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Critiques de Gwenaëlle Aubry (139)
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L'isolée suivi de L'isolement

Le temps ne passe plus dans une prison, il se faufile entre les barreaux, vous frôle mais jamais ne vous prend dans ses aiguilles ; vous y passez tout ou partie de votre vie et la vie se passe de vous.



« C’est alors que j’ai décidé de me taire tout à fait. Il ne me restait plus grand-chose quand je suis arrivée ici. Mais c’était encore trop pour eux : ils me voulaient moi aussi. Ils y sont allés progressivement, par petits coups de becs – c’était, à chaque fois, un bout de moi qui partait (ils savent très bien ce qu’ils font) »



La fouille au corps, au cas où vous pensiez conserver un reste d'humanité au fond de vos entrailles : « Ça ne dure pas longtemps, mais une fois que c’est fini on n’a plus rien à soi ? on est tout entier ouvert, retourné comme un gant, une pièce saccagée, aux portes enfoncées, nulle part où s’abriter, on est un corps béant, un corps troué de part en part et sans merci violé. »



« J’avais l’impression que, quoi que je dise, on ne m’entendrait pas. Parler, ça n’ajoute rien, c’est à la fois obscène et vain. J’étais de ceux qui survivent en se teintant de gris – lisse, close, impénétrable. »



Aminata et ses chants d’Afrique, son sac en toile bleu-blanc-rouge, ses boubous, ses pouvoirs mystérieux, ses légendes, et aucun papier. « Tant qu’elle était là je ne voyais pas les murs, les grilles, la crasse et les barreaux, je ne sentais pas les odeurs de pisse, de moisissure et de bouffe rance, je n’entendais pas la course des rats et les hurlements des toxicos. »



Les clans, la hiérarchie des crimes, des coupables, parfois juste coupable d’être là sans véritable raison. Et, quoi qu'il en soit : « -clandestines, toutes les femmes le sont ici, toxicomanes et prostituées enfantées de toxicomanes et de prostituées, privées, dès leurs premier cri, d’un passeport pour la vie, déposées, dès leur naissance, au seuil de portes verrouillées, grandies dans les marges, entre les lignes des livres, dans les recoins des villes, marges toutes proches, franges par tous visibles et parfois ravaudées, mais qui, à force de s’effiler, déroulent jusqu’ici leur trame usée. »



Un texte si court qui paraît tellement grand, comme si les mots se dilataient dans chaque phrase, repoussaient les limites des pages, prenant le plein espace de cages emplies de l’absence du temps. Mots comme boussole temporelle, comme gravure sur les murs, qui transforme une existence réduite à néant en une esquisse de vivant.



« Car tout ici est fait pour notre salut les douches rares la bouffe avariée la puanteur aident à la mortification domptent la bête en nous matent le corps-tyran, l’enfermement nous invite à découvrir notre espace intérieur, l’arbitraire de nos supérieurs – parloirs supprimés, courrier ouvert, punitions collectives, fouilles nocturnes – nous enseigne l’obéissance. »



Mais Margot, elle, trouvera le moyen de s'échapper, d'une façon ou d'une autre..
Lien : http://www.listesratures.fr/..
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L'isolement

Premier roman que je lis de cette auteur ; autant le dire tout de suite , j'ai été très déçu. Déçu par l'histoire, déçu par la façon d'écrire, il n'y a rien de compréhensible dans cette histoire. J'ai retenu vaguement qu'une fille est en prison, elle s'appelle Margot et qui raconte en écrivant. Raconte quoi finalement ? Faut-il lire entre les lignes? Dois-je peut-être le relire pour comprendre quelque chose à cette histoire? Non, je ne le ferai pas, en voyant le nombre de lecteurs ayant lu ce roman, on comprend qu'il n'en vaut pas la peine. J'ai donné une étoile, et déjà je trouve une étoile trop pour ce roman qui m'a déçu à 200%.
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L'isolement

J’ai lu énormément de critiques négatives sur le livre pourtant je dois dire que c’est le livre qui m’a le plus retourné de toute ma vie. Le style est effectivement assez particulier mais contribue à l’essence et àune beauté étrange. Quant au contenu, je n’ai à vrai dire jamais rien lu d’aussi juste. Je Ce roman peut énerver et passer pour une perte de Moab aux yeux de ceux qui n’ont pas déjà ressentis les émotions nécessaires car Gwenaëlle Aubry parle dans son livre de sentiments et d’en ressentis complexes.
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L'une & l'autre

Quand six auteures contemporaines parlent de six auteures du passé qui les ont marquées et influencées, que nous disent ces portraits croisés du rapport entre vivre et écrire?
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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L'une & l'autre

Livre qui à travers les affinités électives de six femmes écrivains envers six autres donne envie de découvrir l'admiratrice et l'admirée et réamorce le désir de lire si tant est qu'il en soit besoin.



Marie Depleschin m'a permis de découvrir La comtesse de Ségur, une femme forte, déchirée qui aura tout perdu au fil des années mais qui va trouver sa voie grâce à ses enfants et petits enfants :

« Si elle se retourne sur sa vie, ce qu'elle a connu d'émotions sincères, d'amours comblés, de souffrances légitimes, de fierté, d'espoirs et de triomphes, c'est à ses enfants qu'elle le doit. »

« Elle raffole de ses petits-enfants. Elle les comprend avant même qu'ils ne se mettent à parler. Elle les traduit, elle les défend. Elle est grand-mère avec l'ardeur qu'elle a eue à être mère. »

C'est cet amour qui lui a fait écrire pour eux et qui l'amènera à publier ses contes et romans. A l'âge de 57 ans elle va regagner son indépendance perdue.



Gwenaelle Aubry m'a émue par son empathie pleine d'exaltation vis à vis de Sylvia Plath dont elle partage la folie d'écriture, l'écriture dont elles pensent qu'elle seule peut les sauver en les rendant plus vivantes :

« Écrire. Écrire est une autre solution. La seule qui permette d'être tout et rien à la fois : se débarrasser de soi, « devenir le véhicule d'un monde, d'une langue, d'une voix » et depuis ce vide devenir les autres, « apprendre d'autres vies et en faire des mondes imprimés qui tournent comme des planètes dans l'esprit des hommes ».

« Je cherche en elle, à travers elle, le point d'ajustement de l'écriture à la vie. Je ne veux pas la lire à travers sa mort (et donc pas non plus à travers le récit de sa vie). Je cherche à comprendre ce que, par l'écriture, elle a sauvé de la vie et ce qui, de l'écriture, l'a sauvée elle aussi. Je crois qu'elle a été violemment, excessivement vivante, que de la vie elle a tout embrassé, mort incluse. Et je crois aussi que l'écriture naît de ça : de la sensation (effroi et émerveillement) d'un excès de la vie sur elle-même que la vie ne suffit pas à combler. »



Camille Laurens fusionne avec Louise Labbé la rejoint dans la passion amoureuse et lui prête à certain moment le langage d'une féministe (là je ne l'ai pas trop suivie) mais surtout elle pense que l'écriture est aussi communion :

« Ce que Louise demande à l'amant, qu'il « sente en ses os, en son sang, en son âme/Ou plus ardente, ou bien égale flamme », je l'espère de la personne qui va me lire et qui ainsi, à sa façon, m'accompagne ; j'ai foi, comme Louise, en la ­puissance de vérité de la littérature, en son rôle vital de transmission, d'échange. Quand j'écris ou quand je lis, je partage des émotions, des sentiments, des expériences essentielles ; j'éprouve et je crois, comme Louise Labé l'espère de manière si poignante, que le poids de la vie « plus aisé me sera/Quand avec moi quelqu'un le portera ».



Lorette Nobécourt partage avec Marina Tsvetaeva la culpabilité des mères vis à vis de leurs enfants.« … je me souviens de ces heures effroyables où je pensais avec sincérité que mon suicide épargnerait ma fille de ma présence toxique. C'est une telle culpabilité Marina, quand on croit préférer les mots aux gens, et même à son enfant. Une telle culpabilité quand on ne sait pas encore que l'amour des premiers n'enlève rien aux seconds. Au contraire. »

et elle l'a remercie de lui avoir permis, grâce à son exemple, de trouver la force pour prendre son envol.



Marianne Alphant insiste sur la vie faite de calme et de retrait de Jane Austen, un vie dénuée d'évènements, une femme dont on sait peu de choses. Elle me fait penser à Emily Dickinson ou aux soeurs Brontë.

« Il y a des politesses à rendre, des conversations à écouter, les jours se ressemblent, il faut se contenter de ce peu, faire quelque chose avec rien – l'art le plus grand »

et de conclure

« Peut-être faut-il une vie décevante pour que tout soit donné par l'écriture. Peut-être faut-il connaître l'esseulement, l'échec, le doute, le sentiment de ne pas compter, pour observer avec tant d'empathie ce à quoi l'on n'aura jamais part. Et – que l'histoire soit écrite ou vécue – pour tout obtenir au final : l'importance, la lumière, le nom. Car ainsi procède le roman, sweetly, avec sa grâce heureuse.



Cécile Guilbert nous amène elle, vers la joie de Cristina Campo. Elle ne partage pas sa foi mais admire « ce personnage à la fois réservé et ardent », indépendante et révoltée : « Substance », « nourriture », « lumière », « eau vive » : nul besoin d'avoir foi comme elle dans « la Majesté Divine » pour savoir reconnaître dans ces synonymes les portes d'entrée d'une joie enluminée par cette notation exaltante : « Dans la joie, nous nous mouvons au coeur d'un élément qui se situe tout entier hors du temps et du réel, mais dont la présence est on ne peut plus réelle. Incandescents, nous traversons les murs. »



Les échanges entre ces femmes, car elles se parlent même si des siècles les séparent, sont inégaux mais toutes montrent que la rencontre entre elles leur a permis d'être plus forte et les a convaincues de poursuivre leur chemin d'écriture dans les moments où elles pouvaient vouloir abandonner.

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L'une & l'autre

Bof, pas terrible. Besogneux comme une dissertation. On aurait pu se passer de cet ouvrage de commande. Seules les deux dernières évocations (Jane Austen par Marianne Alphant et Cristina Campo par Cécile Guilbert) m'ont charmée, la première par sa vivacité et la seconde par sa poésie.
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L'une & l'autre

À lire leurs textes sur leur auteur de prédilection, les correspondances se font jour (...) mais l'exercice veut que l'on retombe sur ses pieds avec légèreté pour éviter l'hommage poussif. C'est réussi!
Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..
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La Folie Elisa

C'est l'histoire d'une maison qui est un refuge et un passage. C'est aussi un texte choral qui organise, dans cette maison, les récits de quatre femmes artistes meurtries par la violence du monde. Attentats, migrants portés disparus, multiplication de murs et de barbelés. Comment vivre avec cette matière noire? Un roman qui se lit comme un poème sur nos temps.
Lien : http://bibliobs.nouvelobs.co..
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La Folie Elisa

Un court livre mais qui a été pour moi difficile à lire à cause du style. J'ai eu du mal à reconnaître les personnages, à comprendre à quoi correspondaient les chambres (je n'ai d'ailleurs toujours pas compris ....) et je ne suis pas rentrée dans l'histoire. Dommage car du peu que j'en ai retiré les héroïnes étaient intéressantes ...
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La Folie Elisa

L'écriture, si musicale, a le souffle qu'il faut pour faire tenir gracieusement sur cette corde raide – qu'elles adorent – ces belles funambules, si attachantes et si vraies. La Folie Élisa est une fresque-collage de tout ce qui nous traverse, sur laquelle viennent et repartent ces quatre créatrices aux silhouettes de muses en points d'interrogation.
Lien : https://www.lepoint.fr/livre..
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La Folie Elisa

Drôle de livre que ce court roman polyphonique de Gwenaëlle Aubry, La Folie Élisa…



Une folie, au sens vieilli du mot, est une maison de plaisance… Ici, c'est une « maison des feuilles », un lieu où déposer l'aliénation.

Le prénom Élisa est l'anagramme d' «asile », lieu de refuge inviolable. Ici, il y a des chambres où se reposer et se dire.

SMA : un graffiti sur les murs des villes, un code, un cri de ralliement ?...Save Me Angel?..., Suck Me Angel?...

Quatre femmes, très différentes, mais également perdues au lendemain des attentats de 2015, des victimes indirectes, traumatisées par ce que devient le monde en proie au terrorisme, aux exodes migratoires, à la montée des extrémismes populistes, à une forme de décadence généralisée…



Chaque femme se raconte, se met en mots, cherche un sens au sigle SMA, interpelle l'auteure et, à travers ce « tu », chaque lecteur. Elles ne feront que passer, telles des passe-murailles, des folles, et laisseront un sillage, une parole, une universalité…

Emy Manifold, une rock star anglaise, s'est souvent produite au Bataclan. C'est un lieu important et chargé de sens pour elle, « sa maison », un endroit où elle était proche de son public … Elle raconte comment elle a appris le massacre, sur fond de badtrip, et son malaise des jours suivants, à travers les images et les témoignages. Elle fait un étrange parallèle entre la mise en danger artistique et le risque terroriste, entre la batterie et la kalachnikov… Elle vit par procuration ce qu'on ressenti les victimes présentes, s'approprie à tel point la catastrophe qu'elle décide que plus jamais elle ne remontera sur scène.

Sarah Zygalski est une danseuse juive passée par Berlin, Tel-Aviv, New York et Jérusalem, dont le corps est tatoué d'oliviers, sa manière à elle de se le réapproprier après avoir été blessé dans un attentat à Lion's Gates. Elle évoque sa décision de devenir danseuse et la difficulté de l'entrainement technique, selon une figure métaphorique d'étoile à cinq branches, un art issu d'une forme de manque. Elle nous parle d'un amour torride, du corps dansant et baisant, souple et rageur… Elle devient fuite en avant, chute, trou noir, vit une guerre permanente contre des adversaires fantasmés et contre elle-même.

Ariane Sile, une actrice française, tenait le rôle d' Ysé dans Partage de midi de Paul Claudel, à l'Odéon. Elle dit comment et pourquoi elle a, un soir, au début de l'acte III, cessé de jouer pour apostropher le public, lui demander de se réveiller, d'ouvrir les yeux. Cette pièce était pour elle un couronnement, « un rêve éveillé ». Son nom suggère le mot « asile », A. Sile ; son attitude interpelle et affole. Son point de rupture et de basculement vient d'avant l'attentat du Bataclan, date d'un moment où elle a choisi de dire « non », du départ d'une jeune fille, « une petite », qu'elle connaissait et qui est partie en Syrie pour faire le Djihad, pour « être utile, contre ».

Irini Santoni, une sculptrice grecque, porte en elle « une maison effondrée » ; on la surnomme «la fille de la folle ». Son père la convoque pour l'informer de la vente d'une maison dont le profit servira à payer les études des fils qu'il a eu en secondes noces ; ses enfants seront donc défavorisés. Nous écoutons une fille trahie et une mère aimante, attachée aux souvenirs et au passé, à certaines valeurs familiales et patrimoniales. Son discours s'inscrit dans une vaste métaphore bâtie à la manière d'une maison allégorique.



Ce choeur de femmes construit « l'hacienda », un domaine communautaire de pensées, d'expériences et de ressentis. Chacune, avec ses différences et ses propres fêlures, rejoint les autres dans les relations amoureuses tumultueuses notamment et, surtout, dans une forme d'esthétisation poétique, de discours hallucinés. Il ne faut jamais perdre de vue qu'elles sont, avant tout, des artistes.

C'est incarné, puissant, violent…

Drôle de livre que ce court roman polyphonique disais-je en introduction… Une lecture complexe dont je ressors un peu sonnée.



https://www.facebook.com/piratedespal/

https://www.instagram.com/la_pirate_des_pal/

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La Folie Elisa

Lorsque la folie artiste se heurte à la folie terroriste : quatre trajectoires de femmes pour un roman bouleversant de poésie et de politique.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2024/02/26/note-de-lecture-la-folie-elisa-gwenaelle-aubry/



Comment une musicienne rock anglaise, une plasticienne grecque, une danseuse germano-israélienne et une actrice française se retrouvent-elles tout à coup un matin devant la maison de la narratrice, qui va en effet leur ouvrir ? Toutes les quatre ont été prises, sous des formes diverses, dans le tourbillon insensé du déchaînement de violence des années 2015 et suivantes, déchaînement dont rien n’indique vraiment qu’il soit terminé, ni en 2018 au moment de la parution de l’ouvrage au Mercure de France, ni aujourd’hui, six ans plus tard. Terrorisme évidemment (le Bataclan tient ici une place privilégiée, si l’on ose dire), mais aussi, beaucoup plus largement, érection sans fin des murs face à celles et ceux qui précisément espèrent un abri face à la violence de leur monde, et festin sans fin des extrêmes-droites, un peu partout dans le monde, mais ici, tout particulièrement, en Europe et en Israël, dans la fureur des affirmations identitaires : l’expression artistique, aussi résolue – et puissante – soit-elle, semble avoir là touché ses limites, et côtoie désormais la folie comme seule issue. À moins justement que dans les replis de cette folie (qui est aussi, au-delà d’un simple jeu de langage, un bâtiment bien spécifique) ne nichent les munitions insoupçonnées de rebonds encore à inventer ?



Deux ans après le saisissant détour mythologique de « Perséphone 2014 », six ans après la stupéfiante collision orchestrée dans « Partages », Gwenaëlle Aubry nous propose en 2018 ce quatuor (qui est bien plus probablement un quintette) artistique, pluri-disciplinaire et pluri-géographique, pour plonger dans une sauvagerie qui accumule les victimes physiques, les victimes psychologiques et les victimes morales – et qui semble mettre chaque jour un peu plus en exergue l’impuissance à la représenter significativement et à la combattre efficacement. Nulle tentation de l’essai ou du pamphlet dans cette somptueuse « Folie Elisa » : c’est la langue seule, d’une force chaque fois accrue (que l’on mesure le chemin parcouru, le travail accumulé depuis les élans pourtant déjà si réussis de « Personne » en 2009 !), qui accomplit ici sa transmutation, instillant beaucoup de poésie politique dans chaque phrase, jouant avec un immense brio des variations d’intensité au coeur de ces courses à l’abîme et de leurs griffures désespérées de résistance. Car c’est ainsi que l’écriture de fiction, oscillant en une série de déséquilibres salvateurs entre plusieurs programmes pré-construits, parvient à déjouer les attentes, à rompre l’habitude et à esquisser ce qui meut et qui, partant, pourrait bien un jour sauver.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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La Folie Elisa

Il est porté par une prose incandescente, claudélienne, où poésie rime avec folie, traversé par des images d'une violence rare, bousculé par de «grandes rafales de vie», et incarné par des femmes qui résistent, se battent et finissent par se relever. Elles sont très fortes. Gwenaëlle Aubry, aussi.
Lien : http://bibliobs.nouvelobs.co..
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La Folie Elisa

Elles sont quatre femmes arrivée dans une maison que l’on devinera être celle d’Elisa.



Quatre femmes aux fêlures intérieures qui toutes ont fui : Emy Manifold, une rock star anglaise, Irini Santoni, une sculptrice grecque, Sarah Zygalski, une danseuse berlinoise, Ariane Sile, une actrice française.



Chacune dans une chambre de la maison elles racontent leur histoire, les drames qui les ont conduites dans l’exil et sur la route.



Si j’ai eu un peu de mal avec la narration âpre et les récits difficiles, j’ai fini par m’attacher à ces femmes blessées.



Et comme une vague supplémentaire, des nouvelles du monde qui court à sa perte.



Je suis ressortie sonnée par ce livre, par ces femmes dont je ne suis pas sûre qu’elles trouveront un jour un apaisement. Car ainsi va la vie….



L’image que je retiendrai :



Celle du grand saut de Sarah la danseuse.



Une citation :



je vais cartographier nos cassures, décrire nos chambres obscures et nos pièces condamnées, nos escaliers-fantômes et nos couloirs sans fin qui soudain nous traversent et nous errons éperdus, affolés (p.124)
Lien : https://alexmotamots.fr/la-f..
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La Folie Elisa

Elles sont quatre femmes qui parlent toutes les langues devant la porte de la maison de L., Folia, la maison des feuilles. Elles y trouveront chacune une chambre, un asile pour se reconstruire après les évènements de 2015.

Emy Manifold est une rock-star anglaise, habituée des concerts au Bataclan, en pleine descente lors du massacre. Hantée par les images et les cris de l’attentat, elle quitte la scène. Elle pense aux hommes de sa vie et surtout à Hans qui tague sur les murs un message énigmatique.

Irini Sentoni est une sculptrice grecque. Elle souffre de la folie des hommes, bien pire que celle dont on accuse sa mère. Les fous sont ceux qui veulent vendre sa maison d’enfance et ceux qui ignorent ces déchets, possessions et corps de migrants que l’on ramasse en mer. Aujourd’hui, elle peint avec la peinture la plus noire du monde et sculpte avec du barbelé.

Sarah Zygalski est une danseuse berlinoise. Elle a un olivier tatoué sur le bras pour cacher la cicatrice, dommage collatéral d’un attentat-suicide au Lion’s Gate. Quittant son professeur, elle part faire carrière à Berlin et rencontre Jan. Les tatouages marquent les grands instants de sa vie.

Ariane Sile est une actrice française. Le soir de la dernière, alors qu’elle joue Ysé, le rôle de sa vie, Ariane déclame sa colère contre ceux qui ferment les yeux face à ces jeunes comme la petite Morgane qui partent en Syrie.

Ce sont quatre « filles de la fuite et de la perte » qui quittent la scène, terrassées par la violence du monde et cherchent l’ultime asile.

Depuis leur chambre, j’écoute leur voix, leur chemin. On y entend l’intimité et la voix du monde. Toujours originale dans la construction de ses récits, Gwenaëlle Aubry fait aussi sortir les échos du monde d’une chambre obscure, la montée du terrorisme et les menaces de l’extrême-droite .

Pour rassembler son récit, l’auteur aime aussi glisser des liens entre les quatre femmes comme un ancien amant ou le tag SMA,

Pour avoir parlé de plusieurs romans de Gwenaëlle Aubry, je ne reviens pas sur la qualité du style. Cette langue travaillée, poétique est faite pour de belles lectures à voix haute. Et ce titre est une fois de plus un regard éclairé sur le monde d’aujourd’hui.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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La Folie Elisa



Quatre femmes malmenées par la vie qui se retrouvent aux portes d’un refuge. Elles ne se connaissent pas, elles vont raconter leur vie, leur souffrance et leur détresse face à la violence et surtout, elles vont tenter de se reconstruire.

En fil rouge, un graffiti les relie.



La construction de ce roman est originale, on se laisse porter par l’écriture fluide de G. Audry. Un roman très dur et pourtant émouvant ancré dans notre réalité.

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Lazare mon amour

En 75 pages, Gwenaëlle Aubry nous délivre un magnifique portrait de Sylvia Plath, poétesse américaine qui s'est suicidée à 30 ans.

Ce portrait est exécuté avec beaucoup de passion et servi par une écriture riche, émotive et parfois complexe,poétique et très personnelle.

Profonde.



Souffrant de dépression (??? Ce que Sylvia Plath dévoile de ses hauts magnifiques et de ses bas abyssaux correspond il vraiment à une dépression ?) et d'une très grande hypersensibilité,elle souffre aussi d'une importante auto dépréciation alors que c'est une artiste de premier plan. Régulièrement elle a des pulsions suicidaires,la vie,la mort,toujours liées.

Ted Hugues,jeune auteur " qui monte", à qui elle voue une passion sacrificielle, saura jouer avec ses faiblesses et son perfectionnisme, elle " choisira" au final de se consacrer à sa réussite à lui,tapant et corrigeant ses textes,s'occupant des détails matériels de leur vie,des deux jeunes enfants, essayant tant bien que mal de grappiller du temps pour écrire,elle ,alors que l'écriture est le moteur même de sa vie,de son équilibre.

Elle ne parviendra à réaliser sa vie d'écrivain que lorsqu'il la quittera pour une autre.

Mais elle finira par se suicider.



Je ne sais rien de son mari mais ce que Gwenaëlle Aubry en dit est glaçant.



Ce livre aussi pose la problématique de la femme artiste. Comment concilier la vie de famille,la procréation et la création quand on est femme ? Tout ceci peut il rentrer dans une seule vie? Au prix de quels sacrifices? De quelle quantité de souffrance psychique, physique,de quels combats?

Un très beau roman mais qui effleure l'essentiel.

Il me manque quelque chose que je trouverai peut être ailleurs,mais je suis émerveillée par les qualités d'analyse en si peu de pages de Mme Aubry,dont j'avais admiré "Saint Phalle".

En refermant ce petit livre,je sais que je vais continuer la lecture de cette auteure dont la tendresse n'a d'égal que la rigueur .











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Lazare mon amour

Gwenaelle Aubry nous parle, dans un très court livre - 75 pages à peine - de Sylvie Plath, poétesse, romancière, qui s'est suicidée en 1962, peu après la naissance de son troisième enfant, et après avoir appris qu'elle était trompée. La manière dont G.Aubry écrit ici est ce qui est le plus frappant: ce texte est vraiment beau, et participe au mystère de la chose décrite. La fragilité du personnage, sa dépendance à un homme qui ne la méritait peut-être pas, fabriquent le drame. La hauteur de vue de G.Aubry impressionne; et, même si tout cela n'est pas, en soi, passionnant, on salue le niveau d'écriture de l'auteur, et on est satisfait d'en apprendre un peu plus sur une femme morte trop tôt il y a plus de 50 ans (et qui pourrait encore être vivante), oubliée bien entendu, mais dont la vie méritait incontestablement ce rappel, et cet hommage.
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Lazare mon amour

Car je crois que Plath a été, dans les deux sens du terme, une survivante : pas seulement une qui est revenue d’entre les morts (lady Lazare) mais aussi une qui a vécu à l’excès. "

De la poétesse Sylvia Plath, je ne connaissais que les grandes lignes de sa vie comme sa mort voulue à l’âge de trente ans en 1963. Avec cet essai, Gwénaëlle Aubry non seulement nous permet d’en apprendre plus sur cet auteur mais également sur sa vie, sur son rapport à l’écriture et sa production littéraire.



D’emblée, on ressent combien Gwénaëlle Aubry a été touchée par Sylvia Plath, par la femme dans son rôle d’épouse, de mère, de fille. Toutes ces facettes ont influencé la poétesse pour qui «l’écriture est l’unique salut». Ce texte n’est pas une simple biographie, Gwénaëlle Aubry intercale des extraits des écrits (poèmes, journaux intimes, lettres) de Sylvia Plath, décrit des photos et les situent dans le vie de cette dernière. De sa première tentative de suicide à son mariage avec Ted Hughes, de la solitude à l‘amour qu’elle portait à ses enfants, des succès littéraires de son époux pendant qu’elle essuyait des refus ( « Mais elle offre à Ted l’argent qu’elle gagne, le temps qu’elle perd »), de l'infidélité de son mari à son envie de réussir à concilier son rôle de mère et d’auteur reconnu, la vie de Sylvia Plath est décrite avec un prisme de sensibilité sans égal même pour parler des nombreuses douleurs. Sans être dupe, Sylvia Plath a écrit : « Je suis horrifiée de rejoindre l’expression du rêve américain dans mon désir d’avoir une maison et des enfants » et de prendre en modèle sa mère « et derrière lui en renfort, toute la cohorte-des-mères-épouses exemplaires, des douces-amères résignées". Dans ces années corsetées pour les femmes, il fallait du courage et Sylvia Plath en avait.



L’inscrire dans notre époque « après tout, Sylvia Plath est notre contemporaine » et de chercher en elle « le point d’ajustement de l’écriture à la vie. Je ne veux pas la lire à travers sa mort (et donc pas non plus à travers le récit de sa vie). Je cherche à comprendre ce que, par l’écriture, elle a sauvé de la vie et ce qui, de l’écriture, l’a sauvée elle aussi» et à travers elle de retourner le miroir et nous le tendre : « c’est ce qui, de l‘écriture, peut perdre autant que sauver, peut perdre après avoir sauvé. Car écrire, si l’on en fait des livres, ce n’est pas se délivrer : c’est se livrer, pieds et poings liés."



Cet essai m’a donnée le sentiment d'avoir côtoyée Sylvia Plath. Et vous l’aurez compris, les émotions sont palpables.

Gwénaëlle Aubry signe ici un texte fort, d’une beauté aérienne et un très bel hommage à Sylvia Plath. Car il faut admirer et respecter quelqu’un pour en parler ainsi avec son cœur. Comme pour ne pas juger et retransmettre ses émotions avec pudeur et simplicité.


Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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Lazare mon amour

Je n'ai pas lu la romancière Gwenaëlle Aubry mais cet essai/témoignage sur Sylvia Plath est très intéressant lorsque l'on connaît l’œuvre de cette dernière. Plath est en poésie un de mes écrivains préférés. On sent que c'est une auteure qui touche beaucoup Gwenaëlle Aubry. Elle s'est beaucoup fondée sur les journaux de cette dernière et fait le lien bien entendu avec la famille de celle-ci. Elle insiste avant tout sur le rapport très étroit entre la vie de Sylvia Plath et son écriture. Gwenaëlle Aubry rend hommage à cette poétesse, disparue trop tôt, qui a mis fin à ses jours.
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