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Critiques de François Bizot (63)
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Le portail

Le Portail : celui de l'enfer ou du paradis, celui de la vie ou de la mort suivant que vous parviendrez à le franchir avec un simple passeport. (on n'accorde jamais assez d'importance à de simples objets). C'est le portail de l'ambassade de France à Phnom Penh qui s'ouvre pour vous et vous êtes sauf. Mais c'est aussi le portail qui reste clos (malgré vos supplications) et vous rejoignez la longue colonne de gens que les Khmers rouges ont jetée sur les routes pour une destination inconnue (10 à 20.000 morts lors de l'évacuation de toute la population de la capitale).

Inconnue pour eux, mais aussi pour le lecteur (s'il arrive de Mars) tant François Bizot colle à l'instant présent du récit sans jamais faire référence à ce que l'on a découvert par la suite (1,7 million de morts, soit 21 % de la population cambodgienne de l'époque).

Même lacune du livre (cependant il serait absurde de faire le reproche à l'auteur de n'avoir raconté que ce qu'il a vu) lors de l'épisode précédent quand François Bizot est prisonnier des Khmers rouges et plus particulièrement de Douch (qui sera le tristement célèbre responsable de la prison S-21).

Le syndrome de Stockholm semble l'avoir parfois atteint.

De nombreux non-dits risquent d'égarer le lecteur qui n'a pas pris la précaution de se documenter avant d'entreprendre cette lecture.

Livre que l'on doit saluer pour son témoignage même si aujourd'hui des ouvrages plus précis (mais plus durs à lire) donnent une vision globale de cette tragédie.

Quant à "l'écriture éblouissante" que souligne une critique sur Babelio, je la cherche encore.
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Le silence du bourreau

François Bizot, ethnologue spécialisé dans l'étude du bouddhisme et de la civilisation khmère, avait dans un précédent ouvrage, le Portail, raconté comment en octobre 1971, en pleine guerre civile, il avait été arrêté au Cambodge par des miliciens khmers alors qu'il effectuait des recherches sur le bouddhisme. Soupçonné d'être un agent de la CIA, il était condamné à mort et conduit dans un sinistre centre de détention dont le chef est un certain Douch, un jeune homme de 27 ans. Détenu durant 3 mois, il doit sa libération à ce dernier alors que tous ses compagnons de voyage seront exécutés.

En 2009 François Bizot est appelé à témoigner lors du procès de son ancien tortionnaire arrêté en 1990. Dans Le Silence du Bourreau, François Bizot aborde avec lucidité cette période et propose une réflexion sur cet homme, un révolutionnaire devenu bourreau. L'hypothèse menée par François Bizot est que derrière chaque tortionnaire existe aussi une part d'humanité. Un bourreau est avant tout un homme et l'auteur cherche ce moment clé qui le fait commettre des actes qualifiés de « monstrueux ».

La réflexion est passionnante mais le style reste difficile. Il m'a fallu relire certains passages plusieurs fois pour retrouver la trame de l'histoire. Néanmoins je suis allée jusqu'au bout.

Ouvrage captivant dont je recommande la lecture.
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Le portail

La révolution khmère vue par l'un des derniers occidentaux avant l'évacuation générale des étrangers en 1975 par Pol Pot.



Le pitch de ce livre est assez simple : arrivé en 1965 au Cambodge, François Bizot s'est pris de passion pour le Cambodge où il a pris femme et a eu une fille. Mais quand la révolution communiste s'étend sur l'Asie, le pays sombre dans le chaos sous la pression antagoniste du Vietnam et des Etats-Unis. Enlevé par les Khmers rouges et prisonnier de l'un des plus grand bourreaux du Cambodge, puis quelques années plus tard, chargé du rôle d'interprète à Phnom Penh, il est témoin de la déroute d'une nation face à la montée d'une idéologie barbare et participe au retrait des occidentaux du pays regroupés à l'Ambassade de France. Au portail de ce camp de fortune se presse une population chère à son coeur et qui tente de fuir le pays, mais beaucoup ne pourront pas passer...

Un témoignage à l'écriture claire mais une oeuvre inquiétante où l'homme ploie sous l'acier d'idéologies sauvages. Désormais condamné à l'errance ("Mais sur cette terre, il n'est point de refuge où l'on puisse s'établir"), Bizot garde de cette expérience une "amertume sans fond" et une méfiance pour homme trop facilement dominé par son "dragon intérieur". Individu passionné et cultivé dont l'esprit honnête est hermétique à toute forme de doctrine, trop sensible pour ne trouver rien d'autre comme réponse aux contradictions de sa situation que le désespoir.

L'intégral de l'article sur mon blog https://thomassandorf.wordpress.com/2016/03/13/le-portail-francois-bizot/


Lien : https://thomassandorf.wordpr..
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Le saut du varan

C'est après avoir vu le film « Le portail », d'après le livre de François Bizot, que j'ai eu l'envie de lire un autre de ses récits. J'étais alors au Cambodge et ces récits liés à l'histoire des Khmers rouges m'interpellaient beaucoup. C'est donc dans une petite librairie francophone de Siem Reap que je me suis procuré ce livre. En fait en dehors du contexte de l'achat du livre, je me souviens juste avoir été déçu. Aucun détail de l'intrigue ne m'est resté.
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Le portail

Relu après un voyage au Cambodge, le Portail prend naturellement un autre éclairage.

Axé sur 2 événements, François Bizot y raconte ses 3 mois de captivité en 1970 sous le commandement de Douch et le départ des derniers Français en 1975 pour la frontière thaïlandaise.

Douch, le futur tortionnaire de Tuol Sleng, avec qui F. Bizot avait fini par nouer des liens quasi amicaux, et pour qui il éprouvait une sorte de fascination réciproque. Fin connaisseur de la langue et de la psychologie khmere, François Bizot livre ici un récit passionnant et ahurissant, autant pour son intrepidité que pour son analyse de la personnalité de Douch.

La description de la fermeture de l ambassade française est une grande page de k histoire coloniale française qui montre encore une fois que l issue des guerres doit beaucoup à la psychologie.

Un récit passionnant.

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Le silence du bourreau

« Derrière le masque du monstre il faut s’efforcer de voir l’être humain. »

Ayant lu l’été dernier Le portail, et l’ayant apprécié, j’avais naturellement envie de m’intéresser d’un peu plus près à ce qu’avait à nous dire François Bizot à ce même sujet.

Si le portail relatait son vécu au Cambodge, ici, nous sommes dans le registre de la réflexion, du questionnement.

Il y a eu quelque chose de dérangeant à lire ce livre, pour l’ambiguïté qui ressort des propos de son auteur.

François Bizot, qui fut retenu au Cambodge, quelques moins en 1979, et libéré sous "l’influence favorable" de celui qui fut jugé, il y a peu pour actes de torture et de barbarie, et considéré comme responsable de milliers de mort. Douch a été le bourreau, mais aussi celui qui l’a libéré. Si l’auteur peut faire preuve d’empathie, il ‘y a aucun dédouanement de sa part.

Comment faire la part des choses ? Comment devient-on une figure du mal absolu alors qu’on a été un homme lettré, éduqué ?

Il est difficile à entendre qu’un homme puisse être ni tout à fait bon, ni tout à fait mauvais. Il est difficile à concevoir qu’en chaque bourreau, persiste une part d’humanité.

C’est à cela que François Bizot s’attèle dans cet ouvrage, fort bien écrit et documenté. Sa réflexion s’articule autour de 5 chapitres repentant chacun une période historique déterminante. La lecture n’en est pas aisée ; j’ose dire que ce n’est pas un ouvrage grand public, et qu’il est préférable d’en avoir lu auparavant le Portail pour bien s’imprégner de ce dont il est question.






Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Le saut du varan

Avec le Portail, François Bizot m'avait subjugué par la force de sont témoignage et par sa langue.



Il nous propose ici de retourner au Cambodge un peu avant l'arrivée au pouvoir des Khmers Rouges.

Il ne s'agit plus d'un récit autobiographique mais d'une sorte de faux polar qui tourne peu à peu à la quête mystique.

L'auteur parvient parfaitement à rendre l'ambiance de fin de règne qui prévalait à l'époque parmi les personnels diplomatiques et scientifiques français en place.

La dernière partie, presque onirique, à convié chez moi des réminiscences de " La voie Royale " et de " Apocalypse Now ".

Mais ne nous y trompons pas, Bizot ne galvaude pas le folklore local dans un but cosmétique, il nous initie à un Cambodge qui n'existe probablement plus en partageant avec nous ses solides connaissances du pays, de son histoire, de ses habitants et du Bouddhisme.



Encore une excellente lecture.
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Le portail

SYNOPSIS : Ce livre est un récit. Celui de l’ethnologue F Bizot qui arrive en 1965 au Cambodge pour y étudier les traditions du bouddhisme. Il va assister à l’invasion khmère et passer 3 mois dans un camp de prisonniers tenu par un des pires tortionnaires de ce siècle. Relâché, il sera un des rares survivants, et un témoin de la prise de Phnom Penh en 75.



POURQUOI CE LIVRE EST MAGNIFIQUE ? L’écrivain comprend mieux que personne cet épisode charnière dans l’histoire du Cambodge : la décolonisation, le Vietnam, l’invasion et le génocide Khmer devant un occident indifférent et manipulé… La plume est belle, le récit poignant, délicat et passionnant… mais surtout l’auteur déploie une intelligence remarquable, et une grandeur d’âme exceptionnelle : jamais de jugement, de partis pris, aucune haine, de rancœur… Comment fait-il ????

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Le portail

Prisonnier des Khmers rouges en 1971, témoin privilégié de la chute de Phnom Penh en 1975, François Bizot revient, près de trente ans plus tard sur ces événements.

Le vrai héros du livre est en fait Douch, son gardien qui s'avèrera être son paradoxal sauveur. De longues discussions nocturnes rapprochent les deux hommes : d'un côté le jeune ethnologue français soucieux de connaître et de défendre l'identité khmère, de l'autre le professeur de mathématique devenu révolutionnaire par idéal marxiste.

Mais l'histoire a des détours cruels : Douch deviendra le bourreau sanguinaire de Tuol Sleng, la prison où étaient détenus et torturés les opposants khmers.

Il y a beaucoup de Malraux dans Bizot. Du lyrisme, du courage, de la virilité, un fond d'anti-américanisme, beaucoup d'anti-communisme.

Ecrit en 2001, le livre n'a pas son âge.

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Le portail

J'ai lu ce livre de retour d'un voyage au Cambodge. C'est un témoignage d'une période lourde de l'Histoire de ce pays. Il pèse d'autant plus que j'ai croisé des acteurs de cette folie. François Bizot fut conservateur et restaurateur des temples khmers. Il fut arrêté et relaché par celui qui devint le directeur de la prison S-21 de triste mémoire, prison qui se visite comme témoignage de l'horreur du régime khmer rouge.

Il est difficile d'imaginer les lieux décrits dans ce livre après les avoir vu en temps normal.

C'est un simple témoignage et c'est poignant, à désespérer de l'homme.

Ces gens voulaient construire un monde nouveau, comme beaucoup avant eux, mais il n'y a là, hélas, rien de neuf et, quelque soit la latitude, la mort a toujours la même odeur et le sang la même couleur.

On ne le dira jamais assez, le devoir de mémoire oblige à la lecture de certains livres, dont celui-ci.
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Le saut du varan

Avec Le Saut du Varan, François Bizot nous emmène au Cambodge dans les années 70, une fois la plupart des français partis et alors que les khmers rouges tentent de renverser le gouvernement pro-américain.

Le roman est nourri de l'expérience de François Bizot qui travaillait à cette époque, comme l'un de ses personnages, en tant qu'ethnologue à la restauration d'Angkor, là même où se situe l'intrigue de son bouquin. Il sera même prisonnier des khmers rouges et racontera son aventure dans Portail, son premier livre couronné de plusieurs prix.

Le Saut du Varan nous plonge dans cette ambiance fin de monde (les colons sont sur le point de se faire foutre dehors), un monde où la lumière des femmes asiatiques attire les hommes blancs comme des papillons.

Le bouquin démarre comme un polar et Bizot possède l'art de peindre des portraits d'une écriture forte et décidée : des portraits d'hommes, des portraits de blancs, ces hommes blancs en train de se perdre, corps et âmes, dans les jungles d'Asie.

Avant une fin sombre et désabusée, la seconde partie du roman nous a semblé plus pesante où l'auteur, poursuivi par le bouddhisme, se laisse aller à des digressions mystiques, dans une sorte de jungle philosophale où, cette fois, c'est le lecteur qui s'égare un peu ...
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Le portail

L’auteur, François Bizot, s’est installé au Cambodge en 1965. En tant qu’anthropologue membre de l’Ecole française d’Extrême-Orient, il étudie la langue, les mœurs et les coutumes des paysans d’un petit village. En 1971, lors d’un déplacement, il est arrêté avec deux collègues par des khmers rouges qui les conduisent, à travers la forêt, dans un camp de rééducation. Dans cette « prison », enchaîné, il rencontrera Kang Kek Ieu, futur Douch, plus connu comme directeur du sinistre centre d'interrogatoire de Tuol Sleng (S21) après la prise de pouvoir des khmers rouges au Cambodge. François Bizot restera deux mois et demi dans ce camp, régulièrement interrogé par Douch qu’il devra convaincre de ses motivations purement ethnologiques et non politiques. Est-il ce Français (faisant mine d'ignorer l'anglais) seulement épris de traditions religieuses bouddhistes, ou bien plutôt un agent de la CIA?

C’est cet épisode de sa vie qu’il raconte dans la première partie de cet ouvrage.

En 1975, Phnom Penh tombe aux mains des khmers rouges. Toute la ville doit être évacuée. François Bizot assiste à cette folie depuis l’ambassade où de nombreux étrangers et cambodgiens viennent chercher refuge. Avec ses compétences linguistiques, l’auteur va servir d’interprète entre le chargé d’affaire Jean Dyrac et les représentants de la nouvelle autorité khmer rouge, devenant par la même occasion un témoin privilégié des événements de cette époque.



« Le portail » nous offre une description de faits historiques, mais surtout une analyse psychologique très fine des protagonistes en présence, ainsi que de l'idéologie khmère rouge. François Bizot, de par ses connaissances et sa culture, a su trouver avec sa rhétorique les « armes » pour répondre et convaincre le trouble Douch. Très certainement, les deux hommes s’estiment. Pour le Français, le Cambodge, c’était ce petit peuple de paysans, fin et discret, imprégné de la douceur bouddhique. François Bizot montre ainsi que la culture cambodgienne ne lui est aucunement étrangère et qu’à ce titre, il pouvait également donner son avis sur l’avenir de cette population. Il s’ensuit de longs échanges entre les deux hommes, d’égal à égal, dans une ambiance parfois assez surréaliste. Douch parle de philosophie, d’idéologie mais Douch agit aussi au nom de celle-ci : il tue, il torture. S’il faut le faire pour la « bonne cause », il le fera. François Bizot dira bien plus tard : «Je n'ai pas vu un monstre, j'ai vu un homme, et c'est ce qu'il y a de plus terrible, justement, qu'il soit un homme comme moi.»



L’affolement et la fièvre qui suivent la prise de pouvoir des khmers rouges à Phnom Pen est ensuite très bien décrite par l’auteur. Rescapés cambodgiens ou occidentaux, prince déchu, diplomates, François Bizot nous dresse un portrait très vif de tous ces égarés qui cherchent une porte de sortie. Mais dans cette population hétéroclite de réfugiés, tous ne pourront pas partir. Certains devront franchir le fameux portail de l’ambassade pour passer de l’autre côté, aux mains de ces soldats adolescents, le regard dur et l’arme au poing.



Voici un témoignage essentiel sur ces événements historiques où l’on découvre d’une part la troublante ambiguïté d’un homme que l’on aimerait tout simplement qualifier de monstre (mais ce serait trop simple), d’autre part la fin d’un âge pour un pays aux traditions ancestrales.

Dans la continuité de ce récit, on peut également lire "L’élimination" de Rithy Panh, où l’auteur et réalisateur livre également son témoignage personnel sur cette époque. Cette fois-ci, on découvre toute l'horreur qui a suivi l'arrivée des khmers rouges au pouvoir. Notamment le rôle de Douch, qui pour les détenus qu'il interrogeait n'a pas eu la même clémence que pour François Bizot , loin de là...

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Le portail

Ce livre est passionnant, remarquablement écrit et les personnages surgissent dans leur complexité, leurs multiples facettes dans un Cambodge pré-khmer rouge. François Bizot prisonnier est soumis à des dilemmes terribles et, durant sa captivité, la période de Pol Pot annonce sa férocité et ses orientations.
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Le portail

Incroyable témoignage que celui de François Bizot, ethnologue installé au Cambodge dans les années 1960 pour y étudier les différents rites bouddhiques, qui fut au cœur de l’ascension au pouvoir des Khmers rouges.

Le récit débute en 1975. Il est arrêté avec ses deux assistants, dénoncé par un habitant du village reculé où il se rendait pour ses recherches. Les mains ligotées, les yeux bandés, on les emmène dans un camp de prisonniers enfouis dans le maquis dont ils ignorent l’emplacement. C’est le camp M.13, dirigé par Douch, dans lequel Bizot restera 3 mois, séparé de ses acolytes, accusé à tort d’être un espion de la CIA.

La sublime introduction nous plonge dans l’atmosphère maussade et désabusée du livre, transcendée par l’écriture éblouissante de l’auteur, qui nous élève et nous force à l’humilité.

Au delà de la terrible réalité des faits (il sera le seul survivant du camp, tous les autres prisonniers seront assassinés à coups de gourdin), Bizot nous relate les impressions furtives de sa mémoire sensible, décrivant telle ou telle caractéristique d’un visage pour mieux nous en transmettre la personnalité, attentif à tous les détails.

On accompagne le calvaire du prisonnier en tremblant de froid avec lui la nuit et de peur durant les interminables journées, humides de larmes et de la moiteur étouffante de la jungle des Cardamomes.

Sa plume parle à tous nos sens, les passages les plus touchants étant ceux où sa détresse est dépassée lorsqu’il s’arrête sur l’observation de la couleur d’une branche de flamboyant, la sensation de bien être éprouvée lors de son premier bain dans la rivière, l’odeur de la soupe de poulet qu’il offre à tous les prisonniers la veille de sa libération.

Ce dernier repas qui précède pour Bizot non pas la mort mais une nouvelle vie fut pour moi la scène la plus émouvante. Rien n’est dit, tout est dans la retenue, la reconnaissance transparait dans les regards, seuls les bruits de succions traversent le silence de cette sérénité éphémère. J’ai eu en tête les images du dîner des moines du film « Des hommes et des dieux », dernier instant de réjouissance et de volupté avant l’irrémédiable.

Son témoignage est aussi celui de sa relation avec son célèbre geôlier, qu’il évoque avec une grande noblesse d’esprit. Malgré les injustices et les massacres auxquels Douch est associé, François Bizot nous dépeint un homme idéaliste, investi corps et âme dans une cause qu’il estime juste, celle du communisme et de la solidarité de son peuple. Même si un lien de confiance s’était peu à peu créé entre les deux hommes, Douch ayant lutté contre sa hiérarchie, risquant sa place et sa vie, pour sauver celle de Bizot, il n’excuse et ne justifie jamais son ancien tortionnaire. Douch est un homme avec un passé et des faiblesses, il n’est pas un monstre. En aucun cas Bizot ne nous présente une vision manichéenne de la vie.

Lorsqu’il retourne au Cambodge en 1988, il visite le musée du génocide khmer, l’ancien lycée Tuol Sleng, et découvre le portrait de son gardien, représenté là pour avoir torturé et détruit (mot utilisé par les khmers pour signifier « assassiner ») plus de 20 000 personnes. Voici ce que François Bizot écrit à ce propos, et qui tiendra lieu de conclusion à ma petite critique : « Je cite souvent Tzvetan Todorov, qui avance, au rebours de la sagesse populaire, qu’essayer de comprendre ce n’est pas nécessairement pardonner. Doit-on se contenter de répéter à jamais que les crimes contre l’homme sont inoubliables ? Inexcusables ? Impardonnables ?… Il serait plus utile de commencer par apprendre à se méfier de nous-mêmes. Pas seulement des autres. «
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Le portail

En 1971, François Bizot, membre de l'école française d'Extrême-Orient vit et travaille à Angkor lorsqu'il est fait prisonnier par les Khmers rouges. Un an plus tôt, les Etats-Unis d'Amérique ont garanti les conditions nécessaires à un coup d'état renversant le roi Sihanouk, afin d'installer le général Lon Nol au pouvoir et afin de créer un quartier général reculé à Phnom Penh. Cette manœuvre va précipiter le pays dans le chaos, favorisant le mouvement Khmers rouges.

Pendant les trois mois de sa détention dans un camp de maquisards, Bizot va être le témoin des prémices de la plus grande tragédie d'Asie du Sud Est. Entre l'endoctrinement des enfants, l'asservissement des masses laborieuses, la violence, les exécutions, les dénonciations, la bureaucratie et l'idéologie délirante des Khmers rouges, le lecteur se rend rapidement compte, lorsqu'il connait l'histoire, que tout ce qui se passe dans ce camp, se déroulera à l'échelle d'un pays entier quelques années plus tard. Au milieu de l'indicible, il y a aussi les interrogatoires qui se terminent très souvent en discussions philosophiques. Il sont menés par Douch, un instituteur fanatique, fonctionnaire zélé tout dévoué à la cause du Kampuchéa et dont les sinistres talents lui vaudront de diriger l'une des pires prisons de la capitale.

En 1975, lors de la prise de Phnom Penh par les Khmers rouges, François Bizot est désigné par ces derniers comme l'interprète du Comité de sécurité militaire de la ville chargé des étrangers auprès des autorités françaises. A cette occasion, il sera le témoin impuissant de la tragédie qui va prendre forme, l'un des évènements historiques les plus lâches de la France, qui va livrer aux Khmers rouges, les intellectuels et opposants cambodgiens qui étaient venus se réfugier dans son ambassade. Le portail, c'est celui de l'ambassade de France qui s'ouvre et se referme avec fracas sur le destin tragique de ceux qui sont abandonnés.

J'ai découvert l'histoire de François Bizot lors d'un reportage mais c'est quelques années plus tard, à Phnom Penh, lors de ma visite de la terrible prison de Tuol Sleng, le fameux camp S-21, tenu par ce même Douch qui avait été l'inquisiteur de Bizot, que j'ai découvert le livre. Il était sur une table, à la sortie de ce musée des horreurs dont on a du mal à croire que ce fut un collège, parmi d'autres ouvrages en toutes langues. La couverture bleuie par une exposition trop longue au soleil, les pages jaunies et gondolées par l'humidité, le livre m'a plu immédiatement. Je l'ai dévoré pendant mon séjour au Cambodge, ce livre mettant des mots et servant de témoignage face aux ruines de l'époque Khmers rouges. Néanmoins, quand je l'aperçois chez moi, j'y vois de l'espoir, car je repense à tous ces jeunes cambodgiens, qui se réunissent chaque soir dans le parc du Wat Botum, pour danser et profiter de la vie.

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Le saut du varan

Ce n'est pas seulement un roman policier, c'est aussi un roman qui nous permet de découvrir le peuple khmer et surtout ses traditions, son langage, ses croyances très anciennes, les différents visages de ce peuple, à la fois moderne et très ancien. C'est aussi un livre qui nous montre les méfaits de la colonisation et de la soi-disant protection des pays riches.
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Le silence du bourreau

Comment peut’ on survivre quand on a échappé au pire ? Comment peut on être un libérateur pour les uns et un bourreau pour les autres, comment peut on tenter de comprendre les faits d’hommes, qui deviennent des bourreaux ? Sont-ils encore des hommes ou y a-t-il des situations et des circonstances qui peuvent expliquer ces actes ?

Après avoir écrit « le portail », François BIZOT revient sur ce qu’il a vécu au Cambodge mais aussi sur ces questionnements personnels par rapport aux comportements des hommes. Il donne d’ailleurs des exemples de ses propres comportements, lors de son enfance et adolescence.

Comment un homme peut il devenir un bourreau pour les uns et une homme « bon » pour d’autres ?

François BIZOT a rencontré Douch au début du pouvoir des khmers rouges. Il fut arrêté par les khmers rouges et incarcéré dans un camp, son gardien était Douch. C’est Douch qui le gardait prisonnier mais c’est lui aussi qui l’a libéré et ainsi sauvé de la mort.

Puis Douch est devenu le directeur bourreau de la sinistre et célèbre prison M21.

L’homme qui l’avait libéré et lui a sauvé la vie est devenu l’un des bourreaux les plus effroyables du 20e siècle.

François BIZOT est appelé à témoigner lors du procès de Douch en 2009.

Il nous décrit alors avec tact et délicatesse ses doutes, ses questionnements.

Sans jamais être donneur de leçons, il décrit et tente de comprendre comment un homme reste tout de même un homme, même quand il a été un bourreau.

Le silence du bourreau est un témoignage poignant.



A ré-écouter l’émission « hors champs »de Laure Adler et de sa rencontre avec François Bizot,
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Le portail

« Alors j’ouvrais les yeux dans le noir et sortais m’immerger dans cette parcelle moite d’univers que le destin nous avait attribuée : le périmètre de l’ambassade, enveloppé de ténèbres. »



A lire la 4ème de couverture je m’attendais à un récit choc…C’est le contraire, j’ai lu un texte d’une exquise courtoisie. Mais, ne vous y méprenez pas, François Bizot dit ce qu’il a à dire, sans complaisance ; il a le style plus lyrique, qu’il met au service d’une parfaite connaissance de la région, et de ses us et coutumes.



Ce texte découpé en chapitres de longueur traditionnelle, se compose en réalité de deux parties égales non matérialisées qui représentent les deux " périodes" auxquelles il fait référence.



La première, est relative à sa détention au cours de l’année 1971 dans un camp Khmer. Il y fera la connaissance de celui qui sera jugé quarante années plus tard pour crimes contre l’humanité, Douch. Quelle que soit l’époque, quel que soit les lieux, nous retrouvons la dure réalité des camps, avec ses variantes locales…ici le paludisme, et la cruauté toute particulière des Khmers rouges ; bien curieuse manière d’honorer un idéal démocratique, et d’égalité….

Curieusement, c’est Douch qui se révèle le plus humain. Bizot sera relativement épargné, sans aucun doute parce que français, et parce connaissant parfaitement la culture khmère dont il parle d’ailleurs la langue. C’est dans cette partie du récit, que Bizot, met en évidence la mise en place de l’idéologie révolutionnaire et de ce qui en suivra. C’est avec beaucoup d’intelligence, en mettant à disposition toute ses connaissances de sa culture, qu’il réussit à faire parler Douch, pour ainsi mieux le sonder.

« Ah !, coupa t-il (c’est Douch qui s’exprime), leur duplicité m’insupporte au plus haut point ! La seule façon est de les terroriser, de les isoler, de les affamer. »

Et voilà ce qu’en dit Bizot, qui avait bien cerné la complexité du personnage :

« Or, n’était-ce pas seulement l’homme en lui qui était un danger ? Car je n’avais pas devant moi un monstre abyssal, mais un être humain que la nature avait conditionné pour tuer affilant son intelligence telles les dents du requin ou du loup…quoiqu’en prenant grand soin ne pas lui ôter sa psychologie humaine. »



La seconde partie fait référence à une période plus tardive, 1975, marquant si je peux dire le début de la fin. Les Khmères rouges ont investi la capitale, les réfugiés arrivent en masse vers l’ambassade où Bizot est interprète. Il lutte jusqu’aux dernières limites pour faire évacuer un maximum. Tout se joue au niveau du portail au-delà duquel l’extraterritorialité est de plus en plus bafouée. Le portail c’est la frontière. C’est une vie de reclus, dans une ville en état de siège, où bientôt commencera un génocide, dont hélas personne ne pale plus guère de nos jours…

Avec habileté, Bizot travaille au service des français, qui pour beaucoup d’entre eux ont aussi des attaches très fortes au Cambodge. Il fera aussi son possible pour extraire les cambodgiens qui se retrouvent seuls. Tout son amour pour ce pays, et sa culture séculaire émane de ce livre. C’est un déchirement pour lui de partir, de ne pouvoir sauver ses travaux effectuer à l’Ecole d’extrême –orient, et d’assister impuissant à cette descente aux enfers dont le pays mettra des décennies à se relever.



« Telle une âme libérée – pour la seconde fois – par le juge des morts, je sortis de l’enfer cambodgien, en passant le pont des transmigrations. »


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Le portail

Les yeux ouverts des morts



"J’ai écrit ce livre dans une amertume sans fond. Un sentiment désespéré le traverse".



Comment pourrait-il en être autrement ?



François Bizot était installé au Cambodge depuis des années, pour y étudier les monuments et traditions boudhiques.

En 1971, sa route croise celle des Khmers rouges qui vont le détenir durant 3 longs mois. Là, il verra se mettre en place ce qui sera appelée la "machine de mort" faite d’interrogatoires, mauvais traitements, tortures et exécutions, sous couvert d’une idéologie criminelle et folle.



Libéré, il assistera en 1975 à l’arrivée des Khmers rouges à Phnom Penh. Servant d’interprète au Comité révolutionnaire dans ses relations avec les autorités françaises sur place, il sera encore un témoin privilégié. Il est un des rares prisonniers du tristement célèbre Douch (ou Duch) qui soit sorti vivant d’un des camps qu’il dirigeait.



Ce livre est admirable, même si je ne l'ai pas trouvé sans défauts (j'y reviendrais).



Bizot retrace parfaitement le climat de ce moment charnière et il ne cache aucune responsabilité. Les régimes politiques corrompus, la brutalité policière et militaire des forces gouvernementales, la "méthode grossière des Américains, leur ignorance crasse du milieu dans lequel ils intervenaient, leur démagogie maladroite, leur sincérité déplacée… " sont autant de facteurs expliquant la victoire des Khmers rouges sur "un ennemi en pleine déroute physique et morale".



Au cours de sa détention il voit ses camarades prisonniers "cesser de croire" à leur propre innocence (" peut-on être innocent quand on a des chaines ?") ou se figer docilement avant le choc fatal car les Khmers rouges connaissaient cette loi du fond des âges : "l’homme s’occit plus facilement que l’animal".



Il côtoie ces révolutionnaires "issus pour la plupart, de petits commerçants ou d’employés frustrés", qui n’ont "jamais fait la rizière", mais qui se représentent "idéalement le paysan Khmer comme un stéréotype de la révolution permanente" …qui doit "servir d’étalon à l’homme nouveau". Ce paysan devient un "héros dont tout le monde se moque, dans une guerre qui n’est pas la sienne".



Bizot avait tout compris dès 1971, de la nature de cette "nouvelle religion" inspirée des mythes et des règles de la religion boudhique : renoncer aux attaches matérielles, aux liens familiaux qui fragilisent, quitter parents et enfants, se soumettre à la discipline et confesser les fautes…des "10 commandements moraux" appelés "sila", comparables aux "10 abstentions" (sila) boudhiques. Il y a aussi la division de la population entre "initiés » et novices".



Il avait tout compris de la volonté des dirigeants communistes Khmers de "soumettre la nation à une mort initiatique", de réfléchir à "une méthode qui rende l’homme heureux malgré lui."



Il s’agit donc d’un livre important et terrible. C’est l’homme nu, avec ses faiblesses, ses contradictions, sa volonté de comprendre, de rechercher en permanence la part d’humanité chez le tortionnaire, pour connaître la sienne propre.



Et pourtant, je n'ai pas été aussi bouleversé que je l’aurais cru, car plusieurs aspects m’ont dérangé.



Il y a d'abord le sujet des relations entre Bizot avec Douch.

Je sais bien que l’homme par définition, ne peut être qu’humain avec ses forces et faiblesses, qu'il y a une part d'humanité dans chaque monstre...mais à un moment, la "compréhension" de l’auteur pour Douch m’a gêné.

Attention, j'ai bien conscience que Bizot ne confond pas la tolérance avec le pardon. Mais voir décrire Douch comme quelqu’un qui se livrait à "une recherche passionnée de droiture morale qui ressemblait à une quête de l’absolu" m'a été difficile.

Idem quand il avoue courageusement qu’il se surprend à éprouver pour Douch, de l’affection, au moment précis où se révèle sa cruauté, qu'il sent chez lui, une "souffrance constante" et voit dans leurs rapports, comme "une tension de l’âme, une sympathie élargie au-delà de la fraternité de circonstance".



D'ailleurs, quand Bizot retournera au Cambodge 30 ans plus tard, il se demandera comment "l’homme épris de justice" a pu devenir le "chef des tortionnaires", comment son "malheureux ami n’a subi aucune transformation. Rien n’a changé : en bon élève et sans faillir…il a continué le même travail".

Son libérateur était devenu bourreau et cette situation le trouble toujours.



Par ailleurs, quand Bizot parvient grâce à une ruse, à manipuler ses gardiens, il a cette phrase étonnante "Je retirais de ce petit jeu une vive satisfaction. Et de cette jouissance que j’éprouvais me vint l’idée que j’avais, moi aussi, les qualités pour à sa place, faire un bon bourreau".



Cette position consistant à préjuger que chacun peut devenir un bourreau, me dérange. On parle de quelqu'un qui a fait torturer et tuer systématiquement au moins 20000 personnes dans son camp du S21, sans jamais chercher à refuser ce rôle. Qui a obligé Douch à afficher cet absurde et horrifique commandement sur les murs du S 21 : ""Commandement no 6 : Il est strictement interdit de crier pendant qu'on reçoit des coups ou des décharges de fil électrique" ?



D'ailleurs, Douch joue de cette idée du monstre qui sommeille en chacun de nous, pour fuir ses responsabilités (lire à ce sujet, le remarquable L'Élimination .



Je n'arrive pas à adhérer à cette idée qu'il n'y aurait que des bourreaux qui s'ignorent et je suis plus à l'aise avec la position de Primo Levi selon laquelle toutes les zones grises du monde peuvent exister, mais les victimes sont les victimes, et les bourreaux bourreaux, un fleuve de sang et de souffrance les sépare à jamais.



Autre réserve : le style.

Il est souvent brillant, mais il empêche aussi parfois le souffle de l’émotion. Certaines tournures sont curieuses et donnent l’impression d’une "traduction" dans un style oriental qui déconcerte. Par exemple :(p 270) "D’épais coups de pinceau d’encre sombre interceptèrent le soleil, faisant monter dans l’air lourd des flèches électriques, qui zigzaguèrent en grondant dans le lavis du ciel".



La retranscription des dialogues m'a semblé parfois artificielle, comme dans ce long dialogue sur 12 pages,entre Douch et Bizot.

Qu’on retranscrive l’idée, bien entendu, mais l’exhaustivité…Comment qui que ce soit pourrait se souvenir de dialogues aussi précis ?



Dernier point, anecdotique sans doute.

Bizot a des silences troublants.



Ainsi, s’il parle souvent de sa fille Helen pour laquelle il s’inquiète, il ne semble guère faire cas de la mère de cette dernière. Qui est cette inconnue jamais appelée autrement que "la mère d’Hélène" ou "la mère de la petite" ? Pourquoi n’a -t-elle pas droit à un nom, là où tant d’inconnus sont partis sans laisser de traces ? Il la laisse partir sur les routes avec les autres forçats de l’exode de 1975. Qu’est-elle devenue ? Mystère*.



Autre cas (p 299) quand il fait l'objet d'avances par une jeune réfugiée : "elle dégagea mon sexe du short. Ses yeux mi-clos se révulsèrent, couvrant pudiquement son regard d’une gaze d’argent. Je traversai rapidement la cour… ". Que s’est-il passé ? Si j'osais, je dirais qu'il manque un bout...



J'ai bien conscience que ce sont là des broutilles, mais elles ont suffi à amoindrir le "plaisir" de cette lecture.



Peu importe. Il n'y a pas tant de réflexions aussi poussées servies par une telle expérience sur cet hallucinant moment de l'histoire.



A lire.



* Il semblerait qu'il soit parti à sa recherche en 1979, l'ait retrouvée et installée en France.
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Le silence du bourreau

Résumé personnel



François Bizot a été incarcéré par les Khmers rouges et relâché peu de temps après par le responsable du camp : Douch.

Il va découvrir ensuite que son "libérateur" à torturé et tué directement et indirectement un très grand nombre de personnes.

Il témoigne à son procès.



Avis



Hélas...



Je n'ai pas lu son précédent livre "Le Portail" qui raconte plus en détail son incarcération. "Le portail" semblerait être plus "récit" que le silence du bourreau.

J'ai ressenti clairement le besoin de lire "le Portail" avant ce roman.



Le silence...



Ce livre n'est pas l'histoire de François Bizot au quotidien, mais le livre d'un écrivain qui prend de la hauteur. Mais attention "hauteur" est sans doute un terme malpropre. Il ne s'éloigne pas des faits, de la réalité.

Au contraire il semble plonger à la fois au plus profond de lui pour trouver parfois des ponts, des points communs entre lui et son bourreau, et en même temps trouver et retrouver chez L'Homme ces mêmes traits.



Parfois des détails, des phrases, des situations transpercent le roman comme s'ils remontaient à la surface.

Mais la plupart du temps, l'auteur brandit à la fois un miroir et à la fois le visage de Douch pour se regarder lui même.



C'est un point très remarquable : comment un homme condamné, qui a vu ses amis disparaître, son pays (d'adoption) ravagé peut t'il ne pas juger son bourreau comme un monstre sans humanité sans excuse.

Très éloigné de la situation vécue il est difficile de juger, de mesurer...mais le silence du bourreau nous explique, nous relate et au final arrive à nous emmener vers son identification, son empathie profonde pour tout être humain.

Il est vrai cependant que devant des cas plus proches et plus contemporains, je ne pense pas arriver à prendre le même chemin et encore moins aux mêmes conclusions que François Bizot.

Réussir à voir l'humanité et la monstruosité en l'Homme n'est pas un chemin facile.



Style



Très bien écrit ! Des phrases que l'on sent écrite par quelqu'un de cultivé et de simple à la fois.



Bémol



Mon seul bémol : ne pas avoir lu "Le Portail" avant (ou vu les reportages) peut être frustrant car parfois certains éléments (dialogues, situations) ne sont qu'évoquées sans élément tangibles (Dans ce livre).



Ressources



Le post scriptum du livre (1/3 du roman) nous donne un accès direct à quelques témoignages comme : La déposition de François Bizot au tribunal (PDF)
Lien : http://travels-notes.blogspo..
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