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Critiques de Isla Morley (97)
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Le vallon des lucioles

Une sublime histoire d'amour alliée à un véritable hymne à la différence et à une ode à la nature composent ce roman inoubliable.

Pour vendre son idée de New Deal qui a pour objectif de soutenir les couches les plus démunies de la population, est créée, en 1937, par le Président Roosevelt, la Farm Security Administration ( FSA). Dans le cadre de ce programme de soutien, deux jeunes photographe et journaliste Clay Havens et Ulys Massey sont envoyés dans un coin reculé des Appalaches, pour rapporter « des images et des récits sur des gens dans le besoin et qui souffrent ». C'est dans la gare délabrée de Chance, petite bourgade de l'est du Kentucky, de moins de trois cents habitants, que le train les dépose. Tout en buvant un coup au café du village, ils tentent d'établir la conversation avec les trois jeunes hommes présents et au cours de la discussion, l'un d'eux lâche que l'une de leurs rares distractions est « la chasse au raton bleu ». Il lui est aussitôt dit de la boucler.

Nos deux reporters finissent par en savoir un peu plus et Havens explique à Massey ce qu'il pense « les ratons bleus, ça désigne des gens, mais pas des Noirs, je crois, et d'après ce que j'ai compris le fils du maire leur cherche des noises ». Ayant appris que ces gens vivaient au fond du vallon des lucioles, ils n'ont plus que cet objectif en tête, aller à leur rencontre.

Après un long cheminement et s'être frayés un passage à travers d'épais taillis, bien que tentés de faire demi-tour, ils persévèrent et Havens découvre alors à travers les feuillages, au bord du ruisseau une jeune femme splendide à la belle chevelure rousse et elle a manifestement... la peau bleue. Cette rencontre avec Jubilee va bouleverser à jamais la vie du jeune homme.

Le Vallon des lucioles est avant tout un roman d'amour poignant, d'une très grande beauté esthétique et d'une grande sensualité. La vie simple et rustique, très proche de la nature que mène Jubilee et sa famille pourrait être idyllique si elle était choisie et pas sans arrêt dans la crainte d'actions racistes.

Avec ce roman, inspiré d'une histoire vraie qui a ébranlé l'Amérique, Isla Morley montre comment l'amour doit être fort pour arriver à vaincre les barrières raciales et les préjugés enracinés, comment il peut être difficile de convaincre jusqu'à sa propre famille.

Qui dit racisme, dit malheureusement, la plupart du temps violence et celle-ci n'épargnera pas nos héros et sera souvent à la limite du supportable.

Cette terrible et ô combien passionnante histoire se déroule sur deux périodes, principalement en mai 1937, au moment du reportage et des faits qui en découlent et en septembre 1972 avec une rencontre entre Havens et un visiteur non prévu.

J'ai trouvé intéressant et instructif, de situer l'aventure à cette époque, permettant ainsi de rappeler la politique mise en place alors pour lutter contre les effets de la Grande Dépression aux États-Unis. de même, il est fait allusion au boom économique arrivé dans de nombreuses villes de l'est du Kentucky, peu après la guerre de Sécession, avec l'exploitation minière et le chemin de fer, puis la récession lorsque les ressources du sous-sol se sont taries.

Je me suis également familiarisée avec la méthémoglobinémie, cette mauvaise oxygénation du sang, dont les symptômes sont une peau bleutée et dont certains membres de cette famille Buford sont atteints.

Mais ce sont avant tout les messages d'amour, de tolérance et de paix véhiculés par ce bouquin qui m'ont bouleversée et conquise sans oublier cette ode à la nature et à la photographie. Difficile de ne pas être écoeuré par cette presse à sensation dont le rôle est primordial dans cette épopée.

Le Vallon des lucioles de Isla Morley, née en Afrique du Sud et installée aux États-Unis est son premier roman à paraître en France, un roman de grande délicatesse, qui va crescendo et m'a réservée de stupéfiantes surprises. Je remercie les éditions du Seuil et Babelio pour m'avoir permis de le découvrir. Nul doute qu'il devrait rapidement faire la conquête des lecteurs !


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Le vallon des lucioles

En 1937, le journaliste Ulys Massey et le photographe Clay Havens parcourent le Kentucky à la recherche d'un sujet de reportage. Les habitants d'un village isolé des Appalaches leur signalent une famille à la peau bleue, discrètement installée au coeur de la forêt. Alléchés par le scoop, les deux hommes se retrouvent rapidement face à un dilemme : oseront-ils révéler au monde l'existence de ces gens, qui tentent tant bien que mal de se faire oublier pour échapper aux persécutions de leurs voisins ? le cas de conscience dépasse bientôt Clay, tombé amoureux de la fille aînée Jubilee…





L'auteur s'est inspirée d'un fait réel pour imaginer cette histoire. A partir de 1800 et pendant près de deux cents ans en effet, une famille vivant en vase clos dans les collines du Kentucky s'est transmise, de génération en génération, le gêne de la méthémoglobinémie qui, par un défaut d'oxygénation du sang, bleuissait leur peau sans autre signe clinique. L'explication génétique et le remède ne furent trouvés que dans les années soixante, laissant dans l'intervalle ces hommes et femmes bleus dans une situation d'extrême isolement moral et social.





C'est ce dernier aspect du sujet, développé avec la même violence qui sévit alors largement contre les Noirs dans une Amérique raciste aux préjugés ancrés, qui constitue l'intérêt majeur du roman. La communauté villageoise réagit avec toute sa peur d'une différence inexpliquée et n'hésite pas à exprimer sa haine dans d'indicibles déchaînements. Ne reste à Jubilee et aux siens que la discrétion d'un effacement au sein d'une nature foisonnante, évoquée avec lyrisme, notamment au travers des prises de vue d'un photographe qui nous fait partager sa passion de l'image. Le récit est aussi l'occasion d'un embryon de réflexion sur le rôle des media et le droit à la discrétion. Dommage toutefois que la romance, si jolie soit-elle, vienne globalement trop s'imposer, volant quasiment la vedette aux thèmes de fond de ce livre, et les noyant dans un déluge de bons sentiments.





Le vallon des lucioles est au final une lecture agréable et prenante, sur un sujet original et intéressant, malheureusement traité sur un mode trop complaisamment romantique pour convaincre totalement.


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Le vallon des lucioles

Un grand merci à Babelio et aux Éditions du Seuil qui , une fois de plus , m'ont permis de découvrir, en avant première, le roman " le vallon des lucioles " , un roman qui devrait recueillir l'adhésion de nombreux lecteurs malgré quelques " imperfections " sur lesquelles je reviendrai .

L'histoire est assez simple , deux amis , le journaliste Ulys Massey et le photographe Clay Havens se rendent à Chance , petite bourgade de 300 âmes dans le Kentucky , pour enquêter sur la façon d'apporter de l'aide aux personnes en souffrance . Au village , toute la population s'est liguée contre une famille , les Buford , exilés et vivant en quasi autarcie dans " le vallon des lucioles " . Leur crime ? La peau de deux de leurs enfants est...bleue . Il s'agit là d'une anomalie génétique mais on est loin de ce genre d'analyse au fin fond d'un village du Kentucky en 1937 où il est plus simple de parler de sorcellerie et de susciter la haine et le rejet d'autant plus aisément que la seule justice reconnue est celle du shérif...et le shérif , vous verrez bien...

Les deux amis , intrigués et " flairant " le reportage " sensationnel " , le " gros coup " , partent à la rencontre de cette famille " singulière " ...Et ce qui devait arriver ....arriva. Mais pour savoir ce qui " arriva " , il vous faudra tourner les pages . Sachez que vous allez vivre une belle histoire d'amour ( pas vous , hein , certains personnages du livre...) dont on aimerait parfois que les protagonistes soient moins " timides " , plus déterminés , une deuxième histoire d'amour ( avec des personnages différents...) dramatique certes , mais rassurante quant à la force du dit amour contre la " bêtise humaine " , des scènes atroces et tellement injustes de violence raciste , la douleur d'une famille face à la mort d'un enfant , l'espoir donné par la science quant à certaines pathologies , le rejet puis le respect de l'autre , au delà des différences..Enfin , un décor de rêves que "ce vallon des lucioles " une nature végétale et animale omniprésentes dans laquelle on va évoluer en " pleine harmonie ," avec certains personnages

..Un roman riche de " bons sentiments " certes , mais pas non plus " monde des Bisounours " car le cheminement sera long jusqu'aux dernières lignes surprenantes du roman , un roman qui , sans être un " coup de coeur " m'a tout de même fait passer un très bon moment de lecture et m'a parfois surpris agréablement par des situations auxquelles je ne m'attendais pas forcément.

Par contre , et c'est bien dommage , il me semble que le style n'est pas vraiment " à la hauteur " . Les ingrédients sont là mais " le cuisinier " ne les travaille pas avec suffisamment d'amour , de sensibilité , d'enthousiasme . Il s'agit bien entendu d'une traduction mais je crois que syntaxe et lexique auraient pu subir un meilleur sort , la langue francaise est tellement riche de beaux mots à assembler harmonieusement ... Deuxième point qui m'a un peu gêné , la lenteur de la première partie . Certes , nous sommes en 1937 , certes les amoureux sont timides , certes le poids de la famille , les préjugés ....mais c'est un peu ..long par moments ( alors qu'on sait très bien comment tout ça va finir , hein ? ) .La seconde partie , fort heureusement , sera plus " enlevée " et dotée de nombreuses péripéties.

Voilà mon opinion , rien que mon opinion , mais toute mon opinion ...C'est un roman que j'ai lu avec plaisir , je me suis " attaché à certains personnages " avec qui j'ai traversé des épreuves , après tout , ce n'est déjà pas si mal puisque c'est la fonction première du roman que de nous emmener dans " un ailleurs " pour " vivre autre chose " .

Et dire qu'à ma première lecture du résumé j'ai cru à une " nouvelle aventure " des Schtroumpfs " , que j'adore par ailleurs . Non , ici , la maladie de " la peau bleue " elle existe , c'est une déficience de la composition de d'hémoglobine et ...elle se soigne ...du moins c'est ce qu'on apprend dans le livre.
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Le vallon des lucioles

Je remercie Masse Critique et les Editions du Seuil pour l’envoi de ce roman.

Hélas, j’ai bien peur de ne pas être d’une grande aide pour sa promotion. Traiter de la discrimination sous un angle différent était pourtant un pari alléchant. Je pensais trouver dans ce livre une allégorie de la discrimination sous toutes ses formes grâce à l’utilisation de personnes au teint bleu. C’est ce que semblait promettre la quatrième de couverture.



Peut-être mon choix a-t-il été biaisé par ce que j’espérais y trouver, mais en fait de fable éducative et enrichissante je n’ai reçu qu’une bluette (pas pu m’empêcher) à deux euros.

L’histoire d’amour censée être fabuleuse est somme toute banale comme la plupart des histoires d’amour, il n’y a guère que les intéressés pour trouver leur expérience hors du commun.



Bon ça encore ce n’est pas bien grave, mais l’angle d’attaque de l’auteure concernant la discrimination est consternant.

Il s’agit de personnes ostracisées pour leur couleur de peau, ça vous dit quelque chose n’est-ce-pas ? Ces personnes vivent à l’écart de la ville avec pour seuls voisins leur famille et des Noirs relégués ici pour la même raison, mais dont le sort en matière de discrimination n’est absolument pas abordé, c’en est troublant tant le parallèle semblait évident.

Elle parle également de personnes de la ville qui sont atteintes de handicaps et qui sont maltraitées de différentes façons, mais là encore rien de choquant pour elle. C’est le bleu qui compte, rien que le bleu.

Quand on pense à la somme de vexations, d’humiliations, de rejets, de haine, de violences gratuites faites à toutes les personnes différentes, que cela soit par leur couleur, leur sexualité ou leur(s) handicap(s), que nous apporte-t-elle de nouveau avec cette tragédie bleue ?



Rien, rien de rien, et c’est bien là mon problème. C'est tout pareil. Il en va de même partout à travers le monde pour toutes les personnes qui sortent des cases bien dessinées par notre société moderne en technologie mais rétrograde en humanité. J’ai l’impression d’avoir perdu Montand oups mon temps, ils sont tous les deux morts.



J’ajoute que, pour ma part, l’écriture est d’un niveau médiocre. Le roman est bourré de métaphores niveau CM2 qui ajoutent des lignes gratuitement et permettent de faire un livre avec un fait divers qui tient sur deux pages. La version anglaise est peut-être meilleure. J’en doute car même une traductrice talentueuse ne peut transformer une citrouille en carrosse, cependant si je compte le nombre d’outrages faits à la langue française, je soupçonne cette dernière de ne pas être une fée.



Bref, bref c’est décidé, le livre atteint péniblement 2 petites étoiles et c’est parce que je suis sympa (comment ça non ?)



Merci encore à Babelio et au Seuil, il s’agit pour moi d’une incompatibilité de style, mais je suis sûre que ce livre saura trouver son public.

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Le vallon des lucioles

En 1937, deux jeunes hommes, sont envoyés dans le cadre du New Deal, réaliser un reportage dans un endroit très isolé des Appalaches.

Heavens est photographe et Massey , journaliste.

Ayant entendu l'expression "raton bleu"lors d'une discussion avec quelques autochtones, , ce dernier flairant un bon article, presse Heavens de l'accompagner. Et ce qu'ils découvriront va dépasser leur entendement.

[ D'ailleurs, le mien aussi ! ]

Un frère et une soeur, littéralement BLEUS, vivant complètement à l'écart de la ville, afin de se protéger de la méchanceté de certains habitants .

Piqué par un serpent, Heavens va être soigné par la famille, tisser des liens avec Jubilee, la splendide jeune fille dont il va très vite tomber amoureux. Massey, lui, ne voyant dans cette hospitalité qu'une occasion d'inspirer confiance afin de décrocher LE scoop, et ainsi lancer leurs carrières.

Hymne à la différence, racisme, intolérance, drame humain, nature , ruralité, photographie, et surtout : une magnifique histoire d'amour, voilà ce que vous trouverez dans ces pages sur deux temporalités : 1937 et puis 1972 (lorsque Heavens ,un peu plus âgé, recevra une visite...

C'est l'histoire d'un coup de foudre, et j'ai presque envie de parler d'apprivoisement, de fascination...

Deux mondes qui se télescopent ..

La sensation première que j'ai ressentie tout du

long, c'est l'étonnement...

Etonnement , parce que je n'avais jamais entendu parler de personnes bleues, malgré toutes mes lectures américaines. Etonnement parce qu'inspirée de faits réels.

Je pense que c'est à cause de cela que je n'ai pas réussi à rentrer complètement dans cette histoire , je n'ai jamais dépassé cette sensation.

De très belles choses pourtant sont à retenir : des personnages très touchants, une nature presque virginale et puis , la vision d'une Amérique sous un angle différent...



Un grand merci aux Editions du Seuil, et à Babelio pour cette découverte et bravo pour cette magnifique couverture si bleue...
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Le vallon des lucioles

Je remercie chaleureusement les Éditions Du Seuil ainsi que Babelio pour cette lecture et leur confiance !



« Le Vallon des Lucioles » est le tout premier roman à paraître en France, aux éditions Du Seuil, de l’auteure Isla Morley. Elle vit aujourd’hui aux Etats-Unis. Si je devais oser une comparaison littéraire avec un autre livre, je vous citerais volontiers le formidable « Là où chantent les écrevisses » de Delia Owens paru, toujours aux éditions Du Seuil, l’an dernier. Isla Morley signe un roman envoûtant dans la lignée de Delia Owens mais avec, bien évidemment, ses propres qualités d’écriture. C’est un roman qui prend de l’ampleur au fur et à mesure que le récit se déploie. Une histoire, je dirais un hymne à la sensibilité , à la différence et une belle critique du racisme. C’est à la fois lumineux et mélancolique, même dramatique. A l’image de sa couverture et de son titre si poétique, on se glisse tout de suite dans la peau des deux êtres solaires qui seront au cœur d’une histoire d’amour inoubliable. « Le Vallon des Lucioles » nous projette à deux époques différentes : en mai 1937 et en septembre 1972. En septembre 1972 justement, Clayton Havens soigne des animaux blessés. C’est un vieil homme qui n’aime pas être importuné, dans sa propriété à l’écart de la petite ville où il vit. Mais voici qu’un jeune homme se présente en voiture et souhaite questionner Clayton Havens sur une femme qui s’appelait Jubilee Buford. Havens est en colère, qui est-il pour fouiller ainsi le passé ? Mais c’est plus fort que lui, ses souvenirs le ramènent en mai 1937 dans le Kentucky. Clay Havens et son ami Ulys Massey sont alors deux jeunes photographe et journaliste qui sont envoyés pour vanter le New Deal et réaliser un reportage sur un endroit reculé des Appalaches. Ils arrivent ainsi dans la petite ville de Chance, ravagée par la crise économique. Chose curieuse, tous leur déconseillent d’aller au vallon des lucioles où vivent les « ratons bleus » comme certains les appellent méchamment. Clayton et Massey, décident, malgré tout, de s’y rendre en empruntant un chemin qui les mènent en pleine forêt. Soudain, ils s’arrêtent stupéfaits : une jeune fille est là près d’un point d’eau, elle est magnifique et elle a la peau bleu. Elle s’appelle Jubilee Buford. Dès qu’elle aperçoit les deux étrangers, elle s’enfuit et les sème emmenant, sans le vouloir, Havens, dans un endroit dangereux, où il est piqué par un serpent. Gravement touché à la jambe, il se réveille le lendemain chez Del et Gladden Buford, les parents de Jubilee. Il y a aussi sa petite sœur Willow May et le frère aîné de Jubilee, Levi. Levi et Jubilee sont les seuls à avoir la peau bleu. Ils sont l’objet du courroux et du rejet du révérend Tuttle et maire de Chance ainsi que d’une bonne partie de la ville. Ronny, fils aîné du révérend Tuttle est particulièrement haineux et raciste. Il saccage régulièrement les cultures de Buford sans que le shérif local ne lève le petit doigt. En 1899, une épidémie fait succomber un tiers de la population de Chance. On fait courir la rumeur que c’était la faute des bleus, ancêtres des Buford. Depuis, ils vivent reclus au vallon des lucioles, cet endroit sauvage et mystérieux. Les chapitres alternent entre le regard de Jubilee et celui de Havens. Dès leurs premiers regards échangés, Jubilee et Clayton sont irrésistiblement attirés l’un envers l’autre. Leur apprivoisement mutuel est très romantique, beau. Mais Massey veut faire un article et prendre des photos de Jubilee pour faire la une des magazines et journaux. Au loin, les rumeurs abondent. On aurait vu Levi et Sarah ensemble. Sarah est la fille du révérend Tuttle et la sœur de Ronny. La haine de ce dernier et sa jalousie grandissent. Jusqu’au drame.. Un récit enivrant sur l’émancipation, la résilience, l’amour, le rejet de l’autre, la haine aveugle, les préjugés sur la couleur de peau. Difficile de ne pas succomber à cette histoire, véritable page turner qui va vous tenir en haleine jusqu’au dénouement final. Qui est ce jeune homme visitant Clayton en 1972 ? Jubilee et Havens pourront-ils s’aimer librement ? La folie et la haine des hommes sont sans limite. Mais il y a aussi l’amour qui renverse les montagnes. Profondément émouvant, parlant de tolérance avec une grande justesse, je vous recommande « Le Vallon des lucioles » de Isla Morley, aux éditions Du Seuil, à paraitre le 4 mars dans toutes les bonnes librairies. Un roman qui agit tel un baume sur les cœurs endoloris.
Lien : https://thedude524.com/2021/..
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Le vallon des lucioles

En 1937, pour promouvoir le politique du New Deal du président Roosevelt, la Farm Security Administration envoie des binômes photographe/journaliste aux quatre coins des Etats-Unis. Il s'agit de montrer l'Amérique profonde dans toute sa misère afin d'inciter les donateurs à délier les cordons de leurs bourses. Pour Clay Havens, le photographe détenteur d'un Prix Pulitzer et Ulys Massey, le journaliste, ce programme est une aubaine pour se refaire une santé financière et, pourquoi pas, trouver LE sujet qui les rendra célèbres. Envoyés à Chance, Kentucky, petit village des Appalaches, les deux hommes ont vent d'une activité très secrète pratiquée par la population locale : la chasse aux ratons bleus. Plus qu'intéressés, Havens et Massey décident de creuser l'affaire et se rendent dans le vallon des lucioles. C'est là que vivent les Buford, une famille stigmatisée, ostracisée, persécutée car certains de leurs membres naissent avec la peau bleue. Tandis que Massey jubile à l'idée de tenir le scoop de sa vie, Havens rechigne à exposer la vie de cette famille dans un journal. Il faut dire qu'il est irrémédiablement tombé sous le charme de Jubilee, la fille bleue des Buford.



Même si c'est, a priori, très surprenant, le vallon des lucioles est un roman basé sur une histoire vraie, celle de la famille Fugate dont certains membres étaient atteints d'une maladie du sang, la méthémoglobinémie qui donne à la peau une couleur bleutée.

Evidemment, ce qui est différent effraie, ce qui effraie provoque la défiance, voire la haine. Les Fugate vivaient isolés et se mariaient entre eux, continuant ainsi de transmettre le gène défectueux.

Sous la plume d'Isla Morey, les Fugate deviennent les Buford, une famille que ‘'ceux de la bonne couleur'' ont relégué au fin fond d'un vallon. Ils portent malheur, ils sont enfants du diable et on peut les insulter, les pourchasser, les torturer, les tuer même, sans que la police ou la justice lèvent le petit doigt. le livre a le mérite de nous faire découvrir cette famille et leur étrange particularité génétique. Mais l'action est très lente à s'installer, une grosse première partie frôle l'ennuyeux. Si l'on comprend bien qu'ils sont victimes de la haine et du racisme des blancs, l'accent est surtout mis sur la romance qui naît entre Jubilee et le photographe, Clay Havens. Et cette romance, mièvre au possible, est en plus desservie par une écriture sans intérêt. Traduction approximative ou auteure peu inspirée ? Un peu des deux sans doute. Certaines phrases doivent être lues et relues pour être comprises et les parties consacrées à Jubilee sont navrantes. La jeune fille affiche vingt-trois printemps mais par moment on a l'impression qu'elle en a douze tant ses paroles sont niaises.

Bref, une fois la première partie passée, la narration prend de l'ampleur et enfin on rencontre un peu d'action. Mais c'est presque trop tard…

Avec ces drames, ses amours impossibles et ses bons sentiments, le vallon des lucioles aborde des thèmes multiples comme la résilience, la rédemption, l'étique journalistique et bien sûr les préjugés, le racisme et la violence. le tout manque de nuances mais on retiendra de sublimes descriptions de la faune et la flore des Appalaches, la découverte des Bleus et une fin inattendue. A lire pour découvrir les Buford.



Un grand merci à Babelio et aux éditions Seuil.
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Le vallon des lucioles

Comme je le dis très souvent lors de mes critiques, Babelio est un vrai trésor littéraire. Grâce à ses membres bien sûr mais également grâce aux masses critiques qui nous permettent d’avoir le privilège de découvrir des livres que l’on n’aurait peut-être pas choisis en librairie.

Pour ma part, c’est le cas du roman d’Isla Morley « Le vallon des lucioles » reçu grâce à une masse critique privilégiée.



En 1937, le photograhe Clay Havens et le journaliste Ulys Massey sont envoyés par la FAS (Farm Security Administration) dans un coin reculé des Appalaches afin de réaliser un reportage.

Dans le cadre du New Deal créé par le Président ROOSVELT, ils doivent enquêter sur la meilleure façon d’apporter du soutien aux couches les plus démunies de la population. Après un long voyage en train, les deux hommes arrivent à Chance, typique bourgade du Kentucky de moins de trois cents habitants.



Partis à la rencontre de la population, les deux hommes découvrent assez vite que les habitants de Chance sont en « guerre » contre les Buford, une famille vivant en autarcie dans « le vallon des lucioles » au cœur de la forêt. Ils sont notamment la proie d’une « chasse au raton bleu » de la part d’une partie de la population. Très vite piqués par la curiosité, les deux hommes décident de partir en quête des Buford, dans l’espoir de trouver un sujet passionnant. Ce qu’ils vont découvrir va bouleverser à jamais la vie de Clay et stupéfier le pays entier : la peau des deux enfants est…bleue.



A travers l’objectif de l’appareil du photographe va se dévoiler Jubilee Buford, jeune fille splendide, à la chevelure rousse et à la peau teintée d’un bleu profond qui va fasciner et troubler au plus haut point Clay Havens.

Au fil des jours, leur rapprochement se dessine qui les conduira à une véritable histoire d’amour.



Mais c’est sans compter l’animosité des habitants de Chance qui méprisent et humilient les Buford dont le seul crime est d’être « bleus » au même titre que les noirs sont « noirs ». L’extrême violence n’est pas loin de les guetter.



C’est une description forte et sans concession de cette Amérique de la fin des années 30 en proie au racisme et aux préjugés que nous propose l’auteur Isla Morlay.



Mais « Le vallon des lucioles » est surtout un très beau roman qui conte l’histoire d’amour entre Jubilee Buford et Clay Havens, deux êtres dont les blessures secrètes vont les aider à dépasser leurs différences et les amener à s’apprivoiser, pour les conduire à un véritable coup de foudre. Grâce à une écriture emprunt d’empathie, de sensibilité et un zeste de sensualité, nous nous attachons à chaque personnage de l’histoire et les suivons doucement sur le chemin de ce vallon.



Malgré quelques petites lenteurs durant la première partie du livre, nous arrivons impatients à la fin du roman qui nous surprend avec quelques petites surprises.



Je sors vraiment enthousiaste de cette lecture qui je n’en doute pas va trouver de nombreux lecteurs et lectrices à sa sortie.

Je remercie donc Babelio et les éditions le Seuil de m’avoir permis de le découvrir.

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Le vallon des lucioles

Je vous invite à découvrir ce roman exceptionnel « le vallon des lucioles ». Il fait parti des romans aux facettes multiples, un roman où les plus poignantes intentions de l'auteur, Isla Morley, n'apparaissent qu'au fil des pages.



Premier thème # La photographie imprime une vision du monde.



L'histoire elle-même est d'une originalité époustouflante. Deux jeunes photographes Clay Havens et Ulys massey, sont envoyés en reportage dans les Appalaches, à la rechercher de minorités, comme une initiation au métier de photographe professionnel.



Cette mission deviendra l'oeuvre de leur vie, une Vie où la photo est un moyen privilégié pour témoigner. Les dernières pages consacrées aux livres édités par Clay Havens sont éloquentes.



" Pour les gens Havens avait saisi la détresse du peuple et donner un visage à la grande dépression et ces mêmes personnes attendaient qu'il produise plus de choses de cet acabit et non des photos minutieusement composées de champs en friches comme suggérés à la page 41.



Pour ceux qui aime la photo, cette expérience ou chaque cliché est important où chaque plan donne du sens, révèle des élément puissants de la vie, est minutieusement traduite par Isla Morley.

Derrière le travail du photographe, l'auteur dévoile une histoire d'amour étincelante de beauté et de lucidité.



Deuxième thème # Une histoire d'amour improbable, aux multiples rebondissements.



C'est à ce moment du livre que Havens découvre une jeune fille magnifique, Jubilee. Il y a de multiples choses dans le dédale des collines, il y a aussi cette jeune femme qui survole les rochers, traverse les ruisseaux, que personne ne peut rivaliser.



"Tu viens de te faire mordre Havens, par un serpent juste derrière toi ne bouge pas, page 79."

Après la morsure une terrible raideur a envahi la jambe gauche de Havens, tandis que le reste de son corps se ramollit. le père de Jubilee a fait un garrot sur la jambe pour empêcher le venin de circuler. Havens mettra des jours à s'en remettre ce qu'il a vu changera sa vie. La femme était bleue.



C'est un tout autre venin qui atteint le cerveau de Havens. Une lente invasion de scènes, d'impressions, de sueurs, de frissons qui circulent et s'agitent de méninges en méninges, tels des éclairs qui précèdent les claquements d'un tonnerre intérieur.



Sa vision du monde, a basculé dans le bleu. Jubilee enveloppe toutes ses pensées. Dans ce jeux de séduction qui suivra la convalescence de Havens. Jubilee échange se raconte, mais par clichés encore flous. L'appareil photo est comme un lien invisible entre eux, une façon de ne plus parler de la couleur de leur peau.



Troisième thème # un roman policier, une intrigue d'autant plus somptueuse, qu'elle met en cause les fondements de la démocratie.



Havens est accusé du meurtre de Levi le frère de Jubilee, amoureux de Sarah.

Qui est Sarah ?



Isla Morley projette un éclairage permanent de la vie de ce pays, qui accuse les minorités avant de savoir.



"Comment pourrais-tu m'aider ? Page 346". "Sarah ! C'est elle, pas vrai ?" "La maman de Jubilee l'attira vers elle et lui éructa à l'oreille", "je ne veux pas d'elle ici", "dit à cette fille qu'on ne veut pas d'elle ici c'est à cause d'elle si Lévi n'est plus là ".



Si le moutard est bleu comme son père, comment Jubilee pourra-elle le désenvoûter ?



Quel pays attribue aux élus des pouvoirs exorbitants, s'agissant surtout des minorités.

"Je ne possède même pas de pistolet dira t-il au shérif."



"Ne pas avoir d'alibi solide reste toutefois plus problématique aux yeux de la loi que de ne pas avoir d'arme à feu insiste le shérif page 431."

"Ici la police se résume à un homme unique arborant un insigne terni se fiant à son intuition et à sa profonde méfiance des inconnus qui selon moi sont des hommes sans réputation."



Quatrième thème # chers lecteurs vous êtes encore à deux longueurs de découvrir que la place des minorités est contestée, au point que certaines de ces minorités sont obligées de se cacher et de disparaître là ou il y a si peu de ressources, dans un lieu isolé de l'Amérique comme le vallon des lucioles.

Le passé de Jubilee remonte à la surface durant des heures qui s'étirent entre la tombée de la nuit et l'Aurore, " le monde des curiosités". Pour attirer le chaland sous le chapiteau où elle se trouvait, un portrait d'elle et des autres étaient peints sur de grandes toiles.

EST proclamée erreur de la nature,

IMPENSABLE !

Elle n'était pas pourchassée mais enfermée comme un animal attendu, que les badauds venaient scruter, fouiner, jusqu'à sa petite stalle, comme un nuage de sauterelles s'approchant d'elle, elle espérait que les bestioles trouvent un autre pré pour se gaver.



Jubilee apprend qu'Havens est revenu et a pris une chambre en ville, il va passer revoir Juilee. Ses mains tremblent devant celle qui lui conte sa vie, puis la mort de Levi, Rennie le frère de Sarah l'a tué.



Jubilee évoque devant Havens le monde des curiosités comme s'il savait comme s'il pouvait savoir à quoi elle a du s'abaisser. Pardon dit-elle, je ne peux pas rester longtemps, "c'est si merveilleux de pouvoir être ici avec vous, avoua t-elle page 369."





Conclusions # Aux termes de ce parcours, dicté avec une grande lucidité, sans emphase, sans en faire trop pour éviter que les messages ne puissent se diluer, je suis conquis et bouleversé par les personnalités des deux témoins de ce drame.

Sarah portait l'enfant de Lévi, le frère de Jubilee. Ronnie a-t-il tué poussé par sa propre haine ou par celle de son clan , celui des blancs blancs. Incapable de surmonter la loi de son clan, l'étranger est un loup pour l'homme.





Il fera parti des livres que je garderai précieusement pour le faire lire à mes petits-enfants pour qu'ils n'oublient pas que les minorités sont en danger.. Pour leur faire palper ces pages. Pour leur faire palper ces pages.

Qui est le porte parole de la démocratie, quels grands pays n'ont toujours pas signé la charte des Nations unies sur les droits des minorités, parfois appelés peuples autochtones.?



Rejoignant la Grande-Bretagne et l'Australie, ce sont les USA qui s'opposent à écrire un droit pour les minorités opprimées. Ils se réclament pourtant du drapeau de la démocratie et des droits de l'homme..
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Le vallon des lucioles

Havens, jeune photographe, et son ami Massey, journaliste, partent en reportage dans les Appalaches, une région reculée du Kentucky. Ce qu’ils vont découvrir s’apparente à une histoire fantastique, voyez plutôt : dans un hameau reculé vivent quelques familles dont certains ont la peau bleue. Rien de magique à cela, ce phénomène a été observé dans les années 30. Isa Morley s’est inspirée de la réalité de ces personnes atteintes de méthé¬mo¬glo-bi¬né¬mie, une défi¬cience dans la consti¬tu¬tion de l’hé¬mo¬glo¬bine qui donne à la peau une couleur bleu¬tée. Ce gène bleu se transmet de génération en génération, avec un risque accru du fait qu’ils se marient entre cousins à cause de leur autarcie.



Victime d’ostracisme de la part des gens de la petite ville, la famille Bufort a dû se réfugier dans les bois de la vallée des lucioles. Sur leurs trois enfants, deux arborent cette peau à la teinte bleue qui s’éclaircie ou fonce selon leurs émotions. Dès qu’il aperçoit la jeune Jubilee, Clay Havens tombe sous le charme de sa beauté azurée. « Les ombres, les courbes et la couleur l’ensorcellent ; il éprouve à la fois le désir de l’approcher et de la fuir pour l’oublier à jamais »

Malgré l’insistance de Massey, il ne peut se résoudre à la prendre en photo sans son accord. Massey, lui, ne pense qu’à cet article qui va le rendre célèbre, au risque de bouleverser la vie de cette famille qui vit cachée. Mordu par un serpent, Havens va être soigné chez les Bufort et ainsi, approcher la jeune fille craintive.



En ville, l’animosité est forte contre ces Bleus, surnommés « ratons bleus » et que l’on méprise et humilie au même titre que les noirs.

Le seul ami de Jubilee, c’est Chappy, un jeune noir un peu simplet qui veille sur elle. Quant à son frère Levi, aussi bleu qu’elle, il joue de la guitare et compose des chansons en cachette avec Sarah, la fille du pasteur.

Les conditions sont réunies pour faire naitre amours, jalousies et tragédies. Au-delà de l’ostracisme, c’est un racisme cruel et borné qui s’acharne sur les bleus, les privant de liberté. Ne peut-on vivre heureux parce qu’on n’a pas la bonne couleur de peau ? Pour les habitants peu instruits de cette petite ville reculée, ce bleu, c’est de la sorcellerie et, bien sûr, tout mariage mixte est proscrit, obligeant les familles de bleus à se marier entre eux. Les préjugés sont tenaces et on les accuse de porter malheur.

A travers les évènements qui vont se succéder, c’est le constat brutal d’un rejet de la différence et de la violence qui l’accompagne.



Avec beaucoup d’empathie, Isla Morley fait vivre des personnages attachants. On aime aussi les personnages secondaires comme la tante Soidi « Tout chez Soidi est gros. Elle a de grosses lèvres, une grande bouche, de grosses joues et des cheveux épais et hirsutes si elle ne les couvre pas d’un foulard… Mais ce qu’il y a de plus gros chez elle, c’est son cœur »

Cette histoire complexe à l’intrigue tendue est servie par une écriture fluide, poétique, d’un lyrisme parfois trop appuyé.

J’ai découvert ce roman envoûtant grâce aux éditions du Seuil et à Babelio que je remercie.

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Le vallon des lucioles

1972. Le vieil Havens refuse que quiconque vienne troubler son isolement et surtout pas un jeune homme qu’il prend à tort pour un journaliste. Il crie que le passé n’a nul besoin d’être déterré.

Ce passé, c’est celui de 1937 lorsqu’il est arrivé à Chance, minuscule bourgade du Kentucky. Avec son ami journaliste Massey, Havens devait y photographier des gens dans le besoin pour satisfaire au programme de New Deal du Président Roosevelt. Ils vont donc faire la connaissance d’une petite bande de jeunes peu amènes dont le neveu du shérif et un des fils du maire. Ils sont sans emploi et leurs préoccupations tournent autour des filles et de la chasse au raton bleu.

Jubilee et son frère Lévi sont les derniers à porter les gènes donnant un taux trop important de méthémoglobine et leur peau est par conséquent bleutée. Depuis des générations, leurs familles se sont retirées au fond d’un vallon pour échapper aux brimades, aux injures et aux violences des gens du village. Un isolement subi face au rejet de la différence automatiquement taxée de diablerie.

Lorsqu’Havens verra Jubilee, il sera immédiatement envoûté par la grâce émanant de cette jeune fille, par le gris-bleu nacré de sa peau mais surtout par l’amour instantané et libérateur qu’elle éveillera en lui. Comme pour le frère de Jubilee, l’amour ne demande pas d’autorisation pour s’inviter et c’est le seul qui n’a que faire des préjugés destructeurs même s’il doit pourtant s’y heurter.



Il m’est très difficile de poser un avis trop négatif sur cette histoire car le sujet est très intéressant, délicat et bouleversant. Cette dénonciation de comportements abjects aurait dû faire naître chez moi bien plus d’émotions et d’empathie. L’absurdité des gens dits de la bonne couleur et leurs superstitions idiotes et destructrices sont révoltantes. L’amour se débat bien inefficacement face à l’ignorance et à la cruauté. De plus, selon pour qui elle s’applique, la justice diffère bien effrontément dans ce coin du Kentucky.



Mais, la première moitié du livre semble s’enliser et s’oublier au fin fond de ce vallon. La platitude du style d’écriture n’arrive pas à faire transparaître les émotions et les dialogues sonnent creux.

La seconde moitié se révèle plus enlevée et creuse davantage dans la psychologie des personnages. Elle dénonce les différentes formes que peut revêtir l’absence de liberté et nous emmène avec beaucoup plus d’entrain dans le devenir chaotique de Jubilee, des siens et de celui qui lui apportera la lumière.



La photo a un rôle prépondérant dans ce roman. Elle nous offre de beaux passages, des instantanés de l’existence de cette famille qui sont révélés dans des clichés pourtant figés. Mais les séances pour les prises de vues sont vides d’intérêt et traînent en longueur en s’enlisant dans des hésitations interminables. L’auteure arrive cependant à exploiter tout ce qu’une photo peut dévoiler de vérité mais aussi de mensonges.



Le plus surprenant sont les nombreuses comparaisons qui se veulent probablement poétiques mais qui m’ont, les unes après les autres, laissée perplexe. Je les ai trouvées inappropriées voire saugrenues.

« Maman n’était pas du genre à montrer ses émotions mais sa colère a surgi aussi facilement que le revolver d’un ivrogne se décharge. »

« Il se raidit et se vide à la fois, à l’instar d’un vêtement lavé au savon bon marché et laissé trop longtemps à sécher. »

C’est sûrement un effort de style auquel je suis restée hermétique. Mais c’est peut-être aussi un effet de la traduction, comme certaines tournures de phrases peuvent le laisser penser…



Alors, mon analyse de lectrice tangue entre la beauté poignante du sujet et le style littéraire qui m’a profondément gênée. Toutefois, j’ai apprécié de cheminer aux côtés de Jubilee, cette femme fort émouvante qui fait preuve d’une admirable sagesse face aux discriminations dont elle est victime. Il est aussi touchant de l’imaginer dans sa volière prenant soin des oiseaux blessés.

Je remercie Masse Critique et les éditions du Seuil pour leur confiance.

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Le vallon des lucioles

Autant débuter par le plus important: ce roman est un coup de coeur, le deuxième de l'année 2021 (ça commence fort) et je le dois à Babelio. Alors je tiens tout d'abord à remercier chaleureusement Babelio, et particulièrement Pierre, de me l'avoir proposé dans le cadre d'une masse critique privilégiée. Sans cela, je n'aurais certainement pas lu ce roman, ou alors dans pas mal de temps.

Pourtant cinquante ou soixante pages avant la fin, j'ai douté. Puis, dans les toutes dernières pages, j'ai eu les larmes aux yeux et j'ai su alors que c'était un coup de coeur.



Permettez-moi une comparaison. Au fil de ma lecture, je n'ai pu m'empêcher de penser à un autre roman, mon énorme coup de coeur de 2020, Là où chantent les écrevisses, persuadée dès les premières pages que le vallon des lucioles allait me porter aussi loin dans l'émotion que l'autre roman, même si pour des raisons différentes. Et je crois sincèrement que je penserai encore à Jubilee, l'héroïne du Vallon, comme je pense encore si souvent à Kya, la petite sauvageonne des marais.



Comme bien des écrivains, Isla Morley est partie d'un fait divers pour dérouler sa trame. En 1937, en plein New Deal, l'administration Roosevelt par le biais du FSA (Farm Security Administration) envoie deux journalistes dans un coin reculé des Appalaches pour réaliser un reportage sur la vie de ses habitants. Très rapidement, Ulys Massey, journaliste, et Clay Havens, photographe, entendent parler de "ratons bleus" (c'est peut-être ici le seul souci de traduction ou de vocabulaire, ce mot étant très laid, que j'ai rencontré lors de ma lecture) et veulent en savoir davantage. Ils découvriront rapidement que vit dans le dit vallon des lucioles, reclus et quasiment exclus de la communauté, une famille dont certains membres ont la peau littéralement bleue (il s'agit bien évidemment d'un problème de santé - la méthémoglobinémie - facilement identifiable avec nos yeux du 21ème siècle, mais la science n'était pas aussi avancée en 1937). Ils sont donc ostracisés, les plus folles rumeurs courent à leur sujet, notamment qu'ils portent malheur ou sont capables de provoquer la mort ou de jeter des sorts car, comme souvent, toujours, on craint ce qui est différent. Cette différence, pourtant, n'empêchera pas Clay Havens de tomber amoureux de Jubilee, cette jeune femme de 23 ans à la peau bleue. Mais le monde dans lequel ils vivent est-il prêt à abriter leur amour ?



Si ce roman fait avant tout la part belle à l'histoire d'amour entre Clay et Jubilee, je trouve quand même que le fond historique dans lequel il s'inscrit est bien exploité. C'est simple, je m'y voyais, j'y croyais dur comme fer, et je sais que chez moi c'est très bon signe quand je réussis à imaginer les décors, la nature, les visages des personnages; quand je parviens à sentir les odeurs et surtout, à ressentir les émotions. Et là, j'ai été servie, étant entrée en totale empathie avec Jubilee et les siens. C'est un roman que je verrais très bien adapté au cinéma ou à la télévision.



Le rythme du roman ne m'a pas gênée même s'il est vrai que la première partie prend son temps pour s'installer et peut donc paraître plate et même parfois ennuyeuse. Mais rassurez-vous, le rythme s'accélère dans la seconde moitié et là je vous défie de pouvoir poser le roman. Pour ma part, j'ai adoré la narration de bout en bout, même le côté très lent du début ne m'a pas dérangée, au contraire, j'ai aimé tourner les pages selon ce tempo afin de m'immerger totalement, complètement, irrémédiablement dans l'histoire.



En résumé, un roman que j' ai aimé, que j'ai ressenti au plus profond de moi, qui a su aussi parler à la femme au coeur tendre que je peux être. Un roman que j'ai trouvé poignant, mais jamais mièvre, dur et violent aussi à certains moments, mais jamais gratuitement. Bref, vous l'aurez deviné, un roman qui restera à coup sûr l'une de mes plus belles et inoubliables lectures de cette année.



Encore merci à Babelio, ainsi qu'aux éditions du Seuil pour l'envoi de ce livre.



Lu en février 2021
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Le vallon des lucioles

Journaliste et photographe, Massey et son partenaire Havens sont envoyés dans une petite bourgade au fin fond des Appalaches pour réaliser un reportage dans le cadre du New Deal. Méfiants et renfermés, les villageois ne sont pas des plus coopératifs et semblent cacher un secret. Attisés par la curiosité, les deux amis vont finir par percer le mystère des habitants : l'existence d'une énigmatique famille, exilée au fond du vallon en raison d'une caractéristique physique héréditaire qui effraie la population du bourg. En effet, la lignée des Buford souffre de méthémoglobinémie, une anomalie génétique qui se caractérise par une teinte bleutée de la peau. Une disparité qualifiée de démoniaque par des villageois ignorants des avancées de la science, en cette fin des années 1930.

Immobilisé par une morsure de serpent, Havens est soigné par la famille Buford. Sa convalescence va lui permettre de découvrir cette insolite parentèle et surtout de se rapprocher de Jubilee, une fascinante jeune femme à la troublante beauté bleue. Un rapprochement qui va devenir source de conflit tant avec les villageois en guerre contre cette famille qu'avec Massey qui souhaiterait exploiter la particularité physique des Buford à des fins commerciales. Le feu qui couvait sous la cendre est bientôt ravivé par l'ignorance, la haine et la cupidité… des combustibles propices à une violente explosion !



Librement inspiré de l'histoire vraie de membres d'une famille nés avec la peau bleue, ce roman aussi tendre que cruel prône la tolérance et traite le droit à la différence de manière frontale.

Combinant la tragédie vécue par cette fratrie à une poignante histoire d'amour, "Le vallon des lucioles" démontre l'aspect insidieux de la xénophobie ordinaire et ses dérives, tout en délivrant un encourageant et lumineux message d'espoir, de tendresse et d'humanité.

Venant tempérer le registre dramatique qui aurait pu finir par être indigeste, le récit se déroule au coeur d'une nature préservée foisonnante de grands espaces, qui permet au lecteur de s'oxygéner entre deux événements tragiques.

Un délicat roman qui ouvre un apaisant carré de ciel bleu face à toutes les formes d'intolérance !

Merci à Babelio et aux éditions du Seuil pour cette découverte en avant-première !


Lien : https://leslecturesdisabello..
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Le vallon des lucioles

1937, Kentucky. Havens et Massey sont dépêchés dans cette ville afin de faire un reportage-photo pour la Farm Security Administration afin de mettre en avant les problèmes des habitants et ainsi sensibiliser la population pour leur venir en aide. C’est là qu’ils feront la rencontre de la famille Buford, composée du couple et de leur enfants. Havens va d’emblée tomber sous le charme de Jubilee, la fille de la famille Buford. Cette jeune femme a la peau bleue, tout comme son frère Levi. Le jeune homme va vite s’apercevoir que Jubilee et Levi sont en proie aux persécutions des habitants de leur ville à cause de cette différence.



Voilà un roman bouleversant et qui m’a profondément touchée. Ce récit est d’une grande sensibilité et aborde des thématiques très dures, comme les réactions des personnages face aux différences. C’est souvent révoltant et j’ai craint tout au fil des pages pour Jubilee et sa famille.



Au travers de personnages forts et bien construits, l’auteure nous livre un beau message de tolérance, notamment grâce au personnage de Havens qui m’a beaucoup marquée. Le jeune homme luttera et fera tout son possible pour protéger Jubilee des assauts de divers personnages qui n’arrivent pas à accepter la différence de la jeune femme et de son frère.



Certains passages m’ont bouleversée. C’est parfois très difficile à lire et j’ai trouvé certains moments très anxiogènes. Malgré tout, l’auteure nous offre une lueur d’espoir, notamment au travers d’une histoire d’amour lumineuse entre Havens et Jubilee. Elle ne tombe jamais dans les clichés et j’ai été très émue de découvrir cette belle romance qui surgit peu à peu.



La plume de l’auteure est très fluide. J’ai particulièrement apprécié le schéma narratif, consistant à alterner les passages parlant de Havens et ceux parlant de Jubilee. Cela permet de mieux comprendre cette histoire et de s’attacher davantage à ces deux personnages, qui portent l’histoire. Les chapitres sont de taille moyenne. Je n’ai ressenti aucune longueur, les pages ont défilé.



Un très beau roman, abordant des thématiques très difficiles mais dans lequel subsiste une part de luminosité au travers d’une romance touchante et bouleversante. À découvrir sans hésiter.
Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
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Le vallon des lucioles

'Cause I was born to be blue …



Fin des années 30, pour illustrer son New deal, Roosevelt envoie des journalistes dans tout le pays à la recherche des gens du peuple...

C'est ainsi que deux ptits gars de la ville, Massey et Havens, envoyés au fin fond des Appalaches, débarquent dans la petite bourgade de Chance, dans le Kentucky, en quête d'un article et de photos qui relanceront leur carrière.

C'est là que Massey va flairer le scoop et que Havens va rencontrer l'amour, en la personne de Jubilee, une jeune femme à la peau bleue...



Ici le lecteur fait une pause, ajuste ses lunettes et vérifie qu'il a mal lu... En vain, point d'erreur, la donzelle est belle et bien bleue...

Pas plus de science-fiction que de soupe aux schtroumpfs, ce roman repose dur des faits réels : les bleus du Kentucky, victimes d'un anomalie génétique rare, la méthémoglobinémie ont réellement existé et leur histoire est passionnante.



Pour les gens de Chance, ces « ratons bleus » sont des diables, de maudits sorciers qui doivent être isolés, méprisés, punis, chassés... Havens découvre pour sa part une femme dont la beauté et la douceur l’envoûtent...

Habituée aux regards hostiles et dégoûtés de « ceux de la bonne couleur », Jubilee découvre le plaisir de séduire, d'être regardée comme une femme. Entre ces deux-là naît une attraction incontrôlable.



L 'Amour va-t-il avoir raison des différence ? Vont-ils se marier à la fin ? Oh là laaa, quel suspense !



Un premier roman qui mêle la tragédie vécue par cette famille différente à une romantique histoire d'amour. C'est à la fois un pamphlet contre la xénophobie et un message d'espoir et d'humanité.

On retiendra au passage la dénonciation d'une certaine presse en manque d'éthique et une évocation intéressante de la photographie et son pouvoir.



Si le sujet est passionnant et bien que le talent de Isa Morley pour nous montrer la nature foisonnante soit évident , il faut cependant admette que la lenteur et la platitude des dialogues dans la première moitié du roman peinent à nous tenir en haleine (peut être le style souffre-t-il de la traduction).



Fort heureusement, le récit décolle et la fin réussie laisse un agréable goût en bouche.
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Le vallon des lucioles

Un roman reçu dans le cadre d’une Masse critique, que les Éditions du Seuil et Babelio soient remerciés.

Le vallon des Lucioles est une jolie histoire d’amour entre la jeune Jubilee et Havens. Ce dernier, photographe dont le travail est financé par la Farm Security Administration, programme qui se donne pour ambition de témoigner de la diversité, de « dépeindre le grand esprit multiforme de l’Amérique ».

La jeune femme vit isolée, avec sa famille, au fond d’un vallon de la région des Appalaches - ostracisée du fait de sa couleur. Levi, son frère aîné, et elle-même sont les derniers représentants des Bleus, du nom de leur couleur. Leur famille est en effet affligée depuis plusieurs générations d’un mal mystérieux qui se manifeste par l’étrangeté de leur couleur de peau - bleue donc. Dans les années 30, dans la ruralité profonde, cette anomalie a conduit les Buford à quitter la petite bourgade pour se protéger du racisme et des violences, de l’assassinat de nombreux d’entre eux.

Là où les habitants de Chance voient sorcellerie et mauvais sorts, Havens ne voit que beauté et envoûtement, douceur et poésie. Jubilee, regardée pour la première fois comme une femme, troublée par le photographe qui ne cache pas son admiration et son amour, va le laisser entrer dans sa vie et son monde - celui de la forêt et de ses petits habitants qu’elle soigne avec dévotion.

Le vallon des lucioles est aussi un roman qui aborde le racisme et toutes formes d’exclusion. Massey, le journaliste qui accompagne Havens, un militant convaincu qu’il lui appartient de dénoncer la relégation dont sont victimes les Bleus, souhaite faire un reportage. Ses bonnes intentions se heurtent au refus de toute la famille de se laisser photographiée mais également de diffuser leur histoire - craignant de nouvelles exactions. L’affrontement avec Havens, qui souhaite que soit respecté le choix des Buford, est idéologique et éthique. Rendre public pour dénoncer ou faire profil bas ? Les deux hommes ne sont pas d’accord sur la stratégie. Leur venue à Chance aura de nombreuses conséquences - je n’en dévoilerai pas plus ☺️.

Dans un style très simple et direct, le récit tout au présent de l’indicatif se fait le témoin d’une histoire très humaine, dans toutes ses versions (la haine, la bêtise mais aussi la solidarité, la générosité), sans jugement ni parti pris de l’auteur. La dénonciation se fait à travers un récit dépouillé de leçons où les faits seuls perlent d’eux-mêmes. L’ensemble est très agréable à lire et offre un joli moment de lecture même si j’ai trouvé que les personnages manquaient parfois un peu d’épaisseur.

Challenge MULTI-DEFIS 2021

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Le vallon des lucioles

1937, dans le Kentucky.

Clay Havens et Ulys Massey, reporters, arrivent à Chance, une petite ville reculée au cœur des Appalaches. Leur projet est de réaliser un reportage sur cette population isolée dans le cadre du New Deal, un programme destiné à soutenir les populations les plus démunies. Au fur et à mesure de leurs rencontres, ils apprennent qu'il existe une famille un peu étrange cachée dans la forêt. Curieux, munis de leur appareil photo, les deux journalistes prennent la route et vont rapidement croiser le chemin d'une très belle jeune femme qui a la particularité d'avoir la peau entièrement bleue. Cette rencontre va changer leur avenir à tous les deux.



Je remercie Babelio et les éditions du Seuil pour cette lecture.



Ce roman est inspiré de l'histoire vraie de la famille Budford dont la particularité est d'avoir la peau bleue sur plusieurs générations. Elle a vécu dans le Kentucky sur les rives de Troublesome Creek dans les années 1930. Les membres qui la composent se sont progressivement éloignés de la ville pour s'installer en autarcie dans les montagnes en raison du rejet et du racisme dont ils ont fait l'objet.



Isla Morley nous emmène avec elle au fin fond des Appalaches et invite le lecteur à suivre l'histoire romancée de ce peuple bleu à travers les clichés des deux reporters.



Ulys Massey travaille pour la presse écrite, Clay Havens est photographe. L'objectif de ce voyage est de préparer un article, images à l'appui, des populations se trouvant isolées suite à la Grande Dépression américaine. Avant de suivre les traces de la famille Budford, les habitants de Chance les mettent en garde sans plus d'explications. Ils iront quant même et avec eux, nous rencontrons successivement chaque membre de la famille, nous vivons leur quotidien dans la forêt, nous frissonnons autour de la violence qui règne à leur encontre.



Et puis, il y a Jubilee, l'aînée de la famille. Celle qui sera le lien entre les journalistes et le reste de la famille. C'est une très belle jeune femme qui, avec son frère Levi, sont finalement les derniers membres bleus des Budford. Ils ont la vingtaine et souffrent de ne pas pouvoir vivre comme les autres jeunes de leur âge. Si Levi brave les risques avant de rencontrer l'amour, Jubilee reste très prudente.



Clay se prend d'affection pour eux. Très respectueux, il souhaite en savoir plus et ne les prend en photo que sur leur accord. Mais, au fil des jours, son regard et son cœur se tourneront presque exclusivement vers Jubilee.



A partir de faits réels, "Le vallon des Lucioles" nous entraîne dans une romance entre deux êtres que tout oppose, s'armant de courage pour vivre pleinement leur amour en parfaite harmonie avec la nature.



J'ai senti le temps s'arrêter et une certaine sérénité dans le récit malgré la méchanceté et les discriminations face à la différence.



Un magnifique récit sur l'amour, la nature, la différence et la bêtise humaine.

Un très beau roman que j'ai eu plaisir à lire.


Lien : http://labibliothequedemarjo..
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Le vallon des lucioles

C'est issu d'une histoire vraie.: l'arrivée de deux journalistes dans une bourgade où sont ostracisées des personnes qui n'ont pas eu la chance de "naitre de la bonne couleur". Ce ne sont pas des personnes noires ou étrangères, elles sont juste bleues. C'est le résumé de l'histoire d'u ne famille touchée par la haine des autres : synthétique mais inévitable dans les sociétés humaines actuelles. La différence se rejette avant même de la comprendre.

L'histoire sonne juste, les personnages sont nombreux l'histoire est comme racontée de l'intérieur, ce qui apporte un cachet intimiste.

Des longueurs certes dans la narration, des flashback entre le présent et le passé à certains moments, un texte bien écrit et bien compréhensible mais qui aurait gagné en dynamisme s'il avait été moins long.

L'histoire n'en demeure pas très intéressante, c'est un sujet très actuel qui est perçu par un autre biais. Ce qui apporte aussi un soupçon dramatique supplémentaire, c'est le fait de savoir que cette histoire a existé . A découvrir !
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Le vallon des lucioles

1937. USA. La Grande Dépression de 1929 peu à peu s’éloigne. Le New Deal de Théodore Roosevelt a contribué progressivement à la relance économique du pays. Les villes se requinquent, les campagnes restent à la traîne du renouveau. Le Président cherche des échos positifs de sa politique sur l’Amérique profonde, à des fins électoralistes et de soutien à ses mesures d’aide aux populations démunies. L’objectif étant de convaincre les réticents en leur montrant la vraie vie loin des villes.



Des enquêteurs sont envoyés par binômes dans les zones rurales les plus reculées. Chaque duo est constitué d’un journaliste de presse écrite et d’un photographe. Leur mission : rester à l’affut de reportages, pris sur le vif, démontrant le bien fondé des mesures gouvernementales en cours ou à prendre. Certains envoyés spéciaux, par le scoop opportuniste, essaient de relancer leurs propres carrières restées au point mort. L’un deux en mission dans les Appalaches, Clay Havens, ex Grand Prix Pulitzer de la photographie, va voir sa carrière pro et son destin personnel chamboulés par amour pour Jubilée : une autochtone à la peau bleue qui le fascine, le trouble et l’obsède.



Chance, dans l’état du Kentucky. Une minuscule bourgade campagnarde ignorée des grands axes routiers. Trois cents habitants à peine, entre modernité en attente et ruralité à l’ancienne. A l’écart : une famille blanche, isolée au plus profond des bois, celle des Buford, repliée sur elle-même, victime d’un ostracisme inattendu, proche du racisme violemment actif d’il y a peu à l’encontre des noirs. Destructions de biens ? Spoliations ? Assassinats discrets et impunis ? Disparitions étranges ? Lynchages ? Cimetières clandestins ? Les langues se taisent, tout autant du côté des victimes que des bourreaux, tout doit se régler dans le huis-clos de la communauté. La raison de ce rejet : une maladie épidermique rare, la méthémoglobinémie, qui donne aléatoirement, par voie génétique, une peau bleu sombre à certains Buford. Jubilée l’ainée et Levi son frère, comme tant de « ratons bleus » avant eux, sont les victimes expiatoires des difficultés de la communauté. Jubilée cette sorcière, Levi ce démon …. Ainsi, dans Chance encore assoupie d’un oeil sur ses traditions d’antan, rode le sempiternel et indécrottable préjugé à l’encontre de ceux qui ne sont pas comme les autres (la minorité a toujours tort), naissent des accusations de sorcellerie, de jeteurs de sorts et de porte-poisse, s’organisent des expéditions punitives …



Les éléments du drame sont en place … La suite appartient au récit. L’Amour, avec un grand A, bardé de grands et beaux sentiments, va s’en mêler … et sera le grand leitmotiv du roman, celui vers lequel l’auteure reviendra toujours pour livrer son diagnostic d’un monde malade et les moyens simples pour le rendre plus acceptable. Les développements à venir vont se montrer très (trop ?) manichéens, mais quelle importance après tout quand on sait d’avance qu’il en sera ainsi. Isla Morley, dont « Le vallon des lucioles » est le premier roman édité en France, se montre une grande âme qui plaira à ses lecteurs optimistes.



Qu’on ne s’y trompe pas, nous ne sommes pas en territoire de Fantastique ou de Fantasy, voire de Science-Fiction (« Les amants étrangers » de Philip José Farmer, par exemple, dans lequel le héros, à l’encontre des préceptes religieux d’une société future ultra puritaine, s’éprend d’une E.T. à la morphologie et à la physiologie complexes) mais au sein d’un roman inspiré de faits réels. L’homme, celui de la vraie vie, n’a jamais été en panne de haine et de violence pour fustiger et détruire celui qui ne ressemble pas physiquement à ce que la majorité montre. La loi du nombre, toujours, et haro sur l’étranger, le différent, le monstre de foire, celui qui ne pense pas pareil, ne prie pas le même dieu de la même façon ou un autre que le sien …



Roman de terroir ? Possible selon ce que je sais du genre. Et c’est plutôt maigre. J’ai néanmoins entrevu le lisant « Tendre Violette » le cycle BD de Servais. On y retrouve les mêmes mécanismes d’exclusion, les mêmes résidus de haine et d’incompréhension entre deux communautés qui ne cherchent plus à se comprendre et s’accepter. Les exemples en ce genre littéraire ne doivent pas manquer.



La part belle est laissée à la romance. Fleur bleue y trouvera son compte. Je n’y vois pas d’inconvénient. La 4 de couv n’en fait qu’à peine mystère, le lecteur prévenu sait plus ou moins où il met les pieds. L’objectif, au-delà de l’eau de rose ciblant un certain public, est de démontrer que l’Amour renverse les montagnes, pour peu d’y croire (et après tout, pourquoi pas … !). Reste que le parti-pris de la surenchère romantique, par son intensité ponctuelle peut lasser. Elle vient, heureusement par touches, hélas intenses, comme des mises en abimes dans un thriller, noyer trop souvent un drame bien amené, une intrigue prenante et, par ailleurs, bien ficelée. Le miel, en encre dorée d’imprimerie sur certains passages, alterne avec le sang noir sur les peaux bleues assassinées. Le réfractaire au romantisme forcené peut patienter, il retrouvera plus tôt qu’il ne croit un chemin de thriller au suspens intact.



Cet ouvrage est aussi un vibrant hommage nostalgique rendu à l’art photographique d’antan, celui d’une époque révolue, pourtant pas si ancestrale que çà, où la pellicule argentique était la seule alternative, loin de la photo-pixels jetable si banalement commune de nos jours. On y réglait à l’intuition la netteté, le diaphragme et le temps d’exposition. On s’appliquait au cadrage patient pour ne pas gâcher la péloche, à la recherche de la bonne lumière sur le fil étroit entre sous et surexposition ; on bidouillait au jugé et à l’expérience lors du développement sous lumière inactinique. Un art, plus qu’un hobby. Le noir et blanc était encore presque omniprésent, l’utilisation de la couleur restait parcimonieuse (car onéreuse). Dans le roman les clichés noir et blanc ne dénoncent pas les bleus chatoyants et irisés de l’épiderme de Jubilée, ils sont noyés dans les nuances de gris rendues par le nitrate d’argent, il leur faut la couleur pour en percevoir tout le particularisme. Jubilée, aux yeux du monde, ne peut apparaitre qu’en couleurs, comme un arc-en-ciel …



Havens est à la recherche résignée et fataliste de ce qui avait fait de lui un Pulitzer reconnu, il entrevoit en Jubilée (qu’il doit convaincre de poser) un sujet propice à un retour en état de grâce photographique. La passion amoureuse s’en mêlant, créant en lui un œil virtuel subjectif, par ce fait unique et partial, presque obsessionnel, le résultat se montre au-delà de ses attentes. L’amour ressenti pour elle fausse la donne journalistique et l’oblige à prendre parti : les clichés sont t’ils publiables sans trahir la confiance de Jubilée ? … le drame est désormais en marche …



L’auteure met à nu minutieusement les motivations souvent inconscientes du photographe. Elle dissèque sa recherche patiente, intuitive et raisonnée du cliché qui a du sens, qui par nature doit parler sans jamais ne rien dire. Elle nous décrit les moyens humains à l’œuvre d’une photo qui, en portrait, cherche une âme au détour d’une expression furtive de visage. Tout le récit regorge de ses instants suspendus entre la vie qui bouge et celle qui se fige en 2D. Ces arrêts sur images sont à mon sens le grand bonus du roman, tant ils me semblent rares et se faisant précieux en littérature romanesque (du moins de ce que j’en connais).



Et à ce jeu, le lecteur prenant l’œil d’Havens et les mots de l’auteure à son compte, entrevoit Jubilée si belle et … rêve de passer de l’autre côté de la pellicule et des 480 pages du roman.



Merci à Babelio, Masse Critique, Le Seuil Ed. et à l’auteure.
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Le vallon des lucioles

J'avoue que ce livre m'a paru fade et insipide, bourré de bons sentiments et sans véritable valeur littéraire. le titre de l'ouvrage sonne comme une promesse de romanesque échevelé – ou comme un film d'animation japonais – romanesque assommé par un style aussi léger qu'une enclume.

Le bandeau en couverture nous assure que l'histoire s'inspire de faits réels pour titiller notre curiosité. L'intrigue, traitée en flash back, se situe dans les Appalaches, en 1937. Un journaliste et un photographe sont chargés de réaliser un reportage pour un programme fédéral dans le cadre du New Deal. Dans ce coin reculé du Kentucky où ils débarquent, ils découvrent que les villageois ostracisent une famille dont certains membres ont la peau bleue.

Subitement, ces gens à la peau bleue sont devenus un sujet d'écriture, après The Book Woman of Troublesome Creek de Kim Michele Richardson publié en 2019 et le vent nous portera (The Giver of Stars) de l'Anglaise Jojo Moyes (la reine des romans à l'eau de rose), sorti la même année et entouré de rumeurs de plagiat. Enfin, comme tout le monde est original, chaque récit se déroule dans les années 30 (1937 pour le Vallon et 1935 pour les deux autres), dans le Kentucky, et prend comme point de départ le WPA, ce programme mis en place par l'administration Roosevelt pour venir en aide aux populations rurales.

L'industrie du livre nous réserve peu de surprises quand il s'agit d'épuiser un filon.

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