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Citations de Israël Zangwill (26)


— J'ai toujours été profondément convaincu qu'il fallait rendre visite aux riches dans leur demeure et je déplore que cette note personnelle, ce contact avec ceux à qui tu offres l'occasion d'accomplir de bonnes actions soit remplacé par des circulaires sans âme. Nous devons à notre rang de permettre aux classes aisées de faire la charité du fond de leur cœur, nous n'avons pas le droit de les négliger, de les contraindre à libeller des lettres de crédit, le cœur sec, ni de les priver de cette chaleur humaine qui naît de la relation personnelle — comme il est écrit, " la Charité délivre de la Mort ". Penses-tu qu'une aumône accordée par l'intermédiaire d'un secrétaire et publiée dans des rapports annuels ait un pouvoir rédempteur égal à l'aumône glissée discrètement dans la main du pauvre, qui met un point d'honneur à ne pas révéler à son donateur ce qu'il a obtenu des autres ?

Chapitre 3.
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Il n'existait pas de classe moyenne parmi les Juifs du XVIIIe siècle. Le monde se divisait en riches et en pauvres ; les riches étaient très très riches, et les pauvres, très très pauvres. Aussi chacun avait-il clairement conscience de son rang.

Chapitre 1.
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— Eh, vous là-bas !
— Qué voulez-vous ?
— Il est où, vot' billet ?
— J'ai pas bésoin dé billet.
— Ah ouais ? Moi, si, rétorqua le préposé, en veine de plaisanterie.
— M. da Costa m'a donné une siège dons sa loge.
— Oh, vraiment ? Vous en deriez serment à la barré ?
— Voï ! Sur ma tête.
— Une siège dans sa loge ?
— Voï.
— C'est bien M. da Costa qu'vous dites ?
— Voï.
— Bon ! Alors, par ici.
Et l'humoriste lui montra la rue.
Yankélé ne bougea pas.
— Par ici, mon gars ! répéta le joyeux luron d'un ton sans appel.
— Pvisque jé vous dis que jé vais dons la loge dé M. da Costa.
— Et moi yé vous dis d'aller voir dans lé rouissau si j'y souis !
Et saisissant Yankélé par la peau du cou, il s'aida du genou pour le pousser au-dehors.

Chapitre 3.
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Manasseh n’était pas de ces hommes qui vouent un culte à l’argent : de simples demandes ne l’en pourvoyaient-elles pas ? Il réservait son admiration pour l’intelligence – et l’intelligence, elle, n’était ni transférable, ni cessible.
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— Alors tu comptes supprimer toute ma ribrique d'anniversaires ?
— D'anniversaires ? Qu'est-ce que c'est ?
— Commont ? Tu né sais pas ? Quond un homme a un anniversaire, il sé sont charitable cé jour-là.
— Tu veux dire lorsqu'il commémore l'anniversaire de la mort d'un parent ? Nous, les sépharades, nous appelons cela " faire des années ". Mais y a-t-il un nombre suffisant de jours anniversaires, comme vous dites, dans votre communauté ?
— Il pourrait y on avoir pliss, jé né gagne que quinze livres onviron. Comme tu dis, notre colonie est trop réçonte. Lé cimétière dé Globe Road est aussi vide qu'une synagogue un jour dé sémaine. Les pères ont laissé leur père sur le continont, alors ils privent lé pays dé beaucoup dé jours anniversaires. Mais dons quelqués années, des pères et des mères mourront ici et chacun laissera deux ou trois fils pour célébrer l'anniversaire et chaque onfont deux ou trois frères et un père. Et pvis, chaque jour, d énouveaux Jvifs allemonds débarquent ici, c'est-à-dire dé pliss on pliss qui vont mourir. On vérité, jé ponse qu'il sérait juste dé doubler cette somme.
— Non, non, des faits. Il serait inique de spéculer sur les malheurs de nos semblables.
— Il faut bien que quelqu'un meure afin que jé pvisse vivre, répliqua Yankélé, malicieux : c'est dons l'ordre des choses. Tu n'as pas dit : « La Charité délivre dé la Mort » ? SI les geons vivaient éternellement, les Schnorrers ils pourraient plus vivre du tout.
— Chut ! Le monde ne saurait exister sans Schnorrers. Comme il est écrit : « Et le repentir, et la prière et la charité conjurent le décret fatal. » La charité est citée en dernier : c'est le summum, la chose la plus grande de ce monde. Et le Schnorreur est l'homme le plus grand en ce monde car il est dit dans le Talmud : « Celui qui suscite est plus grand que celui qui agit. » Par conséquent, le Scnorrer, qui suscite la charité, est plus grand que celui qui la fait.

Chapitre 3.
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Les hommes d'action ne voient que d'un œil. César ne serait pas venu et n'aurait pas vaincu s'il avait vraiment vu.

Chapitre 3.
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— Bon Shabbath, monsieur. De quoi s'agit-il ? De votre mariage ?
— C'est une longue histvare et, comme votre excellonte épouse mé dit que votre déjeuner est prêt, jé voudrais pas vous rétarder.
— Je dispose encore de quelques minutes. Que puis-je pour vous ?
Yankélé secoua la tête :
— Il n'est pas qvestion que jé vous retienne dons cé vestibile, on plein couront d'air.
— C'est égal, je ne sens pas de courant d'air.
— Voilà bien lé donger : vous né remarquez rien et un beau jour vous vous retrouvez raide dé rhumatismes, et lé Rémords sur la Conscionce, ajouta Yankélé avec son habituelle étincelle dans le regard. Votre existonce est si précieuse… Si vous mourez, qui c'est qui consoléra la communauté ?
La formule était pour le moins ambiguë mais le rabbin l'interpréta dans son sens le plus flatteur et ses petits yeux rayonnèrent.
— Je vous demanderais bien d'entrer mais j'ai une visite.
— Aucune importonce. Cé que j'ai à vous dire, monsieur lé rabbi, n'est pas dé l'ordre privé. Un étronger peut écouter.

Chapitre 4.
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Le Ma'amad lui-même n'agissait que dans les strictes limites des usages. L'instinct juriste des Hébreux, qui avait produit le code de conduite le plus minutieux et le plus gigantesque au monde, avait incité ces Juifs des temps modernes à y ajouter un code local sous la forme de deux cents pages en langue portugaise : un labyrinthe de prescriptions, ou " haskamoth ", qui prévoyaient et examinaient en détail tous les aléas des affaires de la congrégation, depuis les querelles au sujet des meilleurs sièges jusqu'aux dimensions exactes des tombes de la Carreira, depuis la distribution des " bonnes actions " parmi les riches jusqu'à celle des pains azymes parmi les pauvres. Si les poulies et les rouages de la vie communautaire fonctionnaient " avec l'autorisation du Ma'amad ", le Ma'amad fonctionnait " avec l'autorisation des haskamoth ".

Chapitre 5.
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— Par nature, le travail est chose précaire. À tout instant, les affaires peuvent ralentir. […] Schnorrer est la seule activité qui ne connaisse pas de morte-saison. Tout peut disparaître, les plus grandes firmes peuvent s'effondrer, comme il est écrit : « Il humilie l'orgueilleux », mais le Schnorrer est toujours à l'abri. Qu'importent ceux qui tombent, il en restera toujours assez pour prendre soin de lui. Si tu étais père, Yankélé, tu comprendrais mes sentiments. Comment permettre que le bonheur d'une fille repose sur une base aussi incertaine que le travail ? Non, non… Combien te rapporte ta tournée locale ? Tout dépend de cela.
— Vingt-cinq shillings par sémaine.
— Vraiment ?
— Par la Loi dé Moïse. On pièces dé six pences, on shillings et on démi-couronnes. Rien qu'à Houndsditch, j'ai deux ries ontières à part quelqués maisons.
— Sont-elles sûres ? Les populations changent. Les bonnes rues baissent.

Chapitre 3.
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— Tu sais bien qu'il ne faut pas mélanger schnorrer et travailler. Un homme ne peut faire deux choses correctement. Il doit choisir sa profession et s'y tenir. […] Un Schnorrer ne saurait faire trop attention. Et, une fois qu'on commence à travailler, où s'arrête-t-on ?

Chapitre 3.
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— Alors, que faire ?
— Jé peux attondre la fin du déjeuner, dit Yankélé avec une aimable nonchalance. Jé né dors pas, moi.
Avant que le rabbin ait pu répondre, sa femme entra avec un rôti qu'elle déposa sur la table. Son mari lui lança un regard incendiaire mais, ponctuelle comme une horloge et tout aussi inconsciente, elle ajouta une bouteille noire, remplie de schnaps. C'était à son mari de se débarrasser de Yankélé ; son affaire à elle était d'apporter le repas. SI elle avait pris du retard, il lui en eût tenu rigueur. Non seulement elle était épouse mais aussi bonne à tout faire.
Devant l'état avancé des préparatifs, Manasseh da Costa s'installa pendant que Mme Hareng du Remords, sur un coup d'œil de son mari, s'asseyait en bout de table. Pour sa part, le rabbin s'octroya la place d'honneur, derrière le plat. C'était toujours lui qui servait, étant le seul à qui se fier pour jauger ses capacités. Yankélé était resté debout. Le fumet de la viande et des pommes de terre imprégnait l'atmosphère d'une poésie poignante. Soudain, le rabbin leva la tête et eut des intonations charmeuses pour s'adresser à lui :
— Voulez-vous imiter notre exemple ?
Le cœur du Schnorrer sursauta d'un bonheur insensé. Il posa la main sur l'unique chaise vacante et s'empressa, aimable :
— Ma foi, jé veux bien.
— Eh bien, rentrez déjeuner chez vous.

Chapitre 4.
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Le n°11 de Glover Street, dans le Bow, fut des jours durant un lieu de pèlerinage. La petite rue, en général paisible, bourdonnait du matin au soir. Des quatre coins de la ville, des gens arrivaient, levaient le nez vers la fenêtre de la chambre, le regard rempli d’horreur. Des heures durant, les curieux encombraient le trottoir ; des vendeurs ambulants de boissons fraiches faisaient des affaires ; des chanteurs accouraient et, en de délicieuses ritournelles, racontaient les faits qu’ils ignoraient comme tout le monde. Il est bien dommage que le gouvernement n’ait pas songé à établir des barrières d’octroi aux deux bouts de la ville. Hélas, les chanceliers de l’Échiquier pensent rarement à utiliser les occasions qui se présentent pour réduire la dette publique.
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— Pauvre Salvina ! soupira Mrs Brill. Elle le mérite quoiqu’elle ait gâché notre vie pendant des années.
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— Ne me jette pas à la tête que tu m’épargnes la honte de vivre aux crochets de ton père. Je suis capable de gagner mon pain moi-même. Je n’ai pas besoin de tes meubles pour maison de poupée qu’on a peur de toucher – comme si on marchait entre des coquilles d’œuf. J’aimerais mieux aller vivre seule dans une chambre et frotter des parquets que de devoir quelque chose à quelqu’un. Alors je serais ma propre maîtresse et non pas sous la coupe d’une fille. Si seulement Kitty se mariait, alors je pourrais aller vivre avec elle. Pourquoi ne se marie-t-elle pas ? Ce n’est pas comme si elle te ressemblait. Y a-t-il une plus jolie fille dans toute la congrégation ? C’est parce qu’elle n’a pas d’argent, ma pauvre Kitty qui se tue au travail. Son père lui ferait une dot, s’il était un homme, et non un porc.
– Mère ! Salvina était pâle et tremblante. Comment peux-tu rêver cela ?
— Pas pour moi. Je le verrais pourrir, avant de prendre un sou de son argent. Mais je ne suis pas autoritaire et rancunière comme toi. Je n’empêche pas les autres de profiter. L’argent ira seulement à quelque autre vermine. Ce serait aussi bien que Kitty ait sa part.
— Lazare a sa part. C’est assez, et plus qu’assez. Lazare le mérite – il est meilleur pour moi – que toi comme fille, et les larmes jaillirent de nouveau.
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Quoique l’église fût pleine, la fraîcheur du vaste édifice lui fit froid au cœur ; toute la vaste vie étrangère dont elles étaient l’emblème glaçait son âme. Le mot terrible meshoumad – apostat – semblait rouler d’écho en écho le long des froids piliers. Il s’aperçut que ses compagnons s’étaient découverts, et il se hâta d’arracher son chapeau haut-de-forme râpé. La sensation inusitée de son crâne dénudé accrut son sentiment d’impiété.
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Ah ! voilà où était l’ironie du drame. L’unique condition était aussi l’unique condition que les pauvres tisserands ne pouvaient accepter. Il leur était loisible de ramener ce Shabbat qui durait maintenant une semaine à son ancienne dimension d’un seul jour pourvu que ce Shabbat lui-même se trouvât le dimanche. Mieux encore, la journée de travail qu’on leur offrait était moins longue et la paye plus grosse que la leur. Et l’ironie la plus profonde de cette ironie même était que le propriétaire de chacune de ces usines était un frère en Israël ! Jeshurun engraissé qui ruait maintenant.
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Nulle part la misère de la zone de résidence n’était plus amère que dans la colonie des tisserands où Srul s’était fiancé à Biela.
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Zillah et Jossel vivaient tous deux dans une ignorance heureuse de bien des choses et de leur ignorance en particulier.
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Et le pauvre vieux Daniel ne trouvait pas de vieux compères aussi plaisants que ceux d’autrefois ; rien dans le grondement de Londres ne compensait l’affairement des samedis soirs dans sa boutique de prêteur sur gages, et aucune étroite petite synagogue ne désirait plus sa pompe présidentielle. Il allait s’asseoir, inaperçu, dans un élégant édifice à moitié vide, avec la conscience d’être un atome superflu dans l’immensité d’un désert.
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— Oh, ces femmes ! Le Tout-Puissant n’aurait pu, à coup sûr, se reposer le septième jour, s’il avait créé la Femme.
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