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EAN : 9782330157630
304 pages
Actes Sud (10/11/2021)
3/5   2 notes
Résumé :
Horatio est un personnage d’Hamlet, de William Shakespeare. Il est l'ami loyal du prince Hamlet, apparaît souvent à ses côtés et se trouve chargé de raconter son histoire après sa mort. Georges Banu, spectateur inlassable de la scène européenne, a entendu les voix essentielles des grands metteurs en scène de sa génération. Il revient sur leurs rencontres, l’amitié qu’ils ont partagée, la façon dont ils se sont dévoués, ensemble, au théâtre. L'auteur esquisse ici un ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Georges Banu nous a quitté et j'ai donc décidé de découvrir par moi-même un de ses écrits. J'ai opté pour ce livre annoncé comme autobiographique par la quatrième de couverture, mais qui traite également du théâtre. Il ne s'agit cependant pas de son dernier livre publié.
Georges Banu était né en Roumanie, à Buzău, et, nous apprend le livre, dirigeait la collection « Le temps du théâtre » chez Actes-Sud.
Ayant consacré de nombreux travaux aux figures emblématiques de la mise en scène moderne, de Peter Brook à Antoine Vitez, de Jerzy Grotowski et Tadeusz Kantor à Ariane Mnouchkine ou Giorgio Strehler, Georges Banu a décidé de réunir des souvenirs chers à son coeur mais aussi des bribes consignées au fil des ans en marge de son amour inconditionnel pour le théâtre. le style est agréable et fluide dans les chapitres consacrés aux différents portraits, mais plus fragmentaire et assez nébuleux à mon sens pour les pages intitulées « aveux ». Il s'agit essentiellement de portraits dressés à partir d'anecdotes vécues pour la plupart. On a indirectement et bien entendu aussi un bel autoportrait en filigrane et le fil rouge de l'histoire d'Horatio de la pièce Hamlet de William Shakespeare est très habile. Il faut cependant en connaître un peu plus sur le monde du théâtre, je crois, pour apprécier à sa juste valeur l'ensemble. J'y ai croisé des Roumains, évidemment, mais pas d'évocations nostalgiques pour autant de son pays natal.
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Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
Ion Druţă, auteur moldave, partage mon enthousiasme pour Vladimir Vyssotski que, pris à la gorge d’émotion, j’ai vu à Paris dans le Hamlet de Lioubimov ou que j’ai entendu crier son chant Les Loups dans une petite salle de la Sorbonne. Combien de fois ne l’ai-je pas écouté, ce cri rageur venu de la Russie communiste, qui m’emportait à Bucarest et soulevait la tristesse à Paris ? Druţă est resté silencieux face à mes aveux. Après une pause, il s’est remis à parler : “Je vais vous raconter sa mort ! Comme d’habitude, une nuit, Vladimir se saoulait avec des copains dans son appartement à Moscou et, comme d’habitude, il a fini par crier, jurer, briser des objets. Exaspérés, ses amis l’ont ligoté et lui ont cloué la bouche, par mesure de précaution ! Il a crié, s’est débattu, et il est mort d’une crise cardiaque.” Ce n’est pas la politique, mais la réalité quotidienne qui l’a étouffé. C’est elle qui a rendu muette la voix de la Russie rebelle. Vyssotski a été un volcan asphyxié par sa propre lave, un artiste vivant tué par l’abus de vie, dans le pays où l’on disait que “le communisme est soluble dans l’alcool”.

(p. 239)
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Les Récits d’Horatio : ainsi ai-je intitulé cette constellation de portraits et de paroles. J’ai adopté le statut d’Horatio, mais sans avoir eu un seul Hamlet, un seul modèle. Il y en a eu plusieurs et la relation, toujours la même, s’est démultipliée sans se dégrader. J’ai vécu à “l’ombre” non pas d’un grand ami, mais d’une pluralité d’amis, sans les trahir ni les décevoir. Non pas dévoué à l’Un, mais à plusieurs, pareil au gamin qui, devant l’injonction de sa mère de choisir un gâteau parmi l’étalage d’une confiserie répondit : “Mais maman, j’en veux plusieurs.” Amour pluriel… preuve d’immaturité ? Manquement qui me définit sans pour autant le regretter.

(p. 263)
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Doutes sur l’enseignement du théâtre. En Occident, la mémoire est meuble, inapte à conserver les pratiques anciennes. Signe de faiblesse, par rapport à l’Orient où tout se trouve répertorié, et en même temps signe de liberté.
Voici quelques phrases disparates qui confirment cette hésitation… enseigner, voilà le défi !
Serguei Eisenstein : “Dans l’art, on ne peut pas enseigner, on ne peut qu’apprendre.”
Yoshi Oida : “On doit refuser ce que l’on sait.”
Jérôme Deschamps : “Il n’y a pas d’enseignement du théâtre, il n’y a que des maîtres qui dispensent un enseignement ; point d’enseignement d’acteur en général…”
Krzysztof Warlikowski : “Je n’aime pas les jeunes et d’ailleurs qu’est-ce que j’aurais à leur enseigner ?”
Valeriu Moisescu : “On n’a qu’une seule chose à enseigner : comment rester ouvert !”
Lucian Pintilie : “À dix-sept ans, quand j’ai commencé à travailler, j’avais le même rapport avec le corps des comédiens que maintenant, à cinquante ans. Rien n’a changé… la relation à l’humain est innée, ce qui se modifie est le savoir du metteur en scène. Mais si, un jour, on renonce à ce savoir, la relation, sans doute, changera.” Giorgio Strehler : “Au théâtre c’est uniquement avec le temps que l’on apprend quelque chose. Le savoir n’est acquis que par le travail…”
Peter Brook : “Je n’ai rien à enseigner, j’enseigne de l’intérieur, par le travail.”
Ariane Mnouchkine : “Enseigner, c’est d’abord apprendre la liberté de l’improvisation… en groupe.”
Dans d’autres domaines que le théâtre, on formule les mêmes conseils de prudence :
Gilles Deleuze : “Je ne veux pas enseigner ce que je sais, mais ce que je cherche.”
Roland Barthes : “Le meilleur enseignement consiste à vouloir convaincre sans vaincre.”
Umberto Eco : “Tout professeur-maître soit dispense une méthode, soit érige ses activités en modèle.”

(pp. 245-246)
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Un vœu m’a conduit et je me suis imposé une contrainte : revisiter des amitiés de longue durée, des intimités prolongées, mais en me restreignant aux seuls metteurs en scène dont j’ai été proche. Cela n’empêche pas que les mots recueillis au hasard d’une soirée ou les pensées d’autres artistes, acteurs, scénographes, méritent d’être consignés, comme des sceaux de mémoire, dans le catalogue de cet Horatio que j’ai été. * Jeune, à Bucarest, à partir d’une photo de Joseph Koudelka découverte par hasard, j’ai rêvé de voir les célèbres Trois Sœurs d’Otomar Krejča, mises en scène au Théâtre Divadlo za Branou à Prague. La chance m’a permis de les “rencontrer” en Hollande, dans un théâtre d’Haarlem. Quand, des années plus tard, Otomar m’a accueilli au café des artistes pour m’introduire auprès de sa femme, il m’a dit : “Je vous présente Macha.” Le rôle comme identité : hommage inouï rendu à l’actrice qui, davantage que Tomachova, était… Macha ! Gloire d’une comédienne qui, comme en Roumanie, Clody Bertola, devait rester à tout jamais “Rosalinde” de Comme il vous plaira.

(p. 235)
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Découvrir que l’on fréquente ensemble une œuvre secrète, marginale, rattache, fugitivement, deux êtres. La sympathie éprouvée par Michelangelo Antonioni à mon égard, après un débat à Paris, a trouvé sa raison d’être dans notre échange, à l’écart des amis réunis, autour d’un livre oublié de Ramón Gomez de la Serna, Les Seins, que j’avais adoré et dont Antonioni pensait être l’unique lecteur. Les Seins… nous ont rendus proches une soirée d’été sur la terrasse de l’hôtel Palais-Royal. J’avais lu ce livre grâce à Florence Delay qui, pour moi, s’associait alors à nous.

(p. 237)
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Vidéo de Georges Banu
Rencontre avec Wajdi Mouawad et Marcel BozonnetÀ l'heure où le rôle et l'avenir de l'Europe font l'objet de nombreuses controverses et où le spectacle vivant subit de plein fouet la crise sanitaire, un nouveau cycle de conférences donne la parole à des figures emblématiques de la scène contemporaine.Georges Banu, professeur émérite à l'université Sorbonne Nouvelle Paris 3 et Joël Huthwohl, directeur du département des Arts du spectacle de la BnF, reçoivent les metteurs en scène Wajdi Mouawad et Marcel Bozonnet.Rencontre enregistrée le 16 février 2022 à la BnF I François-Mitterrand
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