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Citations de Jacques Rancière (182)


"Il n'y a pas d'orgueil à dire tout haut : Et moi aussi je suis peintre! L'orgueil consiste à dire tout bas des autres : Et vous non plus, vous n'êtes pas peintres." (citation de Jacotot)
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Jacques Rancière
Le langage ne vit que de la séparation des mots et des choses. C'est-à-dire qu'il vit de susciter et de décevoir constamment le fantôme de leur adéquation.
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Histoire d'une parole solitaire et d'une identification impossible au principe même des grands discours qui donnent à entendre la parole du collectif ouvrier. Histoire de doubles et de simulacres, que les amateurs de masses n'ont cessé de recouvrir. Les uns y ont fixé en sépia la photographie-souvenir du jeune Mouvement ouvrier à la veille de ses noces avec la Théorie prolétarienne. Les autres ont bariolé ces ombres aux couleurs de la vie quotidienne et des mentalités populaires. A la solennelle admiration pour les soldats inconnus de l'armée prolétaire sont venues se mêler la curiosité attendrie pour la vie des anonymes et la passion nostalgique pour les gestes accomplis de l'artisan ou la vigueur des chansons et des fêtes populaires : hommages concordant pour assurer que ces gens-là sont d'autant plus admirables qu'ils adhérent plus exactement à leur identité collective ; qu'ils deviennent suspects au contraire dès lors qu'ils veulent exister autrement que comme légions ou légionnaires, revendiquer cette errance individuelle réservée à l'égoïsme du "petit-bourgeois" ou à la chimère de l'"idéologue".
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8. « Le grand coup de génie a été d'interpréter la destruction des formes collectives de travail commandée par le capital financier comme l'expression d'un "individualisme démocratique de masse" issu du cœur même de nos sociétés et porté par ceux-là mêmes dont les formes de travail et de vie étaient détruites. À partir de là, toutes les formes de vie commandées par la domination capitaliste étaient ré-interprétables comme des effets d'un seul et même mal – l'individualisme – auquel on pouvait, selon son humeur, donner deux synonymes : on pouvait l'appeler "démocratie" et partir en guerre contre les ravages de l'égalitarisme ; on pouvait l'appeler "libéralisme" et dénoncer la main du Capital. Mais on pouvait aussi rendre les deux équivalents et identifier le capitalisme au déchaînement des appétits consommateurs des petites gens. C'est l'avantage d'avoir donné le nom de "libéralisme" au capitalisme absolutisé – et, par ailleurs, parfaitement autoritaire – qui nous gouverne : on identifie les effets d'un système de domination avec ceux des formes de vie des individus. On pourra donc, à son gré, s'allier aux forces religieuses les plus réactionnaires pour attribuer l'état de nos sociétés à la liberté des mœurs incarnée par la PMA et le mariage homosexuel ou se réclamer d'un idéal révolutionnaire pur et dur pour faire porter à l'individualisme petit-bourgeois la responsabilité de la destruction des formes d'action collectives et des idéaux ouvriers. » (pp. 214-215)
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Les « républicains » qui seraient censés faire rempart en 2022 contre l’extrême droite raciste sont en fait alignés sur ses positions quand ils ne les dépassent pas, comme on le voit aujourd’hui avec le reproche de mollesse fait à Marine Le Pen par notre ministre de l’Intérieur. L’idéologie élaborée par les intellectuels « républicains » a réussi le coup de génie de mobiliser les vieilles valeurs de gauche (l’instruction du peuple, la laïcité, l’égalité des sexes, la lutte contre l’antisémitisme) pour les retourner complètement et les mettre au service de la passion inégalitaire et du racisme le plus cru. Le « républicanisme » est ainsi devenu une extrême droite d’un type nouveau, une extrême droite « de gauche ». Un front républicain contre Marine Le Pen ? Mais elle est 100 % républicaine au sens que ce mot a pris.
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En revanche, se désigner simplement comme intellectuel, c’est se déclarer possesseur d’une intelligence différente des autres, supérieure aux autres. Pour moi c’est la définition même de la bêtise : croire qu’on représente l’intelligence.
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« Élite » est simplement un euphémisme par lequel la classe dominante se nomme elle-même, quitte à ce que ça devienne un terme péjoratif quand on énonce la « distance » des élites par rapport au peuple. Mais les dominants ne sont pas du tout distants. Ils sont à nos côtés dans tous les moments de notre vie pour nous pressurer sous la loi du marché ou nous taper dessus si nous nous révoltons contre elle. Quant à « bourgeoisie », c’est un terme qui désignait jadis une classe possédant un dynamisme économique et social, des manières de vivre, tout un système de valeurs qui s’imposait comme modèle à la société. Mais aujourd’hui on a affaire à une simple classe de prédateurs. Ils dominent, c’est tout.
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Le peuple, c’est une population prise dans sa totalité et c’est une partie de cette population. C’est la classe exploitée dans son ensemble et c’est la partie de cette classe qui revendique le nom de peuple contre la force dominante ou contre le pouvoir. C’est la force qui combat au nom des opprimés et c’est la « majorité silencieuse » qu’on oppose à cette minorité combattante. On fait toujours comme si le peuple, c’était un grand corps collectif. Certains louent ses vertus de franchise et de bon sens. D’autres dénoncent son ignorance et sa brutalité. Mais ce gros corps populaire que les uns louent et que les autres dénoncent est un fantasme. Dans la réalité il y a une multitude de manières d’être « le peuple » et d’agir comme le « peuple ».
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Les exclus du monde de l'intelligence souscrivent eux-mêmes au verdict de leur exclusion.
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On ne passe pas de la vision d'un spectacle à une compréhension du monde et d'une compréhension intellectuelle à une décision d'action. On passe d'un monde sensible à un autre monde sensible, qui définit d'autres tolérances et intolérances, d'autres capacités et incapacités.
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Une communauté politique n'est pas l'actualisation de l'essence commune ou de l'essence du commun. Elle est la mise en commun de ce qui n'est pas donné comme en-commun : entre du visible et de l'invisible, du proche et du lointain, du présent et de l'absent.
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Le langage de l'émancipation est le langage de l'autodidactisme. Mais l'autodidactisme ne doit pas être pensé comme une affirmation d'un soi autonome. C'est un langage qui se forme avec des mots de la langue de l'autre, des mots empruntés qui sont tordus et qui perdent leur sens normal, leur sens légitime.
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Jacques Rancière
Un sujet politique n'est pas une entité qui se rapporte à soi et produit des actes en conséquence de ce rapport à soi. Un sujet politique est un effet, il est le résultat d'un processus de subjectivation. Cette subjectivation ne se définit pas par un rapport à soi du sujet, mais par la constitution d'un champ d'expérience. Et deux choses caractérisent ce champ d'expérience : une remise en question du rapport entre bruit et parole, et une forme d'inclusion de l'autre - l'autre est convoqué à la fois comme celui qui doit vous répondre alors même qu'il ne reconnaît pas à votre interlocution le caractère d'un acte de parole. Le sujet politique se constitue à travers cette forme d'interlocution asymétrique, ce mode paradoxal d'inclusion de l'autre.
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Le problème est alors de construire l'espace de ce point d'égalité, d'établir entre les textes philosophiques et d'autres textes des relations d'égalité, de construire des ponts entre des paroles qui ont l'air d'appartenir à des registres totalement différents et finalement à des mondes absolument hétérogènes.
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La démocratie n'est pas une forme de gouvernement, mais la pratique elle-même de la politique. La démocratie n'est pas une forme institutionnelle, elle est d'abord la politique elle-même, c'est-à-dire le fait qu'agissent comme gouvernants ceux qui n'ont pas de titre à gouverner, pas de compétences à le faire.
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La destruction de l'ordre représentatif est alors tout autre chose que l'abandon de la figuration dans les arts visuels. Elle est la destruction d'un ordre hiérarchique inscrit dans les formes mêmes du perceptible et du pensable, la destruction, dans mes termes, de tout un partage du sensible.C'est cette subversion des formes mêmes au sein desquelles les pratiques artistiques sont perçues et pensées que j'ai appelée révolution esthétique. C'est elle qui fait que l'art existe non pas simplement comme essence commune de tous les arts mais comme configuration historique déterminée.
(p. 52)
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Il n’y a pas un mais "des" temps modernes, des manières souvent différentes, parfois contradictoires, de penser le temps de la politique ou de l’art moderne en termes d‘avancée, de recul, de répétition, d’arrêt ou de chevauchement entre temps ; des manières différentes ou contradictoires d’agencer les temporalités des arts du mouvement, leurs continuités, leurs coupures, leurs accords et leurs reprises, pour produire des œuvres répondant aux conditions du présent et aux exigences de l’avenir.
(p. 10)
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Communiquer n’est pas transmettre des informations mais relier des activités.
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Qui cherche trouve toujours. Il ne trouve pas nécessairement ce qu’il cherche, moins encore ce qu’il faut trouver. Mais il trouve quelque chose de nouveau à rapporter à la chose qu’il connait déjà.
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La naissance de la psychanalyse s'inscrit historiquement au sein de ce contre-mouvement dont Schopenhauer et le jeune Nietzsche sont les héros philosophiques et qui règne dans cette littérature qui, de Zola à Maupassant, Ibsen ou Strindberg, s'enfonce dans le pur non-sens de la vie brute ou dans la rencontre avec les puissances des ténèbres.
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