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Critiques de Georges Bernanos (309)
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Journal d'un curé de campagne

J'ai commencé ma lecture sans appropries, mon incroyance de côté, en laissant défiler les réflexions religieuses et morales du jeune prêtre sous mes yeux sans chercher à les juger. Certains passages m'ont laissé sur le bord du chemin (notamment quelques-uns des longs dialogues qui composent ce roman). Malgré tout, je garde un souvenir très fort de cette lecture. Les questionnements et les états d'âme que le personnage couchent sur le papier, dévoilent une ode mélancolique, mais lumineuse, à la sensibilité et à l'amour inconditionnel. J'ai été touché par sa foi inébranlable qu'il tente de transmettre malgré l'absurdité et l'hypocrisie qui l'entoure. Je retiens donc de ma lecture ce portrait d'homme "à côté", qui avance mais qui se sens toujours à contre-courant.
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Journal d'un curé de campagne

Lorsque Bernanos publie « Journal d’un curé de campagne » en 1938, la critique et le public l’acclament ; des millions d’exemplaires sont vendus, il obtient le grand prix de l’Académie française et André Malraux ira jusqu’à écrire dans la préface que ce livre est l’héritage de Dostoïevski et Balzac. Plus tard, il sera inclus dans la liste des douze meilleurs romans du demi-siècle aux côtés d’autres illustres œuvres telles que « Les Faux-monnayeurs », « Thérèse Desqueyroux » ou « Un amour de Swann ».

Dans la petite ville d’Ambricourt, dans le nord de la France, un prêtre fraîchement sorti du séminaire prend ses fonctions. Son caractère effacé s’oppose aux réticences de ses nouveaux paroissiens doutant de ce jeune homme timide et souffreteux. Notre curé prend cependant des décisions pour sa paroisse : s’occuper sportivement des jeunes, visiter chaque famille au moins une fois par trimestre, … Régulièrement, Il rend visite au comte ( qui l’insupporte) à la comtesse ( qu’il finira par réconcilier avec Dieu) et leur fille Chantal ( qui le tourmente plus qu’autre chose). Très jeune, notre homme s’effondrera physiquement et mourra assez sordidement à Lille.

C'est un curé triste et qui souffre, mais c'est une tristesse qui rend bon et qui n'empêche pas les moments d'allégresse.

La première page du livre est vraiment d'une très grande beauté, quand il décrit le petit village de sa paroisse qui croule sous l'ennui et le compare à une bête couchée sous la pluie. Il y a beaucoup d'autres passages qui évoquent des images avec force, c'est une écriture qui touche profondément l'imagination. Au final on se sent vraiment bouleversé par ce jeune prêtre convaincu et on a l'impression d'avoir touché un peu l'indicible.

Toutefois, Bernanos tient à ne jamais peser sur le jugement du lecteur et, par ailleurs, son très beau roman peut se lire sans aucune connaissance religieuse particulière. Toutefois il n'est pas d'une lecture facile et suppose un minimum de concentration ; mais ça en vaut la peine : son Journal d'un Curé de Campagne constitue un enrichissement certain, tant sur le plan littéraire que spirituel.
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Journal d'un curé de campagne

Un curé de santé fragile, dans une campagne obscure écrit ses impressions dans un journal. Quoi de plus banal ? Sauf si on s’appelle Georges Bernanos, lequel manie les mots à la perfection, même si, écrit-il par la voix de son curé : « C’est une des plus incompréhensibles disgrâces de l’homme, qu’il doive confier ce qu’il a de plus précieux à quelque chose d’aussi instable, d’aussi plastique, hélas, que le mot. »



À travers ce journal, le narrateur scrute son sacerdoce avec une acuité extrême, lui cet enfant pauvre devenu homme de Dieu et qui n’oublie pas l’injustice faite aux siens : « Reste qu’un pauvre, un vrai pauvre, un honnête pauvre ira de lui-même se coller aux dernières places dans la maison du Seigneur, la sienne, et qu’on n’a jamais vu, qu’on ne verra jamais un suisse, empanaché comme un corbillard, le venir chercher du fond de l’église pour l’amener dans le chœur, avec les égards dus à un Prince – un Prince du sang chrétien. »



La prêtrise n’est pas chose aisée : « Nous payons cher, très cher, la dignité surhumaine de notre vocation. » Une vocation éprouvée par des situations, des êtres, par leur cruauté parfois. Heureusement, il reste la grâce, et des voix viennent aux secours de ce curé, comme celle de son confrère de Torcy, un sage qui fait ainsi parler le Christ pour, lui aussi, accabler l’injustice propre à l’espèce humaine : « Que mon bras s’écarte un moment, l’esclavage que je hais ressusciterait de lui-même, sous un nom ou sous un autre, car votre loi tient ses comptes en règle, et le faible n’a rien à donner que sa peau. »



Ce journal est donc une introspection tant existentielle que spirituelle, où des généralités côtoient des vérités intimes : « Je n’avais jamais été jeune, parce que je n’avais pas osé. » Puis : « Je n’ai jamais été jeune parce que personne n’a voulu l’être avec moi. » Ou comment dire sa solitude…



Et puis il y a l’entretien à cœur ouvert avec Mme la Comtesse – point culminant du roman et modèle d’espérance –, où les deux se livrent à une lutte pour qu’enfin cette dure femme de race infléchisse son implacable orgueil, vaincue par des phrases telles que celle-ci : « Oh, vous pouvez bien cacher aux misérables les vices de vos maisons, ils les reconnaissent de loin, à l’odeur. […] Il n’est pire désordre en ce monde que l’hypocrisie des puissants. »



Bernanos, qui « montre d’abord une heureuse négligence pour les “lois du roman” » (André Malraux), déploie ici encore ses inquiétudes mystiques, avec ce talent inouï qui le caractérise. Il n’accompagne pas le lecteur : il le lessive littéralement et non moins littérairement. C’est un texte qui s sous le signe de Dieu, mais un Dieu de vérité, pas d’apparence ainsi fustigée : « Je crois, je suis sûr que beaucoup d’hommes n’engagent jamais leur être, leur sincérité profonde. Ils vivent à la surface d’eux-mêmes, et le sol humain est si riche que cette mince couche superficielle suffit pour une maigre moisson, qui donne l’illusion d’une véritable destinée. »



Enfin, ce Journal d’un curé de campagne se lit aussi comme une confession et c’est ce qui la rend si attachante…

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Journal d'un curé de campagne

Si je n'ai mis que deux étoiles, c'est surtout à cause de mon manque d'intérêt pour le sujet et non parce que le roman est mal écrit. Il s'agit d'un récit de solitude, de l'emprise de la religion catholique, de spiritualité incarnés par un personnage trop éloigné de moi pour attiré ma sympathie ou mon intérêt. La trame est présentée sous forme d'un journal intime, donc très personnelle mais aussi très limitée quant au point de vue présenté.

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Journal d'un curé de campagne

Quel chef d'oeuvre remarquable que ce livre ! Une longue description quasi ininterrompue du monde rural de la fin du XIXème, une fresque sociale qui n'a rien à envier aux meilleurs romans de Zola. On y retrouve les thèmes récurrents et majestueux de Bernanos : la pauvreté, la solitude, l'insidieuse infiltration du péché dans le siècle, etc.



Les descriptions des antagonismes sociaux sont saisissantes, notamment de par l'incrustation des déterminismes sociaux dans les raisonnements menés par les personnages : tout au long du livre, il est fascinant d'observer comme Bernanos fait penser et agir ses personnages à l'aune de leur classe et de leur situation sociale.



À la manière d'un Péguy, Bernanos a l'incomparable talent de manier la langue avec poésie et richesse en insérant ça et là des instants de pur génie, des remarques, des pensées, des assertions concernant la société de son temps, les relations humaines, qui relèvent du génie à n'en pas douter.

Je ne peux m'empêcher d'en citer quelques-unes :



- "Dieu veut que le misérable mendie la grandeur comme le reste, alors qu'elle rayonne de lui, à son insu."



- "Le vide fascine ceux qui n'osent pas le regarder en face, ils s'y jettent par crainte d'y tomber"



- À propos des jeunes garçons en 1878 (!) :"quand leur bouche a pu l'articuler pour la première fois, le mot amour était déjà un mot ridicule, un mot souillé qu'ils auraient volontiers poursuivi en riant, à coups de pierres, comme ils font des crapauds"



La langue sublime de Bernanos prend une tournure absolument bouleversante dans les mots de ce jeune prêtre, qui analyse chaque situation plus ou moins dramatique face à laquelle il fait face avec une grande profondeur et une gravité extrêmement touchante. On ne peut qu'être ému par sa morne existence, sa solitude extrême, sa maladresse, son humilité, sa crainte permanente de mal agir, son incapacité à évoluer malgré-lui dans un monde et une fonction qui le dépassent.
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Journal d'un curé de campagne

a lire
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Journal d'un curé de campagne

Lointaine lecture de mon adolescence. J'ai conservé de ce livre un souvenir chaleureux quoique contrit. Je ne sais pas si je le relirais mais si je l'avais sous la main, le feuilletterais certainement à la recherche de passages dont je me souviendrais.
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Journal d'un curé de campagne

Lecture qui fût fastidieuse dans le sens où c'est un livre dont on ne peut pas lire les pages d'une traite, personnellement il m'a fallu faire des pauses toutes les 8 à 10 pages pour bien m'imprégner de l'histoire. C'est une lecture d'un niveau difficile en terme de contenu. Si vous cherchez une lecture plaisir, ce n'est ce livre qui vous conviendra, c'est assez sombre et triste, parfois même pesant. Je n'ai pas trouvé les personnages très attachants mise à part la comtesse qui a trouvé une réelle résonnance en moi puisque je partage les mêmes épreuves qu'elle. Je lirais néanmoins un autre titre de cet auteur qui m'attend dans ma PAL.
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Journal d'un curé de campagne

Il n'est pas surprenant que le "Journal d'un curé de campagne" de Georges Bernanos ait reçu le grand prix du roman de l'Académie française l'année de sa publication en 1936. Pour moi, la qualité de l'écriture est inversement proportionnelle à l'intérêt que j'éprouve pour la vie du jeune curé de la paroisse d'Ambricourt en Picardie, dans les années 30. Et je trouve que Bernanos écrit vraiment très bien. A contrario, j'ai été peu sensible à la dévotion du prêtre solitaire et malade qui ne peut se confier qu'à son journal. Je suis athée et j'ai donc beaucoup de désaccord sur les propos de l'auteur catholique mais je trouve quand même qu'il est très inspiré. Il réussit écrire un texte poignant y compris quand certaines phrases me font bondir parce que je n'y crois pas, comme "Ce que je puis vous affirmer néanmoins, c'est qu'il n'y a pas un royaume des vivants et un royaume des morts, mais qu'il n'y a que le royaume de Dieu. Vivants ou morts, nous sommes tous dedans." Personnellement, je n'y suis pas mais je vais continuer à découvrir cet auteur.





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Journal d'un curé de campagne





Journal d'un curé de campagne de Georges Bernanos



Le monde du mal échappe tellement, en somme, à la prise de conscience de notre esprit ! D'ailleurs, je ne réussis pas toujours à l'imaginer comme un monde, un univers. Il est, il ne sera toujours qu'une ébauche, l'ébauche d'une création hideuse, avortée, à l'extrême limite de l'être. Je pense à ces poches flasques et translucides de la mer. Qu'importe au monstre un criminel de plus ou de moins ! Il dévore sur-le-champ son crime, l'incorpore à son épouvantable substance, le digère sans sortir un moment de son effrayante, de son éternelle immobilité. Mais l'historien, le moraliste, le philosophe même, ne veulent voir que le criminel, ils refont le mal à l'image et à la ressemblance de l'homme. Ils ne se forment aucune idée du mal lui-même, cette énorme aspiration du vide, du néant. Car si notre espèce doit périr, elle périra de dégoût, d'ennui. La personne humaine aura été lentement rongée, comme une poutre par ces champignons invisibles qui, en quelques semaines, font d'une pièce de chêne une matière spongieuse que le doigt crève sans effort. Et le moraliste discutera des passions, l'homme d'Etat multipliera les gendarmes et les fonctionnaires, l'éducateur rédigera des programmes - on gaspillera des trésors pour travailler inutilement une pâte désormais sans levain.
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Journal d'un curé de campagne

Un jeune prêtre fait ses premières classes à Ambricourt, petite paroisse rurale. A travers son journal, nous suivons le parcours mystique et désespéré d’un homme de foi confronté aux contradictions de son Eglise, mais aussi aux incompréhensions d’une société qui a du mal à tolérer les individus qui sortent du rang, non pas pour se démarquer par simple volonté, mais parce qu’irrésistiblement poussés par leurs inébranlables convictions.

L’une des plus belles œuvres de Bernanos, intense, spirituelle et exigeante .

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Journal d'un curé de campagne

Roman écrit il y a quatre vingts ans, première référence importante car il ne pourrait plus écrit aujourd'hui puisqu'il n'y a plus de curé de campagne. Ce jeune curé confie donc à son journal ses sentiments au fil de ses contacts avec ses paroissiens si différents et se rejoignant toutefois avec facilité dans la complaisance, la vanité, les certitudes, l'hypocrisie et le mépris des uns pour les autres. Même sans curé, cela n'a pas trop changé dans les campagnes au XXIéme siècle. Le héros de Bernanos veut apporter du mieux être autour de lui. Il croit, sa foi est indéfectible même si son âme est soumise aux tourments de l'humain. Bernanos a écrit un roman à la fois mystique et très ouvert aux problématiques humaines. Son héros, dans sa fragilité, porte une puissance qui le mène sereinement vers son destin.
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Journal d'un curé de campagne

Nous découvrons les états-d'âmes d'un jeune prêtre envoyé dans un village du nord de la France. Les passages les plus marquant du récit sont les dialogues entre le prêtre et certaines personnes qu'il rencontre. Des réflexions philosophico-religieuses sur lesquelles , je l'avoue , je ne me suis pas trop attardé. Peut être l'ai-je mal lu, un peu trop rapidement.

En tous les cas , un livre de convictions. Intéressant pour découvrir ce que pouvait être la vie d'un prêtre de province au début du dernier siècle. Un livre de "terroirs".
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Journal d'un curé de campagne

Ma lecture du Journal d’un curé de campagne de Bernanos ne fut pas désagréable ; néanmoins, la saveur que j’en ai gardé demeure fort contrastée.



Commençons par les bons côtés du livre. D’abord, les personnages et leurs réflexions. Je me souviens d’emblée du curé de Torcy, qui est tout à fait admirable : c’est un homme fier, intègre, franc, authentique. Il est toujours sincère, et s’exprime sans ambages. Il est en ce sens comparable à M. Olivier, le militaire motard. Les deux offrent des monologues profonds et mémorables, en livrant d’une manière parfois un peu désordonnée leurs pensées sur Dieu, sur le monde, sur les hommes. Il y a aussi la comtesse, qui parvient mal à maintenir debout les remparts de sa forteresse

intérieure et ne peut s’empêcher de s’effondrer émotionnellement sous le poids de son drame familial ; il y a sa fille, une mauvaise graine au bon fond.



Mais surtout, il y a le narrateur, le curé d’Ambricourt. Ce personnage arbore une certaine forme d’aura, lui attirant l’amitié sincère des hommes intègres (comme le curé de Torcy et M. Olivier). Sans dire mot, il inspire confiance, et ses paroles précèdent toujours une réflexion profonde chez celui qui l’écoute (cf. le dialogue avec Mme la Comtesse). Le curé d’Ambricourt est un homme attachant, fascinant même, par son humilité, son abnégation, sa faiblesse assumée, sa sensibilité exacerbée, et sa volonté de devenir toujours meilleur et davantage au service de Dieu. En somme, c’est l’archétype du chrétien idéal, pieux, humble, modeste et droit. La fin qui est la sienne m’a d’ailleurs quelque peu peiné.



Un autre bon point est remporté grâce à l’écriture de Bernanos, et notamment par son sens de la formule qui produit quelques pépites (« Le ridicule est toujours si près du sublime » ; « La grâce est de s’oublier. » ; « L’enfer, c’est de ne plus aimer. » ; « Garder le silence, quel mot étrange ! C'est le silence qui nous garde. »).



Mais voilà, il y a une ombre au tableau. Il se trouve que je me suis globalement ennuyé durant ma lecture. En fait, il ne se passe presque rien d’intéressant tout au long de l’histoire. Le seul regain dans l’intrigue intervient à la toute fin, lorsque le curé apprend qu’il n’en a plus pour longtemps. Tout le reste de l’histoire n’est que longs dialogue, longs monologues et maux d’estomac…

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Journal d'un curé de campagne

Lu sur épreuves pour le boulot, j'ai pu découvrir ce "grand classique" que je n'aurais jamais lu si je n'y avais été obligée. Si c'est très honorablement écrit (langue classique), ce pauvre cureton souffreteux et timide ne m'aura tiré que des bâillements d'ennui...
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Journal d'un curé de campagne

Le siècle dernier semblait encore propice à l’expression d’une individualité prise au piège d’une solitude nourrie par la différence. Le vécu catholique, en proie à une désagrégation subtile, persistait encore courageusement et trouvait un écho plus direct chez ses lecteurs contemporains que ce ne serait le cas aujourd’hui. Quel ressort dramatique utiliserait-on à présent pour encadrer les illuminations mystiques d’un homme d’abord isolé à cause des autres, avant de choisir cette solitude comme vocation ? Dans la profession de foi de ce curé de campagne, le raccourci entre l’abandon et l’exaltation spirituelle se satisfait d’idées préconçues. Georges Bernanos peut déployer la panoplie des sentiments contrastés de son personnage avec une souplesse presque géniale, si elle n’était contrainte de fait à s’embarrasser de tous les lieux communs cristallisés autour de la vocation ecclésiastique.





Georges Bernanos s’éloigne tranquillement d’une forme de narration classique en nous soumettant le journal de son curé de campagne et si les événements nous paraissent ainsi plus troubles, assumant une part d’illogisme que les ellipses mystérieuses abandonneront à notre imagination, ils n’échappent cependant pas à l’obligation de la cohérence sur la durée des journées décrites par le curé. Une fois remplies les inévitables contraintes formelles permettant de caractériser le personnage par opposition à ses congénères humains, que ceux-ci soient ecclésiastes ou mortels campagnards, une fois toute la fanfaronnade des particularités individuelles brandies comme composantes uniques d’une personnalité, reste la force d’évocation d’intuitions spirituelles qui nous prouvent que Georges Bernanos n’écrit pas sous la forme d’hypothèses des emportements mystiques impossibles à contrefaire. Mais parce qu’il se croit rare et que ses sentiments lui apparaissent comme une aumône privilégiée, ou peut-être simplement parce qu’il ne sait pas comment parler de l’indéfini sans le rapporter à une expérience particulière, Georges Bernanos entrave son expansion mystique par une complaisance en soi et un mépris des autres qui nous prouve que son curé est effectivement humain –trop humain- tâtonnant sur un chemin d’élévation que Georges Bernanos semble lui-même chercher avidement.


Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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Journal d'un curé de campagne

Dans une France en voie de déchristianisation, un jeune séminariste se retrouve à la tête d'une petite paroisse rurale, il pense naïvement que venir veiller au salut des âmes des villageois lui assurera un bon accueil. Sa chétivité atavique et sa tristesse apparente lui fera subir les moqueries des enfants du catéchèse et le mépris des habitants mais sa force de conviction l'aidera à y faire face ainsi qu'au vieux couple d'aristocrates.



S'éloignant maladivement des contingences matérielles, il consigne ses réflexions et les conversations qu'il entretient au gré de ses rencontres qui ébranlent ses convictions. Doutant de son autorité, conscient de sa naïveté, il se demandera toujours si il sert correctement son sacerdoce au fil du récit qui s'articule en 3 parties et où le point d'orgue est l'échange houleux avec la comtesse.



Ce n'est ni une charge contre l'église, ni un texte opposant les croyants et les athées mais simplement un ensemble de questionnements sur la manière de faire face à la laideur, à la souffrance et finalement à la mort. C'est le cheminement fiévreux d'un membre du bas clergé qui voit dans dans son ministère une recherche constante d'amour et d'espérance et non une simple absolution. Il s'acquittera d'ailleurs jusqu'au bout de sa tâche tout en croyant mal faire.



C'est un texte riche et de haute volée qui ne peut laisser indifférent même les lecteurs mécréants comme moi. C'est pourquoi il est incompréhensible qu'une maison d'édition comme Plon ne soit pas en capacité de bénéficier de relecteur et laisse passer autant d'erreurs typographiques dans l'édition pocket.
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Journal d'un curé de campagne

J'avais déjà lu une grande partie du livre depuis sa réédition aux éditions pocket au printemps 2019.

C'est un roman qu'on lit par chapitres, pas tout d'un coup afin de pouvoir apprécier l'écriture.

Lors de l'opération Masse critique de ce mois de septembre, j'ai reçu la version audio des éditions Thélème et je les en remercie.

Ce qui venait bien à point car j'ai pu compléter ma lecture.

Le jeune curé d'Ambrecourt arrive dans une paroisse du nord et parle très vite d'ennui pas pour lui, pour les habitants.

Ensuite, il est vraiment préoccupé par les classes sociales, ce Dieu qui réconforte les pauvres mais ne leur apporte pas une vie meilleure.

Lui-même est né dans une extrême pauvreté et les prêtres vivent dans la pauvreté.

De faible constitution, il est souvent pris de maux d'estomac.

Le docteur du village lui confirme que son enfance pauvre, enfanté par des alcooliques n'a rien arrangé.

Il est bien triste ce roman mais tellement bien écrit.

J'ai beaucoup apprécié les échanges verbaux avec le curé de Torcy très fâché contre l'humanité, avec le docteur Debende qui avoue sa non croyance en Dieu et s'en justifie.

L'écriture est magnifique, presque envoûtante et je n'exagère en rien mon impression.

L'audition qui est arrivée alors que j'en étais au 17ème chapitre est tout autant prenante à condition de se plonger complètement dedans. J'ai pu lui consacrer du temps car mon mari avait de nombreuses réunions aujourd'hui. Je ne vais pas dire que j'étais fâchée qu'il rentre, j'avais assez écouté.

Le roman a reçu le prix de l'Académie française en 1936.

Dans les jours prochains, je m'intéresserai au parcours de vie de Bernanos car il me semble bien mouvementé.

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Journal d'un curé de campagne

Diatribe, ce roman est un récit désenchanté, une protestation contre la société de 1936.  

 

Colère et Douleur

Une colère contre un ordre établi où les riches, les gens titrés dominent les pauvres sans que leur mérite ne justifie leur domination. Mais les humbles, les opprimés ne valent guère mieux ». Misère et la luxure, brutalité et vulgarité, les gens sont décrits vivant sans foi, ni piété sincère : les simagrées tiennent lieu de convictions religieuses tandis que leur avilissement est le résultat d’une civilisation matérialiste, fustigeant la réussite, l’argent et le prestige. Le cinéma hebdomadaire pervertit les enfants, tout le monde cherche à s’enrichir frauduleusement. La machine a créé une nouvelle forme d’esclavage, multipliant les chômeurs. Quant à l’Église, elle pactise avec la pouvoir, elle aide les puissants à maintenir les faibles dans la soumission. Les banquiers sont mêmes qualifiés de dieux protecteurs !

Pendant ce temps, le curé éprouve de la sympathie pour les non-conformistes, pour ceux qu’écœurent la résignation de masse et l’outrecuidance des nantis. Il rêve de rétablir le pauvre dans tous ses droits et sa dignité. Mais, malheureusement, pour les profanes et même ses confrères, il leur apparait naïf empli d’illusions, mal adapté à la vie sociale. Traité avec condescendance, le curé est un personnage souffrant, souffrant dans son cœur mais aussi dans son corps. Il souffre d’un cancer à l’estomac. Pour autant, cet être pur est en proie à une lutte perpétuelle contre le Mal.

 

Le Mal et la Grâce

La créature est l’enjeu d’une lutte incessante que se livrent Dieu et Satan. Le monde est un champ clos où s’affrontent le Bien et le Mal. Le Mal prédomine, il pousse les hommes à pécher, revêt parfois la forme de l’ennui, tout en mettant l’amour en échec. Les villageois vivent une vie terne, sans joie, subissant les événements avec résignation, attendant la mort. On meurt d’ailleurs beaucoup dans le village. Comme il n’existe aucun esprit de communion, les morts sont vite oubliés. A ceux qui osent se révolter par pitié, colère ou soif de justice humaine, le malheur leur est réservé. Le Mal ne donne sa chance qu’à la haine !

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Journal d'un curé de campagne

Un jeune prêtre fraîchement sorti du séminaire vient d'être nommé dans une petite paroisse du nord de la France. Ses débuts y sont difficiles : sa simplicité, sa naïveté dans les rapports sociaux et son état maladif empêchent les habitants de le prendre vraiment au sérieux. La foi sincère qui l'habite et qu'il cherche à transmettre ne rencontre que peu d'échos parmi la population, qui préfère que le curé s'en tienne à son rôle social habituel, sans faire de vagues. Aussi décide-t-il de tenir son journal intime et d'y raconter les réflexions trop longues pour faire l'objet de prières.



Les livres de Bernanos me donnent toujours deux sentiments contradictoires : d'abord, je suis sous le charme d'une qualité d'écriture incontestable. D'autre part, les thèmes qu'il aborde (la foi, le doute, le péché, ...) me sont complètement étrangers et je décroche instantanément dès qu'il essaie de développer ses idées. J'imagine sans peine que les lecteurs qui sont sur la même longueur d'onde que l'auteur doivent se régaler, mais pour moi, ses romans me laissent toujours une impression de rendez-vous manqué.
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Le journal d'un curé de campagne de Georges Bernanos

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