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Critiques de Georges Banu (14)
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Le théâtre et l'esprit du temps

« Ni myope ni presbyte ! » Georges Banu nous propose des réflexions et des pistes de réflexion fort intéressantes, que résume si bien la phrase de Guy Freixe directeur de la collection « à la croisée des arts » et préfacier de cet ouvrage : « Le “même” et le “différent” pour retrouver ce qui perdure et se réjouir de ce qui se transforme ».



Nous avons ici, tout d’abord, (et je tiens à le souligner) un très bel objet livresque : un ouvrage édité avec le plus grand soin qui mentionne à la fin y compris les noms des correcteurs, qui comporte plusieurs photos de spectacles sur papier glacé et une belle couverture évocatrice précisément de cette dialectique de la permanence de la transformation, symbole de l’esprit du temps.



Je tiens aussi à préciser que dans les 275 pages rédigées dans un style à la fois élégant, érudit et néanmoins clair, je n’ai repéré qu’une seule coquille (minuscule imperfection qui rend le corpus de textes si attachant !) à la page 7 : le premier e de Georges manque.



Remarquable est également la structure de ses trente chapitres dont une moitié totalement inédite divisée en quatre parties comportant respectivement les titres « préliminaires théoriques », « défis esthétiques » « mutations pratiques » et « interrogations finales ».



Parmi les problématiques que l’auteur et critique de théâtre maîtrise à la perfection, j’ai beaucoup apprécié le questionnement sur l’exil et le metteur en scène : « Un écrivain et un musicien ne se confrontent pas aux mêmes écueils à l’étranger et ne sont pas appelés à surmonter des épreuves similaires. Il en va de même pour un sculpteur ou un plasticien guère dépendant des mots et de leur syntaxe… » (p. 213). Si « l’exil implique une douleur, un arrachement et un face-à-face sans concessions avec le contexte d’accueil érigé en destin » Georges Banu opère naturellement une « distinction entre l’exil comme condition, imposée ou décidée, mais toujours à long terme, et le fait de travailler à l’étranger pour honorer des contrats ». Parmi ce qu’il appelle « des héros singuliers » il évoque l’exemple du Roumain Andrei Șerban et d’autres de ses compatriotes avec la même lucidité : « La mouvance romaine fut reconnue, mais elle resta diffuse ! » ou « Les artistes roumains à l’étranger ne sont pas parvenus à imposer une école, à affirmer un style ou à dégager une identité » (p. 226).



La photo de l’auteur prise en mai 2022 devant « La Colonne sans fin » de Constantin Brancusi, à Târgi Jiu, en Roumanie, prend tout son sens grâce au texte « Le théâtre et ses mouvements rythmiques » : « La figure qui cristallise avec génie cette succession des losanges que j’assimile au processus alternatif propre à l’art occidental, c’est “La Colonne sans fin” de Brancusi qui la représente. Alors que je la regardais un jour, couché à son pied, elle s’est imposée comme graphe visuel qui relie le même et le différent. » (p. 28). La succession infinie des rhombes comme image de la répétition, Georges Banu nous « convie » à « l’intégrer » « dans l’art aussi bien que dans la vie ».



La même proximité entre l’auteur et son lecteur je l’ai ressentie à plusieurs reprises comme dans cet autre passage sur « Le Zeitgeist et l’âge » (p. 20) : « percevoir l’esprit du temps implique une certaine ouverture à ce qui advient, et cela se manifeste comme un symptôme de jeunesse » et de ce que j’ai éprouvé à la lecture des trois titres lus de cet auteur, son âme était restée éternellement jeune, malgré le poids des années, et de l’expérience théâtrale.



Beaucoup d’autres passages se lisent « à travers les lames » et leur pouvoir poétique, comme cette confession sur la « sécurité identitaire » que procure la langue, dans « Le mur lézardé des langues » : « à travers l’errance, la langue est la seule patrie intérieure ! Exilé de Roumanie, à l’heure du retour, vingt ans plus tard, à une kiosque de journaux, en parlant avec la marchande, j’ai éprouvé l’appartenance à l’identité première, identité confirmée par le maniement de la langue », ou bien cet autre aveu « le critique, de même que l’écrivain ou le metteur en scène avaient droit à la biographie et qu’il lui revenait, par honnêteté, d’en témoigner. Le double mouvement d’un sujet qui change et d’un objet qui se modifie, d’un je inscrit dans le temps et d’une scène soumise aux métamorphoses entretient la vie du discours critique » (p. 251).



Une magnifique invitation à aimer le théâtre, que je conseille les yeux fermés.
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Les récits d'Horatio : Portraits et aveux des..

Georges Banu nous a quitté et j'ai donc décidé de découvrir par moi-même un de ses écrits. J'ai opté pour ce livre annoncé comme autobiographique par la quatrième de couverture, mais qui traite également du théâtre. Il ne s'agit cependant pas de son dernier livre publié.

Georges Banu était né en Roumanie, à Buzău, et, nous apprend le livre, dirigeait la collection « Le temps du théâtre » chez Actes-Sud.

Ayant consacré de nombreux travaux aux figures emblématiques de la mise en scène moderne, de Peter Brook à Antoine Vitez, de Jerzy Grotowski et Tadeusz Kantor à Ariane Mnouchkine ou Giorgio Strehler, Georges Banu a décidé de réunir des souvenirs chers à son cœur mais aussi des bribes consignées au fil des ans en marge de son amour inconditionnel pour le théâtre. Le style est agréable et fluide dans les chapitres consacrés aux différents portraits, mais plus fragmentaire et assez nébuleux à mon sens pour les pages intitulées « aveux ». Il s'agit essentiellement de portraits dressés à partir d'anecdotes vécues pour la plupart. On a indirectement et bien entendu aussi un bel autoportrait en filigrane et le fil rouge de l'histoire d'Horatio de la pièce Hamlet de William Shakespeare est très habile. Il faut cependant en connaître un peu plus sur le monde du théâtre, je crois, pour apprécier à sa juste valeur l'ensemble. J'y ai croisé des Roumains, évidemment, mais pas d'évocations nostalgiques pour autant de son pays natal.
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Notre théâtre, la Cerisaie

Peu après son décès, j'avais découvert l'écriture de Georges Banu, d'origine roumaine, avec Les récits d'Horatio : Portraits et aveux des maîtres du théâtre européen, livre qui m'avait quelque peu déconcertée par son organisation fragmentaire.



Sur les conseils avisés de chris49 je me suis lancée dans la lecture de cet ouvrage consacré à la pièce La Cerisaie, que j'ai adoré, cette fois-ci.



Le spécialiste en dramaturgie y propose des analyses très fines, émaillées de photos prise lors de différentes représentations. D'ailleurs une liste des principales mises en scènes est proposée par l'auteur (pp. 8-9). J'y ai découvert avec immense plaisir celle à laquelle j'ai assistée, adolescente, à Bucarest, en 1992, celle d'Andrei Șerban.



En guise d'invitation à vous laisser tentés par cet ouvrage je vous cite les premières lignes représentatives du style de l'auteur et de son intention :



Ce livre pourrait se définir comme un « journal de spectateur averti » dans la mesure où il est né de la coexistence prolongée avec une oeuvre et les « essais » que sont ces mises en scène. le « spectateur averti » aime ce jeu d'un thème avec variations. Imprégné du monde d'origine, indifférent aux frontières du texte et de la scène, il circule librement dans ce territoire familier en faisant des spectacles sa bibliographie et en esquissant les contours incertains d'une représentation imaginaire. de cette expérience double, sans complexes ni réserve, ces lignes se veulent être l'aveu. Son centre, La Cerisaie, et les satellites, ces représentations où elle s'est accomplie, explorées avec une inégale attention, selon la logique secrète d'un spectateur qui ne se présente pas en exégète. Journal de spectateur, journal de voyage, ni systématique, ni didactique. En réalité il se soumet au désordre affectif propre au « cahier » qui refuse également l'exercice quotidien de la notation et de la chronologie strictement enregistrée. « Déroutes aimées qui ne dirigent pas vers leur destination » (René Char)
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La porte, au coeur de l'intime

Acquis en 2016 , déniché à la Librairie Tschann, bd. du Montparnasse- Lectures en pointillé, entre 2016...et juin 2019 !



Un très passionnant essai sur "La porte"...particulièrement axé sur l'histoire de la peinture, mais pas que !!....Texte très dense , dont j'ai repris la lecture à plusieurs reprises...selon l'humeur et la curiosité envers tel ou tel chapitre thématique ! Livre accompagné d'une partie des reproductions des oeuvres analysées..., en couleurs.



Parmi les artistes particulièrement mis en avant: Pieter de Hooch (17e), Hammershoi,Vermeer, Antoni Taulé, Emmanuel de Witte (17e), Magritte, Dali, Caspar David Friedrich (19e), Van Gogh[ "Entrée de l'hôpital

Saint-Paul, 1889], Léon Spilliaert (20e),Paul Delvaux (20e) etc.



"Mes rêves sont liés aux portes ouvertes et agités par le cauchemar des portes closes. C'est pourquoi je regarde les portes avec un sentiment d'incertitude dû à l'ambiguïté d'une séduction-répulsion. Qu'interdisent ou, au contraire, que libèrent les portes ?

Amour et désamour ! Relation jamais résolue." (p. 12)



L'auteur, plus spécialisé dans des ouvrages consacrés à la mise en scène , au théâtre se diversifie dans cet ouvrage, en analysant les nombreuses symboliques de "La Porte", dans notre société, notre quotidien, mais aussi et principalement dans les oeuvres picturales. Mais Georges Banu nous parle aussi des gardiennes de portes (les concierges), Les "portes fermées" de l'univers carcéral...des institutions psychiatriques, etc.



Un ouvrage pluridisciplinaire qui réunit avec bonheur, sociologie, L'Histoire, les Arts, la Littérature, le théâtre...la linguistique. Un chapitre savoureux sur l'extrême richesse de vocabulaire de "La Porte" : "Frapper à la bonne porte, écouter aux portes, se ménager une porte de sortie, enfoncer des portes ouvertes, aimables comme des portes de prison, "etc.



Cet essai est augmenté d'une bibliographie et des références iconographiques, présentées...



"La porte est aussi bien adieu que dégagement vers un horizon. Elle est un seuil propice à la conversion des contraires. On sort et on entre ! On entre et on sort ! Nous nous retrouverons toujours devant ou derrière une porte qui nous convie à découvrir le secret qui nous échappe et qui reste vivant en raison même de cet éternel insuccès." (p. 173)



Lecture multiforme ... dont il y aurait encore beaucoup à dire...Tant Georges Banu explore toutes les disciplines offrant toutes les réalités et symboliques de "La Porte"...Les rapports humains étant , bien sûr, le "noyau dur"...Je ne peux finir ce billet que par cette phrase de l'auteur : "Au fond, la vie et l'art sont les grandes portes de ma vie"
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Notre théâtre, la Cerisaie

Georges Banu, né le 22 juin 1943 à Buzău en Roumanie est mort samedi, 21 janvier 2023, à Paris, dans sa quatre-vingtième année. Professeur émérite à l'institut d'Études théâtrales-Sorbonne nouvelle, il est aussi un éminent critique.

De son côtoiement quotidien avec le théâtre, le « spectateur averti» qu'il était nous a livré tout au long de sa vie de brillantes analyses et de nombreux essais.



Le « cahier de spectateur » que représente cet ouvrage sur La Cerisaie de Tchekhov témoigne intimement de son grand talent de critique et d'essayiste. Intimement, car on devine aisément l'homme de l'exil derrière l'auteur du livre.



« Dans la Roumanie occupée par l'armée russe (écrit-il), porteuse du communisme et des pratiques staliniennes, ma mère a vécu une autre expérience de la Cerisaie. Traumatisme de jeunesse… […] Orpheline de son « verger », sa vie durant elle en resta marquée au fer rouge et vécut cette violente spoliation comme un assassinat intérieur. »



De sa longue intimité avec l'oeuvre et ses représentations, l'auteur a ainsi livré son essai le plus personnel, puisant dans ses racines et dans sa vie intime ce qui est inhérent à la pièce de Tchekhov et à la parabole du verger perdu. À l'étude rigoureuse de mises en scène données s'ajoute ainsi la trame du récit personnel par touches mélancoliques.



« A Tokyo (écrit-il), Clifford Williams, metteur en scène anglais, avait fait le pari de la représentation métonymique : un seul arbre, géant et sublime, comme unique pilier du monde. […] L'arbre mythique, tout au long des quatre actes, tournait autour de son axe pour indiquer par le changement des feuillages, de l'épanouissement à la chute, le passage des saisons ; il parvenait, lui, aux fiançailles du concret et de l'imaginaire. Métonymie accomplie.

Et pourtant le sentiment d'une absence me poursuivait… car moi-même, j'avais vécu, au Japon, à côté d'un être cher, l'éblouissement des cerisiers en fleurs. Abrités sous une voûte rose, nous avons pensé à cette beauté saisonnière que Lioubov et Gaev, depuis leur enfance, partagent. Fête de l'instant, comme dirait un homme de théâtre ! Rien ne passe plus vite qu'un spectacle ou la floraison des cerisiers. Les Japonais sont fiers de ce culte voué à l'éphémère ! Ils y voient un signe de noblesse… C'est là, au coeur du vieux Japon, que j'ai éprouvé le manque de toutes ces cerisaies {…] »



Je vous invite à découvrir ce livre extrêmement dense en savoir et en émotion. Il témoigne de la tendresse énorme de l'auteur pour le texte de Tchekhov. Tendresse que nous partageons, tant à la lecture de ce chef d’œuvre de la littérature russe qu'à sa redécouverte au fil des mises en scène*. Une œuvre prophétique, à l'interprétation inépuisable.



* Celles de Giorgio Strehler, Mathias Langhoff, Peter Brook, Alain Françon… par exemple.



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Paul Delvaux, le rêveur éveillé

"Paul Delvaux, le rêveur éveillé" est le premier livre que j'ajoute sur Babelio, il est donc logique que j'en fasse une critique.

*

Cet ouvrage, présent au moins à la médiathèque de Bordeaux, et en vente par ailleurs d'occasion, est de grande qualité. Il nous présente ce peintre, dit parfois "inclassable", sous ses principales facettes. Les amoureux de peinture ont souvent au moins croisé une de ses œuvres les plus connues au détour d'un ouvrage ou d'une galerie. Si tel est le cas et si vous n'avez pas eu l'occasion d'en apprendre plus vous devez avoir en tête des squelettes ou, plus probablement encore, une ou des femmes nues, aux visages identiques, avec seins et poils pubiens apparents mais pour autant fort peu érotiques semblant déambuler dans des paysages « froids », souvent bleutés à inspiration antique mais pouvant inclure des trains ou des trams.

*

Cet ouvrage, tout en nous présentant ses œuvres les plus connues, largement représentatives de la dernière partie de la carrière du peintre, fera aussi une belle place à ses œuvres de jeunesse, très diverses et qu’il est intéressant de connaître. Les principaux thèmes d’inspiration de Paul Delvaux (univers ferroviaire, squelettes, énigme féminine, rêve d’antiquité mais aussi une relation bouleversée entre intime et « extime ») feront chacun l’objet d’un riche chapitre alternant textes éclairants et œuvres représentatives.

*

Au final ce bel ouvrage est à recommander pour mieux connaître mais aussi comprendre ce peintre singulier et bien plus divers/riche que ce qu’un regard rapide pourrait laisser supposer. Je vous souhaite, à l’aide de ce livre et/ou d’autres comme de visites de musées, de recherches Internet… de découvrir cet univers surprenant, intellectuellement comme en vous laissant simplement le temps nécessaire pour vous immerger et ressentir !

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Lettres à Shakespeare

Qui êtes-vous Monsieur William Shakespeare ?

Sur la très belle couverture rouge électrique de cet essai édité en l'honneur du 450ème anniversaire de votre naissance, votre portrait est celui d'une "star", visage indéchiffrable caché par des lunettes. Voyez-vous nos rêves à travers les siècles ?



Lettres à Shakespeare est une très belle entreprise collégiale d'intellectuels réunie par D. Goy-Blanquet pour clamer leur affection et leur reconnaissance professionnelle à ce grand auteur classique. La formule inédite et très accessible réside dans des lettres contemporaines écrites par 16 auteurs, tous passionnés. Nul doute, l'oeuvre de William Shakespeare inspirée par l'Histoire de l'Angleterre et ses jeux de pouvoirs est encore bien vivante de nos jours. Dans la création littéraire (l'Oulipo) et l'expression théâtrale. Et au plus intime de nos expériences humaines quand résonnent en nous les émotions, les perceptions et les idées d'un texte.

Je me suis attachée au mystère qui entoure la personnalité de ce grand homme, "Un et Multiple", à la fois tous ses personnages et aucun.

Je me suis attardée sur les passages soulignant son écriture singulière, faisant souvent appel à l'inconscient, empirique et improvisée. (Hamlet).

Un jeu constant des contraires, des métamorphoses, des passages de haut en bas d'une noble pensée à l'action la plus vile.

Je me suis laissée guidée avec plaisir dans le "théâtre du Globe" à Londres où le décor minimaliste est uniquement rempli par la parole, le son de la voix, le langage métaphorique et, ... le silence, moteur essentiel.

Une poésie musicale de langue anglaise qui pour certains ne peut être traduite sans la dénaturer comme le célèbre "We few, we happy few, we band of brothers.."(Henry V)" repris tel que par Churchill en 1940.

J'ai admiré le fait que le travail de Shakespeare formaient les futurs juristes où les "Inns of Courts" puisaient matière à des cas d'espèce souvent très proches de la réalité.

En France, je me suis attardée sur l'adaptation très libre de Shakespeare par le regretté Patrice Chéreau qui en 1970 avait emprunté les arts contemporains du cirque et du music hall.

De même, la mise en scène spectaculaire de Ariane Mnouchkine de "Richard II" par le jeu du kabuki (masques, maquillages) au Théâtre du Soleil, dix ans plus tard.



Je ne peux terminer mon texte sans citer la très belle trouvaille poétique de Prospero (Les sonnets, la tempête) "Our little life is rounded with a sleep".



Un très grand merci aux éditions Thierry Marchaisse, partenaires de la célébration "Shakespeare 450" et aux auteurs de cet essai très formateur.



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Le théâtre et l'esprit du temps

Dans le cadre de masse critique, j'ai souhaité recevoir ce livre en tant qu'élève d'un cours de théâtre dans l'académie de ma région.

Je remercie Babélio ainsi que "Deuxième époque" de m'avoir choisie.

J'avoue que je ne connaissais pas l'auteur. Il est décrit, sur internet, comme un expert des arts de la scène. Un monsieur d'une grande érudition doublée d'une grande bienveillance.

Et cela transparait au travers de son essai.

En effet, il est indéniable que ce monsieur sait de quoi il parle. Il analyse l'évolution du théâtre sous toutes ses facettes : le théâtre du dedans, celui du dehors, le théâtre du grand, celui du petit, les pratiques théâtrales.... Tout y passe.

Pour une néophyte comme moi, la compréhension de l'analyse est à ce point précise qu'elle n'est pas facilement accessible. Même si, évidement, je vois la différence entre le théâtre classique et le théâtre contemporain et, qu'en effet, ce que Georges Banu décrit comme "l'esprit du temps" est tout à fait perceptible.

En tout cas, même si cet essai est réservé à un public "formé", il n'en reste pas moins qu'il est tout à fait intéressant pour des profanes.
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J'y arriverai un jour

Chéreau est mort à Clichy le 7 octobre 2013, il est mort en balance alors qu’il était né en scorpion le 2 novembre 1944 quelques jours après Coluche, un autre scorpion. Il a consacré sa vie à ces quelques planches posées sur des tréteaux ou est offert la possibilité de voir des drames se nouer et se dénouer.

Il découvre Koltès, Magnifique solitudes dans les champs de Cotons ou La nuit juste avant les forêts. Et puis il y a eu Phèdre avec la magnifique Dominique Blanc.



Après tout ce temps cette pièce me hante encore. Mystère des planches, mystère des actrices et des acteurs, mystère de la mise en scène. Triple mystère qui ne cache aucun secret juste du travail, du travail et le désir d’y arrivait.

Chéreau est, LE metteur en scène !

J’y arriverai un jour



Cet ouvrage collectif, court, concis dans une collection au format adorable, inattendu en son temps (Actes sud), est une graine pour comprendre la richesse du travail de Chéreau !



Comprendre ce qu’est la représentation de l’âme humaine quel qu’en soit sa forme (théâtre, cinéma, opéra et même littérature et poésie), Chéreau l’a fait avec le langage du corps et du décors. Ce langage si ancien, si pure, si spirituel (mystique) que l’on trouve aussi dans la danse (Pina Bausch, Anne Teresa de Keersmaeker, Maguy Marin) dans les arts martiaux (le Kendo pour moi), la cuisine de Thierry Marx ( et sa trinité la maitrise du geste, la maitrise du feu, la maitrise du temps) ou même un art très difficile en littérature, peut-être le plus difficile l’érotisme, Cette érotisme que l’on vit ou aimerait vivre et celui que peu de gens savent vraiment écrire dans le temps qui est le leur (Anaïs Nin, Anne Vassivière, etc…).



Et à la lecture de ce petit livre, qui nous restitue à merveille le chemin de cette personne humaine, il nous donne l’énergie d’entreprendre notre propre chemin ! Et nous savons qu’il est mort, mais n’est-il pas éternel dans cet univers en création permanente ou chaque jour porte sa nourriture inattendue.

Je retiens deux phrases :



Devenir la personne qui je ne suis pas encore !



C’est en regardant un peu en arrière que l’on mesure à quel point le travail de Chéreau constitue bien son œuvre !
Lien : https://tsuvadra.blog/2021/0..
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J'y arriverai un jour

Un long entretien d'abord, mené par Georges Banu en 2008, interrogeant un Chéreau tout juste lauréat du prix Europe pour le théâtre. Quelques textes ensuite, signés par différents collaborateurs, compagnons de voyage, toutes et tous marqués à jamais par leur expérience aux côtés de cet immense artiste. Abordant la complexité, l'exigence et l'incroyable diversité de l'homme et de son œuvre (cinéma, opéra et bien sûr théâtre), cet ouvrage est un fantastique outil pédagogique, passionnant de bout en bout et qui prouve, d'une manière éclatante combien Chéreau aura marqué le monde artistique d'une indélébile empreinte et combien il va nous manquer.
Lien : http://territoirescritiques...
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Lettres à Shakespeare

Le lecteur de Shakespeare n’est pas tenu à un sérieux académique, cette œuvre nous enseigne bien au contraire les vertus de la digression, elle relance notre curiosité pour les voies d’un savoir non tracé, sans oublier le rire de Falstaff, les incessantes trouvailles d’une énonciation étincelante, et toujours le jeu.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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L'Oubli

« On peut dire ’’commettre un oubli’’ comme on dit ’’commettre un meurtre’’ ». Georges Banu a le sens de l’aphorisme et use d’un langage parfaitement clair pour croiser deux champs d’étude sujets de ce livre : l’oubli et le théâtre. On y rencontre, au hasard de brèves réflexions d’une belle intelligence, Tchekhov, Shakespeare, Ibsen, Brecht, Brook, Vitez ou Barrault. Bonne et roborative compagnie
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Le théâtre et l'esprit du temps

Georges Banut né en Roumanie, et décédé à l’âge de 80 ans, il y a quelques mois est un des meilleurs connaisseurs et commentateurs du théâtre contemporain, par les différentes responsabilités qu’il a assurées dans le monde du théâtre. Ni acteur, ni metteur en scène, mais « spectateur éclairé »,lié à une culture et une mémoire exceptionnelles, il tire cette riche expérience et une réflexion originale et pertinente du fait de ses contacts avec tous les grands maitres du théâtre contemporain, en Europe. Il était professeur à la Sorbonne, Paris III (études théâtrales) et a publié une cinquantaine d’ouvrages, nourris de cette expérience. Parmi ceux-là, il faut rappeler des essais très remarqués sur Shakespeare, Tchekhov, Brecht, Yannis Kokkos, le Nô japonais (l’acteur qui ne revient pas)… J’avais particulièrement apprécié son livre sur l’historique des différentes mises en scène de « La Cerisaie »,qui est une belle illustration de l’histoire de la représentation théâtrale, telle qu’elle est proposée au public et inspirée par une époque. Il y a un peu plus d’un an est paru « Les récits d’Horacio : portraits et aveux des maitres du théâtre contemporain », comme des mémoires de toutes ses rencontres privilégiées. L’ouvrage récent, qui est posthume s’inscrit dans la même veine, reprend quelques articles déjà publiés, mais très largement complétés par des apports originaux, pour donner une vue en surplomb des grandes lignes de continuité dans la mise en scène du théâtre contemporain, mais en faisant aussi apparaitre les points de rupture imposées par le contexte social, politique et par les avancées techniques. Ainsi, en une trentaine de chapitres, on verra présentés et débattus, avec fascination souvent, avec critique parfois les grands thèmes de cette modernité, par exemple :l’importance du collectif dans la création, le rôle incertain de la dramaturgie, le mélange des langues sur la scène, le corps travesti ou malade, l’impact des guerres, la mise en théâtre des romans, l’intervention du cinéma, de la musique au théâtre…Toute cette réflexion est argumentée par l’évocation des grands maitres :plus anciens comme Jerzy Grotowski, Michael Gruber, Tadeusz Kantor, Peter Stein, Patrice Chéreau, Giorgio Strehler, ou plus contemporains :Ariane Mnouchkine, Ivo van Hove, Thomas Ostermeier, Stéphane Braunschweig, et bien sûr le grand Peter Brook dont il fut le familier.

Le dernier chapitre est intitulé : Mettre un terme et consacré à la décision de la mise en retrait des créateurs (la retraite ?), avec les derniers mots :

« Et moi, qui ne suis pas artiste, quand vais-je mettre un terme ? » …

Merci à l’auteur d’avoir pris le temps de ce livre testamentaire, qui devrait intéresser le monde du théâtre et le grand public.
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Internationale de l'imaginaire, n°20 : Cult..

On oublieras les quelques articles d'autosatisfaction, de félicitations du cénacle culturel, hommages sûrement mérités à Chérif Khasnadar et Françoise Gründ, pour saluer dans cet ouvrage collectif les contributions de Laurent Vidal (La fête de Sao Tiago ou la mémoire métisse), Jean-Marie Pradier (Des chimères de l'abstraction au ravissement des corps en scène), Jean-Pierre Corbeau ( Les dynamiques de la commensalité).
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