Après deux romans déjà remarqués, Gaspard Flamant nous livre un troisième opus très réussi et franchement réjouissant. Dès les premières pages, le récit est enlevé et tient le lecteur en haleine jusqu’à la fin. La première partie, savamment construite autour d’une trame temporelle éclatée mais toujours maîtrisée, présente les protagonistes, qui ne se connaissent pas encore mais ont des caractéristiques communes. Jeunes, pauvres, orphelins, plus ou moins mouillés dans la petite ou la grande délinquance, chacun d’entre eux possède un pouvoir extraordinaire. Cheyenne traverse les murs, Squadro vit dans l’eau et Liam vole. Tout cela dans un univers de prime abord très réaliste.
On évolue en effet dans un cadre que l’auteur a déjà exploré avec brio dans ses précédents romans : cités de banlieues (ici, à Montpellier), trafics en tout genre, intrigue policière très bien ficelée. Les super pouvoirs des trois héros arrivent comme un bonus, et sont amenés de façon tellement subtile et amusante que la lectrice (pourtant rationnelle) que je suis s’est glissée tout naturellement dans cette histoire assez foutraque, sans être gênée le moins du monde par les comportements pourtant très inattendus des héros.
Les deux parties suivantes développent la traque qui est au cœur du récit, avec une vivacité qui ne se dément jamais. Tout cela sur fond de loyauté familiale, de combat écologique (après tout, Squadro est presque un poisson et il défend son milieu naturel), d’amitiés fortes et, bien sûr, super-héros obligent, de lutte entre les bons et les méchants.
Les dialogues sont vifs et drôles, l’auteur a un sens certain de la formule (« Une ville peuplée majoritairement d’étudiants, c’est une ville qui crie, rigole, picole et recommence »). Il donne le meilleur de lui-même dans la description de la tribu formée par les frères et sœurs de Cheyenne, tous plus ou moins adoptés, tribu « Benetton », comme le dit un personnage, chaleureuse, bruyante, désordonnée mais avant tout très soudée.
On quitte cet univers ragaillardis, un peu tristes aussi de devoir laisser ces jeunes « magni-freaks » si attachants.
Un livre à lire, donc, et un auteur à suivre !
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