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Critiques de Jan Clausen (9)
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Je transporte des explosifs on les appelle ..

À qui puis-je parler?

Honorer les femmes c’est encore parler d’elles

Il n’y aura pas de garantie d’écoute

Mais la poésie et le féminisme doivent avancer

C’est un danger et une promesse qui défient le monde

Imaginez des explosifs des mots partout transportés par des femmes plurielles exceptionnelles

Oseront-Elles franchir toutes les barrières que le patriarcat a mis devant elles

Trop souvent elles sont freinées déconsidérées quand ce n’est pas violentées ou tuées

Alors un peu de dynamite dans ce bordel

N’est-ce pas la réponse défensive évidente

Alors à qui pourraient-elles parler, ces poétesses?

Honorer la vérité c’est encore l’écrire la diffuser lui donner un corps des jambes pour qu’elle puisse vaquer rencontrer célébrer celles qui ont su créer la poésie féministe

Le monde a besoin d’elles puisque cette lumière dessine les contours de l’obscurité dans laquelle elles sont repoussées

Il nous faut cette éruption de mots dégoupillés

Il nous faut cette énergie redoutable et puissante qui désintègre la merde qu’ils auront laissé

Ce qu’il reste dans les voix de ces femmes

C’est des violences des silences spécifiques

Quand une femme parle

Elle n’abandonne rien de la douleur de sa complétude de son histoire de son amour

Elle habite une langue un mot son poème

Elle est aussi vie que mort

Cercle et cathédrale

Vague et soupir

Elle-même et autre

A qui maintenant pourrais-je parler

De mon émotion

Quand je les ai lu, elles, dans leurs luttes

Dans leurs créativités dans leurs intimes

Qui voudra entendre les coup sur mon cœur

A me pulvériser le palpitant dans cette heure calme

Que je ne voudrais oublier

Elles étaient brunes noires survivantes

Bombes hystoires libres guérilleres

24 poétesses féministes États-uniennes

Performantes

Consciences

Utiles

Apeurées triomphantes en colères

Et j’ai reçu leurs dévastations au fond de moi

Je les ai accueillies pour mieux les comprendre

Est-ce que mon amour aussi est spécifique?

L’amour sera toujours ma boussole

Entre ici ou là-bas

Je ne peux perdre mon nord

Puisque je suis amoureuse de la poésie

Surtout quand elle vibre aussi fort

Aussi terrible qu’elle soit j’entends mes sœurs

Comment je peux retenir cette révolution

Épidermique

Qui se joue dans nos fiertés féminines?

J’attends tout de la poésie

Qu’elle sauve le monde qu’elle transmute les femmes

Mais encore plus qu’elle soit engagée politique

Libre sensorielle nécessaire pour nous toutes

Je crois en son mouvement

Je veux qu’elle soit chant scène chose destinée couleurs vérités histoires exemple litanie pouvoir restes chemins ailleurs flottante monstre

À qui puis-je parler

Des milliers d’explosions que leurs mots

Ont fait en moi

Est-ce que ce coup de cœur est spécifique?

Oui.

À qui puis-je en parler?
Lien : https://fairystelphique.word..
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Je transporte des explosifs on les appelle ..

La poésie prend souvent la femme comme objet : c’est la Muse, celle qu’on aime, celle au sujet de laquelle, sans cesse, se construit un discours masculin. Il est donc particulièrement intéressant que les féministes se soient emparées de ce médium pour faire entendre un discours sur les femmes elles-mêmes.

En elle-même, cette réappropriation rend cette anthologie passionnante en montrant de multiples facettes de l’expérience féministe. En effet, il y a parmi les autrices des femmes de diverses origines, des femmes racisées, des hétérosexuelles, des lesbiennes, des trans, etc. Mais ces poèmes sont aussi d’une grande beauté, tirant souvent leur force de leur simplicité, et leur façon de faire entendre clairement ce dont la société attend que ce soit tu, tout en préférant la vérité d’une expérience intime aux postures et aux grands discours, sans craindre la violence. Ainsi, « Monster » de Robin Morgan m’a semblé un chef d’œuvre : elle décrit, à partir d’un mot d’enfant, sa peur que son fils de deux ans apprenne à voir dans la féminité une altérité à détester et à dominer. Dans beaucoup de poèmes, on rêve d’un retour à un « avant » idéalisé : on pourrait y voir le souvenir d’une théorie longtemps en vogue selon laquelle les premières sociétés étaient matriarcales. J’y vois plutôt une nostalgie d’un état d’innocence, avant que s’insinue le discours patriarcal aliénant, qui fausse même le regard sur soi. Le travail poétique d’affirmation de soi et de la valeur de l’expérience féminine passe d’ailleurs plusieurs fois par la réappropriation de sa propre langue, avec l’insertions d’espagnol et de yiddish (l’on peut cependant regretter que ces passages n’aient pas été traduits).



C’est une édition explicitement féministe, avec des traductions notamment qui utilisent l’écriture inclusive. Cela me semble une démarche cohérente avec le propos du livre ; en revanche, j’ai vraiment tiqué quand, dans la biographie des autrices, les cavales de certaines, après des braquages de banque meurtriers, sont présentés presque comme une résistance politique (« elle entre dans la clandestinité »), et surtout quand il est question, deux fois, de la « mort d’un flic » et du « meurtre de flics ». Et ce n’est pas la même chose de tenir des propos très violents dans un poème et dans de telles notices. Ne peut-on faire entendre une voix féministe forte sans procéder à une telle déshumanisation ?



Enfin, j’ai moins aimé l’essai de Jan Clausen précédant l’anthologie proprement dite, pas toujours d’un grand intérêt. Tout d’abord, même s’il propose des pistes de réflexion intéressantes, il est assez répétitif, car semble réunir plusieurs articles. Il m’a semblé aussi trop verser dans les questions d’identité (pour caricaturer un peu : une féministe hétéro blanche a-t-elle autant de légitimité qu’une noire lesbienne ?), et les débats internes aux cercles de poétesses féministes américaines. L’autrice semble dans une situation inconfortable : d’une part, elle dénonce, avec beaucoup de précautions, le poids excessif du politiquement correct et des attentes politiques et non poétiques du public, mais d’autre part elle inscrit le plus possible son article dans ce système. Cela me semblait donc parfois assez futile – mais qui suis-je pour juger, moi le bourgeois blanc gay cisgenre ? Mieux vaut donc ses concentrer sur ce qui essentiel : les morceaux de bravoure poétiques de cette anthologie.

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Je transporte des explosifs on les appelle ..

Superbe anthologie de poétesses états-uniennes aujourd'hui mal connues pour la plupart (en tout cas en France). Le dossier introductif est très riche et instructif. Je ne savais pas que la poésie féministe avait eu une telle importance aux États-Unis au siècle dernier, et ça m'a donné envie d'en découvrir plus. A certains égards ça m'a fait penser aux lectures-performances de textes engagés de certain-es poéte-sses qu'organise Button Poetry. J'étais contente de découvrir des textes vifs et touchants dans ce livre, et de me dire que cette pratique est encore bien vivante aujourd'hui !
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Je transporte des explosifs on les appelle ..

Au-delà de ce titre un peu trop explicite pour moi, ce recueil de poèmes américains et féministes est une belle découverte. Des autrices diverses, avec des styles complètement différents, abordent les thèmes qui les touchent, cherchent leur place dans le monde.

La longue introduction de Jan Clausen, elle-même poétesse, permet de cerner ce que serait une poésie féministe. Elle montre ine traduction féministe américaine résolument tournée vers la poésie, alors que la période des 70s en France était plutôt marquée par des romancières féministes. L'autrice explique pourquoi la poésie est un genre pertinent (une forme courte, en lien avec les contraintes matérielles), et comment elle rend compte de l'expérience des femmes, abolissant la frontière entre le personnel et le politique.

Jan Clausen épluche aussi les préjugés sur la poésie féministe, les décortique : elle serait utile (car politique), elle serait accessible (pour être lisibles par toustes), ce serait un processus collectif (au-delà de l'ego), la critique serait hors de propos, le monde de la littérature féministe serait clos sur lui-même...

Elle pose de très bonnes questions. Comment conserver une vision critique, exiger une qualité littéraire, quand un genre devient un outil de lutte au-delà de la littérature ?

Ce recueil peut être lu pour son introduction très riche, ou abordé en butinant directement les poèmes d'Audre Lorde, Adrienne Rich, Gloria Anzaldúa, bell hooks, Dorothy Allison... et tant d'autres autrices précieuses à découvrir.
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Je transporte des explosifs on les appelle ..

La première partie - un essai de Jan Clausen - est intéressante et met en exergue l’importance de la poésie dans le mouvement féminisme des États-Unis.



Néanmoins, j’ai de loin préféré le recueil de poèmes de la deuxième moitié. Les mots pulvérisent et sont un cri de liberté.
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Je transporte des explosifs on les appelle ..

L'essai de la poétesse et militante lesbienne Jan Clausen datant de 1982, compose la première partie du livre et dresse un état des lieux de la poésie féministe étasunienne : le développement de "l'activisme créatif", le choix spécifique de la poésie comme médium d'expression mais aussi les conditions de création, de publication et de diffusion de ces oeuvres. Cette réflexion quoi que très personnelle, l'autrice étant elle-même concernée par son sujet, porte un regard distancé et critique sur certains aspects de la poésie féministe.

S'en suit, une anthologie de poèmes publiés entre 1969 à aujourd'hui, proposée ici dans une édition bilingue, qui est vraiment agréable tant pour la musicalité que pour le sens des textes. Vous y trouverez des poétesses d'origines, d'âges et de sexualités différentes portant un regard et des voix multiples sur la condition de femmes. Tantôt en colère, résignées, enflammées, blessées, leurs mots résonnent profondément en nous. Personnellement je relirai souvent cinq poèmes qui m'ont particulièrement touché : Monster de Robin Morgan, Leftovers-What is left de Assata Shakur, A litany for a survival de Audre Lorde, Plain english de Nellie Wong, Hijab scene #7 de Mohja Kahf.

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Je transporte des explosifs on les appelle ..

Au-delà du titre fabuleux et de sa superbe couverture signée Maya Mihindou, ce recueil bilingue de poèmes offre une immersion dans la finesse d’écriture de femmes telle que Robin Morgan, Dorothy Allison, Alice Walker, Paula Gunn Allen et bien sûr, Audre Lord. Cette anthologie fait résonner leur voix, leur combat, leur acharnement et toute la complexité de leur écriture. C’est Jan Clausen qui ouvre le livre sur un essai, brillant et fouillé, qui met en lumière l’importance de la poésie au sein des mouvements féministes aux Etats-Unis dans les années 1970 – 1980 . La poétesse nous raconte l’histoire des premières années du “mouvement de la poésie féministe”, ses actrices, ses lieux, ses moyens de diffusion, ses questionnements, son évolution et propose des pistes de réponse.

Un livre qui souligne l’importance de la poésie dans le monde des luttes et l’efficacité de son pouvoir de diffusion. L’écriture, pour les femmes, a souvent été une arme ; elle continue de l’être, et quand elle se fait poétique, elle devient explosive ! je vous parle d'Audre ici
Lien : https://blog.fnac.ch/livres/..
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Je transporte des explosifs on les appelle ..

Recueil de poèmes écrits par des femmes mettant en avant leur condition



Ce livre est divisé en deux parties:

la première est un essai rédigé par Jan Clausen qui évoque l’histoire de l'émergence des mouvements féministes à compter des années 70/80 aux États-Unis🇱🇷

Cette partie met en avant leurs reflexions et leur moyens de diffusion afin de permettre une avancée dans les mentalités



La seconde partie est composé d’un recueil de plusieurs poétesses qui ont mis en commun leurs écrits, utilisan talors la poésie comme média d'expression



Il est dit que les mots sont souvent plus durs et marquants que les coups..Aussi l’ensemble des poétesses les manient avec brio afin de mener la guerre à l’inertie et à la violence qu’elles rencontrent dans leur vie aux Etats Unis



J’aime ce livre, la couverture est juste magnifique, le toucher des pages est très agréable, il est léger et ne s’abîme pas malgré mes multiples lectures

Les poésies sont bilingues: une page est en anglais et face à elle la traduction en français , ce qui nous laisse l’opportunité de découvrir le poème authentique



A mon sens, un livre à découvrir absolument
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Je transporte des explosifs on les appelle ..

À savoir que je n'y connais rien en poésie.

Livre très intéressant simplement pour découvrir cet aspect du féminisme. Après, et là c'est un point de vue vraiment très personnel, je n'ai été touchée que par quelques poèmes. Il faut dire que la forme poétique est très libre, et ce qui m'emporte en général est le jeu entre le fond et la forme, les consonances et le rythme. Ce qu'on ne retrouve donc pas ici (mais ça ne signifie pas que ça ne vous touchera pas, vous).
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