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Critiques de Jean-Bernard Pouy (546)
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La bataille du rail : Cheminots en grève, écriv..

36 auteurs pour autant de nouvelles, illustrés par les dessins de Mako.

36 auteurs engagés, car cet ouvrage polyphonique n'a qu'une seule ligne éditoriale : celle de défendre les services publics, un certain « idéal de solidarité »

concrétisé ici par le train dans la tourmente de cette nouvelle « bataille du rail ».



36 pierres apportées à l'édifice d'une lutte, puisque les droits d'auteurs sont entièrement reversées aux caisses des grévistes contre cette réforme ferroviaire 2018.

À chacun d'en juger la nécessité bien sûr, mais il fallait le préciser, car il ne s'agit pas ici d'un don seulement caritatif, mais profondément politique.



Bien sûr, ces nouvelles sont très différentes, et parfois inégales, mais toutes réussissent la gageure de parler à nous tous, qui avons en commun cet « imaginaire du rail».

Comme Didier Daenincks dont « le sang noir du monde ferroviaire coule dans [s]es veines. »



Lu en juillet 2018.
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En attendant Dogo

Avis de recherche.

Chaque année, des milliers de personnes s’évanouissent dans la nature. Etienne fait partie des fugueurs de l’existence depuis 6 mois. Le garçon, lunaire, avait plus que la réputation d’être toujours en retard, ce qui lui avait valu le surnom de Dogo, titre hommage à Beckett, mais ce coup-ci, il a largement dépassé le quart d’heure toulousain, l’heure marseillaise et la journée Martiniquaise.

Sa sœur Simone, infirmière, ne peut se résoudre à cette disparition inexpliquée et elle décide de se lancer dans une enquête plus littéraire que policière. Finies les piquouses sur de vieux derrières fripés ou sur des bras mal tatoués. Aidée d’un détective privé payé en nature, elle va tenter de trouver des indices dans les écrits de son frère, des débuts de romans aussi inachevés qu’absurdes laissés derrière lui. Un éditeur isolé qui vit dans un village transformé en village gaulois réfractaire et qui s’apprête à publier certains écrits d’Etienne va venir en renfort.

S’intercalent dans le récit trois intermittents du spectacle et permanents du goulot, dont le théâtre de marionnettes a brûlé et qui vont se lancer dans des attentats contre l’ordre établi. Gnafron, Guignol et la Madelon ont coupé les fils et se rebellent.

Et Pouy voilà. Le papa du Poulpe a encore frappé. Il y a du Siniac dans la plume déjantée et érudite de Jean-Bernard Pouy. Oulipien encarté, l’élégance de l’auteur rend ses désillusions sur notre société aussi drôles qu’impitoyables.

Les débuts de romans du frérot rappellent les délires de l’auteur sur les ondes des « Papous dans la tête » et ce roman, cette gourmandise sucrée, est l’occasion de multiplier les pastiches du genre et les exercices de style. Vous pouvez y faire le plein de citations. C’est du super qui plombe. Un Pouy sans fond de la répartie. Mauvais esprit, tu es là !

Non content d’être un orfèvre de la forme, l’auteur ne néglige pas son intrigue et il est aussi difficile au lecteur de ne pas lire d’un trait son roman qu’à un de ses personnages de ne pas boire cul sec tout verre qui passe à portée de papilles.

Comme il ne faut pas pouysser mamie dans les orties, « En attendant Dogo » dézingue tout autant les tenants de l’ordre établi que les apôtres immatures du désordre (avec quand même un peu plus de tendresse pour ces derniers !). Pouy écrit des romans noirs qu’il éclaire de son humour et veille à ne jamais faire la leçon à ses lecteurs même si on sent que ses colères ne manquent pas. Une marque de respect. Il étanche juste sa soif de liberté dans les bons mots. Un utopouyste. Et pouy c’est tout !

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Train perdu, wagon mort

C'est La Vie du Rail qui édita cet intrigant opus de Jean-Bernard Pouy en 2003.

... Un roman (de gare?) taillé en moins de 150 pages pour vous tenir captivé durant un trajet... en train!

Acquis à Paris-Austerlitz (par exemple) et terminé à Bourges (par exemple, de même).

Jean-Bernard Pouy connaît bien le train, et décrit magistralement cette ambiance particulière des voitures-couchettes dans lesquelles on ne dort qu'à moitié entre rêves et réveils fréquents.

La nuit, une plaine immense traversée par le train, le ralentissement puis l'arrêt... Les ingrédients sont prêts pour la recette du roman d'angoisse que l'on ne lâche plus! Vous n'entendez plus le glissement du train sur les rails qui traversent la Beauce, vous partagez l'angoisse et les espoirs, et les peurs du narrateur et de ses compagnons "naufragés du rail"...

Jean-Bernard Puy vous tient, sur cette voie ferrée toute droite dans la plaine zoldave.

Quelque part, il y a un peu (juste un tout p'tit peu) de Dino Buzzati et sa magistrale nouvelle "Il était arrivé quelque chose".

Vous achevez Train perdu wagon mort, sur sa fin qui peut laisser sur sa faim (et une demi-étoile en moins!). La voix du train (le vôtre), vous annonce l'arrivée à Bourges (ou avant, si votre lecture a été plus véloce).

... Et Train perdu wagon mort va encore occuper votre imaginaire quelques temps!



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54 x 13

Quoi, vous voulez ma photo ? Ah non, un autographe ?

Après l'effort alors, je finis d'abord de bouffer du pignon

et d'avaler les kilomètres.

Car, remplie d'une sensation de vide

après Et j'ai quelques fois comme une grande idée,

je manquais de toutes ces voix dans ma tête,

ces coeurs qui palpitaient, battaient fort dans ma poitrine.

Pas envie de roman ordinaire, envie d'un défi et de repos en même temps,

d'un petit tour ailleurs pour laisser reposer, infuser.

Alors j'errais dans mon salon quand, une idée fusant,

je me dis que pour faire un petit tour il n'y a qu'un pas à faire vers ma bibli

- ou qu'un tour de roue… Et si je m'offrais un petit Tour de France dans la tête d'un cycliste moi ?

J'en enfile un, et file sur mon vélo de salon en ouvrant ce livre.

Ca roule ! Tout de suite, j'aime le rythme du texte :

des phrasés liés au souffle du coureur

qui épousent ses coups de pédales, de rein, et ses respirations.

Je m'échauffe dans sa roue, l'esprit libre, en roue libre, sans forcer.

Que se passe-t-il dans la tête d'un coureur qui doit s'occuper l'esprit

pour oublier la souffrance,

la monotonie d'un trajet seul

en échappée

solitaire

dans les montées

la souffrance

quand le peloton

est resté

derrière ?

Je m'essouffle

avec lui

trouve un rythme

pour m'aider

trouve un rythme

pour le suivre

dans ses

échappées

en pensées

pour oublier

cette douleur

dans ses mollets

mes mollets

qui commencent

aussi

à piquer

Alors je m'imagine

à sa place

« la course à la mort

comme si on était tout à coup

dans une arène »

Puis mon programme redevient plat

je déroule mes pensées sur le bitume imaginaire

chasse l'araignée qui grimpe et court sur ma jambe

je dérouille mes muscles endoloris

jusqu'au prochain faux-plat.

« Et pour oublier cette putain de douleur

à chacun sa technique

et la même pour tous.

Le coq-à-l'âne :

laisser la tête courir

pour oublier les jambes,

passer d'un sujet à l'autre,

en trouver un terrible, stressant,

qui occupe le bulbe

pendant trois ou quatre kilomètres.

C'est toujours ça de gagné sur la douleur ».

Alors tout y passe :

de la couleur du maillot au public

aussi nécessaire que critiquable

des paysages qui défilent aux souvenirs d'enfances

en passant par la famille, la fierté, le découragement

mais aussi les sponsors et les tactiques pour l'argent

plus que pour la valeur du coureur

la fierté, le dégoût

du spectacle télévisuel

qui nous permet d'être là

à vivre d'une passion

tout en la réduisant au star-système

au sensationnel

oubliant parfois l'humain sur la machine

l'homme sur la bête - ou la bête sur l'homme :

purée d'araignée qui revient me chatouiller

l'homme qui n'est pas bête

juste parce que son métier est physique

plusieurs d'entre eux ont fait des études,

parlent plusieurs langues.

Ainsi l'auteur justifie discrétos

le fait que son coureur fasse de bons jeux de mots

dignes de cet adepte de l'Oulipo !

Des transitions au poil d'une idée à l'autre

tiens d'ailleurs, il ne parle pas de poils,

alors que les cyclistes que je connais

se rasent ou s'épilent

en cas de blessure je crois ?

Ca me rappelle la fois

où j'ai essayé d'épiler Chou pour rire

et lui montrer ce que ça faisait

lui qui disait se demander !

Nous avons tous deux découvert alors

qu'il n'était pas cycliste dans l'âme ;-)

Je parle

je parle,

mais ça

remonte

à nouveau

« je relance

en danseuse

Georges vient

me dire

que j'mollis

que ça traîne

que je rêvasse

que les autres

les deux autres

reviennent

un peu.

Ils sont

à quatre minutes

en gros.

Je relance

j'ai mal

sacrément mal

pa-pa

ma-man

j'ai mal aux reins

trop

trop mal

je me rassois

la selle fait presque du bien ».

Il pense au massage

du soir - espoir

que ce soit son tour

son Tour aussi

en tous cas son Etape

car il veut la prime

et oui

ne nous mentons pas

c'est un métier

et pour gagner

le tour

ou le Tour

ou l'Etape

ou la prime

certains sont prêts

à tout…

Cette foutue dope,

on en parle ?

Ouf c'est la fin, mon programme ralentit

Oui on en parle, car Jean-Bernard Pouy parle de tout

Il parvient excellemment à nous mettre dans la tête du coureur

dont les pensées se poursuivent et s'entrainent

dans un effet boule-de-neige - contrôlé ou pas,

à nous mettre dans son souffle, dans ses jambes.

Sa mise en page suit brillamment le texte

et l'on s'essouffle quand il s'essouffle,

on respire lorsqu'il respire

c'est beau,

c'est à la fois épuisant et reposant.

C'est intéressant, aussi, de découvrir ce milieu

non-pas du haut de la télé mais au ras de la route,

là où ça file, où le public parfois se déchaîne

où ça déraille

où les maladresses des bipèdes créent des accidents parfois mortels.

Le rythme change tout au long du relief et du livre,

le rendant extrêmement vivant.

Et en plus de tout cela, Monsieur POUY n'en oublie pas le scénario.

Excusez, je lève mon livre et le jette sur cette araignée

qui revenait me hanter. Elle s'échappe et je recommence. Compris là ? Non mais !

Un bon moment de lecture car original et intéressant de par l'adéquation entre la forme, le point de vu, et le propos : j'ai bien aimé vivre le Tour de France vu des coulisses.
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En attendant Dogo

Un polar signé Jean-Bernard Pouy, c’est à n’en pas douter un rendez-vous avec le plaisir de lire ! Fan depuis longtemps de l’un des fidèles de la regrettée émission de France-culture Des Papous dans la tête, je retrouve avec bonheur le ton bougon et l’humour irrévérencieux de l’auteur.



Il est donc question d’une disparition, celle du frère de la narratrice. Soudaine, incompréhensible, imprévisible. Le trentenaire s’est littéralement évaporé, laissant sa famille en proie aux doutes les plus terribles.



Avec l’aide d’un zélé détective, la jeune femme enquête, tente de faire parler les indices les plus dérisoires et les plus absurdes.



Mais l’intrigue s’agrémente d’insertions originales. Comme les chroniques de faits divers parues dans la presse régionale bretonne, ou les nombreux débuts de roman qu’ambitionnait d’écrire le disparu. Autant d’exercices de styles. Et de référence littéraires aussi drôles que déjantées.

Sans oublier un fond de chronique sociale, dans un pays qui exprime sa colère sur les ronds- points, faute de s’exprimer via les urnes, pendant que des guignols font usage de leur connaissance en explosifs.



Déjanté, inventif, drôle.



Cela n’empêche pas l’intrigue de tenir la route avec une surprise pour le dénouement, que je n’avais pas vu venir.





Une belle réussite et je remercie Babelio et les Editions Gallimard.


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La Belle de Fontenay

Enric retraité de la SNCF a  la particularité, et non des moindres,

d'être sourd comme un pot et muet comme une carpe...postale.

Sa principale activité est  désormais la culture de tubercules

et plus particulièrement, tiens donc la patate,

plus spécialement la Belle de Fontenay...

Bon, voilà, il y en a une dans la fleur de l'âge, 17 ans,

une jeune connaissance  retrouvée morte près de son potager.

il va  mener  à l'aide d'une boite de gaufrettes

et de son flair de vieil anar espagnol sa propre enquête

qui le conduit dans les coulisses du lycée et du Mickey bar qu'elle fréquentait...

J'ai passé un bon moment avec cet  enquêteur pas banal

un  vieil anar très bavard qui griffonne à la pelle

des missives et des missiles...

J'aime toujours autant le  style et l' humour noir de Jean Bernard Pouy

La Belle de Fontenay , je l'ai épluché...en sifflotant.
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Nous avons brûlé une sainte

L'ambassadeur d'Angleterre ridiculisé, un concert punk dynamité, le stand de la British Airways aspergé.

C'est l'oeuvre tout craché de Gilles de Rai, La Hire, Sire de Xaintrailles qui n'aiment pas mais alors pas du tout les rosbif ni les bourguignons qu'ils farcissent... aux french petits oignons !

La police patine sur les traces de cette bande de terroristes insolites inconnus de leurs fichiers qui signent Rimbaud de leurs forfaits et les mènent à la baguette rock' roll sur les pas de la Pucelle d'Orléans...

Jean-Bernard Pouy signe un polar punk sur vitaminé, découpé en scènes réelles, irréelles, transparentes et divines..Au départ , on est un peu déboussolé par la forme mais très vite on est happé par sa plume incisive, ses personnages déjantés et son rythme endiablé.

Nous avons brulé une sainte, un polar bien barré qui m'a... enflammé !

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Paul Bloas : Les saigneurs (1984-2013)

- Si un jour vous passez à Brest…

- On ne passe pas à Brest , on y va ou pas !

- Pardon ! Si un jour vous venez à Brest ; peut-être qu' au détour d'une rue, vous croiserez une des oeuvres de Paul Bloas, artiste brestois. Collages sur mur (et non pas sur toile ), ses peintures à l'acrylique s'élancent sur les murs brestois, silhouettes imposantes, énormes, difformes, étirées.



Gros et grands bonhommes à la peau brune, blacks, marins, dockers... l'ocre et le bleu se mélangent et suggèrent, le bleu de travail, la rouille des bateaux et l'océan à l'infini.

Street-art, son travail occupe l'espace urbain, les murs et usines désaffectées, les ruines et les façades du monde entier et se joue du décor. De sa 1° oeuvre située sur le pont de l'Harteloire à Brest (1984 ), aux murs de Beyrouth, Madagascar, Rennes etc... Paul Bloas "voyage , voyage" et ses personnages avec lui.

A Brest, de l'immense silhouette qui t'observe sur le bâtiment Grand large ( port ), à la prison de Pontaniou désaffectée, où il a pu peindre sur les murs des cellules, au milieu des messages gravés des anciens prisonniers, son travail interpelle , son travail s'impose.

Esquisses , bonhommes mystérieux, un seul m'a fait sourire, il s'appelle "Bonne Mine" ( référence à Astérix ? ;-) , et a le visage de Pavarotti… Ses mobiles (méduses) sont immensément poétiques. Son travail me fait penser pour le trait , parfois à Garouste, et pour la démarche (collages sur murs) à Ernest Pignon Ernest.

Observez les murs de vos villes, des fois, il y a de bien belles choses...
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Démons et Vermeils

Sous une belle couverture de Jean-Marc Rochette, Jean-Bernard Pouy retrace de sa plume allègrement tendre, drôle et rosse; le voyage annuel d'un groupe de personnes âgées!

Et, ça décape autant qu'Ulysse-le-chauffeur dérouille d'un méchant lumbago: la faute au siège ergonomique (!) du conducteur de l'autocar.

Il faut dire, aussi, que cette bande de vieux se montre joyeuse, fêtarde et haute en couleurs avec une idée derrière leurs têtes chenues... Ulysse ne risque pas de beaucoup dormir.

De plus, Albert et Henri n'ont pas confiés, à la soute de l'autocar, leurs deux petits sacs à dos...

Il y a comme de l'embrouille dans l'air du voyage, avec à la clef une visite non programmée!

Ce premier volume de la Série grise de chez baleine, vaut plus que largement sa courte lecture, avec une jolie chute assez réjouissante.

Du bon Pouy, donc.

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Sirop de Liège

- ceci n'est pas une recette de cuisine - ceci n'est pas une recette de cuisine - ceci n'est pas

Le Sirop de Liège (dont j'ai tartiné mon pain par kilos avec l'équivalent néerlandais dans ma prime jeunesse) est une mélasse à pâte brune, obtenue après cuisson et réduction de jus de pommes (et/ou poires).



Mais ce sirop épais et gluant (plein de vitamines et de fer, disait ma mère) fait ici référence à une famille liégeoise de barjos marginaux, dans le quartier populaire de Droixhe au bord de la Meuse et qui est constitué d'un père (Jackie), d'une mère, d'Eddie le fils et... de la jolie mais populacière fille Christine, qui travaille dans un magasin de fringues, et dont le mignon petit cul est convoité par son patron...ce qui va déclencher une petite histoire de vengeance...



Dans ce récit, composé uniquement de courts monologues, d'une famille socialement inapte, à la limite de la vulgarité et pourtant attachante, tout le monde et toute chose à droit à la parole : Jackie "qui se rembourse sur la bête" et fait survivre sa tribu grâce au troc, le vieux et énorme poisson-chat Gros-Freddy surnageant dans la Meuse et à qui Eddy voue une véritable haine, Eddy qui tue le temps en "philosoradotant" pendant qu'il essaie de pêcher le Gros-Freddy... S'expriment également un chien, un chat, le string d'une fille, un enclume, une serveuse, le tram, la Meuse, un barman, une cuvette de w.c....la liste est loin d'être complète...



Loufoque ? Fantasque ? Saugrenu ? Vaudevillesque ? Oui ! Certainement un peu de tout cela... mais ça fonctionne (!) sans imbroglios. On passe un excellent moment d'amusement dans une ambiance à l'humour noir et...faussement sirupeuse...





(Chapeau bas pour les dessins de Joe G. Pinelli dont il a admirablement tartiné quelques pages de ce petit livre !)
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Samedi 14

Il y en a pour qui vendredi 13 signifie jour de chance et qui en profitent pour jouer au loto. Et, il y en a a qui ça porte plutôt la poisse! Maurice Lenoir pourrait bien en faire les frais. Retraité paisible depuis maintenant 4 ans, il s'est mis au vert dans un petit village paisible. Entre les apéros au bistrot du coin, le pain de deux à aller chercher et le p'tit bonjour quotidien aux Kowa, ses voisins, ça roule pépère. Mais, voilà que la putain de flicaille raboule chez lui, sans crier gare. Estafette, gyrophare et tout le toutim! Ils l'ont fait asseoir bien sagement et lui ont appris la grande nouvelle du siècle: le fils Kowa vient d'être promu Ministre de l'Intérieur, rien que ça. Ses parents, devenus alors la cible de potentiels malveillants, sont sous haute protection. Après avoir soigneusement fouillé sa maison de fond en comble, ils trouvent au fond du jardin une jolie plantation de cannabis. Même si Maurice clame haut et fort que c'est seulement pour sa consommation personnelle, les flics trouvent là un bon prétexte pour l'emmener au poste. Déposition, empreintes et tout le tralala, le voilà au cabanon. Alors qu'un bleu lui amène de quoi becquetter, l'abruti oublie de fermer à clé la cellule. Un coup d'oeil pour vérifier que ce n'est pas une caméra cachée et Maurice prend la poudre d'escampette. Il rentre chez lui tranquille mais se retrouve nez à nez avec deux flics qui montaient la garde. Pour éviter que cette malencontreuse bavure ne soit colportée, on le laisse libre à condition qu'il n'en parle pas. Mais, la police se rendra vite compte qu'elle n'aurait pas dû chatouiller ce retraité, surtout un vendredi 13. D'autant plus que dans les hautes sphères, ils vont s'apercevoir que Maurice Lenoir n'est pas Maurice Lenoir...



Jean-Bernard Pouy trompe les apparences et joue avec nos nerfs. Dans ce polar où les bons mots fusent, où les flics en prennent pour leur grade, l'on suit avec un certain plaisir ce Maurice Lenoir qui a décidé de reprendre du service. Sous ses airs de p'tit retraité tranquille se cache un terroriste, recherché pendant quelques temps par toutes les polices de France et de Navarre. Après avoir réveillé la bête qui sommeillait en lui, il va vite reprendre du service... mais avec ses propres armes. Malicieux, redoutable et ne manquant pas de gouaille, il a plus d'un tour dans son sac, malmenant à sa guise les dirigeants de la police. L'auteur nous livre les frasques de cet homme dans ce roman truculent à souhait, jouissif et habilement mené. La galerie de personnages laisse songeur, l'écriture est accrocheuse, l'humour noir bien présent et un antihéros haut en couleurs.



Rendez-vous Samedi 14...
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A sec ! (Spinoza encule Hegel le retour)

Julius revient des Indes!

Après vingt ans, le chef de file incontestable des spinoziens rapplique dans une France encore plus déglinguée: c'est le règne du football, et les hegeliens, ennemis jurés à mort des spinoziens, ont reformé leur armée. Le fils a remplacé le père à la tête des honnis.

Et Pouy de nous servir cette cuisine déjantée, haletante et épicée dont il avait gardé la recette pour un second service.

Quel plaisir de retrouver Julius, ses bottes de lézard mauve et sa Guzzi!

Tactique et en groupe réduit, les spinozistes vont se manger mignon les hegelistes et leur bête stratégie... bien aidés, pour ce faire par la dénommée Germaine et sa maîtresse Luna. GWFH2 va morfler, dur et sûr.

Ce road-movie à la Mad Max, mais en beaucoup plus drôle, secoue le lecteur de Marseille à Saint-Nazaire en passant par Moulins, la Beauce et Paris- L'île Saint Louis fortifiée: du pur bonheur entrecoupé de comptes-rendus du footoir en mails hurleurs et incendiaires (dame....le web est là!).

Un Pouy jouissif sans retenue, un pur divertissement qui peut se lire indépendamment du premier qu'il serait quand même dommage de ne pouy (pardon! point)...lire.

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Le Bar parfait

Patron, c'est ma tournée! De bar en bar, à la recherche du blanc perdu, le narrateur explore, trie, rejette. Méthodiquement inspiré par un jeu où l'on peut passer en prison sans recevoir 20 000 francs, il enquête de la rue de Belleville à la rue de la paix. Et le rêve se construit en fustigeant les recalés : ceux qui croient contenter le soiffard avec du muscadet ou du sauvignon, pire, les pros qui ont vendu leur âme au cubi, les généreux de l'infâme caouête riche en indices d'ADN de bas étage...

La tournée vire au fait divers : le chemin des bars bituriques passe par l’hôpital!



Voilà un court écrit, moins de cent pages, d'une truculence joviale, narré par un assoiffé qui revendique le qualificatif d'ivrogne. Sous les pavés, le breuvage : un texte peut en cacher un autre. Pour qui connaît la bande des Papous*, cela ressemble fort à un exercice de style : homophones approximatives, aphorismes revisités, et autres contraintes consenties fleurissent tout au long du parcours picoleux. .



C'est drôle, inventif, à consommer sans modération, même si, conformément à la dédicace de Jean Bernard Pouy, ce n'est pas la peine de chercher : le bar parfait, y 'en a pas, y'a que des cuites d'enfer....



* Des Papous dans la tête, émission de France culture
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Vous vous demandez ce qui passe par la tête d'un cycliste quand il roule pendant des heures ?

Pouy l'a imaginé pour vous !

Le jeune Lilian Fauger fait une échappée pendant le Tour de France, quelques secondes, puis une minute, jusqu'à 5 mn, et cela pendant 4 heures...

Nous suivons son flot de pensées pendant cet exercice solitaire, un flot exprimé par des phrases courtes, hachées, comme corrélées à son souffle qui se fait plus court ou plus long selon la difficulté de la route.

Le rythme lancinant du pédalage aide l'esprit à s'évader, à revenir sur des souvenirs, des moments difficiles, d'autres plus drôles...

Rappelons-nous Sami Frey pédalant sur scène en disant « Je me souviens » de Pérec, c'est, je pense, à ce spectacle que Pouy rend hommage avec ce livre singulier qu'on ne lâche pas une fois commencé.



L'exercice aurait pu être lassant, il ne l'est pas grâce au style de Pouy, vivant, pétri d'humour, et grâce au suspense qui s'installe, réussira-t-il ou pas...

Et le monde du cyclisme n'est pas épargné, avec ses magouilles, ses sponsors avides, le dopage, la toute-puissance de l'argent...

Un petit bijou pour les amateurs de Pouy et de cyclisme, et pour les autres...;-)

Et merci à mon voisin babeliote qui me l'a fait découvrir et prêté !

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La Belle de Fontenay

Certains écoutent leur horoscope le matin pour savoir comment affronter la journée. Enric Jovillar, lui, lit les maximes des six gaufrettes qu'il avale avec son bol de café. Il faut dire que l'écrit a une importance particulière pour lui, qui est devenu sourd à huit ans.



Notre homme est déboussolé depuis qu'un lycéenne a été retrouvée morte dans le réservoir d'eau de son petit jardin ouvrier.

« Retraité espagnol, célibataire et sourd-muet [...] trois bonnes raisons pour faire [de lui] un sadique de base assoiffé de sang de jeune vierge. »

Un peu vieux mais pas ramollo du ciboulot ni des biscotos, lui l'anar' qui a survécu à la guerre d'Espagne et à mai 68 !

Sourd-muet, peut-être, mais pas aveugle !

Puisque les cognes ne sont pas fichus de résoudre cette affaire, Jovillar décide de mener l'enquête à sa manière, en hommage à cette jeune fille sympa qui lui prêtait des livres et venait souvent bouquiner dans son jardinet...



Après trois abandons consécutifs de romans, j'ai retrouvé le plaisir de lire grâce à ce polar. C'est le quatrième ouvrage de Jean-Bernard Pouy que je découvre, et même si j'oublie assez vite ses intrigues, je me régale toujours à la lecture. L'intérêt ne réside ni dans le suspense ni dans les rebondissements, il y en a peu, mais dans l'originalité, l'humour, les détails, les personnages, leur franc-parler, leurs relations. Notre Jovillar a beau être muet, ses échanges (par écrit) avec les autres sont vifs et jubilatoires.

Proche d'auteurs comme Pennac et Jonquet, Pouy est aussi très doué pour les coups de griffe et le poil à gratter - ici les enseignants et les ex soixante-huitards en prennent plein le museau.



Bonnes résolutions pour 2017 :

• aller enfin dire à l'auteur au salon de Mauves en Noir qu'il est génial (j'ai trois mois pour retravailler cette formulation niaise)

• ne pas me laisser décourager, comme les années précédentes, par un grand gaillard qui prétend avoir peur de lui, alors qu'il a au moins autant d'humour et de sens de la repartie - d'ailleurs j'adorerais assister à un petit échange entre ces deux-là... 😉
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Suzanne et les ringards

Charles-Emile Gadde, alias Dumbo, travaille en ce moment pour le groupe de rock Bande à part. Des rockeurs, des junkies, des consommateurs de poudre blanche, des jeunes avides de pouvoir et de reconnaissance, quelque peu égocentriques et accros aux groupies qui se jettent sur eux. Il est un peu l'homme à tout faire: il charge les camions, installe le matériel sur les scènes et s'occupe, pas toujours très gentiment, des fans un peu trop excités lors des concerts. Le groupe fait en ce moment une tournée promotionnelle. Après Paris, direction, la Bretagne puis le Centre. Dumbo bosse avec Lucie, un quintal au compteur, peu bavarde mais qui sait manier la batte de base-ball à merveille. Après un concert, une jeune fille, Suzanne, la seule peut-être à ne pas avoir reculé devant lui, devant sa gueule d'Elephant-Man qui effraie tout le monde, lui demande à approcher le groupe. Il ne peut pas le lui refuser. Or, le lendemain, c'est son cadavre qui est retrouvé dans la baignoire de la chambre d'hôtel de Dumbo. Avec sa tronche et son passé d'ex-taulard, il est le suspect idéal. Sûr de son fait, il ne tarde pas à soupçonner les p'tits ringards. Un désir de vengeance et de justice se fait sentir pour leur faire payer leur acte... 

Valérie, elle/aile, de son côté, s'est échappée de sa vie d'actrice adulée depuis que son compagnon a été tué. Elle ne croit aucunement à l'hypothèse de l'accident. Aussi, elle a décidé de fuir tout ce monde factice de paillettes... 



La Belle et la Bête revisitée par Pouy... Lors de cette tournée promotionnelle, Dumbo/Je, pugnace, têtu et assoiffé de justice, mettra tout en oeuvre pour réparer cette injustice, à savoir découvrir qui a tué cette petite fille innocente, cette âme perdue en extase devant ces junkies. Jean-Bernard Pouy nous entraine dans ce road-movie à travers la France, à bord du camion de Dumbo. Et c'est au son du chant désespéré des baleines qu'il va mener sa propre enquête. A sa façon, à coups de poings. Dans ce roman noir, où la poésie et la violence s'écoutent au son des guitares, où la cadence s'accélère, où les arrangements se font dans les coulisses et où chacun joue ses propres gammes, l'ambiance est plus électrique que jamais. Le ton est noir, acerbe, cruel et doux à la fois . 



Suzanne et les ringards...et moi...
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Spinoza encule Hegel

Pour son premier livre, Pouy prenait la route d'une apocalypse provisoire et plutôt jouissive. Une sorte de chanson de geste de la liberté.

Les bandes d'extrême-droite décimées, l' extrême-gauche s'étripe tandis que le pouvoir de l' État reprend peu à peu son emprise.

Julius, le maître spinoziste, emmène ses compagnon à la gloire et à une mort pleine de panache.... et chantent les armes à feu diverses et soufflent les explosifs dans une lutte aussi absurde que colorée. le tout commenté par Radio Cinquième Internationale.

Car tout à une fin, et le terme de la (sanglante) récréation libertaire va sonner.

Pour moi, le plus grand moment de ce poème épique et révolutionnaire, reste la peinture en rose du Sacré-Coeur de Montmartre! Rien que ça vaut une étoile entière...

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1280 âmes

Pierre de Gondol est l'heureux propriétaire de la plus petite librairie de Paris. Tout ce que la capitale compte d'illuminés du verbe, de brindezingues de la couverture, bref de bibliophiles effrayants se donne rendez-vous dans sa minuscule boutique, bourrée à craquer d'éditions originales et autres incunables.

il en faut donc beaucoup pour surpendre cet homo librarus, habitué à répondre aux demandes les plus folles de sa clientèle d'allumés. Jusqu'au jour où un gaillard qui dit se méfier de la Série Noire comme de la peste le charge de retrouver cinq âmes manquantes.

Rien de mystique là dedans: on apprend en fait que le célèbre 1275 âmes de Jim Thompson s'intitulait à l'origine Pop 1280.

Ni une , ni deux, notre érudit décide de mener l'enquête, quitte à se rendre sur place pour éclairicir le mystère ( et retrouver une fille, tant qu'à faire).

De Paris aux Etats-Unis on suit ce libraire anti-conformiste dans ses pérégrinations sans jamais s'ennuyer.

Ni lassant, ni pédant ce roman pourtant bourré de références culturelles et de jeux de mots est un véritable tour de force. À mi-chemin entre l'investigation littéraire et l'exercice de style, Jean Bernard Pouy propose ici un roman atypique, tout en verve et en humour.

À lire de la foulée de 1275 âmes pour mieux apprécier...



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Sirop de Liège

Vous connaissez sans aucun doute la petite comptine Marabout-Bout de ficelle..., et bien sachez que ce très court roman belge est construit sur le même principe. C'est sympathique, amusant, original et très axé sur cette bonne ville de Liège où on y goûte bières et boulets avec des frites bien sûr.

Et ne soyez pas étonnés si vous entendez le poisson-chat, la passerelle ou même l'Italie parler (il y en a bien qui entendent le loup le renard et la belette chanter) : il suffit qu'un de ces mots, ou d'autres, soit prononcé dans un paragraphe pour qu'aussitôt l'objet ou la personne nommée prenne la parole dans le paragraphe suivant.

Mais ne croyez pas pour autant que cela n'a ni queue ni tête, non non, l'histoire existe vraiment : Une famille, plus ou moins marginale, vit au bord de la Meuse, dans le quartier populaire de Droixhe. La fille travaille dans un magasin de vêtements et se fait harceler par le patron. Ce qui n'est pas du goût des parents et du frère. Et je ne vous parle même pas de la grand-mère...



Voilà donc un petit roman bien singulier qui était dans ma Pal depuis des années et que je suis ravie d'avoir lu. Roman que je vous conseille bien évidemment, d'autant plus qu'il est parsemé de très belles illustrations au crayon noir de Joe G. Pinelli. Une écriture entraînante, sans point (avant la prise de parole d’un autre intervenant), qui utilise le langage parlé.

Et puis le sirop de Liège étant une spécialité belge, il faut y goûter !

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Le Bar parfait

A la recherche du bar parfait, n'est-ce pas du temps perdu ?

Pas pour Jean-Bernard qui cherche son bistrot parigot d'antan

avec ses petits ballons bancs, jaunes ou rouges qui sortent de l'ordinaire,

l' ambiance typique du zinc avec la nappe à carreaux et tout le tralala !

Mais la grande tournée générale du genre Monopoly dans les rues de Paris

n'est pas sans risque, entre les cuites d'enfer, les rixes et les lourdes...

Tout ça peut finir en zig zag !

La novella de Jean Bernard Pouy se descend d'une traite.

Chez soi, dans les transports en commun ou au comptoir en zinc du coin

mais surtout pas pendant l'Happy hour, l'horreur absolue pour Jean-bibi...ne.

Dommage que cette nouvelle cuitée ne vaille pas un de ses bons petits romans noirs fumants que l'on remue avec la petite écuyère à cafter.

Je me suis comme même bien marré...sans en perdre une goutte !
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