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Critiques de Henry de Montherlant (208)
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Je suis partout - Anthologie (1932-1944)

Un livre intéressant qui propose en grande quantité des articles parus autrefois par les principaux journalistes collaborationnistes de Je suis partout. Malgré une mise en contexte salutaire dans sa préface, c'est dommageable l'absence de commentaires scientifiques critiques de chacun des articles proposés afin de contextualiser les articles et mettre en garde le lecteur sur des propos qui ont été à l'origine de tant de souffrances dans les années les plus noires de la France du XXème siècle.
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Port-Royal

La lecture de cette pièce a été une très belle lecture, une bulle de lumière, d'autant plus que les trois textes à la fin de la pièce, ses "Notes sur le théâtre", sont passionnantes et riches en enseignements.



Il n'est a priori pas facile de nous projeter dans ce contexte du XVIIe siècle, et j'ai regretté de ne pas avoir mieux mémorisé ce que j'avais entendu dire du jansénisme durant mes études littéraires. Toutefois, qu'on ne s'inquiète pas : si l'on connaît un peu le contexte de la dispute, on entre facilement dans la compréhension de la situation de ces religieuses, à la veille d'être déclarées hérétiques et sanctionnées, en étant dispersées pour 12 d'entre elles, et dirigées par les religieuses d'un autre ordre pour le restant des soeurs.



Pour comprendre l'orientation qu'a donnée à sa pièce Montherlant, il est bon de savoir qu'il a eu l'idée de cette intrigue dès 1929, en découvrant l'ouvrage de Sainte-Beuve sur Port-Royal, avec cette citation :"Port-Royal ne fut qu'un retour et un redoublement de foi à la divinité de Jésus-Christ". Montherlant nous présente, en une action resserrée en un seul acte sur un seul jour, cette petite communauté où les soeurs se découvrent, se révèlent, face à l'exigence de l'Archevêque qu'elles signent le formulaire de renonciation à leur hérésie, et par-là renient les fondateurs de leur ordre (les Soeurs du Saint-Sacrement). Dans cette première partie, très habilement mise en scène, nous faisons connaissance avec plusieurs caractères bien typés, même si j'ai eu du mal à me dépêtrer dans les noms religieux, qui de plus se ressemblaient les uns avec les autres. Plusieurs d'entre elles ont attiré mon attention : la soeur Angélique bien sûr, nièce de M. Arnault, une forte tête plutôt dure au mal, mais dans l'appréhension d'une nouvelle crise de doutes ; la soeur Flavie, avec son bon sens paysan, la soeur Françoise, mystique qui veut se vouer toute entière à la méditation et à la prière... Autant de façons de vivre leur foi et de réagir à la menace qui pèse sur elles.



Dès qu'arrivent l'Archevêque et sa suite, y compris des gens de police, à midi, avec la lourde chaleur du jour d'août, les tensions explosent, les manifestations physiques de malaise s'expriment, et cependant, ces femmes font preuve d'une belle qualité de fermeté, de résistance. Pourtant, la punition est terrible : elles seront punies de l'interdiction de recevoir les sacrements si elles s'entêtent, et plusieurs des "meneuses" vont être emprisonnées. L'Archevêque lui non plus ne manque pas de caractère, mais on sent qu'il est démuni face au courage et à l'esprit de ces femmes. On retrouve des accents de Créon face à l'entêtement d'Antigone - pièce de Sophocle qu'admirait Montherlant. On se doute que nombre d'entre elles seront poussées à accepter de signer, d'autant plus que la pression de leurs familles était forte, mais on ne peut s'empêcher d'éprouver de la compassion pour ces femmes qui recherchaient la pureté de la foi et ne devaient pas déranger grand-monde, sinon que peut-être elles formaient un reproche vivant sur les dérèglements du temps, une morale qui ne "passait pas", et donnaient l'idée d'un péché d'orgueil. Toujours est-il que j'ai lu sans discontinuer cette pièce à la fois simple, épurée, et profonde. J'en ai trouvé un podcast en 6 enregistrements, et je vais l'écouter à présent avec grand plaisir, toute contente de m'y replonger.
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Les jeunes filles, tome 4: Les lépreuses

L'écriture de l'intériorité humaine, un baromètre de l'âme d'un perfide, d'un homme dur qui laisse derrière lui des héroïdes, mais pas impunément, au prix de sa vie. Montherlant fait de Costals l'homme que nous sommes tous, même en étant femme et parvient à nous décocher une petite flèche pour cet homme profondément malade de désir. S'il n'a pas la lèpre, ce sont ses lèvres, irrémédiablement malade des femmes qui le condamne à l'angoisse, et, quant à nous, nous en tirons une belle leçon quant à la vertu, non pas chrétienne, mais la valeur d'autrui. Ce Don Juan moderne échappe de peu à ce que nous aurions aimé comme mal pour lui, et ainsi, nous-mêmes nous sommes des Costals, insensibles à la douleur du personnage, à celle des femmes teintées de pathétique, et comme lui, on fermerait la page et classerait sans ouvrir l'aveu (très bref) de faiblesse de Costals.
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Les jeunes filles, tome 3 : Le démon du bien

Voici le troisième tome lu de cette série de quatre, et je vais devoir marquer le pas pour commander le dernier, que je n'ai pas.



Nous retrouvons Costals aux prises avec ce dilemme du mariage avec Solange, la seule jeune fille qui lui ait donné envie ne serait-ce que de se poser la question - sans avoir plus envie de franchir le pas. Notre héros désagréable s'est entendu avec la mère de Solange pour mettre cette dernière à l'essai en quelque sorte, avant de se décider. Il la fréquente, oscille sans cesse entre le oui et le non, donne de faux espoirs et se sent coupable. Un jour elle le surprend par son caractère à la fois affirmé et facile (oui, c'est possible), le lendemain il la juge ennuyeuse. Et surtout, elle n'est pas très motivée par leurs relations physiques, qu'elle cherche à éluder parfois.



Costals, rendu fou d'hésitation, se décide sinon à rompre, du moins à fuir, et part s'installer à Gênes, où il mène une vie de patachon qui lui convient nettement mieux. Toutefois, la pitié, ou encore le démon du bien, le reprend, et il invite Solange à le rejoindre pour cohabiter avec lui quinze jours. Il fait connaissance plus avant avec elle, d'autant plus qu'elle se livre davantage et se montre passionnée dans les ébats. Il constate également qu'en plus de sa beauté qui le trouble encore, elle a un côté sauvage, et de même que lui, elle est proche des animaux et des enfants qui la recherchent. Malgré ce nouveau terrain d'entente, Costals ne tardera pas à être repris par un autre démon, celui de son égoïsme, et à tout gâcher encore, du moins du point de vue de la jeune fille.



Les scènes de préparation du mariage sont bien amenées, et Montherlant s'en sert pour donner une illustration sans complaisance des rapports humains, entre hypocrisie et lâcheté. Comme d'habitude, Costals est un concentré de calcul décomplexé, d'esprit de dérision et de provocation. On jurerait qu'il est gagné par l'ivresse de dévoiler son narcissisme sardonique, de mettre à jour ses vraies motivations, celles qui sont tues habituellement. N'oublions pas qu'il est écrivain, et que peut-être, instaurer du drame dans ce roman plat qu'est le mariage n'est pas pour lui déplaire, en sautant tête la première dans cet arrangement qui pourrait ne jamais avoir lieu. Nous sommes toujours servis par les aphorismes de l'auteur, qui en veut sans doute plus à la société qu'il ne déteste les femmes.



J'ai été un peu plus gênée par l'expression, qui mêle un langage recherché de bon aloi avec des passages d'une plus grande crudité, voire grossièreté, ce qui crée des contrastes dissonants ; ajoutons à cela des réflexions pour le moins douteuses sur l'influence qu'aurait Costals sur les enfants et adolescents. On a su par la suite que Montherlant s'adonnait au tourisme sexuel avec de très jeunes gens, et franchement on n'est pas loin ici de l'aveu, c'est dérangeant quoique fugace. Le tome reste toutefois tout à fait lisible, et la vie italienne et ses chats nous font de l'œil.
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Les jeunes filles, tome 2 : Pitié pour les fe..

Je poursuis cette série intéressante, en maintenant l'avertissement pour les allergiques à la misogynie : Pierre Costals n'a pas changé. Fidèle à lui-même, il continue à approfondir sa liaison avec la jeune Solange, dont on sait maintenant qu'elle l'aime. Solange est déroutante pour Costals, car elle paraît toujours sobre et posée, et ne semble pas présenter de défauts féminins rédhibitoires. Certes, notre écrivain misanthrope s'amuse quelque peu, entretient encore les braises de ses échanges épistolaires. Toutefois, plusieurs relations se dénouent dans ce tome, volontairement ou non, comme pour le laisser se concentrer sur la jeune fille.



Costals franchit enfin le pas de faire de Solange sa maîtresse, tout en essayant de l'"éduquer" à ses exigences, mais aussi en poursuivant cet idéal de se présenter tel quel, sans se payer de mensonges séducteurs. Il renâcle sérieusement sur le mariage, mais en même temps on verra qu'il fait à sa compagne épisodique une place à part. Il en a toutefois dit très peu sur sa situation personnelle, son fils, ses projets....



Ce tome apparaît plus construit, moins brouillon dans les pistes lancées dans le précédent tome sans aller jusqu'au bout. Plusieurs fortes scènes ponctuent la narration, essentiellement à la troisième personne, du point de vue de Costals ; il n'est pas rare que l'écriture se coule dans des évocations visuelles apaisées, chaleureuses, et les formules choc abondent. Le lecteur sent bien que Costals, si ce n'est Montherlant, a le goût de la contradiction, de la provocation, non sans une certaine fatuité, conscient de produire des traits d'esprit, des éclairs intrigants. J'ai beaucoup aimé la scène entre Costals et Monsieur Dandillot, le père de Solange, qui se meurt et se repent de ne pas avoir vécu comme il l'entendait. Cela semble donner une caution à l'égoïsme jouisseur de l'écrivain ; pourtant, il se rapproche davantage de Solange.



Pas de surprise donc dans ce tome, mais une lecture plus fluide, une meilleure compréhension de ce personnage complexe et frustrant qu'est Pierre Costals. Le fil rouge évoqué par le titre est on ne peut plus clair : et d'une, l'homme s'attache souvent à une femme par pitié, et de deux, ce n'est pas une bonne idée. Il faut donc s'armer et rester vigilant, dans une parfaite maîtrise de ses sentiments, pour une parfaite indépendance.
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Les jeunes filles, tome 1

Avec ce premier roman Les Jeunes filles, je commence ce cycle de quatre livres, autour du personnage principal, Pierre Costals, écrivain dont j'hésite à dire qu'il serait un double ou porte-parole de l'auteur. Les propos sont d'une rare misogynie, mais pourtant dénués de malveillance : le personnage de Costals n'est pas à l'honneur pour autant. Le maître mot est "lucidité", et c'est ce qui rend ce roman sympathique, bien que le discours masculiniste y soit résolument de mise. Je ne suis du reste pas surprise, en lisant la biographie de l'auteur.



De quoi est-il question ? L'auteur parisien Pierre Costals entretient deux relations épistolaires dans ce roman avec deux jeunes filles, ou femmes : Thérèse Pantevin et Andrée Hacquebaut ; il passe toutefois la majeure partie de son temps à ne pas répondre à leurs lettres enflammées, et mène ses propres affaires sentimentales, sans se gêner plus que ça. Thérèse n'existe que par les lettres, elle a une nette tendance à une forme de masochisme mystique et Costals l'enjoint de se consacrer à Dieu. Andrée est un peu plus proche de lui, elle vient parfois à Paris et le rencontre, ils ont une relation amicale qu'elle voudrait trouble, alors qu'il s'évertue à lui prouver qu'il ne l'aime pas.



Les personnages féminins sont cliniquement décrits, même si par certains aspects, les émois d'Andrée peuvent être touchants : on sent bien qu'elle s'est trop engagée affectivement dans cette relation pourtant unilatérale pour renoncer, car elle perdrait trop. Quatre ans durant, elle a cherché à le convaincre qu'elle ferait son bonheur, voire qu'il l'aime sans s'en rendre compte, et lui de son côté a tenté de repousser les avances de la jeune femme, principalement parce qu'il ne la trouve pas belle et ne la désire pas.



Le problème moral posé est en soi passionnant : est-il cruel en refusant une liaison qui ne le tente pas, alors même que lorsqu'il essaie d'être le plus clair possible sans la blesser, elle ne veut pas l'entendre, et continue de plus belle à faire le siège, allant jusqu'à s'offrir de façon gênante ? S'il était vraiment un sale type, ne profiterait-il pas d'elle pour la laisser ensuite ? le fait que ces échanges soient évoqués sous forme de lettres, intercalées avec des chapitres narratifs, est divertissant, je me suis laissé prendre à leur histoire, et même si j'avais fortement envie de secouer Andrée, je me suis demandé si elle n'allait pas finir par avoir gain de cause...



Costals montre un autre visage de lui-même lorsqu'il rencontre Solange Dandillot, une jeune fille envers qui il se sent violemment attiré, bien qu'il ne partage rien intellectuellement avec elle, au contraire d'Andrée. Pourtant, ils sont subjugués l'un par l'autre, même s'il garde la main et la contrôle sans vraiment la comprendre ; leurs premiers rendez-vous font des étincelles.



C'est finalement un personnage complexe que Costals, père célibataire, amant épisodique fidèle à ses "amies" et généreux, écrivain qui veut préserver sa paix et sa liberté, mais aussi misanthrope souvent écoeuré par les travers de ses semblables. A travers la quête de jouissance de Costals, mais aussi son observation lucide des caractères qui l'entourent, Montherlant dévoile qu'il est autant romancier que moraliste. C'est finalement un roman d'une forme un peu datée, mais intelligent, souvent drôle car empreint d'un humour caustique, qui me plaît suffisamment pour me tourner vers la suite.
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La Ville dont le prince est un enfant

Un recit tres fort sur la vie au seminaire,choix peu étonnant tant l'oeuvre de Montherland a ete matquee par la religion.Cette piece nous fait revivre le quotidien de tous ces enfants qui ont grandis dans une education catholique audebut du vingtième siecle.Un livre presque reportage sur cette epoque.
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Les Célibataires

parfois la sobriété d'un avis est comme un coup de fouet. je ne connaissais pas Henry de Montherlant (honte à moi) et merci donc à "lybertaire". je ne dirais qu'entrer dans l'univers de Montherlant est chose facile, on peut facilement se méprendre sur le "style" qui, au départ , semble conférer un sentiment de confusion au récit, comme une déstructuration. Mais tout lecteur aimant reconnait dans les mots le génie de l"écrivain. une magnifique lecture, un choc, brillant, féroce, décapant et en fin de compte tellement contemporain.
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Le cardinal d'Espagne

Montherland,voici un ecrivain un peu oublie qui merite de retrouvrer la lumière qu'il a quitté apres avoir un peu deserte l'actualite.Neanmoins cette piece reste tres agreable a decouvrir et a lire meme si elle n'est plus beaucoup joue sur scene,ce qui est bien dommage.
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La reine morte

C'est ma première lecture de Montherlant, dont le nom résonnait dans mon esprit depuis plusieurs mois déjà. J'eus très peur en apprenant le thème central : la raison d'état contre l'amour. Pourtant, la pièce se lit sans faim et sans faim se lit. Je pensais lire une œuvre tirée de la plume d'un misogyne sans vergogne, pourtant les personnages féminins sont grands, bien plus grands que leurs homologues masculins !
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Port-Royal

Certes nous avons là une plume d'excellence, digne des grands classiques français, mais je ne suis pas parvenu à rentrer dans cette pièce (belle image !) dont le cadre est le monastère de Port-Royal du Saint-Sacrement, en août 1664. Après l'archevêque, le grand-vicaire, de l'official et deux aumôniers, le lieutenant-civil, le chevalier du Guet, le prévôt de l'Ile, quatre commissaires, vingt exempts de police et quelques officiers de la compagnie d'archer font irruption dans le monastère pour contraindre les soeurs à signer un formulaire de l'assemblée des évêques par lequel elles se soumettent à toute décision du Saint-Siège (les Jansénistes n’aimaient pas les "demi-chrétiens"). Parmi les soeurs, l'une a dénoncé les futures proscrites, certaines vont trahir l'ordre pour se soumettre aux autorités religieuses, les plus rebelles sont enlevées du monastère.

Pièce de théâtre austère, au style un peu dépassé mais qui livre quelques belles tournures : "La nuit passera et la vérité de Dieu demeurera".

 





 





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Les jeunes filles, tome 1

Rien de plus cruel n’a été écrit sur les jeunes filles, leurs doutes, et leurs amours déçues. Dans ce roman mi-épistolaire (certains passages sont des instants de narration), premier tome de son cycle « les jeunes filles », Henry de Montherlant met en scène Pierre Costals, écrivain à succès, courtisé par plusieurs admiratrices trentenaires célibataires (à l’époque davantage « vieilles filles », que « jeunes filles ») dont il ne cesse de se jouer ou de rejeter. Parfois abjecte, parfois cinglant, un roman dérangeant mais savoureux des années 30, dont la trame de fond reste finalement très moderne sur certains aspects des rapports amoureux, de ceux qui aiment et de ceux qui rejettent.

Hâte de lire les tomes suivants…!



Retrouvez mes critiques littéraires sur mon compte Instagram @la_librayrie
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Les jeunes filles, tome 1

Peut-on séparer le blanc du jaune sans tout monter en neige ?



Disons-le d'emblée, et parce que sa réputation précède l'ouvrage : oui c'est une lecture malaisante, mais parce que son auteur, Montherlant est un écrivain malaisant, pour un tas de raisons.



Oeuvre de friction. Dans cet ouvrage, on ne peut s'empêcher, depuis sa parution d'ailleurs, d'y voir le point de vue de l'auteur. Pourquoi n'admet on pas qu'il puisse s'agir simplement d'une oeuvre de fiction ? Et, à l'inverse, pourquoi le fait pour l'auteur et ses défenseurs de se cacher derrière l'alibi, la licence littéraire n'a jamais convaincu ?



Montherlant a, toute sa vie, suscité la polémique, son oeuvre jugée géniale par certains et surfaite par d'autres, ses pièces de théâtre, autrefois à succès, semblent aujourd'hui oubliées et ce qui fait sa discrète postérité est cette série de romans “les Jeunes Filles”.



Le personnage d'anti-héros de Pierre Costals est un séducteur méprisant, suffisant, qui entretient des correspondances avec plusieurs jeunes femmes totalement raides de lui. le roman est d'ailleurs en grande partie épistolaire, ce qui est à porter au crédit de l'oeuvre. le lecteur est ainsi témoin de ce courrier des fans où les déclarations les plus enflammées se heurtent au silence, au dédain, et aux outrances misogynes d'un personnage qui croit avoir tout compris.



Certes Costals avec honnêteté décourage, tente de dégriser les élans de ses admiratrices, mais d'autre part il joue aussi avec les sentiments de Solange et la manipule pour arriver à ses fins, sachant très bien où finira l'affaire : “c'était ce menton un peu lourd qui lui permettrait un jour de la quitter le coeur léger.”



Cependant Costals a des idées arrêtées sur tout, cela parfois avec la complicité du narrateur (suivez mon regard). Surtout, Costals se trompe en essentialisant l'état amoureux, et en le rattachant à un sexe ou l'autre. Par exemple, à Andrée qui écrit “vous ne savez pas ce que c'est que la volonté d'une femme”, Pierre Costals répond : “je vous mets en garde, aussi, contre votre croyance au pouvoir du désir et de la volonté. Vous savez mon opinion sur la maladresse des femmes : une de ces maladresses me paraît être leur foi dans l'efficacité de l'insistance.”



Or, l'état amoureux n'a pas de sexe. On peut avoir bien sûr, avec toute la nuance requise, une discussion sociologique, historique, culturelle sur le conditionnement des genres, sur le rose et le bleu, les poupées et les camions etc, ce que d'ailleurs reconnaissons-le, Montherlant n'ignore pas, faisant parfois allusion aux problèmes liés à l'éducation des femmes et à leur place dans la société des années trente, regrettant que celle ci ne permette pas leur émancipation, notamment vis à vis des hommes.



Pourtant on ne peut pas réduire à une dimension sexuée les comportements amoureux. Dans le reproche adressé par Costals dans la citation plus haut, il n'y a pas de stigmate spécifique à un genre ou à l'autre dans “efficacité de l'insistance” me semble-t-il, les hommes ne sont pas en reste dans ce domaine. Et cela, je crois, Roland Barthes, lorsqu'il livra Fragments d'un discours amoureux, l'avait bien compris, chacune et chacun se retrouve dans les tourments, les élans de la passion, indifféremment du genre. Barthes, qui au demeurant n'était pas tendre avec Montherlant, jugeant notamment : «Je relisais précisément ces jours-ci une oeuvre bien “littéraire” : La Reine morte : texte anachronique, bouffon de pose littéraire, singeant le classique comme un film de Sacha Guitry la Révolution».



Les “portraits de femmes” ne sont finalement pas si caricaturaux. Je veux dire qu'elles n'ont pas à rougir d'être amoureuses et qu'elles font preuve d'une introspection souvent lucide, toujours exigeante et intelligente, notamment Andrée, le véritable souffre-douleur du personnage principal. Consciemment ou malgré lui, Henry de Montherlant démiurge est derrière chacun de ses personnages féminins et peut-être malgré lui, leur fait honneur aussi. Alors certes on a parfois envie de secouer Andrée, de lui dire “lâche l'affaire” pour autant, ai-je envie de dire, minute papillon ! Il faut parfois passer par chaque étape d'une passion, et la colère, l'illusion, le déni, se mentir à soi-même, s'accrocher, se fabriquer un peu d'espoir et mal interpréter certains gestes, certaines paroles, sont aussi des passages, sinon obligés, du moins qu'on peut tous comprendre, parce que c'est trop tôt pour renoncer, parce qu'on a rien d'autre à quoi s'accrocher, parce qu'une chimie secrète se forme dans notre cerveau reptilien et qu'il faut laisser décanter tout ça etc…



Mais de là à théoriser, comme le fit en d'autres occasions Montherlant, sur une faiblesse congénitale, un péril civilisationnel ou l'avènement d'une société de “midinettes” qui “émascule la France”, on préférera croire à la mauvaise foi plutôt qu'à la crédulité, pour ne pas insulter l'intelligence d'un auteur qui s'est assez fourvoyé lui-même dans des écrits jugés collaborateurs, après la victoire de l'Allemagne nazie en 1940…



Les écrivaines elles-mêmes semblent en désaccord sur l'appréciation de cet ouvrage, dans le Deuxième Sexe, Simone de Beauvoir est intraitable sur la misogynie de l'auteur des Jeunes Filles, de leur coté Marguerite Yourcenar ou encore Amélie Nothomb saluent le génie littéraire.



Sur l'oeuvre littéraire, intrinsèquement, d'abord le style est très bon, l'écrivain ne manque pas d'humour ; par exemple une scène d'anthologie au cours de laquelle Montherlant se moque du public bourgeois assistant à un concert de musique classique, portant sur la société galante parisienne de son époque un regard souvent juste mais cynique. Ainsi, il vilipende les moeurs de son temps, le mariage, la famille et son obligation procréatrice qu'il juge très sévèrement : “c'est toujours la même chose. Faire des enfants, puis ne savoir qu'en faire.”



Néanmoins, on ne peut pas s'empêcher de lire aussi cette oeuvre à la lumière de la biographie de l'écrivain (c'est le moment #balancetonporc) car lorsqu'on constate cette acerbité envers les femmes on s'interroge, est-ce qu'elle peut être le reflet de ses propres peurs ? Quand on a peur on peut vite détester, rabaisser, pour tenter vainement de garder le dessus sur des injonctions sociales qu'on ne peut honorer. Montherlant en effet a fuit, jusqu'à son suicide en 1972, à la fois le mariage et la paternité, est-ce uniquement la marque d'un désir absolu de liberté ? Si l'on en croit les confidences indiscrètes de son ami l'encombrant Roger Peyrefitte (qui rappelait à un Jean d'Ormesson exaspéré leurs aventures en Thaïlande en direct sur le plateau de Bernard Pivot), l'académicien français, que ses biographes ont présenté à demi mot comme homosexuel, avait en fait des pulsions pédérastiques qui n'avaient hélas pour ses victimes, rien d'inassouvies, cela lui en aurait même coûté un oeil ; il entretint du reste, des rapports étroits avec un certain Gabriel Matzneff… J'en veux pour preuve cette citation pour le moins étrange dans le bouquin : “J'ai mis ange au féminin. En effet, puisque les anges sont de purs esprits, je ne vois pas pourquoi on les représenterait exclusivement sous forme mâle, sinon pour satisfaire la pédérastie inavouée du genre humain.” du “genre humain”, ben voyons, c'est celui qui dit qui est… Montherlant essayerait-il de se dédouaner de ses propres penchants pédo-criminels en les attribuant au “genre humain” tout entier ?



Il n'en reste pas moins, pour conclure, que l'auteur provocateur a bien du, face à la persistance de la critique sur son livre, se défendre en expliquant “c'est un livre composé de gags à la Charlot, un livre comique, au second degré, ce que le public n'a peut-être pas vu.” L'auteur disait encore «la recette la plus sûre pour faire une oeuvre de valeur, c'est de recueillir sur le papier, tout chaud, ce qui gicle de vous” … peut-être bien, mais l'envie de poursuivre cette saga avec des opus aux titres, plus lourdeaux que finement ironiques, tels que “Le Démon du bien”, “Les Lépreuses” ou encore “Pitié pour les Femmes” ne me démange pas vraiment.



Cette critique restera t-elle, comme les nombreuses lettres d'Andrée à Pierre Costals, “sans réponse” ? Qu'en pensez-vous ?

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La rose de sable

Le récit se déroule dans un fortin français du sud Maroc en 1932. On se souviendra au passage que la "pacification du Maroc " de 1904 à 1932 a fait plus de 100 000 morts. Mais pas de combats ou de batailles dans ce roman, plutôt le désert des tartares où un jeune lieutenant de la coloniale, pour tromper son ennui, va s'amouracher d'une gamine arabe de moins de quinze ans, tout en la payant comme une prostituée. Mais, parfait exemple de la coloniale, il ne voit pas malice dans sa situation et reste un coeur pur, ouvert à l'autre et surtout à ces populations arabes miséreuses, incultes, et surtout soumises, ceux que l'on appelle alors "les vaincus". Notre lieutenant va se retrouver pris entre l'incompréhension, la vulgarité et la violence des militaires français et le mépris et la révolte rentrée des autochtones. S'il souhaite emmener cette jeune fille avec lui, il le fait comme il le ferait avec une boniche, et son refus de participer à une opération militaire ne va pas jusqu'à démissionner de son corps. Il n'y a pas de morale à cette histoire et seul l'artiste aristocrate s'en sort grâce à son cynisme le plus total. Le roman peut sembler touffus de prime abord mais c'est pour vous emmener dans les méandres les plus intimes des raisonnements et des sentiments des personnages. Ecrire une telle description de la mesquinerie méprisante de la France coloniale au Maghreb en 1932 a du demander beaucoup de courage à l'auteur.
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Fils de personne - Un incompris

4 étoiles. Trois pour Fils de personne qui si elle n'était pas signée Montherlant n'aurait jamais vu le jour ou de façon très discrète. Pas parce qu'elle est écrite à l'os, sans ornements, mais parce que... elle ne vaut surtout que par toutes les interprétations et projections qu'on peut en faire. Son universalité est clairement douteuse. Surtout à l'heure actuelle. Soit. La paternité, la maternité, et leurs contradictions, leurs impossibles. Et l'enfant qui doit se bâtir dans ces contradictions et ces impossibles. Bref, d'aucuns ont suffisamment commenté cela.

4 étoiles et demi pour Un incompris. Subjective note. Le personnage de Bruno me touche parfaitement, par sa manière de comprendre et déterminer ce qui constitue ou ne constitue pas (de) l'amour, à travers la ponctualité. L'amour et le rapport au monde, même.

Hasard ou non, ce choix de prénom me sort d'une indifférence que beaucoup pourraient trouver à cette petite pièce en un seul acte.

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Les jeunes filles, tome 1

Les Jeunes Filles /Henry de Montherlant de l’Académie Française/ (1895-1972)

De son nom complet Henry Marie Joseph Frédéric Expedite Million de Montherlant, l’auteur célèbre de ce premier tome d’une série de quatre romans met en scène un écrivain célèbre, Pierre Costals, qui dans les années 1925 connaît un grand succès littéraire, notamment auprès des femmes. Réputé, il reçoit un immense courrier féminin passionné, aussi bien de jeunes filles que de jeunes femmes plus très jeunes. L’une d’entre elle, Thérèse, est assidue et lui adresse des lettres enflammées avec un arrière goût de péché, dévote qu’elle est. Une autre lectrice, Andrée, la trentaine, est une intellectuelle qui souhaite rencontrer Costals à Paris où elle se rend de temps à autres. Costals répond rarement à toutes ces lettres et quand il le fait c’est pour exprimer son dédain de la gente féminine sinon sa misogynie, sauf si leur beauté l’emporte sur leur intelligence et qu’elles sont des filles faciles.

Ainsi Costals, personnage cynique, nous apparaît sous un jour inquiétant et nous est odieux, notamment lorsqu’il évoque les petites annonces matrimoniales, pour lui un rouage social de première importance, toutefois un peu ridicule souvent dans le libellé. Dans ses réponses au courrier d’admiratrices, il concède qu’il ne fait pas bon de l’aimer, car sitôt qu’il se rend compte que quelqu’une tient à lui, il est déconcerté et ennuyé et passe sur le mode défensif, car pour lui être aimé plus qu’on aime est une des croix de la vie, parce que cela contraint soit à feindre un sentiment de retour qu’on n’éprouve pas, soit à faire souffrir par sa froideur et ses rebuts. « Ma tête serait mise à prix, que je me sentirais plus en sécurité dans le maquis, comme une bête traquée que réfugié chez une femme qui m’aime d’amour. » Quant au mariage et tout ce qui l’entoure, pour Costals c’est sans conteste possible la pire des niaiseries dans la vie d’un être humain !

Le cynisme provocateur de Costals atteint des sommets quand il ose écrire : « Les jeunes filles sont comme ces chiens abandonnés que vous ne pouvez regarder avec un peu de bienveillance sans qu’ils croient que vous les appelez, que vous allez les recueillir, et sans qu’ils vous mettent en frétillant les pattes sur le pantalon. » Ou encore : « Je n’ai jamais trouvé les deux ensemble chez une femme : intelligence et beauté… » Finalement, Costals garde toujours ses distances en amour, en versant tour à tour presque ensemble le poison et le remède, de façon assez savante pour que la femme ne soit ni tuée par le poison, ni guérie tout à fait par le remède avec pour effet dominant sa souffrance. Plus Costals se fait insaisissable plus ses admiratrices se prennent au piège de l’amour, se débattant dans les affres de l’incertitude.

Les mœurs de l’époque, 1925, était souvent ainsi établis que la jeune fille avait pour seul avenir que celui de son futur époux. Dans ce roman finalement Montherlant s’emploie à tourmenter sans plaisir et à dominer les âmes féminines, tout en compensant cette attitude par une paradoxale leçon de sacrifice devant la tentation de la tendresse et de l’installation dans le bonheur.

Un roman un peu dépassé d’un certain point de vue. Nous ne sommes plus en 1925…

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La reine morte



Dans l'un des commentaires sur La Reine morte, Montherlant déclare la chose suivante : « Le théâtre est fondé sur la cohérence des caractères, et la vie est fondée sur leur incohérence. [...] La cohérence de ce caractère est d'être incohérent ». Je partage évidemment la vision de l'auteur. La personnalité humaine est comme un arbre dont les ramifications, à force de croître, se rencontrent nécessairement. Nier cette incohérence, c'est ou se faire une bien fausse idée de soi-même, ou une bien triste idée de l'art en tant que bête machine simplificatrice. J'invite donc tous ceux ayant le vilain défaut de lancer des procès en incohérence à des personnages d'oeuvres d'art (car on retrouve cette critique dans tout art narratif, pas seulement en littérature) de lire et relire ad nauseam Montherlant jusqu'à imprimer cette idée pleine de bon sens (et de bon goût!) dans leur esprit.



D'ailleurs, la qualité magistrale de cette pièce de théâtre prouve le bien-fondé de cette vision. Certes, la plume fabuleuse de Montherlant n'y est pas étrangère (lisez la section « citations » pour en goûter quelques échantillons). Mais sans cette richesse issue de la profondeur de ses personnages tout en contradictions, La Reine morte ne serait guère plus passionnante que du Edmond Rostand ; un feu de paille aussi flamboyant qu'éphémère.



Or, c'est ici tout le contraire. La pièce reste en mémoire même après la fermeture du livre, et je ne doute point qu'elle y grave sa marque au fur et à mesure que la poussière le recouvre. Le personnage du roi Ferrante est bien sûr le plus marquant. C'est d'ailleurs là tout le croquant des personnages indéfinissables ; on n'en a jamais fini avec eux, tandis que ceux qu'on cerne avec facilité n'ont aucune raison de rester l'objet de notre attention. Pris sous le feu de ses propres contradictions, Ferrante est à la fois grand et pathétique, humaniste et machiavélique, conscient de n'être pas tout à fait l'homme qu'il pense être (voilà un sacré paradoxe). Et le lecteur s'en trouve tout aussi écartelé intérieurement face à cet homme dont la lucidité portée jusqu'à ses plus absurdes dénouements le pousse à haïr un fils à la fois trop différent et semblable.
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La reine morte

La reine morte /Henry de Montherlant



Drame en trois actes écrit en 1942 et présenté la même année à la Comédie Française, cette pièce développe le thème classique de l’amour contrarié par la raison d’État. Elle est inspirée de l’histoire des rois du Portugal Alphonse IV et Pierre Ier d’après un drame espagnol de Guevara.

Un mariage est prévu entre l’Infante de Navarre et le Prince Pedro, fils de Ferrante roi du Portugal. Il s’agit de fonder une alliance politique entre la Navarre et le Portugal pour contrer la Castille. Mais Pedro refuse ce mariage malgré la requête de son père pour lui rappeler ses devoirs de prince. Il fait savoir que son affection pour Inès de Castro l’empêche de se marier avec l’Infante. Il n’ose pas avouer qu’il s’est marié en secret avec Inès et qu’elle attend un enfant de lui. C’est Inès qui va annoncer la nouvelle à Ferrante.

Pedro est arrêté. Ferrante conseillé par son entourage politique ne voit d’autre option que de faire supprimer Inès de Castro au nom de la raison d’État.

Dans un style sobre, Montherlant nous emmène quelques siècles en arrière pour exposer une histoire d’un autre temps. Un roi un peu sadique et désabusé est prêt à toutes les bassesses pour faire une alliance, au détriment des sentiments de son fils qui préfère l’amour d’Inès, une bâtarde éduquée et femme de caractère.

En bref, une pièce sombre et dramatique.

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Les jeunes filles, tome 1

On peut admirer la verve de Montherlant, considérer sa truculence et son audace, vanter sa véracité hautaine et subversive, lui reconnaître le talent d’une sagacité intempestive, d’une lucidité intègre et amorale, et cependant s’étonner que des millénaires de civilisation et d’écrits n’ont permis que d’atteindre à la surprise d’une inédite franchise sur les mœurs, d’un examen rigoureux de la société, d’une peinture fidèle, quoique sans approfondi, de la réalité du monde. Le type de supériorité d’un tel texte consiste à publier le vrai intérieur des passions, démis des vernis valorisants et ennoblissages habituels, comme on cesserait de s’offrir au pathétiques de l’attendrissante pâmoison ; c’est l’effet réjouissant de Les jeunes filles, qui présente le mérite d’un discours ferme et exact sur l’homme, mais aussi ce n’est que cela, ce n’est que relativement beaucoup, ce qu’on prend pour la maturité en art n’est que l’enfance du regard que ne dépossède plus quantité de préjugés. Ici, un être libre, libertin, libertaire, déclare enfin (et malheureusement « enfin » au lieu de : « pour commencer ») ce qu’il sait de l’amour domestiqué et démaquillé, et il l’exprime sans pitié à des femmes surfaites en sentiments, romantiques ou mystiques, qui l’aiment en style épique, et qu’il tente donc de corriger et désabuser, malgré leurs entêtements variés emplis de représentations littéraires qui feront au lecteur contemporain l’impression de la plus authentique bonne foi.

Il faut apparemment des œuvres pour défaire des proverbes : on peut les louer en ce que c’est rarement qu’on dispose d’un guide pour déconstruire les interprétations-billevesées ; il est de quelque nécessité que l’homme actuel, depuis des siècles, revienne à la surface des faits bruts au lieu de s’enfoncer dans ses représentations caverneuses et souterraines. Or, il faut l’admettre, ce ne sont pas des valeurs pleinement bâties, développées, inédites, découvertes, imprévisibles et perspicaces : on retrouve en cette œuvre ce qu’on voit et qu’on pense une fois affranchi des conventions et des usages, des mièvreries de toutes sortes et des symboles inquestionnés, et l’on arrive ainsi au point zéro où l’on aurait dû partir pour évoluer – « rien d’autre que le sol » – au lieu de dégénérer : c’est un roman qui redresse des scolioses sans bien aider à grandir, et encore expose-t-il un exemple de santé plutôt qu’il ne contraint à se délivrer des torsions et des nœuds. Entretemps, des siècles ont passé, transportant leurs dictons que des livres abondants et glorieux ont flagornés, vains et fats, « sensibles », obséquieux, concordants, rassurants…

Même les « provocations » célèbres ne furent faites que des heurts qu’on était préparés à entendre. Il n’existe pas de succès sans réception propice, et rien n’est jamais propice chez un lecteur qu’un auteur conspue ou corrige : le succès signale toujours la compromission.

Il vaudrait même mieux ne pas lire, ne pas voir le monde à travers des fabrications de penseurs détournés et partiaux, ne pas se mouler à ces fraudes. On resterait soi ; on ne finirait pas par lutter contre la vitalité et la réalité en déchiffrant un ouvrage véridique qui enfin rapporte le réel, faisant alors l’impression contradictoire du plus vicieux artifice. Je plaide ici pour la bonne, pour la meilleure conscience de ceux qui ne lisent pas, qui sont restés purs des influences morales et livresques, à condition toutefois qu’ils aient décidé également de ne pas « lire » les conversations d’autrui. Ce sont autant de gens qui, si on leur énonçait que l’amour est souvent un embarras ridicule, se contenteraient de hausser les épaules en répondant : « À quel propos, une pareille évidence ? » L’exposé d’observations objectives ne les choque jamais : sans guère d’apprentissage, ils sont déjà au point que ne rejoignent que difficilement des esprits pervertis d’imageries savantes et compliquées et qu’il faut longuement convaincre pour atteindre à ce socle élémentaire : nos pédants ont plutôt creusé des trous pour enterrer leurs sens et leur raison. Tant de leur « effort » ne valait pas d’arriver à cette situation piètre où il leur faut désapprendre presque tous les fruits de leur science. En effet, sur bien des faits, l’homme sans instruction a plus raison qu’eux : les alambiqués prétendront que c’est parce que ces simples ne peuvent les comprendre, mais ils feraient mieux de concéder que leur sophistication n’est plus en état de percevoir ce que d’emblée un homme désendoctriné réalise, tandis qu’il n’est pas besoin au sans-culture de beaucoup s’extravaser pour entendre les dérives d’une réflexion spécieuse et égarée. Ils plaquent des concepts et des interprétations extérieurs sur le monde qu’ils abordent avec des lentilles artificielles plutôt qu’avec leurs propres yeux, comme des enfants posent des tamis sur des paquets de sable brut et en sortent avec la sensation omniprésente de quadrillages au-devant de toute perception : l’univers leur devient des séries de ronds ou de carrés dont la présence finit par gager de la normalité des effets – tant d’idées intellectuelles avec lesquelles ils regardent et dont ils ne savent plus sortir les a engloutis dans un paradigme de préventions dont la terminaison même leur communiquerait la sensation d’une anomalie et un effroi. Leurs pensées déforment, c’est le lot des préconceptions de définir et de restreindre les possibilités ; notamment, l’amour est pour eux une valeur absolue et intouchable, un Bien aussi cardinal que l’indication d’une boussole et qui sert de fondement à s’orienter dans toutes les directions, le Bien comme Nord. Ils ont fondamentalement la religion des idolâtres de l’amour, et, ce faisant, n’analysent pas l’amour mais répètent le fantasme ancré de ce sentiment qui en devient autre chose. À force de croire, on finir par avoir des visions ; des croyants portent des stigmates ; la volonté d’illusion finit par produire au monde des matérialisations et des témoignages.

J’ai trouvé une étonnante similitude de pensée et de ton entre Montherlant et Cohen. On dirait, intellectuellement, deux semblables trouvant plaisir à prendre un parti pragmatique et ainsi à désacraliser la vertu unanimement supposée et admise de l’amour, ce qu’ils font avec un humour qui en atténue l’impression de mépris et de haine, mais qui, sans doute aussi, diminue la portée iconoclaste et édifiante de leur œuvre, parce qu’on peut alors les lire selon le degré de retrait d’un simple jeu « pour le rire », comme on écouterait des ludions qui ne croient pas en des causes et ne cherchent qu’à divertir par effet de surprise – Cohen me paraît plus original, créatif et stylisé, d’une plume plus artiste et différenciée, mais peut-être aussi est-il en quelque sorte plus volontiers comique et décalé, et c’est ce qui permit qu’on pût lire à contresens Belle du Seigneur comme apologie de l’amour au lieu d’une dure dénonciation des sentimentalismes corrupteurs du Vrai et du Bon. Ce point de vue léger, du moins laissé interprétable comme simple fantaisie, maintient le lecteur en sa dimension du divertissement où ce qui est difficile et réclame un effort, comme intérioriser des problèmes et les transposer à la réalité, lui devient heureusement superflu : à son gré, il se contente ou non de la fiction, mais il n’est pas sollicité au-delà de sa volonté initiale, nullement brusqué par une injonction de critique ferme, l’auteur ne l’enjoint pas à appliquer. Or, c’est une faute morale de ces écrivains d’avoir aspiré à être appréciés en offrant la facile interprétation de la relativité de leurs livres, comme échappatoire aux plus dures réévaluations : « Je ne veux peut-être que vous amuser » laissent-ils entendre au badaud qui n’a pas l’intention de rien prendre au sérieux. On perçoit chez Montherlant la soif irrésistible de popularité, malgré ses acidités sarcastiques, par exemple sur une salle de concert : « Costals regardait l’assistance. Elle était composée pour un tiers de gens qui jouissaient spontanément des bruits qu’ils entendaient ; pour un tiers, de gens qui n’en jouissaient que par une opération de l’esprit, se souvenant de tout ce qu’ils avaient lu et entendu sur ce morceau ; l’autre tiers étant de gens qui ne ressentaient rien, mais ce qui s’appelle rien. […] Ils sortirent donc de ce temps de l’autosuggestion collective. » (pages 174-175) : propos hardis, moqueurs et d’une cruauté juste, qui pourraient finir par remettre en question les affections aussi bien dans le domaine musical ; mais alors, pourquoi y fallut-il la lâcheté d’annoncer en notes, au début du chapitre : « Est-il besoin de marquer que ce chapitre est une sorte de galéjade, écrite par quelqu’un qui se donne de temps en temps un coup de soleil, et qu’on ne s’en formaliserait pas sans manquer d’esprit ? On peut faire la caricature de ce qu’on aime » (pages 168-169) Un tel avertissement, qui sert de rattrapage à tous les questionnements pénibles que le récit pourrait induire, révèle sans un doute le tempérament d’un mauvais restant de sociabilité redoutant de heurter son lecteur, et qui pourtant ne résiste pas à la franchise de donner le trait qu’il pense – pourquoi l’écrire autrement ? – homme qui fournit des éreintements après les gaines dorsales ! Il s’assure ainsi à la fois du défoulement de la satire qu’il n’a pas à retenir, et de la paix d’amitié dont il désamorce les vexations ; chacun est content, et l’auteur, au gré des perceptions, sans garantir même ce qu’il pense, jette non le trouble mais la satisfaction la plus unanime : il sera tantôt un observateur redoutable de perspicacité, tantôt un adorable et inoffensif bouffon – la couardise ! On voit que même dans l’épanchement on peut dissimuler des intentions, tenir un milieu entre l’orgueil et l’obséquiosité, pour plaire ! Combien on doit reprocher, décidément, ce goût de popularité !

Enfin, il a tout de même fallu à Montherlant la bravoure indéniable de ne pas regarder les sentiments moraux avec la routine sociale, même s’il a probablement atténué ses effets pour demeurer convenable, lisible, pour s’essayer au succès et se munir d’une assez vaste audience. Être entièrement soi, au lieu de briller par l’adhésion à autrui, est certes de grand courage quand on aspire au triomphe ; il est rare qu’un homme écrive et publie uniquement pour soi et dans le désintérêt total de ses lecteurs ; il encourt le risque d’être honni et banni pour ce qu’il a dénoncé en une tonalité qui serait même simplement alternative, parce que l’inédit véritable est toujours impopulaire et qu’on ne sait jamais trop quand on franchit les bornes acceptables des désirs de nouveauté du lecteur : c’est un péril extrême de se tenir à la lisière de ce que le public ne veut pas savoir. Se tenir au seuil du génie et de la gloire, c’est toujours être au point de recevoir une porte au nez : Céline en fit bien l’expérience, adulé pour Voyage au bout de la nuit, rejeté pour Mort à crédit ! Mais ni Montherlant ni Cohen, que je sache, ne furent chassés : c’est donc que la société ne se crut point attaquée, et je suppose que c’est grâce à ce biais de faufilement, grâce à ce contournement hors des sommations contraignantes, grâce à la stratégie de feinte anodine où le lecteur se sent bercé dans de l’imagination, grâce à l’apparence d’innocente bonhomie où l’auteur semble seulement vouloir rire. Ces écrivains ne parurent que de plaisants drôles à talent, satiristes sans y croire et pour l’épate, caricaturistes peu concernés, sans engagement insultant, à l’époque du détachement et des poses à la Cioran. Or, ils auraient dû lever le doute s’ils avaient osé l’insuccès plutôt que tenté la réussite, ils l’eussent fait à leur détriment mais au bénéfice de l’univocité hardie de leurs textes. Du fait de ce renoncement à la solitude, on les célébra autant qu’on les jugea superficiels et excessifs parce qu’on les estima tels, ils ne furent pas des Sages, pas des Justes : des personnages. Ils restaient certainement sympathiques tant qu’on les prenait en scandales et outrances, en décalages amusants, en piques aigres-douces, en complicités, après le règne passé des dandys ostentatoires et épatants qui avaient fini par lasser. On appréciait leur façon de tourner en dérision sans obliger à considérer, à révolutionner, sans nul bouleversement personnel, ludiques et spirituels, et permettant de conserver, en cela parfaitement adaptés au temps de l’après-livre : leur distance pouvait être affectation, pince-sans-rire de profession, et c’est bien ce qu’on recherchait à l’heure du livre-sans-perturber c’est-à-dire de l’anti-livre. Si l’on avait pris Montherlant (et Cohen) au sérieux, on en eût fait un paria : il eut le bonheur de plaire, le malheur d’être auteur de peu de génie ou au génie méconnu ; il parut seulement livrer « pour histoire » un essai de personnage drôle et invraisemblable, un alter ego excentrique pour divertir, en sorte qu’on pouvait plaisanter de la création et la relativiser, ce Pierre Costals (nom m’évoquant Solal), hédoniste mâle, blasé de mignardises et importances consensuelles, veillant à son autonomie, analysant avec un recul aiguisé les tentatives d’enfreintes à sa puissance, lisant toute relation au prisme d’intentions psychopathologiques réelles et insues chez autrui, même s’il ne paraît pas rechigner à de regrettables pertes de temps et à d’inutiles accaparements, sans avancée ni exploration notables, sans édifications nettes. C’est l’homme qui quête le plaisir sans trop endormir son intelligence dans les clichés, qui vit avec le détachement blasé des absurdités inlassables du monde, qui garde incessamment la connaissance des artifices de la norme et qui n’a que le défaut d’être un peu stérile dans ses poursuites et un peu fat dans ses explicitations, homme qui s’écoute et ne s’admire pas, créature incomplète en ceci qu’il est supposé – c’est un auteur – avoir écrit une œuvre, mais à quel propos ? on ne lui trouve, hormis le sens primal des réalités crues, nul talent particulier ni aucune préoccupation spécifiquement artistique ; Costals est encore figure romanesque, et je crois que c’est largement ce défaut d’être qui plut : réaliste, il eût insulté au Contemporain ; il lui suffisait de s’apparenter à une composition pour entrer au domaine de l’imagination et pour n’inquiéter personne ; c’est à cette condition sans doute qu’il attira, parce qu’il n’était pas véritablement vraisemblable au point d’être concevable dans le monde à titre d’exemple ou d’expérience, et d’attenter au réel. Costals est encore un personnage qu’on ne visualise pas : une belle création littéraire, comme on dit avec exaltation et insouciance – ce qui est trop plausible, on le présente malsain et fruit d’un esprit torturé : il induit d’emblée une préoccupation défavorable.

Costals représente l’être éloquent et clair, dégagé de morale commune et de préjugés, philosophe qu’un Contemporain assimilera au cynique de pacotille, transparence qui dissout la plupart des tensions d’où germent les violences, sans haute profondeur mais sans illusion, qui pense avec expérience et autonomie, qui ne se craint pas et ne sent nulle raison de se contraindre à des ressemblances : un individu en particulier, mais qui ne semble pas attacher d’intérêt à des performances, nonchalant, plutôt inappliqué et gaspillé, consommant ses heures en plaisances demi-vaines. Ce que ce roman donne à considérer, pour autant qu’on se prête à l’examen d’un esprit considéré comme véritable, est une conscience échappée de la perpétuité des traditions, moquant par contraste des amantes qui vivent dans une idéalité sérieusement mièvre, conquises par cette virilité dure et implacablement égoïste qui les subjugue, qu’elles veulent circonscrire ou détourner de son prosaïsme, disciples ou salvatrices, persuadées de la valeur élevée de leurs élans auto-justificateurs, tout sacrifices et climatérismes, tout symboles et mysticismes portés par le « Cœur ». Mais Costals ne vaut pas grand-chose, il est sans élévation patente, personnalité qui ne résulte point d’un travail ardu, seulement il ressort de la surface au lieu d’être enfoncé dans des méandres et dans des fanges, il est de taille petit-humaine parmi la foule sombrée dans des trous, il n’émerge de la plaine que comme le taillis dans un désert et non comme la montagne extirpée par force. On ne le voit que parce qu’il est seul, il n’a presque pas dit un mot supérieur, pas accompli un acte ; il ne se tient pas très droit, bossu d’une sorte de paresse et de l’entretien de quelques idées fixes, d’un reste de morale attachée notamment à ne pas nuire ; c’est l’être qui a manqué de concurrence et auquel l’émulation eût donné de l’effort comme idéal, qui vit de contentement à ne pas s’ensevelir plutôt qu’à gagner en altitude, et qui tire profit de l’unicité pour excuser son manque d’ambition. Ce n’est pas rien d’être, oui mais ce n’est pas non plus une telle transcendance : voici un homme moyen qui fait la leçon à des Contemporaines c’est-à-dire à des fouies, à des obscurcies, à des troglodytes ; il l’emporte, évidemment, en dépit des résistances spécieuses et culpabilisatrices qu’une faiblesse moindre, intelligence épistolaire de femmes instinctives au moins capables de distinguer, multiplie pour justifier ses penchants et s’approprier une supériorité.

Or, fallait-il tant de livre et de philosophie pour aboutir à une pareille naissance, à savoir la relation d’un être qui ne se laisse pas abuser et qui pense sans grandeur mais par lui-même ?

C’est donc que la littérature et les philosophes n’ont fait environ qu’instruire l’artifice.

Le retour à une certaine santé, comme en témoigne ce livre, signale un long dévoiement dans la maladie : on finit par atteindre ce par quoi on eût dû commencer, ce par quoi on avait sans doute commencé mais que de mauvais usages ont corrompu jusqu’à assimiler des pensées biaisées, tordues, contrefaites, au convenable et au juste. La littérature longtemps est un soutien aux défauts qu’elle présente comme exemples, parce qu’elle constitue un repère agréable à la société des lecteurs qui demandent à être confirmés et qui, par suite, plébiscitent des littératures captieuses et pernicieuses. C’est une sélection de races, et plutôt comme on fait avec les chiens qu’avec les espèces agricoles : on obtient des animaux sans vitalité ni indépendance, qui sont à peu près sourds, surchargés de peaux et de poils, incapables de galoper ou mordant sans raison, créatures de perpétuelle souffrance existant au lieu de vivre : il fallait pour leur malheur qu’ils fussent fabriqués par des chiens semblables et qui refusaient de se reconnaître faillis, qui se prirent pour modèles et préférèrent s’enferrer dans des troubles, pour qui tout gène acquis valait forcément mieux que leurs conformations initiales. La civilisation contemporaine est chez nous une dégénérescence, désordre et décadence, qui se publie et perpétue pour vertu, ayant trouvé parmi ses écrivains des instruments de propagande qu’elle a valorisés non selon le mérite mais selon l’adhésion, les glorifiant pour se rassurer de sa misère et se pardonner son délabrement : elle voit que des « intelligences » l’approuvent, alors elle les vante comme supérieures, et la postérité qu’elle érige sur ces succès empêche qu’on les révoque avant longtemps. Le génie au contraire, véritable, ne se révèle dans ces sociétés que par son application fondamentale, loin des habitudes sociales et des progrès respectueux, avec une brutalité de révolutionnaire qui sait voir en ses confrères adulés de tièdes falsificateurs, des esprits surtout policés et attentifs aux louanges, et il se tient aux antipodes des quasi-recopiages qui font la vogue et qu’on reconnaît pour ne jamais vouloir déplaire en se souciant de leur présentation. On rencontre ce génie rare en des êtres qui ne sont pas, au sens mondain, « évolués », c’est-à-dire déformés, pas épandus en continuations du préexistant qui satisfont et qu’on valide selon la faible nuance
Lien : http://henrywar.canalblog.com
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Port-Royal

Voici un livre qui est tiré d'une histoire faite pour le théâtre. Le dialogue est beau, il prend son temps, comme un bon parfum d'ont-il exalte les sens.

La pièce, elle, fut jouée avec succès.Les mots d'Henry de Montherlant font mouche Et se mêlent bien en termes littéraires.

L'atmosphère y est quand même lourde. L'angoisse est saississante.

Il s'agit de l'histoire dedouze soeurs, les plus rebelles, seront enlevées du monastère.

Elles seront séparées puis emprisonnés, chacune, dans un couvent différent.Port-Royal" est une pièce de théâtre d'Henry de Montherlant Elle a été représentée, pour la première fois sur la scène du Théâtre-Français, le 8 décembre 1954.

Elle fait partie avec "le maître de Santiago" et "la ville dont le prince est un enfant"Une trilogie religieuse.

Souvent réécrite, elle a été rédigée sur les mémos d'une première partie d'une scène entre 1940 et 1942.Puis révisé dans les années 50. Un très beau français. Mais à réserver aux puristes.
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