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Citations de Georges Darien (159)


Le récit émouvant d'un bon crime apaise maintes colères et tue dans l'œuf bien des actions que la société redoute.
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L'homme libre sur la terre libre, ce n'était qu'un rêve qu'il avait fait, lui, le réaliste par excellence, un rêve sublime qui ne se réaliserait jamais ...
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Ah ! Si les détroussés des entreprises financières, les victimes de l'arbitraire gouvernemental avaient pris le parti d'agir contre les auteurs, en chair et en os, de leurs misères, il n'y aurait pas eu, après ce désastre, cette iniquité, et cette infamie après cette ruine. La vendetta n'est pas toujours une mauvaise chose, après tout, ni même une chose immorale ; et devant l'approbation universelle qui aurait salué, par exemple, l'exécution d'un forban de l'agio, le maquis serait devenu inutile... Mais ce sont les institutions, aujourd'hui, qui sont coupables de tout ; on a oublié qu'elles n'existent que par les hommes. Et plus personne n'est responsable, nulle part, ni en politique ni ailleurs...
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Libéré ! Ce mot me fait réfléchir longuement, pendant cette nuit où je me suis allongé, pour la dernière fois, dans un lit militaire. Je compte. Collège, caserne. Voilà quatorze ans que je suis enfermé. Quatorze ans ! Oui, la caserne continue le collège... Et les deux, où l'initiative de l'être est brisée sous la barre de fer des règlements, où la vengeance brutale s'exerce et devient juste dès qu'on l'appelle punition - les deux sont la prison - Quatorze années d'internement, d'affliction, de servitude - pour rien...

Mais qu'est-ce qu'il faudra que je fasse, à présent que je suis libéré, pour qu'on m'incarcère pendant aussi longtemps ? Quelle multitude de délits, quelle foule de crimes me faudra-t-il commettre ?...
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Éducation. La chasse aux instincts. On me reproche mes défauts ; on me fait honte de mes imperfections. Je ne dois pas être comme je suis, mais comme il faut. Pourquoi faut-il ?... On m'incite à suivre les bons exemples ; parce qu'il n'y a que les mauvais qui décident à agir. On m'apprend à ne pas tromper les autres ; mais point à ne pas me laisser tromper. On m'inocule la raison - ils appellent ça comme ça - juste à la place du cœur. Mes sentiments violents sont criminels, ou au moins déplacés ; on m'enseigne à les dissimuler. De ma confiance, on fait quelque chose qui mérite d'avoir un nom : la servilité ; de mon orgueil, quelque chose qui ne devrait pas en avoir : le respect humain. Le crâne déprimé par le casque d'airain de la saine philosophie, les pieds alourdis par les brodequins à semelles de plomb dont me chaussent les moralistes, je pourrai décemment, vers mon quatrième lustre, me présenter à mes semblables. J'aurai du savoir-vivre. Je regarderai passer ma vie derrière le carreau brouillé des conventions hypocrites, avec permission de la romantiser un peu, mais défense de la vivre. J'aurai peur. Car il n'y a qu'une chose qu'on m'apprenne ici, je le sais ! On m'apprend à avoir peur.
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Je ne veux pas être un larron légal ; je n’ai de goût pour aucun genre d’esclavage. Je veux être un voleur, sans épithète. Je vivrai sans travailler et je prendrai aux autres ce qu’ils gagnent ou ce qu’ils dérobent, exactement comme le font les gouvernants, les propriétaires et les manieurs de capitaux.
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Conclusion ? Je ne serai plus un voleur, c'est certain. Et encore ! Pour répondre de l'avenir, il faudrait qu'il ne me fût pas possible d'interroger le passé... J'ai voulu vivre à ma guise, et je n'y ai pas réussi souvent. J'ai fait beaucoup de mal à mes semblables, comme les autres ; et même un peu de bien, comme les autres ; le tout sans grande raison et parfois malgré moi, comme les autres. L'existence est aussi bête, voyez-vous, aussi vide et aussi illogique pour ceux qui la volent que pour ceux qui la gagnent. Que faire de son cœur ? que faire de son énergie ? que faire de sa force ?
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Ah ! ils y tiennent, à leur patriotisme ! Ils y tiennent, comme on tient aux sentiments factices, ceux qu'on n'éprouve pas – et qu'on se targue d'éprouver...
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Ah ! pauvre petit soldat, toi qui es mort en appelant ta mère, toi qui, dans ton délire, avais en ton oeil terne la vision de ta chaumière, tu vas dormir là, rongé, à vingt-trois ans, par les vers de cette terre sur laquelle tu as tant pâti, sur laquelle tu es mort, seul, abandonné de tous, sans personne pour calmer tes ultimes angoisses, sans d'autre main pour te fermer les yeux que la main brutale d'un infirmier qui t'engueulait, la nuit, quand tes cris désespérés venaient troubler son sommeil. Ah ! je sais bien, moi, pourquoi ta maladie est devenue incurable. Je sais bien, mieux que le médecin qui a disséqué ton corps amaigri, pourquoi tu es couché dans la tombe. Et je te plains, va, pauvre victime, de tout mon coeur, comme je plains ta mère qui t'attend peut-être en comptant les jours, et qui va recevoir, sec et lugubre, un procès-verbal de décès...

Eh bien ! non, je ne te plains pas, toi, cadavre ! Eh bien ! non, je ne te plains pas, toi, la mère ! Je ne vous plains pas, entendez-vous ? pas plus que je ne plains les fils que tuent les buveurs de sang, pas plus que je ne plains les mères qui pleurent ceux qu'elles ont envoyés à la mort.

Ah ! vieilles folles de femmes qui enfantez dans la douleur pour livrer le fruit de vos entrailles au Minotaure qui les mange, vous ne savez donc pas que les louves se font massacrer plutôt que d'abandonner leurs louveteaux et qu'il y a des bêtes qui crèvent, quand on leur enlève leurs petits ? Vous ne comprenez donc pas qu'il vaudrait mieux déchirer vos fils de vos propres mains, si vous n'avez pas eu le bonheur d'être stériles, que de les élever jusqu'à vingt et un ans pour les jeter dans les griffes de ceux qui veulent en faire de la chair à canon ? Vous n'avez donc plus d'ongles au bout des doigts pour défendre vos enfants ?
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Les anciens entament le Chant des camisards, un chant monotone et plaintif dont j'entendrai bien des fois encore retenir des couplets ; un chant noirci par la résignation du paria et plaqué de rouge par l'ironie du galérien qui rêve de briser sa chaîne :

Savez-vous ce qu'il faut faire
En ce lieu ?
Il faut tout voir et se taire,
Nom de Dieu !...
Nos Chaouchs, qui sont des vaches,
Nous emmerdent, nous attachent,
Mais sur leur gourite on crache
Quand on peut.

Et tous en cœur, ils se mettent à chanter le refrain :

Répétons à l'envi
Ce refrain sans souci :
Vivent l'amour et le vin,
La danse, les joyeux festins !
Oui, tout cela reviendra,
Oui tout cela reviendra,
Quand le diable le voudra !
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Oui, nous sommes battus par les Prussiens, mais battus glorieusement, héroïquement, battus comme Roland à Roncevaux, battus comme une poignée de chevaliers succombant sous les coups d'une horde entière de barbares. Beaux vainqueurs, vraiment, que ces vandales qui s'embusquent pour surprendre les corps les plus faibles et les écraser sans danger ! Beaux vainqueurs, que ces lâches Teutons qui ne savent combattre que lorsqu'ils sont dix contre un !

M. Pion ne dérage pas. Il traite les Prussiens de cochons, de brutes, de sauvages, depuis le matin jusqu'au soir.

M. Beaudrain cite le vers fameux : « A vaincre sans péril on triomphe sans gloire. »
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M. Legros, seul de toutes les personnes qui viennent chez nous, rit toujours ; seulement il est bête comme une oie. Il a des yeux en boules de loto, des narines poilues, des oreilles en feuilles de chou et un gros menton rasé de près, tout piqué de trous, qui ressemble à une pomme d'arrosoir.
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- Nous sommes réunis, vous le savez, pour décider de votre envoi aux Compagnies de discipline. Qu'avez-vous à dire pour votre défense ?
- Deux choses : 1° Que ma conduite n'a pas été mauvaise depuis mon entrée au service ; elle n'a commencé à l'être que du jour où les taquineries et les vexations de toute nature m'ayant poussé à bout, je suis devenu une de ces têtes de Turc sur lesquelles frappe à tour de bras l'aveugle cohue des galonnés ; que, d'ailleurs, dans l'armée, quand un homme a commencé à mettre le pied dans le bourbier des punitions, on n'essaye pas de le retirer, on l'enfonce. 2° Que, si j'ai commis des fautes - et, je le fais remarquer en passant, toutes fautes contre la discipline - je les ai expiées et que je ne crois pas qu'on puisse, raisonnablement, châtier deux fois, pour le même délit, un individu, si malintentionné qu'il soit. Que, par conséquent, j'ai beaucoup de peine à comprendre pourquoi l'on veut, aujourd'hui, m'infliger une peine énorme précisément parce que j'en ai déjà subi un nombre considérable.
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Je suis un voleur, c’est vrai. Mais j’ai assez de philosophie pour me rendre compte de la signification des mots et pour ne leur attribuer que l’importance qu’ils méritent. Dans l’état naturel, le voleur, c’est celui qui a du superflu, le riche, « Dans l’état social actuel, le voleur c’est celui qui rançonne le riche. Quel bouleversement d’idées ! » ainsi qu’on l’a dit avant moi. Mais qu’importe ? L’erreur n’a qu’un temps…
Au fond, je mets simplement en jeu, moi, fils et neveu de bourgeois, par des actes franchement caractérisés, des aptitudes que j’ai reçues de mes parents et qu’ils développaient sournoisement, dans leur genre d’existence timide, par des actes fort rapprochés des miens.
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En parlant des oiseaux :
Elles peuvent se moquer de l'homme,ces jolies créatures ui Vivent libres,de l'homme qui ne comprend plus la nature et ne sait même plus là voir,de l'homme qui se martyrisé et se tué à ramasser,dans la fange,des richesses plus fugitives et plus illusoires peut être que celles que crée cette lumière qui joue sur l'ombre au gré du vent...
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Par le fait de la soumission à l’autorité infinie de l’État, l’activité morale ayant cessé avec l’existence de l’Individu, tous les progrès accomplis par le cerveau humain se retournent contre l’homme et deviennent des fléaux ; tous les pas de l’humanité vers le bonheur sont des pas vers l’esclavage et le suicide. Les outils forcés autrefois deviennent des buts, de moyens qu’ils étaient. Ce ne sont plus des instruments de libération, mais des primes à toutes les spoliations, à toutes les corruptions.
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Le nombre des êtres humains qui traversent l'existence sans jamais rien voir ou rien entendre est prodigieux.


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C'est drôle, Léon est convaincu que les Français ont été vainqueurs. Je ne sais pas comment il s'arrange, mais c'est comme ça. Il admet bien qu'en définitive nous sommes battus, mais battus sans l'être, battus avec le beau rôle, battus pour la forme. Il prétend qu'au fond, en poussant jusqu'au bout l'examen des faits, en approfondissant la question, il est impossible de douter de notre succès définitif. C'est un succès moral, ce succès-là ; mais enfin c'est un succès – et le plus grand.
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Et les types défilent, identiques moralement, laids physiquement, grelottant d'hypocrisie et de servilité; de l'or, sur tout ça, récompensant des années de service dérisoire, des besognes souvent inavouables.
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L'armée incarne la nation ! Elle la diminue. Elle incarne la force brutale et aveugle, la force au service de celui qui sait lui plaire et - c'est triste à dire, mais c'est vrai - de celui qui peut la payer.

«Cela s'est fait, mais ne se fera plus.» Si, la blessure ne se guérira point. La gangrène y est. L'armée, c'est le réceptacle de toutes les mauvaises passions, la sentine de tous les vices. Tout le monde vole, là-dedans, depuis le caporal d'ordinaire, depuis l'homme de corvée qui tient une anse du panier, jusqu'à l'intendant général, jusqu'au ministre. Ce qui se nomme gratte et rabiau en bas s'appelle en haut boni et pot-de-vin.

Tout le monde s'y déteste, tout le monde s'y envie, tout le monde s'y torture, tout le monde s'y espionne, tout le monde s'y dénonce. Cela, au nom de soi-disant principes de discipline dégradante, de hiérarchie inutile. Avoir un grade, c'est avoir le droit de punir. Punir toujours, punir pour tout. De peines corporelles, naturellement ; celles-là seules sont en vigueur... Ah ! c'est triste qu'un bout de galon permette à un homme de mettre en prison son ennemi - ou de faire fusiller son camarade.
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