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Critiques de Ivan Jablonka (461)
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Histoire des grands-parents que je n'ai pas..

Le mot "grand-parents" évoque des personnes âgés aux cheveux blancs, aux joues joufflues, qui distribuent des cadeaux, racontent des histoires anciennes, et qui débordent d'amour. Il faut les aimer d'autant plus fort qu'ils sont fragiles, et qu'un jour ils ne sont plus là, laissant un vide énorme.

Or, Ivan Jablonka n'a jamais connu ses grands-parents, ils ne sont jamais devenus vieux aux cheveux blancs, ils n'ont pas pu lui raconter leurs histoires, ils ne l'ont jamais entourés de son amour. Car ils sont morts à moins de trente ans, leur petit-fils, devenu père de famille, maintenant plus vieux qu'ils ne l'étaient lorsqu'ils sont morts, morts comme des millions d'autres, victimes des camps d'extermination nazis. Victimes parce que juifs, parce que communistes, parce qu'étrangers réfugiés en France qu'ils voyaient et espéraient comme la patrie de Victor Hugo et des Droits de l'Homme, patrie pour laquelle Mates le grand-père s'engage pour la défendre, mais aussi pays du racisme et des discriminations, y compris dans l'armée, patrie de Vichy et des policiers arrêtant des juifs sur ordre d'un gouvernement français. Mais aussi patrie de dizaines de Français Justes de l'ombre qui, par un petit ou un grand geste, ont permis à de nombreux juifs d'échapper aux rafles, et de protéger les enfants.

C'est pour que ses grands-parents ne soient plus des morts anonymes, pour leur redonner leur histoire, que leur petit-fils fait oeuvre d'histoire, étant devenu historien. Cette oeuvre est donc à la fois une enquête historique, appuyée sur des archives, des témoignages, des sources multiples, mais aussi une histoire toute personnelle et subjective.

J'ai pensé en le lisant au très beau et très fort livre d'Annette Wievorka, Tombeaux, paru après mais que j'avais lu avant. La grande historienne de la Shoah a elle aussi livré un livre sur ses grands-parents, qui ont des points communs avec ceux d'Ivan Jablonka : juifs polonais venus des schtels au coeur du Yiddishland, réfugiés en France pour fuir les persécutions, vivant de petits métiers de l'artisanat, arrêtés par Vichy puis déportés.

C'est un livre fort, poignant, plein d'amour, plein de doutes aussi – doutes de l'historien et de l'archiviste, doute du petit-fils, doute de l'homme toujours plein de questions face aux vertiges des événements et des choix moraux : comment résister ? Comment s'engager ? Comment rester un homme à Auschwitz, y compris parmi les Sonderkommandos ? Pour reprendre un mot de Primo Levi : « A Auschwitz, il n'y a pas de pourquoi / es gibt kein warum ». Si l'auteur termine son enquête avec encore des questions, si le lecteur en a encore, on termine sa lecture sur un témoignage d'amour.
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En camping-car

Une belle lecture de voyage à travers les yeux et les mots d'Ivan et de des voyages en camping car à travers l'Europe.

Grave à Ivan j'ai pu voyagé à travers tout ses pays que je ne connais pas Portugal Maroc Grèce.

Un beau récit d'enfance, une petite autobiographie comme je les aimes

Ce livre pour moi parle de résilience et de pardon, du père Jablonka souhaitant transmettre à ses enfants, sans trahir leur culture et de leur origine.

Soyez heureux c'est ainsi que commence et c'est aussi comme cela qu'il se termine.

En ces temps ou nous devons porté les masques et les distanciation sont de rigueur, j'ai pu effectué un super voyage.

Ce livre nous rapelle à quel point la fraternité es importante.

Ce livre es un petit bonheur.
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En camping-car

Ivan Jablonka raconte ses vacances d'enfant, puis d'adolescent dans un camping-car dans les années 80.

Il y a bien sûr les souvenirs de liberté, de bronzage, de plongeons, des copains, des paysages magnifiques et des vêtements hideux de l'époque ; mais il y a aussi l'obsession du père pour que ses enfants puissent avoir une enfance heureuse.

Lui, orphelin de parents morts dans les camps, n'a pas connu cette insouciance là et, par ces voyages en Europe, au Maghreb, en Turquie, il espère que ses fils pourront se construire autrement que lui qui ne pourra jamais vraiment se remettre de sa terrible enfance.

Le roman autobiographique se confond alors avec une réflexion sociologique sur une époque, sur le déterminisme social, sur la résilience ou sur l'éducation.

Malgré quelques petites longueurs, un livre vraiment agrèable à lire.

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Laëtitia

Ivan Jablonka a voulu rendre hommage à Laetitia, morte à 18 ans, tuée par un ferrailleur paumé qui n'a vu en elle qu'une proie sexuelle. Il a repris son parcours de petite fille maltraitée par la vie.

Pour cela il a cherché les témoignages de ceux qui l'ont connue, ses collègues, sa famille. Il a suivi le travail des enquêteurs et de la justice. Il a également décrit le parcours de son meurtrier.

La relation de ce fait divers horrible met le doigt sur un énorme problème de notre société, le féminicide.

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Laëtitia

"C'est ma douleur que je cultive

En frappant ces huit lettres-là

Elaeudanla Téïtéïa.." ces vers de Gainsbourg tournent dans ma tête après avoir terminé ce livre puissant, mélange d'enquête, d'essai, d'étude sociologique, d'étude politique qui redonne sa dignité à cette jeune fille de 18 ans,Laëtitia Perrais tuée par un criminel. Pour ne pas oublier que c'est un homme qui a fait cela à une femme.
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Des hommes justes : Du patriarcat aux nouve..

Soyons honnêtes, les essais n’ont jamais vraiment été ma tasse de thé – c’est pourquoi j’ai décidé de sortir de ma zone de confort en intégrant le Grand Prix des Lectrices du magazine Elle, pour lequel je vais lire un essai par mois. Il faut dire que mes collègues jurées ont plutôt bien choisi l’essai qui inaugure cette nouvelle aventure. Dans Des hommes justes, Ivan Jablonka réussit l’exploit de nous faire réfléchir sur la justice de genre, en nous instruisant sur le patriarcat, l’histoire et les victoires du féminisme ainsi que sur le déclin des masculinités de domination. Autant de notions qui hantent nos sociétés mais sur lesquelles nous avons rarement l’occasion de prendre du recul – à moins d’être très investies sur ces sujets, ce que je ne suis pas.



Cet essai, étrangement passionnant pour la novice que je suis, m’a ouvert les yeux sur un certain nombre d’enjeux, de conditionnements et de combats dont je n’avais jamais vraiment eu conscience, étant née au XXème siècle, après les plus grandes victoires du féminisme. Les deux premières parties, sur l’histoire du patriarcat et de son implantation dans nos sociétés, puis sur l’histoire du féminisme et de ses revendications, m’ont beaucoup appris, tout en m’apportant des éclairages précieux. Ivan Jablonka a réussi à rendre son propos simple, parfois même drôle, rendant son livre facile d’accès pour n’importe quel lecteur intéressé par le sujet.



C’est dans la troisième partie que nous touchons au cœur de son point de vue : la nécessité de mettre en place une justice de genre, plus qu’une simple égalité des sexes. Il défend l’idée d’une nécessaire implication des hommes dans ce changement majeur de nos sociétés, une fois qu’ils auront laissé de côté les diverses masculinités polluant leurs rapports aux femmes, aux autres minorités et aux bouleversements socio-économiques du XXIème siècle. Si je ne suis pas forcément toujours alignée avec ses idées, j’ai apprécié de pouvoir réfléchir plus longuement à ces notions, j’ai apprécié de pouvoir partager avec lui cet idéal d’une société juste, où les femmes n’auraient plus à se battre pour pouvoir être considérées à l’égal des hommes, mais où chacun serait considéré indépendamment de son sexe, de sa couleur de peau, de ses orientations sexuelles, ou de tout autre trait de caractère ne faisant pas de lui un homme blanc dominant.
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En camping-car

Soyez heureux! intimait le père Mais derrière cet ordre, se cachait une injonction bien plus complexe.



Au travers de ce récit au doux parfum d'enfance, Ivan Jablonka retrace les pérégrinations estivales de sa famille en camping-car durant la décennie 80. Ravivant ses souvenirs grâce à ses carnets de voyage d'enfant et d'adolescent, il nous fait découvrir les Etats-Unis, la Grèce, la Turquie, l'Italie, l'Espagne, l'Autriche...



Soyez heureux! disait le père. Le moindre signe d'ennui ou de lassitude le plongeait dans un océan de colère et de tristesse. Être heureux, c'était vivre. Vivre, c'était être libre. Et quoi de mieux qu'un camping-car pour transmettre les valeurs de la liberté?



Dans les années 80, nul besoin d'attacher sa ceinture de sécurité à l'arrière, point d'emplacement expressément réservé aux camping-cars, exit les réservations Airbnb, à bas les comptes Facebook à alimenter pour prouver au monde entier que OUI! nos vacances sont extraordinaires.



Non, dans les années 80, la tribu Jablonka s'entassait dans le combi Volkswagen, avalait les kilomètres, visitait tous les musées qui se trouvaient sur son chemin, passait ses journées en maillot de bain, écrivait des cartes postales, se mettait activement à la recherche de cabines téléphoniques et accueillait les imprévus comme des preuves de liberté.



Sans crier gare, le mois de septembre arrivait et le jeune Ivan retrouvait les bancs de l'école. Parler de ses vacances le mettait toujours mal à l'aise et bien souvent, il était sujet aux railleries de la part de ses camarades de classe. Voyager en camping-car était souvent considéré comme une preuve irréfutable d'appartenance à la classe modeste. Mais pour les Jablonka, le camping-car était, malgré les non-dits, synonyme des routes de l'exil. Vivre pour ceux qui n'étaient plus, vivre pour ceux que les camps de concentration ont vu mourir, vivre pour apprendre à ne jamais oublier, vivre et être heureux.



Vous l'aurez compris, ce livre présente un double langage. Il ne faut pas hésiter à relire des passages plusieurs fois, afin d'en découvrir tous les sens cachés. Car sous couvert d'une nostalgie non dissimulée, se cache une analyse sociologique, psychologique et historique très détaillée. On peut se laisser glisser dans ce récit comme dans un sac de couchage doux, léger, confortable et familier mais dans ce cas, certains passages seront longs, fastidieux, redondants. En revanche, si on fait le choix de "vivre" ce livre comme si nous faisions réellement partie de ces voyages, alors il nous comblera de surprises et nous délivrera, à demi-mot, tous ses messages.



Un récit passionnant, à lire absolument.
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Laëtitia

Une histoire tirée d'un fait divers. Au travers de cet simple description lapidaire, il y a bien plus que cela : un réel effort de l'auteur pour essayer de comprendre, de nous faire comprendre l'incompréhensible, qui pourtant continue de se produire, jour après jour, au gré d'autres "faits divers" tous aussi glauques et poignants dans la navrante banalité d'un certain quotidien, que ce soit en France ou ailleurs.

Ivan Jablonka a aussi le mérite de décrire quels efforts sont déployés par d'autres, parfois simples tâcherons anonymes, pour tenter de démêler le vrai du faux et faire ressortir, sous le feu cru des projecteurs, l'implacable réalité d'une âme humaine tissée de lumières et d'ombres.

Un livre à nous faire tous réfléchir, autant que nous sommes.
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Laëtitia

L'auteur se place en historien-sociologue pour réaliser son œuvre. Il s'est intéressé à un fait divers de 2011, la disparition d'une jeune fille, Laëtitia, près de Pornic. Il a choisi de retracer son parcours de vie, qui n'a eu de cesse de la confronter à la violence, pour s'achever à ses dix-huit ans, dans la brutalité.

L'auteur présente un travail très fouillé : il a mené l'enquête, en interrogeant directement des personnes ayant pris part à l'affaire. Il retrace la vie de Laëtitia, sa triste histoire : celle d'une jeune fille qui naît dans un contexte de violence, de placement en famille d'accueil. Ayant toujours été en contact avec des hommes brutaux, ses repères sont quelque peu floutés... Cet ouvrage permet de parler davantage de la victime, contrairement au traitement de ce genre de fait dans les journaux qui met toujours en avant le criminel.

En revanche, le texte n'est pas toujours évident à suivre. La chronologie n'est pas toujours respectée ; une bonne partie de l'œuvre présente des chapitres assez courts alternant récit de la vie de Laëtitia et avancée de l'enquête de l'auteur...
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Laëtitia

Avis très mitigé sur ce livre… Sur l'histoire, pas de surprises, tout le monde à entendu parler de ce fait divers tragique : le meurtre d'une jeune fille de 18 ans, Laëtitia Perray, retrouvée en plusieurs morceaux au fond d'un lac de Loire atlantique. L'affaire fait grand bruit : de rebondissements en rebondissements on découvre deux fillettes souffrants de graves carences éducatives (qui joueront un rôle certain dans le drame), un meurtrier multirécidiviste, une famille d'accueil dont le père, pédophile, exerce son emprise sur les soeurs, un père biologique violent, une mère dépressive et absente, le tout dans un milieu social très défavorisé...

Jablonka interroge les témoins pour mieux saisir ce qui a été la courte vie de Laetitia : Ballotée de parents en grands-parents, de foyers en famille d'accueil, elle n'aura connu que la violence. Une vie volée, brutale. Une mort sordide.

La surprise vient de la forme du livre : Il y a là deux livres en fait ! le premier, récit du drame, enquête et procès de Tony Meilhon. le second, biographie de Laëtitia. Les deux s'entremêlent sans vraiment se répondre ; le premier récit dépeint bien les différentes parties de l'enquête, est riche en détails sur le travail des gendarmes, des travailleurs sociaux, de la justice… On voit l'historien derrière, les parties techniques sont passionnantes. le style froid, professionnel, permet de prendre le recul nécessaire pour « digérer » l'histoire, franchement sordide. Alors pourquoi ces envolés, presque lyriques, ponctuant le portrait de Laëtitia ? Jablonka parait très en empathie, le ton manque de distance et tombe de peu dans le pathos. On voit bien qu'il essaie de ménager la chèvre et le chou, on sent sa volonté de ne blesser personne et de montrer à Jessica (la jumelle de Laëtitia) qu'il respecte son histoire. Mais cela finit par sonner un peu faux… Et on n'échappe pas à quelques poncifs ; Je vous laisse juger, p.165 : « Ai-je le droit de parler de « choix », sachant que, justement, elles n'ont pas vraiment le choix ? CLAD en primaire, SEGPA au collège, CAP au lycée : on pourrait voir dans ces acronymes l'illustration des déterminismes qui pèsent sur les enfants d'origine populaire, orientés dès le primaire, c'est-à-dire placés sur les rails de métiers sous payés, fatigants et peu considérés. » Aïe aïe aïe, le discours « mi-pitié, mi-condescendance », du cultivé professeur parisien !

(« Parigot tête de veau » doit-on se dire chez les ploucs du pays de Retz…)

Ajoutez les nombreuses louanges à l'endroit des juges, avocats, policiers qui ont suivit l'affaire. Là encore, entre admiration sincère et flagrant délit de flagornerie, j'ai eu du mal à trancher… Finalement j'aurai sans doute apprécié cette lecture sans ce tenace sentiment d'ambivalence, chaud-froid permanent qui alourdi franchement le récit. Bref, une lecture qui m'a intéressé mais beaucoup agacée.

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Laëtitia

L'affaire Laëtitia Perrais est un atroce fait divers qui remonte à janvier 2011, dans la région de Pornic. La jeune fille de dix-huit ans, enlevée, sûrement violée, puis assassinée et démembrée, a fait la une de l'actualité durant de nombreuses semaines, soulevant une immense émotion dans le pays tout entier, ainsi que son tueur Tony Meilhon.

L'historien Ivan Jablonka revient sur cette affaire judiciaire, médiatique et politique sur laquelle il a travaillé durant deux années. Les chapitres alternent entre l'enquête judiciaire et l'enquête personnelle sur la vie de Laëtitia menée au plus près de ses proches. Car l'écrivain, au-delà du fait divers, s'est surtout attaché à raconter une vie, celle d'une jeune fille gaie, dotée d'une grande force morale et capable d'une grande résilience par rapport à ce qu'elle a vécu. Comme il l'explique très bien, il veut avant tout que Laëtitia compte pour sa vie et non pas pour sa mort.

Son récit est également étayé d'apports historiques et de réflexions sociétales. Sans aucun doute, Ivan Jablonka, qui a travaillé sur les enfants abandonnés, retirés à leurs parents, placés en famille d'accueil et parfois maltraités, maîtrise son sujet.



Mais je l'avoue d'emblée, je n'ai pas pu aller au bout de ma lecture. L'enquête judiciaire en elle-même, très détaillée, ne m'intéressait pas outre mesure. Par contre, les parties consacrées à la vie de Laëtitia – et à sa soeur jumelle Jessica – beaucoup plus.

Ivan Jablonka souhaite que le lecteur conserve une « belle » image de Laëtitia, soit. Mais à retracer sa vie, son enfance malheureuse, maltraitée, ballotée, … jusqu'à sa fin connue, je n'ai finalement ressenti qu'un immense malaise. Plus j'avançais, plus je désespérais. Peut-être que si j'avais été plus loin dans la lecture, ma vision aurait-elle changé mais j'en doute. On sait tous comment s'est terminée la vie de Laëtitia…

De plus, j'ai eu du mal dès le début à ne pas distinguer les frontières entre l'historien, l'écrivain et l'homme, très proche de la famille de Laëtitia. Comment d'ailleurs conserver toute son impartialité et son regard d'expert quand il y a autant d'empathie vis-à-vis de la victime ?



J'aime beaucoup lire des livres d'histoire et suivre l'analyse du professionnel qui reste impartiale, même sur des sujets très sensibles. Ainsi, lorsque Jean Hatzfeld interrogent victimes et bourreaux dans sa trilogie sur le génocide au Rwanda, il garde un ton neutre même s'il ne cache pas sa méfiance vis à vis des tueurs hutus. C'est normal. Il s'agit en plus d'un "événement" historique.



Par contre, "Laëtitia ou la fin des hommes" place en son centre une jeune fille que l'on suit dès le berceau. Ce roman dénonce également les violences faites aux femmes, depuis toujours. Il révèle également les récupérations politiques. En bref, il y a un mélange des genres, un mélange d'études mêlées d'émotions qui ne m'ont pas convaincue. Soit on fait un récit historique, soit on écrit sous le signe de la fiction. Mais les deux me paraissent compliqués à associer surtout dans ce genre d'affaire.



Voici donc une lecture inaboutie que je ne peux donc noter, ce qui ne m'empêche pas de reconnaître l'immense travail d'Ivan Jablonka, absolument passionné par son sujet, peut-être trop à mon goût.

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Laëtitia

Franchement, je ne comprend pas l'emballement autour de ce livre. L'enquête est vraiment intéressante mais de là, à voir cet essai dans la sélection du Goncourt! Il est remarquable de redonner à cette jeune fille l'existence dont elle a été privée sauvagement, son histoire est touchante et éclairante. mais l'auteur ne trouve pas la juste distance avec son objet.
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Laëtitia

‘Laëtitia ou la fin des hommes’ c’est l’histoire d’un fait divers sordide qui a bouleversé la France en 2011.

Laëtitia Perrais est retrouvée dépecée au fond d’un lac, elle avait 18 ans. Son bourreau n’est autre qu’un multirécidiviste extrêmement dangereux tout juste sorti de prison.



L’écrivain et historien Ivan Jablonka nous livre une étude brillante sur une société capable d’engendrer de tels monstres.



Ivan Jablonka évoque les faits liés au crime de Laëtitia et établit un inventaire effrayant de l’état de la société française.



Une lecture parfois glaçante mais utile pour s’interroger sur les travers de notre société.

Un remarquable état des lieux de la France.



L’œuvre d’Ivan Jablonka est remarquable de justesse et ne tombe jamais dans le voyeurisme.



Une écriture pleine d’empathie et de bienveillance à l’égard de Laëtitia et de sa jumelle Jessica, victime elle aussi de la cruauté des hommes.



Un document puissant qui, à la fois, émeut le lecteur et l’interroge sur le monde.

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Laëtitia

Extraordinaire chronique d'un fait divers sordide. Laetitia retrouve une dignité grâce à l'enquête minutieuse et le parti pris de l'auteur de nous laisser accéder à l'intimité de la jeune fille sans verser dans le voyeurisme. Notre monde contemporain est mis à nu : les arcanes de la justice, les aléas de l'enquête de police, les aberrations de l'aide à l'enfance, la maltraitance, la violence, la pauvreté, les réseaux sociaux, la place de la femme ... L'essai rejoint la tragédie antique avec tous ses codes: dès le début, le lecteur connaît l'issue, la violence et la mort rôdent , la fatalité s'abat de façon implacable...

A lire absolument !
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Un garçon comme vous et moi

Première aventure avec Ivan Jablonka… Je suis plutôt conquise.



Pour commencer, j’ai pris plaisir à lire ces lignes. L’écriture de Monsieur Jablonka est fluide, simple, sans être dénuée de profondeur. Ses phrases sonnent justes ; il y va direct, sans détours, on accroche.



Ensuite, je dois dire que je reste un peu dubitative sur le fond, mais cela n’est peut-être pas sans lien avec les attentes que j’avais… L’idée de base est excellente : questionner la ou les masculinités, de leur construction à leurs effets. Enfin, c’est ce que je pensais ! En réalité, le prisme auto-biographique prime dans ces lignes. Ainsi, l’auteur utilise son histoire comme terreau à des réflexions sur sa masculinité, et les masculinités de manière plus générale. Il présente, décortique, trifouille, questionne et analyse des éléments de vie, pour en extraire des idées et concepts. Le résultat est très intéressant, tout en étant forcément, assez subjectif ; ce qui en fait sa force, selon moi.



Finalement, j’ai passé un très bon moment en compagnie d’Ivan Jablonka, ses questionnements (et son anxiété) !

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Des hommes justes : Du patriarcat aux nouve..

Définir « une morale du masculin pour l’ensemble des actes sociaux », l’ambition d’Ivan Jablonka est clairement affichée dès l’introduction de son ouvrage. Partant du constat que nous vivons dans une société patriarcale organisée autour de l’assujettissement des femmes, il propose une réflexion en quatre temps : passer en revue les fondements de la domination masculine, dresser un bilan des acquis des féminismes, constater la fragilisation des supports de la masculinité avant de passer à son plaidoyer : la justice de genre.

J’emploie volontairement ce terme, plaidoyer, car l’auteur s’éloigne des champs historique et sociologique pour une défense passionnée d’une masculinité de non-domination. Je dirais qu’après le constat documenté, il expose ses conclusions. Elles m’ont semblé parfois surprenantes, parfois ambiguës, voire gênantes.

Ainsi, la science historique, largement dominée par les hommes, serait le résultat d’un « amour de la grande Histoire produite par les grands hommes, fascination inavouée pour les guerres, conquêtes découvertes, révolutions – autant de choses glorieuses que nous savons faire, « nous les hommes ». » Jablonka propose donc un programme de réforme de l’université, depuis les fonctions jusqu’aux méthodes, en passant par les modes de narration où le « je » se substituerait à l’objectivisme faussé de ses confrères. Le but est de « démasculiniser l’histoire et les sciences sociales ». Je ne peux m’empêcher de voir dans ce procès fait aux historiens une certaine outrance, quant aux solutions préconisées, leur radicalisme est englué dans un conformisme de catéchisme : pourquoi le « je » serait-il davantage une garantie de pertinence académique qu’une posture ?

Balançant entre prescriptions et parfois avis tranchés, Ivan Jablonka suit plus d’une fois un chemin périlleux. Quand il s’en prend aux emplois de services à domicile, il reproche à une élite d’avoir créé « une aliénation dédoublée : celle des femmes peu qualifiées au service des plus riches, celle des femmes très qualifiées au service de leur famille ». Ce pis-aller permettrait aux hommes de fuir devant le partage des tâches domestiques, instaurant un modèle de couple inégalitaire où l’on retrouve « le même chantage que chez les mammifères, où le mâle a tout loisir d’abandonner la femelle ». Je ne sais pas si cette manière de voir les choses est partagée par les biologistes – dans la nature, les méchants mâles punissent-ils les faibles femelles ? – mais il n’est pas utile de renvoyer les femmes à leurs fonctions biologiques pour instaurer un partage équilibré au sein du couple.

Autre agacement, Jablonka note que « la prise en charge cardiovasculaire des femmes peut-être notablement améliorée ; la contraception avec œstrogènes de synthèse a des effets néfastes sur leur santé, les traitements médicamenteux leur sont insuffisamment prescrits » : certes, mais l’important est de laisser aux femmes le libre choix de la maîtrise de leur fécondité. « Le féminisme doit respecter les compromis de couple, mais les compromis de couple doivent aussi respecter le féminisme », il y a là une orthodoxie de vue qui ne doit pas s’appliquer au détriment des choix personnels des femmes.

Même sentiment de lire un catalogue de bonnes intentions quand l’auteur conclut qu’ « en fin de compte, un rapport hétérosexuel « équitable » devrait comporter une stimulation clitoridienne par masturbation, caresse ou cunnilingus ». Quand il définit ce qu’est la masculinité de grossesse – « l’attitude de solidarité qu’un homme témoigne à sa compagne avant et après l’accouchement » – je ne peux m’empêcher de voir derrière la concrétisation en actes de cette solidarité un modèle sous-jacent de mère : celle qui est fatiguée, qui allaite, peut-être déprime,etc. Je n’ai pas envie de voir se profiler derrière la reconnaissance de difficultés spécifiques attribuées aux femmes, un certain modèle féminin défini par sa contraception, sa manière d’investir sa maternité, son désir, son hygiène de vie, etc. La frontière de l’injonction est franchie quand la masculinité de non-domination se cale sur une supposée féminité partagée par toutes les femmes.

Jablonka « revendique le droit de parler, en tant qu’homme, du féminisme et de la justice de genre », je n’y vois aucun inconvénient. Il veut être un homme engagé dans le combat de la justice de genre. Pourquoi pas ? Son ouvrage le prouve sans éviter toujours l’écueil des intentions louables noyées dans des recettes qui nous sembleront peut-être dépassées dans quelques années.

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Laëtitia

« Laetitia », c'était pour moi la petite ritournelle de Gainsbourg, ainsi que le prénom d'une de mes meilleures amies. Maintenant ce sera aussi le titre du livre d'Ivan Jablonka, que j'ai dévoré.

Le sujet est pourtant extrêmement difficile : l'auteur décrit en effet ce terrible fait divers qui a secoué la France en janvier 2011, à savoir la disparition puis l'assassinat de Laetitia Perrais, jeune fille de 18 ans placée en famille d'accueil en Loire Atlantique. L'affaire en avait soulevé bien d'autres, dont la grève historique des magistrats suite aux interventions du président de l'époque, Nicolas Sarkozy, les accusant de ne pas avoir suivi correctement le principal suspect alors que celui-ci sortait de prison. Et je ne vous parle même pas du procès pour viol du père de la famille d'accueil quelques mois plus tard…

Ce qu'a ici voulu faire Ivan Jablonka, c'est redonner vie à cette jeune fille en la traitant non comme une victime, mais comme une femme pleine de vie qui a fait une (très) mauvaise rencontre. Il mène ainsi une enquête minutieuse et passionnante, qui éclaire en profondeur les différents tenants et aboutissants de cette histoire terrible. Certains pourront trouver la démarche racoleuse, moi j'ai trouvé au contraire qu'il se place en tant qu'historien de notre époque, mettant en lumière ceux qui n'y sont jamais. Bref, un grand livre.

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Laëtitia

Ce fait divers, survenu en 2011, a choqué les Français. Ils ont été dégoûtés par la violence des faits, la jeunesse da la victime, l'exceptionnelle ignominie de l'assassin. Et c'est sur cet horrible Tony Meilhon que s'est focalisée l'opinion publique. Justement, l'auteur du présent récit refuse cette attention morbide accordée au meurtrier. Dans son récit, il ne veut oublier aucune composante de cette affaire hors normes, et surtout pas la victime elle-même. Tous les aspects sont examinés: policier, judiciaire, politique (avec l'intrusion du président de la République), médiatique, etc… Cerise sur le gâteau, le père d'accueil (d'abord présenté comme exemplaire) abusait des jeunes filles qui lui étaient confiées ! Cette affaire a été non seulement sordide, mais aussi vraiment incroyable.



Le livre insiste volontairement sur la vie de Laëtitia, non seulement sur ses derniers jours, mais aussi sur toute sa pauvre existence. On découvre un destin terriblement cabossé par la vie, avec la perspective d'un (timide) épanouissement, mais aussi plombé par une tendance suicidaire. A travers Laëtitia, on découvre ce que peut être le parcours chaotique des enfants retirés à leurs parents et placés dans une famille d'accueil. Un vrai crève-coeur ! C'est principalement cet aspect du livre que je vais retenir. Cette lecture m'a remis en mémoire "La misère du monde" de Pierre Bourdieu, qui m'avait paru très éprouvante.

J'ai été confronté à un monde étrange, étranger non par la géographie (ils habitent près de chez nous), ni par la distance temporelle, mais par l'incommensurable différence des cultures. Celle qui était Laëtitia - avec, entre mille exemples, l'improbable orthographe de ses SMS - était à mille lieues des lecteurs dans leur immense majorité. L'aspect sociologique de ce livre a beaucoup d'intérêt.



J'aurai quand même deux réserves. D'abord la forme du récit qui joue trop à saute-mouton, d'une époque à l'autre, d'un aspect à l'autre. Ensuite un esprit que je trouve un peu trop "politiquement correct" étalé avec une certaine complaisance. Mais, tous comptes faits, ce livre mérite vraiment d'être lu.
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En camping-car

Ivan Jablonka nous raconte une époque révolue mais qui est pourtant si proche, celle des années 80, du camping sauvage, celle où l'on pouvait arrêter son camping-car n'importe où sans contrainte.

Cette époque où les enfants s'égaillaient dehors à chaque arrêt, internet et les réseaux sociaux n'existaient pas

Souvenirs de cette époque qui me parlent aussi puisque j'ai les mêmes

Un livre qui m'a fait voyager dans le temps et qui m'a rappelé tant de choses....

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En camping-car

"En camping-car" est un OLNI (objet littéraire non identifié) tenant à la fois de l'autobiographie , du dépliant touristique pour amateur d'Histoire, mais également ,et c'est à mon sens le plus important , des sciences humaines (sociologie ,anthropologie,psychologie) voire de philosophie

Profondément humaniste, comme ses ouvrages précédents nous l'avaient déjà montré ("Laëtitia", "Le corps des autres"...), Ivan Jablonka décrit ,avec infiniment de tact, les raisons profondes ayant entraîné son père à privilégier ce mode de vacances.( "Je viens du pays des sans pays", "Souviens-toi que ,toi aussi, tu as été étranger".....) .

L'écriture est fluide, la pensée d'une grande clarté, les hypothèses émises et les conclusions proposées faisant , à mon sens , avancer de façon non négligeable , la pensée pour une meilleure compréhension du "temps des vacances" (dans certaines couches sociales du moins).

Passant du particulier au plus général, avec la modestie qui le caractérise ("Intraitable avec soi,indulgent avec les autres: voilà une bonne devise pour le chercheur, lui qui s'arroge le droit de parler à la place des morts, des pauvres et des dominés"), Jablonka nous propose , sans en avoir l'air et non sans une certaine tendresse, une belle leçon de sciences humaines appliquées

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