Citations de Francis Lacassin (45)
Aux longs jours d'été de 1930, 1931 et 1932 quand j'avais dix, onze et douze ans, je crois que mon meilleur passe-temps était de réciter de mémoire les romans de Tarzan de Edgar Rice Burroughs ...
Je n'ai jamais oublié ces beaux jours, ni combien ils m'ont rendu heureux.
On vendra des livres Tarzan dans les librairies de l'an 2550 et mon arrière-arrière-arrière-arrière petit-fils les achètera et les récitera comme moi ...
(Ray Bradbury - 1950)
De horde en horde, de tribu en tribu, de safari en safari, s'est répandue la légende du géant bronzé qui surgit des arbres ou de l'air pour protéger les faibles et châtier les méchants.
Si les chasseurs blancs ont parfois tendance à douter de l'existence d'un personnage qu'ils croient mythiques, les autochtones ne sont pas loin de la croire surnaturelle.
"Certains pensent que cet homme est un démon et tous ceux qui n'ont pas la conscience tranquille le craignent" ...
Etant arrivé chez moi, je montai dans mon cabinet, où je trouvai sur ma table un livre ouvert que je n’y avais point mis. C’était celui de Cardan ; et quoique je n’eusse pas dessein d’y lire, je tombai de la vue, comme par force, justement dans une histoire que raconte ce philosophe : il dit qu’étudiant un soir à la chandelle, il aperçut entrer, à travers les portes fermées de sa chambre, deux grands vieillards, lesquels, après beaucoup d’interrogations qu’il leur fit, répondirent qu’ils étaient habitants de la lune, et cela dit, ils disparurent. Je demeurai si surpris, tant de voir un livre qui s’était apporté là tout seul, que du temps et de la feuille où il s’était rencontré ouvert, que je pris toute cette enchaînure d’incidents pour une inspiration de Dieu qui me poussait à faire connaître aux hommes que la lune est un monde. « Quoi ! disais-je en moi-même, après avoir tout aujourd’hui parlé d’une chose, un livre qui peut-être est le seul au monde où cette matière se traite si particulièrement, voler de ma bibliothèque sur ma table, devenir capable de raison, pour s’ouvrir justement à l’endroit d’une aventure si merveilleuse; entrainer mes yeux dessus,comme par force, et fournir ensuite à ma fantaisie les réflexions et à ma volonté les desseins que je fais !...
[S. Cyrano de Bergerac, Les États et Empires de la Lune, p. 288]
La lune était en son plein, le ciel était découvert, et neuf heures du soir étaient sonnées lorsque nous revenions d’une maison proche de Paris, quatre de mes amis et moi. Les diverses pensées que nous donna la vue de cette boule de safran nous défrayèrent sur le chemin. Les yeux noyés dans ce grand astre, tantôt l’un le prenait pour une lucarne du ciel par où l’on entrevoyait la gloire des bienheureux ; tantôt l’autre protestait que c’était la platine où Diane dresse les rabats d’Apollon ; tantôt un autre s’écriait que ce pourrait bien être le soleil lui-même, qui s’étant au soir dépouillé de ses rayons regardait par un trou ce qu’on faisait au monde quand il n’y était plus.« Ainsi peut-être, leur dis-je, se moque-t-on maintenant dans la lune, de quelque autre, qui soutient que ce globe-ci est un monde. » Mais j’eus beau leur alléguer que Pythagore, Epicure, Démocrite et, de notre âge, Copernic et Kepler, avaient été de cette opinion, je ne les obligeai qu’à s’égosiller de plus belle.
L'invitation au voyage
Cette pensée, dont la hardiesse biaisait en mon humeur, affermie par la contradiction, se plongea si profondément chez moi que, pendant tout le reste du chemin, je demeurai gros de mille définitions de lune, dont je ne pouvais accoucher ; et à force d’appuyer cette créance burlesque par des raisonnements sérieux, je me le persuadai quasi, mais, écoute, lecteur, le miracle ou l’accident dont la Providence ou la fortune se servirent pour me le confirmer.
[S. Cyrano de Bergerac, Les États et Empires de la Lune, p. 287]
( à propos du Loup des mers)
Chaque fois il triomphe,seul,de ses assassins en puissance.Il ne lui déplaît pas de jouer avec la haine qu'il a lui-même suscitée contre sa personne.Il sait combien elle aide ceux qui l'éprouvent à oublier une existence pénible qu'autrement ils ne supporteraient pas.(p.71)
Madame de Lintot (née en 1728)
Une charmante princesse
Sent pour toi le plus fort amour,
Si tu réponds à sa tendresse,
Tu la possèderas un jour ;
Mais si ton indifférence
Lui fait verser les moindres pleurs ;
Tu peux préparer ta confiance
A tous les plus grands malheurs.
(Melle de La Force)
MIRTIS ET LE PRINCE
à Lirette et à finfin
Savez-vous que nous languissons
Depuis une si dure absence ;
Qu'incessamment nous soupirons,
Que peut-être nous en mourrons
Nous l'aurions déjà fait, je pense,
Si nous n'avions plus d'espérance ;
Nous soutenons notre vertu
Depuis que madame Tu-Tu
Nous assure de votre vie,
Lirette et Finfin, croyez-vous,
Nous vous verrons malgré l'envie,
Et nous aurons un sort bien doux.
(Mademoiselle de La Force (1650-1724)
La foi des vulgaires amants,
Leur ardeur et tous leurs serments,
Ne s'écrivent que sur l'arène,
Mais ce qu'on sent pour vos beaux yeux,
En caractère d'astre est écrit dans les Cieux ;
Qui voudrait l'effacer, la peine en serait vaine.
"Je t'abandonne ici, dit le spectre en disparaissant; demande à cette statue où est le trésor que tu cherches, elle te l'indiquera.
-- Où faut-il que j'aille ? demande Rodrigue.
-- Dans le lieu d'où tu es sorti pour le malheur des hommes, répond la statue.
-- Je ne t'entends point, parle plus clairement.
-- Il faut que tu ailles dans les enfers.
-- Ouvre-les, je m'y précipite..."
La terre tremble et se fend; Rodrigue est précipité, comme malgré lui, à plus de 10000 toises de la surface du sol. Il se relève, il ouvre les yeux, et se trouve sur les bords d'un lac enflammé, où, dans des barques de fer, se promènent des créatures effroyables.
Sade. Rodrigue ou la tour enchantée
L'oeuvre de Pierre Véry abonde en scènes proches, par une poésie violente, des eaux-fortes des peintres cruels.
Pas des scènes, plutôt des images dignes d'être fixées par l'artiste ...
Les diamants et les pistoles
Peuvent beaucoup sur les esprits;
Cependant les douces paroles
Ont encor plus de force, et sont d'un plus grand prix.
Elle aurait attendri un rocher, belle et affligée comme elle était; mais la Barbe bleue avait le cœur plus dur qu'un rocher.
En réalité ceux qui accusent les bandes dessinées de racisme ont mal dirigé leur tir.Ils cherchent le racisme là où il n'est pas .Et là où ils se trouvent ,ils ne peuvent l'apercevoir car il se dissimule dans la coulisse et se réfugie dans l'absence.
L'échec des Encyclopédistes, la faillite d'une philosophie libérale fondée sur une croyance en l'amélioration de l'homme et du monde par le progrès : voici, non pas le message mais la nouvelle que le romancier populaire Edgar Rice Burroughs, avec un robuste bon sens nous apporte.
Avec cinquante ans d'avance sur la crise de civilisation qui secoue le monde actuel ...
Depuis que selon le mot de Koestler, Dieu a décroché son téléphone, son représentant terrestre : le héros a perdu la foi ...
les flots avaient troublé et verdi ses yeux bleus, et les soleils couchants cuivré ses tresses blondes ; on le disait du moins, mais ce qu'on ne disait pas, c'est que les flots, en prenant la couleur des ses yeux, avaient pris son regard, son âme et son sourire
La princesse Vuilfride était bien à l'abîme, à jamais languissante, indifférente à tout : elle en avait le vide affreux, le vide dans les yeux et le vide dans l'âme, le vide sur les lèvres, le vide dans le coeur : elle avait oublié son nom et ses prières, et ses yeux, désormais fixés sur l'océan, en avaient la transparence verte, la changeante pâleur
dans avant-propos, p.11-12: - Les cinquante-deux volumes parus en 10/18, dont la publication m'a coûté douze années d'efforts, représentent une aventure éditoriale sans précédent- et, compte tenu de l'évolution de l'édition française, sans postérité. En les relisant bout à bout, ces volumes me paraissent constituer une autobiographie à peine romancée.
Les paraboles socialistes ou évolutionnistes qu'ils renferment ne sont que le reflet des engagements politiques ou philosophiques de l'auteur. Pour lui, l'art pour l'art n'existe pas : l'art doit être au service de l'idée. Et les personnages, les situations à partir desquels il compose ces paraboles, en vertu de son souci de l'authentique, doivent beaucoup à sa propre personnalité, à son expérience, ou à celle qu'il a observée chez l'autre. Message ou personnages procèdent chez lui de l'aventure vécue.
la meilleure biographie de Jack London, c'est son œuvre elle même. il est le romancier qui a vécu ses livres- Nice, 10 janvier 1994
Entre l'Afrique de Tarzan et l'Afrique des géographes ,les mêmes rapports qu'entre la Lune des astronomes et la planète visitée par les héros de H.G.Wells.Rapports d'homonymie.
S'il savait rêver ,Biurrough savait bien moins écrire.Mais il ne faut pas juger la littérature de masse avec les critères de la littérature d'esthète.