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Critiques de Henri Troyat (888)
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Faux jour

Ce roman raconte la désillusion d'un fils envers son père, en grandissant à ses côtés. D'une grande tristesse et plein d'injustices, ce récit nous fait passer de l'admiration, au désenchantement, puis à l’indifférence, pour arriver ensuite à l'acceptation: personne n'est parfait, pas même nos parents. Je n'ai pas retrouvé totalement l'engouement que j'ai éprouvé en lisant la neige en deuil, mais ce n'est ici que le premier roman de Troyat, qui laisse tout de même apercevoir un grand écrivain.
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Faux jour

Un roman qui date mais qui garde son impertinence et son charme et qui reste de ce fait tres agreable a lire encore aujourd'hui.Le rythme est maintenu grace au decoupage en brefs chapitres qui donnent du peps a l'ensemble.Un auteur classique qui sait traverser les ages sans vieillir.
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Faux jour

Lu en même temps que mon père un chef d’œuvre… la désillusion d’un enfant puis l’amour inconditionnel de ce fils envers ce père mythomane. On est embarqués dans cette histoire fantastique à la « mon père, ce héros! » l’indulgence du fils envers son père est absolument incroyable. Je t’aime mon père …
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Faux jour

Personnellement je connaissais Troyat -- de son vrai nom, Lev Tarassov -- essentiellement pour ses ouvrages biographiques qui ne représentent pourtant qu'une infime part d'une bibliographie prolifique .



Faux jour est son premier roman, et a été couronné du prix populiste de 1935.



Dans un discours de 1960 à l'Institut de l'Académie Française, au sujet de ce premier roman, le Maréchal Juin dira à Troyat:



"Mais ayant eu la surprise de constater dans vos premiers essais que votre écriture ne manquait pas de métier, vous vous avisâtes que vous pourriez bien être le grand écrivain anonyme que vous aviez si ardemment souhaité.



« Faux Jour », votre premier roman, édité en 1935 à l’âge de vingt-quatre ans, avait réalisé ce miracle....



http://lelabo.blogspot.com/2006/09/henri-troyat-faux-jour.html
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Faux jour

J'ai la sensation qu'Henri Troyat est un de ces auteurs qui pourraient raconter n'importe quoi et parviendrait toujours à intéresser le lecteur. Ici, il s'attache à décrire la psychologie de quelques personnages. Il met l'accent sur Guillaume, le père de Jean. Le petit garçon est presque au même niveau que le lecteur. La différence est qu'il admire beaucoup cet homme qu'il n'a pas vu depuis longtemps, et que ses rêves d'enfant ont magnifié. Cela est renforcé par le fait que Guillaume était en Amérique, pays lointain qui semble être le pays de tous les possibles et revêt une dimension presque féerique. Jean évolue au long du roman.

[...]

Lire la suite sur:
Lien : http://www.lalivrophile.net/..
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Faux jour

Publié en 1935, ce premier roman d'Henri Troyat met l'accent sur la psychologie de la relation père/fils vue par les yeux du fils jouant le rôle de narrateur. De construction classique avec un déroulement chronologique et des caractères de chacun des personnages bien affirmés, ce roman se déroule en trois temps: l'admiration du père, puis le rejet absolu de son comportement social et familial, enfin la difficile acceptation de cet être ambigu et infantile qui ne peut s'empêcher de se mettre en avant pour attraper des chimères tout en fuyant les responsabilités de ses actes. On peut aussi y voir en creux un roman du passage de l'enfance à l'adolescence puis à l'âge adulte, reflété par l'évolution psychologique du narrateur.

On tient avec Faux Jour un roman bien construit dont la psychologie paraît souvent sommaire et stéréotypée et qui a souffert du passage du temps mais dont la lecture reste agréable et palpitante.
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Faux jour

Pour Jean, son père est « cet homme aux larges épaules et aux yeux d’enfant dont les belles mains laissaient couler sur nous une intarissable pluie de miracles », un être fabuleux sorti des meilleures histoires. À la mort de sa mère, Jean est envoyé chez sa tante, loin de son père. Chérissant le souvenir d’un modèle, Jean est surpris de retrouver un homme à qui rien ne réussit. Guillaume brasse mille idées, milles projets dont aucun ne prend forme. Avide de gloire et de richesse rapides, il dilapide les quelques économies de la famille et entreprend des investissements qui mènent à la ruine et à la pauvreté. Mais l’échec n’est pas tout : Guillaume n’est plus l’homme superbe des souvenirs d’antan. « Je souffrais de voir que ces étrangers, non seulement n’admiraient pas mon père, mais encore le méprisaient et parfois se moquaient de lui. »

Car Guillaume, bel homme aux manières charmantes et au bagout indéniable, est un fantoche. Il jette de la poudre aux yeux et tente d’éblouir avec des discours éculés et mille fois répétés. Désormais, quand Jean regarde son père, il n’éprouve plus aucune admiration, mais plutôt « le sentiment d’une duperie grotesque, d’une infinie dérision. » La révélation de la véritable nature du père, d’abord douloureuse, finit par alimenter une haine intense. L’enfant assiste avec dégoût à l’éternelle représentation que donne son père. « C’est qu’à présent, je ne me bornais pas à mépriser mon père, mais il m’en coûtait de savoir que d’autres ne le méprisaient pas. Toute admiration qu’on lui portait révoltait en moi un obscur sentiment de justice. Je la sentais imméritée, volée. Je m’irritais à la pensée que ma qualité de fils, non seulement m’interdisait de dévoiler aux yeux du monde la véritable nullité de mon père, mais encore m’associait à lui dans le mensonge, m’obligeait à le suivre, à le soutenir, à le couvrir contre mon gré. »

Alors que Guillaume ne cesse de former des plans sur la comète, qu’il fréquente des femmes falotes et qu’il traite avec des filous, Jean se surprend à devenir la réplique de son père. La même inertie brièvement parcourue d’éclairs d’énergie se saisit de lui. Mais cette assimilation est écœurante. « J’avais fini d’espérer en mon père. » Ce dernier aveu formulé, Jean assiste placidement à la déchéance de Guillaume. Le dénouement, nécessairement tragique, laisse un enfant seul, à tout jamais privé de figure paternelle.

Henri Troyat s’y connaissait dans la peinture des nauséabonds sentiments familiaux, ainsi qu’il l’a prouvé avec L’araigne, prix Goncourt en 1938. Ici, c’est la relation père-fils qui est mise au pilori. Si Jean tue symboliquement le père, il n’en retire aucune gloire et il ne dépasse en rien le modèle renversé. Guillaume a saboté tout seul l’emprise qu’il avait sur son fils et l’issue n’est qu’un gâchis de sentiments : Jean aurait voulu aimer ce père, en être le digne prolongement. Il n’est en fait que l’aboutissement nécrosé d’une vie médiocre et vulgaire. Pour Jean, peu d’espoir, même pas celui de perpétuer le souvenir de son père.

Le sujet est gênant et le lecteur est plusieurs fois mis en position de voyeur, étant brutalement introduit dans l’intimité chiche du couple père-fils. Et c’est l’enfant, avec la narration directe, qui attire ainsi le lecteur dans un maelström de dégoût et de rejet. Du père, on ne voit que les manifestations extérieures de ridicule comme on assisterait aux gesticulations bouffonnes d’une marionnette trop souvent sortie de son coffre. Peut-on avoir pitié de Guillaume ? Rien n’est moins sûr. Mais on aimerait vraiment que Jean lui pardonne tout et soit un véritable soutien. Assister à l’inexorable détachement de l’enfant est le plus douloureux.

Le texte est brillamment écrit et rend parfaitement les brefs emportements du père et le lent recul de l’enfant. La scène initiale, au pied d’un lumineux arbre de Noël, porte en elle tout le drame à venir. De fait, on entre dans le récit au moment du climax, la suite n’est que dégringolade. Et Henri Troyat saisit cette débandade familiale avec une plume toujours talentueuse.

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Faux jour

Ce livre est le tout premier roman d'Henri Troyat. Et c'est étonnant de voir à quel point il est abouti. Le sujet en est simple et universel, l'amour et l'admiration qu'un enfant peut porter à son père. Et d'autant plus que ce géniteur absent, auréolé de la gloire du voyageur qui parcourt l'Amérique, se pare de mille qualités sans cesse renouvelées dans l'imagination fertile de son descendant.

Jusqu'au jour où, de retour, il faudra bien confronter les souvenirs avec la réalité. Et si illusion il y a, elle ne durera pas. L'innocence perdue face à des actes et des attitudes jugés dégradants, le géniteur chutera de son piédestal, le modèle tombera des sommets où l'avait juché son fils pour se retrouver au plus bas. La désillusion dans une âme d'enfant n'ayant pas encore la conscience de relativiser sera d'autant plus grande que les hauteurs où il l'avait hissé.

Très bon livre d'Henri Troyat écrit en 1935 et se déroulant à cette époque, assez court, il se lit d'une traite. Ce roman a obtenu, à sa sortie, le prix du roman populiste, prix inconnu pour moi mais qui existe encore de nos jours et qui prime les romans privilégiant les milieux populaires.
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Flaubert

Lire une biographie de Flaubert écrite par Troyat, on s'y croit, on entend Flaubert lire ses textes à haute voix, gueuler, vivre, s'indigner.....
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Flaubert

un auteur biographiant un auteur qui de mieux placé et le résultat est à la mesure de l'œuvre de ces 2 monstres sacrés
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Flaubert

Dans la série des grandes biographies, on ne pouvait passer à côté en 2021 de Flaubert. Tellement d'idées reçues sur le bonhomme, tellement de surprises sur le vrai Flaubert en chair et en os, celui qui nage, qui mange, qui copule, hante les salons et oscille toute sa vie entre une reconnaissance tant désirée mais finalement pas trop avouée. J'ai recueilli derrière Troyat des perles prises dans sa correspondance. SI vous voulez vraiment vous frotter au bonhomme, lisez son œuvre, sa correspondance et cette biographie, avant de repartir à son œuvre, car cela restera la partie principale.
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Flaubert

Notes de relecture. Ce "Flaubert" de Troyat est identique aux autres biographies d'écrivains de cet auteur : le récit des circonstances de la vie est précis, et le biographe s'efface devant l'auteur dont il cite abondamment la correspondance, ou des témoignages d'amis et de contemporains. On retrouve le procédé dans les vies de Pouchkine, de Gogol, de Tolstoï et de beaucoup d'autres. C'est peut-être là que le bât blesse un peu : Troyat insère de longs passages où l'auteur parle de lui-même, s'explique, se justifie, et nous laisse seuls juges de la pertinence et de la vérité de ces discours de l'écrivain sur lui-même. Cet effacement du biographe est aussi l'effacement du critique et du penseur. Les discours que Flaubert tient sur lui-même vont de l'anecdotique sans grand intérêt, à l'auto-justification, en passant par la mauvaise foi. Cela ne suffit pas à combler le lecteur qui aurait voulu en savoir plus. L'avantage de cet inconvénient, si j'ose dire, c'est que nous avons accès, en version abrégée, à l'immense correspondance de l'auteur, où il aurait été difficile de s'orienter sans un guide.
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Flaubert

La biographie est intéressante du fait de la nombreuse correspondance s'y trouvant. Seulement celles des autres, à l'égard des frères Goncourt, n'est pas toujours flatteuse pour l'écrivain qui passe parfois pour un original pas toujours consistant, un courtisan à sa manière, un fantasque. Flaubert se décrit comme un mandarin un peu en marge d'une certaine société parisienne , et il estime qu'entre autres les gens issus des arts ont la capacité d'avoir un bon jugement. Il est à la fois contre le suffrage universel, contre l'éducation gratuite pour tous et s'oppose toujours à ce qu'il appelle le nombre, la plèbe en sorte. C'est une personne issue d'une certaine bourgeoisie plutôt moyenne, vivant au crochet de sa mère, se plaignant de manquer d'argent, dans sa maison entre Rouen ( Canteleu) et Paris et qui a du mal à accoucher de ses écrits. Cette biographie ne le met pas forcement en valeur, c'est le moins que l'on puisse dire. De ce fait on a envie d'en lire une autre pour vérifier ce que Troyat a bien voulu faire passer.
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Gontcharov

Henri Troyat (1911 - 2007), écrivain français d'origine russe, prix Goncourt 1938 et membre de l'Académie française. Il est l'auteur d'une oeuvre romanesque très populaire et a publié plus de 30 biographies remarquables (Tolstoï, Gogol, Gorki, Flaubert, Maupassant, Balzac, Zola, Dumas etc.). Celle de Gontcharov a été publiée à titre posthume en 2012, elle n'a pas l'envergure de celle consacrée à Tolstoï qui est particulièrement réussie, mais se lit d'une traite, sans temps mort.



Ivan Gontcharov (1812-1891) n'est pas le plus connu des grands auteurs russes, mais il mérite le détour en particulier pour son roman “Oblomov” publié en 1859 et qui décrit un homme qui n'a d'autre occupation que celle de se prélasser en robe de chambre dans son divan. Il est incapable d'agir, de décider, de s'occuper de son domaine. Ce livre est une satyre de la société russe du milieu du XXe siècle, en particulier celle de la moyenne bourgeoisie propriétaires terriens à l'époque du servage. Ce roman propulsa Gontcharov au sommet de la littérature russe, il a été comparé à Pouchkine, Gogol et Lermontov. Fils d'un riche négociant en grain Gontcharov fait d'abord des études commerciales qui l'ennuie profondément avant de s'inscrire en faculté de lettres à l'université de Moscou. Henri Troyat semble défendre la thèse selon laquelle Gontcharov serait atteint du même mal que son héros “Oblomov”, une apathie générale l'empêchant d'agir et de prendre des décisions. Il était plutôt enclin à une vie calme et recluse, c'est d'ailleurs la voie qu'il choisit en devenant haut fonctionnaire. Cependant il sent en lui une fibre artistique et en lisant les oeuvres de Pouchkine il se découvre une vocation d'écrivain. Doté d'une solide formation littéraire et connaissant parfaitement le français et l'anglais il travaille d'abord comme traducteur au ministère des Finances. La mort de Pouchkine en 1837 va le faire sortir de sa léthargie. Il fréquente les salons littéraires et commence à publier quelques poèmes et nouvelles dans un petit journal confidentiel. Il se lance dès le début 1844 ans un roman intitulé “Une histoire ordinaire” qu'il envoie au célèbre Bielinski qui a découvert Tourgueniev et Dostoïesvski. Son livre est publié à des conditions financières avantageuses et obtient un franc succès auprès des lecteurs. le voici du jour au lendemain devenu un écrivain considérable. Toutefois Gontcharov retombe régulièrement dans une sorte d'apathie, de langueur, de peur de l'action (comme son héros Oblomov), il finit toujours par s'ennuyer et est incapable d'entretenir des relations durables sur le plan sentimental. Pour se changer les idées, il accepte une mission à bord de la frégate Pallas pour un voyage au Japon et en Amérique en tant qu'historiographe du voyage. Peu après il prend conscience de l'énormité de l'entreprise et commence à regretter la vie confortable et sans risque qu'il menait jusqu'à présent. Finalement il est à bord de la frégate Pallas lorsque celle-ci lève l'ancre le 7 octobre 1852. Un témoin célèbre, le compositeur Rimski Korsakov, alors officier de marine, donne son avis sur la personnalité de Gontcharov à cette époque : “L'un des épicuriens les plus paresseux que je connaisse…”.



Après ce voyage il reprend ses travaux d'écritures. Il se brouille avec Tourgueniev en l'accusant de plagiat. Gontcharov semble atteint d'une sorte de paranoïa, car à partir de cette époque il va commencer à se méfier de son entourage en prétendant que tout le monde veut lui voler ses idées. En réalité cette attitude semble alimentée par une certaine jalousie de Gontcharof vis-à-vis d'autres auteurs plus prolifiques.



Il a 50 ans lorsque le nouveau ministre de l'Intérieur lui propose de prendre la direction du quotidien gouvernemental “Le courrier du Nord”. Il devra donner une version des faits conforme aux intérêts de l'État. Gontcharov qui a toujours été un défenseur de la tradition et de la paix sociale accepte ce poste. Ce travail de censeur lui vaudra de nombreuses critiques de la part du milieu littéraire et le confortera dans son idée d'être mal aimé par l'intelligentsia. Toutefois il continue d'être soutenu par les lecteurs qui plébiscitent ses oeuvres. Malgré son indolence naturelle, il n'a jamais cessé d'écrire toute sa vie. Dans les dernières années, sa santé décline et il est affecté par la mort de sa chienne Mimichka puis par le décès de son fidèle domestique. Gontcharov décide de prendre à sa charge la veuve de celui-ci et ses trois enfants.



Sollicité pour publier ses oeuvres complètes, mais n'ayant pas la force de réaliser les corrections qu'il souhaiterait faire il décline l'offre. C'est alors que le tsar lui-même lui demande d'accepter “pour le bien de la littérature russe”. Gontcharov, toujours respecteux envers les autorités cède à ces sollicitations. Ses oeuvres complètes paraissent en 1883, Gontcharov meurt le 15 septembre 1891. Son enterrement attira presque autant de monde qu'en avait réuni, huit ans auparavant, l'enterrement de Tourgueniev.



J'ai lu plusieurs biographies rédigées par Henri Troyat et je suis toujours aussi fan même si l'on sent que cette biographie de Gontcharov n'est pas aussi aboutie que celles consacrées à Balzac, Dumas ou Tolstoï et que le maître n'y a sans doute pas consacré tout le temps qu'il aurait souhaité, car rappelons-le il s'agit d'une oeuvre posthume.



— “Gontcharov” Henri Troyat, éditions de Fallois (2012), 220 pages.





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Gorki

Avec concision et précision selon son habitude dans le périlleux exercice de la biographie, Troyat nous conte la destinée de l'écrivain adulé des russes et célébré par le parti que fut Maxime Gorki. - Périlleux, car trouver le juste équilibre entre hagiographie et vilipendage n'est pas forcément évident. -



Troyat s'appuie sur la correspondance écrite et reçue par Gorki ainsi que sur nombre de témoignages et articles de journaux pour retracer l'existence de cet homme ambivalent, animé d'un désir sincère d'améliorer la condition du peuple russe, épris de justice, socialiste dans l'âme, pacifiste, condamnant la violence, mais qui finalement s'inféoda totalement au régime stalinien.



Il nous donne à voir l'enfance particulièrement misérable du jeune Maxime Gorki, né Alexis Pechkov, qu'il éclaire par le biais d'extraits de son oeuvre autobiographique : Enfance et En gagnant mon pain, ainsi que son adolescence vagabonde à travers la Russie durant laquelle il côtoie la profonde misère du moujik et prend la mesure de son abrutissement autant physique que moral.

Ce qu'il montrera et dénoncera, entre autres, dans sa pièce "Les bas fonds".



Le gamin, forcé de travailler dès son plus jeune âge, maltraité par ses employeurs, mais boulimique de lectures, devient un autodidacte avide de savoir, et acquiert une vaste culture très brouillonne, qu'il passera son existence à parfaire, attentif à toutes les remarques que ses amis intellectuels lui prodiguent.

Il se lie très vite avec les milieux progressistes et fréquente un cercle d'étudiants marxistes ayant une conception réaliste de la lutte contre la bourgeoisie, le tsarisme et le capital. Cependant, il reproche à ces intellectuels de magnifier le peuple « incarnation selon eux de la sagesse de la beauté spirituelle, de la bonté de coeur » alors que lui, pour les avoir fréquentés sait qu'il n'y a en eux nul désir de s'élever moralement et nul amour du prochain !

Pour lui, il s'agit d'éduquer le peuple et non de célébrer ses prétendues vertus. La révolution ne peut venir du moujik borné, mais du milieu ouvrier. Gorki devient le chantre des sociaux-démocrates et, en dénonçant le capitalisme, en critiquant l'abaissement de la société russe privée d'idéal, l'avocat des socialistes révolutionnaires.



Son premier ouvrage, recueil de contes, reçoit un vif succès, grâce à un langage neuf, vert, contrastant avec le style habituel de l'époque et vantant les mérites de l'anarchisme populaire. Il devient très vite un écrivain célèbre qui à travers ses romans dénonce le capitalisme tout en célébrant l'homme vrai, nouveau : l'ouvrier.

Pour lui, on ne doit pas écrire pour distraire mais pour dénoncer les vices de la société et inciter les gens du peuple à mieux vivre. L'homme de lettres n'est pas un amuseur mais un guide.



Considéré comme suspect de par ses fréquentations il sera incarcéré à diverses reprises, puis relâché faute de charges suffisantes, mais fera néanmoins l'objet d'une constante surveillance policière, qui l'obligera après le bain de sang du dimanche rouge de 1905 à prendre l'exil.

Il va d'abord partir pour les USA en vue de recueillir des fonds pour la caisse du parti bolchevik, passera par la France et s'indignera que l'Etat français prête de l'argent à l'état russe ; "O grande France,écrit-il, comprends tu la vilénie de ton acte ? Ta main mercantile a voulu fermer à un pays entier le chemin de la liberté et de la culture.... O ma bien-aimée, reçois dans les yeux mon crachat de sang et de bile" ! (carrément !).

En exil à Capri durant presque 7 ans, il va rencontrer Lénine qui deviendra son ami, et le restera malgré leurs dissensions idéologiques.

De retour en Russie en 1913, à la faveur de l'amnistie accordée par le tsar à l'occasion du 300ème anniversaire de la dynastie Romanov, il fonde une maison d'édition, tolérée (mais surveillée) par le régime, vu sa réputation.

Arrive 1917 et la révolution. Lénine de retour en Russie fomente une révolte contre le gouvernement provisoire. Ce premier essai est un échec, et Gorki appelle à la raison et à la fraternité tout en s'indignant des violences de la « lourde imbécillité russe ». Mais en octobre 1917, à la faveur des grèves et de la famine décimant les campagnes, la révolution triomphe avec son cortège d'exactions et Gorki exprime son inquiétude face à l'attitude des vainqueurs.

Pour Lénine il devient encombrant, car l'écrivain se montre très critique vis à vis des bolcheviks, dénonce avec virulence la barbarie des masses et soutient autant que possible les écrivains savants et intellectuels, n'ayant pas la faveur du régime. Aussi Lénine, qui demeure malgré tout son ami, l'envoie en cure à l'étranger.

Ce second exil durera 7 ans de 1921 à 1928 ; il séjournera à Sorrente et végétera dans l'attente d'un possible retour en URSS. Il y sera reçu triomphalement, encensé par le peuple, et installé par Staline dans une somptueuse demeure, honoré par les autorités, mais discrètement surveillé par un secrétaire espion, et devient pour les dirigeants l'icône du socialisme triomphant, caution à l'étranger de l'excellence du régime soviétique.



Tout en réprouvant les exactions des bolcheviks, il finit par se lier d'amitié avec les pires ordures du régime, dont Iagoda par exemple !

Comment expliquer cette passivité de Gorki ? Troyat épingle les raisons qui pourraient apporter une réponse plausible, peut-être sa santé chancelante, sa fatigue, sa joie de rentrer dans son pays, qui a pu émousser son esprit critique, car il ne pouvait ignorer le caractère dictatorial du régime stalinien, qui, à cette époque, peu avant sa mort en 1936, commençait à éliminer tous les compagnons de route du début de la révolution.

Quoi qu'il en soit, Gorki finit par approuver toute contrainte au nom du futur bonheur du prolétariat!

A sa mort, il bénéficia de fastueuses obsèques, son urne funéraire fut déposée dans le mausolée de Lénine. Et Staline alla même jusqu'à l'utiliser, en prétendant, de façon grotesque, que Gorki aurait été assassiné par les ennemis du régime !!! (alors qu'il était très malade).

Prétexte très commode pour Staline afin d'abattre ceux qu'il considérait comme ennemis !

Et jusqu'au bout donc, Gorki demeura un phare de l'idéologie soviétique.
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Grandeur nature

Paris, au siècle dernier.

Jean vit avec Jeanne sa femme et leur fils Christian dans un petit appartement .

Il est comédien dans un théâtre de banlieue et les pièces jouées ne connaissent pas grands succès.

Un jour, il perd son emplois et la vie devient très dure alors, que faire ?
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Grandeur nature

Années 30, un homme court le cachet pour faire vivre sa famille. Il se plaît dans cette vie jusqu'au jour où son fils devient lui même comédien. La comparaison sera alors difficile à supporter pour lui. Bon livre d'Henri Troyat, on suit cet homme, on le comprend, on s'identifie.
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Grandeur nature

Petit livre trouvé par hasard sur un pont de Paris avec une copine, j'ai lu ce livre avec un grand plaisir car on y retrouve la beauté de la langue française grâce à Troyat !



Et l'histoire est très sarcastique : un père comédien raté qui devient jaloux de son jeune fils qui devient la mascotte du cinéma français après l'avoir poussé à faire un casting, cela aurait mérité une adaptation ciné dans les années 1970 avec des acteurs populaires comme Michel Serrault, Jean Poiré, ou Philippe Noiret !



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Grandeur nature

On connait bien souvent Henri Troyat comme l’auteur de grandes sagas, « Tant que la terre durera », « Les Semailles et les Moissons », « La Lumière des Justes »… et de biographies. Il ne faudrait cependant pas oublier « le reste »…

Et le reste commence dans les années 1930, avec entre autres, « Grandeur nature » en 1936.



On découvre un artiste de théâtre et de radio, Antoine Vautier, incapable de prendre le virage du cinéma : les rôles se font rares et il parvient à faire vivre chichement, en usant parfois d’expédients, sa femme et son fils. Son fils, Christian, qui lui, après une audition sera engagé dans un film qui connaîtra un vif succès et le jeune comédien, une renommée aussi importante qu’éphémère…



« Grandeur nature », un livre centré sur l’inadaptation de certains individus à un monde qui bouge et qui change : un monde en mutation profonde avec l’apparition de nouvelles technologies…

Publié en 1936, à l’heure du Front Populaire et des grands bouleversements du quotidien, accompagnés de graves conflits sociaux, « Grandeur nature » peut être compris comme le roman d’une époque qui se transforme si brutalement que certains se trouvent dans l’incapacité d’y faire face ; avec en toile de fond, le conflit des générations…



Un livre à relire tant il illustre notre époque, une fois transposé…

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Grandeur nature

Etre comédien, être sous le feu des projecteurs, sur le devant de la scène ou de sa famille, voilà ce qui fait vivre Antoine Vautier et il aime cela que ce soit sur les planches ou chez lui. Jeanne sa femme le vénère et l'attend même très tard, servante admirative et dévouée ainsi que Christian son fils, dont il s'occupe peu.



Mais le temps passe les rôles se raréfient et c'est Christian qui va être la révélation d'un film et devenir la "star", celui dont on parle, celui qu'on admire, et comble de tout sans écouter les conseils de son père. Comment Antoine va-t-il vivre ce changement de distribution, de statut ?



Etre le "fils de" n'est pas toujours facile mais être et surtout devenir le "père de" quand on a soi-même connu le succès, comment l'accepte-t-on ?



Henri Troyat restitue parfaitement le long chemin qui mène Antoine de la lumière à l'ombre, de toutes les étapes psychologiques par lesquelles il passe : espoirs, rêves, fabulations allant jusqu'à haïr son fils pour le succès qu'il rencontre, utilisant même sa filiation pour trouver un engagement. De quoi est-on capable pour monter sur les planches, pour être reconnu et célèbre. C'est finement observé, relaté, étape par étape, relatant les différents stades de sa transformation, de son adaptation (en apparence) à la situation.



C'est un récit vivant, très imagé qui nous plonge dans le monde artistique au milieu des metteurs en scène, comédiens, des tournées théâtrales mais j'avais l'impression de regarder un film en noir et blanc tellement la prolifération de détails sur l'époque le situait dans le temps alors qu'il peut être finalement très actuel.



Une lecture agréable, un peu datée (publié en 1936) par les détails, des portraits psychologiques bien cernés, chacun changeant de position au fil de la narration, que ce soit pour Antoine mais également pour sa femme, pour Christian l'auteur reste assez flou sur ses propres ressentis. C'est une galerie de portraits qui évoluent tout au long du récit et c'est très habilement restitué. On pourrait imaginé ce même thème dans d'autres contextes, car dans un monde qui change, qui évolue, comment ressent-on le changement de statut, de position et comment s'adapte-t-on pour tenir, exister ?
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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