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Critiques de François Simon (29)
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L’esprit des vents

Merci à Babelio et aux Editions Plon pour cette lecture dans le cadre de la Masse Critique Privilégiée.





1945. Les deux jeunes Tateru et Ryu doivent quitter la colonie japonaise qui occupait la ville chinoise de Qingdao. Pour tous leurs compatriotes, c’est une fuite honteuse et un retour déshonorant dans un Japon sous tutelle américaine, complètement ruiné et ravagé. Les deux enfants vont devenir adolescents dans un Tokyo qui repart de zéro et où fleurit sans entrave une dangereuse criminalité.





François Simon manie la plume, fort joliment d’ailleurs, comme d’autres fleurètent avec un stylet : les phrases sont courtes, l’écriture précise et incisive, chaque mot choisi avec justesse. Aucun gras n’habille l’ossature du récit qui s’en tient aux faits, mettant de côté les sentiments sur lesquels les protagonistes n’ont guère le loisir de s’attarder, dépassés comme ils le sont par une situation et des évènements absolument sismiques pour la société japonaise. Si les personnages n’ont aucune complaisance avec eux-mêmes et se corsètent dans leurs efforts de survie, c’est à travers la poésie que transparaît leur âme, cette poésie que l’auteur est parvenu à faire fleurir sur l’extrême sobriété de son texte.





Le cadre historique est évoqué avec réalisme et habileté, au travers d’évocations saisissantes et vraiment intéressantes qui font penser aux Sept roses de Tokyo de Hisashi Inoue : entre les vents qui sauvèrent le Japon de l’invasion mongole en 1274, les bombardements les plus terribles de l’histoire sur Hiroshima mais aussi sur Dresde, les kamikazes et leurs collines couvertes de fleurs, le code du seppuku, la différence entre les saules et les fleurs du monde de la nuit japonaise et la première locomotive à sel…, revit un Tokyo d’après-guerre si vivide que le lecteur s’y sent transporté.





Curieusement, le début et la fin semblent presque ne pas faire complètement partie du même livre : après une première moitié où les personnages servent plutôt de faire-valoir à une vaste fresque historique, la seconde partie prend une tonalité plus proche d’un roman noir, resserré sur les destins de Tateru et de Ryu confrontés au monde du crime, organisé ou pas.





La fin m’a laissée presque désemparée, écartelée entre la rupture abrupte d’un des destins évoqués, et l’absence de fin de l’autre, qui laisse la porte ouverte à une suite que l’on voudrait réclamer à l’auteur.





Intéressant sur le fond pour une découverte saisissante du Japon d’après-guerre, ce roman est aussi séduisant sur la forme, portée par une belle écriture à la fois sobre et poétique. Monsieur Simon, quand publierez-vous la suite ? Coup de coeur.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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L’esprit des vents

"L'esprit des vents" de François Simon a dormi pendant 14 ans dans un tiroir avant de se rebeller et de décider son auteur à le laisser libre comme l'air.



Bien lui en a pris, avec une plume pareille, je m'étonne que François Simon se soit si longtemps attardé aux tables des restaurants. Je n'ai jamais lu ses critiques gastronomique mais quand il s'attable au roman, on se demande pourquoi il n'a pas suivi plus tôt le souffle de l'inspiration qui devait le tarauder.



Ce roman est une longue, longue poésie d'une tendresse infinie. François Simon écrit comme un papillon : ses mots se posent avec délicatesse sur le papier, déploient leurs ailes magnifiques et multicolores puis s'envolent dans un zéphyr.

L'amoureux des vents c'est Tateru, qui les nomme au fur et à mesure qu'il les découvre. Il les transmet à son ami de toujours Ryu. Ensemble, suivant doucement le cours de leur enfance, ils vont apprendre à les apprivoiser. 

Ces vents qui n'en font qu'à leur tête, la douce brise de leur début d'adolescence dans la baie chinoise de Qingdao va se transformer en typhon quand le 15 août 1945, l'empereur du Japon signe sa capitulation.



Aux vents mauvais, après bien des péripéties, les deux amis vont apprendre au cœur de Tokyo la sauvage, comment on peut passer brutalement d'adolescent à adulte. Soutenus par de petits vents de ville ils vont chacun choisir un vol direction l'indépendance, mais vont-ils prendre le même avion ? il faudra laisser le vent vous tourner les pages pour le découvrir.



Pendant un temps, la vie de Tateru et Ryu se déroulant presque tranquillement, le vent est tombé, et pendant quelques pages, j'ai senti comme un léger flottement, un rythme lent, un peu ennuyant, l'histoire semble retomber comme absorbée par elle-même. Heureusement, une bonne bourrasque a soufflé, et l'intérêt a décollé à nouveau pour ne plus me quitter jusqu'à la fin du livre.



Au milieu de toute cette poésie, François Simon sait nous faire passer, comme une torture de sa plume sous la plante de nos pieds, les atrocités de la Seconde Guerre Mondiale, la complicité du Japon et le prix à payer dans cette île dévastée par les bombardements et le passage de l'Enola Gay. Le plus frappant c'est que ce vent de face que doit affronter le pays lui donne plus d'envie, plus de vie, plus d'énergie. On sent l'émergence des esprits qui, loin de se reposer, s'activent, se lancent le défi de repartir de zéro et d'innover pour redonner au Japon son élan et favoriser son envol avec un grand vent d'avance sur l'Occident qui n'en finit pas de panser ses plaies et de faire son deuil.



François Simon est un poète, un homme de sensations, normal quand on a passé beaucoup de temps dans les plaisirs de la chère. Les idées qu'il fait passer glissent sur notre peau de lecteur comme une caresse et ce n'est que plus tard qu'on s'aperçoit de ce qu'elle nous a transmis. Les deux amis qui se construisent après-guerre dans un Japon dévasté ont moins d'importance que le vent qui les a portés jusque-là, leur nouvelle vie d'adulte à Tokyo a moins d'importance que le cyclone de l'après-guerre qui les emporte dans son œil. Ce roman est pour moi une longue et magnifique poésie avant tout, mais ce qui est sûr c'est que ce roman, ce n'est pas du vent !



Tout mes remerciements aux Editions Plon et à Babelio pour l'envoi de ce livre qui n'a pas raté sa cible, non pas chargé de bombes mais de petites graines de beauté semées à tous les vents, il m'a ravie et emportée avec lui.
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L’esprit des vents

à l’extrême Orient, à travers l'extrême tension des sentiments, les vents marins défient l'histoire, on vibre à la fidèle et émouvante restitution d'une impossible cicatrisation des êtres touchés par la Bombe atomique.





Traçant un petit tatouage avec de l'encre rouge et noire, pareille à une fleur pommelée, Kazuko, venait de poser sur la fine coupure au ventre de son neveu Tateru, un camélia. La scène se déroulait en Chine à Qingdao, occupé alors par l'Armée Japonaise. Les japonais ont cultivé l'art de se taire dans la douleur, "Tateru baissa les yeux devant le filet de sang avant de retourner un regard clair vers son père."





Largement scalpé au cuir chevelu, à Qingdao en 2005, je me suis trouvé affublé par contre, d'une coiffe en forme de cheminée, loin de représenter une fleur de Lotus. J'étais loin d'imaginer que je foulais en courant une île où avaient piétiné 30 000 japonais avant moi. Tateru et la communauté japonaise vivait en 1945 ses dernières heures à Qingdao, la ville devenue si vivante aujourd'hui, est encore le berceau de la bière Chinoise, la Tsingtao. 





En 1945 c'est l'ingratitude qui dominait, les japonais pillaient, raflant les bronzes de la ville, comme de nombreux objets négociables.

Tateru évoque son enfance captant tout ce qu'il voit et discerne les territoires de la mer, et l'espace que dessine les oiseaux de l'île. L'expérience du vent marin et de toutes ses nuances resteront gravées dans son imaginaire. de même, les plats de Keiko sa mère ou de Kasuko vont imprégner ses sens. Le goût des parfums l'envahit à tel point qu'il voyait les vents en couleur ou les distinguait par leurs odeurs. 





Son ami Ryu est plus sombre, sans doute depuis la disparition de sa mère. Son père est un photographe, qui engrange toute la vie de cette cité, ses rumeurs comme les faits et les gestes de ses habitants, chinois ou Japonais, c'est la mémoire vivante de Quingdao. Ryu pousse de guingois comme une plante mal éclairée, sans se sentir choyé.





Après le 7 puis le 9 août, après Hiroshima et Nagasaki, le monde bascule, le Japon capitule, les japonais doivent partir, c'est l'exode et son lot de ruptures, et notamment la disparition de Ryuichi le père de Ryu. 

A travers la vie des deux amis François Simon revisite l'Histoire du Japon avant et après Hiroshima.

Il analyse les deux facettes du Japon dévasté par la guerre, comme deux regards irréconciliables que le passionné du soleil levant va réveiller.





D'un côté la renaissance du Japon, comme la redécouverte des grandes traditions, comme sa vocation culinaire remise à jour que le célèbre journaliste François Simon excelle à décrire.

A l'opposé la fin des hostilité permettra à la pègre la plus cruelle et la plus sanguinaire de prospérer. On la découvre dans le décor de l'Hôtel Columbus Star, et son impitoyable Shinpei, Kamikase miraculeusement sauvé par un crash au décollage.

C'est là que Ryu reçoit ses ordres de fine lame, c'est aussi de là qu'il observe la belle Mamechiyo Guesha au service des plus riches japonais.





Bien des grands moments de la très meurtrière guerre du pacifique sont restitués. Ils viennent illustrer toutes les contradictions entre raffinements et cruautés. Les deux jeunes amis illustrent ce mélange de traditions très subtiles et élitistes, avec en arrière plan les disparitions sanguinolentes.





Le jeune Tateru devenu grand cuisinier grâce aux savoirs très anciens reçus de sa mère et de Kasuko, vous enchantera, et le langage poétique qu'il porte est remarquable de sensibilité.

François Simon est une brillante plume de toutes ces subtiles impressions olfactives ou de ses envolées personnelles sur la finesse des vents marins.



"C'est un feulement mélodieux, hypnotique, lancinant, mais tellement apaisant". Page 29 



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L’esprit des vents

C'est à Qingdao, ville portuaire chinoise occupée par les Japonais, que grandissent deux amis, Tateru et Ryu. le premier, fils d'un gardien de phare, n'est que sensations, lumière, imagination. Il parle le langage des vents dont il perçoit les variations, les forces, la douceur. le second, fils du photographe de la ville, est plus sombre, plus observateur, plus mature aussi.

1945 marque la fin de leur enfance insouciante. Hiroshima et Nagasaki sonnent le glas de l'esprit de conquête japonais. Chassés de Chine, les Japonais reviennent au pays natal. Ryu est séparé de son père laissé pour mort sur le quai par une horde de Chinois vindicatifs. Les parents de Tateru recueillent bien volontiers l'ami de leur fils et la petite famille s'installe dans un village de montagne. Mais suite à un accident, Tateru doit s'installer à Tokyo pour y être opéré et entamer sa rééducation. Ryu le suit dans une capitale dévastée par les bombardements où la population survit tant bien que mal. Tateru est hébergé par sa tante tandis que son ami s'immerge dans la rue et les bas-fonds de la ville. Toujours très unis et complices, ils suivent pourtant des voies bien différentes. Tateru devient cuisinier, Ryu homme de main des yakuzas.



Un roman poétique et sensuel qui aurait pu être un grand roman. Malheureusement, François Simon accumule les maladresses stylistiques. Tantôt ses phrases sont courtes, elliptiques, à la limite de la compréhension, tantôt elles deviennent envolées lyriques et se perdent dans des descriptions ampoulées. Par ailleurs, Tateru aime les vents, il leur donne des petits noms, il les appelle, il leur parle, mais tout est prétexte pour l'auteur à filer la métaphore, jusqu'à épuisement du lecteur.

Pourtant, l'idée de départ est des plus belles. le Japon de 1945, la colonie chinoise, la fuite, le retour au pays, l'humiliation des vaincus, Tokyo à terre qui peu à peu se relève de ses cendres, la capacité des Japonais à faire table rase du passé pour aller de l'avant, reconstruire, revivre. Autant de thèmes passionnants qui se noient dans le melting-pot des idées d'un auteur qui en fait trop, ajoutant ici et là les clichés liés au Japon. On croise donc des yakuzas, des geishas, du saké et un zeste d'érotisme sulfureux.

Bilan mitigé donc. La lecture n'est pas désagréable mais manque de fluidité. Un roman japonais écrit par un français, c'est peut-être là son principal défaut.



Merci à Babelio et aux éditions Plon pour cette masse critique privilégiée.
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L’esprit des vents

Au printemps 1945, c’est le souffle de l’histoire qui oblige la communauté japonaise résidant sur l’île chinoise de Qingdao à rejoindre Tokyo, dévasté…Tateru, ses parents et son ami Ryu que tout oppose, nous entrainent dans leur voyage.

L’écriture poétique et sensuelle de François Simon fait merveille pour évoquer avec finesse le choc ressenti par les deux jeunes enfants réunis dans cette épreuve qui les dépasse.

Le récit de leur relation, de leur vie simple et harmonieuse sur lîle de Qingdao, puis de la fuite en bateau dans des conditions atroces et enfin l’adaptation forcée dans la ville de Tokyo, où la vie quotidienne est un enfer, est finement relaté, par petites touches très vivantes.

François Simon, également critique gastronomique, excelle dans ses descriptions culinaires, en mettant l’eau à la bouche des gourmands.

Mais arrivé à la moitié du roman, la déception guette le lecteur car François Simon semble avoir perdu le contrôle de ses personnages, laissant en plan certains d’entre eux pour en mettre d’autres au premier plan sans susciter aucune empathie ou intérêt pour eux, et enchainant des poncifs sur le Japon.

La fin bien mystérieuse, un peu bancale ou bâclée, on ne serait vraiment le dire, laisse le lecteur dépité.

Une belle idée romanesque un peu gâchée, c’est vraiment dommage.

Je remercie Babelio et les Editions Plon pour ce partenariat.



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L’esprit des vents

Ce roman nous raconte l'amitié entre deux adolescents japonais, Tateru et Ryu, en 1945 et dans les quelques années qui suivirent. Ils sont installés à Qindao, ville insulaire devenue japonaise à la suite de la conquête de l'est de la Chine par le Japon dans les années 30. Tateru y vit heureux avec sa famille, Kanki son père gardien de phare, et Keiko sa mère, Kazuko sa tante. Sa passion, les vents, il en ressent les moindres variantes, origines, subtilités. Son copain Ryu n'a pas connu sa mère, il est ici avec son seul père Ryuichi. Mais au printemps 1945, ces familles apprennent, dévastées, que le Japon est vaincu. Il faut fuir Qindao et rentrer au pays avant d'être la cible de la population chinoise. Si la tante Kazuko décide de rester, dans le chaos et l'urgence, le père de Ryu se perd sur le quai, est tabassé, perd conscience…Le bateau du retour part sans lui. A Tokyo, Ryu bénéficie au début du cocon familial de Tateru. Mais Kanki vit mal ce retour, on le retrouvera pendu un matin. Lorsque Keiko rencontre un homme pour refaire sa vie, elle confiera son fils à sa jolie tante célibataire Minako, mais Ryu en quête de son père disparu, et sans doute plus encore de lui-même, ira apprendre la dure loi du quartier réservé, dans un dangereux Tokyo de la nuit, où règnent les yakusas, où évoluent les prostituées, au service de l'occupant américain, un Tokyo qui pue la misère, l'insalubrité, l'insécurité et tous les vices. Les chemins de ces deux jeunes amis vont en apparence diverger. Si Tateru apparaît plus privilégié, s'éveillant à la sensualité du corps féminin au contact de sa tante, puis à la cuisine, ce don commençant à lui ouvrir des perspectives d'emploi alors même qu'il renonce à faire des études, le destin va venir les frapper brutalement et durement, chacun de leur côté...



Les cinquante premières pages peinent à situer le roman, on a du mal à voir où l'auteur veut nous embarquer. La trame autour des vents subtiles apparaît bien mince et pour tout dire prête un peu à sourire : vaporeuse, elle est pourtant très, trop prégnante dans le texte, qui souffre d'un style à la fois trop stéréotypé et qui pourtant se cherche. François Simon use et abuse de phrases courtes, souvent sans verbe. Cet effet, habituellement efficace pour dramatiser l'action, apparaît comme surjoué pour compenser une action bien maigrelette sur ce démarrage. Comme si l'auteur en avait conscience, il redilue sa phrase par plusieurs qualificatifs : « …Les soldats sont désemparés, harassés, dépossédés par une victoire sans ennemi ». Ce procédé utilisé de temps à autre passe, mais c'est assez systématique et donne le sentiment que l'auteur en fait trop, ou qu'il craint de ne pas trouver le terme le plus précis et évocateur. C'est assez agaçant. Ou alors la figure de style hasardeuse, incongrue, comme plaquée artificiellement sur un contexte autre « Il aurait tant voulu que plus rien ne bouge, que le Japon triomphe, que son père reste en place, et le soleil accroché tout là-haut. Il sent confusément la vie tapie comme un jaguar, prête à fondre sur lui. »



Par la suite, ces maladresses s'atténuent. Le texte se débarrasse de figures de style inutiles pour laisser libre cours à une action qui enfin arrive, se déploie au rythme de chapitres très courts. Et ça fonctionne plutôt bien, on se prend à l'histoire mouvementée, à ces trajectoires en parallèle de ces deux amis. L'auteur ne résiste pas à recourir aux mots devenus assez courants que nous connaissons finalement tous et aux poncifs habituels sur le Japon (évidemment, la mort de Kanki est un suicide, et en plus il se pend à un ginko !!!), et on devine bien vite qu'un ado choyé par une jolie tante esseulée pourrait donner lieu à des tentations...Mais heureusement, l'écrivain a le mérite de ne jamais sombrer dans le pathos, la bluette sentimentale ou le voyeurisme gratuit, il s'arrête à temps ou n'approfondit pas, et c'est tant mieux. L'action est primordiale, des surprises interviennent, et pas dans le bon sens pour nos jeunes amis, ce qui permet d'éviter un angélisme qui serait incongru dans ce contexte d'après-guerre terrible d'un Japon détruit. On regrettera que l'auteur ne sache pas toujours que faire de ses personnages secondaires, pas assez fouillés et abandonnés en route, mais on lui concèdera son soin de focaliser sur les deux jeunes.



Le titre du roman est la traduction de kamikaze, ce qui rejoint à mon goût une sorte de facilité pompeuse qui ne traduit pas forcément l'esprit de l'histoire. Cependant, ce livre possède une force, à savoir le rappel, précis, et synthétique, des faits historiques (par exemple le bilan et les effets de la bombe d'Hiroshima). Il nous plonge dans une ambiance sombre de la fin de la guerre où le désespoir cède vite la place à la reconstruction, les japonais se débrouillent, se retroussent les manches, on sent déjà Tokyo grouiller, se moderniser à marche rapide. C'est un bon point pour ce roman, l'histoire individuelle qui souffre parfois de quelques effets d'exagération s'inscrit dans un contexte historique du pays rendu avec réalisme. L'auteur le maîtrise dans les grandes lignes, et c'est utile de nous faire ces rappels.



Finalement, un roman inégal, qui se lit avec un certain plaisir. L'auteur nous dit qu'il a végété des années durant avant sa publication, et reconnaît qu'il a fait l'objet d'améliorations progressives grâce à des soutiens amicaux du milieu littéraire éditorial, et japonais. Son début poussif est rattrapé honorablement par une intrigue qui enchaîne bien malgré ses quelques invraisemblances, une fin ouverte qui pourrait comme l'auteur le suggère lui-même autoriser une suite ?

Je remercie sincèrement babelio et les éditions Plon pour ce roman reçu dans le cadre de masse critique.

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L’esprit des vents

L’esprit des vents est un roman qui manque de souffle. François Simon aime le Japon et sa culture. Ça ne suffit pas à faire un bon livre. On ressort avec l’impression d’avoir traversé un grand bric-à-brac japonisant, encombré de souvenirs, de folklore et de clichés. Voulant tenir la promesse de son titre, l’auteur fait constamment référence aux vents, frôlant le ridicule de leurs noms ou de leurs provenances. Tout est vent et du coup, tout s’évente, à commencer par l’intrigue qui s’étiole au fil des pages. Plus on avance vers la fin, plus le destin des deux protagonistes, Ryu et Tateru, perd de son intérêt au profit de personnages secondaires dont l’histoire prend soudain le premier plan. Déroutant autant que frustrant. Dommage car il y a de très beaux morceaux d’écriture : la singularité de Qingdao, la description du Japon meurtri par la guerre ou plus spécifiquement l’atmosphère des rues de Tokyo. Mais, sans surprise, c’est avec la gastronomie qu’excelle François Simon (p204 le magnifique passage sur la tempura d’huîtres, toutes les références à la restauration). Animé par sa passion du soleil levant, excité par l’envie d’en découdre (un projet qui traîne depuis 14 ans), François Simon s’est jeté à corps perdu dans son récit, oublieux de certains fondamentaux : la cohérence de l’histoire, l’épaisseur des protagonistes ou encore, l’usage mesuré des références historiques ou géographiques. Les « remerciements » sont un désastre. Non seulement l’auteur jure au lecteur qu’il s’est fait adouber par de vrais japonais mais il y confesse ses errements et ses hésitations. Si je goûte avec plaisir les critiques gastronomiques de François Simon, je n’ai pas été convaincue par son travail de romancier.

Bilan : 🔪
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L’esprit des vents

Japon 1945 : en pleine débâcle d'après-guerre c'est l'exil pour Tateru et Ryu, contraints de fuir l'ile chinoise de Qinqdao pour gagner un Empire meurtri, qui cherche à se reconstruire, et pour tenter de survivre dans Tokyo, ravagée par la guerre...

Il faudra à Tateru bien du courage pour apprendre à reconnaître et affronter d'autres vents que ceux de son île natale, le Bei Fung, celui de froid et de sable, le Haï Feng, à peine tiède comme une caresse, ou bien celui de la mer qu'il baptise Hanabusa, bouquet de fleurs...et puis tous ceux qu'il s' invente quand ils ne viennent pas à lui.

Roman d'apprentissage, l'esprit des vents c'est l'histoire d'une amitié, indéfectible, et tragique, prise dans le marasme économique et social d'un Japon exsangue mais déjà en voie de mutation.



Oscillant entre poésie et chronique historique (la formation des geishas, des kamikazes, des yakuzas, l'impact des bombes sur Hiroshima et Nagasaki et son pendant européen sur Dresde dont la description fait froid dans le dos...), François Simon, au gré de chapitres courts et de phrases-chocs, comme s'il voulait donner plus de poids à ses mots, nous livre la vision d'une puissance déchue, livrée aux caprices des typhons, réduite à ses contours et d'un peuple dépouillé de l'honneur et de la dignité que ses traditions avaient érigés en dogme.



Et l'on se dit que dans toute guerre il n'y a finalement ni vainqueurs, ni vaincus. Seulement des victimes de la folie humaine qui essaient malgré tout de survivre et de continuer à rêver.

Il paraît que ce manuscrit a dormi pendant 14 ans dans un tiroir avant de voir le jour....c'eût été dommage de ne pas le réveiller !

Merci à l'auteur de l'avoir fait, aux éditions Plon de l'avoir plébiscité et à Babelio de m'avoir choisie comme lectrice privilégiée...

Toutefois ce livre appelle, à mon sens, une suite....aurez-vous le bonheur de récidiver ?

Je l'espère de tout mon coeur et pour nous tous.

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L’esprit des vents

Ce roman est un pur régal, pour la qualité inimitable de la narration, pour la perfection du style, à la fois sobre, riche et imagé. On s’attache terriblement aux personnages pris dans l’engrenage implacable d’une Histoire qui les dépasse et de leur propre histoire aux retournements impitoyables, parfois douloureuse et tragique, parfois pleine de promesses. Il y a les angoisses et la belle inconscience de l’enfance, les découvertes de l'adolescence, dans l'entourage ou sous l'influence de personnages salvateurs ou douteux, les tentations et le désespoir des adultes. Et le Japon, entre douceur poétique et violence dissimulée, entre brise et tourbillons.
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L’esprit des vents

En 1945, Tateru, un jeune garçon japonais vit sur l'île de Qingdao, en Chine avec son père qui occupe le poste de gardien de phare après avoir été gravement blessé, sa mère, la douce Keiko et Kazuko, sa tante, qui le régale de ses recettes. Solitaire, il vit en communion avec son environnement et avec les vents qui balaient la petite île. Il fait la rencontre de Ryu, son plus proche ami. Au printemps 1945, ils sont obligés de fuir pour revenir au Japon.



L'esprit des vents est un livre plutôt court plein de poésie et de sensations. Une douceur et une nostalgie assez fortes imprègnent ce livre. Un esprit très japonais flotte sur ce livre, faisant la part belle aux gestes, aux objets et aux petits actes du quotidien, qui signent souvent l'appartenance à une culture ou un pays. L'auteur excelle notamment à décrire la cuisine particulière de ce pays, et rejoint là son premier métier car François Simon est un critique gastronomique. Tout en gardant cette atmosphère intimiste, François Simon n'en oublie pourtant pas de brosser les conditions de vie du Japon en 1945 et les années suivantes, rendant cette lecture également très intéressante du point de vue historique. Une lecture très agréable et sensorielle.



Un grand merci à Babelio et aux éditions Plon pour m'avoir permis de découvrir ce livre.
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L’esprit des vents

1945. le Japon occupe une île chinoise, Quingdao. Ici, vit une colonie japonaise, à laquelle appartient Tateru, 7 ans, et ses parents. A la fin de la guerre, le Japon a perdu et Tateru doit rentrer dans un pays qu'il n'a jamais connu et qui subit l'horreur imposée par la présence américaine.

A Qingdao, Tateru était libre, il vivait en symbiose avec les vents, qui étaient ses meilleurs amis, qu'il connaissait par coeur et appelait à sa guise.Au Japon, avec son ami Ryu, il doit tout réapprendre, tout réapprivoiser, dans un pays qui, comme lui, se reconstruit.

Le résumé de ce roman m'attirait, mais j'ai eu du mal à me laisser porter par l'histoire en raison de l'écriture. Les phrases sont simples, courtes (trop?, j'aime aime être porté par les phrases, mais là, c'est trop syncopé), on sent le travail sur les mots, et je n'ai pas eu une lecture fluide. De plus, je regrette à certains moments le choix de l'auteur d'apporter une explication culturelle ou historique. Ces références encyclopédiques cassent le rythme et ces passages m'ont parfois parut superflus. Par contre, les passages dans le restaurant où travaille Tateru, ou les descriptions des recettes de sa tante sont d'une autre envergure, et c'est dans ces moments là qu'on oublie l'écriture et qu'on est davantage porté par l'histoire et qu'on s'attache alors vraiment au personnage.
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L’esprit des vents

L’Esprit des vents (2019) est un livre qui se lit bien, à la teneur exotique puisqu’il nous mène au Japon dévasté des années 45 du siècle passé pour nous narrer l’amitié de deux garçons Tateru (=construire en japonais) et Ryu (=le courant) qui vont se connaître vers leurs 7 ans: Tateru est le fils du gardien du phare de Qingdao, territoire chinois occupé par les japonais. Quant à Ryu, c’est le fils du photographe local, il a perdu sa mère dans des circonstances obscures.



Puis viendra l’évacuation japonaise des territoires occupés, dans le désordre et les difficultés imaginables pour retourner dans un Japon pire que dévasté, surtout Tokyo, ville victime de bombardements sans pitié. Au moment chaotique de l’évacuation Ryu perdra son père et sera accueilli par les parents de Tateru . Ils vont s'installer dans une paisible ville de montagne d'où l'aventureux et intrépide Ryu va s'évader pour se faire une vie marginale à Tokyo en pleine effervescence. Tateru quant à lui devra aussi se rendre à Tokyo à la suite d’un grave accident, pour y être soigné. De fil en aiguille il va trouver un emploi stable dans la restauration où il se fera remarquer et assez bien noter, ce qui sera à l’origine d’un drame.



Tateru est un garçon spécial qui donne une personnification aux vents. Depuis son jeûne âge il hume, il ausculte les vents, il les flaire, les identifie et leur donne un nom. C’est assez poétique.



Le récit de cette amitié forte entre deux garçons si différents sert de trame pour nous narrer des aspects de la civilisation japonaise, comme leur nourriture, la rudesse de la vie au Japon vers les années 1945, leur adoration et soumission à l’Empereur, la vie des bas fonds et le milieu des Yakuzas, la préparation et la vie d’une geisha, etc. Par petites touches on retrouve des faits déjà décrits dans d’autres sources. C’est intéressant et par moments dit de manière assez poétique, cette expression poétique qui sied si bien au Japon, c’est tellement différent.



Mais tout n’est pas clair dans ce livre, notamment vers la fin.



Merci à Babelio et aux Éditions Plon pour cette lecture dans le cadre de Masse Critique privilegiée.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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L’esprit des vents

Petit topo sur l’histoire : Alors que la Japon colonise une partie de la Chine au cours de la guerre sino-japonaise de 37-45, Kanki, ancien soldat de la marine nationale japonaise, et sa femme Keiko s’exilent dans la petite île chinoise de Qingdao. Quelques mois après leur arrivée, naquît leur fils unique Tateru. Au fil des années ce dernier, en mal de lien social, va apprendre à dissocier les vents, va se les approprier afin de se sentir moins seul et entrer en communion avec la nature. Alors qu’il se lie d’amitié avec Ryu et goûte aux délicieux plats de sa tante Kazuko, la « Pays du soleil levant » capitule et doit « abandonner » les terres qu’il tentait de coloniser. Les habitants japonais de Chine sont contraints de quitter leurs domiciles sous les huées des résidents, rancuniers face à l’attitude des japonais. C’est ainsi que la famille de Tateru et son ami Ryu retournent dans un Japon marqué au propre comme au figuré par les attaques américaines. Ce nouveau Japon, Tateru et Ryu vont tenter de se le réapproprier en partant à la recherche de ce qui pourrait les faire vibrer.



« L’Esprit des Vents » est un roman emplie de poésie qui nous invite à porter un regard différent sur nos sens. La culture japonaise est sensible à toutes les formes d’art, que ce soit l’art gustatif, celui des odeurs ou tout ce qui peut placer de près ou de loin la nature sur un piédestal. Le principal protagoniste du récit, Tateru, est un jeune garçon qui se laisse porter par les vents de la vie, ceux qui l’emmènent vers une vie différente sans jamais l’abandonner. Ils sont là, toujours présents, répondant à ses demandes d’apaisement, lui susurrant que la quiétude de son enfance, ses odeurs, l’accompagneront n’importe où. L’amitié entre Tateru et Ryu s’est nouée en toute simplicité, sans fioriture. Ils ont pris le temps de se connaître, ont croisé leurs regards au détour d’une plage, puis ont partagé leurs connaissances, leurs savoirs. Leur évolution est différente bien que complémentaire, chacun essayant de trouver sa place dans une monde d’après-guerre qui mêle traditions et nouvelles mœurs. Les liens qui les unissent sont forts et purs, sans jugement.



L’écriture du journaliste François Simon est douce, elle nous berce par l’usage de comparaisons et autres personnifications qui donnent vie aux éléments de la nature, la rendant plus présente, plus vivante. Ces procédés se mêlent subtilement à des faits historiques qui guident le lecteur dans la chronologie de vie des personnages. On ne retrouve pas les origines de la guerre mais davantage les conséquences collatérales comme les suicides des généraux impérialistes japonais, les ravages causés par les bombes Little Boy et Fat Man, ou encore les esprits tourmentés par des visions de guerre qui ont fait leur nid dans des cerveaux déjà meurtris. C’est intéressant car on partage différents points de vue. On ressent l’ancrage d’un certain clivage entre les anciennes générations, plus traditionalistes, plus rurales et vouées à leur pays, et les générations d’après-guerre, bercées par les nouveaux habitants colonisateurs et qui souhaitent se détacher de leurs anciennes vies en prouvant que les vents de la vie peuvent être favorables pour peu que l’on sache les écouter.



En conclusion, L’esprit des vents est un très beau roman, qui narre une histoire faussement simple avec beaucoup de sincérité et de délicatesse. Chaque mot ajoute une puissance aux chapitres. Je pense qu’il est nécessaire de lire une deuxième fois le roman pour s’imprégner de toutes les subtilités historiques qu’il contient, mais ce fut un très agréable moment et une belle découverte que la plume de François Simon.



Je remercie les éditions Plon et Babélio pour l’envoi, dans le cadre d’une masse critique privilégiée, de ce roman de la rentrée littéraire 2019.
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L’esprit des vents

Un livre que j ai eu du mal à terminer mais dont je voulais quand me^me savoir la fin

J'ai trouvé que l 'histoire trainer un peu.

Cette belle histoire d'Amour et d'amitié est un peu longue.

J'ai quand me^me découvert beaucoup de choses sur la guerre et le bombardement d'Hiroshima ainsi que sur le Japon à cette époque.

A noter un style très poétique pour peindre les paysages et les amours naissants qui contraste avec l'atrocité de ce bombardement.



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L’esprit des vents

Merci à Masse critique de m'avoir offert la possibilité de lire ce roman avant l'heure...

Pour autant je reste insatisfaite. En effet, si la 1ère partie est assez séduisante avec la construction de Tateru sur l'île de Qingdao et sa passion des vents, si l'évocation du Tokyo vaincu a le mérite de rappeler des faits douloureux et souvent négligés par les Occidentaux, trop d'éléments m'ont dérangés dans le parcours des différents personnages. Cela est peut être volontaire et vise à montrer la perte de valeur des Japonnais après la défaite mais je n'ai pas adhéré. Je ne peux en dire davantage pour ne rien dévoiler.

Il y a cependant quelques très beaux passages comme la répétion par les deux garçons du geste rassurant "il s'empare du coin de la manche de la robe de sa mère" ou la description du décor montagneux pour des enfants ayant grandi sur une île "A Karuizawa, les arbres en sont marbrés (de lichen). C'est un océan qui aurait basculé la tête à l'envers, baladant ses algues commes des cheveux".

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L’esprit des vents

Un joli petit roman poétique sur le souffle du vent, situé entre la Chine et le Japon d'entre 2 guerres. Un parcours de vie de 2 amis (tateru et ruy) aux destins totalement différents. Tous deux séparés petits à petits des membres de leur famille, ils vont se soutenir pour affronter les épreuves de la vie.

Une écriture agréable, poétique et réfléchie, avec des éléments qui nous permettent d'apprendre une part d'histoire.

Un bémol toutefois pour la fin que je n'ai pas comprise et une surprise pour ce qu'il advient de Tateru.
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Dans ma bouche

Entre abats et ébats, entre tarte aux pommes et tarte aux poils, le cœur du critique gastronome du Figaro, François Simon balance…

C’est que ce critique ne se contente pas de décrire ses expériences gustatives en tant que professionnel aguerri de la fourchette, il évoque très largement ses rencontres galantes et ceci est un euphémisme…Disons qu’il est aime la baise tout simplement et les coups de fourchette sont aussi fréquents et habiles que les flèches de Cupidon lancées à ses conquêtes…

Nombreux, d’ailleurs, sont les passages érotiques qui sont évoqués comme des repas gastronomiques…

C’est donc de manière générale un récit qui libère les sens…

Le tout n’est pas sans humour, ni sans prétention d’ailleurs, à moins que l’auteur se joue vraiment de nous. C’est une des critiques que j’aurais à faire… Le côté Don Juan épicurien qui voyage aux 4 coins du monde de manière un peu pédante a tendance à lasser un peu (ni voyez aucune forme de jalousie…).

Quant au style, il est plutôt télégraphique. Les phrases très courtes s’enchaînent… avec quelques envolées et recherches lexicales, ce qui fait parfois penser qu’on est à la fois dans un roman, mais aussi dans un journal engagé ou même une critique gastronomique histoire de cohérence avec la thématique…

Intéressant, vif, drôle, mais en moins de pages, le résultat aurait été sans doute aussi convaincant…

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L’esprit des vents

Découverte de la plume ciselée de François Simon, qui a, en plus d'être critique gastronomique commence à avoir une palette assez diversifiée quant à l'écriture. Il a déjà collaboré avec plusieurs journaux et revues. Seconde découverte, la période historique évoquée dans "L'esprit des vents". Elle m'a irrésistiblement fait penser au roman d'Oswald Wynd "Une odeur de gingembre".



A la fin de la seconde guerre mondiale, les japonnais vivant à Qingdao, petite ville chinoise; sont renvoyé au Japon; le déshonneur pesant sur leurs épaules. Tateru et sa famille font partis des migrants. A cette époque, le Japon est un pays dévasté après sa défaite. Tateru et son ami de toujours Ryu vont réapprendre à vivre dans un Tokyo à fleur de peau, entre crime organisé et reconstruction, et passer en un instant d'adolescents insouciants, à des adultes qui se battent pour leur avenir, au gré des vents.



La plume de François Simon est soignée, chaque mot est choisi avec soin et point trop n'en faut, même si le début laisse un peu à désirer. L'auteur, qui colle en cela au côté très réservé des japonnais; se penche davantage sur les événements découlant de cette seconde guerre mondiale, que sur les émotions et autres sentiments de ses personnages. Il faut dire que c'est un véritable tsunami qui ravage le Japon en cette période d'après-guerre, et la présence américaine au pays du soleil levant n'arrange vraiment rien. Rien que Qingdao, la colonie que quittent Tateru et sa famille a un lourd passif historique.



Mais la poésie qui émane de ce texte parle pour eux, Tateru et Ryu, qui vont vivre des événements personnels très durs et pourtant ces jeunes gens vont persévéré, chacun de leur côté pour tenter de suivre leur voie. La passion de Tateru pour les vents est très originale et apporte une dimension sensorielle plus qu'intéressante au lecteur dans ce récit. Par contre, les personnages secondaires manquent cruellement d'épaisseur.



L'aspect historique est dense et rapporté avec sobriété et sans emphase. La surenchère n'est pas de mise avec Mr Simon, même s'il y aurait de quoi entre la dévastation du pays aussi bien économique que physique, la bombe atomique d'Hiroshima, les kamikazes, la notion d'honneur et l'ombre planante du hara-kiri... C'est dense, et même si le rythme du récit retombe à un moment, c'est pour mieux repartir d'une traite jusqu'à la dernière page. (...)
Lien : http://lillyterrature.canalb..
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L’esprit des vents

L’esprit des vents de François Simon est un souffle tourbillonnant du Japon, à la sortie de la guerre, une photographie de ce peuple meurtri, un pays plongé dans le déshonneur de l’empereur, une aquarelle sombre d’un Tokyo dans une décadence silencieuse, une jeunesse perdue dans les méandres de l’incertitude, une vie dans l’inextricable d’une défaite où la honte perfore lentement la faiblesse humaine, une nation s’ouvrant à un monde nouveau.

Ce petit préambule comme une avant bouche, salive les papilles des lecteurs novices désirant découvrir ce roman sous des angles alléchants et savoureux, comme l’auteur pouvait le faire dans son métier de critique gastronomique, un exalteur de sens, François Simon d’une écriture sensible et sensuelle éveille les papilles littéraires pour un plaisir agréable et simple.

Ce roman est le premier de François Simon, d’une gestation lente, perdu dans un tiroir pendant 11 ans, pour enfin revoir la lumière, dépoussiérer l’ébauche de rencontre en rencontre, L’esprit des vents se cristallise, respire pour trouver place sur les étals des bibliothèques.

La trame reste la culture nipponne à travers les aventures tumultueuses d’une famille Japonaise, habitant une petite île chinoise Qingdao, qui est en vérité une ville au bord de l’océan où trône un phare, le gardien est un Japonais, Kanki, défiguré au visage par une chaudière, le papa de Tateru, vivant avec sa maman, Keiko et sa tante, Kazuko. Tateru rencontre un enfant de son âge Ryu, son père, Ryuichi, est photographe, une amitié rare va se dessiner. De cet endroit le destin va réunir ces deux enfants, Tateru flâne sur cette Nature, pour apprivoiser ses sens et découvrir la magie du vent, ensorcelant son âme, ces vents l’accompagneront toute sa vie. La magie des histoires de son père, celle Khan Kubilai berceront ses nuits comme un fantôme des esprits du Japon venant le visiter toute son existence. Au contraire Ryu est plus taciturne, pas rêveur, aidant son père à la photographie, une âme déchirée, sera le compagnon de l’amitié de Tateru. L’exode forcé des Colons entraine ces deux garçons dans une vie de fuite, vers la découverte du Japon meurtri, et d’un Tokyo sombre et en pleine mutation.

François Simon livre avec beaucoup de précision certains passages importants de cette fin de guerre, le largage de la bombe Little Boy sur Hiroshima, l’empereur et son discours assez nébuleux, le rituel seppuku du général Anami, la préparation des kamikaze, avec ces jeunes japonais désœuvrés comme Shimpei, le bombardement de Dresde relaté par Minako, la tante de Tateru où son mari est mort, en février 1945 l’atmosphère de ce Japon, une nation prisonnière d’une guerre perdue, les excès des soldats GI’s et la tradition des apprenties geisha, avec la jeune Mamechiyo. Tous ses passages donnent au roman une épaisseur nouvelle, un lien immuable avec ce Japon à la sortie de la deuxième guerre mondiale, et Tokyo est quelque fois un personnage du roman, François Simon fait vivre cette ville à travers les protagonistes et d’elle-même.

François Simon débute son roman comme un conte, une légende, la naissance de Tateru, son enfance dans ce décor maritime, de verdure, puis sa rencontre avec Ryu. Petit à petit s’articule le cadre profond historique de l’intrigue, la guerre, le Japon en débâcle, son peuple orphelin d’un déshonneur des traditions, se gangrène une jeunesse sans repère, voulant tout, toute suite, la peur de cette guerre perdue. Le destin de ces deux garçons voguant dans un japon en reconstruction, vont vivre ensemble et se retrouver l’un vivant chez sa tante veuve et l’autre clandestinement dans un club mafieux, travaillant pour le patron. Ces deux vies sont opposées l’un à l’autre, Tateru vivant avec Minako, qui aura une relation incestueuse innocente avec son neveu lors de leur voyage, sans que le sache, travaillant dans un restaurant et son ami Ryu devenu tueur, en tuant son père perdu d’un coup de couteau dans le cœur, ce métier aura une plénitude sur le charisme de cet adolescent, un jeune homme taciturne, aimant être l’œil de son patron épiant les faits et gestes des clients du cabaret mafieux.

François Simon de sa culture gastronomique, nous livre certains passages sur le culinaire avec la tante resté sur l’île chinoise, pour offrir ces services dans une cuisine rafraichissante avec des huitres, et le jeune adolescent travaillant dans un restaurant. Ce roman est hymne à la liberté et l’amour, un chant d’amitié, une musique japonaise résonne en écho à cette histoire où les âmes perdues deviennent l’espoir.

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L’esprit des vents

Je n'ai pas feuilleté ce roman rapidement, de peur que" L'esprit des vents " ne s'en échappe, prenne la file de l'air! Au contraire, j'ai découvert intensément chaque mot pour apprécier le souffle de la poésie qu'il contient. Dans ces 300 pages, il en est beaucoup de magnifiques sur les vents, sur leurs bienfaits, leurs puissances, leurs pouvoirs, leurs couleurs, et sur les noms magiques que leur attribue Tateru, un jeune japonais, qui est fasciné par les plus forts, autant que par les plus faibles courants d'air. Tateru vit en Chine dans la ville de Qingdao, avec sa famille, ainsi que Ryu son ami et une importante colonie japonaise, car ce port chinois est occupé par le Japon. Dés l'enfance, Tateru et Ryu se lient d'une solide amitié. Au printemps 1945, après les bombardements sur le Japon, notamment la destruction nucléaire d'Hiroshima et la capitulation prononcée par l'empereur Hirohito, Tateru, sa famille, son ami Ryu, doivent fuir et rentrer précipitamment dans un pays dévasté, soumis à l'omniprésence américaine, dans lequel ils vont devoir survivre. C'est leurs destins que le lecteur suit au fil des pages.

Sur leurs pas, on est plongé un Tokyo anéanti, puis dans une reconstruction frénétique, dans des pans entiers de l'histoire du Japon, dans le monde voluptueux des geishas, dans celui terrifiant des clans mafieux, les Yakusas, dans le destin des jeunes enrôlés pour devenir des pilotes kamikazes, dans les codes d'honneur qui poussent à l'extrême le respect de traditions ancestrales. Les vies de Tateru et Ryu sont emportées dans les soubresauts du pays. Chacun avec sa sensibilité, va surmonter des malheurs, traverser des bouleversements dans sa famille et dans le pays, mais ils maintiendront intacte leur indéfectible amitié. C'est un roman passionnant, émouvant, à la fois poétique et fort par les événements qu'il retrace.

L'auteur éprouve, à coup sûr, pour le Japon, pour la force avec laquelle il s'est reconstruit, pour ses rites, pour ses mœurs, pour sa cuisine (déformation professionnelle), pour ses jardins, mais aussi pour ses travers, une fascination qu'il réussit par la beauté de son écriture, à faire partager au lecteur. J'ai eu beaucoup de plaisir à me laisser porter par " l'esprit des vents ".
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