AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Jean-Baptiste Del Amo (465)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le fils de l'homme

Ce n'est pas la lecture de "le Fils de l'homme" qui remonte le moral. Ce roman est une pure tragédie, l'atmosphère est lourde et on comprend très vite que la lumière a peu de chances d'éclairer ce roman.

L'espoir est inexistant et la violence rôde inexorablement.

Jean-Baptiste Del Amo dépeint un monde dur, cruel,violent où la reproduction de la violence met en exergue la violence de la reproduction.

Quant au style, qu'en dire ? les phrases sont longues, beaucoup de descriptions très détaillées, très réalistes cela peut par moment lasser et cela a été mon cas de temps en temps mais la force de l'histoire a pris le dessus.

J'ai pensé par moment à David Vann, la lourdeur du climat, le poids du silence menaçant.

C'est un roman d'une grande qualité mais exigeant.
Commenter  J’apprécie          486
Règne animal

Une lecture que j'ai terminée il y a quelques semaines.

J'en suis sortie secouée, concassée, éprouvée par la violence inouïe de ce roman provocateur, d'un hyper-réalisme forcené !



Il s'agit d'une saga.

On va suivre l'évolution d'une exploitation familiale du début du XX ième siècle aux années 80 .Un milieu paysan où la vie des gens et celle des bêtes se trouvent étroitement mêlées.

Chaque période va apporter son lot d'horreurs :la guerre de 14 et ses gueules cassées ( je passe sur les descriptions ...) et plus on avance dans le temps ,plus l'abject est de mise jusqu'à atteindre un paroxysme .

A chaque occasion, l'auteur impose la pire description, la plus insupportable possible, provoquant l'effroi par le simple fait que fiction et informations bien réelles se confondent .

Je pense surtout à l'élevage industriel de porcs et aux descriptions par le menu du martyre de ces pauvres bêtes.

Sinon, de subtiles parallèles entre homme et bêtes servent une fresque "animale", le titre est vraiment bien choisi, où se mêlent odeurs, fluides, sécrétions, maladie ,sans oublier la folie . Y repenser me force à édulcorer mes propos en oubliant volontairement tout qualificatif !

Mais, j'ai conscience qu'il m'est très difficile d'exprimer à sa juste mesure l'aspect traumatisant de cette lecture.

Alors, bien sûr, on pense à Zola mais, en comparaison "La Terre " est un roman presque tendre, pour jeunes filles en fleurs !



L'impression générale qui perdure est mitigée .

Un roman servi par une très belle plume, bien construit, subtile, humain malgré tout car le but premier est sans doute de dénoncer .



Mais c'est aussi un récit dérangeant, émaillé de violence extrême ,crue ,qui revient à tous propos et qui quand même évoque une appétence malsaine pour le sordide , une forme de perversité à laquelle on adhère ou pas.

Pas de demi-mesure !



Je ne parviens pas à noter ce livre ,désolée.

C''est une oeuvre forte ,pas d'une lecture facile et l'auteur à tout fait pour nous l'imprimer en mémoire !



Commenter  J’apprécie          474
Le fils de l'homme

Plusieurs commentaires m'ont donné envie de découvrir ce roman. Parfois c'est une heureuse surprise, et vous vous régalez.... Et parfois, vous découvrez que ce livre n'est pas pour vous.... Malheureusement aujourd'hui, je suis tombée dans cette catégorie de livres....

.

Un père, une mère, leur fils. Leurs souvenirs, leurs passés douloureux. Et leur présent tous 3 installés à la rude dans une bergerie en montagne.

Un style composé de mots précis mais qui m'a laissée un peu à l'extérieur du récit. Je n'ai pas réussi à m'intégrer à ce groupe de trois, à m'intéresser à ces 3 personnages.

Je n'ai pas réussi à ressentir l'empathie nécessaire à cette lecture. Pendant tout le livre j'ai ressenti cette sensation d'être extérieure. J'ai bien compris qu'un malheur approchait mais je n'ai pas senti cette oppression à laquelle je m'attendais. Le malheur est arrivé, sans pour autant me donner plus d'intérêt à ma lecture.

Je pense que ce livre n'était pas pour moi, ou je n'étais pas pour lui à cet instant.... Dommage....
Commenter  J’apprécie          452
Le fils de l'homme

Le prologue frappe les esprits ...

Un groupe d'hominidés à l'époque préhistorique doit pour survivre et assurer sa descendance trouver de la nourriture et se protéger du froid, naissances , reproductions et morts .

Le lecteur assiste à une émouvante scène de chasse , moment crucial d’initiation d'un jeune garçon guidé par son père .



Quelques siècles plus tard ...

Le fils, dont on ne connaitra pas le prénom, jeune garçon de 9 ans vit seul avec sa mère, leur relation est fusionnelle et l'enfant mène une existence tranquille et heureuse.

Un jour , en rentrant de l'école, un homme attend devant le portillon de la maison, c'est le père, parti depuis 6 ans .

L'enfant n'a pas vraiment de souvenirs de lui mais comprend vite que sa vie va changer radicalement.

Sa mère et lui sont loin d'imaginer que 3 semaines plus tard, le père va les emmener dans une masure à moitié en ruines , isolée dans la montagne . C'est là qu'il a vécu avec son père, un homme devenu irascible après la perte de sa femme et un accident qui l'a rendu infirme.



Si le fils découvre avec joie, émerveillement souvent mêlée d'appréhension , sa nouvelle liberté dans ce coin de montagne sauvage qui lui réserve des rencontres étonnantes, la cohabitation avec l'homme est difficile et il voit bien la peur que l'homme inspire à sa mère .



L'histoire fait des allers-retours entre la nouvelle vie dans ce coin paumé, les semaines qui ont suivi le retour du père puis, en fin du roman les événements bien antérieurs qui ont marqué la vie de l'homme et de son père.



Une histoire de transmission entre père et fils qui entraine la question de la reproductibilité de la violence : terrible constat dont on ne pourrait échapper et qui bien souvent est une réalité ou émergence d'une autre conscience , forgée par l'amour maternel , par la fréquentation d'autres hommes et qui vient casser le cercle vicieux ?



L'écriture de Jean Baptiste Del Amo , que je ne connaissais pas est saisissante aussi bien dans la profondeur des sentiments ou de ce qu'il suggère que dans la description de la montagne à la fois source de bonheur et de drame .

En peu de mots il réussit à créer une ambiance pesante où l'on sait que d'une façon ou d'une autre cela va mal finir , on est bien éloigné de la "filgoude "littérature !



J'avais évité de lire Règne animal et au vu de la perturbation que cette lecture ci a déclenché chez moi, je vais continuer de m'abstenir , cette histoire va me poursuivre longtemps je pense ...
Commenter  J’apprécie          4424
Le fils de l'homme

****



Au départ, ils étaient deux. Quelques temps plus tard, ils se retrouvèrent à trois. Sous le toit et les murs restreints d’une petite maison ouvrière. Au milieu des grands espaces des montagnes et des bois. Avec la visite d’un ami parfois, puis des oiseaux ou des chevaux sauvages. Le père, la mère et le fils auront vécu d’amour, de violence, de tendresse et de peurs…



Jean-Baptiste Del Amo commence son roman par nous rappeler que bien longtemps avant nous, des hommes et des femmes ont tracé leur chemin, avancer sur une route escarpée et difficile, laissant derrière eux les plus faibles. Et qu’ils ont ouvert la voie…



L’auteur nous raconte l’histoire d’une famille, d’une ville, d’une bande de copains. C’est l’amour fou, puis l’absence. C’est ce fils qui grandit, dans la tendresse et la bienveillance d’une mère. Puis un père qui revient, et les repères éclatent.



C’est alors la montée aux Roches. Cette petite bâtisse au milieu des montagnes, des sous-bois et des ruisseaux. C’est l’apprentissage d’un retour aux sources, aux essentiels, à la chaleur d’un feu, sous la puissance d’une tempête. Le père répare. Le fils explore. La mère s’impatiente. Des êtres ballotés par le vent, blessés, apeurés, en quête de reconnaissance.



Jean-Baptiste Del Amo nous livre avec talent le sentiment de liberté que nous offrent ces grands espaces. L’oxygène et le souffle du vent. Mais il insuffle aussi l’angoisse de se savoir si petit, fragile et désarmé.

Une tragédie s’esquisse sous nos yeux, un drame se dessine. On le sent, on frissonne… et on courbe l’échine…
Lien : https://lire-et-vous.fr/2021..
Commenter  J’apprécie          420
Le sel

La situation est on ne peut plus simple.

Une famille sétoise va se réunir pour un repas organisé par Louise, veuve d'Armand. Ses trois enfants, aujourd'hui adultes, parents eux-mêmes pour la plupart, devraient y être.

On ne peut plus simple, en apparence. On pressent vite que « Passe moi le sel » ne devrait pas être la seule chose qu'ils auront à se dire.



Le ressac maritime en toile de fond, les souvenirs affluent rapidement au gré des chapitres consacrés aux différents protagonistes, mettant à jour les ressentiments nés d'un climat familial lourd de la violence plus ou moins contenue du père aujourd'hui décédé, lourd d'un héritage obstrué par des liens ancestraux rigides, piégés qu'ils semblaient tous être dans ce bout de France à l'atmosphère iodée et l'horizon immuable.

La pensée des uns et des autres se densifie, explore le passé, met à jour les zones de rancoeur, tisse les liens névrosés d'une famille ordinairement tortueuse, élabore la toile d'une psyché collective finalement complexe. Comme dans quasiment toutes les familles, pourrait-on penser.

On pense aussi à un film psychologisant (voire chiant) dont le cinéma français est friand. Il faut dire que l'écriture de del Amo est elle-même assez visuelle quand elle n'explore pas les états d'âme («L'étang de Thau glissait au long des rails, à mesure que Sète s'éloignait, sous un ciel ventru, dans un petit jour gris de rentrée scolaire. Les eaux tendaient un miroir de métal où les nuages moutonnaient, scindés par l'ondulation fiévreuse des lignes à haute tension » ).

Une écriture exigeante qui fait la force de ce roman à mon humble avis, écriture charnelle et évocatrice, à l'épithète musclée, dont la puissance ne s'effrite pas à l'abordage de thèmes aussi ambitieux que la mort, le sexe ou l'amour.



Après l'insoutenable « Règne animal », voilà un auteur que je ne manquerai pas de suivre, même si « Le sel » ne m'a pas complètement emballé.
Commenter  J’apprécie          420
Règne animal

Je viens juste de terminer ce livre extraordinaire.

Ça commence par une première partie digne de Flaubert, de Zola, de Maupassant. On est plongé, aspiré dans le quotidien d'une famille de fermiers du Gers à la fin du XIXème siècle. Les descriptions sont d'un réalisme déroutant. L'homme vit avec ses bêtes, comme ses bêtes. On poursuit ensuite avec l'horreur de la première guerre mondiale. Il y a ce passage très éducatif qui détaille le long acheminement des bêtes qui serviront de viande de boucherie pour nourrir les armées au front. Le tout souvent ressenti du point de vue animal.

La deuxième partie se poursuit dans les années 80. L'horreur continue, mais en plus moderne. On en vient à l'élevage industriel. Je n'en dirai pas plus. De nos jours, tout le monde sait très bien ce qui se passe dans ce genre d'endroits.

J'ai relevé dans certaines critiques que des lecteurs n'ont pas supporté les descriptions des conditions de vie humaines ou animales, préférant des sujets plus heureux. Je comprends. Cependant le mérite de Jean-Baptiste del Amo est bien de nous retracer la vie de fermiers dans une saga familiale, sur un siècle, pour les accompagner dans leurs comportements déviants les menant à la dégénérescence de leurs descendants, mais aussi de les suivre dans leurs rapports tout aussi pathologiques avec leurs animaux. Malgré tout, ces éleveurs et cultivateurs ne me paraissent pas complètement responsables de ce qui leur arrive. L'intrigue se noue dans le cadre d'une réalité socio-historique qu'ils leur échappe totalement. Que ce soit la guerre de 14 ou l'élevage industriel actuel. Ils suivent leurs époques, sans la distance qui leur serait nécessaire pour une prise de conscience. Les paysans de 1897 sont complètement isolés, incultes et ne font que reproduire le schéma de leurs aïeux. Ceux de 1980, ne sont pas beaucoup plus avancés et Henri, le patriarche, lui aussi, reproduit le mode de pensée de son père Marcel. Déterminisme absolu ! Sauf un miracle, on voit très bien, dès les premières pages, que tout cela va mal finir. Mal finir pour eux, mais aussi pour la société qui les a produits.

Jean-Baptiste Del Amo met donc en garde ses lecteurs. Attention aux conséquences de nos comportements, nous qui, pour une majorité, avons maintenant la distance nécessaire pour comprendre la société qui nous a produits. Nous savons maintenant que l'environnement dont nous sommes issus se dérobe inéluctablement sous nos pas, par notre faute individuelle et collective. C'est pourquoi ce qui est décrit dans ce livre est effroyable, insupportable, mais absolument nécessaire pour nous ouvrir les yeux une fois de plus, et pour essayer d'infléchir nos habitudes vers une plus grande harmonie entre humains et avec notre environnement. La politique de l'autruche ne mène nulle part.
Commenter  J’apprécie          402
Le sel

"Familles, je vous hais !"

Louise, veuve, invite ses 3 enfants à venir manger au soir. Nous assistons, impuissants, aux pensées négatives de chacun d'eux, à partir du matin, jusqu'avant le repas. Nous passons de l'un à l'autre, au fil de la journée, au fil de leurs pérégrinations.

C'est difficile de maintenir la cohésion d'une famille qui se délite peu à peu...Chacun des 3 enfants a une bonne raison pour haïr le père ou la mère. Chacun des 3 enfants a aussi un problème, ou vit sa situation comme un problème : Fanny a perdu sa fille 10 ans auparavant dans un terrible accident, Albin sent sa femme et ses enfants s'éloigner de plus en plus de lui et Jonas est homosexuel et en tant que tel, pas très accepté par les autres.

Nous sentons aussi le poids énorme du père. Celui-ci a régné en despote durant des années, puis s'est éteint d'un cancer, mais il continue à peser dans le coeur de ses enfants et de sa femme. Ils en ont tous eu peur et les enfants en veulent à leur mère de ne pas avoir osé le contredire.

Nous rejoignons aussi l'enfance de ce père, pour nous rendre compte que s'il a été violent, c'est aussi à cause du grand-père. Quelle hérédité !



C'est donc un roman où il ne se passe rien, ou plutôt, tout se déroule dans le passé, à travers les réminiscences des personnages.

Le poids du passé est terrible et rend le présent insoutenable. Chacun essaie de s'en sortir du mieux qu'il peut. Cette journée a été peut-être décisive pour se "sauver". En tout cas je l'espère.



J'ai été fortement intéressée par ce roman très psychologique mais malgré la douleur de certains, je n'ai pas ressenti de compassion, ou d'empathie. Peut-être est-ce dû au fait que chaque action, chaque pensée, chaque sentiment, chaque rêve et chaque cauchemar était décortiqué.

Malgré tout, l'écriture recherchée de l'auteur et son sens profond de l'être humain me permettent d'affirmer que j'ai beaucoup aimé "Le sel".

Commenter  J’apprécie          400
Le fils de l'homme

Le roman débute sur une scène surprenante : un groupe d’hommes femmes et enfants, qui progressent dans une nature, encore vierge, se nourrissant de produits de leurs chasses et de leurs pèche, à la sagaie ou à mains nues. Les plus solides les plus habiles, seuls survivront. On ne saura pas de quel moment de la préhistoire il s’’agit, car là n’est pas le propos, seule compte la survie, l’entraide ainsi que le respect de la nature.



Ensuite, retour au présent avec un break qui emmène un homme, une femme et un enfant vers une contrée isolée, « Les roches ». Un silence de mort règne dans la voiture, ils n’échangeront pas dix mots, seulement quelques regards entre la mère et le fils. De surcroit, un arbre couché au milieu de la route les oblige à continuer à pied, courbés sous le poids des sacs à dos…



L’auteur alterne présent et passé, pour raconter l’histoire du père, sa longue disparition du milieu familial, sa brusque réapparition et son désir de « repartir à zéro » dans la ferme en ruines où il a vécu, enfant, avec son père.



Le récit est angoissant dès les premières pages, la violence monte en puissance, psychologique, physique… Jean-Baptiste Del Amo a choisi de ne pas donner de nom aux personnages, ce sera le père, la mère et l’enfant. Le père est pervers, psychopathe, jaloux, suspectant tout le monde notamment sa femme parce qu’elle a eu une vie alors qu’il était parti. Il refait l’histoire, et tente de monter le fils contre sa mère, en lui racontant des choses qu’il n’est pas en âge d’entendre, car il a neuf ans.



L’auteur tente de prouver, durant ce récit, que la violence est héréditaire : si le père est violent, le fils ne peut que l’être en gros, mais c’est loin d’être aussi simple, l’environnement, le formatage, participent aussi, il y a une répétition des scenarii de vie. La fin est dure, mais on la sent venir, de manière inéluctable…



L’écriture est très belle, les descriptions de la nature sont magnifiques, les réflexions sur la vie, le temps qui passe, sont intéressantes, ce qui permet d’aller au bout de l’histoire. Jean-Baptiste Del Amo manie la langue d’une façon magistrale, ce qui me donne envie de le lire « Règne animal ».



Cette lecture a été difficile sur le plan émotionnel car je sentais très bien ce qui allait se passer, la mère étant enceinte, dans ce coin perdu, loin de toute civilisation et de tout médecin.



Un grand merci à Lecteurs.com et aux éditions Gallimard qui m’ont permis de découvrir ce roman qui a reçu le prix FNAC ainsi que la plume de son auteur…
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
Commenter  J’apprécie          390
Le fils de l'homme

Voilà bien un bouquin dans l'air du temps, l'air nauséabond de "Sukkwan Island" de Vann, de "La vraie vie" de Dieudonné, du "démon de la colline aux loups"…. Sordide au possible. Âmes sensibles s'abstenir.



C'est de nouveau l'histoire d'un père dysfonctionnel, d'une mère et de son enfant sous emprise. Déjà vu, déjà lu… Ici on pourra juste trouver de temps à autre un paragraphe très réussi, et se réjouir (pour ceux qui aiment ça) d'un vocabulaire très recherché, très affûté. Pour le reste, la syntaxe est classique et sans grande surprise. le tout est – malheureusement- souvent dépourvu de poésie, car oui, décrire les fleurs, les insectes ou les forêts de montagne ne suffit pas pour faire de la poésie, mais c'est une opinion qui n'engage que moi.



Un travail consciencieux et honnête, donc. Mais six extraits en citation pour un bouquin qui compte 239 pages, pas terrible le ratio plaisir/nombre de pages … Cela ne suffit assurément pas à faire un bon livre. D'abord l'intrigue est simplissime mais surtout tout y est décrit dans infiniment de détails tout à fait insignifiants et inutiles, qui ralentissent l'histoire, plombent le suspens et endorment le lecteur. Il faudra attendre la page 87 pour qu'on comprenne que ce père absent depuis six ans retrouve sa famille. Je vous épargne la scène où on le voit allumer une cigarette où chacun de ses gestes est décrit minutieusement. Et il y en a d'autres, de ces scènes dans le roman. Non vraiment Monsieur del Amo se regarde écrire, et je me suis sentie souvent exclue de cette relation auteur-personnage.



J'ai eu cette impression d'un cameraman qui se trompait d'angle de vue et s'attardait sur des scènes inutiles qu'on aurait oubliées de couper au montage. Et d'autres passages par contre ne sont que très peu développés. Par exemple, la dérive du père n'est que très peu montrée, l'asservissement de la mère reste inexpliqué, et incompréhensible du coup.



Et puis il y a aussi cette thèse terriblement dans l'air du temps, elle aussi : l'Homme a toujours été un animal violent, égocentrique et complément gouverné par ses passions. Cette violence, il l'hérite de ses parents, de ses ancêtres, et ce depuis la nuit de temps. Bon, moi je n'adhère absolument pas du tout à cette opinion. Elle me donne même envie de vomir. Mais là encore ce n'est qu'une opinion personnelle …

Commenter  J’apprécie          398
Le fils de l'homme

Une voiture la nuit.

Dedans, le père, la mère, l’enfant.

Peu de paroles échangées, des regards oui. Celui enveloppant, attentif et doux de la mère sur l’enfant, celui de l’enfant cherchant le réconfort, la sécurité dans celui de la mère.

L’enfant a neuf ans. Il connait à peine cet homme qui a resurgi dans leur vie 3 semaines plus tôt après 6 ans d’absence, cet homme qui les embarque pour aller aux Roches, une baraque dans la montagne à moitié retapée, ou plutôt rafistolée.

S’installe alors un huis clos très vite étouffant où les seules bouffées d’air sont les expéditions que l’enfant effectue autour de la maison chaque jour un peu plus loin dans une nature elle-même souvent oppressante. Prairies, ruisseaux, bois et forêt, forêt sombre, humide qui semble elle aussi présenter une menace.

Car menace il y a. L’enfant le sait, l’enfant le sent. L’attitude rétive de la mère le lui fait savoir. Les gestes brusques du père le lui confirment. Cet homme ne marche pas, il piétine. Cet homme ne ferme pas une porte, il la claque. Son rire est presque un cri.

J’ai adoré ce nouveau roman de JB Del Amo.

J’ai aimé comment en quelques mots il nous transmet l’amour et la confiance que se portent la mère et l’enfant, la folie grondante du père.

J'ai aimé la référence au tableau de Wyeth" Le monde de Christina". La vision de cette femme assise dans un pré de dos, le corps tendu désespérément vers une maison au loin permet de comprendre les désillusions et le tourment de la mère.

Il a construit une ambiance pesante d’emblée qui devient vite asphyxiante.

La tension croissante m’est devenue presque insoutenable dans les dernières pages.

« Le fils de l’homme » , une allusion aux premiers hommes, un titre quasi biblique… une réussite absolue.

Commenter  J’apprécie          396
Règne animal

Un jour, sur un salon, j'échangeais avec un auteur que j'apprécie, et celui-ci de conclure notre discussion :

- Vous devriez lire Règne animal de Jean-Baptiste Del Amo.

Intrigué, je me procure le livre en question qui s'en va rejoindre mon immense PAL. Voici que l'auteur fait parler de lui avec son nouveau roman, je tend l'oreille, je me souviens du conseil, je fouille, je l'extrais de la fameuse pile et là...

Je tombe sur l'une des plus belles plumes qu'il m'ait été donné de lire.

Je suis scotché, envoûté par l'écriture.

Je me retrouve dans cette ferme, au milieu de ces paysans, la vie y est rude, violente parfois,  la terre est dure à travailler, les corps subissent et quand la maladie s'en mêle il faut appeler à l'aide. Oh, bien sûr, on n'a pas les moyens, le gîte, le couvert, modestes mais... en ce temps-là on se contente de peu.

Éléonore observe ce monde d'adultes qu'elle ne comprend pas toujours, ses rites, ses croyances qu'elle défie parfois, provocante.

Et puis, il y a Marcel.

Qui vient d'arriver, qui l'attire, qui la fait grandir ou du moins lui en donne l'illusion.

Et un jour d'août 1914, mobilisation générale, Marcel doit partir.

Une première partie magnifique, chaque scène est décortiquée, on ne manque rien, on vit littéralement dans la peau des personnages, on ressent leurs émotions, on accomplit leurs gestes, on sue avec eux, on souffre, on se tait...

Deuxième partie, 1981, Éléonore est toujours là,  vieille, silencieuse, une ombre.

La ferme est devenue une ...porcherie. Henry et ses fils, Serge et Joël en sont les exploitants.

Là, vous allez tout savoir.

Del Amo va vous raconter dans le moindre détail la vie et les moeurs  des cochons et de ceux qui les élèvent.

Et quand Jean-Baptiste écrit, comme vous l'aurez compris, vous êtes immergé. Préparez-vous à plonger dans le lisier. Narines fragiles s'abstenir. Il vous livre les sons et les odeurs.

Trois hommes, trois destins, liés.

Chez ceux-là, il n'y a pas de place pour la tendresse ou  l'amour, il y a les non-dits, le passé qu'on aimerait fuir ou oublier dans le travail.

Dans Règne animal, même les enfants n'apportent pas de lumière,  qui tentent de survivre dans un monde où les porcs semblent avoir plus d'importance qu'eux.

Monde cruel que l'auteur sait, là aussi, si bien décrire.

Un roman noir, une écriture riche, sans concessions, qui prend aux tripes.

Et quel vocabulaire ! J'aime quand je découvre des mots sortis des oubliettes de la littérature.

Monsieur Del Amo, dans quelques jours, j'irais à votre rencontre et je m'en réjouis.

J'ai des questions à vous poser...













Commenter  J’apprécie          395
Le fils de l'homme

Une ville, quelque part.

Une femme et son fils de 9 ans voient resurgir dans leur vie le père, absent depuis de longues années. L'homme a décidé de les emmener avec lui dans la montagne, aux Roches, dans la maison où il a grandi auprès d'un patriarche vivant en reclus et aujourd'hui décédé.

Après "Règne animal", le nouveau roman de Jean-Baptiste del Amo met encore une fois en valeur le lien qui unit l'homme à la nature : une nature dense, imposante, envahissante. le père, le fils et la mère, tels les premiers êtres humains foulant une terre vierge, sont totalement absorbés par cette montagne dont les bruissements, les senteurs et les chuintements sont omniprésents. Les multiples vies qui y résident, de la simple larve à l'ours, révèlent combien au coeur de leur solitude profonde, le trio est entouré par de multiples existences. A leur côté, la nature est bel et bien l'autre personnage majeur de cette histoire aux airs de huis clos.

Le cadre est posé pour que débute ainsi ce récit aux allures de tragédie grecque où la filiation et la transmission, l'adultère et la folie en composent les thèmes principaux. Les parties consacrées au passé du père et de la mère nous font déambuler, à l'opposé de la nature montagneuse vibrante de vie, dans une ville morne et médiocre, un quartier ouvrier triste et pauvre, une fête foraine désolante. Deux lieux, deux visions différentes de l'existence. Pourtant, la montagne, malgré ses attraits, reste essentiellement menaçante et semble ensorceler le père qui se perd dans les méandres de sa colère originelle, celle héritée de son propre père. Il tente de la dompter mais ne fait que s'épuiser contre un colosse.

Les personnages demeurent énigmatiques et la tension est croissante. On se sent, nous aussi, dévorés par la montagne et c'est un point de non retour qui se rapproche inexorablement au fil des pages.

Jean-Baptiste del Amo nous prouve encore par son écriture exigeante et poétique qu'il peut emporter le lecteur dans un univers particulier. Si je n'ai pas été aussi séduite et impressionnée que par "Règne animal", " le fils de l'homme" révèle une nouvelle fois tout le talent de l'auteur et son goût pour les mots.



Merci à Babelio et aux éditions Gallimard pour leur confiance.
Commenter  J’apprécie          390
Règne animal

Une chose est sûre en mettant les pieds dans la ferme de cette famille, on n'est pas chez les Ingalls, rapport aux sentiments et à l'hygiène. Dès les premières lignes, ça suinte, ça suffoque, ça goretise. Des glaires, du sang, de la fumée âcre, des excréments. Ça pue. On se sent sale. Avec l'envie continuelle de prendre une douche.

Que dire ? Abject ? Ou génial ?

Le monde décrit est abject, celui d'une ferme où l'animal, à force de côtoyer ses maîtres, a englouti les miettes de leur civilisation. La frontière s'est dissipée dans la promiscuité. Les cochons assistent à l'enfantement, et s'en repaissent. C'est dégueulasse. Enfin, c'est dégueulasse en regard de notre civilisation d'Homo Sapiens qui assujettit l'animal, et l'éloigne de lui. Sinon, c'est presque naturel dans ces conditions, pourrait-on dire.

D'un autre côté, l'écriture est d'une suggestion incroyable, puissante et sensuelle, descriptive d'un milieu immonde. On sent, on ressent. On y est. Le nez plongé dans la merde décrite par la prose crue et charnelle, au lexique riche, parfois improbable, voire érudit.

Alors en tant que lecteur on peut être partagé. Enfin quand je dis on je devrais dire je, mais j'on vraiment eu du mal à mon plonger dans cette lecture sans tenter d'endosser un rôle distant. Comprenez-mon.

Donc j'on bien embêté, c'est le cas de le dire. D'autant plus que j'on décidé d'ajourner la suite de mon lecture, le temps de passer les fêtes sans risquer de regarder un chapon ou un cochon avec culpabilité.

J'on aimé l'impression d'avoir le nez dans le purin ? Non. J'on aimé l'écriture ? Oui.

Voilà, j'on passe à autre chose pour l'instant. La petite maison dans la prairie, en boucle pendant une semaine, tiens.



(critique de la première partie «Cette sale terre (1898-1914)», en attendant d'avoir le courage de lire la suite)

Commenter  J’apprécie          374
Le fils de l'homme

Bon, c'est reparti (j'avais pourtant entendu dire que les éditeurs feraient un effort - leur travail ?- cette année…) Rebelote, 521 romans pour cette rentrée littéraire, autant dire presque aucun tri sérieux, aucune sélection digne de ce nom, allez-y, c'est open-bar, il y en a pour tous les goûts, les couvertures sont très jolies et les coups de coeur nombreux : un par ici, deux autres par là, tout est beau, ils sont tous bons, tous indispensables…

Mais de grâce, de quoi parle-t-on au juste ?

Qu'est devenu le livre, le monde de l'édition, bref, qu'a-t-on fait de la littérature ? Un banal objet de consommation, un produit comme un autre à l'image du dernier soda vitaminé ou de la machine à laver avec essorage surpuissant : t'essaies, si t'aimes pas, tu jettes, tu te prends surtout pas la tête, au mieux ça t'a diverti, au pire tu t'es un peu ennuyé parce que ça manquait de suspense…

Bref, l'écriture, la forme, on n'en a strictement rien à faire (d'ailleurs, on n'en parle jamais), le style on ne sait même plus ce que c'est, et franchement, j'en ai marre de tout ce cirque.

Parce que, c'est bien gentil tout ça, mais derrière cette mascarade, cette hypocrisie, je parlerai même de trahison, il y a des lecteurs qui dépensent vingt balles (parlons fric, hein, puisque c'est bien de cela qu'il s'agit et dans le fond, la seule chose qui semble vraiment intéresser les gens de la partie) vingt balles, donc, pour un bouquin et les lecteurs se retrouvent finalement avec des écrits qui n'ont strictement rien à voir avec la littérature et il y a des couillonnes comme moi qui achètent quatre bouquins de la rentrée littéraire (inutile d'en préciser les titres, 90 % des textes publiés sont du même acabit) pour finalement n'en finir aucun. Qu'on prévienne, qu'on mette un bandeau dessus, du genre « attention, ce texte ne prétend pas être de la littérature » ou bien, « écrit vite fait, consommable rapidement, vite oublié », au moins, je serais avertie.

Ces quatre bouquins dont je parle ne sont pas nuls, loin de là, mais ils ne sont pas publiables en l'état, c'est tout. Il leur manque juste quelques mois, quelques années de travail… Ils ne seront d'ailleurs peut-être jamais publiables. C'est triste pour les auteurs qui ont fait de leur mieux, mais c'est préférable pour la littérature.

On n'est pas pressé par le temps. On pourrait tenter d'échapper à cette course frénétique et insensée qu'impose la société capitaliste qui va fourrer son nez jusque dans les domaines où on l'attend le moins.

« J'entrevois maintenant des difficultés de style qui m'épouvantent » écrivait Flaubert à Louise Colet en septembre 1851. J'attends cela d'un auteur, qu'il soit épouvanté par la tâche à accomplir. Il faut que le texte, après une longue, une très longue gestation, s'élabore lentement pour que la sensation soit rendue au plus juste, qu'il décante, infuse, macère, soit lu, relu, dit, effacé, réécrit, jeté s'il le faut, que chaque mot se trouve à sa place et qu'il ne puisse figurer ailleurs sans altérer le sens ou les sonorités de la phrase.

Et si l'auteur n'a rien à dire, qu'il ait le courage de se taire.

Allez, je rêve d'une absence de rentrée littéraire, (et d'ailleurs le terme « rentrée » a-t-il ici du sens ? Les auteurs sont-ils des écoliers devant rendre leurs devoirs à une date déterminée, la même chaque année ?) j'en viendrais même à souhaiter que chaque jour passe sans que rien ne soit publié. Absolument RIEN. Et puis, soudain, un matin, on nous annoncerait à la radio qu'un éditeur a découvert un grand texte, une œuvre littéraire avec un vrai travail du style, de l'écriture, une vraie vision du monde. Un écrit nourrissant, qu'on n'oublierait pas, qui nous habiterait pendant des années et dont chaque lecture mettrait à jour quelque chose de nouveau, d'essentiel…

Aux auteurs de prendre leur temps, aux éditeurs de faire un vrai tri, aux lecteurs de refuser d'entrer dans ce jeu de la pure consommation…

Moi, j'ai perdu exactement soixante-seize euros, sans parler de quelques heures que j'aurais pu consacrer à autre chose.

Qu'on ne compte pas sur moi pour racheter un seul livre de cette rentrée littéraire.

Je refuse de valider un système qui s'oppose à l'idée même de littérature.

J'ai fait beaucoup d'infidélités à Flaubert ces temps-ci, je n'ai toujours pas lu l'intégralité de la Recherche et l'Idiot me résiste encore.

J'ai de quoi faire.

Bon courage à vous.

PS: Alors tout ça pour dire quoi au sujet de ce roman que je suis censée chroniquer ?

Eh bien tout ça pour dire ma déception d'autant plus importante que j'avais vraiment adoré « Règne animal », sa force, sa puissance, sa nécessité dirais-je.

Je n'ai pas trouvé cela ici.

A vrai dire, même l'écriture m'a déçue : elle m'a semblé trop « visiblement » travaillée, artificielle parfois, tenant plus d'un exercice scolaire que l'on voudrait brillant que d'une création originale.

Je n'ai pas non plus été touchée par ce texte, par cette histoire, dont la lecture m'a un peu ennuyée et que je vais certainement très vite oublier. Les personnages insuffisamment incarnés à mon goût, trop abstraits peut-être, ne m'ont pas émue. Je n'y ai pas cru je crois.

Il manque, me semble-t-il, une âme à cette œuvre, un souffle, une étincelle de vie que j'avais trouvée dans l'intensité, dans la violence de « Règne animal ».

La rencontre ne s'est pas faite, ce sera pour la prochaine fois, très certainement.
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
Commenter  J’apprécie          3626
Le fils de l'homme

Une famille de prolos. Lui a fait de la prison. Elle a eu son premier enfant très jeune. La société n’aide pas, surtout l’administration arc-boutée sur ses règlements incompréhensibles. Alors, forcément, déjà que ce n’est pas la joie, ça ne va clairement pas aller en s’arrangeant. Et je ne parle pas seulement de la vie de ces malheureux : les situations se succèdent telles qu’on s’attend à les lire, et le choix d’une double temporalité incongrue masque difficilement la litanie des clichés. Il faut attendre la toute fin pour que le récit se fasse nerveux et inquiétant, à la manière de La Nuit du chasseur.

Alors, certes, les petits durs, les mères-enfants, les exclus de la société et les fonctionnaires obtus, ça existe. Mais pourquoi en parler si c’est seulement pour raconter ce que tout le monde sait déjà ?

Et puis surtout, s’il y a quelque chose qui m’énerve encore plus que les prolos glauques figés dans la désespérance, c’est bien la dénonciation de la virilité toxique.

Tiens, rien que de l’avoir écrit, ça me donne des boutons.

J’en ai jusque là des auteurs qui s’excusent d’être des hommes en se flagellant.

Et Del Amo sur ce coup remporte sûrement le pompon.

Parce que si les hommes sont méchants, c’est la fatalité. Non seulement Del Amo va chercher Sénèque pour l’affirmer mais il remonte même à la préhistoire, les chasseurs-cueilleurs bien obligés d’enseigner à leurs fils les gestes qui tuent (et qui a dû s’escrimer sur une boîte de cassoulet récalcitrante sait bien que cette violence solidement ancrée dans notre cerveau reptilien est toujours prête à resurgir).

Et le corollaire à la violence des hommes, c’est que les femmes sont des victimes de toute éternité aussi bien sûr. En effet, la femme est du côté de la nature (l’homme s’affaire à construire sa maison tandis que la femme batifole dans les champs et les bois avec son fils). Elle l’est d’autant plus qu’elle porte l’Enfant, c’est sa Grandeur et son Tourment. Donc, forcément, elle se sacrifie pour lui car elle est semblable à la terre matricielle (Organique ta mère).

Alors, puisque Del Amo aime la tragédie, allons donc faire un tour du côté de Racine. Andromaque est sous la coupe d’un pervers narcissique qui utilise son fils pour obtenir ses faveurs. Et cinq actes plus tard c’est Pyrrhus qui meurt et Andromaque est reine d’Epire. Chez Racine, la victime n’est pas genrée et l’utérus n’empêche pas d’être badass.

Et en plus Racine ne se croit pas obligé de parler de « vessie natatoire », de « blancheur irisée » et d’ « orbe lumineux » pour nous prouver qu’il est un grand écrivain.
Commenter  J’apprécie          357
Le fils de l'homme

Une qualité d’écriture irréprochable : bonne syntaxe, pas de bavardages inutiles, mais était-ce vraiment nécessaire d’alterner le présent et le passé proche ? Le narrateur est un enfant, ce qui amplifie la complexité du genre humain. Il a 9 ans quand un homme se présente à lui comme son père. Cet homme qui n’a pas réglé son problème avec son père avec qui il vivait là-haut isolé. Il va reproduire le même schéma avec son fils et sa femme... Une atmosphère à la David Vann portée par une écriture toute en finesse.
Commenter  J’apprécie          350
Le fils de l'homme

Ça commence mollement, on s'ennuie presque, mais le décalage est dès lors saisissant avec la seconde moitié de ce roman lorsque le père commence à s'imposer : il réapparaît auprès de sa famille après six années d'absence : pourquoi ? JB Del Amo créé au fil des pages une tension grandissante, et on se dit "ça va mal finir cette histoire" ; on hésite presque à tourner les pages par peur, mais pas par curiosité ! Huis clos sombre face à une nature généreuse. Est-ce cette forêt, les Roches, qui rend fou ? le mal passe-t-il de père en fils ? s'agit-il d'atavisme ? Le malheur se transmet-il ? il y en a des questions : en tout cas, il m'a eu ! et, la réponse est au moins le Prix Roman 2021 remporté par cette plume précieuse (ça faisait longtemps que je n'avais cherché des mots dans un dictionnaire).
Commenter  J’apprécie          350
Le fils de l'homme

Au risque de me répéter, Jean-Baptiste Del Amo est l'une des plus belles plumes de notre littérature nationale et Le fils de l'homme m'en a encore apporté la preuve.

Une justesse d'écriture et une richesse de vocabulaire incroyable, pour un roman à la limite du noir.

Qui est-il, ce fils ?

À part son âge et qu'il vit avec sa mère, on ne sait rien de lui.

Et l'homme, d'où vient-il, lui que l'on semblait avoir oublié ?

On en sait pas plus, on va juste apprendre à le connaître au fil des pages, son passé, son présent et l'avenir qu'il envisage pour les siens.

Un fils, une mère et... un père.

C'est ce trio anonyme que nous invite à suivre l'auteur, dans ce coin perdu, lui aussi sans nom, au coeur d'une forêt, au milieu des montagnes.

Le lecteur est observateur, curieux.

Il y a peu de paroles entre ces trois-là.

Tout est dans l'attitude, dans les regards, dans les gestes, tout ce que sait si bien décrire le romancier.

C'est lent, on ne sait pas où l'on va, on se doute bien qu'à un moment, tout va basculer, la tension est palpable.

Si j'osais (et là, j'avoue que c'est osé) une métaphore, je repense à la fameuse scène d'ouverture d'Il était une fois dans l'Ouest, tous ces personnages qui s'observent, la caméra qui passe d'un visage à l'autre...

Ici, bien sûr, nous ne sommes pas dans un film et encore moins un western, mais c'est cette image qui me vient quand je repense à ces trois personnages.

Malgré les mains qui caressent, les bras qui enlacent, les bouches qui embrassent, il y de la méfiance,  de la défiance, même.

Pourquoi sont-ils là ?

Del Amo va nous le révéler par petites doses et nous offrir un final.... qui m'a laissé sans voix.

Coup de coeur pour ce roman de la rentrée littéraire 2021.
Commenter  J’apprécie          330
Règne animal

Mais quel livre !... Il continue à résonner en moi depuis des jours, malgré l'enchaînement d'autres lectures. Je n'arrive pas à pardonner aux jurés du Goncourt de l'avoir écarté de la sélection finale. Une telle écriture. Un propos si fort... Certes, il est dur (mais franchement, ces gens ont couronné Les Bienveillantes qui ne l'était pas moins), certes il mène parfois jusqu'à la nausée... et alors ? La littérature c'est ça aussi. Faire mal, confronter l'homme aux horreurs qu'il commet tous les jours, le bousculer pour tenter de le changer peut-être. Et lorsque c'est fait avec une telle plume, un tel talent, une telle force, comment ne pas être complètement remué ?



Heureusement, l'une de mes libraires préférées a insisté pour que je le lise parce que j'étais comme beaucoup, cette histoire d'une exploitation familiale d'élevage porcin qui s'étend sur l'ensemble du 20ème siècle... comment dire, ça ne m'attirait pas du tout. Mais cette jeune femme avait été la première à me parler du génial Défaite des maîtres et possesseurs alors, je lui ai fait confiance. Je crois que désormais ma confiance lui est définitivement acquise !



Il y a deux temps distincts dans le livre, le début puis la fin du siècle. Le début puis la fin de la lignée. La première partie est époustouflante dans sa façon de dire le temps qui passe lentement, au rythme de la nature, par la grâce de l'observation d'Eleonore, l'enfant qui, quatre-vingts ans plus tard, devenue une matriarche fatiguée observera sa famille sombrer avec tout ce qu'elle a créé et finalement détruit à force de recherche de la productivité à tout prix. Cette première partie raconte la campagne dans toute sa pauvreté, l'enfance d'Eleonore auprès d'un père malade qui continue à se tuer à la tâche et d'une mère rude et sèche, dénuée d'affection, que l'on ne désigne que par le terme de génitrice puis de veuve lorsque le père finit par mourir. Il y a des pages sublimes qui englobent les animaux et les hommes dans un même opéra tragique, d'une violence dont la plume de Jean-Baptiste Del Amo parvient à tirer une extrême poésie. Puis vient la guerre, qui vide les campagnes de ses paysans et bientôt de ses animaux pour nourrir les troupes (terribles scènes qui racontent le destin de ces pauvres bêtes menées en wagons... et qui en rappellent d'autres quelques décennies plus tard lorsque les bêtes seront remplacées par des hommes). La guerre qui ne rendra les hommes que très cabossés voire défigurés, à l'image de Marcel, l'unique perspective d'Eleonore, son futur mari.



« Ils savent qu’il faudra tuer, ils savent, c’est un fait acquis, une certitude, une vérité, la raison même, il faut tuer à la guerre, sinon quoi d’autre ? Ils ont enfoncé des lames dans le cou des porcs et dans l’orbite des lapins. Ils ont tiré la biche, le sanglier. Ils ont noyé les chiots et égorgé le mouton. Ils ont piégé le renard, empoisonné les rats, ils ont décapité l’oie, le canard, la poule. Ils ont vu tuer depuis leur naissance. Ils ont regardé les pères et les mères ôter la vie aux bêtes. Ils ont appris les gestes, ils les ont reproduits. Ils ont tué à leur tour le lièvre, le coq, la vache, le goret, le pigeon. Ils ont fait couler le sang, l’ont parfois bu. Ils en connaissent l’odeur et le goût. Mais un Boche ? Comment ça se tue un Boche ? Et est-ce que ça ne fera pas d’eux des assassins bien que ce soit la guerre ? »



Plus tard, dans les années 80, la petite ferme est devenue une exploitation gigantesque et la famille exclusivement tournée vers la porcherie. Cette porcherie qui imprègne autant les idées et les caractères que son odeur s'incruste dans les peaux, les vêtements et même les habitations. Une exploitation dirigée par Joël et Serge les petit-fils d'Eleonore, formatés à la dure par leur père Henri, lui-même héritier de la violence de Marcel et de ses fantômes glanés à la guerre. L'un tient par la boisson, l'autre par l'emprise morale que son père exerce encore sur lui. Et le drame se profile, peu à peu, parce que rien, forcément ne peut sortir de bien d'un tel comportement... "La porcherie comme berceau de leur barbarie et de celle du monde".



"Ils ont modelé les porcs selon leur bon vouloir, ils ont usiné des bêtes débiles, à la croissance extraordinaire, aux carcasses monstrueuses, ne produisant presque plus de graisse mais du muscle. Ils ont fabriqué des êtres énormes et fragiles à la fois, et qui n'ont même pas de vie sinon les cent quatre-vingt-deux jours passés à végéter dans la pénombre de la porcherie, un coeur et des poumons dans le seul but de battre et d'oxygéner leur sang afin de produire toujours plus de viande maigre propre à la consommation."



Bien sûr, après une telle lecture, impossible de regarder une tranche de jambon comme avant. Mais réduire ce livre à une diatribe contre l'élevage intensif serait dommage. C'est une véritable oeuvre littéraire, qui prend le temps d'observer et de parler de la vie, par l'intermédiaire du regard des enfants (le jeune Jérôme prend le relais dans la seconde moitié du livre et déambule sur ces mêmes terres qui accueillaient les promenades de la petite Eleonore, son arrière-grand-mère). Aucun temps mort malgré cette unité de lieu. Et si parfois le récit nous prend aux tripes, il reste étrangement beau.



Une écriture charnelle, belle, forte, qui fait jaillir les images (terriblement crues), un style magnifique. Ce livre ne ressemble à aucun autre, vraiment, il faut le lire.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          337




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jean-Baptiste Del Amo (2418)Voir plus

Quiz Voir plus

Répliques de films cultes ( comédies)

Si tu veux un conseil, oublie que t'as aucune chance. On sait jamais, sur un malentendu ça peut marcher.

OSS117 Le Caire, nid d'espions
Les bronzés font du ski
Viens chez moi, j'habite chez une copine
Pédale douce

13 questions
367 lecteurs ont répondu
Thèmes : comédie , films , répliquesCréer un quiz sur cet auteur

{* *}