AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Henryk Sienkiewicz (77)


Et il se prit à penser que ce monde-là, fondé sur une violence et une cruauté inconnues même des Barbares, sur le crime et une folle débauche, ne pouvait vraiment pas durer. Rome était l'impératrice de l'univers, -elle en était aussi le cancer. Elle sentait le cadavre. Sur la pourriture de cette ville planait une ombre de mort. Souvent il avait été question de ces choses entre augustans ; mais jamais Pétrone n'avait compris aussi clairement que le char fleuri et orné de trophées où Rome, traînant à sa suite les peuples enchaînés, s'érigeait en triomphatrice, que ce char s'avançait vers l'abîme. La vie de la formidable cité lui apparut un cortège grotesque et bouffon, une orgie qui devait tout de même prendre fin.
Commenter  J’apprécie          80
Vinicius but et s'écroula sur les dalles. Les convives étaient, pour la plupart, vautrés sous la table ; quelque-uns titubaient dans la salle, en battant les murailles ; d'autres dormaient sur les couches d'apparat, ronflant ou bien expectorant dans le sommeil l'excès de leurs ingurgitations.
Et, sur les consuls ivres et sur les sénateurs, sur les chevaliers, les poètes, les philosophes ivres, sur les danseuses et sur les patriciennes, sur ce monde encore tout-puissant mais qui avait perdu son âme, sur ce monde qui roulait vers l'abîme dans son orgie suprême et fleurie, de l'épervier d'or tendu sous la voûte pleuvaient, sans trêve, des roses.
Dehors, c'était l'aube.
Commenter  J’apprécie          80
"Il vit Lygie et ne vit plus qu'elle seule. Enfin! après tous ces efforts, après tant de jours d'inquiétude, de lutte, de chagrin, il l'avait retrouvée! La joie peut donc vous assaillir comme une bête féroce, vous étreindre la poitrine à vous étouffer"
Commenter  J’apprécie          80
- Krywonos s'est emparé de Polonna. Il a passé plus de dix mille habitants au fil de l'épée... des femmes, des enfants.
Autour de lui, les colonels se pressaient. Le palatin de Kiew était accouru, lui aussi. Au centre de la pièce, le duc demeurait immobile.
- Pourtant, dit-il, c'étaient des Ukrainiens qui avaient cherché refuge dans la ville !
- Il n'a pas laissé âme qui vive, murmura Wierchul.
- Vous entendez, monseigneur, fit le duc en se tournant vers le palatin. Allez donc négocier avec un ennemi qui n'épargne même pas ses frères.
Commenter  J’apprécie          70
Mais ton prophète de Tarse, qui appliquait ses arguments à mon cas, n’avait pas réfléchi, vois-tu, que pour moi l’incertitude est tout l’attrait de la vie. Celui qui ne joue pas aux osselets ne perdra pas sa fortune : ce qui n’empêche pas de jouer aux osselets. On y trouve de la volupté et de l’oubli. J’ai connu des fils de chevaliers et de sénateurs qui, volontairement, s’étaient faits gladiateurs. Tu prétends que je joue ma vie et c’est vrai, mais parce que cela m’amuse, tandis que vos vertus chrétiennes m’ennuieraient dès le premier jour autant que les dissertations de Sénèque. C’est pourquoi l’éloquence de Paul n’a servi à rien. Il devrait comprendre que des hommes de ma sorte n’admettront jamais sa doctrine. Toi, c’est autre chose. Avec ton tempérament, ou bien tu devais haïr comme la peste le seul nom de chrétien, ou bien devenir chrétien toi-même. Moi, je bâille en leur donnant raison. Nous délirons, nous marchons vers l’abîme ; l’avenir nous réserve quelque chose d’inconnu, tandis que sous nos pas, à côté de nous, quelque chose craque et meurt, d’accord ! Mais nous saurons mourir, et, en attendant, nous ne voulons pas alourdir notre existence, servir la mort avant qu’elle vienne nous prendre. La vie vaut par elle-même et non en prévision de la mort.
Commenter  J’apprécie          70
On rencontrait partout des vestiges séculaires de villes fortes. Lubnié et Chorol eux-mêmes avaient été construits sur ces anciennes cités. Nombre de tombes d'époques diverses étaient aujourd'hui recouvertes par la forêt. Ici, comme dans les Champs Sauvages, la nuit voyait se lever esprits et vampires. Les vieux Zaporogues se racontaient à la veillée, autour du feu, les merveilles de cette profonde forêt toute emplie de hurlements d'animaux inconnus, ni hommes, ni bêtes, du tumulte effrayant de batailles ou des chasses. Au fond des eaux tintaient les cloches des villes submergées.
Commenter  J’apprécie          70
Et il parlait de la vie future avec une certitude telle, que tous les accidents de la vie apparaissaient futiles ; souffrir un moment pour un bonheur sans fin est bien différent de souffrir parce que tel est l'ordre naturel des choses.
Commenter  J’apprécie          60
Au-dessus de la haine du mal, Christ a mis l’amour des hommes. Car Sa religion est amour et non haine…
Commenter  J’apprécie          60
– Notre Dieu est un Dieu de miséricorde, – répéta l’Apôtre. – Si, debout au bord de la mer, tu y jetais des cailloux, parviendrais-tu à combler ce gouffre insondable ? Or, je te le dis, la miséricorde du Christ est semblable à la mer, et les péchés et les fautes des hommes y seront engloutis, comme s’engloutissent les pierres dans le gouffre marin.
Commenter  J’apprécie          60
"Il se sentait perdu dans des espaces insoupçonnés, nuageux et infinis. Ce cimetière lui parut un refuge de fous et, tout ensemble un lieu mystérieux et redoutable où, sur une couche mystique éclôt un nouvel idéal."
Commenter  J’apprécie          60
– Je pense combien votre monde est différent de celui que gouverne notre Néron.
Elle leva son délicat visage vers la lueur du crépuscule et, simplement, répondit :
– Ce n’est pas Néron qui gouverne le monde, c’est Dieu. Il se fit un silence. Dans l’allée qui longeait le triclinium, on entendit les pas du vieux chef, de Vinicius, de Lygie et du petit Aulus. Mais, avant qu’ils parussent, Pétrone eut encore le temps de demander :
– Ainsi, tu crois aux dieux, Pomponia ?
– Je crois en Dieu, Un, Juste et Tout-Puissant, – répondit la femme d’Aulus Plautius.
Commenter  J’apprécie          50
De quoi rit donc cette barrique de suif ? demanda Néron.
-Le rire est une des supériorités de l'Homme sur la bête, dit Pétrone. Vitellius n'a point d'autre argument pour nous prouver qu'il n'est pas un porc.
Commenter  J’apprécie          50
Et, plus s’exaspérait son amour pour Lygie, plus s’ancrait en lui l’obstination du joueur qui veut gagner malgré tout. Tel il avait toujours été. Dès sa prime jeunesse, il avait poursuivi ses projets avec la passion de quelqu’un qui n’admet ni l’échec, ni le renoncement à ce qu’il veut. La vie militaire avait, il est vrai, discipliné son tempérament volontaire, mais, en même temps, elle lui avait inculqué la conviction que chaque ordre donné par lui à ses inférieurs devait être exécuté ; d’autre part, son long séjour en Orient, parmi des hommes veules et accoutumés à l’obéissance passive des esclaves, l’avait confirmé dans cette idée que son « je veux » était sans limites. Aussi, son amour-propre avait-il subi un terrible choc. Il y avait également, dans ces obstacles, dans cette résistance et dans la fuite de Lygie quelque chose d’incompréhensible, une énigme dont la solution torturait son cerveau.
Commenter  J’apprécie          50
Le mensonge comme l'huile flotte à la surface de la vérité.
Commenter  J’apprécie          50
Chez les Américains, toute jeune femme peut compter parfaitement, sinon sur cette courtoisie un peu obsédante des Français, du moins sur un respect absolu.
Commenter  J’apprécie          40
[...] ... [Petrone] prit sous le coussin de pourpre une lettre et lut :

- "Je sais, divin César, que tu m'attends avec impatience et que, dans la fidélité de ton cœur, tu languis après moi jour et nuit. Je sais que tu me couvrirais de tes faveurs, que tu m'offrirais d'être préfet de ta garde et que tu nommerais Tigellin gardien de mulets dans celles de tes terres dont, après l'empoisonnement de Domitia (= tante paternelle de Néron), tu héritas, office pour lequel il semble avoir été créé par les dieux.

"Mais, hélas ! il faudra m'excuser. Par l'Hadès, et en particulier par les mânes de ta mère, de ta femme, de ton frère et de Sénèque, je jure qu'il m'est impossible de me rendre auprès de toi. La vie est un trésor, mon ami, et je me flatte d'avoir su extraire de ce trésor les bijoux les plus précieux. Mais dans la vie, il est des choses que je m'avoue incapable de supporter plus longtemps.

"Ne va pas penser, je t'en conjure, que m'a rebuté l'assassinat de ta mère, de ta femme, de ton frère, que je suis indigné de l'incendie de Rome, que je suis outré du procédé consistant à envoyer dans l'Erèbe tous les honnêtes gens de ton Empire ...

"Eh bien, non, très cher petit-fils de Chronos ! La Mort est le lot du bétail humain et l'on ne pouvait, du reste, s'attendre à te voir agir autrement.

"Mais, de longues années encore, me laisser écorcher les oreilles par ton chant, voir tes grêles jambes domitiennes s'agiter dans la pyrrhique, t'entendre jouer, t'entendre déclamer, t'entendre dire tes poèmes, pauvre poète des faubourgs, tout cela dépassait mes forces et eveillait en moi le désir de mourir. Rome se bouche les oreilles, l'Univers te couvre de risée. Et moi, je ne veux plus rougir pour toi. Je ne veux plus, je ne peux plus ! Le hululement de Cerbère, même semblable à ton chant, mon ami, serait moins affligeant pour moi car je n'ai jamais été son ami et n'ai point le devoir d'avoir honte de sa voix.

"Porte-toi bien, mais laisse là le chant ; tue, mais ne fais plus de vers ; empoisonne, mais cesse de danser ; incendie des villes, mais abandonne la cithare. Tel est le dernier souhait et le très amical conseil que t'envoie l'Elegantiarum Arbiter." ... [...]
Commenter  J’apprécie          40
A partir de ce moment, ils se sentirent un peu gauche l'un vis-à-vis de l'autre ; il y avait des silences dans leurs conversations
Commenter  J’apprécie          40
De braves gens, ces chrétiens, et on en dit tant de mal ! Ô dieux ! voilà donc la justice sur la terre ! Vraiment, elle me plaît, cette religion, une religion qui ne permet pas de tuer. Mais, si elle défend le meurtre, il est probable, en revanche, qu’elle n’autorise pas davantage le vol, la tromperie, le faux témoignage. Aussi, on ne saurait dire qu’elle est facile à suivre. À coup sûr elle enseigne, non seulement de mourir honnêtement, ainsi que le conseillent les stoïciens, mais aussi de vivre honnêtement. Si jamais j’amasse assez d’argent pour m’acheter une maison comme celle-ci, avec autant d’esclaves, peut-être me ferai-je chrétien pour aussi longtemps qu’il me conviendra. Le riche peut tout se permettre, même la vertu… Oui ! c’est une religion pour les riches, et je ne parviens pas à comprendre pourquoi tant de ses fidèles sont pauvres. Quels avantages y trouvent-ils ? Et pourquoi tolèrent-ils que la vertu leur lie les mains ? Il faudra que j’y réfléchisse un jour.
Commenter  J’apprécie          40
Le moindre brin d’herbe avait sa chanson ; les moineaux qui pépiaient dans le griottier, près de la cabane, avaient une mélodie particulière. Le soir, il écoutait les mille bruits de la campagne, dans le sommeil de la terre.
Si on l’envoyait dans les champs épancher le fumier, le vent lui-même s’amusait à siffler et à gronder dans les fourches. (p. 3).
Commenter  J’apprécie          40
Souviens-toi, seigneur, que plus on est philosophe, plus il est difficile de répondre aux sottes questions des rustres.
Commenter  J’apprécie          40



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Henryk Sienkiewicz (1045)Voir plus

Quiz Voir plus

JÉSUS CHRIST et les Évangiles

Quel est le lieu de naissance de Jésus?

Ramallah
Philistie
Bethléem
Samarie

20 questions
624 lecteurs ont répondu
Thème : La Bible : Le Nouveau Testament de La BibleCréer un quiz sur cet auteur

{* *}