AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Gérard de Nerval (508)


Parfois, je croyais ma force et mon activité doublées; il me semblait tout savoir, tout comprendre ; l'imagination m'apportaient des délices infinies. En recouvrant ce que les hommes appellent la raison, faudra-t-il regretter de les avoir perdues?...
Commenter  J’apprécie          00
— Mon caractère, seigneur, répondrait mal à vos bontés. Indépendant par nature, solitaire par vocation, indifférent aux honneurs pour lesquels je ne suis point né, je mettrais souvent votre indulgence à l'épreuve. Les rois ont l'humeur inégale ; l'envie les environne et les assiège -, la fortune est inconstante : je l'ai trop éprouvé. Ce que vous appelez mon triomphe et ma gloire n'a-t-il pas failli me coûter l'honneur, peut-être la vie?
Commenter  J’apprécie          00
« Madame, répondit-il avec un certain embarras et en fixant sur elle des regards perçants, j'ai parcouru bien des contrées ; ma patrie est partout où le soleil éclaire ; mes premières années se sont écoulées le long de ces vastes pentes du Liban, d'où l'on découvre au loin Damas dans la plaine. La nature et aussi les hommes ont sculpté ces contrées montagneuses, hérissées de roches menaçantes et de ruines.
— Ce n'est point, fit observer la reine, dans ces déserts que l'on apprend les secrets des arts où vous excellez…
— C'est là du moins que la pensée s'élève, que l'imagination s'éveille, et qu'à force de méditer l'on s'instruit à concevoir. Mon premier maître fut la solitude ; dans mes voyages, depuis, j'en ai utilisé les leçons. J'ai tourné mes regards sur les souvenirs du passé ; j'ai contemplé les monuments, et j'ai fui la société des humains...
— Et pourquoi, maître?
— L'on ne se plaît guère dans la compagnie de ses semblables... et je me sentais seul. *
Commenter  J’apprécie          10
Bien que vous parliez à merveille, répondit-il, ce n'est point pour jouir de cette éloquence que je suis venu vous trouver dans le temple : malheur au roi qui ne se nourrit que de paroles. Trois inconnus vont se présenter ici, demander à m'entretenir, et ils seront entendus, car je sais leur dessein. Pour cette audience, j'ai choisi ce lieu ; il importait que leur démarche restât secrète.
— Ces hommes, seigneur, quels sont-ils ?
— Des gens instruits de ce que les rois ignorent : on peut apprendre beaucoup avec eux.
Commenter  J’apprécie          00
— Ta pensée rêve toujours l'impossible.
— Nous sommes nés trop tard ; le monde est vieux, la vieillesse est débile; tu as raison. Décadence et chute ! tu copies la nature avec froideur, tu t'occupes comme la ménagère qui tisse un voile de lin ; ton esprit hébété se fait tour à tour l'esclave d'une vache, d'un lion, d'un cheval, d'un tigre, et ton travail a pour but de rivaliser par l'imitation avec une génisse, une lionne, une tigresse, une cavale ces bêtes font ce que tu exécutes, et plus encore, car elles transmettent la vie avec la forme. Enfant, l'art n'est point là : il consiste à créer. Quand tu dessines un de ces ornements qui serpentent le long des frises, te bornes-tu à copier les fleurs et les feuillages qui rampent sur le sol ? Non : tu inventes, tu laisses courir le stylet au caprice de l'imagination, entremêlant les fantaisies les plus bizarres. Eh bien, à côté de I'homme et des animaux existants, que ne cherches-tu de même des formes inconnues, des êtres innommés, des incarnations devant lesquelles l'homme a reculé, des accouplements terribles, des figures propres à répandre le respect, la gaieté, la stupeur ou l'effroi ! Souviens-toi des vieux Égyptiens, des artistes hardis et naïfs de l'Assyrie. N'ont-ils pas arraché des flancs du granit ces sphinx, ces cynocéphales, ces divinités de basalte dont l'aspect révoltait le dieu du vieux Daoud ? En revoyant d'âge en âge ces symboles redoutables, on répétera qu'il exista jadis des génies audacieux. Ces gens-là songeaient-ils à la forme ? Ils s'en raillaient, et, forts de leurs inventions, ils pouvaient crier à celui qui créa tout : ces êtres de granit, tu ne les devines point et tu n'oserais les animer. Mais le dieu multiple de la nature vous a ployés sous le joug : la matière vous limite ; votre génie dégénéré se plonge dans les vulgarités de la forme ; l'art est perdu.
Commenter  J’apprécie          00
Une nuit Dieu m'apparait : sa face ne peut être décrite. Il me dit : «— Espère...
« Dépourvu d'expérience, isolé dans un monde inconnu, je répliquai timide : « — Seigneur, je crains...
« Il reprit : — Cette crainte sera ton salut. Tu dois mourir ; ton nom sera ignoré de tes frères et sans écho dans les âges ; de toi va naître un fils que tu ne verras pas. De lui sortiront des êtres perdus parmi la foule comme les étoiles errantes à travers le firmament. Souche de géants, j'ai humilié ton corps; tes descendants naîtront faibles; leur vie sera courte; l'isolement sera leur partage. L'âme des génies conservera dans leur sein sa précieuse étincelle, et leur grandeur fera leur supplice. Supérieurs aux hommes, ils en seront les bienfaiteurs et se verront l'objet de leurs dédains ; leurs tombes seules seront honorées. Méconnus durant leur séjour sur la terre, ils posséderont l'âpre sentiment de leur force, et ils l'exerceront pour la gloire d'autrui. Sensibles aux malheurs de l'humanité, ils voudront les prévenir, sans se faire écouter. Soumis à des pouvoirs médiocres et vils, ils échoueront à surmonter ces tyrans méprisables. Supérieurs par leur âme, ils seront le jouet de l'opulence et de la stupidité heureuse. Ils fonderont la renommée des peuples et n'y participeront pas de leur vivant. Géants de l'intelligence, flambeaux du savoir, organes du progrès, lumières des arts, instruments de la liberté, eux seuls resteront esclaves, dédaignés, solitaires. Cœurs tendres, ils seront en butte à l'envie ; âmes énergiques, ils seront paralysés pour le bien... Ils se méconnaîtront entre eux.
« — Dieu cruel ! m'écriai-je ; du moins leur vie sera courte et l'âme brisera le corps.
Commenter  J’apprécie          00
Gérard de Nerval
Le coucher du soleil

Quand le Soleil du soir parcourt les Tuileries
Et jette l’incendie aux vitres du château,
Je suis la Grande Allée et ses deux pièces d’eau
Tout plongé dans mes rêveries !

Et de là, mes amis, c’est un coup d’œil fort beau
De voir, lorsqu’à l’entour la nuit répand son voile,
Le coucher du soleil, – riche et mouvant tableau,
Encadré dans l’arc de l’Etoile !

Odelettes
Commenter  J’apprécie          70
Avril

Déjà les beaux jours, – la poussière,
Un ciel d’azur et de lumière,
Les murs enflammés, les longs soirs ; –
Et rien de vert : – à peine encore
Un reflet rougeâtre décore
Les grands arbres aux rameaux noirs !

Ce beau temps me pèse et m’ennuie.
– Ce n’est qu’après des jours de pluie
Que doit surgir, en un tableau,
Le printemps verdissant et rose,
Comme une nymphe fraîche éclose
Qui, souriante, sort de l’eau.

Gérard de Nerval, Odelettes.
Commenter  J’apprécie          80
Fantaisie
Gérard de Nerval

Il est un air pour qui je donnerais
Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber,
Un air très vieux, languissant et funèbre,
Qui pour moi seul a des charmes secrets.

Or, chaque fois que je viens à l’entendre,
De deux cents ans mon âme rajeunit :
C’est sous Louis treize ; et je crois voir s’étendre
Un coteau vert, que le couchant jaunit,

Puis un château de brique à coins de pierre,
Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,
Ceint de grands parcs, avec une rivière
Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs ;

Puis une dame, à sa haute fenêtre,
Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens,
Que, dans une autre existence peut-être,
J’ai déjà vue… – et dont je me souviens !

Gérard de Nerval
Commenter  J’apprécie          73
Ils ont de beaux palais sans aimer l'art, de beaux jardins sans aimer la nature, de belles femmes sans comprendre l'amour.
Commenter  J’apprécie          90
Dans l'affection que je vous porte il y a trop de passé pour qu'il n'y ait pas beaucoup d'avenir.
Commenter  J’apprécie          10
Sur le seuil, Soliman offre la main à son hôtesse, qui avance son petit pied et le retire vivement avec surprise. La salle est couverte d’une nappe d’eau dans laquelle la table, les divans et les cierges se reflètent.
– Qui vous arrête ? demande Soliman d’un air étonné.
Balkis veut se montrer supérieure à la crainte ; d’un geste charmant, elle relève sa robe et plonge avec fermeté. Mais le pied est refoulé par une surface solide.
– Ô reine ! vous le voyez, dit le sage, le plus prudent se trompe en jugeant sur l’apparence ; j’ai voulu vous étonner et j’y ai enfin réussi… Vous marchez sur un parquet de cristal.
Commenter  J’apprécie          10
– Votre proposition me fl atte, dit Balkis, et nous en parlerons plus tard.
Commenter  J’apprécie          00
– Ah ! grande reine, s’écria Soliman en s’agenouillant devant elle, vous êtes digne de commander aux hommes, aux rois et aux éléments.
Commenter  J’apprécie          00
des nuées d’oiseaux s’abattent sur le temple, se groupent, descendent en rond, se pressent les uns contre les autres, se distribuent en feuillage tremblant et splendide ; leurs ailes déployées forment de riches bouquets de verdure, d’écarlate, de jais et d’azur
Commenter  J’apprécie          20
Autant Balkis avait admiré le palais, autant elle critiqua le temple.
Commenter  J’apprécie          00
Le palais fut visité et obtint le suffrage de la reine de Saba, qui le trouva riche, commode, original et d’un goût exquis.
Commenter  J’apprécie          00
Il eût avec satisfaction tordu le cou de la huppe, qui lui becquetait la poitrine à l’endroit du cœur avec une persistance étrange.
– Hud-Hud s’efforce de vous faire entendre que la source de la poésie est là, dit la reine.
Commenter  J’apprécie          00
– Votre sérénité, dit-il à la reine Balkis, possède là un bien bel oiseau, dont l’espèce m’est inconnue. […]
– Nous l’appelons Hud-Hud [la huppe], répondit-elle. […] C’est un animal très utile pour diverses commissions aux habitants et aux esprits de l’air.
Commenter  J’apprécie          00
Soliman interpréta sans broncher les trois énigmes, grâce au grand prêtre Sadoc, qui, la veille, en avait payé comptant la solution au grand prêtre des
Sabéens.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Gérard de Nerval Voir plus

Quiz Voir plus

Les Fourberies De Scapin.

Qui est Octave pour Hyacinte ?

Son frere
Son pere
Son amant
Son valet

8 questions
464 lecteurs ont répondu
Thème : Les fourberies de Scapin de MolièreCréer un quiz sur cet auteur

{* *}