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Citations de Gabrielle Roy (238)


D'où vient que le désespoir aussitôt après la joie s'est jeté sur elle? Je n'avais jamais vu auparavant le désespoir, et pourtant je l'ai reconnu. C'était bien cela : un moment de lucidité, où l'on voit sa vie et le mal qu'on fait aux autres, tout leur malheur, mais il n'est plus possible d'y rien changer ; il est trop tard ; ou encore on n'était soi-même que l'instrument de la souffrance... On ne peut rien à tout cela...
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- [...] mais les étrangers sont rarement aussi étrangers qu'on le croit...
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- Vous avez de bons yeux.
- C'est que je me suis entrainée toute jeune à scruter la plaine à cette heure.
- Qu'y cherchiez-vous déjà? me demanda-t-elle, à la fois amicale et curieuse.
Je répondis, l'esprit au loin :
- Le bonheur! Maman disait toujours qu'un jour sûrement il passerait par chez nous. De peur qu'il ne se trompe de route, j'allais l,attendre au coin de notre petite rue Deschambault, le coin qui donnait sur l'espèce de campagne que nous avions alors là-bas, en ce temps-là, et que je pensais être déjà la plaine parce qu'on voyait loin. Il ne me semblait pas possible que le bonheur pût venir d'ailleurs qu'à travers ce grand paysage de songe.
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Est-ce assez curieux cette façon qu'ala vie de se répéter, parfois, comme pour une séance qui aura lieu une jour, la première répétition nous donnant le sentiment du déjà vu et la suivante, beaucoup plus tard, nous jetant dans la plus étrange confusion : "Est-ce maintenant que je sais ce que je pensais savoir alors? Ou est-ce que j'ai alors su ce que je sais maintenant?"
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Parfois, quand le soleil se couchait au fond de la ruelle et sur notre arrière-cour, nous croyions le voir allongeant aussi sa lumière dorée parmi les hauts blés frémissants de notre terre en Saskatchewan.
Le plus curieux de toute cette histoire est que, lorsque je la vis enfin de mes yeux, longtemps au reste après qu'elle eut cessé de nous appartenir, elle n'apparut conforme à la vision que nous en avions eue dans nos rêves les plus exaltés. C'était vraiment une échappée de ciel ardent, de moisson blonde et d'espace à consoler le coeur.
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Il m'apparait parfois que l'épisode de nos vies au Manitoba n'avait pas plus de consistance que dans les rêves emportés par le vent et que, s'il en subsiste quelque chose, c'est bien seulement par la vertu du songe.
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En repassant, comme il m’arrive souvent, ces temps-ci, par mes années de jeune institutrice, dans une école de garçons, en ville, je revis toujours aussi chargé d’émotion, le matin de la rentrée. J’avais la classe des tout-petits. C’était leur premier pas dans un monde inconnu. À la peur qu’ils avaient tous plus ou moins, s’ajoutait, chez quelques-uns de mes petits immigrants, le désarroi, en y arrivant, de s’entendre parler dans une langue qui leur était étrangère.
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Au loin, dans l’immense solitude uniforme, apparaissaient un cheval tout suant et, sur le siège d’un traîneau, une grosse boule de fourrure d’où émergeaient de tristes moustaches jaunes, le brouillard d’une haleine et, maintenu dans l’air, un fouet qui se balançait.
C’était le facteur.
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Ces pays du Nord, de grêles et immenses forêts et de lacs aussi immenses, ces pays d’eau et de petits arbres ont, de tous, le plus capricieux des climats. Du jour au lendemain la glace fondit sur la route de Portage-des-Prés au ranch des Tousignant. Presque à vue d’œil la neige se mit à disparaître. On s’était attendu à un retour du froid, mais durant la nuit que Luzina passa au magasin, un vent du sud s’était élevé. Tiède, presque chaud, doux et humide, un grand vent d’espoir, il eût en tout temps réjoui le cœur de Luzina. Avec ce vent revenaient les sarcelles grises et rapides, le malard à col vert, l’oie sauvage au cri plaintif, les braves petites poules d’eau à jabot argenté, maintes espèces de canards, affairés et charmants, la grande tribu aquatique, compagne ineffable du printemps et de la confiance humaine en ces terres éloignées.
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Il eut un grand besoin d'aventures, de périls, de hasards, lui qui avait si misérablement échoué dans les petites choses. Et même , lui qui s'était trouvé incapable de secourir le malheur qui l'entourait... (p. 393)
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Chercher une joie, n'était-ce pas pour eux, est-ce que ce n'avait pas toujours été un sûr moyen de s'attirer la malchance? (p 227)
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un véritable écrivain consiste semble-t-il pour toutes les deux à embrasser toute cette variété en un seul cercle d’humanité souffrante.
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Comment se fait-il que nos coeurs soient si rarement capables de l’absorber tout entière ?
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Il repoussait la pensée qui s'offrait à lui, monstrueuse, paradoxale. Et pourtant, elle s'imposait de plus en plus à son esprit : aucun d'eux n'allait faire la guerre dans un même but ; il y en avait qui s'en allaient chercher au bout du monde l'assurance que leur Empire durerait. Il y en avait qui s'en allaient au bout du monde tirer des balles, recevoir des balles, et c'était tout ce qu'ils savaient. Il y en avait encore qui s'en allaient chercher au bout du monde le pain de leur famille. Mais qu'y avait-il donc encore au bout du monde, hors la mort, qui éclairait les hommes sur leur destin commun ?
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Il ne lui suffisait plus de connaître son motif personnel, il lui fallait aussi connaître la vérité fondamentale qui les guidait tous, la vérité première qui avait peut-être guidé les soldats de la dernière grande guerre, sans quoi leur départ n'avait point de sens, sans quoi c'était une répétition monstrueuse de la même erreur.
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Chez nous !
Il était vieux ce mot-là, un des premiers qu’ils eussent appris, eux, les enfants. Il venait sur les lèvres inconsciemment, à toutes les heures du jour. Il avait servi tant, tant de fois (…) Chez nous, c’était un mot élastique et, à certaines heures, incompréhensible, parce qu’il évoquait non pas un seul lieu, mais une vingtaine d’abris éparpillés dans le faubourg. Il contenait des regrets, des nostalgies et, toujours, une parcelle d’incertitude. Il s’apparentait à la migration annuelle. Il avait la couleur des saisons. Il sonnait au cœur comme une fuite, comme un départ imprévu ; et quand on l’entendait, on croyait entendre aussi, au fond de la mémoire, le cri aigu des oiseaux voyageurs.
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Il savait maintenant que la maison de Florentine lui rappelait ce qu’il avait par-dessus tout redouté : l’odeur de la pauvreté, cette odeur implacable des vêtements pauvres, cette pauvreté qu’on reconnaît les yeux clos. Il comprenait que Florentine elle-même personnifiait ce genre de vie misérable contre laquelle tout son être se soulevait. Et dans le même instant, il saisit la nature du sentiment qui le poussait vers la jeune fille. Elle était sa misère, sa solitude, son enfance triste, sa jeunesse solitaire ; elle était tout ce qu’il avait haï, ce qu’il reniait et aussi ce qui restait le plus profondément lié à lui-même, le fond de sa nature et l’aiguillon puissant de sa destinée.
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Elle croyait comprendre soudain l’austérité de sa mère. N’était-ce pas avant tout la gêne terrible de ne pas savoir défendre les êtres qui l’avaient ainsi fait se raidir toute sa vie ? (…) Elle comprenait subitement qu’il est très difficile de secourir ses enfants dans les malheurs secrets qui les atteignent.
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Sauf les soucis, qu’est-ce donc qui les tenait tous ensemble ? Est-ce que ce n’était pas là ce qui, dans dix ans, dans vingt ans, résumerait encore le mieux la famille ?
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Au fond de sa nature trouble, une curiosité sauvage s’amorçait. Et le désir le gagnait de détruire cette parcelle d’amitié, de confiance qu’il avait encore dans le cœur, sa confiance dans les êtres, l’attrait, si mince fût-il, qu’il ressentait pour les êtres, et de se retrouver sans confiance et seul, dans une solitude qui l’exaltait parce qu’il y trouvait comme le libre épanouissement de lui-même.
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