Qu’ai-je compris de toi pendant toutes ces années ? Qu’ai-je préféré ne pas savoir, ne pas comprendre ? Pourquoi est-ce cette autre femme qui me fait entendre ce que toi, tu me criais au visage, ton cri muet, ce mal de toi qu’aucun mot n’aurait pu traduire ?
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Mais que peut la plus belle des photos ou la séquence la mieux filmée contre ce que ses yeux lui donnent à voir, juste ses yeux grands ouverts, sans mise au point complexe, sans autre filtre que la très légère buée d’une émotion fugace.
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Surdose de beauté, surdose d'émotions, de tendresse réapprise avec mes mains sur les pierres suintantes de leur propre passé, du mien, de celui d'une humanité capable du plus génial et du pire, surdose de bravoure, d'humilité ou de souffrance...
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Marche le pèlerin, la tête au bord du vingt-et-unième siècle et les pieds en plein Moyen Age ! Le coeur, entre les deux, tisse un sentier commun.
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— Je hais Internet, Facebook et tout le reste. Les gens s'y réinventent à loisir. Tu ne sais plus si la personne qui te contacte est un être de chair et d'esprit ou son avatar.
Il entend leurs rires et leurs voix à travers les trop minces parois qui séparent leurs appartements respectifs ; et c'est là, sans doute, cette brusque rafale de vie qui a réveillé sa conscience : quelques bruits de vaiselle du côté de la cuisine, les petits pas pressés de Fadia, le son de la télévision... La vie toute proche, toute chaude. Si étrangement lointaine cependant, comme d'une rive à l'autre d'un fleuve impossible à traverser.
A ses parents qui l'avaient regardée partir sans autre bagage qu'un amour étranger, la Maddalena avait promis de revenir un Noël. Entre Enna et Bruxelles, les lettres échangeaient leurs promesses et leurs larmes. Puis les promesses s'étaient espacées, les larmes s'étaient taries. Mado Simoni n'était plus jamais retournée au pays. Plus osé.
C'est...C 'était si simple à comprendre. L'âge n'écrit pas son histoire de la même façon dans le corps des femmes que dans celui des hommes. Les mots se vident de leur sang pour se charger d'indicible silence.
- [...] Ton thé est une merveille mais venons-en à ce qui m'amène chez vous.
- O.K., Sacha. Bien sûr. Mais beaucoup de choses m'échappent, tu dois en convenir. Je suis un esprit rationnel, même si je suis une femme et si je ne déroge pas aux traditions qui m'ont nourrie.
Mado, elle, a choisi de s’inventer une fille. C’est un sujet de roman, ça. Un enfant dans le placard. Ça donne froid dans le dos de penser que la fiction s’inspire parfois de la réalité. Dans le fond, elle aurait pu l’écrire, ce roman. Écrire, c’est aussi donner la vie. C’est vivre par procuration.