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Critiques de Guy Debord (57)
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La société du spectacle

La société du spectacle est la société où les rapports entre les individus sont médiatisés et mis en scène par des images, des représentations distantes. Le spectacle crée une réalité factice qui, à son tour, influence la réalité des individus. Le monde est inversé : le vrai est dans le spectacle.



En conséquence, les individus contemplent des événements qu'ils ne vivent pas, ce qui accroit leur éloignement, leur passivité et leur addiction au spectacle. Tout devient apparence, représentation, superficialité. L'individu est réifié, la marchandise est humanisée. Car la société du spectacle n'a d'autre but que la distribution des produits en série de notre économie moderne. Le spectacle dirige l'emploi du temps des spectateurs. Il entretient le rêve de sommeil (de passivité) des spectateurs, il s'appuie sur cette passivité et la renforce, par une réalité rêvée, à la fois banale et inaccessible car factice. La société du spectacle n'existe que par la prise en charge d'une partie de la société de la vie de l'autre, par la scission des groupes humains en deux, ceux qui organisent et les spectateurs.



Elle se forme sur la reconstruction du temps collectif. Le même temps, à l'échelle de la planète, uniformise le spectacle et les emplois du temps, abolit le temps. Il devient irréel, abstrait, comme les images qui se développent dans un éternel présent. La mort disparaît des représentations, car elle impose une vision linéaire et finie du temps. Le spectacle reproduit les temps cycliques éternels des temps anciens (avant le catholocisme qui a imposé une vision linéaire par la notion de fin des temps). Ceux-ci montraient le temps comme un éternel recommencement par le cycle des saisons. Autrefois, ce temps cyclique était lié à une réalité économique, le travail de la terre. De même aujourd'hui, la société du spectacle est liée à la réalité économique de la production. Des marchandises standards produites en série sur toute la planète et en permanence appellent un emploi du temps universel et des cycles de temps basés sur la production.



De même que le système de production éloigne le travailleur de son produit fini (chaînes de montage, services, agriculture), la société du spectacle éloigne le consommateur du produit mis en scène dans la réalité factice. L'illusion est faite que le produit n'a pas été fabriqué, qu'il "est" par lui-même.



Tout est monotone dans la société du spectacle car la fête est permanente. Pour créer un niveau supérieur de rêve, il est nécessaire de faire jouer les fantasmes : les vacances au soleil sont présentées comme le seul moment de vérité de la vie, ce n'est qu'une réalité encore plus spectaculaire, plus éloignée, plus mise en scène, plus factice. L'individu est noyé et réifié, la marchandise divinisée. La société du spectacle est le triomphe du capitalisme bourgeois. Le capital est devenu image. Tout est assimilé et changé en spectacle, jusqu'à la culture, le temps, l'homme.



Pour en sortir, inutile de chercher à l'affronter ou à la décrédibiliser, la société du spectacle se nourrit des forces contraires qui la renforcent. Une seule solution : le détournement, la dérision, la réinterprétation par le ridicule des thèses et des idées qu'elle véhicule sans cesse. Ce sont les méthodes qui permettent de mettre à bas les idéologies, catégorie dans laquelle se range la société du spectacle. Elle organise l'aliénation et la prolétarisation du monde.

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La société du spectacle

Pour peu qu'on s'est intéressé au préalable à la notion de modernité, ce livre n'apporte rien de plus que son titre : La Société du spectacle. Le reste relève, à mon humble avis, de ce qu'il est coutume d'appeler "de la branlette intellectuelle".

Pour une approche plus élaborée d'un système totalitaire, je conseillerais les travaux de Jacques Ellul et plus particulièrement son Système technicien. Sans aborder spécifiquement la société spectaculaire si chère à Debord, ce bouquin décrypte parfaitement (avec un travail de recherche et d'analyse stupéfiant au moyen d'une langue souple et accessible) les divers ressorts d'une modernité non pas seulement aliénante, mais carrément réifiante.

Bref, pour en revenir à La Société du spectacle, je dirais : beaucoup d'esbrouffe pour peu de contenu... ce qui n'enlève rien à l'homme qui, du peu que j'en sais, continue de m'inspirer le respect !
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La société du spectacle

Cet essai écrit en 1967 a eu une influence considérable sur les événements de Mai 68. Court mais particulièrement abscons, il a l'avantage de faire prendre conscience de ses limites intellectuelles (en tout cas pour ma part, je n'ai pas tout compris, je me suis efforcée d'aller jusqu'au bout mais j'avoue...j'ai sauté des passages). Je pense que cela est voulu car Debord ne voulait faire disait-il "aucune concession au public". C'est pour cela que je ne mets que deux étoiles car faire des efforts d'expression claire, être pédagogue n'est pas pour moi une "concession", c'est la moindre des chose surtout dans un essai.

Il s'agit d'une critique de la société de consommation, de la domination de la société mercantile dans laquelle l'individu est devenu avant tout un consommateur, aliéné par les médias modernes (en 1967, on croit rêver!). Le spectacle, c'est le fonctionnement global de la société capitaliste et pas seulement la télé, les médias même si ceux-ci contribuent à imposer des normes, des modèles, un miroir déformant et à couper l'individu de la réalité. Le spectacle c'est donc plus les représentations factices que le divertissement pour Debord. Spectacle car tout est faux et coupé de la réalité dans la société contemporaine
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La société du spectacle

Quelle est l’actualité de cette édition du centenaire à propos du véritable tabou de notre société ?



Le spectacle est ce qui sépare les hommes entre eux. Il est source de leur passivité et de leur travail forcé. C’est une activité partielle de l’homme, un certain résultat de la production. Il parvient à redéfinir l’ensemble des rapports sociaux, puis l’ensemble de l’existant, ce qui en fait, selon la définition, une idéologie.



Mais ce n’est pas une illusion pour autant [l’automobile, nécessaire pour gagner sa vie, est réelle]. Il remodèle, sans que personne n’y pourvoit (il est dit «autonome») tout l’existant sous la forme d’une dépossession [recomposition de la circulation des centres-villes, qui interdit la marche à pied], sans retour critique, donc uniquement sur le mode de la «contemplation». Le producteur lui-même est aliéné (et non simplement exploité), créant un monde «séparé», qui lui échappe [le salarié de la restauration rapide ne peut sincèrement pas exercer son talent culinaire], demeurant cantonné à son activité spécialisée [brevets professionnels visant l’efficacité plutôt que le savoir-faire]. C’est par ce mouvement qu’il s’isole, du fait même de sa socialisation.



Les travailleurs doivent donc retrouver la cohérence de leur lutte dans le devenir commun («unitaire»), perçu à travers la dialectique, description dynamique des rapports de production [au contraire de la lutte statique, «fausse conscience» qui pourrait voir en l’argent l’aboutissement de toute revendication alors que l’artifice monétaire et le caractère factice du besoin ne sont pas bien compris]. Celle-ci est enrichie d’un moyen d’appréhension critique des bases de la production (une «praxis») appelée construction des situations, mettant en contraste la subjectivité de l’individu et la pauvreté de son vécu en faisant apparaître les manques, les contradictions et l’institutionnalisation de ses désirs sous la forme de «médiations» [interrogeant la position de l’employé de bureau qui est aussi sportif du dimanche, de la victime de la mode sans une once d’élégance ou de l’agent du secteur culturel sans accès à la création]. Se prêtant à ce petit jeu, on ressentira peut être le taylorisme de l’intégralité de sa vie quotidienne comme la «spécialisation des images du monde» et constatera que souvent, «le vrai sera un moment du faux» [pareil à l’organisation rationnelle et réfléchie du cadre dans son activité pour une finalité socialement délirante]. C’est que l’individu est poussé à ressembler à la marchandise, allant jusqu’à se modeler sur la célébrité, c’est-à-dire sur une pseudo-personnalité n’étant que fragment [comme le montage des reportages ne fait voir qu’une parcelle voulue de la vie].



Pire, sa relation sociale se réduit au fameux «fétichisme» désignant l’achat comme relation entre individus [vêtements accessibles à cause de la misère des ouvriers, établissant un rapport de soumission «inverse» de l’image de sociabilité de la publicité]. Le succès commercial devient alors le seul juge des «projets licites». La marchandise elle-même perd sa capacité d’usage [SUV, voyages intercontinentales en club et piscines superflus] et devenant uniquement support de la valeur d’échange au service du simple «paraître», ou même de l’argent pour lui-même, en cela assimilable à l’archaïsme de l’or.



Rien de nouveau sous le soleil. C’est bien à cause de «l’égalité sur le chronomètre» des producteurs en concurrences, c’est à dire du «quantitatif», que la qualité et la diversité se perdent [contenu des rayons alimentaires ayant une forte chance d’appartenir au même holding, d’être produit dans des usines identiques], et c’est par ce que tous les biens nécessaires à la vie sont soumis au quantitatif (définissant la «survie augmentée») nécessitant mécaniquement de toujours plus exploiter la force de travail pour parvenir à une satisfaction moindre, que personne n’échappe à la marchandise, puisqu’alors la subsistance est rendue impossible.



Sous cette nécessité de reconstituer toujours la rareté, le moyen devient logiquement la fin [PIB et fin du chômage comme objectif de la nation], le contenant le contenu [la télévision ne parle que d’elle-même] et le spectacle devient aussi bien une seconde nature [la problématiques environnementale devient la responsabilité de l’individu isolé, alors que la mise en commun des équipements n’affleure pas le discours], qu’un nouveau sacré remplaçant imparfaitement le «mythe» universel du catholicisme.



Une fausse abondance, qui par son remplacement perpétuel [obsolescence des normes et effet de mode], et par la routine de sa production-consommation, crée un ressenti du temps «pseudo-cyclique», assimilable aux travaux saisonniers du paysan, pour un individu privé du développement de sa vie [absence de formations à l’âge adulte], de la maîtrise de son temps [emploi du temps rigoureux] ainsi que de son «histoire» commune [Le soi-disant progrès est surtout celui du productivisme].



La ville elle-même est privée d’histoire [par l’omniprésence du béton, matériel recomposé qui ne peut s’aménager ni se réutiliser, et par les règles d’urbanismes rigides, déléguant le paysage à la «représentation hiérarchique»]. C’est par ce qu’elle veut concentrer la valeur d’échange, et par ce que l’appréciation de la valeur d’usage est faussée, que la ville désertifie en retour des territoires pourtant viables.



Dans cette idéologie matérialisée, le matériel crée de l’abstraction [les réseaux sociaux, ensemble de machines, s’interposent dans les relations subjectives] et l’abstrait exerce une action sur le concret [la publicité fait acheter], créant un empire qui n’est ni une conspiration, ni un despotisme, mais une recomposition autonome du monde. L’absence de construction authentique de la vie (d’«évènements») et de communauté explique le besoin d’un palliatif, d’une représentation, provoquant l’adhésion à ce monde aux charmes fallacieux.



Les situs sont des artistes qui se sont intéressés au marxisme afin d’expliquer la platitude de la vie quotidienne persistant malgré le contexte d’automatisation prodigieuse. L’ensemble des manières et des savoirs («culture») qui correspondent à cette perspective est l’émancipation de la création subjective partout et tout le temps, et non pas dans les musées pétrifiés ou dans la production morte du secteur tertiaire, et réclame la mort de l’art en dépassant Dada et le Surréalisme.



De l’histoire des échecs de la gauche (forcément un peu hors-contexte), retenons l’émergence de la trahison, déjà dans la joute entre Marx et Bakounine, ainsi que dans le manque d’authenticité des conflits de classes noté par Rosa Luxembourg. Quant au conseillisme, il est si peu discuté qu’il est difficile de s’en faire une opinion. En quoi des intérêts particuliers n’y referaient pas ressurgir une forme de spectacle?



Les thèmes ajoutés à la vulgate marxiste sont finalement peu nombreux mais importants (consommation aliénée, temps figé, idéologie rétroagissant sur le matériel, création libératrice, la médiation comme racine du mal). En particulier, pour une identification plus rigoureuse du prolétariat, on lira avec bonheur « La métamorphose du bourgeois » de Jacques Ellul. Parlant de la rareté et de la séparation, on pourra lire aussi Ivan Illitch comme un complément exclusif, car pensant sur une base difficilement conciliable (dialectique matérialiste versus non-neutralité de la technique).



J’ai déjà trop simplifié la tâche du lecteur pressé pour ne pas lui demander de faire au moins l’effort de consulter un bréviaire du Marx, et de ne pas trop s’arrêter sur le renversement du génitif, sous peine de faire passer pour agaçant ce qui se veut simplement insolent!



Évidemment, pour être complet, il faudrait faire deux ajouts contemporains.



Ainsi, le crédit, initialement distinct du spectacle, comme réallocation temporelle et interpersonnelle de temps de travail, en devient grâce au système bancaire le principal soutien, de par son abondance, renforçant le délire de la valorisation des capitaux, terrains immobiliers, NFT etc.



La pollution partage les caractéristiques du spectacle ,en est exactement concomitant et le détrône comme principal résultat de la production. Comme lui, il produit de la rareté [géo-ingénierie], interdit l’histoire, et l’on voudrait ici aussi faire oublier la possibilité d’examen du cœur du réacteur. Mais cette fois c’est la nature qui est rendue moins riche, renforçant ainsi les «présuppositions» qui justifient le système. En même temps, le credo conservateur qui voudrait «la passivité plutôt que le chaos» est mis à mal…



On le voit, le spectacle est partout, et c’est pour cela qu’il peut être combattu partout!









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La société du spectacle

Ce livre est assez fondamental, notamment parce qu'il a été écrit dans les années 60, pour comprendre notre aliénation volontaire aux médias quels qu'ils soient, et surtout l'utilisation qu'en font les détenteurs du pouvoir, pour nous piéger. C'est une explication essentielle des rouages de la société capitaliste, qu'elle mette en scène la consommation, ou les personnes qui ont le pouvoir.

Le style est très fouillé, tous les mots ont leur importance, mais la pensée est claire, et le livre est court.
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La société du spectacle

Spectacle et réalité (12 mars 2022).

Qu’il s’agisse de désastre climatique, de délitement social, de pandémie, de guerre, etc., il faut distinguer la réalité factuelle – certes constamment et hautement brouillée -, de sa mise en spectacle hypnotique. Ne voir que la mise en spectacle et la confondre avec la réalité factuelle, c’est entrer dans le sommeil hypnotique voulu par la société du spectacle. Mais gommer cette réalité en ne voyant plus que le spectacle est aussi une sorte d’hypnose, une scotomisation du réel qui interdit d’en saisir et donc d’en comprendre la dialectique aliénatoire. Le spectacle colonise, floute, puis pénètre et irradie la réalité, tend à s’y substituer et la rend indiscernable en tant que telle, ce qui revient à masquer efficacement ses propres opérations bien réelles. De sorte que le regard abusé ne rencontre jamais que des reconstitutions holographiques de la réalité, ce qui caractérise une sorte d’achèvement de la fausse conscience. A un certain point de fausse conscience, ce même regard produit d’ailleurs de lui-même instantanément ces reconstitutions, de sorte qu’il ne rencontre jamais que les hologrammes dont les programmes se sont implantés en lui. Mais pour que la spectacularisation du réel opère, il lui faut nécessairement sa matière première ; du réel factuel subsistant.



Nier cela, c’est faire un pas de trop. Dans le vide.



Il y a bien une guerre en Ukraine, atroce comme toutes les guerres.



Dont la motivation spectacliste est, en dernière instance, pour toutes les parties en présence, la vérité secrète.
Lien : https://observatoiresituatio..
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La société du spectacle

il est gentil Guy mais il aurait pu utiliser des mots simples, mettre les phrases à l'endroit et éviter d'utiliser des démonstratifs pour redéfinir au milieu d'un paragraphe une des notions cités plus haut, sans que l'on ne sache jamais à laquelle il se réfère. Lecture fastidieuse qui ne semble pas s'adresser aux "spectateurs" .



Je vais essayer de continuer, mais c'est dur..
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La société du spectacle

Ne mentons pas la lecture de ce livre, construit comme un essai politique, est difficile, souvent complexe à comprendre et se présente comme la réalité sans autre argumentation. Néanmoins, malgré une verve parfois impénétrable, ce livre par sa démarche reste une œuvre forte prompte à remuer l’ordre établi.
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La société du spectacle

Guy Debord était à la philosophie ce que le marquis de Sade était à la littérature. Il faut, en effet, voir avec quelle radicalité il s’efforçait de démonter les rouages de cette société spectaculaire qu'il abominait par-dessus tout, j'en veux pour preuve le film qu'il réalisa en 1952 intitulé "Hurlements en faveur de Sade", d'où le concept consistait en un écran noir avec quelques passages de blanc et très peu de dialogues durant 64 minutes. On ne peut faire mieux en ce qui concerne le radicalisme !



Guy Debord s'attaque à la société du spectacle, donc le cinéma en première ligne, parce que d'après lui "Toutes la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s'annonce comme une immense accumulation de spectacles. Tout ce qui était directement vécu s'est éloigné dans une représentation".



A l'heure d'internet et du nombre de médias télévisés que nous possédons, où l'actualité devient une sorte de petit théâtre, par exemple : l'affaire Merah ou le procès DSK, on voit que Debord avait vu juste avant tout le monde.



Ensuite il se perd dans des digression marxistes et sur les luttes de classe mais je vous dispense des détails.



En fin de compte, je pense que ce livre est une lecture qui correspond toujours à notre époque, c'est même une lecture essentielle qui devrait être dans la bibliothèque de chacun.
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La société du spectacle

Consommateurs somatiques, moutons de Panurge, acrophobes de la vie de consommateur, lécheurs de vitrines, ce livre changera votre vie si vous en avez la force...

La face pourtant non cachée de ce monde capitaliste se dévoilera et vous marcherez plus libre...

Guy Debord s'est suicidé, certes, mais quelques années avant, son ami et complice éditeur Gérard Lébovici est retrouvé assassiné.

Ils ont même été jusqu'a essayer de le rendre responsable du meurtre, car les gens voulant se libérer de ce système dirigé par le profit de certaines classes au détriment des autres et surtout voulant en libérer les autres, dérangent.

Ce livre est un recueil, dont vous pourrez lire les passages de votre choix; ils sont numérotés, même si les idées sont progressives, et vous le trouverez gratuitement sur Internet grâce aux éditions libres Diogène
Lien : http://www.diogene.ch/IMG/pd..
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La société du spectacle

Un essai à mon sens fondamental pour comprendre les sociétés modernes, celles-là même dont l'ambition hégémonique débuta au Moyen Age avec l'apparition de la bourgeoisie, et dont la domination totale de l'espace public se réalisa au XXe siècle.



Toujours d'une brûlante actualité -- plus que jamais même -- cet essai pamphlétaire contre la société du spectacle aliénante est un indispensable de survie pour qui désire affûter sa libre pensée dans un monde baigné de représentations imposées ; que l'une des deux sociétés décrites par Debord ait chuté (Le capitalisme d'état des Soviets) n'empêche que l'autre (Le capitalisme seigneurial importé des US) vit encore et prospère. Nous sommes en plein dans cette société du spectacle au temps gelé et aux représentation sans cesse mouvantes, changeantes jusqu'à la contradiction et qui enchaîne nos sociétés dans un présent perpétuel en fuite vers l'avenir par le recyclage systématique du passé.
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Oeuvres

critique de la marchandise et de l'aliénation au sein du capital devenu image
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Oeuvres

Ce n'est bien sur qu'en se confrontant à l'ensemble de son œuvre et de ses interventions que l'on peut espérer se faire une idée quelque peu objective de ce personnage hors du commun que fut réellement Guy Debord et surtout des objectifs qu'il s'était donné. Certains pourront faire remarquer qu'il n'a pas "réussi " en son projet principal consistant à renverser la domination spectaculaire-marchande désormais mondialisée. Mais ils devront aussi reconnaitre qu'il est bien celui qui sut définir la nature exacte de cet ennemi redoutable et donc aussi donner la possibilité de le combattre. Ils devront aussi se demander quel usage ils font de leur propre vie et de quelle manière, pour leur part, ils s'opposent à un monde qu'ils reconnaissent si déplorable et si incontestablement mortifère pour le devenir de l'humanité.
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Panégyrique, tome 1

When the legend becomes fact, print the legend *





Certains d'entre vous on peut-être perçu mon goût pour les listes. En voici une, ou plutôt deux.



Clausewitz, Homère, Sterne, Li Po, Lacenaire, Cravan, Lautréamont, Mallarmé, Gondi, Thucydide, Aristophane, Marlowe, Shakespeare, Villon, Kháyyám, Archiloque, Tocqueville, Gracián, Steinbeck, Héraclite, Machiavel, Vauvenargues, Chateaubriand, Montaigne, Mac Orlan, Hérodote, Saint-Simon, Marx, Musset, Pascal, Quincey, Stendhal, Cervantes, Dante, Calderón, Swift.



Et "… la vodka de Russie… les bières d'Angleterre, les grandes chopes de Munich… les irlandaises… la bière tchèque de Pilsen… la Gueuze autour de Bruxelles… les alcools de fruits de l'Alsace ; le rhum de la Jamaïque ; les punchs, l'akvavit d'Aalborg, et la grappa de Turin, le cognac, les cocktails ; l'incomparable mezcal du Mexique… tous les vins de France… les vins de l'Italie… le Barlolo des Langhe, les Chianti de Toscane… les vins d'Espagne, les Rioja de Vieille Castille ou le Jumilla de Murcie."



Et voici que se dessinent les deux constellations dans lesquelles le météore Debord a évolué : la littérature et l'alcool.



À propos de la première, il nous apprend que quelques bons livres, tôt lus, lui ont permis de dévider ensuite tout l'écheveau de la littérature classique, et moins classique. Cette culture protéiforme vient nourrir son propos via d'innombrables citations, procédés moins subtils que "Les allusions, sans guillemets", mais procédés rendus nécessaires "dans les périodes d'ignorance ou de croyances obscurantistes". Ces lectures ont forgé un style qui m'enchante, d'un grand classicisme, qui produit de longues phrases sinueuses au terme desquelles Debord fait pourtant toujours mouche. Cette langue, parce que caduque aujourd'hui, est le gage de la vérité de son auteur car, comme le disent les gitans, la langue de l'ennemi (comprendre celle de La Société du spectacle) est la langue du mensonge. Dans cette perspective, Debord exige que les dépositions et les procès-verbaux qu'il a dû signer à contre-cœur, reformulés et massacrés qu'ils étaient par le préposé de service, ne figurent pas dans ses futures œuvres complètes !



Du second, il nous dit qu'il a constitué sa passion la plus présente et la plus constante. Sa vie, dont il fait ici la relation, n'a été qu'une longue et ininterrompue beuverie. Même s'il admet qu'il a connu "des matins émouvants mais difficiles", il retient avant tout, au-delà de l'ivresse tout d'abord recherchée, qu'elle soit légère ou violente, "une paix magnifique et terrible, le vrai goût du passage du temps". Il s'étonne du fait que, parmi les nombreuses calomnies en tout genre que ses nombreux détracteurs ont fait circuler sur son compte, la plus évidente, celle qui aurait fait de lui un ivrogne, n'ait jamais eu cours. Il s'amuse du constat que, progrès de l'industrie et règlements étatiques aidant, les divers alcools que lui et ses compagnons de saoulographie ont consommés ont cessé d'exister avant eux : "De mémoire d'ivrogne, on n'avait jamais imaginé que l'on pouvait voir des boissons disparaître du monde avant le buveur." Il reconnaît que son ivrognerie l'a empêché d'écrire plus qu'il n'aurait pu le faire, mais "l'écriture doit rester rare, puisqu'avant de trouver l'excellent il faut avoir bu longtemps." La liste des grands auteurs qui souscriraient à ce principe est longue.



Reste que Debord a eu cette "vie d'aventures" dont il rêvait et qu'il s'est construit, loin des études, des milieux intellectuels et artistiques, loin de l'argent, de l'ambition, du travail en général et du salariat en particulier, loin des doctrines, loin de la famille, revendiquant la paresse et frayant parfois avec le "milieu de l'extrême nihilisme" et de ses "entrepreneurs de démolitions" (on se demande bien quelle étrange relation Debord pouvait entretenir avec l'énergumène Léon Bloy). Il faudrait aussi évoquer sa passion pour la stratégie militaire, des plus utile une fois que l'on a compris que "Dans un monde unifié, on ne peut s'exiler".



Avec ce texte magnifique, Debord contribue, à son corps plus ou moins défendant, à alimenter une nouvelle fois sa légende. Tant mieux, puisque "nous sommes tissés de l'étoffe dont sont faits les rêves." (Shakespeare).



* Mr Scot dans L'Homme qui tua Liberty Valence de John Ford



(Je ne note pas les livres car ce ne sont pas de bons ou de mauvais élèves.)
Lien : https://lesheuresbreves.com/
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Potlatch (1954 - 1957)

Construit comme un recueil des numéros de la revue Potlatch, dirigée par Guy Debord et fer de lance de l'internationale situationiste, ce petit livre récapitule l'ensemble des articles de ce journal bien particulier, puisqu'envoyé à un nombre choisi et limité de personnes jugées dignes de le recevoir.



Il est très difficile de relire ces articles chargés d'ironie et de critique sur les affaires du monde, et de les replacer dans leur contexte, puisque leurs auteurs jugent leurs lecteurs tout à fait au courant des thèmes abordés. Une impression de stupidité ne se fait pas attendre : en lisant Debord, on a toujours l'impression d'être tenu en grande estime par celui qui écrit, qui nous juge apte à comprendre son style et son écriture reniant toute vulgarisation trop poussée...Mais l'on se sent vite ignare.



Une leçon d'humilité sans cesse répétée à mes lectures de cet auteur, qu'il faut à mon avis lire et relire pour éclaircir ses propos !
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Rapport sur la construction des situations ..

Court opus mais difficile à lire si vous n'avez pas tous les codes, références et terminologies des révolutionnaires marxistes des années 50 (mon cas).



C'est le texte fondateur de l'internationale situationniste (1957) dont l'objectif était de changer le monde, de bousculer par tous les moyens la "vie courante" (son aliénation, ses contrôles totalitaires, sa consommation passive), de s'approprier le réel en commençant par dépasser l'art et le code bourgeois.



On y trouve les 1ères bribes de "la société du spectacle" (dont le titre éponyme, du même auteur est d'une lecture nettement plus aisée, car basé sur des idées plus matures).



Société où le spectacle (dont la publicité, dont la mode, dont le buzz dirions nous aujourd'hui) permet l'aliénation et le contrôle des pensées, des achats et même des actes.



Souvenez-vous du PDG de TF1, pour qui les plages publicitaires étaient du "temps de cerveau disponible".



Livresquement votre,
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Stratégie

Précisons qu'il ne s'agit pas ici d'un ouvrage destiné par Guy Debord à la publication mais d'un assemblage par genre de ses notes de lecture; ici le domaine de la stratégie. Si l'on ne peut nier l’intérêt d'une telle démarche concernant un tel auteur, la forme laisse forcement à désirer : nombre de citations sont répétées plusieurs fois et l'on comprend bien que la sélection s'est faite dans des optiques particulières qui ne sont pas ici toujours discernables. Pas de révélations secrètes à attendre ici malgré le titre, Debord ayant largement fait usage de ce savoir acquis en ses livres publiés de son vivant que l'on lira donc en priorité.
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Le champ mort et désert, où les frelons autrefois bourdonnaient seuls autour des fleurs grasses, dans le silence écrasant du soleil, est ainsi devenu un lieu retentissant, qu’emplissent de bruit les querelles des bohémiens et les cris aigus des jeunes vauriens du faubourg. Une scierie, qui débite dans un coin les poutres du chantier, grince, servant de basse sourde et continue aux voix aigres.

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