AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Gustave Flaubert (2962)


Maupassant à Flaubert

Ministère de la Marine et des Colonies

Paris, ce 21 août 1878

Je ne vous écrivais point, mon cher Maître, parce que je suis complètement démoli moralement. Depuis trois semaines je m'essaye à travailler tous les soirs sans avoir pu écrire une page propre. Rien, rien. Alors je descends peu à peu dans des noirs de tristesse et de découragement dont j'aurai bien du mal à sortir. Mon ministère me détruit peu à peu. Après mes sept heures de travaux administratifs, je ne puis plus me tendre assez pour rejeter toutes les lourdeurs qui m'accablent l'esprit. J'ai même essayé d'écrire quelques chroniques pour Le Gaulois afin de me procurer quelques sous. Je n'ai pas pu. Je ne trouve pas une ligne ; et j'ai envie de pleurer sur mon papier. [...] (p. 88)
Commenter  J’apprécie          60
À la différence de bien des épistoliers, présumant de la valeur littéraire de leurs lettres, Maupassant et Flaubert ne s'écrivent pas pour faire oeuvre. Ils s'écrivent pour faire avancer l'oeuvre. Ils ne se regardent pas écrire, ils s'écoutent, se répondent et se font parfois rire. Quand Flaubert traite Maupassant de "lubrique auteur, obscène jeune homme", c'est en référence à la pièce À la Feuille de rose et quand Maupassant écrit cet aphorisme :"Le cul des femmes est monotone comme l'esprit des hommes", ce n'est pas pour épater, mais pour exprimer sans ambages, quoiqu'avec style, sa misanthropie et ses besoins érotiques effrénés, causes de sa mort prématurée à 43 ans. Attentif et réceptif, Flaubert répond : "Vous vous plaignez du cul des femmes qui est "monotone". Il y a un remède bien simple, c'est de ne pas vous en servir."

Véronique Bui, Préface, p. 19 - 20
Commenter  J’apprécie          60
Gustave Flaubert
Il est bon et il peut même être beau de rire de la vie, pourvu qu'on vive. Il faut se placer au-dessus de tout et placer son esprit au-dessus de soi-même, j'entends la liberté de l'idée, dont je déclare impie toute limite.
.
Commenter  J’apprécie          60
Gustave Flaubert
Musique : Adoucit les mœurs. Ex. : la Marseillaise. (Dictionnaire des idées reçues)
Commenter  J’apprécie          60
Je ne te parle jamais de mes embêtements de famille, mais je n’en manque pas non plus. Mon frère, ma belle-sœur, mon beau-frère (ici maintenant plus fou et plus ivrogne que jamais), j’ai de tout cela plein le dos. Dieu ! que je suis gorgé de mes semblables ! Si j’étais seul, l’ennui ne durerait pas un quart d’heure et j’aurais bien vite envoyé promener toutes ces mauvaises bêtes. Patience ! Je me promets un jour un grand soulagement de ce côté. Mon entourage (qui, Dieu merci, m’entoure peu) recevra un jour de ma seigneurie une ruade telle qu’il ne s’en relèvera plus. Quelle admirable invention du Diable que les rapports sociaux !
Commenter  J’apprécie          61
Tu me parles de tes découragements ! si tu pouvais voir les miens ! Je ne sais pas comment quelquefois les bras ne me tombent pas du corps, de fatigue, et comment ma tête ne s’en va pas en bouillie. Je mène une vie âpre, déserte de toute joie extérieure, et où je n’ai rien pour me soutenir qu’une espèce de rage permanente, qui pleure quelquefois d’impuissance, mais qui est continuelle. J’aime mon travail d’un amour frénétique et perverti, comme un ascète le cilice qui lui gratte le ventre.

Quelquefois, quand je me trouve vide, quand l’expression se refuse, quand après [avoir] griffonné de longues pages, je découvre n’avoir pas fait une phrase, je tombe sur mon divan et j’y reste hébété comme dans un marais intérieur d’ennui. – Je me hais, et je m’accuse de cette démence d’orgueil qui me fait haleter après la chimère. Un quart d’heure après tout est changé, le cœur me bat de joie. Mercredi dernier, j’ai été obligé de me lever pour aller chercher mon mouchoir de poche. Les larmes me coulaient sur la figure. Je m’étais attendri moi-même en écrivant, et je jouissais délicieusement, et de l’émotion de mon idée, et de la phrase qui la rendait, et de la joie satisfaction de l’avoir trouvée.
Commenter  J’apprécie          62
Maximes et pensées



     Les hautes idées poussent à
l'ombre et au bord des précipices
comme les sapins.

p.185
Commenter  J’apprécie          60
L'amour, croyait-elle, devait arriver tout à coup, avec de grands éclats et des fulgurations, — ouragan des cieux qui tombe sur la vie, la bouleverse, arrache les volontés comme des feuilles et emporte à l'abîme le coeur entier.
Commenter  J’apprécie          60
Ainsi leur rencontre avait eu l’importance d’une aventure. Ils s’étaient, tout de suite, accrochés par des fibres secrètes. D’ailleurs, comment expliquer les sympathies ? Pourquoi telle particularité, telle imperfection indifférente ou odieuse dans celui-ci enchante-t-elle dans celui-là ? Ce qu’on appelle le coup de foudre est vrai pour toutes les passions. Avant la fin de la semaine, il se tutoyèrent.
Commenter  J’apprécie          60
Leurs yeux se fixèrent l'une sur l'autre, s'emplirent de larmes ; enfin la maîtresse ouvrit ses bras, la servante si jeta ; et elles s'etreignirent, satisfaisant leur douleur dans un baiser qui les égalisait.
Commenter  J’apprécie          60
L'importance attachée à des niaiseries, le pédantisme de la futilité m'exaspèrent ! Bafouons le chic !

[4 mai 1880]
Commenter  J’apprécie          60
"La bêtise humaine, actuellement, m'écrase tellement si fort que je me fais l'effet d'une mouche, ayant sur le dos l'Himalaya. N'importe ! je tâcherai de vomir mon venin dans mon livre : cet espoir me soulage"
Flaubert / Lettre à Edmond de Goncourt du 9 octobre 1877
Commenter  J’apprécie          60
L'action, pour certains hommes, est d'autant plus impraticable que le désir est plus fort. La méfiance d'eux-mêmes les embarrasse, la crainte de déplaire les épouvante ; d'ailleurs, les affections profondes ressemblent aux honnêtes femmes ; elles ont peur d'être découvertes, et passent dans la vie les yeux baissés.
Commenter  J’apprécie          60
Ce fut donc une occupation pour Emma que le souvenir de ce bal. Toutes les fois que revenait le mercredi, elle se disait en s'éveillant : "Ah ! il y a huit jours... il y a quinze jours... il y a trois semaines, j'y étais !" Et peu à peu, les physionomies se confondirent dans sa mémoire ; elle oublia l'air des contredanses ; elle ne vit plus nettement les livrées et les appartements ; quelques détails s'en allèrent, mais le regret lui resta.
Commenter  J’apprécie          60
Il n'avait jamais été curieux, disait-il, pendant qu'il habitait Rouen, d'aller voir au théâtre les acteurs de Paris. Il ne savait ni nager, ni faire des armes, ni tirer le pistolet, et il ne put, un jour, lui expliquer un terme d'équitation qu'elle avait rencontré dans un roman.
Un homme, au contraire, ne devait-il pas tout connaître, exceller en des activités multiples, vous initier aux énergies de la passion, aux raffinements de la vie, à tous les mystères ? Mais il n'enseignait rien, celui-là, ne savait rien, ne souhaitait rien. Il la croyait heureuse ; et elle lui en voulait de ce calme si bien assis, de cette pesanteur sereine, du bonheur même qu'elle lui donnait.
Commenter  J’apprécie          60
IMBÉCILLES (sic). Ceux qui ne pensent pas comme vous.
Commenter  J’apprécie          60
Les mouvements de son cœur se ralentirent un à un, plus vagues chaque fois, plus doux, comme une fontaine s'épuise, comme un écho disparaît ; et, quand elle exhala son dernier souffle, elle crut voir, dans les cieux entrouverts, un perroquet gigantesque, planant au-dessus de sa tête.
Commenter  J’apprécie          60
Une fois, la lune parut.
Commenter  J’apprécie          60
C'était un parti pris de résignation, une indulgence universelle.
Commenter  J’apprécie          60
Ceux qui commençaient à vieillir avaient l'air jeune, tandis que quelque chose de mûr s'étendait sur le visage des jeunes.
Commenter  J’apprécie          60



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Gustave Flaubert Voir plus

Quiz Voir plus

L'Éducation Sentimentale

Fumichon, concernant la propriété, évoque les arguments d'un homme politique dont Flaubert parle en ces terme dans une lettre à George Sand: "Peut-on voir un plus triomphant imbécile, un croûtard plus abject, un plus étroniforme bourgeois! Non! Rien ne peut donner l'idée du vomissement que m'inspire ce vieux melon diplomatique, arrondissant sa bêtise sur le fumier de la Bourgeoisie!". De qui s'agit-il?

Benjamin Constant
Adolphe Thiers
Proudhon
Frédéric Bastiat
Turgot

8 questions
174 lecteurs ont répondu
Thème : L'Education sentimentale de Gustave FlaubertCréer un quiz sur cet auteur

{* *}