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Critiques de James Meek (50)
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Vers Calais, en temps ordinaire

Nous sommes en Angleterre en 1348. Cela fait deux ans que la bataille de Crécy a vu les archers et la piétaille d’Outre-Manche abattre la chevalerie française. Les Anglais victorieux ont ensuite fait tomber Calais, et depuis la célèbre remise des clés de la ville par ses bourgeois, alors que la peste noire s’est mise à décimer l’Europe et donc aussi la population de la cité conquise, l’Angleterre colonise ce bout de terre arrachée à la France. Forts de diverses motivations, les futurs colons proviennent de milieux disparates. Sur la route qui doit les mener à embarquer, convergent ainsi une noble dame décidée à fuir un mariage arrangé, un procureur écossais en partance pour Avignon, et un jeune serf engagé comme archer pour acheter sa liberté. Les rumeurs quant à une meurtrière pestilence au-devant de laquelle ils courraient, vont bientôt laisser la place à une terrible réalité.





Que voilà un étrange et déconcertant ouvrage. L’érudition et la prouesse linguistique – chapeau bas, au passage, pour le traducteur David Faukemberg - y parfont à la perfection l’illusion d’un véritable roman du Moyen-Age. Au travers des trois personnages principaux issus de la noblesse, de la bourgeoisie et du peuple paysan, tournures, croyances et façons de penser se font le reflet de la diversité de langues et de statuts qui se côtoient dans l’Angleterre de cette époque. Langues savantes mêlées de latin et de français, mais aussi langues vernaculaires, s’y relaient avec une aisance confondante pour mieux donner un aperçu de la variété culturelle médiévale, telle qu’on la retrouve au travers de sa littérature.





Mais des livres à la réalité, il y a loin. De la légendaire chanson de geste aux sordides réalités coupables vécues après Crécy par la compagnie d’archers de Will, de l’amour courtois de l’allégorique Roman de la Rose qui sert de référence à la gente Bernadine à l’universelle aliénation de la femme dans toutes les couches de la société féodale, c’est finalement un voyage purement initiatique qui attend les protagonistes de cette histoire. Loin des « semblances » héroïques, religieuses ou amoureuses, chacun va apprendre le vrai prix de la vie et de la liberté, de l’amour et de la culpabilité. Et puis, alors que l’épidémie de peste paraît souvent une punition divine et déclenche des violences antisémites, elle contribue aussi à rebattre un tant soit peu les cartes sociales, quand nobles et gueux se retrouvent à égalité face à l’arbitraire de la maladie et de la mort, et lorsque campagnes abandonnées et manque de bras mettent à mal la pratique du servage.





Finalement, ce n’est pas tant la langue, à laquelle on s’accoutume sans mal et avec un certain plaisir, qui rend si délicat l’accès à ce livre. C’est plutôt sa tournure d’esprit « médiévale », étrangement proche et étrangère à la fois, qui s’avère franchement déroutante. Comme lorsqu’il nous invite à l’une de ces représentations théâtrales de l’époque, qui rassemblaient alors toute la société, mais qui nous semblent aujourd’hui relativement hermétiques. Aussi, si la prouesse littéraire et historique impressionne, l’on risque d’y ressentir à la longue un détachement de plus en plus prononcé à l’égard de personnages par trop inaccessibles.





Il faut découvrir ce livre à nul autre pareil, conte médiéval en même temps que roman historique, exploit linguistique témoignant d’une grande érudition. Mais, à n’en pas douter, goûter ne voudra pas forcément dire aimer pour tous ses lecteurs.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Vers Calais, en temps ordinaire

Le cadre : l'Angleterre au Moyen-Age avec la peste qui vient d'atteindre l'île britannique.

Nous suivons dans ce livre quelques personnages dont l'objectif est de rejoindre Calais (alors ville anglaise), un serf embarqué pour être archer, un procureur religieux, une jeune damoiselle qui fuit un mariage arrangé. De ce voyage je retiens surtout des discussions sur l'amour et le sexe (l'amour courtois ou le viol), l'homosexualité, le genre, mais aussi les classes et les relations entre classes sociales différentes. Pour le coup j'ai bien aimé ces thèmes rarement vus dans un livre se passant au Moyen-Age.

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Mais plus que l'histoire ce qui m'a le plus plu, c'est la langue. L'auteur se fait un réel plaisir à reprendre le vocabulaire d'alors, les tournures grammaticales du Moyen-Age. Et c'est un régal ! Beau challenge pour le/la traducteur/traductrice....

Je reconnais que de ce fait, la lecture est un peu plus complexe, mais globalement ça reste accessible. En tout cas moi ça m'a beaucoup plu ce voyage dans le passé linguistique !
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Le coeur par effraction

Seriez - vous capable de tromper et trahir un être cher? Soeur ? Frère ? Père?

Par passion, vengeance, jalousie , ou pour sauver sa peau ?



Nombre de personnages hantent cette fresque brillante, très contemporaine pétrie de multiples thématiques, diverses histoires toujours en posant la même question : Jusqu’où peut-on aller , à l’ère des réseaux sociaux, des magazines trash, des rumeurs faciles, au cœur des domaines de la science et de la recherche , de l’information fondée ou non, dans l’envie et le désir d’enfant , de la trahison et du pardon ?



Faut - il instaurer une sorte de code , sorte de fondation ou police morale qui arbitrerait en ces domaines?

Rebecca dite Bec vit sa vie avec passion , scientifique de haut niveau , brillante , droite , attachante, chercheuse renommée —— elle fait des recherches sur la Malaria, ——-impliquée dans son travail , allant jusqu’à garder un virus en elle afin de le tester et en comprendre l’ensemble des mécanismes ...

Ritchie est une ex- rock star, anime une émission de télévision mettant en scène des juniors musiciens .

Mari attentionné et père attentif , grand menteur ——-volage ——il trompe sa femme Karine avec une jeune fille de seize ans connue sur le tournage de l’émission.

Ritchie et Bec, frère et sœur, ont perdu leur père assassiné à l’âge respectif de quinze et neuf ans , ce qui les a profondément marqués .....



Frasques, informations scabreuses , secrets d’amour , d’argent , de mort, intimités et inimitiés devenues publiques , l’auteur met en relief , avec un humour féroce , un ton ironique , apparemment léger, les non - dits de notre société , sa fausse bien pensance : mensonges et apparences trompeuses , l’hystérie des réseaux sociaux, la transparence sur internet ....



Un roman ample, énergique, addictif , fascinant , malgré les 525 pages , misant sur la frontière fragile entre LE MAL et LE BIEN , évaluant aussi avec intelligence et gravité les ambitions des scientifiques comme Bec, faites des risques pris et des ratages afin d’ influencer les progrès dans les recherches médicales .

La narration audacieuse gagne en intensité au fil des pages, la construction est parfaitement maîtrisée.

Un impressionnant récit qui touche autant notre cœur que notre intelligence !
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Un acte d'amour

Une tragédie avec une touche de thriller, écrite par un écossais, dans laquelle vont s'entremêler les destinées de personnages hors normes (un bagnard évadé poursuivi, dit-il, par un cannibale, un castrat mystique, une veuve mystérieuse, une garnison de soldats tchèques qui ne savent plus pour qui ils se battent ni pour quoi) au fin fond de la Sibérie pendant la révolution rouge, d'emblée le propos semble atypique. La lecture confirmera cette impression.



Les premiers chapitres, très lents demandent de la patience au lecteur. Ce rythme traînant du début ajoute à la belle musicalité du récit. J'ai été envoûtée par la beauté simple et forte de l'écriture de James Meek, et subjuguée par son talent et sa subtilité de conteur. Ici, pas de description de grandes batailles. Pour rendre compte de la violence de la guerre et des traces qu'elle laisse au fond du cœur des hommes, leur faisant perdre la raison, l'auteur invite à une expérience sensorielle très immersive. On croirait entendre le fracas assourdissant des canons, renifler l'odeur des chairs brûlées, sentir les morsures du froid et de la faim.



Le ton du livre est très singulier. Sans qu'aucun élément surnaturel n'intervienne, il se dégage du récit une atmosphère fantastique. De ce point de vue, l'ambiance du roman m'a fait penser, même si le contexte est très différent, au très bon film "Vorace".

Samarin est un personnage marquant, fascinant, presque séduisant mais très inquiétant. Dès qu'il apparaît un sentiment diffus de malaise s'empare du lecteur. A l'image de l'histoire drôle qu'il raconte au début :



Un assassin emmène une fillette dans les bois, la nuit. Il fait noir, les arbres gémissent dans la brise, personne d'autre dans les parages. La fillette dit à l'homme : "j'ai peur". L'assassin lui répond : "tu as peur ? Mais c'est moi qui vais devoir rentrer tout seul à la maison"



Le paysage est presque un personnage à part entière. L'immensité enneigée de la toundra semble oppressante, comme s'il s'agissait d'un huis-clos.

Meek dessine son récit en trois couleurs. Les blancs, les tsaristes, se battent contre les rouges, tandis que les hommes, perdus dans ces luttes incessantes et ces grands paysages sauvages, ressemblent à des points gris.



A travers les destinées passionnantes des personnages, Meek évoque également la destinée de la révolution. Derrière l'idéal des révolutionnaires, des hommes et des femmes mûs par une révolte bien légitime face aux inégalités de la Russie tsariste et qui rêvent d'un monde meilleur, transparaissent déjà les germes du totalitarisme futur. Finalement, les injustices perdureront (le bagne deviendra le goulag, le culte des personnalités politiques remplacera l'église, les richesses seront encore accaparés par quelques uns) car les hommes, eux, ne changent pas. Cet aspect du roman, lucide, désespérant, est déchirant.



Je suis prête à parier qu'au fil des ans ce magnifique roman va acquérir le statut de classique.
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Vers Calais, en temps ordinaire

Traduit de l'anglais par David Fauquemberg



P 152 : je n'en puis plus, j'abandonne. Mon esprit s'évade, je suis obligée de relire une phrase, voire une page, je m'ennuie. Ils ne sont pas encore arrivés à Calais que c'est baston après baston. Pfff...

Pourtant, tout commençait plutôt bien. Chaque personnage ou groupe de personnages est représenté par un symbole.

Une fleur pour Bernadine, la gente demoiselle ; une plume pour Thomas Pitkerro, procureur d'Avignon ; une serpe pour les laboureurs d'abord, les archers ensuite. Même le langage utilisé me plaisait. J'ignore si c'était véritablement celui de l'époque, 1348, mais vraiment c'était agréable.

La couverture est également très belle, très chamarrée et la quatrième de couverture alléchante.

Bref, tout était en place pour un agréable moment de lecture.

Pourquoi a-t-il fallu que tout dérape si vite !

Quel dommage !

Mais cela peut peut-être plaire à certains. A vous de voir.
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Vers Calais, en temps ordinaire

Vers Calais en temps ordinaire se passe en Angleterre en 1348 . Trois personnes de milieu très différent se retrouvent à voyager ensemble , la route est semée d’embûches , la peste s’est invitée dans ce long périple .

Le récit est de prime abord ardu , l’auteur a choisi une voie difficile pour écrire son roman , il a gardé les tournures , le langage de l’époque , c’est-à - dire du moyen âge , il y a un petit effort à faire pour le lecteur .

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Vers Calais, en temps ordinaire

Un bon roman. Un roman historique avec pour toile de fond l'arrivée de l'épidémie de peste noire en Angleterre et un groupe de personnages en route vers Calais. Cela ressemble à un roman de Ken Follett mais la psychologie des personnages est beaucoup plus fouillée. Thomas le clerc est reconnaissable à son langage érudit, tout comme dame Bernardine en quête d'amour courtois. C'est une réflexion sur l amour, la mort, le désir , la violence aussi et la guerre...avec des personnages forts et attachants que l'on accompagne dans leur fuite un peu vaine vers Calais semée d'embûches et de revirements...La personnage principal Will est un laboureur devenu archer, que le voyage transforme jusqu'à lui faire douter de tout.
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Un acte d'amour

Allez savoir pourquoi, je repense à ce roman qui n'est pas russe, mais écossais, et très bien traduit par David Fauquemberg.



1919. La guerre contre les Allemands est terminée et une révolution est en marche. Une guerre différente. Le genre de guerre où on ne sait jamais qui est dans quel camp."L'ancienne guerre, contre les Allemands et les Autrichiens, c'était nous contre eux.Maintenant, ce serait plutôt nous contre nous."



La Sibérie, quelque part entre Omsk et Krasnoïarsk, le long du Transsibérien, Jasyk, dont les habitants ne savent de l'évolution de la guerre que ce que le télégraphe, qui fonctionne rarement, veut bien leur transmettre.

Dans cette petite ville, la légion tchèque, une centaine d'hommes partis de Prague en 1914 commandée par un capitaine qui rêve de royaume , Matula.

L'autre partie de la population de cette ville est composée d'une secte de castrats, et leur guide spirituel est un ancien lieutenant de hussards,Balschov parti à la guerre en laissant femme et enfant derrière lui, et déclaré disparu.

De la forêt sort un homme, que l'on a déjà croisé étudiant dans le premier chapitre du livre. Il s'appelle Kyrill Ivanovitch Samarin. Dit s'être évadé du bagne appelé Le Jardin blanc et être poursuivi par un cannibale.



A ce stade là du livre, je me suis dit que cet écrivain avait vraiment beaucoup d'imagination.......Et bien pas vraiment, il l'explique en post-face.

La secte russe des castrats , malgré la répression subie de la part des autorités soviétiques a survécu pendant toute la première moitié du XXème siècle.

La Légion tchèque a bien occupé une partie de la Sibérie, et ne l'a quittée qu'en 1920

Et enfin....

"Des documents attestent de l'existence de la pratique consistant ,chez les évadés des bagnes russes puis soviétiques, à emmener avec eux un compagnon naïf en guise de nourriture. L'un des articles du Manuel du Goulag de Jacques Rossi , intitulé Vache ( "Korova") débute par ces mots:

"Personne choisie pour être mangée; ne se doutant de rien, tout criminel inexpérimenté ,invité par ses aînés à s'évader avec eux, est prêt à remplir cette fonction...Si, au cours de leur fuite, les évadés se retrouvent à court de vivres et sans aucun moyen de ravitaillement, la "vache sera égorgée......"



Ce roman raconte l'histoire de cinq personnages, Samarin , Matula et Balschov donc, mais aussi Joseph Mutz, lieutenant juif de l'armée tchécoslovaque, et Anna Petrovna, qui a débarqué un jour avec son fils pour des raisons mystérieuses.

Et tous attendent les troupes révolutionnaires.Thème classique, on attend les tartares, les barbares, ici ce sont les Rouges. Et dans l'attente, la tension monte et chacun se dévoile. Enfin, non, il y a un menteur.

Nous sommes en 1919, et les propos du chef du canton deviennent prophétiques:

"Nous avons été trop indulgents. Trop gentils. Nous avions trop peur de la populace , des sans-grade, alors que c'est eux qui auraient dû nous craindre. Quand tout ce chaos sera terminé et que nous aurons renvoyé chez eux les étrangers, nous saurons quoi faire. Peu importe qui sera au pouvoir, un prince de sang ou un marxiste, du moment qu'il est russe et que les paysans ont peur de lui comme ils auraient dû avoir peur de nous. La crainte les éblouira comme une lumière vive ,un soleil de peur s'élevant au matin ,une peur réchauffant leur dos l'après midi, une peur électrique les illuminant tout au long de la nuit, une peur claire et resplendissante, si bien que même si le nouveau dirigeant vient à mourir pour être remplacé par une autre mauviette, la terreur ne les quittera pas,eux, leurs enfants et leurs petits enfants. Même quand l'origine de la peur aura disparu, ils continueront à la chercher du regard, ils ne pourront vivre sans elle."



C'est un éblouissant roman d'action, une réflexion politique mais également un livre dans lequel est minutieusement analysé ce que l'on nomme amour. Et actes faits sous prétexte d'amour...







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Le coeur par effraction

Ritchie, ancienne star de rock, anime une émission de télévision mettant en scène des ados musiciens. Sa femme (elle aussi ex-star de rock) et lui ont deux jeunes enfants. Père et mari attentionné, sûr de lui, volage et menteur, Ritchie fait de nombreuses infidélités à sa femme, notamment avec une jeune fille de 16 ans qu'il a connue sur le plateau de l'émission...



Rebecca, sa soeur, a une vie diamétralement opposée. Scientifique de haut niveau, elle fait des recherches sur la malaria. Passionnée et très impliquée par son travail, elle va même jusqu'à garder un virus en elle pour le tester et en comprendre tous les mécanismes.

Les vies de Ritchie et Rebecca vont s'entremêler quand le compagnon éconduit de Rebecca veut se venger, et menace Ritchie de dévoiler ses frasques extra conjugales avec une mineure si il ne lui donne pas en échange une information croustillante et scandaleuse concernant sa soeur...



On le voit avec ce récit choral entremelant plusieurs thématiques et plusieurs histoires ,Le coeur par effraction est un livre qui traite différents thèmes en posant la même question jusqu'où peut on aller dans le domaine de la science, de la morale, de l'information, de l'envie d'enfants, de la trahison et du pardon...



Les personnages ne sont ni bons ni méprisables, ils conduisent leur vie en accord avec leurs passions et les évènements.



Ce coeur par effraction s'avère donc être un livre passionnant, enrichissant, remarquable, d'une maitrise formelle incontestable, bref un roman que l'on ne peut que conseiller la lecture de ce roman fascinant!. .
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Un acte d'amour

Ce roman puissant met en scène un décor glacé le long de la voie du Transsibérien, dans lequel évoluent des personnages d’une intensité rare.

Nous sommes en 1919, une légion de soldats tchèques dirigés par l’odieux Matula et son lieutenant, l’aimable Mutz, occupe le village de Jazyk

Anna Petrovna, apparait comme une séduisante veuve, volontaire et courageuse.

On saura pourquoi elle évite Balashov, l’étonnant chef d’une secte de castrats qui se considèrent comme des anges.

Le prisonnier, Samarin, se révèle un conteur séduisant mais inquiétant.

D’autres personnages secondaires dégagent eux aussi une forte présence.

Au cours de la lecture, les rebondissements m’ont happée, malgré la dureté du récit, le froid de la Sibérie, la faim, le dégout … Il est question de guerre civile, de fanatisme religieux, de cannibalisme et autres horreurs. Pourtant, j’ai aimé me laisser surprendre par le récit effectivement terrible. J’ai adoré ces phrases magnifiquement construites, surprenantes elles nous incitent à les relire pour en savourer la profondeur, l’humour, la délicatesse de l’écrivain. Je suis contente d’avoir enfin lu ce livre que j’avais acheté il y a longtemps, alors que nous étions sous le charme d’une conférence de son auteur.

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Vers Calais, en temps ordinaire

Vers Calais, en temps ordinaire... Vraiment ? Traverser une partie de l'Angleterre du Nord au Sud en 1348, au début de la guerre de 100 ans et en plein bourgeonnement de l'épidémie de peste noire, sont-ce là des temps ordinaires ? La première chose que j'ai à dire sur ce livre, c'est donc que je n'en saisis pas vraiment le titre.

J'ai d'ailleurs eu bien du mal à rentrer dedans. Au point que je l'ai laissé choir à 25% pour en prendre un autre, mais finalement j'y suis revenu et ai été suffisamment happé pour ne plus le lâcher jusqu'à la fin.

C'est remarquablement bien écrit, première chose à mettre à l'actif de l'auteur, et ce n'est pas si fréquent. On comprend rapidement aussi qu'il n'a pas lésiné sur la documentation pour se renseigner sur l'époque, tant le livre fourmille de détails qui nous semblent bien étrangers à bientôt 700 ans de distance... Les remerciements en fin de volume le confirment. On est donc projeté ailleurs, il y a bien longtemps, tout en témoigne même la langue, et il faut saluer au passage le travail du traducteur, remarquable également.

Pour autant, je n'ai pas compris pourquoi mettre la narration au passé-composé et... les dialogues au passé-simple.

Je n'ai pas trop compris non plus où l'auteur voulait en venir avec ce personnage de garçon porcher travesti, sauf à sacrifier à la "mode queer"... Ce n'est qu'à la presque fin du volume qu'il commence à acquérir un tout petit peu de de profondeur... à tous les sens du terme, d'ailleurs ;-)

Les points de vue m'ont semblé assez inégaux également. Les digressions à la première personne du procureur Thomas étant assez hermétiques et pompeuses, surtout au début du livre (il a d’ailleurs largement contribué à me faire mettre cette lecture en suspens). De digressions, ce livre n'en manque pas de façon générale, il faut le dire.

Cela dit, quand on surmonte ces divers obstacles, on découvre quelques très jolis passages empreints de philosophie, des personnages habités et peu manichéens et une belle réflexion sur des sujets comme le statut de la femme, la rédemption, la recherche du bonheur nécessairement éphémère, et son absence de lien avec le statut social ou financier des personnes concernées.
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Un acte d'amour

Malgré un titre à l'eau de rose, ce roman de choc montre à merveille combien une guerre doublée d'une révolution peut être le déclencheur de prises de conscience variées, de comportements atypiques, de révélations intimes. La Sibérie en 1919 en est le théâtre remarquable où se côtoient une légion tchèque, une secte de castrats, un bagnard cannibale, des éléments avancés de l'Armée rouge, une pseudo-veuve et son jeune fils, et même un chaman, tous au coeur d'un village perdu au fin fond du grand nord russe.

James Meek y campe un microcosme bigarré, perturbé et dévasté avec le talent d'un conteur digne des grands écrivains russes. Il est pourtant britannique mais a saisi avec une acuité formidable les méandres de l'âme slave. Son style reproduit à merveille la fièvre qui dévore ses personnages, l'atmosphère quasi envoûtante qui sourd de ces rapports humains à la fois angoissants et ambigus. Quant au paysage, il est plus qu'un simple décor, il joue un rôle de premier plan et renforce la tension de cette intrigue qui lorgne du côté du fantastique.

Ce roman est de ceux dont on garde longuement le souvenir comme celui d'un moment étrange, dépaysant et précieux.
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Le coeur par effraction

A l’époque où l’intime s’affiche dans tous les médias, où la transparence est souhaitée, traquée, mais où les failles sont aussi attendues et rêvées, il devient difficile de vivre sa vie sereinement pour toute personne se retrouvant sous les feux des projecteurs. Les uns espionnent les autres en espérant le faux pas, celui qui lui permettrait de se sentir supérieur à l’autre. James Meek pousse la logique jusqu’au bout en créant une entité gardienne de la moralité : La Fondation morale. Ces derniers attendent que les médias aient établi une réputation, puis la détruise avec un scoop au nom de la moralité, tout en laissant le choix de dénoncer quelqu’un de son entourage pour ne pas être touché.





Ritchie va en être victime et il va devoir choisir entre résister, comme son père avant lui, officier tué en Irlande pour ne pas avoir dénoncé un informateur, mais risquer de voir s’étaler sur la place publique des secrets inavouables qui feraient voler sa vie en éclat, ou bien trahir, vendre sa sœur, se préserver en trahissant sa famille.







« J’ai un tas de clients, réplique Midge. Ils aiment tous raconter leur vie. Et ça se résume à deux choses. Primo, ils n’arrivent pas à contrôler leur bite. Deuzio, ce pays est plein de mouchards et de balances… (…) De traîtres, poursuivit Midge. Des gens prêts à vous vendre. De filles qui couchent pour pouvoir raconter. De paparazzis. De marchands de tuyaux. De portables qui prennent des photos. Une vraie putain de Stasi… Comment croyez-vous que fonctionne un Etat policier ? Je vous donne un indice : ce n’est pas grâce à la police. Surveillez vos amis… la moitié du pays est prête à dénoncer l’autre. » (p. 195)







Une réflexion sur la moralité et sur la frontière mouvante entre le Bien et le Mal, s’amorce alors, ce roman entrant dans nos consciences pour analyser le phénomène et nous secouer :





« Vous pouvez commettre un acte, reprit-il, quelque chose de mal, et savoir que vous l’avez fait, mais personne d’autre le sait, ça reste un secret. Mais le truc, quand on se fait prendre, ce n’est pas seulement que tout le monde sait ce que vous avez fait. Le truc, c’est que vous ne savez pas vraiment ce que vous avez fait, jusqu’au moment où vous savez que tout le monde sait. » (p. 296)







Parallèlement, Bec, scientifique oeuvrant contre le paludisme cherche à apporter sa pierre à l’édifice de la science. Les ambitions des scientifiques faites de risques et de ratages, pour le bien fondé de la science et du progrès s’entremêlent subtilement au thème de la moralité.





Au terme de tergiversations nombreuses et aléatoires, Ritchie devra faire son choix, même s’il sait que la liberté individuelle et collective est la seule issue, chacun devant être son propre censeur.







Un roman ambitieux à ne pas manquer !
Lien : http://www.lecturissime.com/..
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Un acte d'amour

Dans le village imaginaire de Jazyk, sur une branche secondaire du Transsibérien, au cœur de la Sibérie, en 1919 alors que fait rage la guerre civile, qui succède à la révolution bolchévique de 1917. Dans la petite ville cantonne une unité de la Légion tchèque, commandée par le charismatique et pervers Matula, secondé par Mutz, un intellectuel juif peu en phase avec son supérieur. Les personnages principaux de ce roman comptent essentiellement Samarin, évadé de bagne ; un chamane ; Gleb, le responsable d'une secte de castrats ; un cannibale ; une veuve photographe, Anna Petrovna, et son jeune fils...



John Meek doit l'inspiration et la qualité de sa documentation aux huit années qu'il a vécues en Russie dans les années 1990, ce qui lui permet de fournir un contexte historique avéré à ce roman dépaysant, fouillé, au style inspiré assez bien rendu par la traduction, avec un souffle un peu inégal. On retiendra notamment la description de la charge de cavalerie menée par le mari d'Anna Petrovna, la finesse des portraits de cette dernière, et surtout les chapitres de la relation du bagne du Jardin blanc par Samarin.
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Un acte d'amour

Je dois tout d'abord vous mettre en garde, le roman est un peu long à démarrer au début… Pendant les quatre-vingt-dix premières pages, je me suis un peu demandée où l'auteur voulait nous mener et quels sentiments animaient les différents personnages rencontrés. A l'arrivée d'Anna Petrovna, j'ai commencé à m'intéresser à l'histoire, puis à me passionner vraiment lorsque les quatre personnages principaux se retrouvent dans la petite ville de Jazyk, en Sibérie, au même moment. Anna Petrovna est donc une jeune veuve, mère d'un petit garçon, passionnée de photographie. Les autres personnages sont tous des hommes : Samarin, l'étudiant déporté au Jardin Blanc et évadé de ce camp disciplinaire proche du cercle polaire, et un détachement de tchèques qui occupent la ville, d'où émergent les figures du lieutenant Mutz, rigide mais sensible, et du sanguinaire capitaine Matula. La ville de Jazyk abrite aussi une communauté religieuse très particulière, avec à leur tête, un certain Balashov au passé mystérieux.

Je ne vous dirai rien de plus pour ne pas aborder les deux thèmes principaux du roman, particulièrement terribles.

Sachez que c'est une très belle histoire où reviennent sans cesse l'amour et la mort, où les dogmes politiques et religieux se rejoignent, emportant les hommes à « la recherche de l'inaccessible ».


Lien : http://lettresexpres.wordpre..
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Vers Calais, en temps ordinaire

La pestilence et sa semblance ; la mort alentour et son absolution par procuration, et encore. Dans une jolie langue - attentive aux différenciations de statuts sociaux qu'elle impose, aux imaginaires qu'elle véhicule, James Meek s'empare du récit de peste comme une profonde et plurielle réflexion sur le Mal, le sens que l'on donne à nos vies. Vers Calais en Temps ordinaire : sympathique roman d'aventures et spéculation sur la morale fluctuante qui nous lie.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Un acte d'amour

Une autre belle découverte que ce roman de James Meek maniant aussi bien l'amour, la guerre et l'Histoire. Sur fond de révolution bolchevique, une communauté de personnages d'intérêt divers d'une petite bourgade russe occupée par des soldats tchèques seront appelés à se côtoyer et se heurteront violemment dans leurs croyances et leurs aspirations. Tsarisme, terrorisme, révolution et communisme y sont brillamment évoqués notamment dans les impacts directs sur les populations civiles.
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Le coeur par effraction

Ritchie quadragénaire ex-rock star est une célébrité. Producteur d’une émission à succès pour ados, marié et deux enfants, il possède une belle maison coûteuse, l’art de ne s’intéresser qu’à lui et à sa carrière mais surtout il trompe sa femme avec une jeune fille de seize ans. Sa sœur Rebecca surnommée Bec est l’opposée de son frère. Elle est chercheuse et travaille sur un vaccin contre la malaria. Lorsqu'elle refuse la demande en mariage d’un journaliste et directeur d’un magazine people, Bec est loin de s’imaginer la suite des événements. Décidé à se venger de Bec, son ancien petit ami est prêt à révéler au grand jour les tromperies de Ritchie sauf s’il accepte de lui livrer de quoi ruiner la carrière de sa sœur.



Voilà un roman diablement contemporain, avec de la dérision, de l’ironie, de la légèreté et qui au fil des pages prend une réelle densité.



la suite sur : http://fibromaman.blogspot.fr/2013/11/james-meek-le-cur-par-effraction.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
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Un acte d'amour

Nous sommes en 1919, dans un petit village perdu du fin fond de la Sibérie. Un contingent de la Légion Tchèque qui se bat du côté des Blancs est encore maître d’une partie de la voie du Transsibérien. Les rouges sont tout proches et la situation est en train de basculer en leur faveur quand les évènements se précipitent avec l’arrivée d’un bagnard sorti de la forêt qui déclare être poursuivi par un cannibale particulièrement dangereux surnommé « Le Mohican »…

Tel est le début d’un roman assez époustouflant tant par le thème (la guerre civile russe vue au ras des pâquerettes) que par les personnages attachants et emblématiques (Mutz, le juif plein d’humanité, Anna la veuve perdue et agnostique, Matula le capitaine tchèque pervers et mégalomane et surtout Balashov le flamboyant hussard devenu humble castrat.

Et, cerise sur le gâteau, un style digne des plus grands romanciers russes de l’époque classique. Meek a dû beaucoup lire Dostoïevski et Tolstoï. C’est également un grand connaisseur de l’histoire et de la civilisation russe. Journaliste, il a longtemps séjourné là-bas et s’est énormément documenté sur la secte des « skoptsky », ces étranges fous de Dieu orthodoxes qui s’imaginaient se transformer en anges par de barbares ablations…

Un très grand roman, best-seller en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, traduit en 27 langues et adapté au cinéma. A ne manquer sous aucun prétexte !!!
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Vers Calais, en temps ordinaire

Vers Calais, en Temps ordinaire est un livre assez inattendu et déroutant, une écriture qui m’a ramenée pour un moment à certaines lectures difficiles du lycée (Agrippa d’Aubigné m’avait un peu traumatisée), un mélange entre Le nom de la rose d’Umberto Eco et Le Hussard sur le toit de Jean Giono. Il faut s’accrocher quelques pages pour que les mots prennent sens et que ce qui semblait périlleux au départ devienne au fil des mots une douce poésie. Je me suis laissée porter sur cette route où nos protagonistes cheminent courageusement vers la mort comme si elle ne pouvait les atteindre, comme si elle pouvait être la clé de leur liberté. Leur progression se fait au gré de chemins qui s’éloignent puis se croisent, de réflexions sur l’amour et la possession d’autrui qui semble être au cœur de toute action : de la fuite de la noble Dame Bernadine, au travestissement d'Hab, en passant par l’enlèvement de Cécile. Les personnages sont complexes et l’histoire captivante, la réalité se mêle au jeu d’acteur, la peste noire plane aussi irréelle qu’inflexible. Je reste un peu partagée sur le style, qui, s’il donne réellement la sensation de se trouver au Moyen-âge, peut rendre la lecture un peu fastidieuse. Un roman intéressant que j’ai eu plaisir à lire mais qui ne fera pas partie de mes coups de cœur du moment. La période, chargée pour moi, n'ayant peut-être pas aidé à aborder cette lecture difficile sereinement.
Lien : https://levonslencre.com/202..
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