Citations de Fritz Leiber (144)
J'appris beaucoup de choses à propos des anciens temps ; quelques indiens me racontèrent qu'ils croyaient à des Étrangers venus des étoiles, dans une grande averse de météores ; que les hommes-lézards périrent dans une quête désespérée pour trouver de l'eau ; que les écailleux hommes de la mer, creusant des tunnels, étaient venus de sous l'immense Pacifique, dont le monde s'étend à l'Ouest, aussi vaste que celui des étoiles.
Comme beaucoup d’autres thaumaturges, Ningauble n’hésitait jamais à donner des charmes inopérants, non pas nécessairement pour tricher, mais simplement pour remonter le moral.
Selon un vieil adage de Nehwon, les héros qui cherchent à se retirer ou les aventuriers résolus à se ranger – une vile trahison de leur public d'honnêtes admirateurs – s'exposent à un destin plus douloureux encore que celui d'une princesse royale lankhmarienne enlevée par des forbans et forcée de travailler comme fille de cabine sur un bateau marchand d'Ilthmar engagé dans la longue traversée qui conduit de Klesh la tropicale à No-Ombrusk la glaciale
("Le Souricier redescend sous terre")
Pour l'heure, mieux valait ne pas trop lui parler et la garder en... laisse. Si on pouvait se fier aux gens lorsqu'ils étaient entravés, leur accorder sa confiance dans d'autres circonstances conduisait au désastre. L'essence du pouvoir consistait à emprisonner les autres, en les ligotant comme des saucissons. Sinon, on était perdu.
("Le crépuscule des épées - Histoire salée")
Enfin, les deux mortels se vantaient, et les oreilles divines, on ne le dira jamais assez, ont un don étonnant pour capter les rodomontades – ainsi que les déclarations de béatitude, de satisfaction de soi, d'intention de faire ceci ou cela, de certitude que tel ou tel événement se produira... Bref, tout ce qui peut laisser penser qu'un homme contrôle un tant soit peu son destin.
("La magie des glaces - Sous la férule des dieux")
La vengeance est vaine, car elle ne peut relever les morts.
Depuis le début, tout le perturbait, y compris la mer d'huile et les vents favorables, qu'il assimilait au calme qui précède immanquablement la tempête. Comme un nuage noir déboulant dans un ciel serein, un excès de chance présageait toujours une averse de catastrophes. Et voilà qu'ils avaient droit à une pêche miraculeuse par-dessus le marché !
("Épées et mort")
Bâtie dans une cuvette, entre le marais, la mer Intérieure, le fleuve Hlal et les champs de céréales irrigués par des canaux, Lankhmar, qui produisait elle-même une grande quantité de fumée, était sans cesse envahie par de la brume ou du brouillard chargé de suie. Dans ces conditions, on comprenait aisément pourquoi les citoyens avaient opté pour la célèbre toge noire. Un vêtement qui, selon certaines sources, était à l'origine blanc ou marron clair. Ces couleurs se salissaient si vite, imposant d'incessantes lessives, qu'un suzerain économe avait un jour rendu le noir obligatoire. Une façon de légiférer sur ce que les lois de la nature et les aléas de la civilisation avaient en somme déjà imposé.
("Épées et démons")
Il rengaina son épée et se tourna vers le colporteur en soulevant un sourcil d’un air revêche, ce qui voulait dire – ce qui clamait – très clairement :
— Est-ce là tout ce que tu as à offrir ? Ces saletés constitueraient-elles donc ton excuse pour profaner la Place Sombre avec cette lumière ?
En réalité, le Souricier était puissamment intéressé par tous les objets – jusqu’au moindre – qu’il avait entrevus.
Qu'ils désorientent le gogo avec des discours fumeux, comme Ningauble, ou en donnant plutôt dans les silences énigmatiques - à l'instar de Sheelba - les sorciers étaient incomparables dès qu'il s'agissait de vendre leurs salades.
Dans les Niveaux Inférieurs, nous sommes inhumés avant même de naître. Nous vivons, aimons et mourons dans un tombeau. Même nus, nous restons enveloppés d'un linceul invisible souillé de terre.
("Les seigneurs de Quarmall")
- Tu connais la première loi de la guilde des voleurs : ne jamais tuer la poule aux œufs d’or.
- Je sais, je sais, ni celle aux œufs de diamants, ni celle aux œufs de rubis, oui.
N'est-il pas étrange de penser que des enquêtes sur les rêves puissent avoir des répercutions géologiques?
Mais la vengeance est chose vaine. Elle ne peut faire revivre les morts.
Souris, fit Keyaira, son corps vert soudain tendu comme un arc, ignores-tu que chaque nuit est une petite éternité ? Aucune fille ne te l'a donc jamais appris ?
- Cinquante ? Ce lopin en vaut à peine cinq !
- C’est à prendre ou à laisser ! J’ai nombre d’acheteurs qui voudraient ce terrain !
- Voilà dix. A prendre ou à laisser. A moins que tu ne veuilles qu’on avertisse le prévôt de tes autres transactions douteuses…
- Dix ? C’est un bon prix.
L’excès de confiance est dangereux.
C’était le rire des Anciens Dieux regardant leur créature, l’homme, et dressant la liste de leurs oublis, de leurs fautes, de leurs erreurs.
Sais-tu, idiot insensé, reprit la voix venant de la forme noire, que les dieux ne cessent pas d’exister sous prétexte qu’ils sont reniés par de faux prêtres, et qu’ils ne s’enfuient pas lorsqu’ils sont maudits par un faux dieu présomptueux. Bien que les prêtres et les fidèles partent, eux ils s’attardent.
En arrivant dans la Cité Perdue, vous devez rechercher la nécropole en ruine, placer la femme devant la grande tombe, enrouler le linceul d’Ahriman autour d’elle, et lui faire boire une décoction de momie en poudre dans la coupe qui a servi à la ciguë, après l’avoir diluée dans le vin que vous aurez trouvé à côté de la momie, et placer dans sa main une brindille de l’Arbre de Vie ; après, vous n’aurez qu’à attendre l'aurore.