AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Hélène Cixous (193)


Dans chaque livre vit une phrase au secret, un diamant caché dans le papier, sous le récit.

(p. 134)
Commenter  J’apprécie          332
Hélène Cixous
Un manuscrit, c'est un territoire fabuleux dans lequel se dirige un guide disparu, l'auteur. Lire un manuscrit, c'est avoir une main dans sa main. C'est charnel, c'est irremplaçable.
Commenter  J’apprécie          336
« L'auteur », c'est-à-dire l'esclave de ces nocturnales qui plus tard arrêterait de fuir le scandale et s'avouerait vaincue, en mon nom, était comme le Chien à demi-enfoui de Goya. Ce Chien, je ne l'avais jamais vu avant, ce demi-Chien (qui jadis au temps des Choses était plutôt à demi-écureuil mais que j'ai reconnu dans le demi-chien), il est resté à mi-chemin de vie et mort de terre et ciel dans un orage d'ocres déversés par Goya dans l'embrasure d'un néant, à Madrid, dès que je l'ai vu, le jour où je l'ai vu, c'était moi, ce jour-là sans hésitation, j'ai vu le portrait de mon âme, une déterrée elle aussi, moi en tant que chien au museau jaune à moitié vivant malgré l'étreinte de la mort. C'est comme si j'avais trouvé la preuve et l'origine.
(p. 113)
Commenter  J’apprécie          260
Hélène Cixous
Dire : "Je suis une femme", c'est restreindre le champ des possibles, parce que grâce aux luttes des femmes, il est accordé aux êtres humains d'être plus que ça.
Commenter  J’apprécie          200
Les livres sont carnassiers. Ils se nourrissent de chair, de larmes, ils se frottent de mort, ils prennent leur source au cimetière, c’est tout su, sur mon père, j’ai bâti une œuvre, en dot j’ai reçu ses ossements, ses dents, ses peaux, ses lettres, une fortune de terreur et d’inconsolation.
Commenter  J’apprécie          180
Je suis pour toi ce que tu veux que je sois au moment où tu me regardes telle que tu ne m'as encore jamais vue: à chaque instant.
Commenter  J’apprécie          180
Je connais un poète qui est mort dans l'escalier, le jour où il partait dans un pays où il n'était plus plus jamais revenu. Tous ces pays dont on ne revient pas où on ne revient pas où on va revenir où on revient tellement en pensée qu'il est difficile de faire la différence entre aller, ne pas aller, et aller ne pas aller, on passe des années dans la lumière lunaire de l'aéroport. On y est attaché par le pacte le plus antique et le bien moins connu, le pacte d'être un né ou un mort de ce pays. Il n'y a pas d'explication. Il y a un cordon ombilical. C'est une ombre de cordon, un cordon immatériel dont on sent l'effet planté dans le cervelet. Nous sommes des conséquences. Il y a les cellules, dit mon aimé. Moi, je songe à aller à Alger depuis une dizaine d'années. Par précaution j'utilise le verbe " aller". Mes cellules ne suivent pas. Elles font comme si je disais : "retourner". J'attends.
Commenter  J’apprécie          180
Tout ce que nous ne savons pas
Vit encore comme les braises sous la terre
L’Incendie ne s’éteint jamais.
Il se tait.

(p. 145)
Commenter  J’apprécie          131
J'ai une crainte d'aller en Algérie et de manquer l'Algérie en y allant de pas l'y trouver et donc de commencer à l'avoir perdue, (...) si je la manquais ce serait ma faute naturellement, j'aurais commis un excès soit de précipitation soit de lenteur soit de calculs de pressentiments(...)
Commenter  J’apprécie          130
Prends ton Flaubert, ses années de recherche pour chaque détail si apparemment vivant, donné, temps de bagnes pour un instant de grâce, ses muscles de géant, ses voyages en plus d’un Orient, tout ce travail de force et de génie, il ne t’est pas demandé, il est mis à ta disposition, il est fait avant que tu aies reçu la requête d’une page.

(p. 108)
Commenter  J’apprécie          100
Mon effort dans la langue et dans la thématique est de briser les interdits et les fausses pudeurs. Voilà pourquoi je vais si volontiers chez les rêves : je les admire pour leur aptitude à la non-discrimination. C’est chez eux que règne l’égale lumière d’avant le sentiment de culpabilité. Ni orgueil ni honte. C’est seulement en rêve que nous sommes assez forts et assez généreux pour regarde en face Dieu en train d’éclater de rire. Cette création, quand même ! Ces créatures ! Il faut le faire ! Et moi aussi je ris d’avoir surpris Dieu à faire ce qu’il n’a jamais fait ailleurs.

(pp. 104-105)
Commenter  J’apprécie          101
L’agneau aime la fragilité du loup, et le loup aime la force du frêle. Le loup est maintenant l’agneau de l’agneau et l’agneau a dompté le loup. L’amour noircit l’agneau.
Loup qui aimes-tu ?
Si je savais !...
L’amour c’est : ça. Ça même. Et Ça m’aime. Et la fable s’appelle « Le Loup est l’Agneau ».
(p. 40)
Commenter  J’apprécie          101
«  Aujourd’hui j'ignore ce que mes lointains descendants invisibles et imprévisibles parviendront à découvrir des siècles après ma disparition. Mai déjà je sais ceci : tout ce que nous avons tu pour vivre et ne pas tuer, tout ce que nous avons enseveli déchiré en petits morceaux jeté au vent menti incinéré recouvert de trois couches de peinture retourné en son contraire renvoyé en mer et sur terre étouffé sous l'oreiller, il suffira d'un signe de plume, d'une arête le jour venu, d'un rien, d'un nom d'un rien, du nom d'un chien, d'un lapsus, un peu de tissu cicatriciel, l'empreinte d'une angoisse celée dans un jardin. »
Commenter  J’apprécie          100
Le livre rôde, en attente, se rassemble, gestation longue, des années, des dizaines d'années.

(p. 134)
Commenter  J’apprécie          91
Hélène Cixous
J'ai toujours su que j'étais destinée à vouloir comparer les rêves et la réalité afin de confondre la réalité, de lui faire avouer ses rêves cachés, et qu'elle dépendait de moi, de ma visite, de mes questions, pour sortir de son sommeil et se révéler.
Commenter  J’apprécie          90
Il est temps que la femme marque ses coups dans la langue écrite et orale.
Toute femme a connu le tourment de la venue à la parole orale, le coeur qui bat à se rompre, parfois la chute dans la perte de langage, le sol, la langue se dérobant, tant parler est pour la femme - je dirais même ouvrir la bouche -, en public, une témérité, une transgression. Double détresse, car même si elle transgresse, sa parole choit presque toujours dans la sourde oreille masculine, qui n'entend dans la langue que ce qui parle au masculin.
Commenter  J’apprécie          90
MADAME LI — Cette ville devient folle. Apeurés, les gens se changent en chacals, les autres en lapins. Au marché, pour un grain de riz, c'est la lutte au poignard. L'imminence de la fin du monde trouble le fond du ciel. L'homme dérape. Des braves pêcheurs pleins d'honneur deviennent des bandits près de la Digue du Nord, et, sans aucun regret, dépouillent la marchande et tout de suite après, s'enrôlent comme assassins à la solde des pires comploteurs. Il n'y a plus de bateau. Il n'y a plus d'amis. Madame Li n'a plus rien sinon ses bleus et ses blessures. Et la Kisa bien sûr.
Vous entendez ? Le cri d'une grenouille avalée par un serpent... Si j'avais pu je ne serais pas née. Viens Kisa.

KISA — Où allons-nous maintenant Madame Li ?

MADAME LI — Nous gagnons les hauteurs. Là-bas, grâce aux tambours nous serons à l'abri.
Commenter  J’apprécie          90
Il fut un temps. Ce temps je le sais d'un savoir désaffecté. J'ai voulu arriver en Algérie, il aurait peut-être mieux valu moi que j'y atteigne, mais c'était impossible. Si bien que j'ai atteint l'impossibilité et cela sans l'avoir calculé.(...) "Atteindre l'impossibilité" n'est ni un but, ni une possibilité, c'est une impossibilité délivrée en notre absence. Ai-je jamais cru, espéré, décrocher le faîte du désir ? (...) il se peut qu'ai couvé en moi l'ombre d'une sensation de vanité, une de ces formes furtives de pressentiment que l'on chasse d'un souffle(...) Ces retropressentiments de fatalité, je leur ai accordé une importance décisive en 1993, l'année où je n'ai plus réussi à faire obstacle à l'entrée de la Chose Algérie dans mes livres. Reconnaître que je n'avais jamais crû arriver un jour en Algérie, en vérité, et tenter de m'approcher de la Chose par les puissants moyens de la littérature, les deux faits se sont produits à la même époque.
Commenter  J’apprécie          90
Finalement, c'était une belle nuit.
E.- Qu'est-ce qu'on peut faire, quand on est si vieux? Je ne suis plus rien.
H.- La nuit tu fais beaucoup de bruit.Beaucoup pipi.
E.- J'ai pas d'autre chose à faire. ( Un temps.) Dommage.
Dommage, ai-je pensé. Nous nous sommes battues cote à côte. Dans une autre pièce, le jour nous aurait trouvées allongées dan les bras l'une de l'autre, pensai-je.
Maintenant ma mère craint ma nuit. On voit rien. C'est pas très clair. Voilà que nous nous figurons tous les deux qu'"Elle" viendra la nuit.
"Tu me laisses pas tomber ! dit ma mère. Tu me laisses pas seule!" Maintenant j'ai aussi peur de la nuit que du jour. Je la laisse calmement endormie à 23 heures, je dors à une allure folle, à 5 heures je parcours le petit couloir, étroit conduit peuplé de spectre et d'illusions, je murmure "maman", que dis-je! "maman" c'est moi, si ma mère vit encore. C'est seulement si j'avais perdu mon vieil enfant que maman ce serait celle que j'appelle à mon secours pour me déterrer de cette enterrement vivante.
Commenter  J’apprécie          90
J'attache le prix à la phrase, ou à à un rêve parce qu'il est plein de phrases. Je suis transportée par l'audace d'une virgule, séduite par des merveilles d'amphibologie, je relis mille fois ivre de m'y reperdre une période de Circonfession. J'ai des cahiers qui regorgent de phrases à plaisanteries je porte des anneaux de phrases aux poignets et aux chevilles, je lèche le corps d'une phrase, je suis les plis les creux les souffles le léger gonflement de la veine qui palpite le long d'une phrase érigée sous ma langue, j'attache du prix aux phrases de ma mère étrangère.
Commenter  J’apprécie          90



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Hélène Cixous (258)Voir plus

Quiz Voir plus

Lisons avec Mickey Rourke

L'un de ses premiers rôles marquants est celui de The Motorcycle dans Rusty James réalisé par Francis Ford Coppola en 1983 d'après le roman du même nom de: (Indice: Outsiders):

Joyce Carol Oates
S. E. Hinton
Toni Morisson

9 questions
25 lecteurs ont répondu
Thèmes : acteur , Acteurs de cinéma , hollywood , cinema , adapté au cinéma , adaptation , littérature , polar noirCréer un quiz sur cet auteur

{* *}