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Critiques de Henri Meunier (191)
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Après la nuit

A ma droite, Jude Stanton, l'impitoyable shérif qui fait régner la loi sur sa bonne ville de Bartlesville, dans l'Oklahoma.

A ma gauche, Jedediah Cooper, de son nom d'emprunt, jeune homme ambitieux qui vient d'abattre froidement deux hommes, enfin, c'est ce qu'il aime faire croire, et qu'il vient de déposer au coeur de cette même ville.

Au centre, Rosie, une jeune pute habituée aux rencontres hasardeuses, parfois malheureuses, comme ce jour où elle s'est pris une balle en plein dans le visage et qui l'a défigurée.

Elle sera le témoin de cette première rencontre entre ces deux hommes que tout semble opposer. Puisque l'un ne veut pas rendre les armes et se laisser prendre et que l'autre compte bien imposer ses choix, une deuxième rencontre, surement fatale pour l'un d'eux, aura alors lieu au petit matin.

Lequel des deux survivra à l'autre?



Richard Guérineau et Henri Meunier nous ont concocté un bien bel ouvrage, style film à la Eastwood, un bon western à l'ambiance vraiment réussie et savoureuse, du début à la fin. Laissant planer le doute sur l'identité de Cooper, cavalier bien mystérieux, ils ont réussi à nous entrainer avec eux dans ce duel cruel opposant ces deux hommes. Dans une atmosphère éprouvante, rendue possible grâce au dessin précis et somptueux et aux couleurs sombres, l'ambiance devient de plus en plus pesante et les auteurs jouent beaucoup sur la psychologie des personnages. Cette histoire au scénario finement ciselé tire dans le mille!



Après la nuit... tout simplement lumineux...
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Après la nuit

«  L'un de nous deux est de trop dans cette ville , étranger ! « 



Que celui ou celle qui n'a jamais entendu cette phrase emblématique balancée par un cow-boy mal rasé , le cigarillo au bec et le doigt sur la gâchette , prêt à faire parler la poudre dans le soleil couchant d'un western spaghetti magistralement tourné par un Léone encore et toujours très inspiré , me balance la première – toute petite , petite – pierre !

Propos qui , à lui seul , pourrait pleinement résumer ce one shot - terme collant parfaitement au contexte – de très belle facture ! Si j'osais , j'dirai qu'il est trop de la balle !



Deux personnages que tout oppose ! Deux êtres hors norme luttant pour la suprématie du territoire !

Deux individualités antagonistes prêtes à en découdre , légitimant ainsi cette fameuse maxime du philosophe contemporain Brogniart , Denis de son p'tit nom : «  et à la fin , il n'en restera qu'un ! «  .



Le shérif Jude possède la sale réputation de tenir son p'tit monde d'une main de fer ! La tranquillité de Bartlesvile est à ce prix . Aussi , lorsqu'il voit débarquer cet étranger mutique semblant manier le colt beaucoup plus rapidement que le verbe , le duel semble alors inévitable . D'autant plus que ce prétendu Jedediah Cooper bouffe supposément déjà les pissenlits par la racine depuis quelques années , convié à ce festin de roi par l'ami Jude en d'autres temps !



L'on pourrait s'attendre à un bête règlement de compte entre deux bourrins roulant à la testostérone .

Là , j'ai envie de dire «  halte au feu , les balles sont creuses ! «  . Le propos est bien plus intelligent et dramatique qu'il n'y paraît ! Respectant tous les codes des westerns de légende , Meunier et Guérineau font la part belle à un scénario plutôt mystérieux qui ne dévoilera sa quintessence qu'à la toute fin , et quelle fin...

Joli coup de crayon , couleurs chaleureuses , dialogues ciselés alternant avec des pages en étant totalement exemptes. Le tout se tient magistralement pour offrir au lecteur un réel moment de plaisir !

Une BD de genre parfaitement maîtrisée . Un western exsudant une tension de tous les instants qui va crescendo jusqu'au dénouement des plus surprenant ! Stetson l'artiste !



Après la Nuit , revient l'aube rougeoyante et son cortège de fantômes...

http://www.youtube.com/watch?v=R76URfXE_ck
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Taupe et Mulot, tome 4 : Bonnet blanc et bl..

Ce petit livre contient trois histoires des deux amis Taupe et Mulot : La bûche, Premier flocon et La pétanque. Trois histoires sur les thèmes de l'amitié et de la nature.



Ces histoires sont à lire à l'enfant dès 5 ans, dit la 4ème de couverture, ou à lui faire lire dès qu'il est un peu avancé dans l'apprentissage de la lecture (fin de CP ?)



Attention, si les aventures des deux amis sont assez simples, ce n'est pas toujours le cas du vocabulaire utilisé. Il faut donc se préparer à expliquer le sens de certains mots et à veiller à une bonne compréhension...



Une bonne lecture pour découvrir de nouveaux mots...




Lien : http://michelgiraud.fr/2022/..
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Coeur de bois

"Les feuilles du sol émettaient de légers craquements sous ses pas. L’activité feutrée de la faune engourdie l’enveloppait. Aurore et la forêt ne faisaient qu’une. Elle ne pouvait s’imaginer vivre sans se promener dans les bois."



Aurore, jolie femme blonde aux faux-airs de Bonnie Parker, s’apprête à aller rendre une visite. Elle passe d’abord à la boulangerie acheter quelques douceurs avant de prendre la direction de la forêt.



A l’entrée d’un sentier ombragé, elle gare sa fiat 500, rouge, et se rend à pied jusqu’à une maison au milieu des bois, une maison délabrée, inquiétante, mais qui a sans doute été belle autrefois. Et à l’intérieur, on découvre…



Alors là, surprise, mais alors big surprise !!...



Dans Cœur de bois, en plus de quelques clins d’œil, les dessins de Régis Lejonc rappellent l’ambiance feutrée des contes de fées de notre enfance. Et c’est justement un célèbre conte que revisite Henri Meunier nous rappelant que les épreuves, si elles ne s’effacent pas et nous marquent à jamais, nous aident à avancer et, le plus important, à grandir.



Comme toujours avec les Éditions Notari, qualité et étonnement garantis !
Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Sept, tome 21 : Sept Macchabées

Dans ce 7e épisode de la saison 3 intitulé "Sept Maccabées", nous sommes en 1910 : la course aux armements est plus forte que jamais dans tous les domaines entre l'Empire britannique et l'Empire germaniques, et les Rosbifs et les Boches se tirent la bourre pour être les premiers à planter leur drapeau au Pôle Sud… Vous vous souvenez dans le 1er opus de la saga Indiana Jones, quand l'Arche d'Alliance était placardisée dans un entrepôt sans limite de la Zone 51 ? Et bien ici l'Angleterre possède exactement la même chose avec des lustres d'avance sur les USA, donc pour faire d'une pierre deux coups la Perfide Albion déclenche le Plan F issu des travaux d'un savant fou du XIXe dénommé Victor Frankenstein, pour fabriquer des super-soldats zombies et tester leurs capacités et leur viabilité !

Depuis le roman pionnier de Mary Shelley science et horreur ont toujours collaboré avec succès, et ce tome est placé sous son patronage pour lui rendre hommage ! Nous donc dans le survivalisme certes, mais aussi dans l'exploration de la frontière entre la vie et la mort : la traversée de l'enfer blanc antarctique est davantage une catabase personnelle qu'une odyssée collective, et en luttant contre la dégradation des corps et des âmes on suit moins les traces de Shackleton que celles du fils prodigue du bon docteur qui ici joue un peu le rôle du K de Dino Buzzati… Tout se joue donc au niveau des personnages, de l'approfondissement de leur psyché et du développement de leur relationship drama, et force est de constater que les 64 pages sont insuffisantes pour que les auteurs aillent au bout de leurs ambitions ! L'ensemble est néanmoins réussi avec un casting plus proche des Douze Salopards que des Sept Samouraïs qui parvient ô miracle à invoquer les mânes de Sophocle et Yeats : un père et un fils tous les deux sortis d'un roman d'Agatha Christie ou de son héritière Elisabeth George (le senior se demandant s'il a réussi en tant que père, le junior se persuadant qu'il a échoué en tant que fils), un scientifique positiviste, un artiste nihiliste, un misanthrope, une brute, et un espion anglais qui n'aurait pas dépareillé dans le film Quand les Aigles attaquent… L'idée que ceux qui n'ont pas la vie et l'instinct de survie chevillées au corps voient leurs-dits corps se dégrader bien plus vite que celui de ses compagnons d'infortune,

La fin justifie-t-elle les moyens ?



Au fond de la boîte de Pandore de la mort-vivance peut-on trouver l'Espoir ?





Un bon concept de Série B qui grâce au travail d'Henri Meunier, que je ne connaissais pas mais qui ici m'a donné envie de le découvrir davantage, atteint par moment le niveau d'une Série A. Les dessins d'Etienne le Roux, assisté aux couleurs de Thierry Leprévost, sont réussis et soignés : il n'a cessé de s'améliorer tout au long de sa carrière, et j'imagine qu'ici son travail sur les horreurs de la WWI dans la série "14-18" ont dû aider…
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Coeur de bois

Quelle merveille que cet album ! Aurore, une jolie femme d'une quarantaine d'années, s'apprête soigneusement pour rentre visite à un vieillard impotent qui vit seul dans la forêt. Après un bref trajet en voiture pendant lequel elle s'inquiète pour une de ses filles, elle marche une demi-heure en forêt, attentive à ce qui l'entoure, et arrive dans un pavillon de chasse qui a connu des jours meilleurs. Il faudra au lecteur 16 pages sur les 28 du livre pour comprendre, à la vue du vieillard, qu'il s'agit d'une variation sur un conte de son enfance. Une projection dans l'avenir, pourrait-on dire. Cette interprétation très originale fait une brève références aux versions les plus anciennes, les versions orales qui nous sont parvenues, avec une allusion aux chemins des aiguilles ou celui des épingles, ce qui m'a imposé une petite remise en mémoire... L'histoire que propose Henri Meunier met en valeur la résilience et l'altruisme, tout en insistant pour en exclure le pardon, ce qui donne à réfléchir et peut (doit ?) faire l'objet d'un approfondissement. Ce n'est pas une surprise : cet album paraît dans la collection L'oiseau sur le rhino, section « Les hérons » (pour les plus grands et leurs parents) précisent les éditions Notari (Genève, 2016).

***

J'ai trouvé le texte tout en pudeur et retenue absolument magnifique, et les illustrations très belles et parfaitement adéquates. Régis Dejonc a travaillé avec plusieurs techniques, dont le pastel, me semble-t-il, avec des teintes sombres et un camaïeu de gris, jusqu'au noir qui donne parfaitement à voir la forêt en hiver comme le vieillard grincheux. La couleur de la couverture qui enveloppe le vieillard pendant la balade suggère immanquablement que la vulnérabilité a changé de camp. Presque à la fin, le visage lumineux d'Aurore fait pendant à un texte intense pour illuminer cet album jusque là assez sombre. La double page finale ferme l'histoire avec une conclusion lapidaire et généreuse alors que les deux personnages font corps avec la forêt. Sublime !

Prix Sorcières 2018, Carrément sorcières fiction

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Coeur de bois

J'ai pris et lu cet album à la bibliothèque parce que j'attendais quelqu'un, j'aurais pu prendre n'importe quel autre posé sur la même étagère. Et là, quelle surprise! coup de coeur inattendu! Ce n'est pas un livre pour jeune enfant , mais plutôt un ouvrage pour adulte ou à lire avec un " grand enfant" pour le commenter, discuter et gérer les émotions qu'il procure. On suit une jolie femme qui se pomponne car "Même pour une balade dans la forêt avec un viellard impotent , elle voulait être irrésistible."De fait, nous entrons dans la forêt puis dans la maison du viellard. Mais que de surprises qui nous plongent dans un conte philosophique. L'éditeur dit que l'album montre à l'enfant comment dépasser ses passions et affronter "le loup" qui a pu nous dévorer, et qui est autant en soi qu'à l'exterieur. J'y ai vu pour ma part une profonde réfléxion sur le pardon, sur la capacité à s'affirmer, sur la possibilité de transformer et de dépasser toute épreuve. Finalement sur la résilience. C'est aussi un beau questionnement sur l'abus de pouvoir, le rapport de force et la façon de créer une relation différente ." j'étais fort autrefois" soupira-t-il.

" Non, non, vous n'avez jamais été fort. Vous étiez puissant. C'est autre chose." réplique Aurore. Et cette phrase sublime d'Aurore: " Je veux être assez forte pour pouvoir aimer.Même vous."

Ceci c'est pour le texte...Quant aux dessins ce sont des tableaux, des pastels magnifiques qui nous permettent d'entrer dans l'univers des contes avec leur luminosité mais aussi leur côté sombre et inquiétant. On pénètre dans le coeur de la forêt avec cette sensation de crainte et d'attirance . J'ai pensé, en terminant ma lecture à La psychanalyse des contes de fées, de B.Bettelheim.
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Après la nuit

On retrouve l'ambiance des westerns classique, 3h10 pour Yuma (version des années 50), le train sifflera trois fois, L'Homme des Hautes Plaines, Impitoyable... Un homme qui semble un chasseur de prime arrive dans une petite ville avec deux cadavres de bandits recherchés, puis il entre dans la ville sans laisser ses armes à l'entrée de la ville. S'en suit des moments de tension, d'attente, avec quelque flashbacks qui viennent agrémenter l'histoire et compléter les personnages, peu de dialogues, et assez peu d'action, huit scènes et trois flashbacks, un par personnage. le dessin est plutôt léché, avec un beau travail sur les contrastes, un choix chromatique audacieux malgré un rendu numérique un peu trop visible, technique et artificiel : Un travail au pinceau, plus brut, plus agressif aurait rendu l'ambiance plus vivante, plus vibrante encore. Mais la réussite tient surtout du côté ambigu des personnages, le shérif invincible, la putain défigurée et l'aventurier taciturne, je vous laisse trouver votre héros parmi les trois, ... le scénario est bien ficelé, et loin d'être conventionnel, j'avoue que j'ai été surpris... agréablement.
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Coeur de bois

Aurore (tiens un prénom de conte) part visiter une personne âgée solitaire au fond de la forêt (tiens, tiens). Elle met un petit béret sur ses cheveux blonds, à la Brigitte Bardot de la belle époque et prend le volant de sa Fiat 500 rouge (rouge?). Et nous découvrons finalement qui est la personne isolée : surprise !

Les illustrations, plutôt "adultes", sont absolument magnifiques. Il y flotte comme un léger flou, comme un brouillard. Et l'esthétique 60s renforce ce côté "mature".

Niveau histoire également, ce n'est pas pour les petits. On voyage au cœur du passé, de l'âme humaine, de la capacité à pardonner ou pas, à vivre avec en tout cas.

Un très très bel album, mais pour les plus grands, capables d'en comprendre la profondeur.
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Taupe et Mulot, tome 1 : Les beaux jours

Je ne m’attendais pas à autant sourire avec ce roman jeunesse mettant en scène ces deux compagnons vivant de belles aventures ! L’humour est omniprésent, mais n’est pas lourd ou forcé. Les auteurs ont plutôt misé dans la subtilité avec des jeux de mots, des petits clins d’œil malins (surtout du côté de Mulot) et des illustrations aux détails aussi amusants que décalés. Ces dernières sont très nombreuses et illustrent à merveille les différentes scènes. J’ai particulièrement été sous le charme de ces personnages très expressifs ainsi que de ces dessins sympathiques et colorés ! Taupe a vraiment une tête rigolote. Son tempérament et ses remarques m’ont souvent enthousiasmée, car le pauvre bougre a vraiment besoin d’une autre paire de lunettes. L’expression « Myope comme une taupe » n’a jamais eu autant de sens !



On ne notera pas de thématiques à débat dans cet ouvrage toutefois, l’amitié sincère des deux héros est très belle à voir ! On sent vraiment le tandem heureux de se retrouver ou de partager des moments ensemble. Le livre est d’ailleurs divisé en trois parties qui correspondent à trois activités différentes : la peinture, la pêche et la préparation à un rendez-vous galant. Chaque instant est à la fois drôle, tendre et agréable. Mulot est une personne intelligente, attentionnée, hyper positive et gentille. C’est un ami en or qui, malgré les difficultés de son ami, ne le juge pas et fait de son mieux pour le satisfaire. De son côté, Taupe est un personnage qui a parfois peu confiance en lui. Même s’il semble déterminé, il a tendance à se dévaloriser ou à se comparer à Mulot qu’il admire… Mais il est également un peu benêt, car il ne comprend pas l’ironie et prend tout au pied de la lettre. Sa vue l’handicape beaucoup néanmoins, il peut compter sur son comparse pour le soutenir. Bref voilà un roman aussi distrayant que joyeux avec une double lecture (texte et illustration). À découvrir dès 6/7 ans !
Lien : https://lespagesquitournent...
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1 temps

Difficile pour les tous petits de prendre conscience du temps ! C’est à n’y rien comprendre : les moments de jeux prennent fin en un clin d’œil alors que la journée de classe (ou l’attente de son anniversaire !) peut sembler très longue – mais pas aussi interminable que de patienter pour une durée indéfinie dans une salle d’attente ou dans un avion. Une journée ou une minute peuvent sembler immenses… ou négligeables ! Pour nos têtes blondes, chaque saison représente une éternité et un an dure un siècle et pourtant, la perspective très lointaine de parvenir au bout de la vie les inquiète. Impossible de réaliser le temps de la vie de leurs parents et de leurs grands-parents ; mais les enfants ne s’en passionnent pas moins pour les dinosaures, les chevaliers et les autres acteurs d’un passé antédiluvien. Sujet difficile, donc, que le temps. Mais il structure la journée, l’année et la vie et il s’agit donc là d’un enjeu incontournable. Il est tellement plus facile de patienter jusqu’au retour d’un parent ou jusqu’aux vacances quand on peut se représenter le temps que cela représente !



Henri Meunier, Aurore Petit et les éditions du Rouergue nous proposent un merveilleux album pour aborder concrètement cette thématique avec les enfants. Nous observons un enfant qui lance un caillou dans l’étang. Au fil des pages, des heures, des saisons, des années, le décor se transforme, nous invitant de façon très ludique à scruter les traces du passage du temps : transformations du paysage, cheminement des randonneurs, trajectoire de l’avion et de l’escargot, chenille qui se transforme… Le lecteur est également interpellé par le texte : qui du caillou, de l’enfant ou de l’étang était là le premier ? Combien de temps le caillou met-il à tomber ? S’agit-il vraiment du même enfant ? Le temps a-t-il un début et une fin ? On se laisse volontiers entraîner dans cette agréable et amusante méditation qui nous ferait presque oublier le temps qui ne cesse de s’écouler... Jusqu’à ce que, plouf, le livre touche à sa fin et nous ramène aux préoccupations du présent !
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Le berger et l'assassin

Peut-être LE roman graphique de 2022…

En tout cas, il ne manquera pas de figurer au top 10 de cette année tant le message philosophique et politique qu’il porte en lui (l’entraide, l’humanisme, la lutte contre le fascisme, l’exil) ainsi que la qualité des illustrations sont chargés l’un et l’autre de sens et de beauté.

Régis Lejonc n’avait jamais dessiné la montagne avant d’illustrer cet album ; c’est un vrai coup de maître ! Chaque illustration est un tableau vivant.

Et quant au texte d’Henri Meunier, il est lui aussi très beau ; succinct mais d’une densité rare, poétique, philosophique.

Par essence, en raison de son format très spécial, ce grand album (26,5 cm), assez court, bénéficiant d’un traitement des images exceptionnel a tout d’un conte moderne et désespéré porteur d’un message qui ne laissera personne indifférent.



Est-ce le texte qui soutient le graphisme ou bien l’inverse ? On ne le sait pas tant la fusion est complète si bien qu’une seule question demeure : « Mais dans quel rayon le glisser ? »

La réponse est bien entendue : « Partout et nulle part. »

Ce qui est bien là la preuve de l’universalité et du génie.
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Sept, tome 21 : Sept Macchabées

Entre empire britannique et germanique c'est la guerre, c'est à celui qui s'armera plus vite, qui frappera plus fort, qui ira plus loin. La conquête de l'antarctique a une valeur symbolique que chaque nation aimerait rafler. C'est alors que l'Angleterre ressort d'un vieux hangar le contenu explosif du journal de Frankenstein. Ni une ni deux les voilà qui réveillent d'entre les morts sept pauvres bougres qui n'ont rien demandé à personne mais qui devront planter l'union jack au pole sud s'ils veulent avoir une deuxième vie.



Ce dernier tome de la troisième saison de "sept" est une bonne découverte. Henri Meunier au scénario nous fait vivre une aventure polaire qui n'a rien à voire avec les histoires habituelles de zombies. Non nous avons là sept explorateurs forcés, revenus d'entre les morts avec leur problème anté-mortem. Trahison, usurpation d'identité, dépression, addiction... la psychologie des personnages n'est pas laissé de coté. Pour autant on ne s'ennuie pas. Les rebondissements sont bien ficelés, avec souvent des petites touches d'humour. On aurait presque aimé quelques pages supplémentaires pour mieux développer certains points.



Au dessin c'est le talentueux Etienne Le Roux qui est aux manettes. Les ambiances sont bien rendues tout comme la lente putréfaction des corps revenu à la vie.
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Sept, tome 21 : Sept Macchabées

LEVEZ-VOUS ET MARCHEZ !



Ce vieux fantasme de la résurrection, du retour d'entre les morts, du passage dans l'autre sens du Styx, taraude l'humanité depuis qu'elle est en âge de comprendre qu'elle est mortelle. C'est à l'aune de ce précepte tout à la fois basique et pour autant très bien revisité ici que se déroule cet ultime album de la troisième - et pour l'heure dernière - série des "Sept", le terriblement nommé "Sept macchabées".



En guise de rapide mise en garde, prévenons les amateurs d'histoires classiques de zombies et autres mort-vivants revenus à la vie afin de détruire le reste de l'humanité qu'ils risquent d'en être pour leur frais. L'album en question ne se situe absolument pas sur ce terrain-là. Mais de quoi s'agit-il alors ?



Nous sommes en 1909. Les grandes nations européennes sont alors à l'apogée de leur puissance. Deux Empires - dont les régnants sont pourtant issus d'une même même famille germanique - se regardent déjà en chien de faïence : l'Empire britannique, dont on dit que le soleil ne s'y couche jamais, a choisi l'expansion coloniale, tout îlien qu'il est. L'Empire Allemand, s'étant réveillé de sa victoire écrasante sur le Second Empire français après la douloureuse défaite de Sedan en 1870, semble ne plus guère pouvoir se contenter de sa surpuissance sur le seul sol européen. De toute manière, l'Empire Allemand a, pour l'essentiel, loupé le coche colonial. Aussi, tout est bon pour s'affronter sur le terrain symbolique. La conquête des pôles fait partie de ces petites guerres en sourdine, mais qui préfigurent ce que serait la future Grande Boucherie à venir dans cinq petites années.



C'est dans de telles occasions que des hommes sans foi ni loi, du moins sans loi morale, surgissent. Ainsi en est-il de Lord Fischer, premier Lord of the Sea de la Royal Navy qui, remettant par hasard la main sur les travaux terrifiants d'un certain médecin et chercheur suisse, Victor Frankenstein (sic !), comprend qu'il pourrait constituer une armée de surhommes grâce à cette technologie aussi morbide qu'efficace. Parvenant à convaincre le Premier Ministre de l'intérêt de cette redécouverte, les deux hommes décident d'en faire profiter ce Graal scientifique et aventurier de l'époque (que l'on peut sans aucun doute comparer à ce que fut l'engouement pour la conquête lunaire dans les années 60) : être les premiers à planter le drapeau national sous le soleil du pôle sud, exactement. Accessoirement, s'arroger, pour la plus grande gloire du vainqueur, la totale propriété du dernier continent découvert par les hommes : le continent glacial antarctique.



Ainsi, sept malheureux bonshommes vont-il être rappelés d'entre les morts : Un lord anglais, Sir Goldwin, médecin de la Navy et ami de Lord Fischer, mort d'une crise cardiaque ; son fils, David, qui s'est pendu après avoir appris la mort foudroyante de son père ; Un Major, Adrian Butler, retrouvé assassiné de quatre balles, probablement par les indépendantistes irlandais du Sinn Fein qu'il avait infiltré ; Un maître-chien, Edward Robert, à moitié dévoré par ses derniers molosses ; John Wale, un quartier-maître ayant déjà une bonne expérience de l'antarctique ; un morphinomane mort de surdose accidentelle ou suicidé, mais photographe talentueux, un certain Brian Hirsch ; et le septième, un vénérable membre de la Royal Geographical Society, le géologue Peter Brannagh, et bon connaisseur des pôles.



Entre destins individuels - quatre de nos sept héros malgré eux étaient liés à divers niveaux avant leur "premier" décès - et aventure d'une équipe soudée par un même objectif, cet album proposé par Henri Meunier au stylo bien mesuré et Etienne le Roux au dessin, classique mais diablement efficace, débute avec une histoire digne des meilleures séries B et s'achève en histoire universelle entremêlant aventure, réflexion sur la mort, sur l'humanité et la guerre (cette autre éternelle recherche du combattant idéal, obéissant, qui ne souffre plus de rien et dont la force est décuplée) sur l'amour (filial), l'amitié, le dépassement de soi, etc. L'ensemble est mené de main de maître, sans le moindre appesantissement, sans faux pas ni redite. On se prend même à croire à ces personnages impossibles, à s'y attacher - peut-être parce qu'ils sont devenus tellement humains, plus humains que les "vrais" vivants, tandis qu'ils surgissent de ne pires fantasmes -, à trembler pour eux. Et même si ce format de l'album unique oblige à passer très vite sur l'histoire et la psychologie de chacun des membres de cet équipage unique, la force d'évocation de nos deux auteurs est suffisamment agile et intelligente pour nous en dire beaucoup en peu de planches.



On en arrive à pardonner quelques facilités avec l'histoire. Ainsi, si la Grande Bretagne fut belle et bien la nation ayant envoyé le plus d'expéditions en antarctique au tournant des deux siècles, l'empire allemand ne s'y intéressa pas plus que la France par exemple (deux expéditions chacune). Et ce n'est ni un anglais ni un allemand qui planta, le premier, le drapeau de son pays, mais le norvégien Roald Amundssen, le 15 Décembre 1911... Trente cinq jours avant l'effroyable arrivée de l'officier de la marine britannique, Robert Falcon Scott, qui mourra de faim avec tous ses hommes lors du voyage de retour. Petit clin d’œil à ce désastre : les poneys ressuscités de notre histoire fantastique. On estime que le choix retenu par Scott d'employer de petits chevaux mandchous, au détriment de l'option canine retenue par Amundsen, fut l'une des causes majeures de sa perte (entre autres choses, le fait que les chevaux évacuent l'essentiel de leur transpiration par la peau, tandis que les chiens de traîneau l'évacuent en grande partie avec leur respiration. Dans des conditions extrêmes, c'est une condition essentielle). Tordre l'histoire pour en faire surgir quelque chose de passionnant, c'est ce qu'auront réussi à accomplir, haut la main, les auteurs de ce "Sept Macchabées". Qui surprend le lecteur jusqu'aux dernières pages, laissant la grande Histoire du siècle à venir dans un suspens vertigineux, lorsque l'on découvre le nom véritable de l'un de ces Sept, alors même que la petite histoire de ces quelques hommes est achevée.



Indéniablement, une des très belles surprises de cette série des Sept désormais bien installée dans l'univers graphique de la BD franco-belge.
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Après la nuit

Amateurs de western, vous allez adorer… mais attention, on n’est pas dans le western-spaghetti, gentiment parodique, non, on est au cœur d’un western-existentiel, qui frôle par instant la tragédie grecque : les héros questionnent leur destin dans des monologues philosophiques, puent la mort même vivants.

Pour autant, on est bien dans les codes du western, dans la filiation de « Rio Bravo » ou du « Train sifflera trois fois » : un shérif, une ville paumée, un saloon, une entraîneuse défraichie, un chasseur de primes, un duel à l’aube, etc…

Cependant, les héros sont non seulement très fatigués, mais il n’y a pas aussi clairement que dans les films de Howard Hawks ou John Ford les bons et les méchants. Notre superbe shérif, magnifique de prestance avec ses longs cheveux ondulés, autoritaire et glacé, est loin d’être aussi pur qu’on pourrait le croire au début de l’histoire.

La pute au grand cœur et sa gueule défoncée est une grande manipulatrice (dans tous les sens du terme…).

Celui par qui le drame arrive (car il faut toujours un instrument au destin pour frapper au cœur de la cible), jeune et beau, possède une identité des plus fluctuantes et traîne une vocation suicidaire accrochée à ses colts.

J’ai lu cette bd avec une certaine fascination. Le récit est lui aussi torturé, avec des flash-backs énigmatiques et métaphysiques ponctuant l’histoire de réflexions tragiques. Au niveau du dessin, l’entreprise est tout aussi réussie : le trait est précis, les personnages soignés avec réalisme. Les décors, que ce soient les rues de la ville, le saloon, le bureau du shérif, la chambre d’hôtel, la nature environnante, sont remarquablement évocateurs du mythe du western. Pour chaque décor, une couleur domine, bleu pour les rues au petit matin, rouge-orangé pour l’intérieur du saloon, marron pour la chambre, etc…

Une fois l’album refermé, après ce voyage un peu onirique, âpre et violent, j’avoue ne pas avoir tout compris à l’histoire. Mais j’ai été emportée par son souffle qui n’est pas exempt de relents épiques. La critique de Lehane-fan est plus précise et complète que la mienne, n’hésitez pas à la lire. Nul doute que vous aurez envie ensuite de vous plonger dans « Après la nuit » et que vous ne le regretterez pas.


Lien : http://parures-de-petitebijo..
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Après la nuit

Voilà un western sobre, efficace, qui ne dévoile pas tout et réserve quelques surprises. C’est un western classique, mais avec un côté psychologique.



Il commence de manière classique avec une petite ville, tenue par Jude Stanton, un marshal qui ne laisse personne se promener avec ses armes.



Un homme arrive et balance deux repris de justice, ainsi que leurs affiches Wanted. Il se dirige vers le saloon, avec ses armes.



Les dessins sont efficaces et cette lecture l’aurait encore été plus si j’avais pensé à passer des musiques de Ennio Morricone en arrière-fond.



Notamment pour la scène dans le salon, où j’aurais aimé entendre la musique du film « Le bon, la brute et le truand » ou, au pire, celle du film « Les dents de la mer » (et ne de la mère), tant la tension était à son comble, tant les deux hommes qui se faisaient face étaient en plein concours d’égo, de force, à celui qui baisserait les yeux en premier.



Entre Jédediah Cooper, le chasseur de prime et Jude Stanton, le marshal, on se demande qui va dégainer le premier et comment tout cela va se terminer.



Si le récit est d’un classique absolu, ce qui sort le scénario de ses rails bien droits, ce seront les souvenirs de Jédediah et de Jude et c’est là que le côté psychologique entre en jeu aussi, notamment avec Jude le marshal, le rusé. Ensuite, la surprise sera de taille.



Une bédé western classique, qui se démarque par les surprises que nous réservent le scénariste, notamment sur un des personnages. Un western qui devrait se lire en écoutant les musiques emblématiques de Ennio Morricone et où un Clint Eastwood pourrait surgir au détour d’une case sans que cela soit bizarre.



Il aura juste manque quelques pages en plus qui auraient pu donner plus de profondeur aux deux protagonistes.


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Coeur de bois

Bien qu’il fasse explicitement référence à l’univers du conte, ce court récit, possible suite du « Petit Chaperon rouge », ne s’adresse pas aux enfants. Le texte semble en effet trop complexe pour un jeune public et le cadre dans lequel sont abordées les notions centrales de pardon et de résilience pourra dérouter ou freiner leur compréhension. « Cœur de bois » conviendra en revanche davantage aux adultes et aux adolescents désireux de lire une œuvre originale, à la morale toutefois quelque peu ambiguë, tout en se questionnant sur ces notions. Le récit est plutôt descriptif, mais assez rythmé malgré tout. Le dessin de Régis Lejonc est magnifique, d’une qualité parfois photographique. Un ouvrage qui donne (presque) envie de se jeter dans la gueule du loup !
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La rue qui ne se traverse pas

Il y a certains albums en Litterature jeunesse où on souhaite qu'ils ne tombent pas dans l'oubli, que plusieurs générations d'enfants puissent feuilleter et s'imprégner d'une oeuvre intemporelle !

C'est le cas ici pour cet album atypique qui parle avec poésie et force de l'amour, la séparation et qui est sublimé par les illustrations de Regis Lejonc qui exploitent pour notre plus grand émerveillement le format original adopté par les éditions Notari.
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Taupe et Mulot, tome 2 : La Tarte aux lombr..

Une nouvelle aventure de Taupe et Mulot qui contient les mêmes ingrédients qui garantissent le succès auprès des enfants : amitié, humour et graphisme léché. Les démarches culinaires des deux compère sont remplies d’humour, de gaité et de jolis principes cuisiniers dignes des émission de concours culinaire. Mention spéciale, à la couverture très automnale qui succède au premier tome à l’ambiance estivale...peux t’on soupçonner la parution prochain de 2 nouveaux tomes dédiés à l’amitié de Taupe & Mulot ?…


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Après la nuit

En fait j'aime les western. Je m'en suis rendu compte sur le tard, avec des romans. J'ai donc voulu tester en BD (un jour j'essaierai en film, promis). Et c'est encore une réussite. L'ambiance assez lourde, pleine d'attente et de mystère, les personnages ambigu, le trait franc, les couleurs ocres...tout m'a plu. Entre le sheriff voyou, la pute défigurée et l'inconnu ténébreux mon coeur balance.

Et le scénario est surprenant, totalement inattendu. Une vraie surprise !
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