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Citations de Gérard de Nerval (507)


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(ODELETTES) Une allée au Luxembourg

Elle a passé, la jeune fille
Vive et preste comme un oiseau ;
A la main une fleur qui brille,
A la bouche un refrain nouveau

C’est peut-être la seule au monde
Dont le cœur au mien répondrait,
Qui venant dans ma nuit profonde
D’un seul regard l’éclaircirait !

Mais non – ma jeunesse est finie…
Adieu, doux rayon qui m’as lui,
Parfum, jeune fille, harmonie…
Le bonheur passait – il a fui !
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Aurélia, première partie, chapitres IV
J’entrai dans une maison riante, dont un rayon de soleil couchant traversait gaiement les contrevents verts que festonnait la vigne. Il me semblait que je rentrais dans une demeure connue, celle d’un oncle maternel, peintre flamand, mort depuis plus d’un siècle. Les tableaux ébauchés étaient suspendus çà et là ; l’un d’eux représentait la fée célèbre de ce rivage. Une vieille servante, que j’appelai Marguerite et qu’il me semblait connaître depuis l’enfance, me dit : "N’allez-vous pas vous mettre sur le lit ? car vous venez de loin, et votre oncle rentrera tard ; on vous réveillera pour souper." Je m’étendis sur un lit à colonnes drapé de perse à grandes fleurs rouges. Il y avait en face de moi une horloge rustique accrochée au mur, et sur cette horloge un oiseau qui se mit à parler comme une personne. Et j’avais l’idée que l’âme de mon aïeul était dans cet oiseau ; mais je ne m’étonnais pas plus de son langage et de sa forme que de me voir transporté comme d’un siècle en arrière. L’oiseau me parlait de personnes de ma famille vivantes ou mortes en divers temps, comme si elles existaient simultanément, et me dit : "Vous voyez que votre oncle avait eu soin de faire son portrait d’avance… maintenant elle est avec nous." Je portais les yeux sur une toile qui représentait une femme en costume ancien à l’allemande, penchée sur le bord du fleuve, et les yeux attirés vers une touffe de myosotis.
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Que tout cela est solitaire et triste ! Le regard enchanté de Sylvie, ses courses folles, ses cris joyeux, donnaient autrefois tant de charme aux lieux que je viens de parcourir ! C’était encore une enfant sauvage, ses pieds étaient nus, sa peau hâlée malgré son chapeau de paille, dont le large ruban flottait pêle-mêle avec ses tresses de cheveux noirs ; nous allions boire du lait à la ferme suisse, et l’on me disait : "Qu’elle est jolie, ton amoureuse, petit Parisien !" Oh ! ce n’est pas alors qu’un paysan aurait dansé avec elle ! Elle ne dansait qu’avec moi, une fois par an, à la fête de l’arc. / J’ai repris le chemin de Loisy.
(Sylvie)
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La traversée du lac avait été imaginée peut-être pour rappeler le Voyage à Cythère de Watteau. Nos costumes modernes dérangeaient seuls l’illusion. L’immense bouquet de la fête, enlevé du char qui le portait, avait été placé sur une grande barque; le cortège des jeunes filles vêtues de blanc qui l’accompagnent selon l’usage avait pris place sur les bancs, et cette gracieuse théorie renouvelée des jours antiques se reflétait dans les eaux calmes de l’étang qui la séparait du bord de l’île si vermeil aux rayons du soir avec ses halliers d’épine, sa colonnade et ses clairs feuillages. Toutes les barques abordèrent en peu de temps. La corbeille portée en cérémonie occupa le centre de la table, et chacun prit place, les plus favorisés auprès des jeunes filles : il suffisait pour cela d’être connu de leurs parents. Ce fut la cause qui fit que je me retrouvai près de Sylvie […] Ce n’était plus cette petite fille de village que j’avais dédaignée pour une plus grande et plus faite aux grâces du monde […] Je ne pus m’empêcher de lui dire combien je la trouvais différente d’elle-même, espérant couvrir ainsi mon ancienne et rapide infidélité.
Tout me favorisait d’ailleurs, l’amitié de son frère, l’impression charmante de cette fête, l’heure du soir et le lieu même où, par une fantaisie pleine de goût, on avait reproduit une image des galantes solennités d’autrefois...Tant que nous pouvions, nous échappions à la danse pour causer de nos souvenirs d’enfance et pour admirer en rêvant à deux les reflets du ciel sur les ombrages et sur les eaux. Il fallut que le frère de Sylvie nous arrachât à cette contemplation en disant qu’il était temps de retourner au village assez éloigné qu’habitaient ses parents. / C’était à Loisy, dans l’ancienne maison du garde.
(Sylvie)
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EL DESDICHADO

Je suis le ténébreux, — le veuf, — l’inconsolé,
Le prince d’Aquitaine à la tour abolie :
Ma seule étoile est morte, — et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

Dans la nuit du tombeau, toi qui m’as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d’Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon cœur désolé,
Et la treille où le pampre à la rose s’allie.

Suis-je Amour ou Phébus ?… Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la reine ;
J’ai rêvé dans la grotte où nage la syrène…

Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée
Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.
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Dans les bois

Au printemps l'oiseau naît et chante :
N'avez-vous pas ouï sa voix ?...
Elle est pure, simple et touchante,
La voix de l'oiseau ― dans les bois !

L'été, l'oiseau cherche l'oiselle ;
Il aime ― et n'aime qu'une fois !
Qu'il est doux, paisible et fidèle,
Le nid de l'oiseau ― dans les bois !

Puis quand vient l'automne brumeuse,
Il se tait... avant les temps froids.
Hélas ! qu'elle doit être heureuse
La mort de l'oiseau ― dans les bois !
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Le christ aux Oliviers

En cherchant l'oeil de Dieu, je n'ai vu qu'une orbite
Vaste, noire et sans fond, d'où la nuit qui l'habite
Rayonne sur le monde et s'épaissit toujours ;

Un arc-en-ciel étrange entoure ce puits sombre,
Seuil de l'ancien chaos dont le néant est l'ombre,
Spirale engloutissant les Mondes et les Jours. "
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Je sais pourquoi là-bas le volcan s'est rouvert...
C'est qu'hier tu l'avais touché d'un pied agile,
Et de cendres soudain l'horizon s'est couvert.

Depuis qu'un duc normand brisa tes dieux d'argile,
Toujours, sous les rameaux du laurier de Virgile,
Le pâle hortensia s'unit au myrte vert !

Myrthô
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Dans les bois

Au printemps l'oiseau naît et chante :

N'avez-vous pas ouï sa voix ?... 

Elle est pure, simple et touchante,

La voix de l'oiseau - dans les bois !



L'été, l'oiseau cherche l'oiselle ;

Il aime - et n'aime qu'une fois ! 

Qu'il est doux, paisible et fidèle,

Le nid de l'oiseau - dans les bois !



Puis quand vient l'automne brumeuse,

Il se tait... avant les temps froids. 

Hélas ! qu'elle doit être heureuse

La mort de l'oiseau - dans les bois !
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Quoi qu'il en soit, je crois que l'imagination humaine n'a rien inventé qui ne soit vrai, dans ce monde ou dans les autres, et je ne pouvais douter de ce que j'avais vu si distinctement. Une idée terrible me vint : l'homme est double, me dis-je.
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Tout est plein, tout est vivant dans le monde, où, depuis le péché, des voiles obscurcissent la matière...Et moi, par une initiation que je n'ai point cherchée et que souvent je déplore, je les ai soulevés comme le vent soulève d'épais brouillards.
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AVRIL

Déjà les beaux jours, ― la poussière,
Un ciel d'azur et de lumière,
Les murs enflammés, les longs soirs ; ―
Et rien de vert : ― à peine encore
Un reflet rougeâtre décore
Les grands arbres aux rameaux noirs !

Ce beau temps me pèse et m'ennuie.
― Ce n'est qu'après des jours de pluie
Que doit surgir, en un tableau,
Le printemps verdissant et rose,
Comme une nymphe fraîche éclose
Qui, souriante, sort de l'eau.
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La langue des paysans eux-mêmes est du plus pur français, à peine modifié par une prononciation où les désinences des mots montent au ciel à la manière du chant de l'alouette... Chez les enfants cela forme comme un ramage. Il y a aussi dans les tournures de phrases quelque chose d'italien, - ce qui tient sans doute au long séjour qu'ont fait les Médicis et leur suite florentine dans ces contrées, divisées autrefois en apanages royaux et princiers.
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La célèbre bibliothèque d'Alexandrie n'était ouverte qu'aux savants ou aux poètes connus par des ouvrages d'un mérite quelconque. Mais aussi l'hospitalité y était complète, et ceux qui venaient y consulter les auteurs étaient logés et nourris gratuitement pendant tout le temps qu'il leur plaisait d'y séjourner.
Et à ce propos, - permettez à un voyageur qui en a foulé les débris et interrogé les souvenirs de venger la mémoire de l'illustre calife Omar de cet éternel incendie de la bibliothèque d'Alexandrie, qu'on lui reproche communément. Omar n'a jamais mis le pied à Alexandrie, - quoi qu'en aient dit bien des académiciens. Il n'a pas même eu d'ordres à envoyer sur ce point à son lieutenant Amrou. - La bibliothèque d'Alexandrie et le Serapéon, ou maison de secours, qui en faisait partie, avaient été brûlés et détruits au quatrième siècle par les chrétiens, - qui, en outre, massacrèrent dans les rues la célèbre Hypatie, philosophe pythagoricienne. Ce sont là, sans doute, des excès qu'on ne peut reprocher à la religion, - mais il est bon de laver du reproche d'ignorance ces malheureux Arabes dont les traductions nous ont conservé les merveilles de la philosophie, de la médecine et des sciences grecques, en y ajoutant leurs propres travaux, - qui sans cesse perçaient de vifs rayons la brume obstinée des époques féodales.
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Il est impossible, pour un Parisien, de résister au désir de feuilleter de vieux ouvrages étalés par un bouquiniste. Cette partie de la foire de Francfort me rappelait les quais, - souvenir plein d'émotion et de charme. J'achetai quelques vieux livres, - ce qui me donnait le droit de parcourir longuement les autres.
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Epitaphe

Il a vécu tantôt gai comme un sansonnet,
Tour à tour amoureux insoucieux et tendre,
Tantôt sombre et rêveur comme un triste Clitandre.
Un jour il entendit qu'à sa porte on sonnait.

C'était la Mort! Alors il la pria d'attendre
Qu'il eut posé le point à son dernier sonnet;
Et puis sans s'émouvoir, il s'en alla s'étendre
Au fond du coffre froid où son corps frissonnait.

Il était paresseux, à ce que dit l'histoire,
Il laissait trop sécher l'encre dans l'écritoire.
Il voulait tout savoir mais il n'a rien connu.

Et quand vint le moment où, las de cette vie,
Un soir d'hiver, enfin l'âme lui fut ravie,
Il s'en alla disant : " Pourquoi suis-je venu? "

869 - [Le Livre de poche n° 1226, p. 66]
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Suis-je Amour ou Phébus ?… Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la reine ;
J’ai rêvé dans la grotte où nage la syrène…

Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée
Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.
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Résumé :

Lire le résumé du livre d'occasion Les illuminés de Gérard De Nerval Cagliostro, Cazotte, le " roi de Bicêtre ", Restif de la Bretonne, ces illuminés et quelques autres " excentriques de la philosophie" ou " précurseurs du socialisme ", leur histoire, c'est un peu l'Eloge de la folie de Gérard de Nerval. Egarements du coeur, égarements de l'esprit, égarements de la chair aussi, et Nerval n'a sans doute rien écrit de plus subtil que ces pages où, à travers Les Confidences de Nicolas, il porte à son point de perfection poétique la tradition libertine du XVIIIe siècle.

Source : Gallimard
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"Je suis le veuf,l'inconsolé,le prince d'Aquitaine à la tour abolie,
Ma seule étoile est morte et mon luth constellé,
Porte le soleil noir de la mélancolie"Nerval
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Avec le temps, la passion des grands voyages s’éteint, à moins qu’on n’ait voyagé assez longtemps pour devenir étranger à sa patrie.

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