AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Frédéric Martinez (48)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Claude Monet : Une vie au fil de l'eau

Je sais déjà que vous allez me dire que je le fais exprès. Or : non, je ne le fais pas exprès. Mais il faut croire qu'en matière de biographie, ou de machin vaguement biographique, il faille être constamment sur ses gardes. N'ayant pas encore réussi à parvenir au niveau de Daredevil (qui, lui, saurait rien qu'au bruit des pages qu'on tourne que la biographie est mauvaise), n'ayant également que peu de choix question biographie de Monet (soit une bio de 700 pages chez Hazan, dont les extraits que j'avais lus me rebutaient hautement, soit celle-ci de 200 pages, dont n'importe quel extrait me rebute à présent hautement), je suis mal tombée. Encore. Mais après tout, Daredevil se prend souvent des coups plein la tronche. Ce qui tendrait à prouver que j'ai le potentiel d'un super-héros de quartier (ou d'un avocat aveugle qui ne gagne pas de fric parce qu'il a mieux à faire), vu ce que certains livres m'envoient dans la figure.





Certes, dès les premières lignes, j'aurais pu arrêter ma lecture. Ça n'était visiblement pas ce que je cherchais. Après avoir dépassé le prologue et entamé le premier chapitre, intitulé "Les lunettes de Claude Monet" pour une raison que j'ai déjà oubliée, il était évident que non, décidément, ça n'était pas ce que je cherchais. Je suis désolée de me monter aussi difficile, mais quand je lis une biographie, il se trouve que j'aime bien avoir du factuel. Si c'est bien écrit, tant mieux, mais je préfère encore un style un peu sec associé à une biographie qui se tient (par là j'entends : qui éclaire la vie de Machin ou Machine) à un style qui se veut original (et qui ne l'est pas, de plus) associé à je-ne-sais-pas-comment-appeler-ça. Il y a sans doute des gens qui aiment lire des biographies juste pour le plaisir de lire. Et ça va peut-être paraître bizarre, mais pour ma part, quand je lis une bio, ben c'est pour avoir des infos. Et là, j'avais besoin d'infos sur Monet - en y réfléchissant bien, il semble que j'en aie déjà pas mal, mais que je ne sache pas m'arrêter quand il faudrait. Après tout, je n'écris pas d'essai ou de thèse sur Monet, donc pourquoi est-ce que je m'emmerde à lire ce genre de cochonnerie, je vous le demande ?





Claude Monet : Une vie au fil de l'eau, c'est.... Non. On va parler du titre deux secondes. Parce que pas besoin d'être Daredevil pour flairer un truc louche. C'est quoi ce besoin obsessionnel des auteurs et/ou des éditeurs de glisser l'air de rien les mots "eau" ou "lumière" dans presque tous les titres des bouquins qui parlent de Monet ??? Hein ??? Soit on connaît à peu près Monet et on sait que bon, la lumière, l'eau, c'est plus ou moins son truc (mais y'a quand même pas que ça qui soit intéressant chez Monet), soit on ne connaît pas ou très peu Monet et on le saura après avoir lu le livre. Que le titre comprenne "eau" ou "lumière" ou je ne sais quoi d'autre ne va pas nous donner soudain envie de nous jeter sur un livre qui parle de Monet alors qu'on n'est pas intéressé par le sujet. Bon. Passons.





Reprenons. Claude Monet : Une vie au fil de l'eau est une biographie qui commence par la fin. Enfin non. Ça commence par une vague évocation de Monet à Giverny et c'est pour ça que je trouvais cette bio déjà lourde rien qu'avec la mise en bouche. Et le premier chapitre nous parle de la mort de Monet. Bien. C'est pas la première fois que je vois ce genre de choses. "À telle date s'éteignait Machin, génie de ceci ou cela, et patati, et patata." Il existe des auteurs qui font ça bien et à bon escient. Là, je vois pas l'intérêt de commencer par la fin et je ne trouve pas que ce soit bien amené. Mais là n'est pas le problème. Je défie quiconque n'a pas en tête la date de naissance de Claude Monet d'être capable de me la donner après lu cette biographie. Je ne parle pas de me donner le jour et le mois (ce qui serait un chouïa exagéré), mais juste l'année. C'est pas indiqué. le chapitre qui parle de la mort de Monet ne donne d'ailleurs pas la date de sa mort, il faut recouper les infos péniblement glanées durant la lecture du chapitre pour en tirer une conclusion. Quant à l'année de naissance, il faut carrément s'adonner à des calculs en fonction de l'âge qu'il avait l'année de sa mort pour la connaître. C'était compliqué de dire que Monet était né en 1840 ? La même année que Rodin ? Hein ? Bon, perso je m'en fous, j'ai lu tellement de fois ces dernières semaines "Monet est né le 14 novembre 1840" et "Monet est mort le 5 décembre 1926" que je dois même le dire tout haut en dormant. Mais Machin... comment il s'appelle déjà (comme quoi ma mémoire épisodique fonctionne quand elle veut)... ah, voilà, Frédéric Martinez, l'heureux auteur de cette biographie sur Claude Monet, il pouvait pas se forcer un peu pour donner au moins l'année de naissance de Monet en début de biographie ? Il faut croire que non. Reportez-vous à la fin de l'ouvrage, au chapitre "Chronologie" (ah ben oui, quand même !) Pour le reste...





Pour le reste, il faut croire qu'une biographie qui s'amuse constamment avec la chronologie, c'est plus fun. À bas la chronologie ! La chronologie, c'est daté, désuet, obsolète ! On va plutôt jouer au biographe spatio-temporel, on va passer en vitesse supraluminique, faire de joyaux bonds dans l'espace-temps, au risque de jouer avec les lois du multivers ! Or vous savez tous que jouer avec les lois du multivers, c'est D-A-N-G-E-R-E-U-X. Et c'est mal. Mais Frédéric Martinez, il le sait pas. Donc, je défie quiconque lirait cette biographie de s'y retrouver ici sans déjà pas mal connaître les grandes lignes de la vie de Monet. On nous parle d'une Suzanne, d'une Alice, mais c'est qui ? Eh ben il faut lire six chapitres de plus pour le savoir. C'est malin, hein ? Nan, mais la chronologie, c'est carrément pas tendance.





C'est mieux de ne pas permettre au lecteur de savoir où et quand il se trouve et de lui asséner des clichés sur Monet, sur Giverny, sur la peinture académique... (Oui, alors j'ai remarqué ces derniers temps que beaucoup de gens écrivant des livres ou des articles trouvaient très tendance de se moquer de la peinture académique et d'encenser l'impressionnisme, comme si on avait l'air extrêmement avant-gardiste au XXIème siècle avec ce genre de posture). C'est mieux d'écrire des trucs sur Ophélie, les naïades, les nymphes, les... Oui, oui, vous avez bien lu, ça parle de naïades et de nymphes, parce que l'eau, ça va avec Monet, et les nymphes, ben ça va avec les nymphéas. Oui. le chapitre en question s'intitule "Virgin Suicide". Hum. Donc en gros ça parle de tout et n'importe quoi, on fait un peu semblant d'être avec Monet, ou d'être à la place de Monet ou à la place de sa femme, ou à la place de n'importe qui, d'ailleurs, enfin bref, on fabrique des falbalas et des chichis, on prend des faits (car c'est quand même basé sur la vie de Monet et on peut récupérer quelques détails de sa vie, en s'accrochant bien) qu'on enrobe de toutes ces fanfreluches et ensuite on la fait publier chez Taillandier et on met en rogne Steffi parce qu'elle en a marre de lire du grand n'importe quoi alors qu'elle a pas que ça à faire.





Franchement, je ne devrais écrire ça à mon âge parce que ça fait ringard de vouloir employer un vocable qu'on ne maîtrise pas, mais, allez... J'ai le seum.
Commenter  J’apprécie          5825
Franz Liszt

Quelques mots sur le destin d'une rock star du classique.



Le style de Frédéric Martinez, dans cet ouvrage issu de la collection « Folio Biographies », se veut accessible, humoristique et soigné mais avant tout captivant, et n'a d'autre but que de tenir le lecteur en haleine. Cette collection permet une entrée assez dense dans la biographie du personnage, avec des extraits de correspondances ou de journal, et sans tomber dans le mémoire de thèse de 1 300 pages, un bon compromis !



Franz est la première rock star de la musique, il fit des tournées à groupies qui contrastent avec les concerts monacaux de la maison de la radio. Le parallèle avec Mozart est saisissant, une trentaine d'années à peine séparent les deux très jeunes prodiges du piano et la presse de l'époque ne lésine pas sur la comparaison.



La conscience politique de Liszt le classe, comme George Sand, avec ce qu'on appela les « humanitaires », sorte de conscience de gauche avant l'heure. Franz le mystique se rapproche de Lamennais et des saints simoniens, ces catholiques sociaux qui prônent la fin de l'exploitation bourgeoise de l'homme par l'homme, contraire à la Bible, et un retour à la nature.

Puis, sa partition politique glissant insensiblement de la gauche à la droite, il est décoré à la fin de sa vie par Napoléon III.



C'est un personnage qui, malgré son austérité et sa personnalité torturée et pieuse, archétype du romantisme, est plein d'étonnements. Ce virtuose, grand admirateur de Beethoven, donnera longtemps le « la » de la musique de chambre, dirigera de très longues années un Opéra où il mettra un point d'orgue (plutôt de piano…) à faire connaître beaucoup d'autres oeuvres que la sienne, et sera un professeur particulier aux méthodes peu orthodoxes et finira même par entrer dans les ordres !



Le biographe apporte un éclairage sur certains des morceaux du compositeur. Son Liebestraum avec l'écrivain Marie d'Agoult pendant près de quinze ans est à jamais cristallisé dans « Les années de Pèlerinage », ce qui prouve au passage qu'on peut créer une oeuvre artistique alors même que l'on est heureux. Les deux amants peuvent vivre sur le même crédo au bord du « Lac de Wallenschadt » avec leurs amis Chopin et George Sand. C'est cette partie-là du livre qui a ma préférence par sa liberté, son audace et son souffle bohème. Après, la vie sentimentale du compositeur hongrois ira decrescendo.



C'est également l'histoire d'une amitié orageuse avec un autre titan de la musique, Wagner. le mauvais génie du classique aura toujours le soutien de Liszt en dépit de toutes les ingratitudes et de toutes les fausses notes dont il se montrera capable dans leur relation et finira par lier son destin au sien en épousant Cosima, la propre fille du compositeur.



Lorsque Liszt s'éteint, en 1886, Marie d'Agoult est morte depuis longtemps, de même que Wagner et deux de ses trois enfants, mais il donne l'impression d'être insubmersible, peut-être parce que ce chantre de la « musique de l'avenir » n'a jamais regardé en arrière, tant et si bien que lorsqu'on lui demanda pourquoi il n'écrivait pas l'histoire de sa propre vie, le virtuose magyar répondit « c'est bien assez de la vivre. »



Voilà mon avis, c'est peut-être un détail pour vous, mais pour Franz ça veut dire beaucoup...
Commenter  J’apprécie          559
L'Amérique

Des textes qui sont reliés entre eux par des personnages que l'on croisent au détour de l'un ou l'autre, des textes d'une légèreté et d'un humour qui enchantent, pimentés d'un zest de mélancolie et de beaucoup de poésie.

Une lecture qui est une fête réjouissante pour le coeur et l'esprit. Et quel style !!!

Belle découverte d'un auteur dont je vais poursuivre la lecture.

Commenter  J’apprécie          342
Petit éloge des vacances

Le narrateur se balade dans les rues de Paris. Il pense à l’enfant qu’il était à la fin des années 70, au dernier jour d’école, à la nationale 7, aux séjours dans la Creuse... Surtout, il regarde les passantes et leur imagine un destin. Elles sont jeunes, belles, attirantes et lui il divague, se laisse emporter par son imagination...



Vu le titre, je m’attendais à une variation en finesse sur le thème des vacances, des textes à la Delerm, légers et délicieux. Pour tout dire, ça a été la grosse déception, je me suis retrouvé avec un petit exercice de style tout en futilité. Regarder les jolies filles et fantasmer leur vie, on fait tous ça non ? Là, c’est bien réalisé mais au final on n’est pas loin d’une certaine forme de masturbation littéraire. Le gars sait qu’il a une belle plume mais il ne pense qu’à se chatouiller tout seul dans son coin plutôt que d’en faire profiter le lecteur. Une pratique solitaire qui n’intéresse que lui il me semble. Tout cela m’a paru tellement vain, tellement inutile. Il n’y a rien d’autre à retenir que la vacuité des réflexions, certes bien troussées mais aussi vite lues qu’oubliées. C’est vraiment bien écrit, il y a de forts beaux passages mais j’ai juste eu l’impression de partager les soliloques d’un dandy qui s’écoute parler, tout ce qui me fait horreur quoi.



Une lecture qui m’a agacé au plus haut point (mais je crois que l’avez compris...).


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
Commenter  J’apprécie          201
La vraie vie de Patrick Rodriguez

Le narrateur, Patrick Rodriguez, est auteur. Pas un auteur à grand succès, mais un auteur casanier qui s’occupe essentiellement de guides de voyage. Mais de voyages proches : dans le terroir français. Argent-sur-Sauldre, Aubigny-sur-Nère le font davantage rêver que le Groenland. Et pourtant, c’est sur ce pays que son éditeur veut le voir écrire. Il est prêt à lui payer le voyage. Mais Patrick ne peut pas. Il a trop à faire avec sa propre vie.



Dès le titre, on sent bien que quelque chose cloche. Que l’auteur va tenter de nous embarquer dans un de ces récits où les apparences sont trompeuses et où ne sait plus bien qui est qui, où le réel se mêle au rêve, à l’imaginaire. Qui est qui ? Qu’est-ce qui est délire, qu’est-ce qui est réalité ? J’avoue qu’au bout d’un moment, on ne sait plus trop bien. Mais, pour être franc, on s’en moque. Car il suffit de se laisser bercer par le rythme des mots de Frédéric Martinez pour ne pas se soucier de ces aspects de l’histoire.

Certains cotés de ce jeu de miroirs m’ont fait penser à Borges ou à Vila-Matas, quand ils se laissent aller à leur voyage dans l’imaginaire et jouent sur les vraisemblances, les ressemblances, les invraisemblances. Frédéric Martinez suit leur exemple, dans une moindre mesure, mais avec un certain talent. Surtout quand apparaît le personnage de l’écrivain à succès, qui a disparu après un ouvrage encensé, double plus âgé du narrateur lui-même, avec qui il finit par se confondre en partie. Sans parler de la ressemblance légère, sans doute volontaire, entre le nom du personnage principal (Rodriguez) et le nom de l’auteur réel du roman (Martinez).

Frédéric Martinez joue aussi sur le rythme de son histoire, passant des premiers chapitres, courts, souvent nerveux, avec de courtes phrases et pas mal de dialogues à des chapitres plus longs, aux paragraphes immenses s’étirant sur une page, avec des parenthèses de plus en plus nombreuses pour préciser un point ou un autre. Jusqu’au dernier chapitre, éponyme, qui semble l’origine et l’aboutissement du roman.



Le narrateur est donc un écrivain censé parler du Groenland, territoire situé au nord de la planète. Mais il n’a de cesse, quand enfin il part de Paris, de descendre vers le Sud, cet opposé total au but de son guide de voyage. Il doit raconter le froid et la glace, il vit dans le chaud et le sec (d’où une bonne descente d’alcool). Il passe son temps à s’opposer à ce qu’il est censé faire. Et à se complaire, au début, dans une routine casanière et même, par certains côtés, mortifère. Pour ensuite se laisser porter par les évènements, sans rien décider réellement, allant d’un lieu à un autre, d’une relation à une autre.

Car, pour Patrick Rodriguez, la vie est une suite de rencontres féminines, plus ou moins brèves, mais souvent simples et sans véritable fond. La présence de l’autre, son corps et, un peu, son esprit. Sa copine du début le maltraite, il ne réagit pas et ne parvient pas à la quitter. En a-t-il seulement envie ? Quand il rencontre la femme de sa vie, il la perd et part à se recherche. D’où le road trip. Mais un voyage qui n’a aucune direction, à part le sud. C’est un peu vague. Et donne au roman un faux rythme parfois légèrement lassant. Car un défaut, à mon avis, de ce récit, c’est l’hésitation entre plusieurs voies et donc, une difficulté à savoir sur quel pied danser pour le lecteur. Mais ce n’est pas rédhibitoire, loin de là.



Avant de clore cette chronique, je veux quand même aborder la présence de la SF dans La vraie vie de Patrick Rodriguez. Alors n’exagérons pas : Frédéric Martinez n’a pas écrit un roman de science-fiction. Par contre, l’arrière-plan de son récit puise régulièrement dans les thèmes de la catastrophe climatique, portée à ses extrêmes. Voyez plutôt : la température atteint allègrement les quarante, voire davantage à Paris. Dans plusieurs villes françaises, et pas seulement dans le sud, on voit pousser des plantes tropicales. Des tempêtes monstrueuses entrainent des pluies diluviennes et des inondations telles que Londres est sous les eaux. Le vent souffle du sable en plein Paris, pas à petites doses, comme aujourd’hui, mais par seaux, au point de couvrir le sol d’un appartement. Et pourtant, le personnage principal, comme une résistance à ce constat implacable prend des bains et gâche de l’eau tant qu’il peut ! L’auteur a donc bien intégré ces possibles changements, déjà bien documentés en SFFF, et les a placés comme toile de fond de la tempête qui frappe la vie déjà bien en miettes du narrateur.



La lecture de La vraie vie de Patrick Rodriguez a été pour moi un bon moment, tant l’auteur a su me sortir de ma bulle quotidienne, en douceur, partant du réel pour m’entrainer dans un monde aux confins de l’imaginaire, où l’on croise des caméléons et des narvals, où Paris se transforme, le temps d’une nuit, en désert, où toute situation fait penser à un film classique mettant en scène Robert Mitchum ou Robert Redford, où l’amour est un moteur suffisant pour tout laisser de côté et partir, loin de tout, loin de soi.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
Commenter  J’apprécie          160
Cléopâtre, la reine sans visage

Si pour vous une biographie est susceptible d'être ennuyeuse ;

Si pour vous une biographie est une succession de faits et de dates sans "âme" ;

Et bien oubliez tous vos a priori ;

Et bien oubliez tous les codes de la "biographie traditionnelle" ;

et plongez dans celle-ci



Je vous accorde que le personnage s'y prête, on a tous en mémoire une représentation de Cléopâtre quelque soit l'art concerné :

-  en peinture dans Le banquet de Cléopâtre de Giambattista Tiepolo ou Cléopâtre et César de Jean-Léon Gérôme ;

- en sculptures qu’elles sont antiques et plus récentes ;

- Liz Taylor sur grand écran ;

- Dans une case de BD avec Asterix ;

- Dans la littérature antique Plutarque la dépeint comme une séductrice - prêtre à tout dès sa jeunesse. Dans le tome consacré à Antoine, de ses Vies parallèles des hommes illustres, il évoque le charme de sa voix: «On avait plaisir à entendre le son de sa voix; sa langue était comme un instrument à plusieurs cordes qu'elle adaptait sans effort au dialecte qu'elle voulait»



Autant dire qu'elle n'en finit pas d'alimenter notre imaginaire, et selon l'angle sous lequel on appréhende sa vie, son histoire on oscille très vite en Mythe et Tragédie

Frédéric Martinez fait montre d'un grand talent dans une biographie à nulle autre pareil, dans laquelle il joue habilement avec les codes de la tragédie et du mythe en réussissant à se libérer des aspects historiques connus pour lui apporter un souffle nouveau, et quel souffle.

C'est ébouriffant, bluffant, déroutant et ça fonctionne à 200 %

Frédéric Martinez se base sur les faits, mais aussi les anecdotes célèbres telle celle où Cléopâtre est "déroulée" d'un tapis aux pieds de César. le tout dans une mécanique d'écriture savamment huilée



Dans ce texte qui se lit comme un roman, notre imagination est mise à contribution l'auteur expliquant lui-même : " Reine sans visage, Cléopâtre est belle comme un rêve de pierre. Les historiens s’y cassent les dents. Il faut nous débrouiller. Il faut débaucher la fée imagination pour donner corps à cette femme qu’on dit fatale et qui, assure-t-on, tuait ses amants après une nuit de plaisir, mais que ne dit-on pas ? Je l’imagine, donc, affable et piquante, aguichante. Ses mains, aux ongles peints au henné, décrivent des arabesques quand elle discute avec animation. Elle joue distraitement avec ses colliers de perles, s’ennuie doucement, touche ses cheveux. Sa morgue de fille à papa, sa majesté de nouvelle Isis intangible désavouent ses tenues provocantes que pourraient porter les putains des faubourgs d’Éleusis. Elle est le feu. Elle est la glace. L’injonction du désir et son châtiment. Affolant mélange de séduction et d’interdit, elle est inaccessible et désirable, bref irrésistible. Une icône. Une actrice."



C'est écrit telle une tragédie et selon la tradition établie, la tragédie classique est composée de cinq actes, c'est le ca. Avec une "entorse" sur la règle des 3 unités (temps, lieu et action). Mais la progression dramatique est bien présente.



Acte I.

Cléopâtre VII Philopator (qui aime son père), dernière des Ptolémée, elle est belle, elle est intelligente, elle est cultivée, elle parle plusieurs langues (utile en politique), elle maîtrise de nombreuses disciplines (arithmétique, géométrie, la musique, la médecine, l'astronomie, ...) mais quoi de plus normal quand on est à Alexandrie, où se trouve "tout le savoir du monde", Homère est son auteur de chevet (elle y apprend la ruse d'Ulysse). Elle attend son heure et finira par évincer Bérénice sa sœur pour devenir reine d’Égypte à 18 ans.



Acte II.

C'est le moment de la rencontre avec César qui scelle à la fois une union politique et sentimentale. C'est l'heure des batailles avec leurs lots de virements, de chavirements, de revirements. D'alliances, de "désalliances" (désolé pour ce néologisme) et de mésalliances C'est l'heure des conquêtes romaines célébrées dans le faste égyptien, les "festins d'Anubis" qui les conduira tous deux à la gloire. Viendra ensuite la naissance de Césarion "objet" d'un autre projet : réunir l’Orient et l’Occident.



Acte III.

Défier les romains chez eux. Cléopâtre sait que l’avenir de l’Égypte commence à Rome. Cléopâtre suit César à Rome où elle se sait pourtant haïe. Le plaisir est trop grand d’imposer sa puissance et de faire trembler les romains face à l’ambitieux projet commun.

Mais à Rome c'est le temps des intrigues, Lupercales, complot contre César, ides de Mars. César n'est plus, mais Cléopâtre est toujours bien présente, elle repart seule, mais loin de s’avouer vaincue.



Acte IV.

Encore. Et encore. Fuir. Toujours fuir. Est-ce donc là le destin d’une reine, d’une déesse ici-bas ? La femme la plus riche du monde ne possède pas ce bien si rare et qui ne s’achète pas en drachmes ou en sesterces : la tranquillité d’âme.

Plus viennent la famine, la Peste, la sécheresse : Un dur métier. Reine d’Égypte en ces temps troublés n’est pas une sinécure.

Nouvelle chance que cette idylle avec Marc-Antoine. Il a tout pour lui : jeunesse, impulsivité, brutalité mais surtout il l’aime. Est-ce réciproque : "Elle maigrit, elle pâlit. Elle pleure. Son rôle d’amoureuse tragique requiert quelques transformations. Faire pitié, c’est séduire encore. Cléopâtre feint de mourir d’amour pour Antoine."

Ils seront rattrapés par le destin et la fatalité. Il faut régler les questions de la succession, de l’infidélité, de l’ambition d'Octavien assoiffé de gloire, qui ira jusqu'à déguiser sa guerre civile en guerre internationale



Acte V.

Ultimes combats comme à Actium, pour d'

Ultimes trahisons et fuites : "Les soldats d’Antoine regardent avec stupéfaction, avec une terreur mêlée de colère probablement, les soixante navires de l’escadre égyptienne qui s’enfuient sans leur porter secours." Pour d'

Ultimes subterfuges : "Elle se tient en retrait dans le golfe, à l’abri du demi-cercle décrit par les escadres d’Antoine, attendant le moment propice pour gagner la mer libre et cingler vers Alexandrie." pour d'

Ultimes soubresauts de vies

Mais pour quoi ? Pour le pouvoir. Pour l'ambition. pour la gloire. Pour l'éternité. A moins que ce ne soit tout ça à la fois.

Marc Antoine se tue piégé quand on lui annonce le suicide Cléopâtre.

Cléopâtre met en scène de sa mort tel celle d'un pharaon, le dernier pharaon. Elle deviendra mythe, cela transparait dans l'écriture de Frédéric Martinez : "Du vent, tout ça : terrasser l’Hydre de Lerne, étouffer le lion de Némée, battre à la course des biches aux pieds d’airain et puis quoi encore ? Du vent, des fables. Hercule et Dionysos pas davantage ne sauraient résister à Vénus en personne. La voici, fille de l’écume, surgissant des eaux de la Méditerranée. Elle a quitté les cimes improbables de l’Olympe pour faire une entrée fracassante sur la scène de l’Histoire. Qui mieux qu’elle pouvait l’incarner ? Cléopâtre a soigné les détails, passé un déshabillé antique du plus bel effet. Ce n’est pas une cliente de Rome qui navigue ce jour-là au large de Tarse, ce n’est pas même une reine : c’est une déesse."



Frédéric Martinez nous emmène dans un livre où tout brille comme dans la thalamège, le vaisseau royal "tout rutile et chatoie, Thalamegos, est un palais mouvant, un îlot de luxe dérivant sur le Nil. César n’est jamais monté à bord d’un semblable navire. La thalamège de Cléopâtre comprend de nombreuses chambres, des cours bordées de colonnades, des sanctuaires dédiés à Vénus et à Dionysos, des salles pour les banquets et réjouissances pourvues de plafonds à coffrages ou couvertes d’un dais pourpre. Le décor est fastueux : couleurs vives, boiseries en cèdre et en cyprès, peintures et feuilles d’or. Des bustes royaux ornent les appartements. Le style grec prime. Une des salles de banquet fait une concession au goût égyptien : pétales de lotus et feuilles d’acanthe décorent les chapiteaux des colonnes aux tambours noir et blanc. Un escalier rejoint les niveaux. Il est possible d’exercer son corps dans un gymnase, de cultiver son esprit dans une salle de lecture ou de se délasser dans une salle de repos, de prendre un bain dans une piscine en cuivre. La grotte artificielle et le jardin d’hiver offrent un refuge aux méditatifs ou aux amoureux transis égarés dans cette cour flottante."



L’écriture est d'une efficacité redoutable, les chapitres s'enchaînent à toute vitesse, le récit foisonne de détails. 

Les éléments ne sont pas en reste : on sent le vent de l'Orient souffler sur les pages, la chaleur du désert brûle les doigts, le soleil rend Cléopâtre solaire, le Nil et la Méditerranée nous rafraîchissent.  



Une fois le livre refermé... 

une seule envie : s'y replonger comme pour le redécouvrir, comme pour y trouver de nouveaux détails, comme pour en faire une nouvelle lecture. C'est souvent le cas avec les Mythes ou les Tragédies.
Commenter  J’apprécie          1416
Delacroix

Voilà un biographie intéressante et très proche de la réalité, puisque l'auteur à puisé beaucoup dans le journal de Eugène Delacroix qu'il a écrit pendant plusieurs années. De court chapitre qui illustre bien l'esprit et la démarche de l'artiste à travers son périple de l'histoire, sa vie, et son art. Cela permet de se sentir proche de l'artiste et de l'homme qui parcours sa vie comme nous avec des hauts et des bas. Bonne raison pour salué son courage d'avoir maintenu sa ligne créative si longtemps malgré tout. Un grand plaisir de redécouvrir cet artiste de la liberté.
Commenter  J’apprécie          120
Maupassant

Le célèbre et fécond écrivain français Guy de Maupassant. est né le 5 août 1850 en Normandie, dans une famille aisée dont la mère était une amie du Gustave Flaubert. L’auteur de Madame Bovary sera, quelques années plus tard, un ami et une sorte de mentor littéraire pour le jeune Guy. Chez lui, il rencontrera de nombreux écrivains appartenant aux écoles réaliste et naturaliste, dont Emile Zola avec qui il se liera d’amitié. La guerre perdue contre la Prusse à laquelle il participa, l’amour des femmes avec ses nombreuses déceptions et son passage à l’école ecclésiastique, dont il s’enfuit et dont il garda une aversion pour la religion, furent des étapes et faits marquants de sa vie, ayant laissé une empreinte indélébile sur son œuvre littéraire et sa conception des choses. Guy de Maupassant a marqué la littérature française par six romans dont «Bel ami»(1885), «Une vie» (1883), mais surtout par ses nouvelles telles que «Boule de suif» et «Les contes de la bécasse»… Sa carrière littéraire ne dura qu’une dizaine d’années avant qu’il ne sombre dans la dépression et meure à Paris peu avant l’âge de 43 ans.

Commenter  J’apprécie          90
Petit éloge des vacances

Vacances ! Où partez vous ? Partir...ailleurs ? Loin ? Avec qui, sans quoi, sans qui , vers quoi, ... ?

où passent nos vacances ?

Et si nous les portions naturellement en nous ? Transport, bagage, image, regard, parfum, les vacances ne sont jamais très loin.

« rien ne sert de partir, quand on ne sait plus voir ». Alors Frédéric Martinez ouvre grand les yeux. A Belleville, à Deauville, sous un porche, sous la pluie, à une terrasse de café, dans un train, dans un souvenir d'enfance, les vacances sont des instants au libre court, de bouleversants moments intempestifs, « une échelle de corde », un élan, une lecture de signes, une disponibilité qui s'offre au possible, jouissante flânerie d'équilibriste, renouvellent des sens, un lâcher prise, une échappée, la béance des portes du temps, la non vigilance admise, la ré-appropriation de ses espaces intérieurs.

Nul part, et puis toujours un peu ailleurs.

Aventure de l'esprit dans le voyage du corps. 

« En vacances, la pluie est un événement, une péripétie dans le roman de l'été ».

Heures vagabondes. Idéale liberté. Rêve acidulé. Mais toujours promesses. Rencontres.

Nos plus beaux récits sont les enfants de nos plus grands voyages.

Ici, là, ou peut être ailleurs. Qu'importe leur durée, intense nécessité.

Peu leur importe, le jour, l'heure ou l'endroit, les vacances sont de belles passantes que l'on regrette parfois d'avoir laissé filer.

Vacances vous qui faites tant rêver ! Où donc allons nous vous loger ?...

Ca papillonne dans la lumière de l'été. A la terrasse du Martinez : Un zeste frais et léger.
Commenter  J’apprécie          80
John Fitzgerald Kennedy

Très bien documenté, on découvre la face cachée du personnage, cependant une grande partie est axée sur la période militaire et politique de Kennedy, donc si vous recherchez plus l'"intime" passez votre chemin.

Coureur de jupons sans pouvoir garder celle qu'il aime, souffrant d'une maladie orpheline, étouffé par sa mère et sous la tutelle financière de son père. Et quand on connait sa fin, on peut dire qu'il n'a pas eu vraiment de chance.!!!
Commenter  J’apprécie          70
Petit éloge des vacances

C’est l’été à Paris, l’occasion pour le narrateur de regarder passer « les longues jambes, les longues filles nonchalamment » (On est passé à l’heure d’été, Marc Lavoine) et de rêvasser doucement d’une rue à l’autre : il imagine au gré de leur apparence leur destination de vacances, leur vie ou leur caractère. Il croise de cette façon une jolie sauvageonne avec qui vivre frugalement sur l’île de Cythère, une marquise de B*** tout droit sortie de son boudoir du XVIIIe siècle, un couple de jeunes amoureux sous la pluie normande et encore d’autres charmantes passantes. De temps à autre, se glisse entre ces rêveries une petite réflexion sur les vacances, leur temps vacant si particulier, la façon de l’investir et de s’y mouvoir, que ce soit pendant quelques jours par an ou à temps plein, en sachant adopter cet état d’esprit. J’aurais apprécié trouver davantage de petites pensées comme celles-là et me serais bien passé de quelques passantes, mais ai globalement apprécié la flânerie, si délicieusement estivale.
Commenter  J’apprécie          72
Maupassant

I keep reading in French and hoping to learn as much as possible. Writing in your language is still difficult. I will keep on trying....





Il me semble qu'il est très important d'apprendre le plus de choses possibles sur un écrivain.

Sa vie personnelle a toujours un impact sur le livre.

La biographie de Guy de Maupassant me donne beaucoup de renseignements sur l'homme et sur l'écrivain.



Je ne savais pas que Maupassant était aussi peu sûr de lui. Il doutait de son talent, et sa dépendance vis à vis de Flaubert était grande. Les déjeuners de la rue du Faubourg-Saint Honoré, tous les dimanches pendant l'hiver 1876, étaient très importants pour Maupassant.

Sa tête était pleine de choses, d'idées.

Il avait un énorme besoin de discuter avec Flaubert.



J'ai été frappé par le fait que Maupassant était terrifié par l'automne qui semblait ne jamais finir, et l'hiver qui arrivait.



En résumé, il souffrait de fatigue émotionnelle , de depression.





“Adieu

Au revoir

Non, adieu. Ma resolution est prise. Je ne traînerai pas.

Je suis entré dans la vie littéraire comme une météore. J’en sortirai par un coup de foudre. “ ( G. de Maupassant)

Commenter  J’apprécie          64
Maupassant

J'apprécie particulièrement cette collection Folio qui propose de très bonnes biographies sur des personnages célèbres. Le style de Frédéric Martinez, un peu pompeux au départ, s'allège au fil des chapitres et permet une lecture fluide.



J'ai lu beaucoup de romans de Maupassant sans savoir qu'il y avait une réelle filiation littéraire entre lui et Gustave Flaubert. Les échanges entre les deux hommes sont captivants. Maupassant a commencé par la poésie puis s'est naturellement tourné vers la prose, un peu poussé par Flaubert.



Le lien qui unit Maupassant à Etretat est fort. En effet, pour l'écrivain, Etretat est une bouffée d'oxygène, un échappatoire à la vie morne de Paris. Il est d'ailleurs étonnant d'y trouver un musée Arsène Lupin (Maurice Leblanc) et non un musée Maupassant.



Concernant Maupassant lui-même, c'est un personnage très sombre, souvent malade, excessif et très porté sur les femmes et le sexe avec parfois une dimension morbide. Je n'aime pas du tout le personnage même s'il a donné sa vie pour son oeuvre. En revanche, son oeuvre littéraire est exceptionnelle et c'est un grand écrivain du XIXème siècle.
Lien : http://lilasviolet.blogspot...
Commenter  J’apprécie          60
Maupassant

Cette biographie m'a fait découvrir un Maupassant que j'imaginais un peu différemment.



Derrière l'homme de l'art, on découvre un jeune homme qui s'ennuie dans les différents ministères où il travaille. C'est aussi un amoureux d'Etretat, des balades en mer et des jolies femmes. Pourtant, l'amour semble lui avoir fait défaut. Habitué des prostituées, il attrape la vérole alors qu'il n'a pas trente ans. De santé fragile (avec des problèmes de vue important), il ne cessera pourtant de voyager, en trainant avec lui une mélancolie qui semble l'avoir suivie toute sa vie.



J'ai particulièrement aimé les passages mettant en scène ses relations avec son mentor, Flaubert, et traitant de l'écriture, mais la vie de Maupassant est présentée de manière chronologique, sans entrer (trop) dans le détail de ses oeuvres. Les extraits de correspondance sont bien dosées et s'insèrent sans rupture dans la narration biographique.



Un petit bémol : même si cette biographie est intéressante, et se lit avec fluidité, J'aurais préféré plus de sobriété dans l'écriture de l'auteur.



Commenter  J’apprécie          50
Maupassant

J’adore l’écrivain que je lis et relis régulièrement mais cette biographie apporte un éclairage passionnant sur sa vie , aussi courte que dramatique . Car cet amoureux de la mer en eut l’instabilité et les profondeurs opaques. Les témoignages et correspondances compilés par Frédéric Martinez mettent en lumière les paradoxes et les contradictions de l’homme ,fêtard et mélancolique , sportif émérite et intellectuel exigeant , passant des guinguettes aux cénacles littéraires, des orgies de bordel à des réclusions quasi monastiques . Et très vite hanté par la mélancolie , la misanthropie , la lente montée de la maladie et de la folie . De ce chaos naît une œuvre colossale et géniale qui se perd in fine dans les marais du délire. Frédéric Martinez rend très vivant ce parcours fascinant allant jusqu’à épouser dans son écriture (phrases courtes la dromomanie qui affecta toute sa vie l’un de nos plus grands écrivains.
Commenter  J’apprécie          50
Petit éloge des vacances

Pour une fois, je n’ai pas lu ce livre en continu. J’ai dégusté quelques chapitres de-ci de-là, au gré de ma fantaisie. Obéissant à l’auteur j’ai désappris les allées ratissées et rompu les entraves de la routine. J Les vacances sont un état d’esprit. Jouissons-en.

Le style soigné de ces pensées donnent envie de s’y plonger dès les premières lignes. Hélas, très vite, j’ai trouvé certains passages un peu creux. Joliment écrits, joliment décrits, mais vides d’une véritable réflexion. Les sujets abordés manquent de relief, d’originalité (ha les jeunes femmes en tenue estivale…) C’est pourquoi j’ai préféré picorer quand l’envie m’en prenait. J’ai pris parti de goûter à l’écriture, aux mots justement choisis, aux figures de style, à la syntaxe parfaite… Et j’ai coché de nombreux passages séduisants.



"Aussi loin que je me souvienne, il y a le ciel et les tilleuls. Enormes et rassurants, ils ombrageaient la place de l’église, abritaient mes jeux de petit citadin en vacances. Dans leur ombre tutélaire, je lus Jules Verne, Balzac, Maurice Leblanc et le Journal de Mickey. Je me souviens des livres de poche aux pages colorées que mon oncle avait rangés dans le grenier de sa demeure…"



Et voilà bien ce qui m’a plu le plus : les passages où Frédéric Martinez plonge dans ses souvenirs de jeune lecteur. Emporté par son imagination, il vogue sur les mers australes, voyage de la terre à la lune, contemple les rives de l’Amazone… et nous fait rêver avec lui. Le ton est juste, l’écriture précise, les métaphores filées… on savoure…



Un livre bien trop inégal pour être un coup de cœur, mais plaisant à lire en ces soirées d’été.
Commenter  J’apprécie          50
John Fitzgerald Kennedy

L'image que JFK a laissé à la postérité est une image glamour. Il restera cette belle gueule doté d'un sourire magnifique avec une parfaite coupe en brosse. Il demeurera cette figure jeune, charismatique et magnétique (tout le contraire de l'occupant actuel de la Maison Blanche dont la sénilité pose certaines questions). Bref je m'égare.



Toutefois l'Histoire a été très gentil avec JFK grâce/à cause de sa mort tragique. Selon moi JFK reste un président surestimé, il n'était pas mauvais mais pas non plus irréprochable. le mythe Camelot a beaucoup forgé sa légende (c'est oublié la désastreuse opération de la baie des Cochons). Mais il a tenu des discours marquants comme : "Ich bin ein Berliner".



Cette biographie était intéressante car l'auteur n'encense pas JFK. Après nous ressentons qu'il n'apprécie pas spécialement JFK. Il faut donc faire certaines distinctions entre les faits et son ressenti personnel. Par contre, il y a deux choses négatives dans cette biographie.



Premièrement, la politique Kennedy est survolé. J'ai grincé des dents lorsque la crise des missiles de Cuba ne durait qu'une demi page ! Pourtant la relation USA/Cuba est essentielle dans le déroulement de la Guerre Froide. Et JFK a tout de même évité une guerre nucléaire, ce n'est pas rien. Ce passage mérite plus de pages.



Deuxièmement, une phrase que je trouve bizarre/stupide : "Et il sourit, Jack sourit". Monsieur Martinez doit penser que cette phrase fait un bel effet de style. Pour moi c'est too much et ça en devient agaçant puisque cette phrase est remise à toutes les sauces.



En conclusion, la biographie reste intéressante car elle casse l'image idyllique de JFK.



Don't let it be forgot, that once there was a spot, for one brief, shining moment that was known as Camelot. There'll be great presidents again… but there will never be another Camelot. Jackie Kennedy Onasis.
Commenter  J’apprécie          40
Cléopâtre, la reine sans visage

Sous une couverture qui arbore une œuvre controversée se déploie la biographie d'un personnage qui l'est davantage encore. N'attendez pas de la plume nerveuse de Frédéric Martinez qu'il fasse un portrait historique, tout en sources comparées et en déductions judicieuses : pas de bibliographie, pas de mesure, le prologue annonce la démesure ! Quoi de mieux pour retranscrire l'hubris ? L'auteur a choisi une Cléopâtre : c'est pour et sur celle-ci qu'il écrit.



Le lecteur est mitraillé de chapitres brefs qui figent chacun un instant, retranscrit avec des figures de style efficaces qui met en parallèle toutes les pièces d'un vaste échiquier politique. Une formule efficace, qui se laisse picorer et invite à découvrir la reine... avant de s'essouffler vers la moitié du livre.



On se fatigue à toujours courir d'un chapitre à l'autre : la seconde moitié, portée par le couple Cléopâtre- Antoine, aurait gagné à être émondée de quelques chapitres parfois trop répétitifs ou portés exclusivement sur la description d'une œuvre... au point de sentir le remplissage désœuvré. Carton rouge pour les relecteurs qui ont laissé passer un Docteur Hyde écrasé par un Monsieur Jekyll détraqué : une recherche aurait suffi à lever le malentendu, nous sommes en 2020, tout de même.



Toutefois, une biographie littéraire intéressante qui m'aura passionnée sur sa première moitié !
Commenter  J’apprécie          30
La vraie vie de Patrick Rodriguez

Roman lu dans le cadre de la masse critique de septembre 2021.

Voici un premier roman qui sort un peu de l'ordinaire.

En effet, Frédéric Martinez nous narre dans son 1er roman une histoire littéraire au travers de la "vraie vie de Patrick Rodriguez"

L'histoire débute presque banalement. Ce Patrick Rodriguez est commandé par Alastair, son éditeur pour écrire un guide sur le Groenland. Il a donc l'idée un peu original d'écrire ce livre au tour du narval, appelé plus communément la licorne des mers. Mais il n'y arrive pas.

S'ensuit la rencontre avec Rita. Là, c'est le coup de foudre. Elle est mystérieuse et marche nu-pieds. Elle lui plait.

Puis arrive la rencontre avec l'écrivain qu'il adule énormément. Cet écrivain c'est Frantzimer. Du coup, plus question de partir dans le monde des icebergs pour écrire le récit de voyage, au grand désespoir d'Alastair.

Mais cette rencontre avec cet écrivain va l'amener là où il ne s'attend pas.

Cette rencontre va l'amener dans une aventure aussi mouvementé qu'un film de la grande époque hollywoodienne.

Ce 1er roman est aussi bon que déstabilisant. Il vise aussi bien les cinéphiles (plein de références sur les acteurs et films américains) que les fervents de littérature.

Un roman sur la vie, la passion et la folie. Ce roman à des senteurs de

raod-movie et d'aventure humaines (et animalière).

Un 1er roman réussi même si j'ai une réserve pour la dernière partie que j'ai trouvé un peu longue.

Commenter  J’apprécie          30
Cléopâtre, la reine sans visage

Cléopâtre. Qui n’a pas entendu ce nom au moins une fois dans sa vie ? Savon, colle, Liz Taylor, Astérix, Shakespeare, nous avons tous une image qui nous revient de cette reine d’Égypte - septième du nom - quand ce nom résonne à nos oreilles. Mais derrière cette femme fatale, cette tragédie antique, qui était vraiment Cléopâtre ? Une reine assurément, mais elle fut aussi bien plus que cela. Effectivement, Cléopâtre c’est l’intelligence froide et charmeuse, une beauté qui n’a pas froid aux yeux, une personne courageuse et étonnante, une politicienne qui ne fera pas toujours les bons choix.



Ce livre se propose d’être une biographie sur Cléopâtre, de fait il en est une. De son enfance à sa mort, l’auteur nous propose de (re) découvrir le portrait, plus politique que physique, de cette reine d’Égypte. Pourquoi plus politique ? Car au final nous ne savons pas grand-chose de son physique qui fera tourner plus d’une tête, et en fera tomber d’autres…

Car en effet, par son charme et son intelligence Cléopâtre VII a assurément pu gouverner l’Egypte. César ou encore Marc-Antoine furent autant des amants que des possibilités politiques, mais grâce à ses dons de la nature, cette envoutante reine a pu aussi éliminer beaucoup de ses adversaires politiques. Sa sœur Arsinoé, l’usurpateur Ptolémée ou encore quelques proches de Marc Antoine en feront les frais…

Mais n’allons cependant pas croire que la politique de Cléopâtre n’a pour seul atout son physique. En effet, comme l’auteur l’indique, Cléopâtre fut une reine fort intelligente ; ayant eu parmi les meilleurs précepteurs de son pays, il faut bien avouer que pour avoir survécu aussi longtemps dans ce panier de crabe et de crocodiles sacrés, le miracle seul ne suffit pas... Néanmoins, cette intelligence ne va pas sans défaut. Des erreurs elle en fera.

Par ses erreurs, comme le soutient offert à Pompée, l’arrogante sera la première actrice de son destin funèbre. Trop fière pour s’avouer qu’elle fait fausse route, trop enjôleuse pour les réalités de la guerre, beaucoup de mauvaises décisions seront prises par sa faute avant son dernier ballet marin à Actium en -31.



En même temps, ne lui jetons pas la pierre, car Marc Antoine ne fit pas mieux sous le regard de sa belle. Non seulement il ne s’impose pas, mais il change en mal. Sous l’emprise de son impératrice, Marc Antoine n’est plus cet homme généreux et amical qu’il fut au temps romain. Sans doute que ses ennemis qui ne manquent pas de parole venimeuse pour critiquer cette reine lascive et froide, ont raison quand ils disent qu’il n’a plus toute sa tête, que ce serpent du Nil a éteint en lui le romain. Cette ensorceleuse a soumis Marc Antoine à sa loi qui devient irascible et tourmenté. Mais il est coupable autant que sa compagne.



« Il expédie les affaires politiques et pour tout dire il fait n’importe quoi. Il lève en Syrie des impôts exorbitants, lorgne sans succès Palmyre, cité réputée pour sa richesse au carrefour des routes caravanières. Il sème le trouble en Judée, se mêle de politique intérieure pour remplir ses caisses. Il donne le pire de lui-même. Il est Dionysos Carnassier et Sauvage. Il inspire l’effroi. Et la haine. Exécutions sommaires, rapines rebaptisées tributs le rendent impopulaire dans toutes l’Asie. Ce fâcheux épisode ternit sa légende. Il s’en moque. A 43 ans, cet étudiant attardé en plaisir supérieurs bâcle ses devoirs diplomatiques, veut faire l’Égypte buissonnière au bras de sa maîtresse ». pp 257-258.



Mais revenons-en à Cléopâtre. Que cette diablesse soit donc largement responsable de la défaite égyptienne à Actium c’est un fait ; après tout n’a-t-elle pas écarté ses ennemis plus avisés qu’elle, quand ils lui disaient qu’un combat sur l’eau ce n’était pas une bonne idée ? Pourtant, ne croyons pas que ce livre est à charge contre cette belle antique ! Puisque incontestablement, l’auteur sait en faire ressortir toute la majesté, la richesse, l’intelligence, l’entêtement… pour la draper de toutes ces qualités infernales.

Cléopâtre la cajoleuse, Cléopâtre l’actrice, Cléopâtre la calculatrice… renaît sous l’écriture au fil des évènements. Cela n’a rien de pendable ni d’antiféministe, après tout c’est une politicienne, elle n’est pas différente des politiciens. La politique impose des choix et un comportement. C’est une lionne protectrice et belliqueuse qui se dessine devant nos yeux, et fallait bien en faire ressortir cela.



« Il n’en est rien sans doute, la culpabilité n’est pas un article d’Alexandrie et Cléopâtre n’a rien d’une Lady Macbeth au soleil. Elle a des désirs, pas de remords. Sa vie est une fête barbare jonchée de fleurs de sang. Pas de quartier pour les vaincus. Pas de limites pour les gagnants ». p. 271



Est-il permis ou possible d’écrire sur Cléopâtre sans s’attarder sur les personnages qui la côtoie, qui la haie, qui la protège ? Non, bien évidemment. C’est ainsi que sous la magnifique plume de Frédéric Martinez vont revenir à la vie Octave, Antoine, César, Ptolémée XII, et d’autres moins connus comme Arsinoé, Agrippa, Lépide, Octavie, etc.

Les intérêts des uns et des autres, les lâchetés, sont mises en avant. De fait, grâce à cela nous allons en découvrir davantage sur l’Égypte de Ptolémée XII, pharaon fantoche qui ruina et exaspéra son pays pour Rome. Nous en découvrirons également plus sur Rome qui accueillit ce pharaon temporairement en exil, et demanda l’aide politique du sénat pour lutter contre sa fille Bérénice. Mais Rome, la ville éternelle, ne semble pas bien pressée, l’aide est interlope. Est-elle déjà un peu l’ombre de sa République ? César, Pompée, Octave l’ont sans doute compris avant d’autre…

L’auteur fait donc revivre chaque personnes, chaque situations – chacune avec ses impératifs et particularités –, avec un souci du détail agréable. L’exaspération des égyptiens qui en ont marre de Rome comme de leur reine, pendant que eux vivent dans une profonde misère qu’est venue alourdir une disette, n’aura plus vraiment de secret pour vous. La haine de Rome contre l’égyptienne (mais aussi Marc Antoine) également. Pas plus que la mentalité de l’époque, les codes et la praxie de cette mythologie égyptienne compagne de la Grèce.

Pour Rome cela n’est pas différent, un présage parle pour un autre quand il ne parle pour personne.

J’insiste sans doute, mais nous avons-là vraiment toute la résurgence des enjeux et des sentiments, du contexte, des cœurs, des mentalités, et tout ceci rend cette biographie particulière complète et vivante pour notre plus grand bonheur.





Avant de finir un petit mot sur l’écriture. Nous nous en doutons, l’histoire nous a laissé des trous : les gestes, les sourires, les paroles, sont plus souvent écrits sur le sable que sur le marbre de l’histoire. L’auteur complète donc le tableau avec son intuition, sa connaissance de la nature humaine, sans oublier d’omettre parfois qu’il n’en sait rien mais que ça lui plaît d’imaginer ainsi. Cette écriture à sensation, où la poésie et le mélange des mots produit son petit effet poétique, et qui se joint à celle plus scientifique de l’Histoire, produit sur le lecteur un effet enchanteur où parfois nous avons plus l’impression de lire un roman qu’une biographie bien sérieuse. Pourtant, c’est extrêmement sérieux.

Et pour la première fois de ma vie, j’ai mis deux mois à lire un livre. Cela n’avait pour seul dessein que de faire durer le plaisir. Voilà enfin quelqu’un qui manie les mots, les contradictions, les images, avec goût et talent. Tout Prix Nobel qu’il est, Modiano peut aller se rhabiller. L’écriture dans sa forme la plus parfaite c’est Frédéric Martinez qui l’a possède, pas cet auteur de roman à l’écriture plate.



En résumé c’est une biographie historique vivante, sérieuse, enchanteresse, qui navigue parfois à vue car l’histoire a laissé des grands trous et que l’imagination entre Hollywood et la littérature a fait le reste. Mais même si vous n’aimez pas Hollywood, rien ne justifie de passer à côté de cette perle.


Lien : http://encreenpapier.canalbl..
Commenter  J’apprécie          30




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Frédéric Martinez (150)Voir plus

Quiz Voir plus

Écrivains un peu oubliés .....

Qui a porté pour la première fois à l’écran les aventures du « renard rusé » vêtu de noir, Zorro ?

Duccio Tessari
Fred Niblo
Martin Campbell

12 questions
38 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , cinema , personnagesCréer un quiz sur cet auteur

{* *}