Critiques de J.M.G. Le Clézio (1112)
Il est un peu difficile d'entrer dans ce livre, car il faut se laisser porter par le flux du langage et accepter de perdre le fil de la narration. Splendide roman-poème, le texte dévoile peu à peu l'identité de l'île Maurice, ses habitants, sa langue, sa flore et sa faune, son rythme qui n'est pas le nôtre, ses richesses et sa pauvreté, et nous transporte dans un autre lieu, mais aussi à une époque où elle était "Alma", avant de devenir "Maya'. "Alma", l'âme, en latin, et les références bibliques abondent, comme souvent chez Le Clézio, dans cette quête des origines : Jérémie, Achab, Jonas, Macchabée, l'Arche, le lavement des pieds, et le "clochard céleste" évoqué comme un Christ souffrant. "Alma, Alma mater", c'est la femme vénérable, la Vierge, qui manque à Dodo, lépreux ravagé par la misère, et "Maya", c'est la féminité dévoyée, la sexualité triomphante alliée à la cupidité. Et que dire de "Ripailles", "L'harmonie", "Crève-coeur" etc ? Ce n'est pas un hasard si Le Clézio attire notre attention, au début, sur les noms. Le roman-poème est tissé de noms. "Alma", c'est un mythe, une histoire qui raconte l'éternel recommencement de la lutte du bien contre le mal, la nostalgie d'un salut, et un héros qui affirme "Mon nom est Personne", car il est "L'étranger". Cette quête de racines géographiques n'est-elle pas aussi, et peut-être avant tout, une quête d'âme ? De plus, l'oiseau Dodo rappelle l'albatros de Baudelaire : le poète a "des ailes de géant" qui l'empêchent de marcher, il demeure incompris des autres hommes. Sa seule patrie, c'est la littérature. Un excellent livre, qui procure un grand plaisir de lecture.
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Je suis pas un inconditionnel de Le Clézio, mais on m’a offert ce livre, alors je l’ai lu… sans plaisir ni déplaisir. Le style est assez neutre, presque journalistique et les histoires intéressantes, mais un peu trop édifiantes. Avers est à rapprocher de « Ici et ailleurs », le recueil d’articles du Monde écrits par Florence Aubenas qui a paru presque au même moment. Étonnamment, je trouve que Florence Aubenas (sur des sujets globalement plus “franco-français”) a un angle de vue plus personnel et intéressant que Le Clézio…
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JMGLC nous propose successivement huit nouvelles ayant un point commun, le parcours et la survie difficiles de gens jugés indésirables là où ils sont ou la où ils vont. Ces textes distincts ne permettent pas un résumé global de leur contenu, c’est le principe de la nouvelle, et il faudrait les examiner un à un pour mieux les apprécier, mais la fibre humaniste et sensible de l’auteur rehaussée par les qualités littéraires qu’on lui connaît rend précieuse la lecture de l’ensemble.
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Un ouvrage pour lequel Le Clézio reste fidèle à lui-même. Il nous présente des personnages purs, attachés à leurs valeurs et croyances, loin des préoccupations des sociétés "modernes".
Ces nouvelles nous font encore repenser notre rapport à l'autre. Aussi, entre douceur et brutalité, nous y découvrons des parcours d'apprentissage bien différents des nôtres.
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Avers...la face cachée ceux que l'on ne veut pas voir que l'on cache mais qui ont des vies **riches** de souffrances: inceste,viol, violences....
Le Clezio nous emmène dans des lieux qu'il connaît bien car pour la plupart il y a vécu
Une écriture de plus en plus ciselée, riche qui cache et /ou révèle l horreur de ces vies.
Ces nouvelles sont des pépites de style et d'humanité
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Ceux qui échappent à notre regard trouvent ici une plume pour dire qu'ils existent.
Les petits, les oubliés des conflits, les rats des frontières, les exclus de la société, les victimes de l'argent sale ont une âme, des peurs, toujours, et des rêves, parfois. Ils sont vieux, jeunes, hommes ou femmes, ils fuient.
Il fallait une langue belle et généreuse pour fixer notre regard sur l'avers du monde et pas seulement balayer des yeux quelques gros titres d'actualités.
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« Avers » ; JMG Le Clézio (Gallimard, 220p)
Huit nouvelles, dont les héros sont des laissés pour compte, des bannis, des victimes dans des pays pauvres (Amérique du Sud, Madagascar…), ou dans le Paris des pauvres venus d’ailleurs.
Toutes les nouvelles ne se terminent pas mal, mais le poids de la souffrance, de l’humiliation est lourd à porter, dans un monde où la violence ne fait qu’empirer, écrasant une humanité si proche de la nature et à qui on enlève tout.
C’est émouvant, poignant, Le Clézio parle de mondes qu’il connait visiblement bien. Et même si les bons sentiments ne sont pas la meilleure recette pour faire de la bonne littérature, je me suis laissé prendre par ces destins au bord du précipice. Et puis il y a la langue de Le Clézio, belle, parfois mâtinée de créole. Ça ne laissera pas en moi des traces indélébiles, mais je ne suis pas resté insensible à la lecture de ce livre.
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J'ai voulu lire ce dernier livre de JMC Le Clézio, "Avers", parce qu'il était de Le Clézio...
Quelle déception !
Mise à part sa première nouvelle "Maureez Samson", les autres n'accrochent pas. Ces nouvelles, toutes humanistes qu'elles puissent être, restent ennuyeuses à lire. Par bonheur, l'écriture coule si bien que cela m'a permis de terminer ce livre; c'est de la belle littérature en soi. Mais Yoni ne m'a pas ému, ni les déboires des gamins de Nogalès; leurs dramatiques courses-poursuites avec la police qui les attendent au sortir des égouts de passage sont de sempiternels drames de ces frontaliers d'avec l'Arizona, terre de promesses que le Mexique n'offre pas. Les rêves déçus de Chepo et Bravo, de la "jeune fille aux cheveux d'or belle comme une fée "restent les seuls sentiments qui ressortent de ce livre, par ailleurs sans émotion. Ce roman humaniste m'a laissé froid.
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Je tiens à préciser que j'ai toujours cité JMG LeClézio au nombre de mes écrivains préférés. Son écriture a été une révélation à l'adolescence. Du "Chercheur d'or" à "Poisson d'or" en passant pas "Onitsha" ou "Désert", j'ai dévoré les romans qu'il publiait et ceux publiés avant que je sois en âge de les lire.
Je retrouve ici l'un des ingrédients de son talent : son style, sa prose préciser et poétique, son exotisme également. Mais pour être sincère je me suis terriblement ennuyé. Pas une nouvelle pour me happer. Je dirais qu'il ne se donne pas le temps de construire des histoires. Ce sont des descriptions (grandioses) de ce dont il est le témoin. Des enfants pauvres, des enfants tristes. Mais leurs destinées ne font pas sens sauf à les empiler les unes derrière les autres pour nous chanter la misère du monde. ça ne me suffit pas... Ces courts textes écrits à travers le temps me paraissent artificiellement réunis pour vendre du LeClézio. Je l'espère plus inspiré avec son prochain opus.
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Le Clezio parle de son livre en disant qu'il a voulu rendre visibles les invisibles, ces enfants qui errent sur les routes ou dans les villes du monde entier.
A Madagascar, au Mexique ou en Irak, mais cela peut être en Amérique du sud, en Afrique et malheureusement même en France.
Seuls ou en fratrie, mis à la rue à cause de la guerre, de la famine ou de violences familiales, les enfants vont tenter de survivre.
Leurs rêves d'enfant vont souvent se muer en cauchemars.
Le Clezio trouve les mots pour que l'on n'oublie pas Maureez, Chuche, Marwan ou Chepo.
Avec le style délicat et poétique qu'on lui connaît, il dénonce cette indifférence générale à la souffrance.
La tristesse et la mélancolie de ces nouvelles nous resteront longtemps en mémoire.
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