AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Ivan Jablonka (461)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Des hommes justes : Du patriarcat aux nouve..

Les questions sur le genre ne manquent pas dans l'actualité et font débat. Effet de mode ou symptôme d'une évolution de la société ? Entre la vague #MeToo et l'activisme LGBT, difficile pour nous de faire l'autruche.

Alors qu'on parle très facilement de "masculinité toxique" dans les médias anglo-saxons, j'ai rarement vu cet aspect de la question débattue en France. En cela, l'essai d'Ivan Jablonska est aussi intéressant qu'il est nécessaire.



Pourquoi est-il aujourd'hui nécessaire de faire face à un état des lieux des rapports hommes femmes ? Et pourquoi regardez les choses sous l'angle de ce qui constitue (d'un point de vue social et culturel) l'identité masculine ? Et en quoi notre modèle doit-il revoir sa copie ?



Cet essai très rigoureux et très richement documenté permet d'aborder er d'apporter des réponses à ses questions.

De manière aussi personnelle que "scientifique" l'historien démontre que tous les phénomènes et violences épistémiques que nous observons ne sont en rien des problèmes isolés mais des problèmes de fond auxquels il est nécessaire de faire face.



Certes, avec la masse d'informations contenues, l'idéal est de pouvoir lire chaque partie à son rythme et de la laisser décanter dans notre esprit, sinon la lecture devient vite indigeste et on ne profite pas de la vérité de cet essai à sa juste valeur.



Je remercie donc Babelio et les éditions Points pour cet ouvrage éclairant reçu dans le cadre de Masse Critique.
Commenter  J’apprécie          200
Un garçon comme vous et moi

Je ne connaissais pas Jablonka autrement que par la lecture de son livre Laeticia. J’avais beaucoup apprécié sa pondération, son objectivité et son honnêteté. J’étais donc intéressé par l’autobiographie de son enfance, même annoncée comme banale. Et puis, le narrateur, presque malgré moi, m’a un peu énervé. Pas tellement pour l’enfance privilégiée décrite, il n’y pas lieu à jugement, mais pour le ton faussement modeste, qui m’a semblé narcissique et élitiste, cadrant mal avec l’humilité affichée. Impression personnelle seulement, je ne mets pas en doute la sincérité de l’auteur. Dommage, car le personnage et son introspection sont très intéressants. Peut être ai je trop peu de choses en commun avec lui. Je suis de la génération d’avant et la plupart de ses souvenirs n’évoquent rien en moi. Le « vous et moi » est de pure forme, « nous n’avons pas gardé les vaches ensemble ». Je note aussi que je n’ai lu que très peu des nombreux livres référencés en annexe. Sur l’écriture, rien à redire, c’est léger et facile à lire. La forme est originale avec des tableaux repères et des photos. On dirait un témoignage destiné aux archéologues admiratifs d’un lointain futur. Quoiqu’il en soit, ce livre est celui d’une personne digne de respect dont expérience vécue est racontée honnêtement et à ce titre vaut d’être lu.
Commenter  J’apprécie          201
Laëtitia

D'abord j'ai eu du mal. Et quand on lit la bibliographie, plutôt étoffée, il est difficile de ne pas se demander: "Tout ça pour ça ?" Jablonka rappelle le déroulé des faits -plus précis que dans mes souvenirs; bien sûr, c'est important la vérité, mais je suis pas jurée, cette vérité là m'indiffère. Il nous remet en tête l'affreuse compassion de Sarkozy, sa propension inouïe à dresser les Français les uns contre les autres -je m'en souvenais d'ailleurs très bien. Alors c'est quoi sa valeur ajoutée, au prof de sciences sociales ? Que va-t-il m'apprendre? Que c'est difficile de s'en sortir quand on a mal commencé dans l'existence? Ah ah ah. C'est bon, je suis au courant, j'ai lu Zola et je sais bien que Gervaise va dégringoler plus vite qu'elle n'a réussi à ouvrir sa blanchisserie.

Mais pourquoi, pourquoi, me suis-je dit, pourquoi ne pas avoir ecrit un roman qui donnerait de la chair aux personnages, et quitte à faire des hypothèses sur les raisons pour lesquelles Laetitia a suivi Tony Meilhon, autant assumer la fiction.

D'ailleurs, on sent bien que Jablonka hésite , consciemment ou pas. Tiens, l'organisation du livre: chapitres alternés, vie de Laetitia, mort de Laetitia, procès, passé proche, passé lointain: à quoi rime ce saucissonnage temporel, si ce n'est à nous renvoyer à la montée du suspens chère au genre du thriller ?

Il m'a donc fallu attendre les cent dernières pages pour être vraiment emportée par le texte. Une bonne moitié du récit me paraît clairement de trop, entre affèteries et évidences. Mais c'est comme si l'auteur en avait eu besoin de ces pages en trop, pour se lancer dans ce récit de mort et d'auto-culpabilisation, comme s'il lui avait fallu des détours avant de se colleter au grand mystère.

Mystère de la mort, de la souffrance, mystère aussi de la résilience et du deuil portés par tous les professionnels de la justice, par les travailleurs sociaux, qui côtoient sans cesse la barbarie et vivent quand même. Jablonka est un universitaire, et on sent bien qu'il se demande à quoi il sert, lui. Et puis il est un homme et devant le gâchis engendré par tous ces mecs qui frappent, cognent, violent, gueulent, insultent, il se sent mal.

Les dernières pages m'ont vraiment émue. Mais elles ne m'ont pas bouleversée comme j'ai pu l'être en lisant "D'autres vies que la mienne ". Et surtout je conteste cette vision de l'homme. Qui n'est brutal et violent que parce qu'il a généralement la force physique de l'être. Mais qu'on lui en donne le pouvoir et la femme aussi peut se faire monstre (d'avoir laissé mourir des mineurs n'a pas empêché Madame Thatcher de dormir,non?)

D'ailleurs, à ce propos, moi, dimanche, j'irai voter.
Commenter  J’apprécie          203
Des hommes justes : Du patriarcat aux nouve..

A la lecture du copieux essai d’Ivan Jablonka, on mesure à quel point les femmes reviennent de loin mais également le chemin qui reste à parcourir vers une meilleure égalité entre les genres ou plutôt, une meilleure justice. Cet ouvrage a le grand mérite d’explorer tous les territoires qui, au fil des siècles ont contribué à conforter le fonctionnement de nos sociétés sur le mode patriarcal. Plongée dans l’histoire, prise en compte des différentes civilisations, poids des religions… c’est passionnant, hyper documenté et cela offre une matière consistante pour nourrir la réflexion. On en apprend beaucoup sur les différentes étapes des combats féministes, les fissures qu’ils ont créé dans le règne masculin, les excès ou failles qui en découlent et surtout, on comprend les enjeux de ceux qu’il reste à mener et dans lesquels les hommes auront leur part. Doivent prendre leur part. C’est d’ailleurs le message que je retiens en refermant ce livre, cette invitation aux hommes à s’investir dans la conquête définitive de l’équilibre et l’émergence d’une forme apaisée de cohabitation entre les sexes. Un combat qui est celui de la vraie liberté, d’être et de se comporter. Un combat loin d’être gagné mais dont on perçoit grâce à cette intéressante synthèse tous les leviers à actionner pour y parvenir.

Personnellement, je remercie Ivan Jablonka de ce gigantesque travail, tant nous avons besoin de recul et de matière concrète, loin des passions qui agitent un débat médiatique trop souvent étriqué et partiel. Il parvient à rendre le propos limpide, ce qui est remarquable.

Commenter  J’apprécie          190
Laëtitia

Ayant lu il y a fort longtemps l'histoire du pull-over rouge, je me suis plongé dans l'histoire de Laetitia avec le e dans l'a... de serge.

Et bien ce récit m'a capté par sa richesse d'informations nombreuses et variées pour reconstituer l'histoire le parcours et la vie de Laetitia

Beau récit précis et complet de ce fait divers comme il en existe encore toujours.
Commenter  J’apprécie          190
Laëtitia

Pour les enfants, il y a le zoo où ils peuvent regarder les fauves derrière les grilles. Pour les bourgeois et nantis comme Ivan Jablonka , il y a la France, qu'il sous-entend profonde, qu'il observe et analyse en écrivant sur Laetitia Perrais, tuée par un monstre. Avis mitigé. Intéressant par le déroulement de l'enquête et les moyens mis en oeuvre. Intéressant également de voir comment Sarkozy s'est servi de ce fait divers à des fins politiques, sa déclaration qui a déclenché la grève des magistrats. Cauchemardesque que d'insister sur le côté morbide, sur les viols de façon malsaine, sur le ‘sopalin' (essuie-tout ?) cité deux fois qui m'a choquée et a faillit arrêter ma lecture. Le père de la famille d'accueil, donneur de leçon et pédophile, a quelque chose de révoltant. L'érudition du normalien, face à Laetitia qui sait à peine écrire, est abject (pourquoi l'auteur a-t-il recopié avec les fautes ?). Une lecture qui met mal à l'aise, qui m'a empêché de dormir (alors que d'habitude la lecture me berce). Je suis pressée de passer à autre chose, à de la fiction.



Commenter  J’apprécie          199
Laëtitia

Ce livre est une énorme claque. Laëtitia a une une vie trop courte, trop pleine de violences et de douleurs, qui s'est terminée tellement tragiquement dans le sang et la violence, encore.



Ivan Jablonka revient sur un fait divers qui a fait grand bruit en 2011: la disparition puis la découverte du corps de Laëtitia, qui n'avait que 18 ans, près de Pornic. Fille de l'ASE, qui a été déplacée de foyer en famille d'accueil, elle disparaît une nuit de janvier. Très vite, le coupable est arrêté, mais l'affaire n'en est pas finie pour autant. Car l'historien, biographe et sociologue, revêt encore son costume d'écrivain pour nous raconter, nous faire comprendre, l'histoire et la tragédie de Laëtitia et de sa soeur jumelle, Jessica. Autour de cela, une affaire d'Etat, quand un gouvernant s'en prend aux magistrats dont il sait pourtant qu'il ne leur donne pas les moyens de faire correctement leur travail, et dont nous savons tous à quel point ils font de leur mieux pour faire régner l'idée de justice et de paix. Autour de cela, les interrogations des professionnels des métiers du social, quand ils font de leur mieux eux aussi, mais portent toute cette charge, cette misère sociale. Et autour de cela encore, une réflexion sur les faits divers, sur les culpabilités des uns et des autres, sur le processus de violence comme un cercle vicieux... Que d'enfants mal aimés dans ce récit, qui n'ont finalement pas su faire autrement que d'aimer mal à leur tour, que ce soit leurs proches ou eux mêmes.



Je suis étonnée moi-même d'être tombée dedans à ce point, après avoir dévoré la mini-série (excellente, je recommande!) consacrée à cette affaire. Mais l'histoire de Laëtitia, de toute sa famille, ne m'a pas lâchée, m'a bouleversée. Car il s'agit bien plus que d'une jeune fille, car cette jeune fille méritait d'avoir une belle vie, pleine, riche et heureuse. Car "la vie est fête comme ça."
Commenter  J’apprécie          181
Laëtitia

En historien et sociologue, Ivan Jablonka a courageusement tenté de comprendre ce qui est arrivé à Laëtitia Perrais, jeune fille de 18 ans assassinée dans la nuit du 18 au 19 janvier 2011 et dont le meurtrier a été arrêté, même s'il a fallu douze semaines pour retrouver la totalité du corps de la victime.



L'histoire malheureuse de Laëtitia s'était transformée en affaire d'État, le Président Sarkozy ayant mis en cause les juges ce qui déclencha une grève des magistrats. de plus, Gilles Patron, le père de la famille d'accueil a été ensuite accusé d'agression sexuelle par Jessica, la soeur jumelle de Laëtitia.

Ivan Jablonka dit avoir écrit ce livre pour rendre sa dignité et sa liberté à cette fille qui « est née à l'instant où elle est morte. » Il précise que son livre se passe dans « la France de la pauvreté, des zones périurbaines, des inégalités sociales »

Patiemment, l'auteur décortique tout ce qui s'est passé, revenant en arrière pour que nous connaissions le mieux possible chaque personne ayant connu Laëtitia. C'est bien sûr Jessica qui retient d'abord son attention et qu'il peut rencontrer à plusieurs reprises grâce à Cécile de Oliveira, son avocate.

La scène d'absence, avec ce scooter renversé et les deux ballerines noires abandonnées là, déclenche les recherches. Est-ce une fugue, un suicide, un enlèvement ? L'enfance des deux soeurs placées par l'Aide Sociale à l'Enfance de Loire-Atlantique chez M. et Mme Patron est détaillée. Majeures, elles ont décidé de rester dans leur famille d'accueil. Jessica prépare un CAP de cuisine au Lycée hôtelier de Machecoul et Laëtitia travaille dans un hôtel et prépare le CAP de serveuse.

Divers témoignages ciblent rapidement un homme conduisant une 106 blanche et son portrait-robot est diffusé. Comme il le fera tout au long du livre, l'auteur marque une pause dans les événements pour parler des parents des jumelles, détailler leur parcours et souligner tout ce qui a marqué leur vie.

L'autre fait important bien détaillé par Ivan Jablonka, c'est la naissance d'un fait divers : le décès de Laëtitia est un événement médiatique qui va tenir la Une des médias pendant six semaines, ce qui est rarissime.

La politisation de l'affaire, au sommet de l'État, est à son comble avec un Président qui réclame une nouvelle loi à chaque fait divers, davantage de peines-plancher et plus de rétention de sûreté. En effet, Tony Meilhon, l'assassin est un délinquant sexuel multirécidiviste. Les amalgames sont faciles sous le coup de l'émotion. Comme le précise très justement l'auteur, la prison entretient la délinquance et le terrorisme. Elle est un incubateur de rage. L'institution judiciaire manque cruellement de moyens, surtout les juges d'application des peines (JAP) et les conseillers d'insertion et de probation (SPIP) sont trop peu nombreux.



Laëtitia est un livre qu'il faut lire pour comprendre tout ce qui s'est passé. Pour Ivan Jablonka, « Raconter la vie d'une fille du peuple massacrée à l'âge de 18 ans était un projet d'intérêt général, comme une mission de service public. » Cela a été très bien fait.




Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          181
Laëtitia

Cette enquête d'un historien social est bâtie autour du meurtre sordide d'une adolescente issue des milieux à risques. C'est afin de lui redonner vie, dignité, que l'auteur se penche sur la vie de Laetitia, qui, lors des faits, était placée avec sœur jumelle Jessica dans une famille d'accueil. L'auteur avait beaucoup de mal à quitter Laetitia, ce qui pourrait expliquer ce sentiment de tourner en rond. Selon moi, l'enquête méticuleuse de l'historien social est digne d'intérêt, tout autant que sa réflexion personnelle portant sur la société d'entre 1990 et 2011. Il se demande ici pourquoi cette société avait tout fait pour sortir Laetitia de la misère, mais n'avait pas pu, en revanche, faire le nécessaire, avec le criminel. Or, ces deux destins se sont malheureusement croisés.



Les recherches de l'auteur portent sur les différents univers qui ont participé, de près ou de loin, à l'affaire, comme le milieu judiciaire, le milieu politique, le milieu policier, la famille d'accueil, les amis, les journalistes, et évidemment le criminel. Dans ce genre de récit, la projection est difficile. Ivan Jablonka nous décrit pudiquement ses émotions, mais cela reste fugace, et le récit est très objectif. Mes passages préférés sont ceux où les personnages peuvent apparaître le mieux à mon imagination, sur base de ce que l'auteur nous livre comme éléments. J'ai aimé ses évocations des faits divers. Comme il le précise dans son livre, l'étude d'un fait divers résume la société, car en l'analysant, on y retrouve tous les grands problèmes du moment.



Un récit où transparaissent sans cesse à la fois la tendresse de l'auteur pour la victime, mais aussi sa volonté d'être objectif; et d'autre part l'absurdité, la cruauté, la vacuité des choses.



Commenter  J’apprécie          180
Laëtitia

5/5

Une critique qui me laisse sans mot. Ivan Jablonka je l’ai découvert lors d’un reportage et qui parlait de son essai. Et j’étais intriguée par comment il voulait traiter le fait divers tragique de Laetitia Perrais de janvier 2011 au niveau historique et sociologique. Je m’étais même dit allez un journaliste qui veut utiliser une affaire criminelle qui a fait couler beaucoup d’encre pour donner un jugement.

Alors d’abord milles excuses à Mr Jablonka, vous n’êtes pas journaliste loin de là. Vous êtes professeur d’histoire et je rajoute un homme émouvant.

Je ne vais pas revenir sur l’affaire criminelle car avec cet essai l’auteure prend une direction déroutante et surtout qui donne à réfléchir. Dans ce récit, l’auteur parle des faits qui ont intéressé la population, mais surtout de qui sont Laëtitia et Jessica et leur parcours. Celui d’une jeune fille frappé par un monstre à ses 18 ans et celle qui continue à vivre avec son drame.

Dans cet essai, le lecteur en tout moi, j’avais des certitudes et Ivan Jablonka vous les balaye et vous enlève vos œillères. Nous croyons tout savoir avec les médias mais lui va plus loin dans le passé et l’avenir. Sans jugement, sans aller plus loin que les faits il nous pousse à la réflexion.

Il rend hommage à ces deux jeunes filles (car Jessica il ne faut pas l’oublier) et surtout nous parle avec sa plume de Laetitia vivante et non un cadavre démembré. Plus les chapitres avançaient et plus je me demandais comment j’allais terminer ce « documentaire ». Parce que Ivan Jablonka va aussi parler de son ressenti et là les larmes me sont montées aux yeux. Je n’avais qu’une chose à lui demander comment il a fait ce parcours d’hommage sans abandonner vu la pression émotionnelle.

Ce n’est pas un écrivain qui a voulu surfer sur la vague d’un fait divers et je l’en félicite, il a voulu donner vie à Laëtitia et laisser une image positive à sa sœur Jessica. Moi en tout cas je l’ai perçu comme cela. Je lui donne tout mon respect aussi pour ne pas avoir dévoilé dès le départ le nom du meurtrier. Car je vais être honnête il m’était sortie de la tête. Place à Laëtitia pas à ce monstre (désolée le mot Homme j’ai du mal) vu son comportement au procès.

En conclusion les prix Médicis 2016 et le prix du Journal le Monde sont amplement mérités. Alors pour ceux et celle qui ont peur que ce ne soit pas accessible au niveau lecture vu le pédigrée de l’auteur, n’ayez crainte. Pas de grandes phrases philosophiques, pas de poésie incompréhensible ni de grand mot d’Elitiste. Juste un homme comme il le dit bobo parisien qui se retrouve face à la population de « masse » et veut enlever nos œillères. Des mots simples bon je suis d’accord beaucoup d’abréviations mais Monsieur nous les traduits à la fin. Et d’ailleurs toutes ces références historiques sont vraiment instructives et expliqués à la fin aussi.

Je pense que je n’ai rien à rajouter de plus à part FELICITION pour votre ouvrage et vos prix amplement mérités. Je refuse de dire que c’est un coup de cœur car ce serait irrespectueux pour Laëtitia et Jessica. Je veux juste dire que Mr Ivan Jablonka a très bien son travail et il mérite la note maximale tout simplement.

Je le conseille fortement ! Petit conseil, faut vraiment avoir les nerfs solides avant de le lire. On en sort pas indemne.
Commenter  J’apprécie          183
Goldman

« Jean-Jacques Goldman n'est pas seulement un grand nom de la chanson. Il est aussi un enfant d'immigrés juifs devenu la personnalité préférée des Français, un artiste engagé après la mort des utopies, un artisan au coeur des industries culturelles, un homme en rupture avec les codes virils. le succès n'a affecté ni sa droiture ni son humilité. » résume Ivan Jablonka, professeur d'histoire à la Sorbonne l'auteur de ce livre qui m'a passionnée.



Je n'appartiens cependant pas à la « génération Goldman » puisqu'il est né 5 ans après moi et que son succès survient principalement après 1980, alors que j'étais déjà mère de famille. Je demeurais surtout étonnée de le voir avec une telle constance adulé comme la personnalité préférée des français, alors qu'on nous dit que la France est encore, de façon latente, antisémite …



Ni biographie sans imprimatur d'un personnage vivant, ni livre de sociologie, ni essai politique sur les avatars de la deuxième gauche, ni monographie sur la musique et la culture populaires et pourtant ce livre est tout cela à la fois.



C'est en effet l'histoire d'un jeune homme discret, fils d'émigré juifs d'Europe centrale avec un père ancien Résistant fou amoureux de la France qui l'a accueilli en 1930, qui a inculqué à ses enfants les valeurs de la République et l'obligation d'un travail acharné. Une éducation qu'il a cependant « foirée » avec son aîné Pierre, né de sa première union, qui joue la vedette des prétoires après plusieurs braquages et une accusation de double assassinat, acquitté puis abattu en pleine rue quelques mois après sa libération.



Jean-Jacques, né en 1951, est un élève lisse, voire « transparent », ce qui ne l'empêche pas de réussir une classe préparatoire puis d'intégrer l'EDHEC de Lille, tout en suivant des cours de sociologie.



Il a découvert la guitare chez les scouts, mais n'a jamais envisagé de faire de la musique autre chose qu'un hobby. le jour, il vend des articles de sport dans son magasin Sport 2000 de Montrouge, le soir et les week-ends, il joue dans les bals, avec ses amis, en groupe puis en solo. Ses premiers disques ne marchent pas tellement, on lui suggère de changer de nom mais il refuse. le succès viendra au cours de la décennie 80 : libération des radios, les années Lang, la 5ème chaine de télévision, le Top50, les clips. Les années MItterrand, que Jean-Jacques Goldman n'apprécie pas du tout, bien plus proche des idées de Michel Rocard.



Je te donne, Quand la musique est bonne, Je marche seul, Envole-moi, Comme toi … Il faut avoir auprès de soi les clips disponibles sur Youtube pour comprendre.



JJG est un chanteur rock qui figure dans la variété et produit des tubes. Mais il faut aussi lire ses textes, et les thèmes qu'il aborde : l'enrichissement par les différences, la séparation, l'absence, la tentation de l'exil, la Shoah, la volonté de s'en sortir par le travail et pas par la violence, qui n'est pas sans générer, de la part des élites, un mépris de fer.



Grace à ce livre, j'ai approfondi quelques nouveaux concepts : le Klezmer, sorte de blues du Juif, la saga de l'exil toujours recommencé, l'idiosyncrasie ou le caractère individuel et le tempérament personnel qui explique en partie un retrait total de la scène en pleine gloire, la despicologie ou l'art d'ensevelir les gens sous une négativité entre dévalorisation, invisibilisation, moquerie et injure … Pourquoi, aussi, est-ce dans les milieux de gauche qu'on a le plus vomi Jean-Jacques Goldman ?



Me voilà donc, avec un temps de retard, une groupie de JJG, un artiste plébiscité par le public, dédaigné par les élites. Mais surtout le « Mensch » de toute une génération.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
Commenter  J’apprécie          170
Laëtitia

Une écoute passionnante (oui, c'est que je l'ai lu en audiolivre)... Quelque peu agacé au départ par la voix de la narratrice, que je trouvais trop didactique (bon, je venais également de laisser la voix magnifique de Patrick Descamps), je m'y suis fait peu à peu... et je trouve que le ton, au final, à très bien servit l'histoire. Une immersion complète dans le pire de l'homme... viol, inceste, enfances brisées, meurtres... Des statistiques déplorables, effrayantes, émouvantes... C'est injuste le nombre d'enfants qu'on brisent à coup de vices... Révoltant, je dirais même ! Mais ces chiffres sont nécessaires, pour se réveiller, nous brasser et se mobiliser. J'ai trouvé cette lecture également très instructives, moi, québécoise, qui vit dans un autre pays de droits, j'ai eu à m'ajuster à tous ces acronymes venus de France, et à tous ces paliers de justices... Mais la comparaison est très intéressante, j'ai fait des liens avec ce qui existe ici (chez-moi)... Bien que je sorte troublée par cette histoire, je remercie Jablonka d'avoir mis en lumière les lacunes et d'avoir fait le point. Une lecture nécessaire !
Commenter  J’apprécie          170
Laëtitia

Franchement, je m'attendais à quoi en achetant ce livre ? A un peu plus de distance ? A un peu moins de "voyeurisme" ? J'ai vraiment eu beaucoup de mal à le lire parce que c'est un livre sans concessions et la description minutieuse des crimes commis m'a mise mal à l'aise. De plus, sa structure est assez déroutante et peut casser le fil de la lecture, des idées.

Ce n'est pas un livre larmoyant sur une histoire atroce, c'est une prière, une prise de conscience de l'horreur qui nous frôle tous les jours.
Commenter  J’apprécie          170
Laëtitia

Laëtitia Perrais est cette jeune fille enlevée en janvier 2011 et assassinée, dont le corps démembré fut retrouvé 12 jours après ..

D'autres crimes, d'autres faits divers ont, depuis, fait oublier en partie cette affaire. En partie seulement, car tous se souviendront de la tournure politique que prit cet enlèvement, le chef de l'État, Nicolas Sarkozy à l'époque ayant publiquement mis en cause l'incompétence des juges, leur promettant des sanctions. Tout le monde se souviendra de ses propos, de l'indignation des magistrats, des lois qui s'en suivirent. Fautes supposées de la justice, parce que l'assassin arrêté deux jours après son crime avait des antécédents judiciaires. Fautes de la justice, ou manque de moyens, surcharge des services ? Éternelle question.

Cette affaire avait soulevé une énorme émotion dans le public : marche blanche dans le village de Laëtitia, réception par le Chef de l'État, devant les caméras, de le famille d'accueil de Laëtitia et de sa sœur jumelle Jessica, chef de l'État demandant, aux cotés de la famille d'accueil que les criminels sexuels soient plus durement punis, interview de la famille d'accueil, mettant en cause elle aussi les prédateurs sexuels...Douleur ignorée des parents naturels des jeunes filles laissés de côté par le chef de l'État... : tout le voyeurisme de certains journalistes cherchent le scoop, remuant la boue, afin d'alimenter l'émotion et aussi toute la récupération politique qui s'en suivit.

Affaire dans l'affaire, quelques mois plus tard, le père d'accueil était lui aussi mis en examen pour des agressions sexuelles sur Jessica, la sœur de Laëtitia, l'arroseur arrosé. Laëtitia a t-elle subi, elle aussi, de telles agressions ? Personne ne pourra le dire.

Ivan Jablonka, historien écrit dans son livre : "Je me suis dit que raconter la vie d'une fille du peuple massacrée à l'âge de 18 ans était un projet d'intérêt général, comme une mission de service public"... et il y réussit. Il a rencontré Jessica, les amis de Laëtitia, les parents d'accueil, les juges, les avocats, les services de gendarmerie, les employeurs et professeurs de Laëtitia. Il a étudié le profil de Laëtitia sur les réseaux sociaux, ses messages, Il a cherché à mieux cerner le passé de Tony Meilhon, l'assassin, son profil psychologique.... Il a, en un mot, fait un véritable travail à la fois journalistique et sociologique. Passionnant et dérangeant.

Il nous en apprend beaucoup sur les techniques d'investigation, sur les relations entre presse, pouvoir politique, police, justice, avocats, services sociaux et le placement des enfants et adolescents en famille d'accueil et surtout nous fait mieux connaître cette jeune fille, ses fragilités, qui l'ont peut-être poussé sous les coups -décrits dans le détails - de Meilhon et pose les questions qui resteront à jamais sans réponse, et celles des relations entre Politique et Affaires criminelles. Pourquoi les retards scolaires de Laëtitia , pourquoi ces troubles affectifs, pourquoi a t-elle suivi ce soir-là ce type, dont le comportement était très éloigné de celui de ses copains, de ses petits amis ? Pourquoi a t-elle eu elle aussi ce comportement sans commune mesure avec ses comportements habituels, alcool et drogue ? Le procès de Tony Meilhon n'a pas apporté toutes les réponses "Mon livre n’aura qu’une héroïne : Laëtitia. L’intérêt que nous lui portons, comme un retour en grâce, la rend à elle-même, à sa dignité et à sa liberté"

Ce livre lu pendant la semaine de la lutte contre les violences faites aux femmes, hasard de mes lectures, se lit comme un polar, comme un roman mais il est surtout fait pour informer, bousculer le lecteur, l'interroger. Objectif atteint.

Depuis d'autres crimes ont été commis, d'autres malades ont tué, d'autres lois ont été votées. L'emprisonnement ne règle pas tout, loin de là. Au contraire diront certains.

L'histoire est un éternel recommencement.

C'est bien ce qui est inquiétant


Lien : https://mesbelleslectures.co..
Commenter  J’apprécie          171
En camping-car

Durant une dizaine d'années, j'ai été adepte du camping-car. Mon père avait eu la lubie d'en acheter un à la soixantaine et nous en avons largement profité avant qu'il ne se décide à le revendre.

Aussi ce récit empreint d'une certaine nostalgie m'a beaucoup parlé et m'a remémoré les souvenirs de nos voyages avec nos enfants et l'un ou l'autre de leurs copains comme la fois où les petits faisaient des parties endiablées de Uno alors que nous faisions une halte à Avignon.

- « Allez, les enfants, préparez-vous, on va visiter le Palais des Papes ».

- « ça pue le Palais des papes ».

Et ils sont restés dans le camping-car à jouer aux cartes !



Ivan Jablonca décrit bien cette ambiance particulière où se mêlent simplicité, liberté et relation à la nature, dans la lignée de la contre-culture post-soixantehuitarde quand d'autres y voient un marché, une mode, une nouvelle forme d'asservissement de bobos friqués ou de retraités pantouflards qui sortent la parabole, les boules de pétanque et déplient les fauteuils en arrivant sur le spot.



Le combi VW de la famille Jablonka a parcouru l'Europe et l'on voit à quel point cela fut important pour l'auteur dans sa construction et dans son ouverture au monde. L'enfant qu'il était consignait ses expériences dans des carnets de voyage dont il se sert abondamment dans cet essai. Il y associe des réflexions philosophique, politiques ou sociologiques qui permettent de nourrir notre propre réflexion sur ce phénomène de société.



« Ce mélange de luxe et de populaire, ces vacances entre confort et aventure, loin d'une propriété qu'on n'a pas, mais dont on ne voudrait pas de toute façon, convenaient bien au couple d'origine modeste à trajectoire sociale ascendante que formaient mes parents ».



Lecture intéressante.



Challenge Multi-Défis 2023

Challenge Riquiqui 2023.
Commenter  J’apprécie          160
En camping-car

On se prend à envier cet Européen pour qui les plus grandes oeuvres d'art de l'Antiquité et leur charge culturelle sont à un jet de pierre de sa résidence à Paris.

Ivan Jablonka, historien, ne nous sert pas un ouvrage banal sur des périples touristiques de masse mais une analyse sociologique et familiale de ses vacances estivales avec sa famille, sur les routes des plus beaux endroits du continent européen, à une époque, hélas révolue, où le camping sauvage était permis et toléré.

Parsemé de références historiques et d'anecdotes personnelles reliées au voyage, ce récit n'exsude pas de nostalgie mais plutôt la pleine conscience d'un homme qui ignorait être heureux et libre lorsque, enfant, il se promenait en sécurité dans le camping-car familial. J'ai bien aimé!
Commenter  J’apprécie          160
Des hommes justes : Du patriarcat aux nouve..

J'ai découvert Ivan Jablonka avec son précédent ouvrage, en 2016, Laëtitia ou la fin des hommes. J'avais apprécié sa démarche et la finalité de son étude, aussi me suis-je ruée sans hésitation sur Des hommes justes, cette année. Un livre important à l'heure où se posent nombre de questions sur la condition des femmes, après #metoo, avec le comptage horrifiant des féminicides, etc.



Historien, Ivan Jablonka remonte le temps à la recherche des causes premières du patriarcat et de la dichotomie genrée qui conduit à la soumission des femmes aux hommes. Il faut pour cela aller jusqu'au Paléolithique. C'est dire s'il y a du chemin à faire pour aboutir à une société à égalité de genre!



Dans ses trois premières parties, l'auteur étudie donc l'Histoire du patriarcat, celle des luttes des femmes et les failles du masculin, où les conceptions, l'éducation, l'exemplarité, etc, a réitéré pendant des générations le modèle viril... qui continue encore chez certains.

Ces trois parties apportent une masse conséquente d'informations, de données, d'exemples. Le tout, bien amené et, plus important, relevant de copieuses et sérieuses recherches comme le prouvent les nombreuses sources variées utilisées.



La dernière partie amène des propositions pour faire advenir "les hommes justes" du titre. Cela passe par un support masculin aux combats féministes, par un ensemble de règles et de lois dans les domaines politiques,économiques, sociaux et de l'éducation. Plus fondamentalement, c'est à une révolution des mentalités qu'appelle Ivan Jablonka, à déconstruire le patriarcat et ses carcans, à réfléchir la masculinité pour la libérer, elle-aussi, de ses modèles basés sur une virilité de domination.

Si certaines propositions paraissent, à la lecture, enfoncer des portes ouvertes tant cela semble évident, force est de constater que ça ne l'est pas forcément pour tous ni dans tous les pays, loin s'en faut.



Ivan Jablonka a essayé dans cet ouvrage aussi intéressant qu'instructif et, surtout, nécessaire, d'être le plus exhaustif possible. Il ne parle pas que pour la France ou l'Europe; ses recherches apportent nombre d'informations et de comparaisons sur des pays aussi divers que le Nigeria, le Japon, le Mexique, les États-Unis, la Biélorussie, la Chine et j'en passe.

J'ai apprécié à nouveau son approche en tant qu'historien, sociologue et homme. (Re)découvrir les évolutions dans les siècles, voire millénaires, précédents permet une meilleure compréhension du patriarcat et du féminisme dans leur globalité. Je dis bravos à l'auteur pour ce formidable travail de recherche et de synthèse. Une bibliographie en fin de volume aurait été bienvenue pour aller plus loin sur certains aspects, plutôt qu'avoir à rechercher parmi les notes de bas de pages.



Son épilogue conclue l'ouvrage sur un ton plus personnel. Ivan Jablonka reconnaît que "si je fais le portrait de l'homme juste, je sais tout ce qui m'en sépare. Cela ne m'empêche pas de prendre parti. Je suis un homme contre le pouvoir masculin. Je suis une féministe". Propos d'humilité et programme de réforme de soi, valable pour tous, sans laquelle les mentalités ne changeront pas de manière globale.



A lire et à partager, diffuser pour un vouloir-vivre ensemble égalitaire et apaisé.
Commenter  J’apprécie          160
Laëtitia

En décortiquant un meurtre, l'historien du contemporain y avan Jablonka réalise une prouesse: Celui de dresser une peinture de la France de ce début de siècle, celle des déshérités, des petits malfrats, des violées, des placés en famille d'accueil, des périurbains qui ne reçoivent pas grand chose de la France. Les notables, les politiques eux, reçoivent beaucoup. Les juges essaient de faire leur travail, sous les coups et les blessures. Ce livre est un monument pour comprendre la France et pour rendre hommage à une jolie fille de 18 ans violée, tuée, dépecée, noyée quelque part dans cette France que personne ne regarde.
Commenter  J’apprécie          160
Laëtitia

A partir d'un fait divers atroce et pourtant bien réel (le meurtre de Laëtitia Perrais en 2011), Ivan Jablonka tente de dresser le portrait de ces personnes délaissées dès l'enfance et qui deviennent soit coupable soit victime; comme si les fées du malheur s'étaient penchées sur leurs berceaux.

L'auteur nous permet de revivre en temps réel l'attente éprouvante des proches de Laëtitia depuis la nuit de sa disparition jusqu'à la découverte, en deux temps, des membres de son corps supplicié. Il analyse également l'appropriation politique de l'affaire par le gouvernement de l'époque qui a débouché sur une manifestation des magistrats, vexés d'être ainsi remis en question sur leurs pratiques de travail.

La plume d'Ivan Jablonka est très factuelle mais porteuse d'une empathie profonde.

On ressort de ce récit troublé, ému.
Commenter  J’apprécie          160
Un garçon comme vous et moi

Une phrase m'a frappée dans les premières pages de l'ouvrage de Jablonka, il cite ses parents : « On voulait faire parfait. Que notre enfant soit parfait. » Voici un redoutable programme qui n'a pas trop mal marché. Le petit Ivan a suivi un cursus scolaire émaillé de succès (lycée Buffon puis, pour parachever son secondaire, lycée Henri IV, classes préparatoires, École Normale Supérieure, agrégation d'histoire, etc.), a échappé à la crise d'adolescence, aux addictions, a fait du sport et s'est taillé une place dans le monde universitaire. Soit, et alors ? me direz-vous. En quoi son parcours peut-il nous intéresser ? Justement, l'auteur se propose de l'étudier pour retranscrire son itinéraire de genre, la construction de sa garçonnité. En tant que garçon, que lui a transmis la société, à quels codes a-t-il dû se plier, quelles valeurs lui a-t-on inculquées, quels modèles a-t-il adoptés ? Il se choisit comme objet d'étude. Autrement dit, il va ausculter sa trajectoire individuelle pour en relever les comportements affectés par des stéréotypes genrés, mais aussi en signaler les singularités et les ruptures.

La question légitime qui se pose – quand on désire s'inscrire dans le champ des sciences sociales – est la suivante : est-on le plus apte à parler de soi-même ? Nous sommes d'accord qu'il ne s'agit pas ici d'un acte d'introspection, ni de mémoires. L'exercice est-il faisable et pertinent pour la construction d'un savoir savant ?

Ma réponse est empreinte de doute. Jablonka hésite sans cesse entre dénigrement de soi et autosatisfaction narcissique, au point qu'il en oublie la banalité qu'il partage avec beaucoup de ses congénères. Il a beau rajouter quelques tableaux, utiliser du vocabulaire emprunté au lexique des sciences sociales, sa démarche reste boiteuse et débouche sur une impasse. Sa singularité même en fait une sorte de transfuge de la masculinité qui plaide assez lourdement et maladroitement contre la domination du patriarcat.
Commenter  J’apprécie          154




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Ivan Jablonka (2223)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz Bridgerton

Qui est le diaman de la saison

Eloïse
Penelope
Daphné
Cressida

10 questions
4 lecteurs ont répondu
Thème : Julia QuinnCréer un quiz sur cet auteur

{* *}