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EAN : 9782749917412
352 pages
Michel Lafon (18/10/2012)
3.72/5   95 notes
Résumé :
On connaît la légende Beauvoir, intellectuelle majeure du XXème siècle, figure de proue du féminisme et compagne de Jean-Paul Sartre. Mais que sait-on de l’amoureuse déchirée qui se cachait derrière l’icône ?

1947. Simone de Beauvoir débarque aux États-Unis pour donner une série de conférences sur l’existentialisme. En vérité, Sartre fait tout pour la tenir à l’écart de son idylle avec la mystérieuse Dolores Vanetti.

Là,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai aimé ce roman d'Irène Frain qui m'a permis de découvrir Simone de Beauvoir, plus humaine, plus proche de nous, bien loin de ce Castor déshumanisé, vivant dans l'ombre de Sartre que je m'étais toujours imaginée.
Lorsqu'elle arrive aux Etats Unis pour une série de conférences, Beauvoir a 39 ans.
Sa relation avec Sartre ne la comble pas, elle souffre de savoir que son amant s'est épris d'une belle et jeune américaine.
Lorsqu'elle rencontre Nelson Algren à Chicago, c'est l'éblouissement, l'amour fou, le plus beau cadeau que la vie lui ait fait.

S'appuyant sur une solide documentation Irène Frain se met dans les traces de l'auteure et reconstitue l'aventure pas à pas.
Nous découvrons une femme amoureuse bien loin de l'intellectuelle austère.

Irène Frain est une auteure que j'apprécie depuis longtemps. Romancière passionnée comme les héroïnes qu'elle nous présente, elle réussit grâce à une documentation minutieuse à rentrer dans leurs psychologies.

Dès les premières pages, j'ai eu envie d'en savoir plus sur Simone de Beauvoir qui, j'ose à peine le dire, ne m'avait jamais passionnée.

Une belle et intéressante découverte.



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J'ai bien aimé cette lecture même si je ne sais pas si elle me marquera vraiment.

Irène Frain nous raconte cette partie un peu cachée de la vie de Simone de Beauvoir, une figure du monde littéraire dans les années 40/50 (et après). Son histoire compliquée avec un écrivain américain Nelson Algren. J'avoue ne rien connaitre sur Simone de Beauvoir ou sur Nelson Algren, voire même sur Sartre. Des auteurs que je n'ai jamais lu et dont je ne me sens pas l'envie de découvrir. Je suis quand même ravie d'avoir lu ce livre qui nous montre Simone de Beauvoir sous un jour peu connu et qui éclaire sur la relation Beauvoir / Sartre.

J'ai apprécié d'avoir uniquement l'histoire de Simone à ce moment-là de sa vie. Je ne pense pas que j'aurai pu accroché à une biographie de son adolescence à sa mort par exemple. Ici, on a des éléments qui sont donnés bien sur, sur ces périodes avant et après Algren, mais par touche, de temps en temps, sans que ça donne l'impression d'un traité sur la Dame.

Ce roman m'a permis de découvrir beaucoup de choses. Notamment sur la relation Beauvoir/Sartre, le coup de foudre intellectuel, les surnoms, … j'ignorais tout des amours contingentes, du pacte sur leurs amours "libres". du coup, on découvre à la fois une Simone, jalouse (de Dolorès surtout), malheureuse, qui ne vit pas vraiment sa vie, qui pardonne tout à Sartre, qui le protège en dépit de son propre bonheur, qui se sacrifie, qui se passe complètement après lui, et une Simone, qui apprend à revivre, qui vit une histoire presque tirée d'un conte de fées, qui profite, qui s'amuse, qui foisonne de nouvelles idées, une Simone amoureuse. Parfois, je me demande, comment les deux personnalités ont pu cohabiter. Difficile de se mettre à sa place, on la plaint, plus souvent qu'on voudrait lui ressembler. Et pour une féministe, ce pacte est très contradictoire, je trouve (même si on nous explique qu'elle a accepté cela dans sa jeunesse, sans vraiment y penser et qu'elle pourrait en tirer avantage, c'est le contraire qui se produit). Car, il y a toujours l'ombre de Sartre, ses lettres, ses demandes, son égoïsme, il la pousse hors du pays quand ça l'arrange, l'empêche de profiter pour son bien-être à lui. C'est bien simple, dans ce livre, Sartre le déteste ! On a l'impression d'un horrible chantage intellectuel et affectif, il m'a fait l'effet d'un pervers narcissique. Mais quelle ampleur cela prenait-il dans la réalité ?

Parce que voilà, ce qui m'a un peu gêné dans le roman c'est de ne pas trop savoir ce qui est romancé. Tous les faits semblent s'être passés (il y a des photos, des lettres, des écrits pour en attester) mais quelle est la part développée par l'auteur ? Simone était-elle vraiment comme ça, à la fois, le Castor, et une femme passionnée ? Sartre semble-t-il aussi abjecte ?

De plus, on nous indique que Simone et Nelson vont vivre une véritable passion. J'ai eu du mal à ressentir le caractère passionné de cette histoire, est-ce du au style utilisé par Irène Frain, ou à autre chose, je ne sais pas vraiment. En tout cas, je n'ai pas vécu ça en empathie avec les protagonistes. Cependant, c'est vrai, il y a de belles choses, de très beaux passages entre Simone et Nelson, et d'autres plus "cruels" mais pas suffisamment pour que je ressente une tension, un déferlement de sentiments, du tumulte, de l'Amour, de la Haine,… On découvre les instants entre Simone et Nelson, leur rencontre, les longues séparations, les retrouvailles, les courriers échangés, le voyage sentimental de Chicago au Mexique, puis le délitage de cette relation empoissonnée par l'ombre de Sartre, par les secrets de Simone, par le caractère qui pouvait être épouvantable de l'un ou de l'autre dans ce couple Nelson/Simone…

Beauvoir in love permet également de découvrir Nelson Algren, un auteur américain qui a eu beaucoup de succès après une traversé du désert. On nous le montrer comme quelqu'un de romantique, mais d'assez macho quand même. Séduisant, avec de l'humour. On apprend des choses sur son parcours, sur sa fin de vie aussi comme pour Simone. La création de ses oeuvres. Il est aussi montré comme quelqu'un d'épouvantable parfois, torturé par la Maudite Sensation, cette impression que les gens se liguent contre vous, qu'ils sont contre vous. Il ne m'a pas semblé horrible, c'est vrai que parfois on lui prête un discours véhément mais dans le fond n'a-t-il pas été floué par Simone dès le début, elle qui ne lui a jamais vraiment tout raconté ? Elle a voulu couper en deux sa vie mais sans y parvenir. Quelque part cette relation est belle mais tragique, et ne pouvait pas se terminer autrement.

Concernant le style, au début, c'est un peu perturbant, c'est très découpé, en énumération. Des phrases courtes, sans verbe parfois. Mais finalement, je me dis que c'est beaucoup plus abordable comme ça. Cela permet d'aller plus vite, d'aller à l'essentiel, de créer un rythme. Cependant, est-ce que ça ne serait pas à cause de ça, que je n'ai pas été happée par l'histoire d'amour entre Simone et Nelson ? Peut-être. En tout cas, certains passages sont magnifiquement bien écrits, avec une touche de romantisme sans toute fois tombé dans la mièvrerie et le fleur bleue. J'ai même relevé des passages pour les garder ^^ ça ne m'arrive pas souvent ! J'ai aimé les passages et les descriptions des villes (New York, Chicago, les villes du voyage sentimental), on a presque l'impression d'y être, ça donne envie de voyager, de découvrir.
Par contre, je suis allé voir des photos des protagonistes et j'ai été surprise de voir que mon imagination ou la façon dont l'auteure parle de ces personnes, est assez loin de la vérité.

J'ai passé un bon moment de lecture , c'était très intéressant. Cependant, je ne sais pas si je serai marqué longtemps par cette lecture. Je pense qu'il m'a manqué quelque chose. de la passion dans la passion sans doute. Je n'ai toujours pas envie de lire du Sartre ou Simone de Beauvoir. Pas vraiment envie de lire Algren non plus ou peut être les romans avec des évocations de Simone, mais je ne pense pas que je le ferai.

J'ajouterai que je suis fan de la couverture !
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Suite à mon partenariat avec le site Babelio pour la "Masse critique" , mon choix a été pour ce roman "Beauvoir in love" de Irène Frain.
352 pages qui se lit vite une fois que l'on capte le style de l'auteure.
Je remercie les Éditions Michel LAFON.

Pour ma part, j'ai beaucoup apprécié ce livre. La couverture m'avait fait de l'oeil et le synopsis n'a fait que me pousser dans cette jolie découverte.
Je connaissais plus ou moins l'histoire de Simone de Beauvoir (le castor) et celle de Jean-Paul Sartre mais avec ce livre j'ai appris beaucoup sur cette passion dévorante voire déchirante pour son amour de toujours, Sartre.

Quand Jean-Paul Sartre la délaisse pour une jeune métisse nommée Dolores Vanetti (la maudite), tout s'écroule pour elle. Et pourtant au fond d'elle, elle sait qu'ils sont liés pour toujours.
Citation : Je me fais des imaginations. Pas plus loyal que Sartre. Entre lui et moi, le pacte tient toujours. Notre alliance est indestructible, personne n'arrivera à le briser. Pas même cette garce.

Des cauchemars, une voix qui l'empêche d'avancer sereinement dans sa vie. Pourquoi ?

Sartre l'évite, s'éloigne d'elle et quand ils se voient c'est pour parler de "La maudite" Celle qui illumine sa vie.
Une douleur atroce, une jalousie grandissante s'empare d'elle tous les jours. Elle ne le supporte plus.
Et, c'est avec le coeur en peine qu'elle part aux Etats-unis pour donner une série de conférences où elle découvrira par la même occasion les coins fréquentés de l'amour de sa vie qu'il partage avec cette fille. Ce qui l'a brisera mais qui poussera son âme blessée dans les bras d'un écrivain américain, Nelson Algren, passionné par la boxe.... et surtout par l'alcool.
Un amour passionnant, idyllique... elle va revivre à ses côtés, se sentir belle, être une femme auprès de lui, là, dans les bas-fonds de Chicago, dans un deux-pièces. Oublier Sartre ? Oui, il le faut.

Et, c'est d'ailleurs côte à côte qu' ils écrivent leurs chefs-d'oeuvre.
Pour lui : L'Homme au bras d or, et
pour elle : le Deuxième Sexe, texte fondateur de la libération des femmes.

"Allez ! Qu'est-ce que tu attends ? Offre-toi un permis de vivre !"

Un amour, un amant clandestin. Oui, c'est le cas malgré une séparation qui date avec celui qu'elle n'oubliera pas, Jean-Paul Sartre. Nelson Algren restera l'amour caché mais pour combien de temps ?
Et pourtant à ses côtés, elle a du mal à se livrer, à parler d'elle, de son passé. Triste personnage. Lui, se pose parfois des questions. A ses yeux, Simone est à lui, rien qu'à lui. Alors, pourquoi elle ne peut pas se confier, ouvrir son coeur entièrement ? Est-ce la faute à Sartre ?

J'ai beaucoup aimé l'écriture d'Irène Frain. Elle nous embarque carrément dans l'émotion, dans cette passion dévorante mais également dans la souffrance. Un très bon livre avec une plume légère et intense à la fois. Un petit chef-d'oeuvre que je recommande.

Merci encore une fois pour cette jolie découverte
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« Il m'arrive quelque chose - qu'est-ce qui m'arrive ? » En ce début d'année 1947, Simone de Beauvoir se réveille fréquemment en étant la proie de nombreux cauchemars desquels ne lui reste que cette phrase qui vient la hanter constamment. Il faut dire qu'à cet époque, elle est tourmentée par les affres de la jalousie car Jean-Paul Sartre la délaisse pour Dolorés Vanetti, une italo-américaine qui restera l'un des plus grands amours du pape de l'existentialisme après Simone de Beauvoir. Celle que cette dernière surnommera d'ailleurs : "la Maudite".
Cet épisode malheureux va précipiter son départ vers l'Amérique où elle doit donner une série d'interviews et de conférences et la pousser dans les bras de l'écrivain Nelson Algren. Cet ouvrage d'Irène Frain retrace de façon romancée, la passion tumultueuse que vont vivre ces deux êtres qu'à priori tout séparait : les continents, l'origine sociale ainsi qu'une vision diamétralement opposée de la vie et du monde de la littérature !

On connaît tous Simone de Beauvoir, surnommée le Castor par ses pairs, une figure essentielle de la philosophie existentialiste et la compagne au long cours de Jean-Paul Sartre. En revanche, qui était Nelson Algren ? Issu d'un milieu modeste, Nelson se décrivait lui-même comme un "écrivain du réel". Passionné par le jeu, la boxe et l'alcool, il vit dans un deux pièces misérable du nord de Chicago quand il rencontre Simone. Il aime fréquenter les bouges du quartier Wabansia où il a élu domicile, et où traîne une foule de paumés en tous genres auprès desquels il puise son inspiration et déniche par la même occasion, ses conquêtes éphémères. Nelson "l'homme-chat" se comporte au quotidien comme l'animal : « il bouge en chat, observe en chat, d'un oeil aussi précis que les chats, et parfois aussi fixe. Il entretient son mystère, comme les félins. Et sait comme eux se rendre invisible, sauf si on l'approche de sa machine à écrire : il devient alors aussi féroce qu'un matou dont on menace le territoire. Il est fou de chats, comme Baudelaire, son maître en littérature. Et partage son goût de l'errance au fond des jungles urbaines, là où nul vivant ne se risque, hors les maudits de la terre, les fous, les poètes, les rats et les chats. »
Il n'a que deux passions, les machines à écrire et son chat Doubleday, un matou à l'appétit vorace auquel il voue un véritable culte. Son amour des machines à écrire l'a d'ailleurs conduit tout droit en prison, le jour où pressé par la tentation, il en a volé une. Un larcin qui reste l'épisode le plus traumatisant de sa vie, car il a dû partager sa cellule avec des assassins. Depuis, il est sujet à de fréquents accès de mélancolie, ce qu'il appelle la maudite sensation, un mal qui le ronge régulièrement et qui l'a déjà conduit à faire une tentative de suicide suivie d'un séjour en hôpital psychiatrique.
A son contact le Castor va se métamorphoser, la femme froide aux allures d'institutrice revêche et au chignon strict devient Simone l'épicurienne intrépide, celle qui n'a pas peur de boire sec comme un homme, de manger comme une ogresse, de dénouer ses cheveux et de se risquer à l'aventure dans les entrailles des bas-fonds de Chicago.
Ce récit relate leur passion tout aussi dévorante que destructrice, leurs amours, leurs errances, leurs déchirements, une histoire qui durera le temps de trois printemps et un été et qui se poursuivra par des échanges épistolaires quatorze ans durant...

Je ressors réellement conquise par la lecture de ce récit, passionnant de bout en bout, riche en anecdotes inédites, l'auteure nous fait découvrir une facette totalement inconnue et surprenante de la grande philosophe . Irène Frain posséde un vrai talent de conteuse, sa plume enivrante sait se faire tour à tour tendre, mordante, passionnée, ironique et colorée. J'ai apprécié la richesse des descriptions, que ce soit les décors passés à la loupe ou encore l'immersion dans les pensées profondes des personnages. La narration est vivante, on peut suivre simultanément les dialogues intérieurs, les ruminations et les émotions ressenties par Simone et Nelson et du coup, on a l'impression que leur aventure se déroule sous nos yeux. Ce roman nous fait aussi voyager, du nord des États-Unis au fin fond du Mexique, des caves enfumées de Saint-Germain-des-Prés aux Flop-houses de Chicago parmi les damnés de l'humanité, à pied, par avion ou en taxi, l'épopée est riche en mouvements et en sensations.
Ce roman est pour moi un véritable coup de coeur dont je recommande vivement la lecture. Que vous soyez admiratifs ou non de l'oeuvre de la célèbre philosophe existentialiste n'a guère d'importance, car ce récit est avant tout l'histoire d'une magnifique passion avec tout ce qu'elle peut comporter de magique et de tragique !

Je remercie Babelio et les Éditions Michel LAFON pour ce livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique de la rentrée 2012.
Lien : http://leslecturesdisabello...
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« C'est ma vie et je l'ai vécue comme je voulais la vivre… le monde réel est un vrai foutoir »

« On ne naît pas femme, on le devient »

Si vous pensiez que Simone de Beauvoir passait ses samedis soirs dans la quiétude de son foyer à boire de la tisane détrompez-vous! La mère de l'existentialisme, fraîchement débarquée à New York dans les années 40 pour donner une série de conférences, n'aura de cesse de s'envoyer en l'air et de faire la fête - Sartre en fera tout autant à Paris avec une certaine Dolorès. Chaque soir, dans les bas-fonds de la ville, ce sera jazz et caves enfumées à s'enfiler des whiskies, non sans avoir oublié de se bourrer préalablement d'amphétamines. La personne qui m'a offert ce livre savait que je me régalerais de découvrir cette grande dame que j'admire tant sous des dehors plus humains, à tout le moins plus éclatés. Dans les bars douteux et les planques à junkies, Simone est délicieuse…

C'est dans ce décor « idyllique » qu'elle rencontrera Nelson Algren, un écrivain de Chicago, l'homme qui, de son propre aveu, fut la seule grande passion de sa vie. Un homme débordant d'humour avec un pouvoir de séduction irrésistible, engagé dans le camp des pauvres et des opprimés. Elle quittera Sartre pour lui, mais lorsqu'elle apprendra sa liaison avec Dolorès, elle coupera contact, s'obstinera à le fuir. En vain… Après des semaines de bouderies, elle reviendra vers lui pour l'éviter à nouveau. Tourmentée, elle retombera dans les amphétamines, la boisson et l'écriture à outrance. Pour revenir vers Nelson… Une spirale infernale qui durera des années et aux termes de laquelle elle se résoudra à reconnaître que Sartre a une réelle emprise sur elle.

Loin d'être dupe, Nelson la confrontera à plusieurs reprises, insistera sur ce que représente Sartre à ses yeux. Ce à quoi elle répondra que s'ils ont été amants, tout est fini depuis des années. Qu'ils ne sont liés que par le travail et que si elle a une communion de pensées avec lui comme elle ne l'a jamais eue avec personne, Nelson est le seul qui compte. Cela ne lui suffit pas, elle réalise que si elle veut le garder elle devra être honnête envers lui, mais comment le lui dire? Comme lui dire que tout ce qu'elle souhaite est qu'il l'aime mais qu'il la laisse repartir au gré de ses envies? Elle y renoncera. Jamais elle n'y sera arrivée…

Il la quitte à son tour et la spirale repart en sens inverse. Elle se drogue aux barbituriques et plonge dans un sommeil hanté par les cauchemars. Les crises de nerfs s'enchaînent, Simone dérape, tente de le reconquérir et finit par en perdre toutes ses passions. Où sont passés ses larmes, ses protestations, ses élans de gamine, le regard du plaisir quand elle jouissait? Simone parvient enfin à choisir entre ses passions contradictoires et renonce à une liaison sans issue pour aller sagement finir ses jours dans les bras de son premier amour… Quelle tristesse! Durant quatorze ans ils se sont écrits plus de 300 lettres. Amoureux fou, Nelson n'aura jamais pu lui donner moins que de l'amour…

Ces 450 pages nous permettent de découvrir une femme dont les amours tourmentées ont mené progressivement au désespoir. Une femme d'une grande intelligence - philosophe et romancière - têtue, provocante, persistante et fascinante à la fois...

« I don't think anything's true that doesn't have poetry on it »
Nelson Algren

Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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critiques presse (2)
LePoint
10 janvier 2014
S'appuyant sur les nombreux textes des protagonistes, sur des archives pour certaines inédites, Irène Frain [...] reconstitue l'aventure pas à pas. Surgit une Beauvoir clivée, en alternance gamine éperdue et intellectuelle austère, dogmatique, face à un Nelson amoureux, homme à femmes surpris, conquis, blessé. Le conflit de pouvoir entre eux...
Lire la critique sur le site : LePoint
LeFigaro
23 novembre 2012
Beauvoir n'avait pas seulement un cerveau, elle avait aussi un cœur. Un vrai cœur d'artichaut, se risque à avancer Irène Frain dans ce roman fortement inspiré de la réalité.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (52) Voir plus Ajouter une citation
L'homme de Chicago n'a pas frimé, dans les petits bars. Entre les lignes se lit aussi le choc qui fit de lui un autre homme à son retour de guerre. Sitôt débarqué en Amérique, il n'a pas seulement constaté que presque partout, les néons inhumains du Roi-Dollar avaient remplacé les becs de gaz. Dans les livres qu'il a achetés, il a vu qu'à part Hemingway, les romanciers de son pays s'étaient presque tous mis à raconter des histoires pour nantis. Ca l'a écoeuré. Mais très vite, il a pensé : les livres, c'est comme l'éclairage ; les hommes ont changé les lampes mais la Lune est toujours là, au-dessus de nos têtes, à nous observer de son oeil qui ne se fait jamais avoir. Et il s'est mis à écrire comme la Lune aurait fait si elle avait été romancière : il est allé chercher ses personnages là où personne ne va jamais. Histoire de mettre un peu d'humanité, comme il disait cet après-midi, dans les déserts de néon où les gens vont bientôt crever la gueule ouverte si la sincérité des écrivains ne s'en mêle pas.
Car il y a beaucoup d'espoir, dans ce qu'il écrit. Ce type croit à la toute-puissance des mots. Et il a l'air de penser que, chez tout homme, même la plus noire crapule, demeure un lac d'innoncence absolument intact. Selon lui, il peut resurgir à tout moment au grand jour. Il suffit que le type, ou la fille, reçoive un peu d'amour. Et l'amour - ça éclate à chaque page de son livre-, c'est regarder l'autre.
Il donne parfois envie de pleurer, son bouquin. Il n'y a que la vérité pour vous mouiller les yeux de cette façon-là. Et si cet homme aimait de la même façon qu'il écrit ?
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Ils s'étaient pourtant promis une alliance éternelle: ils seraient l'un à l'autre "l'amour nécessaire", avait proclamé Sartre, et leurs autres attachements, des amours "contingentes". A eux deux, ils allaient réinventer l'amour; ils engageraient leur corps ailleurs sans jamais engager leur tête. A une seule condition: tout se dire.
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La nuit suivante est terrible. Le Castor, d'un coup, reprend du poil de la bête, se met à bombarder Simone d'une pluie d'arguments.
Il faut absolument rester, décrète-t-elle. Défendre bec et ongles ce qui forme le cœur de sa vie : l'écriture. Et le bastion intellectuel qui en garantit le succès, Sartre, la forteresse existentialiste. Si elle part, elle risque de tout perdre.
Mais Simone fait front : céder à un misérable complot de femmes, jamais ! Et l'écriture, parlons-en ! Sans Nelson, maintenant, plus d'inspiration !
A la fin de la nuit, ni vainqueur, ni vaincu. Il faut malgré tout trouver un terrain d'entente. Ce sera une cote mal taillée. Pour commencer, voyage sentimental avec Nelson. Et le 14 juillet, retour au bercail pour soutenir le malheureux Sartre.
Le compromis paraît équilibré : deux mois pour l'un, deux mois pour l'autre, pas de jaloux.
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Depuis sa jeunesse, Nelson dévore les livres. Tout le passionne, Baudelaire comme les traités de base-ball, la science-fiction, les BD, Saint-Ex, les récits de guerre, Dostoïevski, Zola, Huxley, Dickens, la vie des grands hommes, Lincoln ou Lénine, il prend tout, même les biographies de boxeurs. Mais maintenant que Simone est venue chambouler sa vie, il n'a plus le goût à la lecture. ou plus exactement, il n'a plus goût qu'à une seule lecture : celle de ses lettres.
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Elle mettait aveuglément ses pas dans ceux de son guide. De temps à autre, il lui lâchait un bref commentaire, lui expliquait que c'était ici un no man's land où la police, depuis des années, avait renoncé à faire la loi. Mais la plupart du temps, il restait verrouillé dans ses pensées ; et c'est d'un air renfrogné qu'il lui a désigné, au bout d'un trottoir, un alignement d'hôtels tous plus sordides les uns que les autres : "Flop-houses".
Elle n'a pas compris. Il s'en est aperçu, a consenti à desserrer les dents. Et, mi-exaspéré, mi-faraud, lui a expliqué que c'étaient des asiles de nuit pour les migrants qui venaient tenter leur chance à Chicago chaque année, au printemps, et finissaient presque aussi vite par échouer dans cet abîme. "Quinze mille hommes seuls, a-t-il expliqué. La lie de l'humanité, disent la mairie et la police. En réalité, des foules et des foules de clochards mais aussi des infirmes et des drogués qu'on laisse croupir ici, au milieu des dealers, maquereaux, voleurs à la tire, tenanciers de tripots clandestins, tatoueurs à la petite semaine, toutes les variétés possibles de petits et grands arnaqueurs. Enfin, depuis la fin de la guerre, des GI's rendus fous par ce qu'ils ont vu...".
Il enchaîne sur leurs cauchemars, toutes ces visions d'horreur qui leur fondent dessus à l'improviste, l'enfer des jungles du Pacifique, le carnage des plages de Normandie, les barbelés des camps de concentration, c'est selon. Il a dû les écouter pendant des heures, ces malheureux : il est intarissable.
Ce soir, à cause de la neige, la rue est quasi vide. Mais l'homme de Chicago parle si bien qu'elle la voit, toute cette foule de damnés refoulés sans pitié dans le marais d'ordures et de bouteilles fracassées. Pour ce seul crime : n'avoir pas su rester dans la course aux dollars.
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Entretien sur les origines et l'étymologie du mot ÉCRIRE entre Irène Frain, écrivaine, et Caroline Fourgeaud-Laville, hélléniste.
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