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Citations de Georges Bernanos (989)


Au fond il nous importe peu de savoir ce que la France a été. Ce qu’elle est, voilà ce qui nous tenaille. Est-elle là ? Est-ce sa voix qui nous parle ? Est-ce sa main qui nous étreint si doucement dans l’ombre ? Et quand nous nous demandons avec angoisse : « L’aimons-nous encore ? », je pense que cela signifie : « Nous aime-t-elle toujours ? Nous est-elle fidèle, ne va-t-elle pas nous renier
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Qui n’a pas une fois désespéré de l’honneur, ne sera jamais un héros.
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l’honneur humain est un mystère accessible aux seuls prédestinés.
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La vie vaut-elle plus que l’honneur ? L’honneur plus que la vie ? Qui ne s’est pas posé une fois la question, ne sait pas ce que c’est que l’honneur, ni la vie. « À quoi bon ? » dit le cynique. « À quoi bon ? » répète le prêtre, bien que dans un sens différent. « La nature ignore l’honneur », dit le savant. Et l’historien lui répond : « Quiconque dispose en ce monde de la gloire et de la puissance aura toujours assez d’honneur. »
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Que le diable emporte les surhommes !
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Non, s’ils souffrent que vous brisiez, par une mesure inouïe, le pacte national, car des que vous aurez fait, par simple décret, des millions de français soldats, il sera démontré que vous disposez souverainement des personnes et des biens de tous, qu’il n’y a pas de droits au-dessus du votre, et dès lors où s’arrêteront vos usurpations ? N’en n’arriverez-vous pas à prétendre décider du juste et de l’injuste, du Mal et du Bien?
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Il regarde à ses pieds ; il regarde de toute son âme. Le collier mystérieux, les trente-deux perles du duc de Roscovitch, les perles célèbres, vues jadis tant de fois sur les épaules de son amie, sont là, dans une buée de sang. Mais cette buée est dans ses yeux, à lui. Il voit, à travers cette buée, la folle, impassible, assise sur son lit, les deux jambes nues pendantes… C’est elle, c’est elle, le mauvais ange, la diabolique Providence, son destin, son destin tragique ! Une seconde, il n’en doute plus : elle a tué la mère et le fils, silencieuse, implacable, secrète et sûre… La colère, une colère d’enfant ou de demi-dieu, une explosion de l’instinct… La chambre du crime et de l’agonie lui paraît tout à coup immense, infinie, déserte, pareille à une steppe de cauchemar. Une âcre fumée l’étrangle, il jette ses mains en avant.

La folle cherche à fuir, se cramponne aux rideaux du lit, de ses deux griffes. À quoi bon ? Il pèse sur elle de tout son corps, de tout le poids du corps et de l’élan. Il ne voit plus, mais ses doigts voient pour lui. À peine garde-t-il le souvenir d’une tête renversée en arrière, d’un cou qui se brise et d’un plaintif gémissement… Le geste fatal, plus rapide qu’une pensée, a tué d’un seul coup, et si vite, que dans le visage déjà rigide, la bouche amère tremble encore…

… On a su depuis que Mme Dargent était morte dans une crise de délire furieux, entre les bras de son mari. Depuis, l’éminent maître a repris sa course aux honneurs et à la gloire, avec un vigoureux optimisme. Que craindrait-il, en effet ? Un auteur ne se trouve pas deux fois dans sa vie face à face avec une créature de chair et de sang qui ressemble comme une sœur à ces rêves dont s’amuse, avec le lecteur complice, une élégante perversité… Qui sait, pourtant ?
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Plus d’une image meurtrière, dont l’écrivain se délivre, dix siècles après remue encore dans un livre…
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Regarde-la bien maintenant : les hauts talons jouent du tambour sur le tapis, ses beaux yeux obscurs fixent quelque chose, au-dessus de la porte, et, chaque fois qu’elle essaye de soulever le bras, il sort de sa poitrine crevée de l’air et du sang. Ah ! ah ! ah ! c’et fini maintenant, vois-tu ! Comme au troisième acte de l’Énigme… Mais je suis plus forte que Mme Giraldi et je ne tremble pas, moi.
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Pas possible ! Je mens ! s’écrie-t-elle, en s’exaltant par degrés, jusqu’au délire furieux… Ah ! tu me prends pour une bête ! Ah ! je serai bafouée jusqu’au bout ! Pensais-tu que j’allais bénévolement élever le fils de ta maîtresse ? Crois-tu que j’aie jamais été dupe de cette histoire d’adoption ? Tout Paris riait de moi, et je laissais rire. J’étais si crédule ! si inoffensive !… L’enfant naturel d’un problématique ami, mort à Tunis… quoi de plus simple ? de plus vraisemblable ? C’est une histoire bien bonne pour moi ! Et je devais encore t’admirer pour ta rare obligeance et ta bonne action… Va ! Va ! mon bonhomme… Je savais tout, depuis la première minute.
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Regarde-moi bien. Ils diront que je suis folle, mais tu ne le croiras pas… Tu ne l’oseras point ! Réponds-moi donc ! Sais-tu qui je suis ? Toutes celles, toutes celles que tu as rêvées, plus chères que des vivantes, Mme Guebla, Monique, Mlle de Sergy, la petite-fille du vieux Gambier, les héroïnes de ton théâtre et de tes romans, voilà mon partage, voilà ce que je fus ! J’avais lu tes livres, moi ! Je les ai poursuivies dans tes livres, avec quelle curiosité dévorante ! Tu ne leur avais donné, avec tout ton génie, qu’une existence douteuse, une forme impalpable et légère, ― je leur ai donné mieux : un corps, de vrais muscles, une volonté, un bras ! Pouvais-je t’aimer mieux ? pouvais-je me glisser en toi plus profondément, par un détour plus fin ? Je me suis donnée à elles comme Mme de Brinvilliers s’est jadis donnée au diable… C’est Sergine de Préville qui me prêtait ses aiguilles et sa morphine, c’est Mlle de Noles… Tiens ! de ta danseuse hindoue, un soir, j’ai pris le cœur calme et féroce, et c’est Louise de Trailles, ou moi, ― je ne sais plus ― qui versais le poison, lorsque… Mais !… Mais j’ai été bonne et patiente avec Louise Geslin, chaste avec Henriette de Lastigues, même dévote avec la Nueva. Oh ! j’étais entre leurs mains comme dans les doigts du modeleur ! Quel vertige ! Quelle amère ivresse ! On ne me regardait même pas. On disait avec pitié : cette bonne Mme Dargent ! Je me taisais, je passais… Ah ! si on avait su ! Ils n’avaient de ton œuvre que le reflet, mais ils l’auraient vu en moi resplendir et se consumer !
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Je passerai dans ta vie, dédaignée, silencieuse, invisible, que m’importe ? Tu ne m’as aimée qu’un instant, mais tu ne saurais l’effacer du passé. Tu ne rattraperas pas ton mensonge : le mal que tu m’as fait, c’est ton enfant, c’est notre enfant, le fruit affreux de la trahison, le petit monstre tout vivant, gonflé du sang de mon cœur. Voilà ce qui va grandir à tes côtés. Voilà ce que je nourris pour toi. D’autres vont camper dans ta vie : moi j’y demeure. Tu pourras bien en descendre le cours jusqu’au bout, tu ne m’échapperas pas, parce que j’en ai empoisonné la source…
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Reste encore, dit-elle… Reste toujours… Me croyais-tu déjà morte ? Je réfléchissais seulement… Est-ce que ça peut s’appeler réfléchir ? Il y a dans ma tête un vide effrayant : toute ma vie se reforme là, murmure-t-elle en se frappant le front, ligne par ligne. À chaque seconde, un nouveau souvenir, le plus secret, le plus ancien, le mieux dissous dans le passé, remonte comme une bulle d’air et vient crever à la surface… Peut-être suis-je morte ? Seulement à mesure que je me détruis, un autre être se reforme plus haut, et j’ai vu tout à l’heure son vrai visage, et c’est comme si je devais le voir toujours !
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Mon Dieu ! chacun pourrait, dès à présent, rêver cette histoire et l’embellir à son gré, à proportion de l’activité de son démon intérieur, car elle n’est pas de celles qu’on raconte avec une affligeante précision !
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Comme il tirait sa montre, il entendit sonner minuit à Saint-Thomas-d’Aquin. Alors il fit un pas vers sa chambre à coucher, et deux pas vers la chambre de l’agonisante… Ces deux pas le portèrent, d’un coup, bien plus loin qu’il n’avait jamais rêvé d’aller. Un seul petit détour décide ainsi d’un long avenir.
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sa propre femme ne se voyait pas mourir, probablement parce qu’elle ne s’était jamais sentie vivre
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La dernière disgrâce de l’homme, fit-il, est que le mal lui-même l’ennuie.
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Georges Bernanos
L'espoir ne s'enseigne pas comme la grammaire. L'espoir comme la foi est une grâce de Dieu, il suffit que nous soyons prêt à la recevoir.
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Georges Bernanos
Pour être prêt à espérer ce qui ne trompe pas, il faut d'abord désespérer de ce qui trompe. Eh bien, je vous invite à désespérer de vos illusions.
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Ce que nous appelons hasard, c'est peut-être la logique de Dieu.
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