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Critiques de Jacques Josse (45)
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Lettre ouverte au grand-père capitaine

Est-ce parce qu’il n’a pas connu ce grand-père décédé en 1951 à qui il s’adresse ici, que JOSSE, né en 1953, n’indique pas le nom de l’auteur sur la couverture ? Tel un anonyme qui viendrait retransmettre ce qu’il a entendu sortir des lèvres d’autres témoins, antérieurs. On se plaît à imaginer cette version, même si plus prosaïquement c’est en fait la forme générale de cette petite collection, couverture valable pour tous les auteurs qui y publient une lettre.



Cette lettre très courte donc – 20 pages, pas une de plus – peut être vue comme la suite de « Débarqué », sorti début 2018 chez La Contre Allée, elle peut même être considérée par ce mot un brin barbare de « préquelle », c’est-à-dire l’histoire survenue avant « Débarqué » mais sortie après : « Débarqué » est une biographie du père de l’auteur (nous l’avons déjà présentée dans nos colonnes) alors que la présente lettre est destinée au grand-père, le père du père de « Débarqué ». Ce récit qui vient tout juste de sortir a pourtant été écrit durant l’été 2017, donc possiblement avant ou même pendant « Débarqué », il serait intéressant de savoir quelle œuvre a précédé l’autre dans la chronologie d’écriture. Le « tu » répété au fil des pages fait de ce récit une mise en relation avec l’au-delà, à destination de l’aïeul et lui seul.



Quoi qu’il en soit, voici le capitaine, ce matelot clope au bec en permanence, briquet-tempête vissé dans une main, qui a écumé les mers, les océans, connu toutes sortes de rafiots, de tempêtes (justement) et de continents. Puis qui s’en est allé le 18 mars 1951 après une dernière quinte de toux, décès ajournant d’une année le mariage des futurs parents du petit Jacques, repoussant sans doute aussi sa propre naissance d’une année. Ce grand-père né en 1878, fascinant pour le père (qui lui restera sa vie à quai et voyagera dans sa tête), sorte de héros intime, brestois parti vers des cieux plus cléments en 1944 après le bombardement de la ville du Finistère.



Mais pourtant dès la fin des années 1910, le pépé avait abandonné les navigations au long cours, se rabattant sur le port de Brest. Puis ce sera celui de Saint Brieuc.



Comme toujours, de courtes anecdotes viennent ponctuer, baliser ce récit pour lequel JOSSE justifie ce besoin impérieux de l’avoir couché sur papier « En haute mer ou en escale dans l’un de ces ports où je pourrais tenter de t’adresser, en poste restante, cette lettre qui n’existe que pour garder une trace écrite de ton passage ici-bas et pour te dire, tout à la fois, ce que je te dois et combien reste fragile, mais ténu et tendu, le fil invisible qui nous relie ».



JOSSE a un besoin vital d’écrire sur les trépassés, ceux de Bretagne surtout : « Ces vies en morceaux, celles-ci comme tant d’autres, je ne peux m’empêcher de les ramener à la surface. Elles me façonnent. Elles m’aident à tenir. Me disent clairement d’où je viens ». Évoquer la mort sert de carburant de vie à l’auteur. Ces quelques pages intimistes, affectives, émouvantes, sont somptueuses. La langue, comme toujours, y est choyée, bichonnée. Ce petit livre, témoignage indirect et familial, à utiliser comme une bouée de sauvetage, est paru en cette toute fin d’année 2018 chez Le Réalgar de Saint Étienne. Il m’a été offert comme un cadeau, mais aussi un saint Graal.



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Cloués au port

♫On croyait qu'une révolution arrivait

Cette année-là

C'était hier, mais aujourd'hui rien n'a changé

C'est le même métier qui ce soir recommence encore

C'était l'année soixante deux ♫

Cette année là - Claude François - 1976-

♫Que tout ceux qui sont dans la vibe

Lèvent le doigt

Que toutes celles qui sont dans la vibe

Lèvent le doigt

Que ceux qui sont assis se lèvent

Suivent le pas

Allez maintenant on y va....

Ces soirées là hum hum ♫

Yannick - 2000 -



C'est le Capitaine qui dégénère

62, c'est son année charnière

émoluments aux morts,

celle de son frêre

D'un bistrot des Cotes-d'Armor

harangues sur des mondes imaginaires

Cloués au Zinc, impossible de s'extraire.



♪Ces soirées là hum hum♪

demain départ route du Rhum

Josse sur Edmond de Rothschild, trimaran

Sébastien, et non Jacques ! c'est très marrant

Alors ce Capitaine en mal de traversée

Agrippe-le a ses haubans

lui qui révait encore de voyager

naseaux levés, crinière au vent....











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Ombres classées sans suite

Une petite cinquantaine de pages agrémentées des dessins tourmentés et tempétueux en noir et blanc de Georges LE BAYON. Ce qui étonne au début de ce petit bouquin de Jacques JOSSE, c'est le langage un peu plus populaire qu'à l'accoutumée : « La valise dort sous le lit. Des fois, surtout les soirs givrés d'hiver, quand il en a marre de tourner dans sa turne, il sort, la pose sur la table, ouvre large sa belle gueule en fibrine toute gaufrée crocodile, y balance, en vrac, des livres, des poèmes, des brouillons… Un cliché, deux, trois flasques d'alcool fort et un flingue de petit calibre... ».



Pour le fond c'est définitivement du Jacques JOSSE et son atmosphère simple, décharnée et pourtant envoûtante (ah, cette écriture qui vous prend aux tripes pour ne plus vous lâcher, puissance dévastatrice). De petites tranches de vies, de la poésie en prose entre micro-nouvelles, anecdotes ou faits divers. On ne sait trop, c'est la force de cet auteur.



Il y a l'agonie d'un grand-père bientôt libéré du poids de la vie, la solitude d'êtres bourrus : « Rien, ici, n'attise les anciennes tragédies. Personne ne demande de larmes à personne ». Il est question de marins, de curés, de cimetières (fascination), KEROUAC (fascination bis), de la mort d'Otis REDDING, de poètes errants, col relevé, de ports (celui de Saint Brieuc notamment), la houle, les cirés, de bars maritimes peuplés de marlous restés à quai, de suicide bien sûr : « Ben alors, il s'est carrément foutu en l'air ce con. Il a foncé avec sa bagnole droit dans le bassin mais pas ici tu comprends, non, Monsieur fait des manières, il va se flinguer là-bas, à Pétaouchnok, histoire de s'éclater contre le ventre bombé d'un pinardier en provenance d'Alger », c'est l'occasion de constater que les « gueules » rencontrées ici se font moins taiseuses que d’habitude, se livrent plus volontiers, avec une gouaille à la AUDIARD, sans toutefois se lancer dans de hardis monologues.



Dans ce récit atypique, on y rencontre peut-être plus de faune, de flore, de nature vivante et grouillante que dans les autres œuvres de JOSSE. Ce qui ne change pas : on fête les morts qui sont placés en haut de la pyramide après des accidents bêtes, quelconques, ou par leur désir de quitter la piste après la dernière valse. Comme toujours, ces petits faits divers que l'on lit dans les journaux dans la rubrique des chiens écrasés, en bas de page, pour les plus téméraires des lecteurs assommés par l’alcool. On prend l'air et on croise un christ bringuebalant en ferraille rouillée trônant sur une pierre moussue, les bourgs en friche eux aussi, les trottoirs humides et glissants de la ville, les ornières de chemins boueux des villages, on trinque aux disparus, morts ou volatilisés. Car oui certains, bien que pas enterrés, ne sont jamais revenus.



Côté papier, épais, grumeleux, solide comme pour affronter une tempête. C'est sorti en 2001 chez Cadex Éditions. C'est précieux. C'est JOSSE.

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Débarqué

L’intense et pudique chant funèbre pour un père qui jamais ne put naviguer « en vrai ».



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2018/08/17/note-de-lecture-debarque-jacques-josse/
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Bavard au cheval mort et compagnie

Jacques JOSSE et son univers unique, dépouillé, épuré, spartiate. La Bretagne, le crachin, des hameaux sans âge, pareil pour les bistrots et leurs patrons, les enterrements avec leurs morts devant, dans des caisses en bois ou des urnes, c'est selon.



Parmi tout ce joyeux peuple, des morts comme des rescapés, défilé des laissés pour compte, des poivrots, des vagabonds aux âmes de poètes ou de philosophes à l'identité bretonne bien ancrée. Le temps est suspendu, en pointillés, place à l'olfactif : odeur de bois mouillé, de mousse, de lichen, de forêt humide au peuple souterrain, tous les sens du corps sont en éveil. Et toujours ces hommages aux trépassés : « À la santé de ceux qui sont dans les tombes ». Et les cloches qui tintent lentement dans un brouillard ne laissant percevoir que des ombres.



Ambiance tellement intemporelle car il y aura toujours des chiens de garde derrière les barrières des propriétés privées pour gueuler sur les étrangers, des bars dans lesquels le temps s'est arrêté, des cimetières humides avec ces tombes ayant ingurgité ces croyances. Les morts, ils sont là, par accident, par cirrhose (non explicite mais ça sent le mélange d'alcools frelatés), par volonté personnelle. Le personnage principal est la lenteur, la paresse.



Le temps s'est comme figé donc, même l'horloge semble tourner au ralenti alors que chaque mot, chaque intonation comptent, au coeur d'un rouage parfaitement agencé : « Vers 15 heures, une longue voiture grise apparaît à la sortie d'un virage. Elle avance entre les broussailles et roule, au ralenti, en direction du bourg. De nombreux suiveurs, vêtus de costumes sombres, essaient de lui sucer les roues. Tous marchent d'un même pas. Leur éloge de la lenteur trouve ici exutoire à sa mesure. Au soleil, près des murs et des herbes sèches... ». Tout est imbriqué, vous arrachez un seul mot et la phrase, le sens, le style se cassent la gueule dans une flaque d'eau boueuse.



On va pleurer un mort et enterrer le XXe siècle, on est quelque part en Bretagne dans un XXIe qui s'apprête à voir le jour. En un peu plus de 60 pages, Jacques JOSSE plante un décor qui restera longtemps à nous hanter, par ses odeurs, ses bruits, ces images, le tout relié sur le zinc d'une taverne cradingue et enfumée ou dans les allées d'un cimetière de bord de mer. JOSSE c'est tout ça en même temps, aucun de ses thèmes de prédilection ne manque dans ce récit sorti en 2004 chez Cadex Éditions. Comme sur d'autres de ses œuvres, les dessins bruts en noir et blanc de Georges LE BAYON accompagnent le cortège.

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Débarqué

Jacques JOSSE dit de son père qu'il était un voyageur empêché. Breton de souche et de cœur, il aurait souhaité être marin, la pipe à la bouche en plein roulis, mais suite à une maladie (il est épileptique), il est resté sur la berge, en rade, au rade plutôt. Interdit de naviguer, de conduire, de fumer, de picoler. Il va se créer une ordonnance pour ne pas avoir à suivre les deux dernières prescriptions. À défaut d'eau salée, il va s'occuper de courant. Il sera électricien. L'eau et l’électricité ne font pas toujours bon ménage, c’est ce que l’auteur va nous démontrer à propos de son paternel.



La boîte qui l'emploie fait faillite. Bilan : chômage et alcool. Et tabac. Et petits boulots. Mais il rebondit, se dégote un chouette gagne-pain sur une île, dans sa branche. Bonheur. Chaque semaine, il quitte sa famille pour quelques jours, un rituel bien huilé. Il est entouré d'eau, alors son rêve assassiné, celui du grand large, devient presque réalité de substitution. Il rêve les bateaux, les matelots, les bonheurs, les tragédies : « Plusieurs embarcations s'étaient abîmées dans les parages. La carte des épaves, punaisée au-dessus du comptoir de l'unique café du bourg, en témoignait. Un mur des disparus, sur lequel des centaines de noms et de dates, ceux et celles des péris qui n'étaient pas rentrés, se dressait au bout du cimetière, dans la commune qui abritait l’embarcadère. Un dicton affirmait que voir l'île c'était voir son trépas. Ses abords inhospitaliers nourrissaient les légendes ». Maman elle, est « laveuse de morts ». Si si. Et accessoirement ne finit jamais ses phrases.



On vit comme naguère, on élève des animaux pour les tuer, les bouffer, nourrir la famille. Puis ce sont les membres mêmes qui ne vont pas tarder à suivre les bestiaux. Car la guigne va reprendre ses droits : ça commence par le papa et une mauvaise chute. Dans tous les sens du terme. Pourtant tout était écrit : « Il semblait avoir trouvé un rythme de croisière capable de l'aider à franchir les fatidiques quatre-vingts berges sans avoir à subir de nouvelles avaries ».



La mère-grand avait ouvert les hostilités des excursions au cimetière communal pour ces cœurs cabossés, ces destins brisés, dans une famille qui va souffrir : le frère de Jacques a devancé à son tour le cortège funèbre en 1996. Puis la frangine, retrouvée dans un bois en mars 2004, défunctée. La faucheuse semble planer dangereusement sur la fratrie, va falloir redoubler de vigilance. Mais tout va aller de mal en pis, jusqu'à ce jour de février 2008 où le paternel casse sa pipe, le même jour que l'humoriste en chef Henri Salvador. Ironie du sort ? Salvador signifie sauveur/salvateur en espagnol.



Derrière la figure émouvante et imposante de ce père silencieux, ce sont toutes les images de la Bretagne qui remontent à la surface, au-dessus de l'écume et de la brume, la houle, les tempêtes. Ce petit récit est truffé d'anecdotes, d'odeurs, d'ivrognes, parsemé de suicides (trois raisons selon l’auteur : alcool, grisaille et sentiments d'inutilité). On y croise les fantômes de GIONO, SIMENON, STEINBECK, CALDWELL (excusez du peu), les ombres de ceux qui ont écrit sur la mer : LOTI, LONDON, CONRAD. On y entrevoit des héros du Tour de France cycliste, on y apprend comment réaliser du cidre artisanal tout en prenant BRASSENS à contre-pied dans les rites du père : « Chaque matin, il ouvrait son journal sur la double page des obsèques. Il notait l'âge des partants. Remarquait qu'ils avaient tous à peu près le sien, en déduisait que ça sentait vraiment le sapin, blaguait à peine en assurant que l'arbre avec lequel on fabriquerait son cercueil était sans doute débité depuis belle lurette et qu'il ne tarderait pas à les rejoindre ». Respect éternel pour les marins disparus, dans une langue flirtant avec le sublime : « … ces adeptes des tours du monde qui, ces années-là, descendaient, à tour de rôle et en piqué, boire l'ultime bouillon, celui de onze heures, mijoté dans les crevasses, sur lit d'algues et de coraux, par le facétieux cuisinier des bas-fonds ».



Halte-là ! Je pourrais en effet vous citer tout le bouquin tellement dans ces courts chapitres l'écriture imagée est forte, puissante, poétique, pudique, brassant l'humour noir, celui du désespoir, comme pour envoûter d'une ultime saillie. Délicieux à tous points de vue. JOSSE est unique, seul sur son îlot, c'est pourquoi ce poète « rêveur de tombes », prince de la prose, est indispensable, ne serait-ce que par sa manière extatique de décrire la mort et les paysages. Cette savoureuse biographie du père (mais pas que) vient de sortir aux Éditions La Contre Allée, je vous recommande vivement de vous y ruer, c'est même quasiment un ordre. C'est grâce à ce petit livre que l'on comprend JOSSE, ses 40 publications, son rapport quasi charnel à la mort (qui semble avoir été omniprésente dans son parcours, d'où cette « obsession », ces références incessantes), à la mer. Et qu'on ne l'aime que davantage. Il fait partie des grands, ne le ratez pas.

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Hameau mort

LE VILLAGE INTIME.



On entre toujours par la petite porte dans les textes rares de Jacques Josse. On y pénètre d'autant plus subrepticement qu'il faut montrer patte blanche éditoriale pour le découvrir, par hasard, par communauté d'êtres et de sensibilité, par amitié, enfin. Car loin de tout le foin médiatique et marchand qui s'est emparé, aussi, d'une part démesurée du monde des lettres - les belles comme les pires - Jacques Josse se préserve, années après année, d'une exposition qu'il semble se refuser, non par snobisme ou pas faiblesse, mais par fidélité à une certaine manière d'être au monde et aux autres : celle de la douceur profonde, de la beauté intrinsèque et cachée bien qu'en dehors de toute mode, de l'évitement des confusions ou de l'inutile bruit du monde. Inutile, donc, de le chercher chez les "grands" - ou supposés tels - éditeurs. Lui, c'est du côté d'Apogée, de La Digitale ou de Jacques Brémond qu'il faut aller le surprendre, l'entreprendre, le dé-couvrir. Ceux-là sont assez fous et raisonnables pour lui donner armes à s’ébattre (sans autres morts que ceux de l'amour, comme dans le présent texte).



Pour autant, Jacques Josse n'a de cesse de creuser son rugueux sillon - rugueux mais fraternel -, au fil de ses livres, au fil des pages, au fil des rencontres. Mais si les morts (re)surgissent plus vifs que les vivants, c'est pour mieux dire ce petit monde de presque rien où presque rien est tout, où l'on pourrait croire à la rémission du vide, où les défunts s'apprêtent à sourire tandis que les survivants n'ont de cesse de fumer leur existence, à moins qu'ils ne se contentent de l'avaler, bock après bock.



Que reste-t-il alors au poète ? «Il sourit. Imagine. Espère. Qui sait ?» énonce-t-il. Peut de choses. Tant de choses. Pour une question sans réponse : celle que l'on se pose sans doute tous, à l'heure des comptes. Pour autant, "il" trace sa route, le poète, de port en port, de village en hameau, de vagues en tombeau. Et si «la mer soupire à peine. [Qu']Elle ne froisse pas la nappe, c'est sans doute aussi elle, ce lien inexpugnable entre toutes ces misères célestes. À moins que ce ne soit l'alcool, les fumées bleues de cigarettes ou cette misère complice des «chairs blessées» qui font des hommes des épaves et des corps... Et si, comme le rappelle fort justement Jean-Pascal Bubost, «L’humilité est la force du poète Jacques Josse, son égard pour les déglingués, les abîmés, élabore, livre après livre, un memento mori d’une étrange douceur», il ne faut pas toutefois se résoudre tout à fait à l'oubli ni à la perte, à la déshérence ni à la facilité, ô non! car [il] Sait que désormais seul le chemin creux qui court en zigzag vers le bourg peut restituer la chute des corps frêles qui jadis calmaient leurs membres maladroits sur des lèvres d'eau, de mousse et de boue.» Et de nous accompagner en ce Hameau mort - au regard de qui ne sait -, bien plus animé (même une fin solitaire est agitation sourde) qu'il y paraît d'évidence. Et les évidences fades, Jacques Josse ne les apprécie guère, tandis qu'il fouille, livres après livres, pages après pages au plus près de nos angoisses intranquilles et communes. Sans bruit. Sans excès. Sans concession.
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Journal d'absence

Bon, ce sera celui-ci. Mais sachez que l'on aurait pu présenter n'importe quel ouvrage de Jacques JOSSE, qu'on y taperait à peu près les mêmes mots, les mêmes superlatifs avec les mêmes émotions, tant JOSSE est chaque fois égal à lui-même, à chaque livre édité (et il en existe un sacré paquet !). Il ressasse les mêmes histoires, avec les mêmes démons, les mêmes rites, la même atmosphère. Rien que pour cela JOSSE est génial.



C'est toujours très court (là moins de 30 pages), tranchant, poétique, l'écriture est d'une extraordinaire beauté, d'une rare pureté, JOSSE se lit doucement, comme en retrait.



Ici une petite vieille a disparu, on la recherche, la rumeur fait grand bruit : partie pour une vie meilleure, morte (suicidée ? Accident ?), on tire des plans sur la comète. L'ambiance est à la fois banale et unique : Bretagne, crachin, brume, bruine ou brouillard, bars sans âge, piliers de comptoirs taiseux, clope au bec, ballon de pinard vissé sur le zinc. Les cimetières prennent de la place. Beaucoup. Puis les morts, hantant les vivants. Parmi les morts les suicidés trônent sur une place de choix. Ambiance unique car les mots de JOSSE se tissent magistralement entre eux.



C'est BRASSENS qui prend un verre ou deux de l'amitié avec Jacques CHESSEX dans un bar peuplé de marins qui fument comme des centrales et torchent comme des outres. Les mots sont justes, posés là car ils n'auraient pas pu être posés ailleurs. Ils sont un tout, une toile humide expliquée avec soin, poésie, sans détresse, sans sortir les violons.



Au milieu de ce tableau figé, une image moins obsolète : l'éternel punk breton avec sa bouteille d'alcool et son chien fidèle. Et puis brusque rappel : nous sommes en 2004, Madrid vient d'être touché par des attentats.



JOSSE c'est tout ça à la fois, l'intime, le climat des bistrots de quartiers d'après-guerres, le temps qui passe doucement mais sûrement, notamment sur la tronche du pinardier en chef, la tragédie entière dans son nez couperosé, c'est tout simplement magique, on ne lit pas JOSSE comme on lit n'importe quel autre auteur, on le savoure à la vitesse de l'escargot afin de bien peser chaque mot, de fermer les yeux et de se dessiner le décor dans la tête.



JOSSE n'est publié que par des petits éditeurs qui tous mettent un point d'honneur à sortir de beaux livres avec un papier de grande qualité et une vraie identité. C'est encore ici le cas avec les dessins abrupts en noir et blanc de Georges LE BAYON intercalés dans le récit que JOSSE semble avoir écrit pour exorciser la mort d'une proche. Son âme à elle est sans doute encore en train de lui murmurer à son oreille à lui que tout va bien et qu'elle reprendrait bien un peu de chouchen de derrière les fagots.



Récit écrit en 2004 mais sorti qu'en 2010 aux Éditions Apogée (de Rennes). Si vous avez un peu de temps, je vous conseille vivement d'aller faire un tour sur le blog de Jacques JOSSE, sa patte est unique pour chroniquer des bouquins, la plupart sortis chez des micro-éditeurs. Son tout nouveau livre, une biographie de son père intitulée « Débarqué », passera sous les feux de la critique dans les colonnes de DES LIVRES RANCES, alors guettez, et d'ici là prenez du bon temps avec Jacques JOSSE, c'est tout le mal que je vous souhaite.

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L'ultime parade de Bohumil Hrabal

Petit opuscule d'une soixantaine de pages, l'auteur choisit au travers de celui-ci une approche biographique pour déclarer sa flamme à l'auteur tchèque.

En décrivant l'amour de celui-ci pour son pays, pour Prague pour la culture, et son amour pour autrui Jacques Josse humanise un monstre littéraire, le plus illustre avec Kafka dans la ville aux mille clochers.

En nous narrant le quotidien, les habitudes les rituels et sa confrontation au Régime pour clore sur sa triste mort, Josse pleure un ami, pleure un génie, fête l'oeuvre passée à la postérité "Une trop bruyante solitude". C'est émouvant, c'est touchant, c'est joli.



Rien que pour ca cela mérite d'être lu.
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Au bout de la route

L’étonnant poème en prose illustré de la mort par accident automobile.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2017/09/18/note-de-lecture-au-bout-de-la-route-jacques-josse/
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Chapelle Ardente

La chapelle ardente est le bar « La Iza », dont le tenancier vient de mourir. Avant l’enterrement, les proches du Barbu –tel est le surnom du défunt – se réunissent une dernière fois autour du cercueil exposé dans le troquet. Petite humanité serrée dans ce lieu pour un dernier hommage. Jacques Josse la croque avec la verve et la tendresse qu’on lui connaît, dans une langue d’une belle vitalité. Il y a l’instituteur, revisitant en imagination avec le Barbu les bistrots mythiques de la littérature et du cinéma. Didier, l’ancien cascadeur aux jambes détruites, qui gare sa voiture automatique à la fenêtre de l’établissement pour qu’on lui serve un verre sans avoir à sortir. François, le veuf, muet hors de chez lui, insultant sa femme morte derrière les murs de sa maison.







Hommes – peu de femmes dans ce livre – cassés, boiteux. Jacques Josse saisit d’un trait ces corps qui tiennent encore debout, malgré les blessures, malgré – ou grâce à – l’alcool. Sans s’appesantir. Le texte est bref, dense. Calé sur le dernier coup bu à la santé du défunt. C’est un texte à lire coude au comptoir. Dans la fraternité d’une poignée d’habitués.







Pas de pleurs ici. Ils ont vécu bien d’autres chagrins. Ce n’est pas la fin du monde, juste un compagnonnage, même pas quotidien, qui disparaît. L’émotion est là pourtant, retenue, effleurée par l’écrivain, perçue par le lecteur. De la pudeur, de la dérision pour éloigner la peine.







« Beaucoup trinqueront à sa longévité posthume, revenant sur sa bonne humeur, son appétit de vivre, mais aussi sur ces étranges moments de désarroi et de solitude qui pouvaient, certains jours, le rendre plus rugueux que d’habitude ». En quelques mots, une vie se devine, s’imagine. C’est l’un des talents de Jacques Josse que de savoir suggérer en une phrase toute une existence.







Les bistrots sont chez Josse comme de vieilles maisons familiales : des refuges, des lieux d’accueil. Des poches où le temps ne passe guère. Chacun y vient chauffer ses os ou son cœur l’instant d’un verre ou deux, d’une conversation mille fois reprise. Que vont-ils devenir, le navire déserté par son capitaine ? On les imagine âmes errantes, certains mettant à exécution le tragique destin dont ils menacent régulièrement la compagnie. Peut-être pas. Peut-être se contenteront-ils de migrer vers un autre havre, un autre bistrot. Et Jacques Josse poursuivra la chronique de ces gens de peu qu’on a appris à aimer.
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Terminus Rennes

Jacques Josse aurait travaillé dans un centre de tri postal,

à force de trier ses lettres ....il en a fait des mots, qu'il a déposé dans son livre,

Il aura parcouru les rues de Rennes, ses bars, ses trottoirs animés, il interpellera l'écrivain qui a bien voulu laisser une trace dans ses passages ou moins sages....

Aujourd'hui la gare de Rennes est en plein chamboulement, elle redore son blason, une rennais-sens de Vénus

tout le monde descend...Rennes, Rennes, deux minutes d'arrêt...ou peut être à vous aussi, votre Terminus.



petit recueil "poétique" qui se lit très bien, 58 pages à découvrir pourquoi pas en attendant le prochain train ....



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Marco Pantani a débranché la prise

Oyez ! Oyez ! Lisez la complainte du cycliste maudit au tatouage de diable, aux jambes de feu (des pattes, oui, mais des Pantani) qu'on appelait le pirate !



C'est une bien triste histoire dont la morale est que quand un héros en manque, ça finit pas toujours au mieux ! Pourtant ça partait tout ce qu'il y a de bien. Son nombre de victoires, sa gloire montaient en flèche au même rythme qu'il grimpait également en flèche et en danseuse les pentes les plus raides de tous les cols des environs à des allures même pas décrites dans le manuel. Et à force d'atteindre tous les sommets, ceux du cyclisme, des Alpes, de la vitesse à vélo en montée, de la gloire, du dopage et de la drogue, il s'est approché un peu trop vite de celui de la roche Tarpéienne (*). Et malgré son habitude des descentes à vélo et aux enfers, il y a perdu les pédales, puis la vie.



Je vous l'ai fait courte car le livre est tout petit avec peu de pages, écrites que dans un carré en plein milieu, et avec de tout petits chapitres de rarement plus d'une page. Bref, Jacques Josse, c'est pas Alain Decaux. Et c'est ce qui explique aussi que la vie de Marco Pantani n'est présentée que d'assez loin et de manière superficielle, même si nous avons malgré tout l'impression de le suivre au plus près comme avec une caméra qui le filmerait quasiment sous le nez. La narration de cette vie a probablement été reprise de ce que la presse disait de lui. Car notre pirate en danseuse ne s'épanchait pas beaucoup, semble-t-il. Solitaire sur le vélo, solitaire dans la vie. Donc, vous ne trouverez pas de scoops, sauf ceux, maintenant éculés, des Voici & co de l'époque.



Mais pour être franc, ce n'est pas grave. Car, ce petit livre est malgré tout très sympathique. Il est d'abord beau et original, avec une belle jaquette et une belle présentation sobre, innovante et chic. Et il est évidemment jaune ! Mais surtout, l'écriture est belle, notamment grâce à une justesse des mots et des expressions qui évitent toute fioriture et digression, et qui donnent une synthèse toute poétique aux phrases. Et surtout aussi, l'histoire est quasiment haletante ; ce qui n'est pas mal vus la taille du livre et l'absence de suspense à propos de cette existence et du dénouement de celle-ci. On imagine que le choix des épisodes de la vie de notre cycliste n'est pas étranger à cela. Car l'auteur arrive à nous le rendre sympathique, sans particulièrement faire preuve d'empathie, mais en insistant sur l'humanité du héros. Et au final, on est tout triste de cette fin et du gâchis de cette vie. :-(







(*) roche romaine fréquentée par tous les fumeurs de shit du Capitole dont un grand nombre, après moult pétards, a fini en bas plus rapidement que prévu et dans un sale état. D'où le nom. D'où l'expression connue.
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Marco Pantani a débranché la prise

A réserver aux amoureux du vélo .Si cette condition est remplie vous aurez du plaisir à lire ce livre fait de chapitres courts et nerveux traduisant bien l'ascension mais surtout aussi la descente aux enfers de Pantani .Et pendant ce temps la le mutant (Armstrong ) enchaînait les victoires ...
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Marco Pantani a débranché la prise

Victoires et défaites du « Pirate » de la route.

Le Tour 2015 est mort. Vive le Tour. Les flonflons de la fête se sont tus, les maillots rangés au fond des armoires et les noms des vainqueurs oubliés pour la plupart ! Maillot vert, maillot à pois, maillot blanc ne resteront pas dans la mémoire collective, seul le nom du maillot jaune, celui du grand vainqueur est pour un temps encore familier ! Mais une ombre tenace plane désormais sur cet évènement planétaire, et nous n’y avons pas échappé cette année : le dopage !

Jacques Josse nous raconte ici l’histoire d’un champion hors-normes, certainement l’un des plus grands grimpeurs du Tour, l’italien Pantani. Ses démarrages furent aussi fulgurants que sa carrière marquée, hélas, par de nombreuses et très graves chutes. Mais aussi par des périodes de suspensions pour dopage dont il fut blanchi bien après, le privant par exemple d’une victoire quasi assurée dans le Giro de 1999 !

Sa descente aux enfers commença ce jour-là.

4 juin 1994, Marco Pantani fête sa première victoire sur le Giro (Tour d’Italie).

4 février 2004, Marco Pantani est découvert sans vie dans un hôtel de

Rimini.

Mais entre ces deux dates, une des plus belles carrières de coureur cycliste va s’écrire ! Avec des victoires dans le Tour de France et dans celui d’Italie ! Une des plus douloureuses aussi !

Je vous parle d’un temps où les coureurs cyclistes ne ressemblaient pas à des espèces de robots casqués et affublés de lunettes noires plus grandes les unes que les autres. Je comprends pourtant les mesures de sécurité prises à la mort de Fabio Casartelli.

Pantani avait un bandana sur la tête, parfois une barbiche teinte en blond, bref un personnage marqué par la malchance, comme des chutes provoquées par un chauffard ou une autre collective qui se termina pour lui à l’hôpital, chute causée par un … chat sauvage ! Ou alors cette collision avec une Jeep dans une descente de Milan-Turin en octobre 1995.

Un champion très attachant que l’auteur nous décrit en homme fragile plein de panache dans sa carrière de coureur mais qui connut, hélas, une mort tragique (œdème cérébral et pulmonaire) d’un homme accro à la cocaïne dans une chambre d’hôtel ! Il avait 34 ans et un mois !

Par ce livre, Jacques nous fait rajeunir de plusieurs années et cela fait du bien. Je ne suis pas naïf, mais malgré tous les bruits qui courent (parfois plus vite que les coureurs), j’aime le spectacle de cette grand-messe du vélo qui fait encore vibrer des millions de gens sur la route ou devant leurs écrans de télévision.

Il me semble que Pantani a subi les foudres des autorités du cyclisme qui ont fait preuve d’une beaucoup plus grande mansuétude à l’égard de Lance Armstrong par exemple !
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Cloués au port

L’océan hurlé, en souvenir et en littérature, à la face d’un monde qui abandonne.



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Les Lisières

« C’est à cette même heure " où la solitude prend l’eau " que Josse débute son hommage à Kerouac au cœur de Les Lisières. Le recueil, qui offre un éventail plus large du travail de l’auteur, débute par deux récits secs comme un coup de fusil. Puis s’ouvrent les hommages : Kerouac précède le philosophe Jules Lequier mort d’amour un siècle plus tôt, ressuscité par Jean Grenier et Louis Guilloux. Les pages qui disent cet homme sont d’une beauté noire. À elles seules, elles valent qu’on s’accoude au comptoir de Jacques Josse pour faire avec lui ces « rencontres amicales et houblonneuses » avec ceux-là même qui nous ont quittés. Et auxquels on boit, évidemment. »

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" Raconter en quelques paragraphes, quelques séquences vives, animées, souvent situées dans le brouhaha des bars ou la lisière des villes, la rencontre des cassés de la vie, mais aussi des écrivains enchanteurs croisés au fil de nos périples ou de nos lectures, et leur rendre hommage. Saisir au vol, avec une écriture nette, sans fioritures ni emphase, avec des éclats de beauté touchant juste, condensant toute une vie en un éclair, en donnant à ces récits la force de ce qui sans cela serait relégué à la page des faits divers et conférer ainsi, à ces hommes, une présence toute fraternelle. "



Les Lisières, Jacques Josse, Apogée, 2008.

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Le veilleur de brumes

Par la force de son écriture, d'une précision rythmique et d'une puissance évocatrice sous haute tension, Jacques Josse distille les pans d'histoire et la solitude héraldique de la Bretagne rurale : dérives brumeuses, amertumes terrassantes, désespérances du fond des âmes et l'obsessionnelle omniprésence de la mort.

Une poésie d'une beauté spectrale engluée dans la noirceur prégnante, réalité d'une Bretagne profonde.
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Liscorno

Liscorno est le village breton où est situé la maison familiale de l’auteur. Dans ce petit livre de 92 pages, l’auteur décrit les lectures qui l’ont marqué pendant sa jeunesse et qui ont forgé l’homme qu’il est aujourd’hui. Il parle de ses lectures d’enfance et d’adolescence. Chaque retrace une rencontre importante : Corbière, Verhaeren, Kérouac, Kaufman, Snyder, London, Carver, Celan, Genet, Martin, Robin, Ginsberg, Hrabal, Michaux… En tissant des liens étroits entre les escapades qu'il réalise alors grâce aux livres et ce qu'il percoit, au même moment, de la vie alentour, il dessine les contours d'une géographie intime et mentale qui dépasse frontières et limites de territoires. Peu à peu le hameau breton isolé s'ouvre au monde.

Livre poétique, imprégné par l’imaginaire de la mer et des voyages, au travers de personnages rencontrés, des rêveries du narrateur, des histoires de bistrot, et surtout des livres.

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Liscorno

Ce livre a été lu dans le cadre du Masse Critique de mai 2014, et je tiens tout d'abord à remercier Babelio et les éditions Apogée. J'ajouterai une bonne dose d'admiration pour l'écrivain-poète breton, Jacques Josse dont j'ignorais l'existence avant de le lire.



Liscorno est un village. Et les premières lignes décrivant l'arrivée du camion de déménagement sont un réel plaisir. Un village d'adoption que Jacque Josse nous (ra)conte par le biais de ses lectures d'adolescent. London, Kerouac, Gonsberg, Hrabal... et bien d'autres. Et Jacques Josse en parle si bien que je les ai ajoutés, presque tous, à ma liste d'auteurs à lire.



Le procédé d'écriture est déroutant. On passe d'un auteur à l'autre. Sans transition. On se trouve donc davantage dans une succession de textes, liés entre eux de manière assez lâche, que dans un récit homogène. Sorte de roman à nouvelles. Néanmoins, on progresse dans l'adolescence de l'auteur. Et on progresse dans l'évocation de Liscorno et de la Bretagne, à travers les parallélismes avec les univers des auteurs évoqués. Qui aurait parié sur une telle ressemblance entre les routards de Kerouac et les marins bretons... Et pourtant !



Jacques Josse, pour évoquer chaque auteur marquant de son adolescence, utilise le cadre et le vocabulaire de ces auteurs. Chaque chapitre est donc un véritable microcosme qui représente tout autant l'auteur que Jacque Josse (et son univers).



Le tour de force est là. Une écriture poétique, intense et fraîche. Alors, comme une autre critique le mentionne... on ne peut que se laisser bercer et emporter par la magie des mots. Et par l'économie des mots. Les mots justes, pour rendre compte d'émotions justes.



Emotions. Le mot es lancé. C'est bien le coeur du livre. Montrer que nous sommes le produit de nos lectures. Mais qu'elles ne sont pas dues au hasard non plus.



J'ai aimé. C'est sûr. Mais... même si l'auteur boucle le récit et clôt le livre en décrivant son départ de Liscorno, écrin de lectures et de poésie, de rencontres essentielles et vraies, on sent bien qu'il m'a manqué un petit quelque chose. Un récit. Une continuité, un supplément de tension, d'intrigue...
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