Citations de Françoise Dolto (292)
le mot “lire” est un mot qui, pour certains enfants, éveille quelque chose de totalement tabou : c’est le lit conjugal des parents. Au moment où l’enfant est en train d’élaborer son interdit de l’inceste, le verbe du “lit” que leur paraît être le mot “lire” rend ce mot banni, et les activités qui entourent le fait de lire sont quelque chose qui le met dans un très grand trouble. Bien sûr, les maîtresses d'école ne le savent pas et cela doit rester inconscient. C'est le rôle du psychanalyste de découvrir cela avec l'enfant, à l'occasion de dessins
Rien dans le message du Christ n'était en contradiction avec les découvertes freudiennes.
Quand la fille ou le garçon, par exemple, sont odieux ou impertinents avec leur mère, le père étant présent, c'est au père de leur dire : "Je ne permettrai à personne dans ma maison d'être odieux et irrespectueux avec ma femme."
La mère doit faire de même, quand le fils dit devant elle des choses critiques et désobligeantes sur le père.
C'est important que les parents sachent ainsi parler : ne serait-ce que pour que l'enfant sente qu'ils se respectent l'un l'autre et ne se surveillent pas mutuellement.
Mais il faut savoir aussi qu'un enfant peut chercher à parler à son père ou à sa mère seuls, sous le couvert de parler de l'autre; après une réponse comme celle que je viens de dire, cela peut s'arranger très bien.
"Tiens nous n'avons pas si souvent l'occasion de parler tous les deux, si tu me parlais de toi?", etc. Ou souvent, les enfants ne savent pas comment engager la conversation et croient que c'est en se plaignant de l'un qu'ils seront écoutés de l'autre. Quand ils recherchent, en fait, un colloque singulier.
C'est cette émotion de compassion (comme le Samaritain l'a été) qui fait la communication interpsychique entre les hommes. Il y a l'assistance au corps qui requiert de la compétence et qui est payée, et il y a l'émotion qui rend humain. Quand celle-ci vient à manquer, c'est parce que le service devient institution, ou parce que la rencontre n'est pas unique, insolite, comme dans la parabole, mais devient une habitude, un "travail alimentaire" ou un métier passionnant. L'assisté, alors, n'est plus qu'un objet. Il n'y a plus de relation humaine.
Il faut mettre le bébé au courant de tout ce qui le concerne, de ce qu'on fait et de ce qu'on fera pour lui dans l'immédiat ou dans un proche avenir. Pendant qu'on fait couler son bain, il faut lui dire : "Je fais couler ton bain". Cela, toutes les mères le savent.
Je ne peux pas supporter d'entendre ce mot "droit" de visite.C'est un devoir de visite que le parent discontinu doit remplir.
Tu te rappelles maman,quand j'étais petit,je ne voulais pas croire que j'étais moi.
Martine 14 ans
J'ai mal dans ma peau, je me sens nulle, zéro, inutile sur cette planète, je me fais honte au fond de moi. Je repousse toute idée d'indépendance, la vie me fait peur. C'est comme si cette peau n'était plus la mienne.
La lecture des évangiles […] produit d’abord un choc en ma subjectivité, puis, au contact de ces textes, je découvre que Jésus enseigne le désir et y entraîne.
Je découvre que ces textes de deux mille ans ne sont pas en contradiction avec l’inconscient des hommes d’aujourd’hui.
Notre rôle, à nous psychanalystes, n'est pas de rester dans notre tour d'ivoire, mais de faire comprendre à l'ensemble de la population, et particulièrement aux adultes chargés de la formation des jeunes, l’aide que peut apporter la psychanalyse pour des enfants en grandes difficultés intellectuelles, caractérielles et sociales.
Je crois que le jeune, beaucoup plus que des paroles, attend des actes...Ce qui importe, c'est l'exemple de vie.
Car, il faut savoir qu'un enfant doit abîmer, il le doit.
Et cela, parce que le jeu de l'enfant, jusqu'à quatre ou cinq ans, abîme. Et cela, parce que le jeu de l'enfant n'est pas le respect des choses. Si on lui enseigne trop tôt à respecter ce qui a été acheté cher, les meubles, le papier du mur, cela va l'empêcher d'être "vivant" : un enfant bien portant s'il est gai et si les parents ne sont pas constamment en alerte : "Qu'est ce qu'il va faire encore?".
Il faut une très grande maturité pour être capable d'être parent, car cela implique d'être conscient que ce n'est pas une situation de pouvoir, mais une situation de devoir, et qu'on n'a aucun droit à attendre un échange.
Aucun enfant n'entre en analyse sans payer : il a droit à trois séances pour lui gratuites, c'est-à-dire payées par les parents ou la Sécurité Sociale.
Je le préviens : "Si le travail t'intéresse, tu verras ça au bout de trois séances; alors , tu paieras un prix symbolique, je ne te verrai pas si tu n'apportes pas quelque chose..."; les petits, un caillou; les plus grands, un timbre; s'ils ont de l'argent de poche, une pièce de dix centimes. L'enfant qui arrive les mains vide à la séance suivante, je le félicite de son refus (ou de son oubli) et lui dis de revenir s'il le désire la fois suivante avec son paiement symbolique et je lui garde son rendez-vous.
Je rassure les parents : "Non... Vous êtes inquiets pour votre enfant, mais lui (ou elle) ne trouve pas que ça vaut la peine de payer dix centimes : ça casse un carambar, et il a raison : c'est qu'il n'éprouve pas le besoin d'être aidé, ou qu'il n'a pas confiance en moi, vous feriez de même."
C'est un extraordinaire levier : ça provoque l'enfant à désirer authentiquement s'exprimer. Il expérimente parfois tout nouvellement qu'on ne le prend pas de force; ce n'est pas terrible de préparer un petit timbre chez lui, de ramasser un caillou et de l'apporter... Et ceux qui ne le font pas, c'est vraiment qu'ils n'ont pas besoin du traitement.
Ce sont les parents qui alors, inquiets de lui (ou elle) viennent pour l'enfant. Je les y invite : "Venez pour parler de la situation avec votre enfant... Nous chercherons ensemble pourquoi votre enfant ne peut pas encore se sentir responsable de lui."
Très souvent ce sont les parents qui empêchent leur enfant de devenir autonome. Eux, sont angoissés mais leur enfant ne l'est pas encore. Il s'exprime par opposition passive ou active aux désirs d'autrui qui veut s'imposer à lui.
L'adolescente nubile ne devient matrone que si on lui fait violence.Elle accède à sa vie de femme par une violence brutale.Jeune vierge hier,femme amphore le lendemain,s'opposant à la minceur de l'éphèbe.
Il faut que les deux parents le désirent,l'enfant.
Il endort sa vigilance, il se laisse subjuguer par les pulsions de mort qui, dans l’inconscient, prévalent sur les pulsions de vie quand, de sa sexualité à la nubilité, le jeune homme ou la jeune fille n’ose assumer le désir qui l’appelle, hors du foyer familial, à en devenir responsable ; quand un sentiment perverti du devoir filial retient de peiner des parents anxieux, de se dérober à des parents abusivement possessifs ou autoritaires.
Après que sa mission a été accomplie selon ce qui était écrit, le doute poigne d’angoisse le Christ, comme tout être humain concernant sa propre foi, la certitude de son bon droit, la vérité de son désir et de son œuvre accomplie.
Les enfants sont les symptômes des parents.
Tout le monde ne naît pas avec les dons d'éducateur, mais tout le monde est parent.