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Citations de Gustave Flaubert (2960)


Il s’appelait Loulou et son corps était vert, le bout de ses ailes rose, son front bleu et sa gorge dorée. […] Elle entreprit de l’instruire ; Bientôt il répéta “Charmant garçon ! Serviteur, monsieur ! Je vous salue, Marie !” 
(Un cœur simple)
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Pendant un demi-siècle, les bourgeoises de Pont-l’Évêque envièrent à Madame Aubain sa servante Félicité. Pour cent francs par an, elle faisait la cuisine et le ménage, cousait, lavait, repassait, savait brider un cheval, engraisser les volailles, battre le beurre, et resta fidèle à sa maîtresse qui n’était pas cependant une personne agréable. 
(Un cœur simple)
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Elle était grande, brune, avec de magnifiques cheveux noirs qui lui tombaient en tresses sur les épaules ; son nez était grec, ses yeux brûlants, ses sourcils hauts et admirablement arqués, – sa peau était ardente et comme veloutée avec de l'or ; elle était mince et fine, on voyait des veines d'azur serpenter sur cette gorge brune et pourprée. Joignez à cela un duvet fin qui brunissait sa lèvre supérieure et donnait à sa figure une expression mâle et énergique à faire pâlir les beautés blondes. On aurait pu lui reprocher trop d'embonpoint ou plutôt un négligé artistique – aussi les femmes en général la trouvaient-elles de mauvais ton. Elle parlait lentement : c'était une voix modulée, musicale et douce. – Elle avait une robe fine de mousseline blanche qui laissait voir les contours moelleux de son bras.
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L'amour, croyait-elle, devait arriver tout à coup, avec de grands éclats et des fulgurations, -- ouragan des cieux qui tombe sur la vie, la bouleverse, arrache les volontés comme des feuilles et emporte à l'abîme le coeur entier.
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A compter les années cependant, il n’y a pas longtemps que je suis né, mais j’ai à moi des souvenirs nombreux dont je me sens accablé, comme le sont les vieillards de tous les jours qu’ils ont vécus ; il me semble quelques fois que j’ai duré pendant des siècles et que mon être renferme les débris de mille existences passées. Pourquoi cela ? Ai-je aimé ? Ai-je haï ? Ai-je cherché quelque chose ?
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L'aplomb dépend des milieux où il se pose ; on ne parle pas à l'entresol comme au quatrième étage, et la femme riche semble avoir autour d'elle, pour garder sa vertu, tous ses billets de banque comme une cuirasse, dans la doublure de son corset.
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Eh quoi ! dit-il, ne savez vous pas qu'il y a des âmes sans cesse tourmentées ? Il leur faut tour à tour le rêve et l'action, les passions les plus pures, les jouissances les plus furieuses, et l'on se jette ainsi dans toutes sortes de fantaisies, de folies.
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il l'embrassait ; et elle se déclara pour la République, — comme avait déjà fait Monseigneur l'Archevêque de Paris, et comme devaient faire avec une prestesse de zèle merveilleuse : la Magistrature, le Conseil d'État, l'Institut, les Maréchaux de France, Changarnier, M. de Falloux, tous les bonapartistes, tous les légitimistes, et un nombre considérable d'orléanistes.

La chute de la Monarchie avait été si prompte, que, la première stupéfaction passée, il y eut chez les bourgeois comme un étonnement de vivre encore. L'exécution sommaire de quelques voleurs, fusillés sans jugements, parut une chose très juste. On se redit, pendant un mois, la phrase de Lamartine sur le drapeau rouge, « qui n'avait fait que le tour du Champ de Mars, tandis que le drapeau tricolore », etc ; et tous se rangèrent sous son ombre, chaque parti ne voyant des trois couleurs que la sienne — et se promettant bien, dès qu'il serait le plus fort, d'arracher les deux autres.

Comme les affaires étaient suspendues, l'inquiétude et la badauderie poussaient tout le monde hors de chez soi. Le négligé des costumes atténuait la différence des rangs sociaux, la haine se cachait, les espérances s'étalaient, la foule était pleine de douceur. L'orgueil d'un droit conquis éclatait sur les visages. On avait une gaieté de carnaval, des allures de bivac ; rien ne fut amusant comme l'aspect de Paris, les premiers jours.


p. 316.
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Cependant, Frédéric n’était pas retourné chez les Dambreuse. Les capitaux lui manquaient. Ce seraient des explications à n’en plus finir ; il balançait à se décider. Peut-être avait-il raison ? Rien n’était sûr, maintenant, l’affaire des houilles pas plus qu’une autre ; il fallait abandonner un pareil monde ; enfin, Deslauriers le détourna de l’entreprise. À force de haine il devenait vertueux ; et puis il aimait mieux Frédéric dans la médiocrité. De cette manière, il restait son égal, et en communion plus intime avec lui.

p. 291.
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Le soir même, le tableau fut apporté. Il lui parut plus abominable encore que la première fois. Les demi-teintes et les ombres s’étaient plombées sous les retouches trop nombreuses, et elles semblaient obscurcies par rapport aux lumières, qui, demeurées brillantes çà et là, détonnaient dans l’ensemble.

Frédéric se vengea de l’avoir payé, en le dénigrant amèrement. Deslauriers le crut sur parole et approuva sa conduite, car il ambitionnait toujours de constituer une phalange dont il serait le chef ; certains hommes se réjouissent de faire faire à leurs amis des choses qui leur sont désagréables.

Cependant, Frédéric n’était pas retourné chez les Dambreuse. Les capitaux lui manquaient. Ce seraient des explications à n’en plus finir ; il balançait à se décider. Peut-être avait-il raison ? Rien n’était sûr, maintenant, l’affaire des houilles pas plus qu’une autre ; il fallait abandonner un pareil monde ; enfin, Deslauriers le détourna de l’entreprise. À force de haine il devenait vertueux ; et puis il aimait mieux Frédéric dans la médiocrité. De cette manière, il restait son égal, et en communion plus intime avec lui.

p. 291.
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Fils d’un contremaître, né à Lyon et ayant eu pour professeur un ancien disciple de Chalier, dès son arrivée à Paris, il s’était fait recevoir de la Société des Familles56, ses habitudes étaient connues ; la police le surveillait. Il s’était battu dans l’affaire de mai 183957 ; et, depuis lors, se tenait à l’ombre, mais s’exaltant de plus en plus, fanatique d’Alibaud58, mêlant ses griefs contre la société à ceux du peuple contre la monarchie, et s’éveillant chaque matin avec l’espoir d’une révolution qui, en quinze jours ou un mois, changerait le monde. Enfin, écœuré par la mollesse de ses frères, furieux des retards qu’on opposait à ses rêves et désespérant de la patrie, il était entré comme chimiste dans le complot des bombes incendiaires ; et on l’avait surpris portant de la poudre qu’il allait essayer à Montmartre, tentative suprême pour établir la République.

Dussardier ne la chérissait pas moins, car elle signifiait, croyait-il, affranchissement et bonheur universel. Un jour, — à quinze ans, — dans la rue Transnonain59, devant la boutique d’un épicier, il avait vu des soldats, la baïonnette rouge de sang, avec des cheveux collés à la crosse de leur fusil ; depuis ce temps-là le Gouvernement l’exaspérait comme l’incarnation même de l’Injustice. Il confondait un peu les assassins et les gendarmes ; un mouchard valait, à ses yeux, un parricide. Tout le mal répandu sur la terre, il l’attribuait naïvement au Pouvoir ; et il le haïssait d’une haine essentielle, permanente, qui lui tenait tout le cœur et raffinait sa sensibilité. Les déclamations de Sénécal l’avaient ébloui. Qu’il fût coupable ou non, et sa tentative odieuse, peu importait ! Du moment qu’il était la victime de l’Autorité, on devait le servir.


p. 258.
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[ ... ] Il avait annoté le Contrat social. Il se bourrait de la Revue Indépendante(27). Il connaissait Mably, Morelly, Fourier(28), Saint-Simon(29), Comte(30), Cabet(31), Louis Blanc(32), la lourde charretée des écrivains socialistes, ceux qui réclament pour l’humanité le niveau des casernes, ceux qui voudraient la divertir dans un lupanar ou la plier sur un comptoir ; et, du mélange de tout cela, il s’était fait un idéal de démocratie vertueuse, ayant le double aspect d’une métairie et d’une filature, une sorte de Lacédémone américaine où l’individu n’existerait que pour servir la Société, plus omnipotente, absolue, infaillible et divine que les Grands Lamas et les Nabuchodonosors. Il n’avait pas un doute sur l’éventualité prochaine de cette conception ; et tout ce qu’il jugeait lui être hostile, Sénécal s’acharnait dessus, avec des raisonnements de géomètre et une bonne foi d’inquisiteur. Les titres nobiliaires, les croix, les panaches, les livrées surtout, et même les réputations trop sonores le scandalisaient, ses études comme ses souffrances avivant chaque jour sa haine essentielle de toute distinction ou supériorité quelconque.

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27. La Revue Indépendante. — La Revue Indépendante parut du 1er novembre 1841 au 24 février 1848. Ses principaux collaborateurs étaient Pierre Leroux, George Sand et Louis Viardot. Le but de cette revue était de traiter, au point de vue démocratique, toutes les questions à l’ordre du jour.



28. Fourier. — Fourier (1772-1837) basait ses doctrines sur la loi de l’attraction. Chaque homme doit chercher à satisfaire ses passions. Le travail, dans la société nouvelle, ne sera plus pénible, car il ne sera plus imposé ; il deviendra si attrayant que tous les oisifs d’aujourd’hui s’y livreront avec plaisir. Si les passions sans frein ont été funestes jusqu’à présent, il n’en sera pas de même lorsqu’elles auront trouvé le milieu convenable, c’est-à-dire l’association organisée suivant « l’ordre combiné ». Une association de dix-huit cents membres constitue un phalanstère, le phalanstère se subdivise en phalanges, la phalange en séries, la série en groupes, le groupe se compose de sept ou neuf individus.

Fourier était hostile aux saint-simoniens qu’il appelait des « histrions sacerdotaux ».

Après la mort de Fourier, son école fut dirigée par Victor Considérant, et joua un rôle important jusqu’à la Révolution de 1848.

29. Saint-Simon. — Saint-Simon était mort en 1825. Son école fut florissante surtout aux environs de 1830. Les principaux adeptes furent Augustin Thierry, Auguste Comte, Olinde Rodrigues, Bailly de Blois, Léon Halévy, Duvergier, Bazard, Enfantin, Cerclet, Buchez, Carnot, Michel Chevalier, Pierre Leroux, Jean Regnaud, E. Péreire, Félicien David, Guéroult, Charton, etc. Les saint-simoniens se dispersèrent en 1832 (voir à ce sujet la note consacrée au père Enfantin). Le saint-simonisme eut une influence énorme sur les écoles socialistes qui suivirent.

30. Comte. — Auguste Comte (1795-1857) avait publié le Système de politique positive (1828) et le Cours de philosophie positive (1839-1842).

31. Cabet. — Cabet (1788-1856) avait été avocat à Dijon, puis à Paris. Après la Révolution de 1830 il fut nommé procureur général en Corse, mais révoqué l’année suivante pour outrages au gouvernement de Louis-Philippe. Les électeurs de Dijon l’envoyèrent à la Chambre des députés (1831). Il fit paraître une Histoire de la Révolution de 1830, et fonda un journal : le Populaire.

En 1834, il fut condamné à deux ans de prison pour offense au roi et se réfugia en Angleterre. Il posa les principes d’une société communiste dans ses Douze lettres d’un communiste à un réformiste et dans son Voyage en Icarie (1842).

En 1847, Cabet acheta des terrains considérables dans le Texas et réunit 150 Icariens. Une première expédition d’émigrants (2 février 1848) échoua complètement. Cabet revint en France, mais retourna en Amérique à la fin de l’année 1848. Il trouva la communauté divisée en deux camps. Après avoir rallié la majorité, il l’établit à Nauvoo.

32. Louis Blanc. — Louis Blanc (1812-1882) était devenu célèbre en 1840 par la publication de son livre l’Organisation du travail. « Les idées essentielles en étaient que tout homme a droit au travail et que la société a le devoir de procurer du travail à tous. L’État, représentant la société, doit être « le banquier des pauvres ». Il fournira donc aux ouvriers l’argent nécessaire à la fondation, pour chaque industrie, d’ateliers sociaux, où les travailleurs se dirigeraient eux-mêmes et toucheraient, en dehors de leur salaire, un quart des bénéfices nets. Les idées de Louis Blanc eurent un grand succès parmi les ouvriers. Il les développa, aidé par Ledru-Rollin, dans la Réforme, qui devint ainsi le principal organe des socialistes et le lien entre eux et les républicains radicaux, partisans du suffrage universel. »

https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99%C3%89ducation_sentimentale,_%C3%A9d._Conard,_1910/II/II
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Oui, la littérature m'embête au suprême degré ! Mais ce n'est pas ma faute. Elle est devenue chez moi une vérole constitutionnelle ; il n'y a pas moyen de s'en débarrasser ! Je suis abruti d'art et d'esthétique et il m'es impossible de vivre un jour sans gratter cette incurable plaie, qui me ronge.
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