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Critiques de Jacques Benoist-Méchin (47)
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Ibn-Séoud ou la naissance d'un royaume

Pour qui s'intéresse à ce qui se passe en Arabie, et plus généralement au Moyen-Orient, un rappel utile de ce qui survint au XXème siècle dans cette partie du monde n'est pas inintéressant.

Et quoi de mieux qu'une biographie ?

Malgré toutes les réserves que l'on peut faire à propos de Jacques Benoist-Méchin (son passé de "Collaborateur" et ses pastiches de travaux effectués par d'autres, ce qui fut le cas pour son portrait de Lawrence d'Arabie, dont beaucoup de passages sont des reprises du portrait que fit de de ce héros Jean Béraud Villars), il faut reconnaître à cet auteur un grand talent pour nous intéresser à des lieux et des destinées qui ne nous passionneraient pas forcément autant que cela, de prime abord, mais il le fait avec une plume si précise, si alerte et une capacité à cerner l'individu auquel il s'intéresse avec un si rare talent, au moins autant dans le rappel biographique que dans l'analyse politique et psychologique, que l'on prend son livre comme on lirait un roman.

C'est que Benoist-Méchin a livré ici au public un livre qui porte sur des phénomènes majeurs du XXème siècle : il ne s'agit donc pas seulement de parler du seul Ibn Séoud, unificateur, après la Première Guerre mondiale, de l'Arabie avec en son centre le noyau du Nedjd, une Arabie devenue Arabie Saoudite, conquérant du Hedjaz, instaurateur d'un courant du Sunnisme assez "fondamentaliste", le Wahhabisme, devenu soudain triomphant et incontournable dans cette zone désertique grâce à la découverte fort opportune de gisements de pétrole dans le sous-sol de la péninsule.



Nous y voici : le pétrole fait l'objet de longs développements dans ce livre, et cela nous vaut un historique des compagnies occidentales qui ont effectué les forages et encaissé les profits, et une bonne explication du pourquoi de l'entente qui se fit entre les États-Unis d'Amérique et l'Arabie saoudite, et ce depuis la mémorable entrevue entre Ibn Séoud et le président Franklin Delano Roosevelt, à bord du Quincy, pour un accord au moins aussi important que ceux qui furent signés à Yalta.

Une bonne partie de l'histoire de nos relations avec le Moyen-Orient et de notre dépendance énergétique pendant des décennies se lit à travers ce livre consacré à Ibn Séoud.



Benoist-Méchin avait fait là du bon travail.



François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)
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Le rêve le plus long de l'Histoire, tome 7 : ..

Frédéric de Hohenstaufen, dont le prestige a été immense, fascine. Héritier du Christ, des Césars, de Charlemagne, des Normands, petit fils de Roger II de Sicile et de Frédéric Barberousse, son pouvoir était en grande partie sacralisé. S'il se rendit en Terre Sainte, après bien des retards, ce fut pour libérer le royaume de Jérusalem, non pas par les armes, mais par la négociation. Bien que souvent hautain et cruel, comme la plupart des princes du moyen âge, Frédéric apparaît davantage comme un esprit éclairé avide de paix que comme un implacable homme de guerre. Il était curieux des arts et des sciences, fondant les universités de Naples et de Salernes, et la Sicile, à laquelle il fut toujours très attaché - il passa son enfance à Palerme -, devint alors un important foyer de culture. Il parlait, dit-on, six langues, Le grec, le latin, l'arabe, le sicilien, le normand et l'allemand. Sa vie a été marquée, dès son plus jeune âge, par les dissensions et les périls, se heurtant aux manoeuvres, souvent sordides, et aux haines de plusieurs papes, plus politiques que religieux, dont Grégoire IX qui l'excommunia.
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Le rêve le plus long de l'histoire, Tome 6 : ..

Dans la culture populaire j’ai souvent vu présentée la vie et l’œuvre d’Alexandre de Macédoine à la manière d’une image d’Epinal partiale : il conquiert un empire de barbares incultes et dévots, prouvant définitivement la supériorité de la culture grecque. Malheureusement à la fin de sa vie il se laisse corrompre par le faste décadent de la monarchie perse et finit par se prendre pour un Dieu.



Jacques Benoist-Méchin développe un point de vue plus équilibré, un point de vue qu’il adopte apparemment dans l’ensemble de sa série « le rêve le plus long de l’histoire » ou Orient et Occident se rencontrent et tentent un rapprochement sous l‘égide d’un homme d’exception. J’ai également lu son Frédéric de Hohenstaufen, autre élément de la série, et cette unité de vue y apparaît également.

Dans cette biographie d’Alexandre, l’auteur ne privilégie pas la culture grecque. Il fait alternativement l’apologie des deux civilisations grecque et perse. Il force (trop) le trait en présentant leurs oppositions intrinsèques : la Grèce cartésienne aspirant à se libérer du joug des Dieux, la Perse mystique considérant le monde visible comme un simple reflet du royaume des Dieux. Il s’attache à montrer qu’Alexandre a essayé de trouver la meilleure méthode pour les unifier avec un minimum de contraintes pour les uns et les autres.



On ne sent pas de mépris pour l’une ou l’autre culture chez Benoist-Méchin ; au contraire c’est plutôt de l’admiration qui transparaît, une admiration que selon lui Alexandre ressentait aussi, à l’inverse de ses compatriotes Grecs présentés comme méprisant les mœurs « barbares ».

Cependant on pourra ne pas être d’accord avec l’auteur qui fait l’apologie de la monarchie absolue et le procès de la démocratie. Pour lui seul un régime fort pouvait espérer unifier Grecs et Perses et il prête la même opinion à Alexandre - les soldats Grecs auront d’ailleurs beaucoup de mal à accepter cela et se révolteront plusieurs fois. De même que pour Frédéric de Hohenstaufen, Alexandre semble être le seul de son temps à rêver d’une union à égalité de culture entre Occident et Orient. Pour l’imposer aux foules, il se doit d’être au-dessus des lois, il se doit d’être La loi. Tel est le prix à payer. Une fois le rêveur mort, tout est détruit.



Pas tout en fait, il reste une interpénétration partielle des cultures. Une part de Grèce demeure longtemps en Egypte, dans les royaumes gréco-bactriens et jusqu’en Inde. Un peu de Perse a-t-il pénétré la Grèce ? C’est moins sûr.

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Le rêve le plus long de l'Histoire, tome 7 : ..

S'il fallait choisir entre les ouvrages écrits sur Frédéric II de Hohenstaufen, celui de Jacques Benoist-Méchin ne serait sûrement pas à dédaigner. Mais j'ai du mal à croire que Benoist-Méchin soit le grand biographe de cet Empereur "germanique" du XIIIème siècle : il y a tout de même eu, avant lui, Ernst Kantorowicz (1927), Marcel Brion (1948), et, depuis, Georgina Masson, Pierre Boulle et Anne-Marie Flambart Héricher.
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Le rêve le plus long de l'histoire, tome 1 : ..

Jacques Benoist-Méchin est-il le meilleur biographe de T.E. Lawrence ? Certes non. Et pourtant, il est le plus lu, et doit tout ce qu'il a écrit sur Lawrence à Jean- Béraud-Villars, et il l'a reconnu en préfaçant une réédition du livre de ce dernier (Le Colonel Lawrence ou la recherche de l'Absolu" pour le Club des Amis du livre en 1962). Jean Béraud Villars vers qui je me suis tourné pour guider mes premières recherches sur Lawrence s'amusait le plus souvent de ces emprunts multiples à son propre travail par Jacques Benoist-Méchin, mais un jour, il fut plus mordant et me dit : "Benoist-Méchin s'il connaissait la Bible devrait savoir que "Super Flumina Babylonis" n'est pas le titre d'un livre que Lawrence aurait rangé sur une étagère de bibliothèque, car il a affirmé cela, mais une lamentation du peuple hébreu en captivité à Babylone et partie intégrante de l'Ancien Testament".

Bon, cela dit, il était inévitable que Benoist-Méchin, qui avait écrit des biographies de qualité en abordant des personnages comme Ibn Seoud et Mustapha Kemal, s'intéressât aussi un jour à Lawrence, et tant pis si son ouvrage n'est pas le meilleur de ceux qui ont été écrits sur cet homme, car il a une élégance de plume, une légèreté aussi, qui lui a permis d'être le préféré, pendant longtemps, du lectorat français, sans doute parce qu'il a su toucher le grand public.

Il est temps toutefois de se référer à d'autres biographes : Jeremy Wilson, John Edward Mack, Malcolm Brown, André Guillaume, Raphaël Lahlou, Michael Yardley, Michel Renouard, Mikael Korda, Christian Destremau et votre serviteur.

Jacques Benoist-Méchin est un biographe de Lawrence qui a marqué une époque, mais il n'est pas une référence qui compte pour les spécialistes. Les Editions Perrin ont justement compris qu'il était temps de passer à autre chose en publiant l'ouvrage de Christian Destremau, Gallimard en faisant appel à Michel Renouard et L'Harmattan en faisant une place à mon portrait de Lawrence dans la prestigieuse collection "Comprendre le Moyen-Orient". Toute une génération de nouveaux biographes qui puisent aux sources britanniques et qui devront aussi se référer aux travaux du lieutenant-colonel Rémy Porte, qui nous prépare une surprise avec une biographie d'Edouard Brémond, grand rival de Lawrence, un ouvrage qui, j'en suis certain, fera date.

François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010).



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De la défaite au désastre, tome 2 : L'espoir tr..

Dans ce second tome, l'auteur achève ses mémoires de guerre pour la période de 1942 à 1944. Il n'est plus secrétaire d'état depuis le retour de Laval mais cela ne l'empeche pas de faire une analyse très complète des évènements auxquels il est confronté.

On peut regretter toutefois un manque d'autocritique car à aucun moment, il ne semble douter de son engagement ainsi que de ses prises de positions alors que quand il termine cet ouvrage , les horreurs de la politique de l'Allemagne nazie sont maintenant bien établies.

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De la défaite au désastre, tome 1 : Les occasio..

Ouvrage intéressant parce que l'auteur, très engagé dans la collaboration, nous donne à voir les événements de la politique des différents gouvernements de Vichy depuis son poste de secrétaire d'état.

C'est évidemment une vision de cette période que l'on a peu l'occasion de rencontrer d'autant plus que l"auteur explique beaucoup mais ne renie en rien ses actes.

L'auteur sera condamné à mort à la Libération avant de voir sa peine commuée en prison à vie. il sera libérer en 1954.
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Ce qui demeure

Les lettres classées par thème dans cet ouvrage sont d'une grande beauté. L'écriture est belle, ces hommes ont pris le temps d'écrire pour leurs familles et on ressent que c'est le seul lien qui leur reste avec le monde d'avant. Avant l'horreur.

Certaines lettres sont des lettres d'adieu écrites au cas où ils ne reviendraient pas et confiées à un camarade pour une mère, un père une sœur... Ces témoignages sont touchants mais on n'échappe pas pour autant à la vérité crue. Les descriptions du front de la boucherie que ce fut et de la torture psychologique imposée aux soldats sont bien présentes. L'expression guerre d'usure prend tout son sens.

Pourtant au travers de ces missives on sent l'espoir toujours présent et la foi d'un avenir meilleur. Il y a beaucoup de dignité dans ces écrits.

Ces hommes ne sont pas des hommes de lettres, et pourtant, est-il encore possible aujourd'hui d'écrire d'aussi belles lettres dans un français aussi élégant?
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Le rêve le plus long de l'histoire, Tome 6 : ..

Un cavalier surgit alors dans l'arène du monde, que semble entraîner un rêve trop grand pour lui.

La force qui le possède, le pousse en avant et finit par le terrasser.

Il naît avec Alexandre le grand dans la plaine d'Hecatompyles l'espoir de voir se réaliser la fusion entre l'Orient et l'Occident.

Benoist-Mechin nous raconte de façon palpitante la destinée extraordinaire de cet homme dont le nom a traversé les siècles.

L'auteur, grâce au style et au rythme de son écriture, sait nous attirer vers l'histoire et nous offre un récit original et passionnant de ce destin fabuleux.
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Le rêve le plus long de l'histoire, Tome 6 : ..

Un rêve : unir l'Occident et l'Orient en un empire unique. Un rêve simple quand on le pense mais complexe dès qu'il s'agit de le mettre en œuvre. Car l'un des gros problèmes de l'humanité c'est le rejet et la haine de l'autre, de la différence. C'est sous l'angle de ce rêve précurseur que Jacques Benoist-Méchin nous présente son Alexandre le Grand. Ce "son" marque toute ma réserve vis-à-vis de cette biographie qui se veut aller aux tréfonds de cet être, cet homme qui a forgé l'histoire par ses conquêtes et sa vision novatrice. Des millénaires nous séparent de lui et l'idée d'attribuer aussi facilement des intentions, des désirs et des pensées à un homme si lointain me gêne quelque peu. Mais cela n'enlève strictement rien au plaisir que j'ai eu à lire cette biographie. Bien au contraire !



Je ne suis pas un très grand amateur de biographie. Plus par méconnaissance de ce procédé qu'autre chose. Beaucoup d'a priori et pourtant tous sont tombés les uns après les autres au cours de ma lecture. Il faut dire que le sujet y a beaucoup participé. Difficile de ne pas être fasciné par le fameux Alexandre le Grand !



J'ai adoré ce voyage dans le temps vers l'intimité de cet homme qui voulait ni plus ni moins que le monde. Cela sonne tout de suite très mégalomaniaque et pourtant ce n'est pas la thèse développée par Jacques Benoist-Méchin. Lui, voit plutôt un homme motivé par le désir de rassembler les peuples du monde sous un même régime politique, une même loi et ce dans le plus grand respect de la diversité culturelle. Comment ne pas aimer un tel homme ? Comment ne pas partager cette volonté de repousser la haine de l'autre et de privilégier l'amour de la différence ? Mais était-ce le vrai Alexandre ?



Une biographie très agréable à lire mais dont certains points restent discutables. Si Alexandre le Grand a échoué dans la réalisation de son rêve (et d'ailleurs personne n'y est parvenu), il a accompli tellement d'autres choses qu'on ne peut s'étonner de la fascination qu'il provoque. En refermant ce livre, il reste une question : comment serait le monde aujourd'hui s'il avait réussi ? A quoi ressemble un monde où Orient et Occident ne font qu'un ?
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Mustapha Kémal ou la mort d'un empire

Ayant abordé ce livre sans connaître Benoist-Méchin, et son passé sulfureux, par intérêt pour le sujet, j'ai été pour le moins désarçonné par le contenu. C'est peu de dire que je comprends mieux la non-condamnation des différents génocides et déplacements forcés... mais celle du complot judéo-maçonnique de Djavid Pacha (!) une fois renseigné sur ce collabo de la pire espèce. C'est certainement très bien écrit, c'est un tourne-pages, mais je soupçonne que cette hagiographie de Mustapha Kemal n'est pas un ouvrage très objectif. Si vous l'avez lu, comme moi, par inadvertance, profitez de la prose, et précipitez-vous sur une biographie véritablement historique, afin de corriger les distorsions intéressées (et pas à la meilleure des causes).







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A l'épreuve du temps : Souvenirs

Benoist -Mechin a eu un parcours de vie étonnant. Né dans un milieu fortuné, il ne fit pas d'études très poussées. Il acquit cependant en autodidacte une vaste culture personnelle. Il envisagea tout d'abord une carrière artistique qui eût été à sa portée car il avait des dons réels en musique. Mais en raison de la ruine de sa famille, il dut travailler et se consacra au journalisme, domaine dans lequel il manifesta aussi un réel talent. Il commença également une carrière d'historien qu'il poursuivit toute sa vie, et au cours de laquelle il écrivit de très bons ouvrages.'

Bien qu'anglophile dans sa première jeunesse, il développa à partir des années 20 une ne intense admiration pour l'Allemagne, d'abord sentimentale, littéraire et artistique, et une grande sympathie pour le peuple allemand. Au départ c'était l'Allemagne de Goethe, mais ce fut ensuite l'Allemagne de Hitler. Il sympathisa très vite avec le nazisme, fasciné par la personnalité de Hitler et les Grand-messes de Nuremberg, "le fascisme immense et rouge" comme dirait Brasillach, un autre de ces intellectuels qui succombèrent à la sympathie pour le nazisme dans les années 30, et basculerent dans la collaboration dans les années 40. Condamné à mort à la Libération, gracié puis libéré, il reprit sa carrière littéraire.

Intellectuellement il s'orienta alors vers le monde arabo-musulman, connut et fréquenta les familles royales et les dirigeants les plus importants, et acquit même une réelle influence dans ces pays.

Compte tenu de l'obscurité relative du personnage aujourd'hui, ce résumé paraît indispensable à la bonne compréhension de ce qui va suivre.

On peut en effet diviser le livre en trois parties, correspondant à chacune de ses "trois vies".

La première, consacrée aux enfances de l'auteur, est à mon sens la plus intéressante.'L'auteur y parle de ses jeunes années avec justesse et émotion, et à travers la sienne, donne une des plus belles descriptions de l'enfance de la littérature, avec parfois des accents proustiens. Proust, justement, il l'a rencontré et en parle admirablement bien.

Au milieu du récit de ses débuts dans les milieux littéraires, il nous parle aussi de son service militaire, effectué en Allemagne pendant l'occupation française et donne un aperçu instructif de cette période mal connue.

Si le livre s'arrêtait là, ce serait un chef-d'oeuvre

Malheureusement il continue. Et nous le voyons céder de plus en plus à ses mauvais démons et s'enfoncer dans le fascisme en même temps que l'Allemagne, et en grande partie par amour pour elle. Cet amour, je l'ai dit, doit beaucoup à un sentiment esthétique du nazisme, assez courant à l'époque pour aberrant qu'il nous semble aujourd'hui. Sur ce plan esthétique justement, on a encore de beaux passages, par exemple la description des funérailles de Hindenburg à Tannenberg, beaux si l'on oublie le reste et la suite.

Les choses se gâtent et se gâtent de plus en plus, avec l'occupation et le ralliement de la France à la collaboration au niveau le plus élevé. Faisant à un moment partie du gouvernement, il participe en compagnie de Darlan à des négociations avec les Allemands dont l'objet même confine à la trahison, notamment sur la possibilité pour les convois allemands d'utiliser la base française de Bizerte pour ravitailler l'Afrika Korps qui lutte alors contre l'Angleterre en Lybie. Il évoque encore avec émotion ses entrevues avec Hitler et une admiration pour le personnage qu'il n'a apparemment jamais renié.'

Ces passages sont évidemment odieux, ils sont parfois également ridicules, par exemple lorsque l'auteur évoque le transfert des cendres de l'Aiglon aux Invalides en décembre 1940. Il affirme être à l'origine de l'affaire et s'étonne que cela n'est pas permis une franche réconciliation franco-allemande en raison de la mauvaise volonté du peuple français...

On soupçonne malgré tout l'auteur d'exagérer souvent son rôle et l'importance des négociations auxquelles il a participé.

On en arrive ensuite à son procès, et au plaidoyer pro domo qu'il en profite pour présenter. On ne peut certes s'empêcher d'une certaine compassion : le quartier des condamnés à mort, les fers aux pieds..On se permettra cependant de rester dubitatif lorsqu'il nous raconte s'être si bien préparé à la mort en se détachant de la vie terrestre qu'il regretta sa grace , d'autant que cette dernière faisait peu de doute. L'époque n'était plus guère aux exécutions et le Président Auriol n'était pas un fusilleur. De plus il fabule un peu. Je n'ai pas pu trouver les dates et lieu de son incarcération mais on voit mal comment il aurait pu être présent lors des exécutions de Laval à la prison de Fresnes en 1945 et à celle de Bassompierre en 1948 au Fort de Montrouge.

Je m'étendrai moins sur la troisième partie consacrée à ses rapports avec le monde arabe, dont le sujet présente un moindre intérêt pour moi.

J'en dirai cependant qu'elle présente de belles et sensibles de ces pays et de ces peuples, souvent à une époque où ils n'avaient pas sombré dans le chaos actuel

Un livre inégal donc, passionnant par certains côtés, rebutant par d'autres, écrit par un personnage complexe, qu'il faut lire sans toujours croire l'auteur sur parole.
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Le rêve le plus long de l'histoire, tome 1 : ..

Le texte est court et les chapitres aussi permettant une lecture aisée pour cette biographie qui nous parlent de faits, d'écrits de T.E. Lawrence "Les sept piliers de la sagesse", mais aussi de ceux de Robert Graves "Lawrence et les Arabes", de J. Béraud-Villars "Le colonel Lawrence ou la recherche de l'absolu".

L'orientation donnée est l'étude de l'être qu'était Thomas Edward Lawrence et le résultat est saisissant. Cet ouvrage permet d'appréhender de manière historique, littéraire et psychologique le personnage de Lawrence d'Arabie ("Aurens") davantage encore que le film éponyme de David Lean. de plus un tableau chronologique des événements mondiaux et personnels à Lawrence est fourni ainsi que des photos d'époque illustrant le propos.
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Mustapha Kémal ou la mort d'un empire

Un grand personnage, un grand biographe, une magnifique biographie…



Mustapha Kemal est vraiment un personnage hors du commun. Il lui fallait un biographe exceptionnel en langue française: ce fut Jacques Benoist-Méchin. Sûrement l’une de nos plus belles plumes du 20ème siècle en matière de biographie historique.



En trame de fond: ...

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Mustapha Kémal ou la mort d'un empire

L'auteur est Jacques Benoist-Méchin (1901-1983), qui fut condamné à mort en raison de ses activités pendant l'occupation nazie, puis gracié, avant de devenir un historien de grande renommée.

Avant de développer la biographie d'Atatürk, Benoist-Méchin fait l'historique des Turcs, un ensemble de peuplades issues de l'Asie Centrale. Il évoque longuement leur poussée vers l'Ouest, la formation de l'Empire Ottoman, son apogée au temps de Soliman le Magnifique, puis son lent mais inexorable déclin.

Mustapha Kemal (né en 1881) choisit la carrière militaire; tout de suite, il a de grandes ambitions pour son pays et l'arrivée au pouvoir des "Jeunes Turcs" ne satisfait pas à ses attentes. La première guerre mondiale éclate: les Alliés tentent un débarquement sur la presqu'ile de Gallipoli, et c'est Mustapha Kemal qui arrache la victoire turque (1915). Mais, en 1918, l'Empire Ottoman est dans le camp des vaincus - et c'est lui qui sera le plus mal traité par les vainqueurs: il sera démembré par le traité de Sèvres. Mustapha Kemal se dit alors que l'homme malade, ce n'était pas le peuple turc, mais le régime impérial. Il réunit à Angora (Ankara) une "Grande Assemblée Nationale" et affronte avec succès l'armée du Sultan Mehmet VI et ses autres ennemis. Mais la plus grande victoire est obtenue contre les Grecs, qui sont refoulés hors d'Asie Mineure (1922). La nouvelle Turquie a obtenu de haute lutte sa reconnaissance internationale (traité de Lausanne). M. Kemal obtient les pleins pouvoirs, dépose le calife, réprime les révoltes des ethnies minoritaires, fait condamner tous les comploteurs... Il dirige la Turquie d'une main de fer jusqu'à sa mort (1938). Son oeuvre est colossale: autarcie totale, modernisation, réforme de l'enseignement et de la justice, introduction de la laïcité, révolution dans les moeurs, adoption de l'alphabet européen, émancipation des femmes, transfert de la capitale à Ankara, etc, etc… Dictateur pendant une quinzaine d'années, celui qu'on nomme maintenant Atatürk impose des changements inouïs. Absolument intraitable sur son ambition pour la Turquie, il disait: « le glaive de la Justice frappe parfois les innocents, mais le glaive de l'Histoire frappe toujours les faibles. Je ne suis pas de ceux-là ».

Au fond, avec le recul on est obligé de constater que les méthodes et les objectifs de M. Kemal n'étaient pas très différents de ceux des régimes fascistes. Je ne suis donc pas étonné que Benoist-Méchin fasse l'apologie de son héros. Mais ce pouvoir fort (très fort !) agissait pour la bonne cause, de notre point de vue (occidental). D'ailleurs, pendant très longtemps, l'Occident a beaucoup d'indulgence pour la Turquie moderne (qui, il faut aussi le reconnaitre, n'a jamais agressé ses voisins - contrairement aux régimes de Mussolini et consorts). Mais, en 2015, l'héritage d'Atatürk est évidemment en lambeaux et le devenir du pays qu'il a refondé est très incertain, tiraillé entre Occident et Orient.

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Le rêve le plus long de l'histoire, Tome 6 : ..

Le rêve dépassé… Benoist-Méchin a parfaitement résumé en ces trois mots la destinée de ce personnage hors du commun: Alexandre le Grand.



Fils du talentueux roi de Macédoine, Philippe II, Alexandre III va être confronté dès sa jeunesse aux difficultés quant à la succession de son père, à la pression terrible de sa mère et à une éducation militaire très poussée associée à une éducation intellectuelle de premier plan.



Ce qui distingue Alexandre des autres conquérants, ce sont sa jeunesse (il commanda la charge de la cavalerie macédonienne à Chéronée à 17 ans…), son ambition, son génie militaire (appuyé par l’excellent outil militaire forgé par son père), ses visions de dynaste.



Au delà de la conquête, il marqua son temps et l’histoire de l’humanité par son ambition de fusionner deux cultures si différentes: la grecque et la perse. Homme de tous les excès et de toutes les ambitions, il mourra au sommet de la gloire à 32 ans. Des conquérants comme César ou Napoléon se mesureront toujours à l’aune d’Alexandre.



Jacques Benoist-Méchin signe ici une biographie inégalable de ce personnage hors normes. Oui, Alexandre est bien allé au delà de son rêve et l’auteur nous le démontre de bien belle manière avec une plume toujours aussi riche.



A lire et à relire.



Aux éditions Perrin, maintes fois réédité…
Lien : http://www.bir-hacheim.com/a..
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Soixante jours qui ébranlèrent l'Occident, tome..

Ce premier tome décrit la première phase de l'invasion allemande depuis la percée inattendue à travers le massif des Ardennes, pourtant réputé imperméable aux chars, jusqu'à l'extraordinaire évacuation des troupes britanniques et françaises à Dunkerque jusqu'au 4 juin.



Une relation minutieuse des opérations, vue alternativement du côté des opérations militaires et du côté des gouvernements. le tout assorti de cartes précises et en couleurs … et d'extraits de mémoires, de déclarations officielles, de télégrammes très secrets, discours destinés à motiver les troupes et l'opinion publique.



Quelques mots sur l'auteur, Jacques Benoist-Méchin (1901 – 1983) : un journaliste et historien, ouvertement favorable à Hitler et au nazisme, ultra collaborateur influent pendant l'occupation. En mai 1941 il occupe le poste de secrétaire général adjoint à la vice-présidence du Conseil (l'Amiral Darlan), il accompagne l'amiral jusqu'à Berchtesgaden chez Hitler lors de négociations complètement pipées avec le Führer, membre du comité France-Allemagne, membre du PPF de Jacques Doriot, condamné à mort en 1947 par la Haute Cour de Justice puis gracié par le Président Vincent Auriol en 1954. Cependant, il fait oeuvre ici d'historien avec cet ouvrage de référence. Il est réputé aussi pour son histoire de l'Armée allemande (1936) et ses biographies d'Atatürk et d'Ibn Séoud.



Son livre se lit comme un thriller. Tout recoupe hélas les études ultérieures sur les faiblesses de la préparation française, les erreurs du haut commandement – déjà largement évoquées par Marc Bloch - les difficultés de coordination entre le corps expéditionnaire britannique, l'armée belge et les forces armées françaises, la carence des plus hautes autorités militaires pour la plupart tirées de leur retraite et ignorant les mutations technologiques introduites depuis la Grande guerre.



Le plus passionnant est de suivre au jour le jour les réactions et décisions des hommes politiques : Paul Reynaud, Winston Churchill, le roi des Belges Léopold III dont le retrait va précipiter la rupture du front après le réembarquement des troupes à Dunkerque. Les demandes pressantes de Paul Reynaud auprès de W. Churchill pour un soutien aérien britannique alors que le Premier ministre sait qu'il devra conserver toutes ses forces pour faire face à l'invasion allemande de son territoire lorsqu'elle en aura terminé avec la France épuisée.



On notera avec une certaine réserve l'admiration de l'auteur pour les qualités stratégiques d'Hitler jusqu'à sa décision absurde de stopper ses divisions blindées avant l'anéantissement de la poche de Dunkerque, la hâte de Mussolini de faire entrer l'Italie en guerre avant qu'il ne soit trop tard pour retirer un gain territorial alors que cette action n'est pas souhaitée par le Führer …



Également, la présence muette du maréchal Pétain, très tôt partisan d'un armistice, l'incapacité de Weygand à maîtriser une situation qui lui échappe dès le début. A souligner aussi la combativité des troupes françaises qui n'ont pas démérité mais étaient dès le départ submergées et mal commandées.



J'ajoute que lorsque je lis ces lignes, je me rends compte que nous n'avons pas beaucoup progressé sur le plan de la préparation d'un conflit, de la discipline collective et du choix des intervenants les plus audacieux. Mais il est tout aussi vrai que les horreurs de la Grande Guerre étaient encore très présentes aux militaires comme aux politiques et que tout devait être tenté pour « apaiser Hitler », en Grande-Bretagne comme en France …
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Le rêve le plus long de l'histoire, Tome 6 : ..

J'ai été un peu déçu de ce livre, j'ai cru que c'était une biographie complète et c'est pas vraiment le cas. Je voulais en savoir plus sur son enfance, ses parents, ses amis, son mentor et de son célèbre cheval, mais non. J'ai lu ce que je connaissais déjà, pour la plupart des chapitres.
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Mustapha Kémal ou la mort d'un empire

A lire pour comprendre combien il est idiot de refuser à la Turquie le droit de rejoindre l'Europe
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L'homme et ses jardins

Un ouvrage très intéressant édité en 1975 par le célèbre historien Jacques Benoist-Méchin. Il nous révèle ici sa passion secrète pour les jardins. Selon l'auteur six civilisations se distinguent tout particulièrement dans cet art : ce sont les Chinois, les Japonais, les Perses, les Arabes, les Toscans et les Français. Benoist-Méchin na aucune estime pour les jardins anglais qui sont selon lui des "anti-jardins" (cf citation ci-dessous)
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