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Critiques de Isabelle Desesquelles (313)
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Je voudrais que la nuit me prenne

Magnifique roman que signe ici Isabelle Desesquelles ! C’est beau, tellement beau...



C’est beau parce que c’est l’histoire d’une enfance qui semble figée dans sa huitième année, une enfance où l’absence se conjugue avec l’amour.

Clémence est une petite fille de huit ans mais dont le langage est teinté d’une maturité autant lumineuse que noire et terriblement humaine et réaliste. Elle parle de son enfance auprès de parents fantaisistes et combien magiques. Des parents qui maîtrisent l’art de la beauté, la voient partout et nulle part à la fois. Des parents amoureux, de leur petite fille, de leur autre, de la mer, des livres, de la nature, des étoiles. Ils promettent à Clémence d’être toujours là pour elle, et cela fait mal le jour où ce n’est plus vrai.

Pourquoi tant de mystères dans la vie de Clémence... Une petite fille tournée étrangement vers le ciel et ses étoiles, tourmentée par la mort, la place des morts et celle des vivants.

Pourquoi aspire t-elle à ce point que la nuit la prenne ? Que se cache-t-il là-bas au fond de la nuit...

La force de la vie semble mener un combat inégal avec le vide. L’amour semble parfois être de trop ou semble autant manquer.



Dans un style où se mêlent à la fois l’allégorie et la poésie, ce roman est bouleversant, terriblement émouvant et fort tellement fort. Une prestance littéraire qui happe dés les premières lignes.



Je voudrais que la nuit me prenne est un éblouissant hommage à l’enfance, à l’amour et aux souvenirs. Merveilleux.



« Sans les étoiles, le jour est moins brillant que la nuit. Bonne année papa et maman.» Pourquoi un ciel étoilé nous émeut tant ? Parce qu’il fait le grand écart, vient d’un monde ancien, éclairé d’étoiles mortes, il a survécu.
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Les âmes et les enfants d'abord

••••••• PÉPITE •••••••

•••Gros coup de cœur•••pour ce tout petit roman dont se dégage une puissance littéraire et imagée exponentielle.

Une réalité affligeante, une société de la honte, trop de yeux éteints, trop de cœurs fermés.

Les âmes et les enfants d’abord, à lire de toute urgence, un plaidoyer de l’infamie.

Venise, Venezia, aiuto, aiuto, détourne tes yeux de tes gondoles, la misère est sur ton sol, elle a mal, elle a froid, elle a faim.



Elle est où l’humanité ?



Les riches debout, les misérables au sol.

Même sous moins quinze, les regards restent hauts.



Et l’humanité ?



Les yeux lèchent les vitrines de Noël, une tasse de café chaude à la main, les poches bien remplies.

À hauteur d’âme, vous êtes là, Madame. Votre infirmité est celle du néant.

Chiffons, moignon, chien affamé, la misère s’écrase sur vous pendant que les néons élèvent les nantis.

Une robe Dior pour le prix d’une maison.

Une Porsche contre des milliers d’affamés.

Les enfants enjambent la misère. Adultes, ils marcheront dessus. Ils ouvriront la misère à coups de talons. Le pavé est sale, le trottoir sombre, tache lugubre, ectoplasme édenté, émaillé, invisible.



Ils sont des milliers, des millions comme Cosette à quémander mieux que de la pitié.

Ils sont où les Jean Valjean ?



« Les ténèbres vous mâchent et vous recrachent, pauvre chose. »



Et toi, belle humanité, ou es-tu?



Un jeune père de famille tient sa paume ouverte. Deux photos d’identité, ce qui lui reste de sa femme et de son fils noyés la veille : « regardez comme elle est belle, et lui…si sérieux. »

Elle est là, l’humanité.



« Tant qu’il existera, par le fait des lois et des mœurs, une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers, et compliquant d’une fatalité humaine la destinée qui est divine ; tant que les trois problèmes du siècle, la dégradation de l’homme par le prolétariat, la déchéance de la femme par la faim, l’atrocité de l’enfant par la nuit, ne seront pas résolus ; tant que, dans certaines régions, l’asphyxie sociale sera possible ; en d’autres termes et à un point de vue plus étendu encore, tant qu’il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles. »

Le 1er janvier 1862, Victor Hugo, depuis sa cristal room sur l’île de Guernesey, écrit debout les milliers de pages qui deviendront les Misérables.

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UnPur

Livre sombre, noir, éprouvant, étrange, le tout me donnant une impression au bord de la nausée ou du malaise...



Trois minutes sont suffisantes pour enlever un enfant. Trois minutes qui changeront le destin de l’enfant enlevé et de ceux qui ont eu la malchance d’être occupé trois minutes les yeux loin de leur enfant.

Benjamin et Julien sont jumeaux et ce sera Benjamin qui sera choisi par le ravisseur alias Le Gargouilleur. On suit ici le parcours de cet enfant prisonnier auprès d’un pédophile et de sa femme. Plusieurs années dans plusieurs pays, France, Italie, Mexique.

L’écriture vogue entre l’imaginaire, le flou artistique et une réalité sordide et noire. J’ai eu tout le mal du monde à me plonger dans ce roman, faute à un style trop abstrait, un manque regrettable d’émotions, de sentiments, de psychologie. Impossible de me visualiser l’enfant, son cadre, son évolution, ses tourments. Rien ne m’a semblé clair dans ce roman. Le kidnapping, j’ai dû relire trois fois le passage pour être certaine que c’était là que tout se joue et tout le roman joue sur la même vague imprécise. Pas de cadre spatio-temporel, puis, cette absence de maux dans les mots, d’images dans les lignes, non, j’ai besoin de ce minimum pour qu’un roman me happe. Pas convaincue. Est-ce le roman ou est-ce moi qui me ferme doucement à cette littérature ambiguë et sombre, je l’ignore...



Merci à Babelio et aux éditions Belfond pour l’envoi de ce roman lu dans le cadre d’une Masse critique privilégiée.

Ps : pensez à moi pour des romans légers, lumineux, drôles, frais, je suis preneuse !
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Je voudrais que la nuit me prenne

Elle a huit ans, et cet âge est pour elle celui de l’éternité.



Souvenir d’une enfance heureuse et ordinaire, près d’une mère fantasque et d’un père vénéré. Les jeux interdits avec la cousine, l’amour d’enfance, l’apprentissage des choses de la vie, le parfum des étés radieux, la morsure sublime du froid , tout ce qui emplit la vie de Clémence a le goût du bonheur, le goût des sens en éveil découvrant le monde avec délice.



Malgré cela, le récit semble cacher un sous-texte et une issue mystérieuse…



Texte onirique, très poétique qui dit avec beaucoup de grâce les émois d’une enfant vive et curieuse, mais dit aussi l’absence, le deuil qui enlise, qui exclut, qui broie les vivants. Laisser partir pour revivre, accorder le repos à ceux qui nous manquent et nous figent dans un coin immuable et délétère.



Une très belle prose pour un récit d’une grâce émouvante et une une originalité dans la manière de dire la perte et l’absence.


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Je voudrais que la nuit me prenne

J’ai vraiment apprécié ce roman. Au fil des pages, la tension monte. Le roman démarre comme un roman autobiographique, avec une narratrice, Clémence, nous racontant des événements marquants de sa vie comme la rencontre avec celui qu’elle aime, Just, ou ses jeux d’enfants – certes particuliers – avec Lise, sa cousine. Rien de particulier au premier abord. Elle nous présente ceux qui l’entourent : le papa, instituteur, la maman un peu fofolle. Il y a beaucoup d’amour dans le foyer. Cet amour qui sera le fil conducteur du livre.



Pourtant tout n’est pas rose et l’on décèle à un moment donné un changement de ton. La petite fille de 8 ans, certes mature, commence à raconter des choses qu’elle n’aurait pas dû voir, pas dû entendre, pas dû dire. Là, on se dit qu’il y a un souci… Comment une gamine de cet âge peut-elle s’exprimer ainsi et avoir une analyse aussi fine de la situation ?



Il faudra attendre la fin du roman pour comprendre tout ceci. Une fin puissante et sans égal. Il s’agit vraiment d’un roman à découvrir dont l’écriture accroche le lecteur.



À découvrir !
Lien : https://promenadesculturelle..
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Je voudrais que la nuit me prenne

L'auteur se met dans la peau de Clémence , une petite fille, dont les parents fantaisistes, étaient heureux d'elle ....

Ils s'étaient gorgés de mots tendres et d'illusions magnifiques, de promesses .

Ils se sont accrochés à ce serment .

Clémence raconte son quotidien de petite fille aimée, choyée, à l'école avec son pére , instituteur dont la marotte était le vocabulaire.

Il laissait les mots les plus intrigants en suspens.

Elle buvait ses paroles et grandissait , suspendue à l'imaginaire qui la happait et devenait une connaissance...

Elle nous donne à voir les chansons que sa mère chantait en été, un vrai métronome dans un chaudron d'émotions : son humeur joyeuse, les saisons , la couleur du ciel, les orages déchaînés , redoutables et grandioses, en musique aussi: les chansons de Barbara et les plats que sa mère cuisinait................ une offrande d'amour constante , ses parents .....le câlin de sa mère, le rire de son père, le sentiment d'un invincible bonheur, d'un enchantement permanent ...

Son enfance avait l'odeur des pommes au four et celle des marrons au feu, en hiver...Son copain de toujours : Just et elle - même s'affranchissaient de leur enfance et avançaient à pas de géant lors de leurs parties de cache - cache, dans les burons de l'Aubrac, à moitié effondrés.



Ce que l'amour désire, réclame, retient est contenu dans ces pages sublimes où l'auteur excelle à rendre tangible sa puissance, sa force , ses pépites de lumière à travers la nature, ses papillonnements de bonheur ...juste avant le fracas....



Car bientôt, la voix d'une petite fille s'éteint et ses mots couverts car si rien ne nous est révélé : s'immisce un trouble,un mystère cruel, insondable....

Que s'est - il donc passé pour que l'innocence vire au noir et que les souvenirs d'enfance triturent et strient d'impuissance l'espace étroit qui relie le lien fragile et inaltérable qui nous unit à nos proches ?

On devrait faire attention au bonheur, le retenir, le surveiller .....car il a ses failles et ses gouffres...

C'est un livre bouleversant , troublant ,inclassable, le regard attentif d'un enfant dans toute sa grâce , sur l'amour et la fragilité de tout bonheur !

La lucidité de Clémence hantera longtemps nos consciences de lecteur !

L'auteur n'a pas son pareil pour traduire en mots la puissance de l'amour , la force intangible du souvenir , parmi ceux d'une infinie tristesse ....et crée un cocon radieux qui défie la nuit et le temps !

Merci à Babelio et aux éditions Belfond: pointillés , pour l'envoi de ce beau livre !
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La vie magicienne

Une tresse brodée à l’orée du sable, une quatrième de couverture qui me promet la brûlure du soleil et l’immensité des paysages. Il ne m’en fallait pas plus pour plonger dans ce roman de la talentueuse Isabelle Desesquelles.



Maxence, la trentaine quitte tout pour une semaine dans le Sahara. Le désert l’appelle. Le vide teinté d’or, le vent qui balaye les grains de sable, le silence comme seule mélopée. Maxence a besoin de se ressourcer, de cicatriser, d’oublier, d’apprendre que la vie n’est pas que douleurs mais aussi douceurs. Un père dictateur, un mari tortionnaire, un enfant voué aux limbes, Maxence est tout en souffrance. Arrivée aux portes du Sahara, elle tombe en émois pour son guide de voyage, Sid. Entre eux nait comme une évidence. Ensemble, ils marchent dans ce sable brûlant à la rencontre des roses de Jericho. C’est dans un vide sidéral que peuvent s’échapper les souvenirs et les blessures. Chacun se souvient ce qu’ils fuient, ce qu’ils ont perdu, les rêves et l’espoir lapent à l’oasis des possibles.



Ce roman initiatique avait de bons ingrédients pour me séduire moi qui aime tant le désert. La plume est tantôt fraîche et tantôt brûlante.

Mais comment dire... dire que je n’ai pas aimé cette histoire serait injuste car je lui reconnais certaines qualités. Je regrette un manque d’ancrage tant dans ses personnages que dans les paysages qui auraient mérité multiples descriptions oniriques.

L’histoire d’amour entre Maxence et Sid m’a semblé sibylline, absconse. Un coup de foudre à l’aéroport entre ces deux-là, voilà le point de départ. Et le tour semble joué comme si Maxence et Sid s’aimaient depuis une éternité. Cela ne m’a clairement pas convaincue.

Les blessures de Maxence auraient mérité un travail plus psychologique, plus fouillé. Les paysages, enfin, auraient gagné en magie et dépaysement assuré si l’auteure les avait tricoté, fouillé. Le désert aurait pu être personnifié, rendu vivant, rendu palpable. C’est un peu tout cela que j’attendais de ce roman. Dommage car il aurait pu être éblouissant. Il est juste passable.
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Un jour on fera l'amour

Isabelle Desesquelles, c’est surtout, Je voudrais que la nuit me prenne, un roman tout en finesse et beauté.

Qu’en dire de celui-ci ? Et bien, pas grand chose. Un roman qui veut se pencher sur l’amour et qui s’épanche sur le sexe et les phrases sales et vulgaires. J’ai tenu bon longtemps mais forcée de constater qu’après 170 pages, je n’avais rien saisi à l’histoire et rien ressenti non plus.



Deux êtres de sexe opposé, Alexandre et Rosalie, opposés dans leur vision de l’amour. Alexandre place le sentiment amoureux très haut, il préfère attendre l’élue que de s’éparpiller dans tout ce qui se présente. Pour Rosalie, c’est l’inverse. L’amour, c’est du sexe, avec n’importe qui et n’importe comment. L’amour c’est surtout ne pas s’attacher.



Ces deux-là ne se connaissent pas. Jusqu’au jour où Alexandre tombera amoureux du dos de Rosalie en train d’essayer une robe de mariée. Le dos de Rosalie sera l’obsession d’Alexandre. Il s’imagine déjà vivre toute sa vie avec cette femme aperçue de dos. Bon, pourquoi pas. Il faut bien des rêveurs.

On retrouve à travers chaque chapitre, la vie de l’un et de l’autre. On s’aperçoit combien ils sont différents Alexandre et Rosalie. Puis, on se demande si ces deux-là vont enfin se rencontrer. Après 170 pages sur 200, non toujours pas.



Emportée à des kilomètres au-dessus de ce roman, sans la moindre empathie, sans le moindre sentiment léger et agréable, peinée pour certains passages orduriers, peinée aussi pour l’image de la femme qu’en donne Isabelle Desesquelles, femme-objet, salope et autres qualificatifs peu reluisants, ce roman n’a opéré aucune séduction chez moi, un roman sans intérêt.
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UnPur

« Elle dure longtemps, la fin d'une enfance les poings serrés sans pouvoir les décoller de son corps. Demain a fini d'exister. »



Comment survivre à la vie lorsque celle-ci vous a volé votre innocence ?



Pour un short trop court, pour une jolie petite tête d'ange, pour des petites fesses bien fermes, ton chemin s'arrêtera dans une chambre tombeau, Benjamin, par la faute d'une ombre qui se posera sur toi.



Comme un requin ferrant sa proie en d'inexorables cercles concentriques, comme un étau se resserrant sur ton corps d'enfant, comme une tornade emportant tout sur son passage, le monstre aura raison de toi, jour après jour, nuit après nuit, au plus profond de ton âme et de ton corps. Il te salira, te blessera, te déchirera jusqu'aux entrailles et ne laissera en toi qu'une semence au goût de merde et d'écume salée qui consumera pour l'éternité ta peau de ses brûlures vives.



Tu avais huit ans. Et cinq longues années à passer dans cette chambre, loin de ton jumeau. Pourquoi toi et pas lui ? Pourquoi ? La faute à pas de chance. Et combien d'autres avant toi ? Combien d'autres après ?



Tu auras beau tenter de vivre en apnée durant toutes ces années, te créer ta bulle d'oxygène pour ne pas remonter à la surface où le monstre t'attend, te récurer à l'eau des chiottes jusqu'au sang pour tenter d'annihiler les souillures subies, on n'enfuit pas son passé sous un oreiller, à double tour dans une chambre.



Et même si tu parviendras à t'en échapper, le monstre aura fini par inoculer en toi ses démons. Ce sera alors la fuite en avant, quarante ans durant, jusqu'au Bout du Bout, là où tout commence et là où tout doit finir.



Surtout ne pas se réveiller. Surtout ne pas se laisser tenter. Mais comment sortir de ce cauchemar ? Tu réclames... Tu veux jouir des mêmes plaisirs... Tu n'es que tisons et braises incandescentes que le moindre souffle d'enfant viendrait enflammer.



Tu vis toi aussi de vouloir transgresser l'interdit, te repaître de chair fraîche, jeune et tendre, assiégé par ces démons qui auront dormi sur ton oreiller durant ces cinq années auprès du monstre. Tu aimerais éclater cette bulle, respirer à nouveau mais tu te tortures entre fantasme et réalité.



Le réel a ses frontières mais peut-être parviendras-tu à trouver la force de ne pas les franchir toutes ? Au-delà, la schizophrénie veille.



--



Après Je voudrais que la nuit me prenne, qui m'avait bouleversé de par la thématique abordée (qu'il n'est toutefois pas possible de dévoiler ici sans en dévoiler trop – cf mon billet sur ce roman), Isabelle Desesquelles revient avec un roman fort sur un thème à nouveau difficile, presque insoutenable. Un roman écrit à la première personne, par la voix de Benjamin, petit garçon à l'enfance violée. Des phrases courtes, imprégnant un rythme élevé, haletant, à ce roman.



Les mots d'Isabelle Desesquelles sont ardus... ils sont hard... ils sont Art aussi.



Comme pour son précédent roman, Isabelle Desesquelles nous offre une prose imagée remarquable, suggérant plus qu'elle ne montre. Les nombreuses métaphores employées peuvent toutefois à nouveau conduire le lecteur en eaux troubles dans ce roman car il n'est pas toujours aisé de comprendre la trame de l'histoire qui se lit comme une succession de petites pièces que l'on assemble en un puzzle qui ne se dévoile que par bribes et n'apparaît réellement qu'une fois la dernière pièce posée.



Au-delà de la thématique sensible abordée dans ce roman, appuyée par certains passages crus, le style imagé pourrait donc également rebuter certains d'entre nous à cette lecture. Un roman qui reste cependant pour moi d'une grande qualité, après l'excellent Je voudrais que la nuit me prenne.



Roman reçu dans le cadre d’une masse critique privilégiée.

Merci à Babelio et aux éditions Belfond

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Les âmes et les enfants d'abord

Venise, Place Saint-Marc.



Une femme déambule. Ses yeux se posent sur la mendiante…



Electrochoc. Coup de poing.



A travers cette indigente sans visage, c'est toute l'insignifiance et la transparence de ces moins-que-rien qui l'éclabousseront, toute cette gueuserie puante qui refluera à travers ses pores, la misère de tous les suppliants du Monde qui fera intrusion dans sa vie qui ne connait pas la médiocrité.



A même le sol, devant ces loques fangeuses et cette main tendue, pauvre mais digne, c'est toute l'inhumanité d'un monde de nantis aseptisés qui saute à la gueule, pour quelques pièces que l'on n'accordera pas.



Parce que l'ignorance ne doit pas mettre de distance entre le paupérisme et notre âme.

Parce que la dèche, ce n'est pas que Bangkok, Lampedusa ou Beyrouth.

Parce que la misère rampe aussi dans nos villes, au coin de nos rues…

Parce que, au lieu de feindre son absence, on pourrait préférer rendre à ce Monde un peu plus de décence. Il n'est pas trop tard pour agir.

Mais pour grandir le Monde, il faut savoir s'abaisser, voir cette misère à hauteur de nos yeux d'enfants, au lieu de l'effacer de nos yeux d'adultes.





« Ce que j'ai compris, grâce à vous, Madame, c'est qu'aujourd'hui la misère est à hauteur des enfants. On vit avec. Avec tout ce que cela veut dire. Avant même qu'ils ne sachent lire et écrire, ce que nous offrons à ceux que nous élevons, c'est la misère à hauteur de leurs yeux, je ne sais pas si elle est à bonne hauteur. [...] Pour grandir, il lui faudra d'abord regarder le malheur dans les yeux. Tout comme ses parents, il s'y habituera vite, sauf que cela aura commencé trop tôt pour lui, avant même d'avoir compris ce que déjà il ne verra plus. Ne reste que le désespoir. On fait comment avec l'espoir sans l'espoir ? »





Elle est passée où, l'humanité ?



- -



Quelle claque !



En cent pages à peine, Isabelle Desesquelles livre un roman époustouflant, un coup de poing dans nos estomacs de privilégiés, une remarquable réflexion sur cette inhumanité qui nous entoure !



Avec un style direct, moins imagé qu'à son habitude, parce que la misère ne se pare pas de fioritures, Isabelle Desesquelles dépeint une nouvelle fois un thème difficile, la pauvreté, avec pudeur et force d'impact. Elle nous incite à garder nos yeux grands ouverts et à oeuvrer avec et pour nos enfants pour nous élever tous vers plus d'humanité.



J'avais adoré Je voudrais que la nuit me prenne et Unpur. Avec ce troisième roman, Isabelle Desesquelles fait définitivement partie de mes auteurs préférés !
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Je voudrais que la nuit me prenne

« Je voudrais que la nuit me prenne » pourrait être le titre d’un poème, voir la première phrase de ce même poème. C’est en fait le titre du dernier roman d’Isabelle Desesquelles, romancière dont je n’avais lu aucun livre et que je découvre encore une fois grâce à Babelio.

Titre poétique mais aussi énigmatique qui à lui seul pourrait résumer assez bien ce très beau roman.



C’est la voix de Clémence, petite-fille de 8 ans, que nous entendons tout le long de l’histoire. Elle raconte son enfance, petite fille aimée et choyée auprès de parents qui rivalisent de fantaisie. Dans son univers, il y a Lise sa cousine un peu plus âgée et un brin délurée qui vit chez leur grand-mère et surtout Just, son amoureux. Parce qu’à 8 ans on est sûr que tout est possible, alors elle le sait ils se marieront et vivront toute leur vie ensemble, auront même des enfants !



Rien n’est plus beau que la voix et l’innocence l'enfance lorsque le monde autour n’est qu’amour.



Des mots tendres, des promesses, ses parents en remplissent son univers et elles nous les rapportent. Alors pourquoi au détour d’un mot, d’une phrase, cette voix de petite fille se transforme soudainement ? Qu’une ambiance trouble s’immisce petit à petit dans son récit ? Une ombre, un mystère cruel et insondable planent.



Que s’est-il passé pour que l’innocence se voile ainsi de noir ? Parce qu’on le sait, le bonheur quand il est là, il faut le serrer dans ses bras et essayer de ne plus le lâcher car parfois l’impensable n’est jamais loin.



« Je voudrais que la nuit me prenne » est pour moi un livre magnifiquement bouleversant mais surtout inclassable dans lequel l’auteur nous décrit avec une infinie justesse la puissance de l’amour filial.



Le regard que pose Clémence sur la vie et sur les dangers d’un bonheur trop grand que l’on croit éternel est d’une grande maturité mais également assez déroutant, parfois dérangeant. A travers lui, nous prenons conscience petit à petit de l’urgence à aimer. Car dans la vie malheureusement rien n’est jamais acquis.



Je remercie grandement babelio pour m'avoir proposé ce roman en masse critique et aux éditions Belfond de m'avoir permis de découvrir cette romancière. Ce livre ne sera sûrement pas le dernier que je lirai d'elle.

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UnPur

Voici un livre de la rentrée littéraire qui ne laissera sans nul doute personne indifférent !

«UnPur » est le second roman que je lis d’Isabelle Desesquelles après "Je voudrais que la nuit me prenne". Et quel roman !

Dur, très dur même, limite dérangeant et qui m’a valu quelques moments quelque peu éprouvants. Je viens de fermer la dernière page et ma gorge se noue. Difficile de faire la critique d’un tel livre, très difficile. Mais c’est aussi cela la littérature : ce qui dérange, ce que l’on n’a pas envie d’entendre, l’inavouable.



Benjaminquej’aime et Julienquej’aime c’est ainsi que leur mère les appelle. Elle les aime follement ses deux jumeaux. Ils n’ont pas de père, c’est elle qui l’a choisi ainsi. Tous les trois forment une famille un peu « lunaire » en décalage avec notre monde mais dont les visages sont toujours orientés vers le bonheur. C’est tout ce qui compte après tout, l’amour ! Et cela sera toujours comme cela, elle leur a promis.

Mais le sort en a décidé autrement : trois minutes suffisent pour enlever un enfant, juste un bref instant d’inattention. Trois minutes qui vont changer à jamais le destin de trois personnes. Tout simplement parce qu’un inconnu a croisé leur chemin et que celui-ci a décidé de jeter son dévolu sur Benjamin.



Il a 8 ans, il ne le sait pas encore mais son enfance s’arrête là. Son insouciance va disparaitre à jamais. Pourquoi ? «Parce qu’à 8 ans, tu crois ce que te dise les grands ». A Bari, dans la maison du monstre qu’il surnommera le gargouilleur, l’enfer l’attend. Pendant cinq longues années, Benjamin va vivre l’horreur, l’insoutenable, l’innommable selon le bon vouloir de son ravisseur. Abusé, violé, humilié, totalement brisé, il va trouver la force de s’échapper.



Quarante ans plus tard s’ouvre le procès du ravisseur. Mais il n’est pas sur le banc des accusés car c’est sa victime que l’on juge.



Le narrateur du roman n’est autre que Benjamin. Il s’adresse à son frère jumeau dans une longue confession dans laquelle il va tenter d’expliquer l’inavouable.

Mais quand l’enfance nous est arrachée, qu’advient-il de l’adulte ? Quel humain cela fait-il de nous ? Son histoire tragique a-t-elle fait de lui ce que son ravisseur voulait qu’il devienne : un monstre, un être « impure » ? Comment survivre à une telle tragédie alors que la culpabilité vous consume à petit feu tout le long de votre vie ?



Vous l’aurez compris «Unpur » est un livre d’une noirceur absolue mais il est également lumineux et fort grâce à la sublime écriture d’Isabelle Desesquelles. Ses mots sont d’une gravité bouleversante. Nous nous trouvons à tout moment entre la frontière mouvante de la fiction et du réel. Rien que le double sens de son titre nous en dit long sur ce qu’elle souhaite nous dire…. Benjamin Unpur ou Impur, l’enfant pur ou le monstre mauvais, immoral.



Ce roman m’a totalement bouleversé, mis mal à l’aise mais m’a également beaucoup touché. Avec un style incisif, sans aucune concession, extrêmement sensible, superbement bien écrit, la romancière m’a embarqué avec elle dans cette tragédie jusqu’au dernier instant.



J’attends à présent sa sortie en librairie afin de lire les futures critiques qui je pense ne manqueront pas d’intérêt au vu de cette histoire.



Pour finir, je remercie chaleureusement Babélio et les éditions Belfond de m’avoir permis de découvrir ce roman en avant-première lors d’une masse critique privilégiée.

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Les hommes meurent, les femmes vieillissent

Dix portraits de femmes, quatre générations, une famille.



A l’énoncé de ce rapide résumé, beaucoup voudraient cantonner ce roman à un lectorat purement féminin. Quelle erreur se serait !



Je voulais affirmer, en tant qu’homme, que ce récit devrait au contraire être mis entre les mains de l’ensemble de la gente masculine.



Parce qu’Isabelle Desesquelles, à travers ces quelques portraits, parle de toutes les femmes. Par la grâce de sa plume expressive et qui se marie au caractère de chacune, elle nous offre des moments rares, des moments de partage de l’intime. Un écriture belle et qui sait être directe.



Oui l’intime. Chaque femme y parle avec sa propre voix, sa propre sensibilité, son propre vécu. Matriarche ou jeunette, toutes avec leurs propres personnalités. De quoi en apprendre beaucoup sur le système de pensée des femmes, à mes chers congénères masculins.



Ces femmes sont belles, parce que vraies. Tour à tour émouvantes, étonnantes, agaçantes, mais toutes différentes. C’est bien pour ça que ce livre est si touchant. Nous y touchons l’intime, l’auteure parlant d’amour, de sexe, de mort, de vieillissement… bref de la vie.



Ce roman choral est aussi l’histoire d’une famille, contée à travers le vécu et les pensées de plusieurs de ses femmes. Une famille avec toutes ses individualités et son secret. Secret pesant, difficile, douloureux.



Et puis il y a cette belle idée d’envelopper le tout dans le cadre de cet institut de beauté. S’occuper de son corps n’est que le prétexte pour s’abandonner et livrer son âme. Rien de futile donc dans ce concept et sa manière de le traiter, loin de tout cliché. L’institut n’est que le véhicule qui permet de transporter l’émotion.



Et de l’émotion, le roman en est rempli jusqu’à ras bord. Toutes les émotions, même les négatives. Ce qui fait que cette histoire est une belle leçon de vie, justement parce qu’elle ne nous fait pas la leçon.



Les hommes meurent les femmes vieillissent, mais entre les deux ils vivent et ils ressentent.
Lien : http://gruznamur.wordpress.c..
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Les hommes meurent, les femmes vieillissent

𝘚𝘶𝘳 𝘵𝘰𝘶𝘵𝘦𝘴 𝘭𝘦𝘴 𝘧𝘦𝘮𝘮𝘦𝘴 𝘥𝘶 𝘮𝘰𝘯𝘥𝘦

𝘚𝘶𝘳 𝘵𝘰𝘶𝘵𝘦𝘴 𝘭𝘦𝘴 𝘧𝘦𝘮𝘮𝘦𝘴, 𝘺 𝘢 𝘥𝘦𝘴 𝘣𝘭𝘦𝘴𝘴𝘶𝘳𝘦𝘴 𝘱𝘳𝘰𝘧𝘰𝘯𝘥𝘦𝘴

𝘘𝘶𝘪 𝘴𝘦 𝘮𝘢𝘳𝘲𝘶𝘦𝘯𝘵 𝘴𝘶𝘳 𝘭𝘢 𝘱𝘦𝘢𝘶



𝘚𝘶𝘳 𝘵𝘰𝘶𝘵𝘦𝘴 𝘤𝘦𝘴 𝘧𝘦𝘮𝘮𝘦𝘴, 𝘥𝘦 𝘵𝘰𝘶𝘴 𝘥𝘦𝘴𝘵𝘪𝘯𝘴,

𝘚𝘦𝘶𝘭𝘦 𝘈𝘭𝘪𝘤𝘦 𝘱𝘰𝘶𝘳 𝘺 𝘱𝘰𝘴𝘦𝘳 𝘴𝘦𝘴 𝘮𝘢𝘪𝘯𝘴

𝘌𝘵 𝘦𝘯 𝘴𝘰𝘪𝘨𝘯𝘦𝘳 𝘵𝘰𝘶𝘴 𝘭𝘦𝘴 𝘮𝘢𝘶𝘹



𝘌𝘵 𝘴𝘪 𝘱𝘰𝘶𝘳 𝘵𝘰𝘪, 𝘭à-𝘣𝘢𝘴, 𝘤'𝘦𝘴𝘵 𝘭' 𝘱𝘢𝘳𝘢𝘥𝘪𝘴

𝘋𝘪𝘴-𝘵𝘰𝘪 𝘲𝘶'𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘭𝘦𝘶𝘳 𝘱'𝘵𝘪𝘵𝘦 𝘵𝘦𝘵𝘦 𝘭𝘦 𝘱𝘢𝘳𝘢𝘥𝘪𝘴

𝘊'𝘦𝘴𝘵 𝘪𝘤𝘪… 🎶





(D’après Les Plages, Jean-Louis Aubert)







Ce soir, l’𝗘𝗱𝗲𝗻 ouvre ses portes.



Ce soir, 𝗔𝗹𝗶𝗰𝗲 les accueillera toutes dans son nouvel institut de beauté. Toutes ces femmes qui comptent pour Alice. Toutes celles pour qui Alice compte. Elles sont dix, elles sont de la même famille, et l’Eden, pour elles c’est le Paradis…



Elles sont le bourgeon qui éclot à son premier printemps, le soleil d’été qui réchauffe les cœurs, les bourrasques et les pluies mélancoliques de l’automne, les fêlures et les derniers regrets de l’hiver… A elles dix, elles sont toutes les saisons de la Vie.



Elles sont l’innocence du nouveau-né, les premiers émois de l’adolescence, les passions suspendues au coin des lèvres, les froides colères de la trahison, la gratitude envers celui qui n’est plus, les doutes de celles qui voudraient aimer autrement… A elles dix, elles sont toutes les amours du Monde.



L’institut, c’est leur Pays des Merveilles à elles… Entre les mains d’Alice, emplies d’une douceur protectrice, elles s’abandonnent, se laissent bercer, se confient… Et se referment alors les cicatrices de la Vie, le temps d’une caresse éphémère tatouée sur leurs peaux meurtries…



Elles sont dix et seront presque toutes là ce soir… Seule 𝗘𝘃𝗲 manquera à l’invitation… Avant de s’en aller vers l’Au-delà, l’Eden était sa maison… Et sa lettre, « 𝗹𝗮 𝗹𝗲𝘁𝘁𝗿𝗲 𝗱’𝗘𝘃𝗲 », sera le lien qui unira ce soir toutes ces femmes…



▫️▫️▫️



Isabelle Desesquelles est mon auteure préférée. Avec sa prose imagée chargée d’émotions, elle m’avait arraché le cœur avec son magnifique Je voudrais que la nuit me prenne. Dans un style plus direct, avec des mots qui cognent dur, elle m’avait également emporté sur Unpur et Les âmes et les enfants d’abord. A chaque fois sur des thématiques saignantes : la perte d’un enfant, l’enfance violée, la pauvreté…



Avec Les hommes meurent, les femmes vieillissent, Isabelle Desesquelles s’adresse à toutes ces femmes qui ont été amoureuses un jour. A celles qui fidélisent leurs amours, s’accrochent, s’enfuient, trompent, sont trompées, s’abandonnent, se cachent, les vivent à en mourir…



Un roman choral qui vous parlera également ouvertement de sexe, du temps qui passe, des relations intergénérationnelles et des liens familiaux… Un livre où les hommes n’ont pas la parole. Et ma foi, c’est bigrement réussi !





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Je voudrais que la nuit me prenne



Clémence,



Petite étoile,



Tu souris à la vie... Tu as huit ans... La vie devant toi... Tu la vis et la croques à pleines dents cette vie... Tu vis des câlins de tes parents, de leurs bras aimants... De pains au chocolat, le dimanche, sous les draps... Tu vis de lâchers de ballons, ceux avec une adresse et un bout de ficelle, qu’on offre au ciel pour se faire de nouveaux amis à l’autre bout du pays... Tu vis de sauts à deux pieds dans les flaques d’eau, après une pluie d’été... Tu vis pour les bisous de Trottinette et pour ceux de Just... Un jour, quand tu seras grande, tu lui donneras de beaux enfants.. Tu as tous les matins de ta vie pour cela... Tu as tant à découvrir et elle a tant à t’offrir !



Tu as en toi l’innocence de l’enfance et l’angoisse de demain, quand tu seras grande... C’est comment quand on est grand, Papa ?



Tu aimerais aller faire un tour au bout du ciel... Y compter les étoiles... Elles te fascinent... Elles t’inondent de leur lumière, pourtant déjà mortes aux confins de l’Univers... C’est pour ça que les humains morts ils vont dans le ciel, pour continuer à vivre ? Et ils sont joyeux là-haut hein, Papa ? Tu t’ouvres à la Vie et tu questionnes la Mort...



Et puis...







Une magnifique écriture que nous offre là Isabelle Desesquelles... Un livre vibrant, émouvant, chargé de poésie, d’émotions, de sourires, de rires d’enfants, de frissons, de tristesse, de colère et de cris dans la nuit... Un livre qui marque au fer rouge, un livre qui vous ouvre le ventre et ravive des blessures enfouies... Un livre qui questionne sur la Vie et la Mort, sur le regard des autres, sur le temps qu’il est important de consacrer à ceux qu’on aime... Un merveilleux bonheur...



Un livre précieux, qui m’a été très gentiment offert. Je profite donc de ce billet pour te remercier si tu me lis :)

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UnPur

Une mère en vacances en Italie avec ses deux jumeaux Benjamin et Julien. Les deux gamins jouent sur la place, s’interpelant par leur prénom tandis qu’un pervers surveille à la recherche d’une proie. Il repère très vite le jumeau qui est un peu plus fragile et qu’il peut attirer à l’écart.



L’auteure décortique tous les processus caractérisant les pédophiles : perversion, perversité, manipulation, chantage de toutes sortes, allant jusqu’à faire de lui un complice pour les futures proies.



Elle évoque aussi le voyage dans l’imaginaire : est-il vraiment aller à l’autre bout du monde ? Se reconstruire après avoir été à ce point déstructurer ?



Un roman choc ! qui montre que Isabelle Desesquelles a bien étudié tout le mécanisme qui fait la force de ces pervers monstrueux et leur permettent d’avoir une telle emprise sur leurs victimes.



Il y a des détails glaçants qui perturbent cette lecture, à la limite de la suffocation (on n’est pas du tout dans l’apnée qu’on peut éprouver avec un bon polar) et qui ont eu du mal à passer. Je suis arrivée au bout et cela valait vraiment le coup.



Le choix de la gémellité n’est pas une lubie de l’auteure.



#Rentreelitteraire2019 #NetGalleyFrance
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Je voudrais que la nuit me prenne

Un coin isolé dans l'Aubrac.

Un trio fusionnel : un couple d'intellos bohèmes et leur fillette.

Le papa est l'instituteur du village, aimé de tous - on pense à 'La Gloire de mon père', même si l'époque n'est pas la même.

La maman est 'toute folle' (sic) : « (...) et paf, ma mère se fissurait, on ne savait pas pourquoi. Ça me mettait par terre et je me tenais à l'écart, de toute façon elle n'avait pas envie que je sois là (...). [Ma grand-mère] comparait sa fille à un plancher plein d'échardes, fallait faire attention où on mettait les pieds. Ou à une pomme de pin, elle s'ouvre, elle se ferme, elle s'ouvre, elle se ferme. Une drôle de météo. »

Et là, effroyable souvenir de 'En attendant Bojangles' (O. Bourdeaut), où l'on prétend vivre comme une fête la folie d'une mère, d'une épouse.



Puis la fillette...



Dans cet entre-soi sclérosant comportant moult descriptions de la sexualité du couple parental, une seule ouverture (tout aussi ennuyeuse) : la contemplation de la nature.



De cette auteur, j'avais beaucoup apprécié 'Les hommes meurent, les femmes vieillissent'. En attendant la parution de 'UnPur', je me suis offert ce roman paru en 2018, comme une petite gourmandise apéritive.

Je n'ai plus faim, j'ai la nausée, d'ailleurs il me reste quarante pages pour terminer, et je ne sais pas si je les lirai un jour tellement ce récit m'ennuie et me dérange.
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UnPur

Je remercie les éditions Belfond ainsi que BABELIO pour leur confiance.





Isabelle Desesquelles a obtenu le "Prix Femina des lycéens 2018" pour son livre "Je voudrais que la nuit me prenne". Elle a aussi fondé une résidence d'écrivains, la maison de Pure Fiction. "UnPur" est le titre de son tout nouveau roman à paraître le 22 août 2019. "UnPur" peut s'entendre aussi comme impur, c'est à dire se qui est contaminé, mauvais ou immoral. Ce double sens est une clé d'interprétation de ce livre absolument sublime, traitant d'un sujet difficile, celui du viol et de la séquestration d'un enfant. Benjamin a huit ans. Il n'a pas de papa mais une maman actrice, belle, toujours en décalage par rapport à notre monde. Une maman, Clarice, qui aime follement ses deux enfants qu'elle appelle affectueusement Benjaminquejetaime et Julienquejetaime. Julien est le frère jumeau de Benjamin. Isabelle Desesquelles écrit quelque chose de profondément beau sur cette mère : "La fêlure d'une mère, elle est votre blessure à vie". Benjamin, Julien et Clarice sont à Venise en Italie, en vacances. Ils sont ensemble, ils s'aiment mal mais ils s'aiment et c'est tout ce qui compte au fond. Un instant d'inattention et voilà Benjamin enlevé par un homme, celui qu'il surnommera le "Gargouilleur". A Bari, dans la maison de son ravisseur dans laquelle vit également une femme, l'enfant est abusé, violé selon le bon vouloir de ce tyran pédophile. Pendant cinq longues années, Benjamin vivra l'horreur, l'insoutenable, l'indicible. Il n'est qu'un tout petit et il a les deux pieds en enfer.. le narrateur n'est autre que Benjamin et il s'adresse à une personne en particulier que je vous laisse le soin de découvrir. Isabelle Desesquelles use d'une écriture pleine de gravité mais aussi mêlée de touches de poésie, d'une sensibilité et d'une grâce folle. L'histoire est tragique comme cet enfant qui ne veut surtout pas devenir ce que son ravisseur souhaite faire de lui.. un être "impur".. L'imagination est le terreau fertile où il peut s'évader et s'imaginer une vie.. mais comment survivre à l'innommable, à ce qui détruit en soi la plus petite parcelle d'innocence, comment grandir quand en soi on sent vaciller la petite flamme de l'enfance, quand à côté de soi on ne sent plus la présence chaleureuse d'une maman, mais bien plutôt l'haleine rance et le souffle court de celui qui tue, saccage ce qui devrait être viscéralement un sanctuaire, à savoir l'enfance. Cet être écorché vif, brûlé par la flamme incandescente de la culpabilité sait très bien que, comme l'écrit magnifiquement Isabelle Desesquelle, "La vérité, on en fait ce que l'on veut, ce que l'on peut. On fait avec. Elle est une guimauve que l'on étire. On la tord, et elle prend toutes les formes, revêt l'apparence qu'on lui donne". C'est le premier livre que je lis d'Isabelle Desquelles et j'ai trouvé son écriture, ineffable, délicate et mélancolique. J'ai songé pour la signification du titre au recueil de poésie, "Les Rayons et les Ombres", publié en 1840, Victor Hugo écrit ceci de très beau : "L'enfant, c'est un feu pur dont la chaleur caresse ; c'est de la gaieté sainte et du bonheur sacré, c'est le nom paternel dans un rayon doré ; et vous n'avez besoin que de cette humble flamme pour voir distinctement dans l'ombre de votre âme." C'est cette pureté, cette innocence qui est saccagée par ce monstre. Un roman très sombre qui m'a bouleversé.


Lien : https://thedude524.com/2019/..
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Là où je nous entraîne

Alors qu’elle lit un roman où la mère de l’héroïne, malade finit par guérir, voilà que dans la réalité, la petite fille apprend l’hospitalisation de sa propre mère et la réalité fait irruption dans la fiction. Devenue adulte, l’enfant qui est en fait l’auteure elle-même, revient sur cette maladie, ce qu’on leur a caché à elle et à sa sœur, car cet épisode a marqué son existence et elle ne parvient pas à se pencher sur son histoire.



Il s’en suit un retour à la fiction, l’auteure nous proposant de découvrir l’histoire d’une famille : Louis, sa femme Zabé et ses deux filles Rachel et Pauline qui vont vivre eux-aussi un drame. C’est un couple assez original, Louis féru de chasse et de course à pied, Zabé plongée dans ses traductions des œuvres d’auteurs russes, notamment Tolstoï qu’elle vénère, allant jusqu’à transformer son lit en bureau.



Un jour Louis découvre un secret de Zabé et rien ne va plus. Il crie tout le temps, insulte son épouse, devant les filles. Elle ne l’appelle désormais plus papa mais Luiii. Zabé disparaît un jour et cette absence va donner lieu à des cogitations chez les filles.



Isabelle Desesquelles choisit de nous présenter un double récit, l’histoire de cette famille, et en parallèle ses souvenirs d’enfance ou ce qu’il en reste, ce qui n’a pas été censuré, deux récits en miroir, qui finissent par s’entremêler très vite, pour ne faire plus qu’un. Une phrase dans le livre résume bien le désir de l’auteure :



Ce qui est arrivé, je veux l’écrire. Même mon roman me le réclame, je le savais avant de commencer. La fiction ne suffit plus.



Elle évoque, l’absence, la disparition, la mort, le suicide, et les répercussions sur la famille, la culpabilité de l’enfant, qui se demande ce qu’elle aurait pu faire pour éviter la mort de la mère. Elle aborde avec talent et sensibilité, les dégâts sur les enfants quand il manque un des parents et qui l’autre devient un autre qu’on croyait connaître mais qu’on ne connaît pas vraiment, la recherche de l’amour à tout prix, les troubles du comportement alimentaires, ou autres addictions pour combler ce vide de l’absence.



L’auteure joue sur ce double récit en proposant une présentation spéciale : double police d’écriture, petits caractères pour l’une gros caractères pour l’autre. Choix douloureux pour la lectrice que je suis, car mes problèmes visuels n’ont pas goûté l’aventure, en version électronique il m’a fallu sans arrêt faire des réglages ce qui a perturbé la lecture. C’est plus être plus facile en version papier.



C’est un roman plein de sensibilité, pour évoquer des thèmes difficiles, avec des termes précis bien choisis, une belle écriture, que j’ai pris le temps de déguster car l’auteure déclenche une réflexion intense chez le lecteur. C’est le deuxième livre de l’auteure que je lis, après avoir découvert en 2019 « UnPur » qui m’avait fait déjà une grosse impression.



Un grand merci à NetGalley et aux éditions J.C.Lattés qui m’ont permis de découvrir ce roman et de retrouver le style si particulier de son auteure.



#Làoùjenousentraîne #NetGalleyFrance


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Je voudrais que la nuit me prenne

La vie d'une gamine de huit ans dont le papa instituteur et sa 'Maman toute folle' sont parti se mettre au vert en Aubrac, Racine à la place d'une télé.



J'ai eu un plaisir fou à lire ce premier quart du bouquin, comme écouter du Brégovic, tellement beau que t'as les yeux qui mouillent.



L'après 8 ans pourrait trouver écho chez qui a perdu un enfant, des jolies phrases un peu tristes qui tournent en rond, l'amour des parents en souffrance, amour qui se délite...



C'est fort bien écrit mais je ne suis pas trop amateur de ce genre de 'psaume'.

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