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Critiques de Henry de Montherlant (210)
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La reine morte

Raison d'Etat, Roi de Portugal, menace espagnole, Dona Inès et Ferrante...souvenirs des années lycées et attention critique peu objective!

Relu il y a peu et la qualité de l'écriture, des dialogues fut mieux appréciée et goûtée. Le côté noir de la pièce qui avait échappé à l'adolescent d'autrefois est revenu à la surface.

Mais rien ne vaudrait que de la voir jouée sur les planches.
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La reine morte

Cette pièce de théâtre, une des plus connues de Monterlant, fut écrite en 1942. Elle développe le thème, ô combien classique dans la tragédie, de l’amour contrarié par la raison d’état. C’est l’occasion d’une belle réflexion sur le pouvoir, l’usure de son exercice, la servitude qu’elle impose, paradoxalement. On sent que certains passages de l’œuvre écrite pendant l’occupation, trouve des résonnances dans l’actualité d’alors. J’ai aimé le regard lucide et acéré, point cynique il me semble, porté sur la paternité et la relation père/fils.
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La reine morte

La Reine morte, créée en 1942 à la Comédie Française, est la première pièce de Henry de Montherlant. Il s'agit d'un drame en trois actes, qui se déroule à la cour du Portugal. Le roi Ferrante décide de marier son fils à l'Infante d'Espagne, pour des raisons politiques. Le prince n'est pas attiré par le pouvoir et encore moins par l'Infante, car il s'est marié en secret à Inès. Ferrante, roi rodé, n'entend pas accepter la situation car il veut un rapprochement avec l'Espagne et d'autre part ne souhaite pas de mésalliance. En Inès, femme de caractère et éduquée pour régner, il trouverait de plus une alliée. Pedro, le Prince et Inès, sont des rêveurs qui ne voient que bonté et amour. Le roi est entouré de conseillers qui le poussent aussi à se montrer intraitable. Cet homme en fin de vie et de règne a été un souverain rude, pensant plus au royaume qu'au bien-être de ses sujets, même détaché de son propre fils, et il est fatigué de sa vie... La question se pose va-t-il être miséricordieux ou intransigeant? Il sait souffler le chaud et le froid, et sait aussi faire de la peur son alliée. Il ne se montre humain que lorsqu'il se confesse à Inès, mais ceci arrive trop tardivement pour le rendre sympathique, et la pièce reste ancrée dans la noirceur et le drame.
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La reine morte

Théâtre, Montherlant, La Reine Morte... des mots qui peuvent faire peur à celui qui n'est pas tellement adepte des classiques ni du théâtre ni des choses un peu vieilles comme on croit en déceler à chaque fois qu'on entend parler de rois ou de reines de temps révolus et de contrées lointaines.

Je conçois qu'on ne soit pas forcément très sensible au cadre formel contraignant des pièces de théâtre et, ce faisant, qu'on s'avance toujours prudemment sur le terrain parfois lourd ou glissant de la prose si particulière à ce genre. Je conçois qu'on ressente toujours une certaine appréhension quand on se lance dans les bras d'un auteur qui nous est inconnu et dont la réputation forme comme une chape de plomb au-dessus de nos têtes.

Personnellement, je n'avais jamais rien lu de Montherlant avant d'aborder cette pièce et je peux seulement dire qu'elle m'a donné l'envie d'en lire d'autres.

Quelle ne fut pas ma surprise de trouver chez cet écrivain français du XXè des accents dignes de Lope de Vega et des intonations qui ne sont pas sans me rappeler un Shakespeare !

Un beau style, sobre mais travaillé et surtout, un propos, à mon sens, tout aussi philosophique que du Sartre ou du Camus qu'on monte aux nues. (Sans que je sache toujours bien pourquoi, mais ça, c'est une autre histoire.)

Ici, Henry de Montherlant nous emmène à la fois dans un autre pays (le Portugal) et une autre époque (une sorte d'Ancien Régime à la portugaise) afin probablement qu'on ne se focalise que sur le propos qui, lui, est intemporel et universel.

Le vieux roi (Ferrante) aimerait que son fils épousât l'Infante de Navarre pour des raisons politiques, peu importe qu'ils s'aimassent ou non, lui n'ayant aucune illusion, ni sur l'amour, ni sur l'humain en général.

Ce vieux roi désabusé et conscient de toutes formes de bassesses au sein de ses propres rangs est particulièrement attachant malgré les apparences.

Son fils n'a que faire du pouvoir et a bien compris que son bonheur personnel ne passait pas par les exigences du trône, c'est pourquoi il a de longue date préféré une belle bâtarde plutôt que l'Infante d'un quelconque royaume, aussi mirifique et bon pour le Portugal soit-il.

Évidemment, c'est un revers pour la politique royale, pour l'Infante bafouée et la vie de la dulcinée du Prince ne tient plus alors qu'à un fil, sachant que les conseillers du roi, qui eux n'ont aucun intérêt dans le bonheur du prince mais par contre en ont probablement dans les alliances intéressées poussent à la roue pour évincer la belle roturière...

Intérêt général contre intérêt personnel, que dit votre âme ?

En somme, une bien belle pièce, qui réussit le dépaysement qu'elle nous propose tout en ne lâchant rien sur la teneur du fond.

Chapeau bas Monsieur de Montherlant, en tout cas c'est mon avis, certes, ce n'est pas grand-chose.
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La reine morte

J'ai tout aimé de cette pièce: le dépaysement tant géographique que chronologique (Portugal au XIVème), l'excellence de l'écriture, la pertinence des réflexions auxquelles elle mène, le message en pointillés qui critique la 2nde Guerre Mondiale qui était en cours au moment de la rédaction et de la mise en scène de "La Reine Morte".



Montherlant crée des personnages forts, nuancés, son oeuvre est une succession de citations fabuleuses. J'ai particulièrement aimé le personnage de l'Infante, puissante et sans concessions, au coeur pourtant grand.
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La reine morte

La pièce : impeccable !

Les circonstances de cette pièce, quand elle a été écrite, et qui l'a jouée en font un patrimoine de l'humanité ! A mon goût !

Lisez le quatrième de couverture de cette édition, tout est dit, et par un connaisseur, M. Maeterlinck. 100 % d'accord avec lui et rien à ajouter, d'autant que je suis un ignare en ce genre, et lis pour apprendre, donc merci M. Maeterlinck pour ce quatrième et vous fais de la pub: Lisez "les fourmis" de M.Maeterlinck, vous verrez qui pompe pour ses bouquins ! A bon lecteur... (le masculin vaut pour le féminin ça va de soi, mais j'aime bien préciser!)
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La reine morte

Je n'en ai plus qu'un vague souvenir, mais la lecture ne fut pas désagréable et assez attachante. Cette pièce est peu connue et mériterait d'être mise en valeur dans le théâtre du vingtième siècle car elle préfigure le théâtre philosophique de Sartre et Camus.
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La reine morte

Mon amour grandit à mesure que mes sens s'affûtent, et je sens cette abandon totale au théâtre ravir mes sens ! Honnêtement, j'ai adhéré à l'aspect classique que nous présentait la pièce, défendant un certain charme suranné, d'une finesse inouïe. Une histoire d'amour qui s'étire entre puissance et domination, du très grand art !
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La reine morte

C'est du grand style ! du magnifique français sobre, clair et sans la moindre scorie. Ne serait-ce que pour cette raison ce fut un très agréable moment de lecture. Cette virtuosité stylistique a cependant quelque chose de stérilisant, comme si l'action qui se déroulait était vidée de toute substance. Les personnages ne présentent guère d'évolution, leur destin est tracé. Certes Montherlant cherchait à faire revivre la tragédie, avec des personnages dont la destinée est inexorablement fatale, mais il y a quelque chose de factice dans sa tentative. Par moment j'avais l'impression de voir des statues marmoréennes qui s'agitaient sur les dunes sahariennes sous un ciel nocturne privé de toute vie.



C'est un très beau texte, trop sans doute, un peu guindé et corseté.
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La reine morte

J'ai adoré cette pièce de Montherlant qui est une tragédie forte et prenante. L'écriture est classique et fluide, les personnages sont forts et intéressants, il y a de l'intrigue et des rebondissements. À lire ou à voir!



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La reine morte

C'est qu'elle est de Navarre...
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La reine morte

Cette tragédie fort shakespearienne rappelle le vieux Roi Lear, mais aussi l’opposition entre Philippe II et Don Carlos, avec en toile de fond le vieux thème du conflit entre amour et raison d’Etat. Dans nombre d’opéras, les pères veulent imposer à leur fille le gendre de leur choix. Ici, c’est son fils Pedro que le vieux roi Ferrante du Portugal voudrait contraindre à épouser l’infante de Navarre pour consolider les alliances de son pays. Pedro refuse car il est amoureux d’une roturière, Inès de Castro (jouée lors de la création, le 8 décembre 1942, par Madeleine Renaud). Qu’à cela ne tienne lui répond son père, rien n’empêche de cumuler une épouse dynastique et un amour moins officiel. Rien de plus simple! Et l’infante, mise au courant, n’y verra pas d’inconvénient! Là encore, refus de Pedro, mais aussi d’Inès avec qui le Roi a une conversation au cours de laquelle il est subjugué par la bonté et les qualités d’Inès, mais ça ne suffit pas à lui faire abandonner son projet de mariage d’Etat.

Il apprend bientôt par Inès, plus courageuse que Pedro, que les jeunes gens ont été mariés secrètement par l’évêque de Guarda. Ferrante enrage car le pape n’acceptera pas facilement l’annulation du mariage. Il va réagir différemment envers les trois «coupables». Pedro est arrêté, Inès reste libre, et l’évêque de Guarda devra être exécuté. Trois conseillers de Roi se relayent pour lui conseiller cyniquement de faire plutôt exécuter Inès («Lui faire donner quelque viande qui ne soit pas à sa complexion, serait très à l’avantage de votre Majesté... Les actes ne demeurent pas aussi longtemps qu’on le croit... un seul être vivant, qu’il suffirait de supprimer pour que tout se dénouât...»). Si vous ne le faites pas, lui disent-ils en touchant son point faible, vous montreriez votre faiblesse. Il résiste, mais à la sortie du conseil, commence à hésiter. Ses conseillers ont visé juste. Il doit se montrer fort et peut-être changer d’avis («Aujourd’hui et demain ne sont pas fils de la même mère».

Inès apprend le danger par l’infante, à qui s’est confié un jeune page qui écoute aux portes. La belle figure de l’infante propose à Inès de la suivre en Navarre où elle serait en sécurité (« La chaine de vos médailles a appuyé sur votre cou et l’a marqué d’une raie rouge. C’est la place où vous serez décapitée»), mais la jeune femme refuse courageusement «Si j’avais une aile, ce ne serait pas pour fuir mais pour protéger». Bientôt, on apprend plus qu’un détail par une réplique de Pedro à Inès «Je n’ai osé lui avouer que nous étions déjà mariés, ni que ce mariage allait faire en vous son fruit». C’est à nouveau Inès, plus courageuse, qui informe le Roi, et cette fois, il cède à la colère et donne ses ordres, mais à regret: «Faites la chose d’un coup... je veux qu’elle ne souffre pas». Bientôt, on ramène le cadavre d’Inès sur une civière, et le Roi, au corps usé (et l’âme aussi) meurt à son tour, disant à son perfide conseiller: «Dans un instant, je serai mort, et la patte de mon fils se sera abattue sur toi».

«Le cadavre du Roi reste seul»: dernière ligne de la pièce.

L’infante et le Roi sont les deux grands caractères de la pièce. L’infante ne se pose pas en rivale d’Inès qui est douce, et lui propose en vain son aide.

Montherlant écrira 12 ans après : «Toute la pièce est dominée par la figure du roi Ferrante, qui grandit à chaque acte et semble lentement se séparer de l’humain jusqu’à l’instant où il tombe... L’inconsistance de Ferrante est une des clés de La Reine morte».

«Vouloir définir le Roi, c’est comme vouloir sculpter une statue avec l’eau de la mer» dira Pedro dans une des répliques fortes de la pièce.

Autres répliques du Roi Ferrante: «J’ai remarqué que l’on tue presque toujours trop tôt. Encore quelques jours et le tué n’était plus si coupable. Beaucoup d’assassinats sont des malentendus» et «Aux chefs d’Etats, on demande volontiers d’avoir de la charité. Il faudrait aussi en avoir un peu pour eux. Lorsqu’on songe aux tentations du pouvoir absolu, cela demande le respect».

La pièce de Montherlant, est d’une magnifique écriture, pleine de verve. Elle se fonde librement sur l’assassinat du roi du Portugal Alphonse IV (Ferrante), père de Pedro 1er, qui a fait assassiner Inès de Castro.

Quel bonheur de relire ces classiques en ces temps de confinement!
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La reine morte

Qu'il est ambigu ce vieux roi mêlant cruauté et indulgence. Fatigué du pouvoir mais n'y renonçant pas. N'aimant plus son fils mais le regrettant.



Le roi Ferrante sent la mort venir. Mais il juge son fils incapable de régner et songe à le marier avec l'Infante d'Espagne dont il pense que c'est elle qui aurait dû être son fils. Pedro a bien une maîtresse mais qu'importe ! D'ailleurs l'Infante n'en prend pas ombrage, elle méprise les sentiments, seul lui importe l'honneur.

Malheureusement Pedro est marié secrètement à sa maîtresse Inès de Castro. Lorsque Ferrante l'apprend il emprisonne son fils “pour médiocrité”. Ses conseillers lui recommande de tuer Inès. Mais le roi ne trouve pas que cela serait juste, elle n'est pas coupable selon lui et il sait que ses conseillers ne parlent que selon leur intérêt.

Pourtant il finira par enjoindre à un de ses capitaines de la tuer “mais sans qu'elle souffre” en sachant que cela est inutile et sans bien savoir finalement pourquoi.



C'est une pièce sur la raison d'état contre la vie individuelle mais si le roi parle souvent de ses obligations de monarque, de la charge de son peuple il me semble qu'elle porte surtout sur le choix de chacun entre le Bien et le Mal.







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La reine morte

Il m'en aura fallu du temps pour me lancer dans l'oeuvre De Montherlant! Ce dernier a longtemps eu pour moi, je crois, une image un peu faussée d'auteur inaccessible et un peu désuet.

Pour autant, il y a tout de même quelque temps que je lorgnais du côté de "La Reine Morte" en me disant que quitte à rencontrer Montherlant, autant le faire par l'entremise d'Inès de Castro.

C'est en effet l'argument de la pièce -grandiose drame en trois actes- qui m'a d'abord attiré chez l'auteur. le fait historique, authentique, dont il s'inspire avait tout pour attiser mes ardeurs et j'en ai conçu une durable fascination depuis ma lecture adolescente de "La Reine Crucifiée" de Gilbert Sinoué. Rien de plus fou, de plus inquiétant et de plus extrême que ce ténébreux prince du Portugal qui força, le jour de son couronnement, ses courtisans à s'incliner face au cadavre d'une épouse idolâtrée, assassinée quelques années plus tôt sur les ordres d'un roi qui voulait d'une autre belle-fille dont le sang coulerait bien bleu, plus bleu en tout cas que celui d'Ines qui éclaboussa sans doute les capes de ses meurtriers.

Quand on y pense, c'est assez surprenant que si peu d'auteurs -romanciers ou dramaturges- se soient emparés du sujet. Passé "Les Lusiades", il faudra attendre Victor Hugo et ses dix-sept ans (!) pour que la reine morte sorte de l'ombre. Un sujet pareil… Imaginez ce qu'aurait pu en faire un Corneille, lui qui se passionnait pour l'irréconciliable conflit entre la passion et la raison… Ce qu'en aurait fait aussi et surtout un William Shakespeare... Cet épilogue mortifère, glauque même, il en aurait fait de l'or, un sublime incendie.



Maurice Maeterlinck a dit: "Avoir écrit La Reine Morte suffit à justifier une vie", peut-être est-ce excessif, mais je me dis que l'avoir écrit excuse et efface les siècles de silence. En effet, si j'ai longtemps regretté que la fiction ne se soit pas davantage emparée de la passion tragique de Pedro et d'Inès, je dois confesser que ces regrets ont fini par fondre comme neige au soleil à la lecture de "La Reine Morte": les personnages, en définitive, pouvaient bien attendre Montherlant et 1942 pour revenir brûler les planches, parce que cette pièce est un somptueux écrin, un chef d'oeuvre qui les rend éternels et incroyablement vivants, humains.



Montherlant a donc su s'emparer de cette histoire avec brio, brillance. Au delà du plaisir que j'ai ressenti à l'idée de l'intrigue, j'ai été happée par sa langue que j'ai trouvé sublime: sobre, sans impuretés ni volutes inutiles mais profonde, travaillée, ciselée. Elle n'a pas été sans me rappeler les accents, la poésie un peu sombre et avec eux les angoisses et les obsessions d'un Shakespeare. A chaque scène, à chaque page, j'aurai voulu souligner une réplique, une phrase tant les mots sonnent justes et beaux, tant ils ont du sens, de la profondeur. Et une beauté confondante. Ce texte, il est beau à pleurer et à trembler.

Sous la plume du dramaturge, cette tragédie -fable d'amour et de mort, de pouvoir et de mensonges- d'un autre temps et d'un pays presque lointain devient intemporelle, universelle même. L'amour et l'intérêt personnel se cognent contre la raison d'état, le pouvoir et la corruption, entament un combat perdu d'avance qui les laisse exsangues. Au pays du roi Ferrante, les jeunes, les amoureux sont des naïfs, des rêveurs que le temps et la réalité finiront par corrompre ou piétiner tandis que les vieux ne se font plus d'illusions et nimbent leurs actes de leur désenchantement. C'est beau quoique désespéré et immensément pessimiste.



A cet égard, le personnage le plus réussi de la pièce n'est ni Pedro -"le veuf, le ténébreux, l'inconsolé"-, ni Inès, si douce, si émouvante. Ce n'est pas non plus l'Infante de Navarre, pourtant si grande, si singulière. Non.

C'est Ferrante, le roi, pour qui on ne peut s'empêcher d'éprouver de la compassion malgré la cruauté dont il fait preuve, malgré ses atermoiements et son hypocrisie, malgré enfin le dédain et la haine même que lui inspire son fils. On le prend en pitié, on s'y attache parce que lui sait.

Il sait la vanité du monde et ses mirages. Il sait que ce n'est qu'un théâtre où chacun avance masqué, que tout file et se corrompt, que rien ne demeure que l'amour le plus pur qu'un rien peut tuer, que le pouvoir est un nectar autant qu'un poison, qu'on se lasse de tout et qu'il vaut mieux souffrir de lassitude que mourir de vouloir vivre heureux.



Histoire d'amour tragique sublimée par la langue De Montherlant, "La Reine Morte" est aussi une pièce de théâtre magnifique sur l'absurdité de la condition humaine, sur les conflits de générations jaillis de la cruauté du temps qui passe.

J'espère tant pouvoir la voir sur scène un jour...

Quand on sait qu'elle fut créée en décembre 1942 à la Comédie Française, alors que le bruit des bottes résonnait sur le pavé parisien, ça laisse songeur quand même...























































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La reine morte

Même si le titre de ce drame historique attire l'attention sur l'héroïne, le héros véritable est le vieux roi Ferrante dans ses conflits avec son fils. Tout les oppose, et en particulier, de façon irrémédiable, le Temps : Ferrante aimait son fils quand il n'était qu'un enfant, mais il se prend à le haïr quand il devient adolescent, homme, amoureux, voire sentimental, et inférieur à ses devoirs de futur roi. Par ce biais, Montherlant renouvelle le vieux conflit cornélien entre le coeur et la raison d'état. Il ancre ce conflit abstrait dans les dégoûts du vieux père pour son fils, jeune homme qui veut simplement être heureux et non être roi : on pourra comparer avec Mithridate de Racine rival de ses fils en amour et en politique, ou avec la grande figure, dans Rodogune de Corneille, de la mère atroce jouant ses fils l'un contre l'autre. Grand ressort tragique que les haines entre parents et enfants... Le souci de reconstitution historique fidèle (malgré les grandes libertés que prend l'auteur avec l'histoire du Portugal médiéval), héritage du Romantisme, n'alourdit pas la pièce, car les personnages sont forts, éloquents, bien campés et semblent vivre naturellement au milieu de ce décor. Comme Anouilh, et deux ans avant son Antigone de 1944, l'auteur dresse l'un contre l'autre le devoir d'état et l'exigence individuelle, en les incarnant dans deux personnages, au lieu de la conscience d'un seul comme chez les classiques. Il donne clairement raison à Ferrante, son vieux roi, contre le fils, le sentimental Dom Pedro, à la différence de l'ambigu Anouilh.
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La reine morte

si la reine est morte le roi va prendre une autre reine
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La reine morte

La reine morte /Henry de Montherlant



Drame en trois actes écrit en 1942 et présenté la même année à la Comédie Française, cette pièce développe le thème classique de l’amour contrarié par la raison d’État. Elle est inspirée de l’histoire des rois du Portugal Alphonse IV et Pierre Ier d’après un drame espagnol de Guevara.

Un mariage est prévu entre l’Infante de Navarre et le Prince Pedro, fils de Ferrante roi du Portugal. Il s’agit de fonder une alliance politique entre la Navarre et le Portugal pour contrer la Castille. Mais Pedro refuse ce mariage malgré la requête de son père pour lui rappeler ses devoirs de prince. Il fait savoir que son affection pour Inès de Castro l’empêche de se marier avec l’Infante. Il n’ose pas avouer qu’il s’est marié en secret avec Inès et qu’elle attend un enfant de lui. C’est Inès qui va annoncer la nouvelle à Ferrante.

Pedro est arrêté. Ferrante conseillé par son entourage politique ne voit d’autre option que de faire supprimer Inès de Castro au nom de la raison d’État.

Dans un style sobre, Montherlant nous emmène quelques siècles en arrière pour exposer une histoire d’un autre temps. Un roi un peu sadique et désabusé est prêt à toutes les bassesses pour faire une alliance, au détriment des sentiments de son fils qui préfère l’amour d’Inès, une bâtarde éduquée et femme de caractère.

En bref, une pièce sombre et dramatique.

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La reine morte

A la cour du Portugal, Le prince Pedro a épousé en secret Inès de Castro, qui attend un enfant de lui. Mais celle-ci est de basse extraction et Le prince se doit, sous la pression du protocole et du roi Ferrante son père, d'épouser l'infante de Navarre.

Ce drame en trois actes d'Henry de Montherlant est un bijou, maintenant classique, du théâtre contemporain. Les mots sont, à l'image des personnages, forts, tragiques et brillants. La recherche d'absolu et les tourments sont, comme à l'accoutumée dans l’œuvre théâtrale de Montherlant, formidablement appuyés par une plume de grand style.

La tragédie se noue et la jeune femme et le vieux roi mourront pour que le prince accède au trône où il y hissera son deuil et son désespoir.

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La reine morte

Je croyais trouver une sorte de Roméo et Juliette , tragédie de l'amour fou, impossible. C'est plutôt le Roi Lear!



Pedro et Inès ne sont pas les héros de la pièce.



Montherlant a campé la figure du roi Ferrante - roi vieillissant - qui impose un mariage politique avec l'Infante de Navarre à son fils qui ne peut le conclure puisqu'il est déjà secrètement uni à Inès de Castro. Ferrante est le personnage principal de la pièce, monarque, il incarne l'Etat et la raison d'Etat. La raison d'Etat s'opposant à l'amour, c'est classique dans la tragédie. Il ne s'agit pas uniquement de cela. Ferrante, vieillissant délire, il signe un pacte avec Aragon, sachant que ce traité lui sera défavorable, il convoque ses conseillers, courtisans flatteurs ou félons auxquels il n'accorde aucun crédit. Il exerce son pouvoir absolu et capricieux plus par le goût du pouvoir que par souci de l’intérêt du Portugal. Il se grise de son pouvoir, il méprise aussi bien son fils que ses courtisans. Il a pouvoir de vie et de mort sur l'évêque de Guarda, sur Lourenço Payva, sur Inès. S'il épargne l'évêque par politique vis-à-vis du Pape, il est seul maître du destin des deux derniers. Pourquoi ordonnera-t-il l'exécution d'Inès? Pour prouver qu'il est le roi? Parce qu'il a été défié par son conseiller? Parce qu'enceinte, elle porte la vie alors qu'il est au seuil du trépas?



L'infante de Navarre est l'autre personnage fort de la pièce qui commence par ses stances. Personnalité royale, elle aussi. Offensée par le refus de Pedro, elle ne cherche pas à nuire à sa rivale. Au contraire! Elle cherche à l'attirer à elle en Navarre. Elle en tombe amoureuse.



Inès est autant mère qu'amoureuse. Amoureuse, certes quand elle va voir Pedro en prison, mais c'est en tant que mère qu'elle irrite Ferrante. C'est l'évocation de l'enfant à venir qui cèlera son arrêt de mort.



La Reine morte m'a donc réservé des surprises!



J'ai été très intéressée par les présentations de la pièce de l'édition Folio THEATRE, imaginer Madeleine Renaud dans le rôle d'Inès, imaginer aussi l'impatience des spectateurs en 1943 sachant que le métro passait à 11h20 à Palais Royal. Allusion du film de Truffaut! J'ai hâte de voir la pièce en entier!


Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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La reine morte

Bon ! Comment l'expliquer ? Les pièces de théâtre, quelque soit l'époque, qui parlent de rois, de reines, de courtisans...me font flipper ! Un stress intense en souvenir des profs de francais qui prenaient la liste d'appel et nommaient un élève au hasard pour sortir au tableau réciter l'extrait qu'il fallait apprendre. J'en ai froid dans le dos.

C'est donc non sans courage que j'ai sorti La reine morte de ma bibliothèque, j'ai dû l'y enterrer depuis un moment.

Le texte est passionnant, puissant...j'ai beaucoup aimé.
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