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Citations de Irène Frain (462)


Les morts sont très puissants, ils ont le don de s’inviter dans votre vie quand vous croyez avoir tourné la page.
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Le classement du dossier de Denise ? Serait-ce que nos modernes tribunaux s'inspirent des hypermarchés qui ceinturent nos villes ? Qu'ils se sont transformés en machines à distribuer de la justice de masse et fonctionnent sur le même principe que le monde de la marchandise : quand un produit, lors d'un arrivage, s'avère bizarroïde ou mal fichu, pas de sentiment, direct à la benne à déchets ?

Ensuite, un bon jet de Javel par là-dessus, on n'en parle plus. Il se trouvera évidemment quelques excités pour crier au gâchis mais ils se lasseront vite.
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De fait, il ne me semble pas que les vieilles femmes trucidées aient jamais suscité pareilles et contagieuses démonstrations populaires. Ou ça m’a échappé. En cas d'assassinat sauvage, à moins d'être une enfant, il faut être jeune et belle pour mériter ces processions indignées. Le plus souvent, les meurtres de « retraitées », selon l'expression consacrée, ne passionnent ni les foules ni les média, sauf quand le sexe et l'argent viennent pimenter l'affaire. Un gros héritage, par exemple, ou un gigolo - si on dispose des deux ingrédients, jackpot assure.

Il n'était pas glamour, le meurtre de ma sœur. Aucune prise pour l'imaginaire. Rien que de la réalité à l’état brut. Du pas beau à voir, comme avait dit un des flics le dimanche où on l’avait trouvée.
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Les morts vivent constamment à nos côtés, nous accompagnent au quotidien ; leur dernière demeure, davantage que leur tombe, est notre mémoire.
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Recommençons, comme avant, à nous mettre à l’écoute du ciel, des animaux, des nuages, des arbres, des insectes, des serpents, des fleurs, des plantes. Et puisque la vie et l’eau sont les seules vérités qui tiennent, occupons nous de la vie et de l’eau
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« Ne parlons même pas du crime lui-même, ceux qui sont censés avoir enquêté se taisent toujours. Et le Mastodonte n’est toujours pas sorti de son coma estival. »

Déferle alors la rage. Je jette le livre, je balance le carnet, je me claquemure dans ma cuisine ou mon bureau, j'y crache tout ce que je sais d'injures. Ça ne sert évidemment à rien. Je regagne mon lit, où fatalement, le sabbat des questions reprend : « Sept agressions en un an, qu'est-ce qu'il leur faut de plus ? De nouveaux morts ? »
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Et pour une raison qui a échappé à tous : la haine, comme l'amour, se nourrit de paroles. Elle a besoin de mots, c'est sa faille, il faut qu'elle se raconte, nul ne peut se soustraire à cette loi, pas même les êtres les plus dissimulés.
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Oui, il faut qu'ils soient là, les esprits, à rôder, à chercher à s'emparer des âmes des vivants, car voici qu'en plus de la lettre qu'il lui demande de leur traduire, Castellan est saisi d'une nouvelle inspiration : il lui demande aussi de jurer aux Noirs, dans leur langue, qu'il ne les abandonnera pas. De leur faire le serment que lui, le capitaine blanc, reviendra les chercher.
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- années 1920 -
Depuis qu'il va à l'école, il est régulièrement assailli par l'angoisse du rejet. Ça a commencé dès la petite classe ici même, dans le périmètre sacro-saint de l'école : un matin, au beau milieu d'une phrase en français, il a lâché, sans même s'en rendre compte, trois ou quatre mots de breton. Le maître a fondu sur lui puis l'a affublé d'un sautoir auquel pendait une queue de vache.
« A toi le symbole ! »
Pas besoin de se creuser la tête pour comprendre de quelle infamie le symbole est la marque : la vie à ras de la terre et des pierres qui fut celle de ses aïeux. Puis le maître lui apprend qu'il ne pourra s'en défaire qu'en dénonçant un camarade qui, comme lui, aura laissé échapper un mot de la « langue des arriérés ».
(p. 95)
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Ils s'étaient pourtant promis une alliance éternelle: ils seraient l'un à l'autre "l'amour nécessaire", avait proclamé Sartre, et leurs autres attachements, des amours "contingentes". A eux deux, ils allaient réinventer l'amour; ils engageraient leur corps ailleurs sans jamais engager leur tête. A une seule condition: tout se dire.
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La colère. On se fréquente moins que l'imagination, elle et moi. Pendant toute une époque, on a été assez proches, mais j'ai compris qu'il fallait se méfier d'elle et, avec le temps, j'ai appris à lui clouer le bec. Je sais maintenant l'enfermer, solidement ligotée et bâillonnée, dans une chambre connue de moi seule. Quand je l'autorise à sortir, c'est qu'elle a fait pénitence. Elle n'est pas éteinte, elle a changé. De colère noire, elle a muté en colère blanche. Parfois même en sainte colère.
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Entre la fidélité et la liberté, y-a-t-il une conciliation possible ?
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Écrire, c’est résister.
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" Histoires-bizarres-dans-les-terres-pendant-la-guerre...", "Bébé-à-tête-de-grenouille-il-est-mort-vite...". J'en oubliais mes sœurs. Et il suffit que je les écrive, ces colliers de mots, pour qu'instantanément je me retrouve dans la peau de la petite fille qui écoutait, suspendue avec effroi et merveille, convaincue que sa mère, avec ses mots, détenait la clé d'un univers parallèle.
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C'est que la légende des "secrets d'écriture" est tenace et, plus têtu encore, le rêve qui l'habite, obtenir d'un écrivain admiré ou envié l'arsenal de recettes qu'il est censé avoir réuni afin d'accomplir ce prodige: entraîner le lecteur dans un monde parallèle et l'y emprisonner, captif à ce point subjugué qu'à la façon des victimes du syndrome de Stockholm, il prend cette prise d'otage pour une merveilleuse évasion, persuadé que l'univers où l'écrivain l'a enfermé - décor, personnages, espace-temps - est plus passionnant, plus pertinent, plus authentique que le sien.
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A cette époque-là, "ailleurs", c'est un mot que je n'aime pas. Il me terrorise. Dès que je me dispute avec la Soeur Modèle, ma mère me le crie aux oreilles : " Tu verras comment les gens te dresseront quand tu iras ailleurs ! "[...] heureusement, il y a le Quelque Part. Lui, c'est l'ailleurs sans la peur. (p. 160)
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Ils étaient partout. Ils étaient venus ici. Ils repasseraient par là, hydre multiforme et anonyme n'aspirant qu'à s'en prendre aux êtres fragiles, isolés, désarmés, innocents.
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Nous sommes égaux dans la mort mais nos morts ne sont pas égales. Il y a les belles morts, les fins qu'on a vues venir, qui ont pris leur temps. Et les mauvaises morts, les " males morts ", comme on disait au Moyen âge : massacres, exécutions, disparitions subites, accidentelles, sanglantes, atroces ou énigmatiques, suicides, crimes.
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Je viens de relire ce livre. [ cf. "La maison de la source", Fayard, 2000 ] A une quinzaine d'années de distance, et maintenant que mes parents sont morts, je trouve qu'il s'apparente à ce qu'on appelle en archéologie les "fouilles d'urgence". Au moment de tracer une autoroute ou de creuser les fondations d'un parking, des ouvriers tombent sur les ruines d'une époque reculée. On arrête le chantier, on laisse la place à des archéologues qui n'ont pas beaucoup de temps pour fouiller, la suspension des travaux coûte cher. Lorsqu'ils exhument des objets ou des restes de bâtiments, ils s'abstiennent de s'interroger sur leur fonction, ce qui a pu causer leur destruction, leur abandon ou, au contraire, leur parfait état de conservation. Ils parent au plus pressé, préservent les vestiges du mieux qu'ils peuvent, entreposent leurs découvertes dans une réserve. Pour l'interprétation, ils verront plus tard, quand, grâce à d'autres fouilles et à force de recoupements, ils seront à même de leur donner un sens. De la même façon, dans ce livre où j'ai reconstitué mes premières années, tout se trouve,du secret de mes parents, et ce qui m'a poussée à braver le tabou de l'écriture. Mais à l'état brut. Pas de déchiffrage: de ces éclats de mémoire que je venais d'exhumer, je n'avais pas la clé. (p. 24)
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Mais sa fougue et sa sincérité allèrent à l'essentiel, ce que Castellan et ses compagnons avaient appris de l'île : Noirs et Blancs sont frères. Et l'esclavage est un crime.
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