Pour moi , vivre , c’est me faire oublier
Il imaginait la vague de terreur qui devait transpercer l'armée angle comme la peur pétrifie un troupeau de daims voyant une meute de loups affamés pour la première fois. Pourtant ils restèrent campés là sans faillir. Pas un homme ne s'enfuit devant cette horrible vision. S'il y avait des démons à combattre, qu'il en soit ainsi. Ils combattraient des démons. Envoyez les géants, les dragons et les gnomes, tant qu'à faire ! Un combat était un combat, et la gloire attendait le guerrier, qu'il vive ou qu'il périsse, tant qu'il ne fuyait pas.
Les eaux du lagon étaient d'une pure beauté, animées de centaines d'anémones et de gracieux poissons des rochers aux couleurs chatoyantes dont les nageoires ressemblaient à des écharpes de dentelle. Il y avait cependant un aspect plus sinistre. A l'extérieur, l'océan était peuplé de monstres ; requins capables d'avaler un bateau, calamars géants qui réduisaient les pirogues en échardes, nuées de méduses translucides à la piqûre mortelle plus nombreuses que des guêpes, baleines tueuses, serpents de mer plus venimeux encore que n'importe quel confrère terrestre... Avait-il vraiment envie de voyager sur leur territoire et prendre le risque de croiser une telle compagnie ?
- Au moins ces mortels malpropres ne peuvent-ils pas souiller la lune, se dit-il avec satisfaction. Au moins est-elle à l'abri.
Sid, un jeune mécanicien garagiste capturé par les elfes une semaine auparavant, apparut dans la clairière et interrompit les rêveries du roi.
- Ils sont allés là-bas également, dit-il d'une voix triste. Neil Armstrong et Buzz Aldrin.
Le roi Obéron, petit par la taille mais immense par sa personnalité, se retourna vivement vers la seule autre personne présente dans la clairière.
- Comment ? s'écria-t-il. Des mortels sur la lune ?
Sid acquiesça de la tête.
- Ils sont allés là-haut et ils en sont revenus. Ca m'étonnerait pas qu'il y ait une cannette de Coke sur la lune. Ou un chewing-gum collé sur un rocher. Même les astronautes peuvent être sales. Ce sont des gens comme les autres, après tout.
Furieux, Obéron leva à nouveau les yeux vers la lune. Souillée ! Même les rayons lunaires dont il était baigné étaient souillés. Il ferait mieux de ne pas en parler à Titania. La lune revêtait aux yeux de la reine une signification particulière que les elfes mâles, qui pourtant chérissaient l'astre nocturne, n'effleuraient qu'à peine.
Regarde les mortels...ils seraient ô combien moins tristes s'ils ne savaient pas qu'ils doivent mourir! Regarde à quel point la conscience de la mort les rend malheureux. Plus ils apprennent, moins ils aiment la vie.
"Il faut des femmes réfléchies autour des hommes comme ton fils et toi, qui n'avez jamais complètement réussi à grandir."
Dorcha
La prodigieuse capacité des Océaniens à retenir le menu détail faisait d'eux les plus grands navigateurs de tous les temps, les plaçant également parmi les meilleurs conteurs que le monde eût jamais connus; ils avaient reçu le don de transmettre l'Histoire, personnelle ou nationale, talent qui n'était égalé par aucun autre peuple.
La nature peut être d'une cruauté perverse, offrant des fleurs d'une main pour cacher le couteau qu'elle a dans l'autre.
L'Histoire c'est des histoires. Une fois que c'est arrivé, ca a disparu, et il ne reste plus que les histoires.
On ne peut pas s'empêcher d'aimer quelqu'un qui vous fait croire que vous vous êtes quelqu'un d'exceptionnel.