau dans le bureau de poste où elle travaillait. Dix ans d’enquête, des rebondissements, une disparition, mais toujours pas de coupable avéré.



Florence Aubenas va mener son enquête, va recueillir les témoignages des uns et des autres. Un travail de reportage minutieux. Mais pas seulement. Elle va s’attacher à montrer que chaque personnage affronte la catastrophe à sa manière, avec ce qu’il est, son passé et son présent. Tintin, Rambouille, le père de la victime, le fameux Thomassin, les femmes de la poste et d’autres, sont les héros ordinaires de cette macabre histoire. Les faits ne sont pas intéressants s’ils ne sont pas sous-tendus par une volonté de comprendre. Florence Aubenas est humaine, elle ne nous raconte pas un crime, elle nous raconte la vie. Elle nous montre que tout est une histoire de confrontation.



Alors bien sûr, on pourrait parler longtemps de ce personnage autour duquel tout tourne, ce Gérald Thomassin, cet acteur atypique, qui dépense l’argent qu’il gagne lors de ses tournages, immédiatement après, comme s’il lui brûlait les mains, qui occupe tout l’espace, et qu’elle a pourtant su laisser à sa juste place, pour faire la part belle à tous les autres… avec leurs doutes, leurs craintes, leurs questions.



Ce qui m’a passionnée dans ce livre, c’est le travail d’écriture. Elle ne qualifie pas son travail de « littéraire » et pourtant, c’est bien de la littérature qu’elle produit là. Dans son interview, elle dit qu’elle a « ramé pour l’écrire », et tant mieux, parce que le résultat est saisissant. Elle ne fait pas un simple travail d’investigation, elle va plus loin que ça, elle brosse le tableau d’une France rurale et ouvrière, elle s’immisce dans le monde des marginaux, elle peint une ambiance. Les protagonistes de l’histoire ne sont pas seulement les gens réels dont on a abondamment parlé dans les journaux, ils deviennent des personnages incarnés, elle fouille leur monde intérieur. Elle leur rend justice en les faisant vivre sous sa plume.



Florence Aubenas réussit ce tour de force qui consiste à garder la bonne distance, à relater un fait divers, en y mettant tellement d’humanité que le lecteur a l’impression de lire un roman.
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Le Quai de Ouistreham

La journaliste Florence Aubenas s'installe à Caen, s'inscrit à Pôle Emploi, avec un CV quasi-vierge. L'objectif : décrocher un CDI.



Le témoignage qu'elle nous livre est intéressant : où l'on s'aperçoit que le syndicalisme n'existe plus que pour défendre des intérêts particuliers, que la solidarité existe toujours, au bas de l'échelle, que décrocher est un boulot de femme de ménage est simple... si vous êtes prêts à travailler à 2h de route de chez vous, payé au lance-pierres, pour 2/3h tous les jours, moitié avant le lever du soleil, moitié après. C'était en 2008, une époque où le chômage était bien plus bas qu'aujourd'hui.



Si je rencontrais aujourd'hui Mme Aubenas, je lui poserais cette question : "où sont les enfants, dans cette histoire ?" et "Pensez-vous que vous auriez suivi le même trajet si vous aviez seulement été disponible de 9h à 16h" ? Car c'est bien ça, le coeur du problème. Aujourd'hui, avec des enfants et sans qualification, vous n'avez aucune chance.



Il n'empêche que ce livre est bien écrit, et que le témoignage, même partiel, pourrait éventuellement convaincre quelques réfractaires que trouver du travail aujourd'hui n'est pas qu'une question de volonté...
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Le Quai de Ouistreham

Au début de ma lecture, je m'attendais à ce que ce soit la journaliste qui raconte et surtout qui commente ce qu'elle était en train de vivre, puisqu'elle avait choisi délibérément de faire cette expérience. Or Florence Aubenas ne le fait pas. Elle se contente de raconter, de témoigner et de faire parler les personnes qu'elle rencontre. Des commentaires auraient été forcement des jugements : C'est là toute la pudeur dont fait preuve l'auteur de ne pas donner son sentiment.

Peut être le fera t elle à l'occasion des "retombées" de la sortie de ce livre et je suivrai ces discussions. Ce récit est sobre, les personnages attachants et vrais !
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L'inconnu de la poste

Une enquête qui se lit comme un thriller. Une fresque sociale dans un décor montagnard, rural à quelques encablures de la frontière suisse. 2008, le meurtre d'une femme, mère de famille, sur le point de divorcer, postière appréciée de tous, fille du village (Montréal-la-Cluse). Un bain de sang, 28 coups de couteaux, sur son lieu de travail, pendant un laps de temps de 20-25 minutes, qu'aucune enquête n'arrivera à combler complètement. Soupçons, mise en examen, non-lieu, Gérald Thomassin, acteur césarisé à 17 ans en 1991, enfant de la Ddass, domicilié en face de la poste, est le coupable idéal. Mais l'ADN ne matche pas, et le doute est permis. Florence Aubenas, grand reporter au Monde, a enquêté plusieurs années sur cette affaire, et nous livre ici la reconstitution sensible d'une justice à l'oeuvre, le miroir d'une souffrance et attente des proches de la victime, elle déroule devant nous, 1é ans après le crime, le fil des pistes explorées, mises de côté, reprises, jusqu'à une découverte imprévue qui relance l'espoir d'avoir trouvé le coupable.
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L'inconnu de la poste

J’ai déjà lu Florence Aubenas pour avoir lu « Le quai de Ouistreham » . Cette histoire ne me disait rien, j’ai découvert ce titre mystérieux « L’inconnu de la poste « . L’action se passe dans le Haut Bugey, à Montréal la Cluse, près du lac de Nantua, dans un petit village de montagne. Tout le monde se connait et se côtoie. La postière, Catherine Burgod , fille d’un notable de la commune , les femmes viennent la voir le matin, se retrouvent dans ce bureau de poste, autour d’un café, dans ce lieu de rendez-vous.

C’est dans ce village que l’acteur Gerald Thomassin a décidé de se retirer. Cet homme au passé trouble, enfant abandonné, au passé difficile a parfois sombré dans l’alcool et dans la drogue. Il a reçu un César du jeune interprète. Il s’installe juste en face du bureau de poste, dans la Grotte.

Le livre commence comme un roman, mais Florence Aubenas est avant tout une journaliste. Elle nous entraîne dans une véritable chronique de la France, mais surtout du fonctionnement de la justice. L’enquête débute en décembre 2008 où Catherine Burgot, enceinte, fut assassinée de 28 coups de couteau et où 2500 euros furent dérobés . Gerald Thomassin fut tout de suite désigné comme le coupable. Gérald Thomassin mis en examen pour cet homicide et incarcéré en détention provisoire puis libéré sous contrôle judiciaire.

Elle scrute les personnalités aussi bien de Catherine Burgot que de Gerald Thomassin. Tout les oppose. Elle décrit cette France profonde, où tout le monde travaille pour l’industrie du plastique et où il ne se passe pas grand chose.

Elle a investi les lieux, saisi les moindres mots, scruté les personnes. Elle a plusieurs fois rencontré le présumé coupable, Gerald Thomassin. Était -il le coupable idéal ? A moins que ce ne soit, celui qui avait laissé son ADN dans ce petit bureau de poste ? Florence Aubenas ne porte aucun jugement.

Ils avaient rendez-vous ce 29 août 2019, juste avant la convocation de Thomassin au palais de justice pour ce qui aurait pu être le dernier volet de l’interminable instruction du meurtre de la postière de Montréal-la-Cluse . Thomassin a disparu.

Un récit sous forme de roman noir, mais qui est bien réel . Le doute persiste. L’enquête n ‘a pas été élucidée.

La voix de Fabienne Loriaux est juste, elle sait transmettre les émotions.


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L'inconnu de la poste

J'ai emprunté ce livre un peu par hasard.

J'imaginais une enquête autour d'un service publique en voie d'extinction. Et j'ai découvert une enquête autour d'un meurtre... ou plutôt une enquête autour de l'enquête à charge contre un personnage principal suspect pendant des années.

J'y ai découvert l'existence d'un acteur que je ne connaissais pas.

J'y ai aussi découvert le fonctionnement émotionnel d'un enquête, qui semble - vue de loin - sans logique. Enquête qui a certainement poussé au suicide le principal suspect. Ca fait froid dans le dos.

Très vite dans ma lecture j'ai eu une chanson de Brassens en tête : "la mauvaise réputation".



Et c'est surtout cette ambiance de petit village où tout le monde garde un oeil sur tout le monde, et où le moindre fait est colporté, interprété, déformé ; qui est effrayante.



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L'inconnu de la poste

Livre audio.

Cette histoire, quel roman! Et Florence Aubenas, quelle remarquable conteuse!

Je n'ai aucun souvenir du fait divers à l'origine de ce récit et j'ai commencé son écoute sans aucun à priori, croyant que c'était un roman. Florence Aubenas s'est immergée pendant plusieurs années dans une enquête journalistique minutieuse. Au delà de la description du crime elle nous livre une remarquable étude sociologique des habitants de la petite ville de Montréal-la-Cluse. Elle profite de ce fait divers pour brosser le portrait d'un petit coin de France à la fois ouvrier et rural.

La description méticuleuse de tous les protagonistes de ce fait divers les rend très vivants. Florence Aubenas n'omet pas les zones d'ombre de la victime, Catherine Burgod. Elle nous fait ressentir toute la colère de son père au caractère très affirmé. Gérald Thomassin et ses deux minables acolytes sont bien campés, tout comme les amies de la victime, les voisins ou les dames du cimetière. L'ambiance de la petite ville de Montréal-la-Cluse est restituée avec soin. L'opinion publique y accuse en premier l'étranger. Le criminel ne peut pas être un gars du coin et Gérald Thomassin avait tout du coupable idéal. Cet enfant de la DDASS avait eu son heure de gloire au cinéma mais était vite retombé au plus bas. Sa tchatche et ses rêves n'arrivent pas à le sauver de ses addictions, alcool et drogues, et de son manque d'amour. Florence Aubenas nous fait suivre le travail d'investigation puis d'instruction et nous même de fausse piste en fausse piste, on tourne en rond avec les enquêteurs.

Florence Aubenas relate les faits, détaille la complexité de chacun sans jamais juger ni moraliser. C'est net, factuel, sans pathos, extrêmement bien documenté et ça se lit, ou s'écoute, comme un captivant roman!

J'ai beaucoup apprécié la lecture de Fabienne Loriaux qui colle parfaitement au texte de Florence Aubenas.

#Linconnudelaposte #NetGalleyFrance
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L'inconnu de la poste

Il y a des personnes, des personnalités qui vous font un effet désagréable lorsque vous les voyez, les écoutez. Un effet qui fait que vous ne les appréciez pas beaucoup. Cet effet je le ressens avec F.Aubenas quand je la vois ou l'entends en interview. Ouais...bof ! En revanche, j'apprécie vraiment ses livres, son travail journalistique. Cela peut paraître contradictoire...



J'ai particulièrement aimé le quai de Ouistreham entre autre. Alors quand on m'a prêté L'inconnu de la poste, je me suis plongée dedans avec grand intérêt.



Gérald Thomassin est un jeune acteur promettant en 1991 quand il remporte le César du meilleur espoir masculin pour le film de Doillon La Petit criminel...Sauf que Gérald Thomassin est plus qu'un pauvre gosse, il connait depuis la naissance la misère sociale, les carences éducatives, les mauvais traitements, les agressions sexuelles, les foyers de la Ddass etc...Et pourtant il se révèle un acteur sincère et vrai. Mais il n'a pas la force de la résilience comme son frère Jérôme. Et malgré ce talent, il sombre, sombre. C'est lent et dur pour lui.



Il arrive à Montreal-La-Cluse dans le Haut-Bugey à côté de Nantua, dans la plastic valley pour se retaper. Rien n'y fait il dérive toujours autant au point de se retrouver renvoyé devant les assises pour le meurtre de Catherine Burgod, la postière de Montréal.



Le meurtre se déroule en 2008. 10 ans d'enquête, de garde à vue, de renvoi de Thomassin et d'un autre gars, Nain, alors que le dossier est faiblard. L'intervention du cabinet Dupond-Moretti pour le sauver. Et puis, l'histoire de Montréal, des habitants, de Catherine, des nouveaux amis de Thomassin Rambouille et Tintin etc...



Florence Aubenas nous propose un fait divers particulier car impliquant un acteur, cabossé et totalement à la dérive, mais un acteur.

Elle sculpte finement le parcours de Thomassin, elle restitue avec réalisme la vie de Montréal, elle dresse avec intelligence et sensibilité le portrait des habitants dont le premier celui de Catherine.



Ce n'est pas un banal livre de journaliste sur un fait divers. C'est une vraie chronique sociale et socio-économique qu'elle nous livre. C'est justement écrit, sans chichis ni effets de manche. La conclusion, brutale, est bien amenée.



Vraiment à lire....
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Le Quai de Ouistreham

Le quai de Ouistreham, porte ouverte de Caen sur la Manche, charrie ses milliers de touristes quotidiens. Sa face cachée dissimule autant d’emplois de peu. Durs à la peine et si mal rémunérés. Chaque jour, des armées d’anonymes prennent d’assaut des paquebots à leur arrivée pour les briquer de fond en comble avant leur nouvelle rotation. Tout est millimétré, chronométré. Gare à tous les dérapages et aux oublis. C’est la fin d’embauche garantie.

Ecrit il y a plus de 10 années maintenant, cette enquête conserve tout son actualité, tant l’univers de l’emploi précaire n’a pas bougé d’un iota. Cette immersion relate également un voyage en absurdie avec ses trains de l’emploi ou ses permanences de Pôle emploi. Un bijou d’hypocrisie et de technocratie à la française.

Et pourtant, par la grâce du regard empli d’humanité de Florence Aubenas et par l’énergie sans faille de ses héros du quotidien, il ressort aussi du « Quai de Ouistreham » un souffle ardent et une certaine lueur d’espoir.

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