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Citations de Gabriela Adamesteanu (69)


À son âge, je regrettais de ne pas connaître mes grands-parents, qui avaient vécu en temps de liberté avant la guerre. Pour Claudia, au contraire, et pour les nouvelles générations, avoir vécu sous le communisme est une tache honteuse : nous avons vécu dans un monde laid et nous en sommes ressortis malades, avec des séquelles et des boutons.
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Claudia a commencé à me prendre de haut quand elle a entamé son deuxième master, à Rome. Je vivais en Occident, certes, mais comment ? J’avais abandonné l’écriture, je m’étais formée à la kinésithérapie, métier que je pratiquais aussi à la maison, avec mon mari handicapé, j’étais donc, comme ses parents à elle, une loser, une victime impuissante du communisme d’antan ! Je l’entendais penser comme si j’étais dans sa tête.
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Mais ça intéresse qui, aujourd’hui, la littérature ? Quand on veut publier, faut payer ! Mais si, mais si, elle en a, de l’argent ! Elle court tout le temps pour récupérer son héritage, sans y parvenir, c’est d’ailleurs seulement pour ça qu’elle vient ! Tu crois que tous ceux qui vivent de l’autre côté en ont ? Y en a peu dont on peut dire qu’ils sont vraiment riches. Ils prennent de grands airs parce qu’ils ont eu le courage de partir, ils nous pointent du doigt, regarde ce qu’ils sont devenus, ceux qui sont restés là ! Non, je ne dirais pas qu’elle devient folle, ce serait absurde, on se connaît depuis toujours ! Avant de partir, elle avait écrit de petits récits, mais là, c’est un gros roman, il lui faudrait plusieurs milliers d’euros pour publier ça. Y en a qui publient sans payer, mais elle, personne ne la connaît, qui se souvient encore de Lelia Arcașu ?
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En tirant le rideau mauve, je vois qu’il ne pleut plus, le ciel s’est éclairci au-dessus de Bucarest et du roucoulement léger de ses pigeons, que je ne reconnais jamais sans un pincement dans la poitrine. Est-ce de la pitié envers cette ville, toujours précaire, toujours mal administrée ? ou bien envers moi, qui aurais passé toute ma vie ici ? moi qui suis partie depuis toute une vie ? À moins que ce ne soit plutôt la nostalgie de ma jeunesse ? Un peu de tout cela.
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Ecrivain invité à la Villa Yourcenar - 18-09-2011
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« Ici, rien ne va changer, pas même d’ici cent ans, pourquoi vous vous agitez comme ça ? » lançait-elle à ses parents qui étaient toujours sur le qui-vive – des communiqués, du lobbying au Parlement, des articles dans la presse, des apparitions à la télé, non à la peine de mort ! dépénalisez l’homosexualité ! respectez les minorités ! si nous ne changeons pas cette loi, l’Europe ne nous accueillera pas !
Ils ont changé ce qu’ils ont pu, et la Roumanie est entrée dans l’Europe, clopin-clopant. Manuela et son groupe de copines, à l’instar d’autres exilés qui avaient entre-temps acquis une citoyenneté étrangère, ont voté contre : quoi, la Roumanie corrompue et pleine de sécuristes, dans leur Europe ! Ils ont pu se consoler, un peu plus tard, en récupérant leurs propriétés au pays.
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« Nous ne l’avons pas fait pour un homme, nous l’avons fait pour… », bredouille Aurelian, sans trop desserrer les lèvres. Il n’ose guère employer le mot démocratie, il a peur que j’éclate de rire.
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Trois décennies les séparaient mais, depuis la Madame de Berny de Balzac jusqu’à notre Brigitte Macron d’aujourd’hui, une grande différence d’âge semble toujours séduire, et Manuela ne fait même pas soixante ans, quel âge peut-elle avoir, en fait ?
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Certaines blagues ressemblaient en effet à de véritables constructions politiques.
Par exemple, celle des Américains qui auraient promis de réparer les dégâts du tremblement de terre si on leur fournissait deux cents Olténiens, deux cents Tziganes et deux cents bergers pour travailler à la reconstruction ; Ceauşescu aurait répondu : « Si je vous donne deux cents Olténiens, je dissous le Comité central ; si je vous donne deux cents Tziganes, je dissous la Securitate ; si je vous donne deux cents bergers, je dissous la milice. »
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En premier lieu ce qui concerne la Roumanie, un pays construit par imitation, où l’opportunisme est ancré dans la mémoire de la terre : les Roumains apprennent très tôt à parler des langues étrangères et à changer d’avis en fonction de ce qui les arrange.
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Les peuples adorent leurs mythes, Letitia ! Tu as été surprise de voir Claudia abandonner son petit copain pour un doctorat en Amérique, mais pour les Roumains, c’est la Terre promise, et les Américains sont des demi-dieux !
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Quand je cuisine quelque chose de roumain à Neuvy, ça n’a jamais le goût qu’il faut. Pour ma part, je trouve ces spécialités indigestes et je déteste revenir de Bucarest avec deux ou trois kilos en plus, comme c’est toujours le cas. J’ai essayé de convaincre Sultana d’y renoncer – en vain.
« Eh oui, Sultănica, la nostalgie commence dans les papilles gustatives, comme tu le dis. Mais à moi, les sarmale de Tincuța ne me rappellent rien ! Ma mère les faisait dans des feuilles de vigne, petits avec un mélange de bœuf et de porc et, pour qui en voulait, de la crème fraîche posée sur la table. La recette moldave. Tincuța roule des sarmale énormes, elle fait mijoter le riz et l’oignon, et met de la viande de porc grasse, avec des morceaux de couenne, du porc fumé, de la saucisse. — C’est la recette campagnarde, ça, qu’est-ce que tu veux ! C’est comme ça qu’on lui a appris à cuisiner, avant de l’envoyer à quatorze ans faire la servante à la ville », dit mon amie féministe.
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–Nous sommes tous d'accord sur un point, à savoir qu'il y a en Roumanie plus de superficialité, de je-m'enfichisme et d'inconstance que dans les pays civilisés… Et moins de souci de ce qui est pourtant si important en politique : ménager les apparences. Car, on le sait, ce sont l'habileté pratique et les compromis qui font la politique. Tandis qu'exhiber en public les secrets des coulisses et prétendre en même temps être cru lorsqu'on brandit l'étendard des idéaux! Est-ce à cause de l'âge que je ne m'emballe plus pour n'importe quoi et que j'ai cette sensation de fatigue? Vous avez sans doute entendu parler du scandale survenu au club, où des membres honorables, certains d'un âge vénérable, en sont venus aux mains, ils se sont battus comme des chiffonniers…
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Sur ma droite, j’aperçois au loin, derrière les arbres du parc Izvor, la Maison du Peuple, toute blanche, avec ses innombrables fenêtres et ses petites colonnes, telle que l’a rêvée Ceaușescu quand il démolissait mon quartier.
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Pourquoi prenez-vous ce ton-là ? Petru Arcan a fait quelque chose pour ce pays, c’est le seul Roumain qui ait été blessé dans l’attentat contre Free Europe ! Vous n’avez pas entendu parler de Carlos le Chacal ? Ilich Ramírez Sánchez ! Un terroriste professionnel, la police française et la police allemande l’ont recherché pendant trente ans ! Que faisiez-vous, en 1981 ? Eh bien, voilà pourquoi vous n’en savez rien ! Ceaușescu avait commandité cet attentat pour faire exploser la section roumaine de Free Europe – comment ça, pourquoi ? C’était une radio qui disait aux gens autre chose que ce qu’ils étaient forcés d’entendre, alors la Securitate a engagé Carlos le Chacal. Ils l’ont payé un million de dollars, en petites coupures, comme vos politiciens d’aujourd’hui, tenez ! Des faux passeports, des explosifs, des armes !… Carlos voulait poser une bombe au Monitoring, où mon mari travaillait, mais entre-temps la section tchèque avait emménagé là-bas ! Par malheur, Petru était venu vérifier une information concernant Vaclav Havel, etc.
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Saturée par tout ce qui s’était passé, j’ai plus que jamais voulu, durant les quelques journées que j’ai passées à Bucarest, rentrer chez moi, dans l’allée des Tilleuls, sous le ciel de Touraine, « qui porte à la paix, au calme », là où Balzac se réfugiait pour recouvrer le plaisir de vivre et la santé.
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La télévision, le jouet des vieux ! Quel besoin avez-vous de ça, quand tout est accessible sur une infinité de sites ?!
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Mon père l’a rencontrée alors qu’il travaillait comme économiste à la Culture nationale, la société fondée par l’étrange banquier Aristide Blank, un idéaliste mégalomane qui a financé la majorité des journaux, et accordé des crédits non remboursables à un bon nombre d’hommes politiques, notamment le diplomate [Nicolae] Titulescu – et surtout la Maison royale, Carol et sa Lupeasca.
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Florin Ciubotaru, lui et moi étions les seuls à ne pas faire de trafic de livres à clefs politiques soustraits à l’inventaire : un dessous-de-table de moindre valeur qu’une cartouche de Kent, mais bon pour des docteurs, pour des directeurs d’école, etc. Nous avions constamment peur de devoir payer pour nos chefs qui, de mèche avec leurs gars, vendaient sous le manteau des tirages parallèles de livres de Marin Preda, d’Augustin Buzura, de Mario Vargas Llosa, de Mircea Eliade et d’autres best-sellers. Nous étions leurs complices, leurs serfs, attachés à la terre.
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Le talk-show a été interrompu par des publicités, chez nous aussi, en France, elles sont stupides, mais elles n’étalent pas autant de diarrhée, de règles, de constipation, de ménopause, simplement pour empoisonner les gens avec des médicaments. Les voix des actrices, aussi stridentes que celles des hommes politiques, entrent en compétition avec la perceuse, mais, Dieu merci, Sultana a décidé de changer de chaîne : Mezzo.
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