AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Isabela Figueiredo (23)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Carnet de mémoires coloniales

Isabela Figueiredo voit le jour en 1963 à Lourenço Marques (qui ne s’appelle pas encore Maputo), capitale du Mozambique dès 1887 . Lorsque le livre débute début années 70, c’est une colonie portugaise. Fille d’un père électricien et d’une mère au foyer, Figueiredo vient d’un milieu modeste, les parents s’étant exilés pour échapper à la rudesse de leur condition sociale au Portugal. L’écrivaine, rapatriée suite au début des remous pour l’indépendance, au pays d’origine en 1974 , revient ici sur ses jeunes années au Mozambique, pour nous raconter à hauteur d’enfant cette période de colonisateur, prenant comme point de référence, son père machiste et raciste, à la fois cruel et généreux , à qui est dédié ce livre. Un homme dont l’existence ne pesait pas lourd sur la terre de ses ancêtres, et qui s’endossera sans scrupules d’une importance toute nouvelle et d’un pouvoir qu’il lui faudrait exercer afin d’y croire et de s’en satisfaire pleinement. " La suprématie blanche...travaille à déshumaniser celui qui s'en saisit pour entrer en contact avec les autres."



Figueiredo née à une époque où les enfants n’ont aucune idée de la procréation, où la première fois qu’elle prononce « enceintes », un mot qu’elle ne connaît pas, sa mère la gifle pour lui apprendre à ne pas dire de gros mots, va rencontrer très vite le racisme à travers le sexe. La gamine très éveillée, fille unique, regardant, observant, écoutant , lisant, va très vite se rendre compte du climat malsain de la suprématie Blanche sur les personnes d'une autre couleur, de plus dans leurs propres pays, en entendant son père allait "se faire des négresses", ses personnes considérées comme des animaux par sa propre mère et des femmes d'autres Blancs....



Un livre très fort, sincère, sensuel et pleine d'émotions , où usant la logique du Blanc colonisateur ici de surcroît son père, "Car mon père, c’est le colonialisme au Mozambique. C’est une métaphore. Tout était là, en lui ", elle déstructure l'image de ce monde parfait, ce paradis qu'était le Mozambique pour les colons portugais de l'époque, pour déclamer "La vérité" , " Sa Vérité " terrible , et dont la suite sera à la hauteur de l'horreur que révèle cette vérité. Un livre que devrait lire tout européen dont le pays a colonisé ou a eu " sous son protectorat " un pays d'Afrique ou d'Asie, dans le passé, "Il faut du temps pour réussir à jeter le passé par-dessus bord."



"Les Noirs devraient nous sourire, toujours, et nous remercier de ce que nous avions fait pour leur terre, ou plutôt, pour notre terre, et nous servir, évidemment, parce qu’ils étaient Noirs et nous Blancs, et que c’était dans l’ordre naturel des choses. N’est-il pas normal d’habituer les chiens à leur collier et à leur laisse, ou de tuer un cabri pour le rôtir ? C’était bien ça, l’ordre du monde."

"Qu’on ne vienne pas me parler du colonialisme si doux des Portugais... Qu’on ne vienne pas me raconter des contes de fées."

Commenter  J’apprécie          10612
Carnet de mémoires coloniales

Dans Carnet de mémoires coloniales, l'autrice tient la promesse faite à son père adulé : elle raconte ce qui s'est passé au Mozambique, à l'époque de la colonisation portugaise et pendant la guerre d'indépendance (25 septembre 1964 - 8 septembre 1975). Pour ce faire, elle attendra la mort de ce père qu'elle adore et qui la rebute en même temps. Et pour cause ! Elle ne raconte assurément pas là l'histoire telle que lui, le colon, l'a perçue. Ce Carnet nous propose 51 chapitres agrémentés de quelques photos d'enfance (des vue du pays, quelques photos de l'autrice petite fille dont une avec la mère, mais aucune photo du père), et s'ouvre sur une brillante et passionnante préface. Léonora Miano y apporte des précisions nécessaires sur le colonialisme, l'animalisation des Noires par les Blancs et sans doute plus encore par les Blanches, l'emploi des mots « nègres » et « Noirs », les problématiques identitaires des enfants blancs nés dans le pays colonisé, etc. La violence des explications de la préface laisse augurer de la teneur du texte. Carnet de mémoires coloniales se présente comme un kaléidoscope de souvenirs précis, flous, mouvants ou figés, transformés par le travail de la mémoire ou fixés à jamais dans une sorte de photographie où des ombres empêchent de tout distinguer précisément (voir la citation de Primo Levi en exergue).

***

J'ai trouvé les 5 ou 6 premiers chapitres difficile à lire à cause de la crudité du langage de la sexualité. Il est impossible de perdre de vue qu'il s'agit des souvenirs d'une petite fille et qu'Isabela Figueiredo tente de retrouver les impressions et les sentiments qui la submergeaient alors. le machisme éclate dans ce qu'il a de pire et les femmes (blanches) le subissent quand leur silence et leur aveuglement volontaires ne les rendent pas passivement complices. Quant aux femmes noires… Aux yeux de la fillette, ce monde est incompréhensible, à la fois répugnant et mystérieusement attirant. le langage cru de la sexualité des premiers chapitres laisse place à celui de la violence des sentiments. À la haine et au mépris du père envers les « nègres » vont succéder la honte et la culpabilité de la petite fille, motivant ses courageux et dérisoires gestes de solidarité. Les Figueiredo ont quitté le Portugal pour s'établir au Mozambique, fuyant une grande pauvreté pour atteindre une relative aisance. le père, électricien, ne s'illusionne pas : il est parfaitement conscient d'appartenir à un milieu modeste même si, se comparant aux Noirs, la famille pourrait passer pour riche. Quand les troubles s'intensifieront et qu'Isabela repartira seule chez la grand-mère portugaise, elle sera confrontée à ce qu'est la pauvreté. La brutalité du retour au Portugal, le rôle (esquivé) de porte-parole du père, le choc de la découverte de la pauvreté et le rejet d'une bonne partie de la communauté portugaise plongent l'adolescente dans un profond désarroi. L'écriture d'Isabela Figueiredo est d'une grande qualité. L'autrice emploie le plus souvent des phrases courtes et un vocabulaire précis, mais aussi de longues phrases empreintes de rythmes poétiques. Elle fait parfois usage d'une crudité difficile à supporter. Certaines phrases reviennent en leitmotiv durant un ou deux chapitres, bref, une variété de rythme et de ton bienvenue. Je voudrais signaler les remarquables pages 102-103 où, dans une sorte d'épiphanie, l'enfant découvre qu'elle sait lire : « je pris possession de l'outil qui me servirai à creuser le chemin de ma liberté [...] Dès lors, je devins, peu à peu, lentement, la pire ennemie de mon père ». Une personnalité attachante et un beau livre, dédié au père, à découvrir !

***

Lu dans le cadre du prix des Lecteurs de Cognac 2022

Commenter  J’apprécie          260
La Grosse

Je suis restée en marge de cette lecture.

Je l'ai trouvée fouillis, répétitive, sans grand intérêt.

Maria Luisa est fille unique de parents âgés

qui la bichonnent et la malmènent .

Elle quitte le Mozambique où ils vivent

pour faire ses études au Portugal .

Elle est très brillante, seule et grosse,

voilà l'histoire de sa vie qu'elle revisite

pour nous au gré de ses humeurs.

Ses parents meurent un à un puis,

reviennent dans ses pensées et.. son récit.

Beaucoup de sur-place ...impatience!

Un flop pour moi que ce sujet intéressait .

Son narcissisme désordonné et maltraité est lassant.
Commenter  J’apprécie          160
Carnet de mémoires coloniales

Très intéressante préface de Léonora Miano qui joue un parfait rôle d'introduction et d'avertissement à la lecture désarçonnante de ce récit autobiographique dans lequel Isabella Figueiredo raconte par bribes son enfance et le début de son adolescence vécues au Mozambique, en tant que colons.



L'autrice écrit souvent avec les yeux et les mots vifs, tranchants, sans filtre, de l'enfance et laisse à voir sans fard le fond de la pensée coloniale et du suprémacisme blanc, en rapportant son quotidien, ses interrogations et certaines incompréhensions sur son environnement social et son fonctionnement, sur son ressenti d'un métissage qui l'habite, inconcevable pour des parents assez indécrottablement réactionnaires.



C'est aussi et peut-être d'abord l'histoire d'amour d'une fille pour son père, quels que défauts qu'il ait, un monde qui s'écroule suite à la révolution des oeillets remettant en cause la présence coloniale en Afrique, la violence et le choc, puis l'exil / retour au pays qu'elle ne connait pas.



Récit rare qui nous montre le point de vue du colonisateur, cela n'excuse rien mais cela explique. En ce sens, il me semble que c'est un récit important.



Bémols pour moi : j'ai eu du mal à accrocher à la structure fluctuante comme les souvenirs, faisant des va-et-vient entre les anecdotes, les périodes, les évènements, certains se répétant plusieurs fois ;

J'aurais apprécié davantage d'interventions de l'autrice adulte, faisant un retour sur elle-même, sur cette période, de façon peut-être plus théorique, factuelle, politique peut-être.
Commenter  J’apprécie          140
Carnet de mémoires coloniales

L’auteure, plus de quarante ans après son départ forcé du Mozambique en 1975, après l’indépendance, relate en courts chapitres les souvenirs marquants de son enfance à Lourenço Marques (Maputo) et son arrivée au Portugal, 12 ans plus tard, chez sa grand-mère qui la recueille alors que ses parents sont restés au pays.

Nous voici plongés en terre africaine, dans les années 60, dans une colonie portugaise où règne la ségrégation raciale et le racisme le plus banal et le plus sordide. Rien de nouveau sous le soleil, si ce n’est une femme qui cherche à travers ses souvenirs à définir son identité, entre un père bien aimé mais incarnation du colon raciste et brutal et un pays natal où être Blanc signifie être à part, sans relation possible avec les Noirs. Tiraillée entre la figure paternelle et son amour pour un pays dont elle a été arrachée, l’auteure essaye de rassembler les morceaux de son existence pour donner sens à ce qu’elle a vécu et peut-être se réconcilier avec la part d’elle-même qui a vécu la ségrégation et profité de la colonisation, à son corps défendant. Un livre puissant, charnel dans son expression, qui donne un visage à la douleur de quitter un pays natal alors même que celui-ci a été usurpé et reste à jamais hors d’atteinte.

Commenter  J’apprécie          140
La Grosse

La grosse, c'est Maria Louisa. Personnage principal de ce roman, elle nous expose à travers ces lignes sa vie, ses ressentis, ses expériences. Victime du regard des autres et de leurs remarques, elle se livre ici et nous raconte le peu de considération et le conformisme des personnes qui l'entourent : sa mère, toute en retenue, son père, bon vivant, Tony, sa meilleure amie séductrice, David, son amour de toujours...



Pleine de complexes, elle impose tant bien que mal ses idées et décrit ses états d'âme avec beaucoup d'humour. Elle nous offre ainsi une vision de la vie, du couple, de l'amitié, de l'amour en général, tout en pudeur et sensualité. Elle nous expose ce corps qui la fait souffrir mais lui donne également beaucoup de plaisir.



C'est un roman résolument optimiste, sur l'acceptation de soi et la liberté d'être soi.



Contrairement à ce que peut laisser supposer le titre, le surpoids n'est pas omniprésent, il est en arrière-plan de chaque situation, tapis dans l'ombre, en filigrane.



C'est une très belle lecture, douce et pleine de sensibilité, sur une femme complexe et touchante.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          70
Carnet de mémoires coloniales

Dans ce récit biographique Isabela Figueiredo revient sur son enfance à Lourenço Marques, devenu Maputo depuis l’indépendance du Mozambique en 1975. Elle y aborde le thème du colonialisme par le prisme de l’enfant qu’elle était, fille d’un blanc profondément colon, profondément raciste.



Elle, à qui on avait confié la mission de dire la vérité, de dire ce que les Noirs faisaient aux Blancs, dans un pays que les Blancs souhaitaient gouverner, à l’image de l’Afrique du Sud, elle, donc, démontera, dans ce livre, le colonialisme. Elle ira à l’encontre de tout ce que son père représentait, et elle le fera après sa mort.



Si je n’ai pas adhéré tout de suite à l’écriture, aux répétitions incessantes des premiers chapitres autour de la sexualité, dans un langage cru, j’ai peu à peu pris conscience que ce que j’avais là, sous les yeux, était important. C’était la vision d’une enfant face au mépris des adultes pour les Noirs, vision et culpabilité, et honte parfois aussi, car malgré tout l’image du père (plutôt ambigüe) s’impose… Et puis la petite fille laisse la place à l’adolescente qui comprend de mieux et mieux ce qui se joue sous ses yeux.



Ce livre a une qualité indéniable, celle d’être un témoignage authentique sur un pan de l’Histoire colonialiste.



La suite sur mon blog.
Lien : https://krolfranca.wordpress..
Commenter  J’apprécie          70
Carnet de mémoires coloniales

Une page d’Histoire implacable et nécessaire.

Isabela Figueiredo c’est elle, l’enfant de ce récit biographique. Contant l’idiosyncrasie du Mozambique sous l’ère du colonialisme portugais. Claquant, ne craignant ni le feu des rappels, les jugements de notre contemporanéité vierge de domination. Ce récit est un kaléidoscope, celui d’une mise en abîme dès 1963 des diktats coloniaux virulents mais normalisés dans le contexte de l’époque. Ce carnet est une valeur sûre : la voix d’une enfant grandissante au fil des pages. On l’aime d’emblée cette petite fille vive, observatrice, futée et douce. Intuitive, elle comprend ce qui se passe. L’étendue vaste comme une tarentule d’une prise de pouvoir sur un peuple. Seulement voilà, Isabela est du bon côté de la barrière, elle est portugaise. « Carnet de mémoires coloniales » expose le drame méconnu de certains enfants de colons européens. Ceux qui à l’instar de la petite Isabela n’eurent pas la possibilité de nouer des liens solides avec sa terre originelle : le Portugal. Le fil rouge est géopolitique, sociologique, émouvant. L’enfant collecte les manichéennes réflexions. Mature, posée, le front haut, elle perçoit les soumissions, l’emprise violente qui est un tsunami. Son regard perçant devine la pauvreté, l’esclavage moderne. Elle est blonde, l’autre noir, ce n’est pas ici que les doutes pleuvent. Plus loin encore lorsqu’elle comprend que son père est la caricature du colon vil, abusif, ingrat et injuste. Néanmoins les dires de l’enfant sont intuitifs. Elle sait qu’un jour la rébellion volera comme les ailes d’une colombe. La violence sera vengeance. Il n’y aura aucune compromission.

«Que ce paradis aux interminables couchers de soleil couleur saumon, aux odeurs de curry, à la terre rouge était un énorme camp de concentration pour les noirs sans identité, dépossédés de leur corps et donc sans existence.»

Isabela est active, agissante, coquillage en main elle rassemble l’équité.

«Vendre des mangues devant le portail, en cachette de ma mère, était un acte de désobéissance dont je ne comprenais pas la raison et que je ne pouvais m’empêcher d’accomplir.C’était être ce que j’étais née.»

isabela s’éveille, s’émancipe. Adolescente elle pressent ses métamorphoses dans le même tempo que les révoltes qui grondent.

« Ou l’on était colon ou l’on était colonisé, on ne pouvait pas être entre les deux sans payer le prix fort, la folie pour horizon.»

En 19675 elle part au Portugal. Elle est elle-même en partance vers ce qu’elle ignore. Missionnaire, des bijoux de famille cachés dans ses plis, une bague trop grande pour son doigt trop fin de candeur, elle doit conter aux siens, ceux qui ne savent rien des horreurs, les têtes coupées des portugais, jetées en pâture sur un terrain de foot. Dire l’autre versant aussi ?

« Chaque camp possède une vérité irréfutable. »

Mémoriel, grave, doté d’une traduction perfectionniste du portugais par Myriam Benarroch & Nathalie Meyroune. Une préface érudite et éclairante de Lléonora Miano. « Carnet de mémoires coloniales » est une buiographie pour comprendre ce qui fut et qui est vrai. Un outil certifié pour les étudiants, un devoir de mémoire crucial. Publié par les majeures Éditions Chandeigne dans une collection : Bibliothèque Lusitane.





Commenter  J’apprécie          70
Carnet de mémoires coloniales

Imaginez. Vous êtes né(e) au Mozambique, du temps de la colonie portugaise. Vos parents, des Portugais qui ont fui la pauvreté pour un avenir meilleur, ont amélioré leur sort et préparent votre futur.



Votre père, vous l’aimez. Plus peut-être que votre mère, en tout cas, il vous fascine. Il règne sur son foyer, rien d’exceptionnel à l’époque. Il n’hésite pas à vous battre, à vous punir, à vous chérir, il décide et on ne discute pas.

Votre père est un colon, avec tous les travers du colon. Raciste, capricieux, intolérant, violent. Attention, vous n’êtes pas nés dans une famille de riches colons. Non, une petite classe moyenne ou même populaire qui s’offre des plaisirs uniquement parce que d’autres n’en ont pas et vous servent.



Vous aimez votre père, mais vous vous sentez différent(e) de lui. Vous n’allez pas vous mélanger aux Noirs, c’est interdit, mais vous ne comprenez pas pourquoi, dès votre enfance.



Votre père vous prie avant de monter dans l’avion de raconter ce que les « nègres » (le mot est employé tout au long du livre) font aux Blancs. Votre père rêve d’une Afrique blanche sur le modèle de l’Afrique du Sud, débarrassée du Portugal.



Des années plus tard, vous souhaitez écrire sur cette période, vos dernières années sur votre terre natale, avant le retour au Portugal dans le plus grand dénuement.

Vous allez livrer un témoignage, une petite histoire dans la grande. En trahissant votre père, à qui vous dédiez ces pages.



Dans ce court récit autobiographique, un best-seller primé au Portugal et publié aux éditions Chandeigne, Isabela Figueiredo, dans un style sans fioriture, bouleverse nos certitudes et notre indifférence. Après la lecture, une lecture à approfondir grâce à l’excellente préface de Léonora Miano, vous ne serez plus tout à fait le même ou la même. N’est-ce pas le signe d’un grand livre ?


Lien : https://benjaminaudoye.com/2..
Commenter  J’apprécie          50
La Grosse

Je n'accroche pas du tout. Le style ne me parle pas, je le trouve un peu lourd et maladroit malgré quelques jolies envolées. Un peu geignard en fait. C'est très très loin de ce à quoi je m'attendais en ouvrant le livre. J'espérais m'y retrouver à vrai dire, me retrouver dans un autre vécu d'un corps "trop gros" pour la société. J'espérais de la réflexion, quelque chose d'un peu plus engagé et militant. Mais c'est un espèce de journal fouillis de souvenirs où le vécu par rapport au poids ne me paraît même pas central et quand je n'accroche pas au bout de 60 pages je me dis qu'il vaut mieux que je le laisse de côté pour d'autres lectures qui m'attendent...
Commenter  J’apprécie          41
La Grosse

Lorsque le roman débute, Maria Luisa vient de subir une gastrectomie. Elle a perdu quarante kilos, "un second corps". Mais après une vie à être grosse, à se sentir grosse, à subir les brimades, même si son corps a changé, elle sera "toujours une grosse".



Tout au long du roman, elle revient sur son passé, sa condition de retornada, ces Portugais revenant des colonies africaines à compter de 1975, son amitié toxique avec une ancienne camarade, la relation avec ses parents, ses relations amoureuses et en particulier son histoire d'amour avec David.



J'ai trouvé l'objet-livre très beau, les rabats, le marque-page assorti, c'est un véritable plaisir de tenir ce livre.

En revanche, le roman ne m'a pas accrochée du tout, malgré certains passages très touchants.



J'ai trouvé l'écriture plate, et parfois des effets de style un peu trop lourds, trop visibles.

Je n'ai pas réussi à m'attacher non plus à Maria Luisa, que j'ai accompagnée de manière tout à fait détachée dans son périple de remémoration.



Toutefois, il m'a appris des choses sur l'histoire du Portugal et j'ai trouvé cet aspect-là très intéressant.
Commenter  J’apprécie          30
La Grosse

Je remercie tout d'abord la FNAC ainsi que les éditions CHANDEIGNE de m'avoir permis de découvrir l'auteure Isabela FIGUEIREDO lors du prix Littéraire FNAC 2023.



Malheureusement, ce fut un flop pour moi.

Je n'ai pas du tout adhéré au personnage principal, une jeune femme toute en formes qui va vivre sa vie au travers des pièces de la maison de famille.

Je n'ai pas réussi à m'attacher, à me projeter... Bref, je n'ai pas réussi à m'immerger totalement dans l'histoire proposée par l'auteure.



Merci encore pour cette découverte même si ce ne fut pas une lecture que j'ai appréciée.
Commenter  J’apprécie          30
Carnet de mémoires coloniales

Lu dans le cadre du prix du roman Fnac

Ce roman est un recueil de souvenirs de l'enfance de l'auteure au Mozambique, du temps où c'était une colonie portugaise. Elle évoque en vrac son passage de l'enfance à l'âge adulte, le réveil de la sexualité, des moments en famille, la guerre et l'exil au Portugal. En filigrane, elle dénonce aussi le racisme et le mépris des colons pour les populations locales. Je trouve que les aspects les plus intéressants, comme la guerre civile et l'exil ont été à peine survolés par rapport aux souvenirs "touche-pipi". Bref, tous les aspects liés à la sexualité m'ont gênée car on parle d'une gamine, mais ce n'est que mon avis.
Commenter  J’apprécie          30
La Grosse



La construction est anarchique à l’image des pensées de la narratrice qui ressasse ses souvenirs. Les allers-retours entre passé et présent, les questionnements de la narratrice génèrent des répétitions. J’ai eu l’impression de tourner en rond dans l’esprit de cette jeune femme. Elle devient insaisissable. Elle ne peut laisser éclater une colère qui serait pourtant justifiée. Je l’aurais aimé plus rageuse, sanguine, humaine.

Le style est parfaitement maîtrisé, les repères politiques et sociaux sont intéressants mais auraient pu prendre davantage de place.

Ce roman a de bonnes critiques presse et de bons avis sur les blogs. Je suis un peu plus mitigée.
Lien : https://surlaroutedejostein...
Commenter  J’apprécie          21
Carnet de mémoires coloniales

- CARNET DE MÉMOIRES COLONIALES-



Je continue dans mon voyage littéraire qui est de lire des livres portugais. Je décide de lire ce livre après avoir était à sa conférence qu'elle à faite aux festival du livre de ma ville. J'ai aimée discuter avec cette autrice, elle nous parle de son passée et de ce qu'il lui a le plus marquer. Alors je décide d'acheter le livre qui parle sur un sujet très marquant dans l'histoire du Portugal, les colonies ;déjà avec Lydia Jorge et Mia Couto, je connaissais le sujet car c'est un sujet littéraire assez écrit au Portugal.



Ce livre est assez dur à lire car l'autrice ne cache les misère et les montres. Surtout sur comment les blanc parler aux noir et comment il les traiter. Puis quand la révolution portugaise est arrivée le 25 avril 1974, tout à changée pour les colonie et les noir décident de ce venger et de prendre le pouvoir. Alors nous pouvons assister à une fugue des familles blanche aux Portugal.



Dans ce qu'elle a écrit, c'est tout ce qu'elle nous a raconté dans la conférence. Le livre est une autobiographie de son enfance.



Ce livre m'a permis de ouvrir les yeux sur plusieurs chose mais garde aux âmes sensibles .



Carlaines
Commenter  J’apprécie          20
Carnet de mémoires coloniales

L'auteure raconte avec nostalgie son enfance, dans les années 70, à Maputo, capitale du Mozambique, colonie portugaise. Elle évoque sans ambages le racisme, la dureté de son père et des coloniaux. Et en même temps, elle porte un regard d'une grande tendresse sur cette enfance et le choc du déracinement lorsqu'elle arrive à l'âge de 13 ans au Portugal. Une période de l'histoire portugaise qui m'était méconnue et écrit avec beaucoup de sensibilité
Commenter  J’apprécie          20
Carnet de mémoires coloniales

Ce texte fait partie de la sélection du Prix des lecteurs de Cognac où le Portugal figure à l’honneur en 2022. Une préface de Léonora MIANO, largement documentée, est indispensable à découvrir pour la compréhension du contexte colonial de l’époque. Elle éclaire le lecteur sur nombre propos du récit qui peuvent paraître choquants.

Isabela FIGUEIREDO raconte dans ce roman son enfance et son adolescence vécues au Mozambique, ancienne colonie portugaise. Ses souvenirs décrivent le plaisir des instants passés avec son père, à la fois adoré et détesté pour son racisme « ordinaire » et légal à l’époque… Elle décrit parfaitement les contradictions qui l’animent : une véritable déclaration d’amour et d’admiration en même temps qu’elle présente une réalité tout autre où le colonialisme est critiqué de façon féroce. Elle aime viscéralement son pays de naissance et respecte les gens qui y vivent. Ainsi, elle rejette le père par loyauté à ses racines.

L’indépendance, proclamée en 1975, ne sert pas l’intérêt des colons. La narratrice, petite fille aussi blonde que blanche, fait figure d’ennemie. Le pays qu’elle considère pourtant comme le sien ne lui appartient pas. Elle revient seule dans sa famille du Portugal et devient une « retornada » honnie de tous. En effet, en Afrique, les colons portugais qui restent perdent tout, leur maison, leur outil de travail, parfois jusqu’à leur vie, alors que ceux de la métropole leur reprochent de s’être indûment enrichis.

Dans ce texte où alternent le récit précis du contexte familial et social de l’époque coloniale et des passages poétiques et sensibles, l’autrice livre son histoire personnelle riche de contradictions insurmontables pour une enfant. Son texte à la facture originale (des chapitres courts et rythmés) lui permet, au décès de son père, de se défaire des blessures du passé.

Manifeste amer contre tous les colonialismes !
Commenter  J’apprécie          10
La Grosse

Une nouvelle fois, Figueiredo démontre comment l’humour, la lucidité et la brutalité du verbe libèrent de tout.
Lien : https://www.lemonde.fr/criti..
Commenter  J’apprécie          00
La Grosse

Dans un roman inclassable, la Portugaise Isabela Figueiredo donne la parole à Maria Luisa, isolée par son surpoids et portée par une irrépressible liberté.
Lien : https://www.la-croix.com/cul..
Commenter  J’apprécie          00
La Grosse

Maria Luisa habite Lisbonne, dans l’appartement que ses parents ont acheté à leur retour du Mozambique, elle est professeure de portugais et d’anglais à l’université et elle est belle ! Elle se le dit souvent comme un mantra. Elle est sensuelle et épanouie sexuellement avec David, le seul et unique... Jusqu’ici tout va bien, sauf que Maria Luisa c’est aussi « a gorda », la grosse en portugais, toute en douceur et rondeur pour les uns, « la baleine » ou encore « le poids-lourd » pour les autres.

La Grosse c’est l’histoire d’un premier amour déçu, malheureux forcément sinon il n’occuperait pas la narratrice jusqu’à la fin de son récit. C’est aussi une histoire de famille où chacun prend soin des deux autres sans le dire, juste parce que c’est comme ça, dans un mélange de traditions portugaises, de bondieuseries catholiques imprégnées de magie populaire et juste de bienveillance.



C’est aussi une histoire de mauvais choix : la mauvaise copine de pensionnat, toute maigre et mytho au dernier degré qui esclavage Maria Luisa adolescente. Le mauvais petit copain, premier amour passionné qui se case avec une autre, plus « dans le moule » socialement et physiquement. Le mauvais choix de corps, qui grandit et grossit à vue d’œil. Il faudra du temps mais Maria Luisa réussira à reprendre la main sur tout, enfin presque.



En filigrane c’est l’histoire du Portugal qui défile, Isabela Figueiredo sème son récit des événements politiques et historiques importants de son pays mais aussi du monde. Ainsi la mort du père de Maria Luisa coïncide avec la chute des tours jumelles de New York, en 2001, sa mère disparait en 2014, après lui avoir répété « il faut que tu apprennes à prendre soin de toi. Je ne durerai plus très longtemps ».

Et c’est ce qu’elle fait, enfin, après avoir passé une partie de sa vie à « nourrir la bête immonde », la faim ou sensation de faim, et assouvir ce besoin de se remplir, Maria Luisa décide de reprendre possession de ce corps et subit une gastrectomie : « c’est moi qui commande, mon corps ne mouftait pas ».

Cette double perte marque un tournant nécessaire à sa vie d’adulte : perdre ses parents, et 40 kilos, et la voilà aux commandes de sa vie.



Elle met fin aussi à la nostalgie de ses parents, « retornados », portugais nés dans une ex-colonie (Angola, Mozambique, Guinée, Cap-Vert, São Tomé e Principe) et obligés de rentrer au pays pour tout recommencer. C’est comme ça qu’avait commencé son remplissage, seule en internat, pendant que ses parents étaient toujours au Mozambique à tenter de sauver les meubles, après l’indépendance du pays en 1975.

Aussi à l’image de cet empire portugais démantelé, à la mort de sa mère, une pièce de l’appartement est rebaptisée « Empire » et Maria Luisa y entrepose les meubles et objets ramenés des années plus tôt du Mozambique, avant de les donner.



Isabela Figueiredo m’a happée avec l’histoire de La Grosse et m'a donnée envie d'en connaître plus sur l'histoire des "retornados" portugais, prochaine lecture: Carnet de mémoires coloniales!




Lien : https://www.instagram.com/zo..
Commenter  J’apprécie          00




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Isabela Figueiredo (88)Voir plus

Quiz Voir plus

Virginie Grimaldi ou Agnès Ledig

Juste avant le bonheur ?

Virginie Grimaldi
Agnès Ledig

10 questions
6 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}