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3.94/5 (sur 286 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Nîmes , le 6 aout 1928
Mort(e) à : Nîmes , le 8 mai 2005
Biographie :

D'origine cap-corsine par sa mère, Andrée Paoli, Jean Carrière fut un proche de Jean Giono (sur qui il écrira un essai) à Manosque, critique musical à Paris, chroniqueur littéraire à l'ORTF, il entame sa carrière d'écrivain avec son roman Retour à Uzès en 1967 (prix de l'Académie française). Il a publié une vingtaine d'ouvrages, principalement des romans.
Lauréat du Prix Goncourt en 1972 pour L'Épervier de Maheux, publié par l'éditeur Jean-Jacques Pauvert, le succès (2 millions d'exemplaires, traduction en 14 langues), la mort brutale de son père écrasé par un chauffard et un divorce, le plongeront dans une profonde dépression qui lui fera écrire quinze ans plus tard Le Prix d'un Goncourt. Avant cet ouvrage, il aura écrit néanmoins plusieurs romans : La Caverne des pestiférés (2 tomes) chez Jean-Jacques Pauvert ou encore Les Années sauvages, ainsi que des essais sur Julien Gracq et Jean Giono et un livre d'entretiens, Le Nez dans l'herbe. S'ensuivront une dizaine de romans, dont le dernier, Passions futiles, est paru en octobre 2004 aux éditions de La Martinière.
Passionné de musique (son père était chef d'orchestre et son grand-père maternel, Toussaint Paoli, tenait un magasin de lutherie à Nîmes) et de cinéma (il rencontra l'actrice Sigourney Weaver à qui il consacra un ouvrage), il préparait un nouveau roman et un livre sur Maurice Ravel.
Après l'immense succès de son Épervier, il se tint farouchement à l'écart des salons littéraires et des médias parisiens qui en firent un écrivain régionaliste, ce qu'il n'était pas, et ce qui, au bout du compte, occulta injustement le reste de son œuvre.
Après avoir un temps séjourné dans son chalet, à Saint-Sauveur-Camprieu, près du mont Aigoual, Jean Carrière vivait depuis une vingtaine d’années dans une maison au pied des vignes, à Domessargues, où ses obsèques ont été célébrées le 11 mai 2005.
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Jean Giono, du côté de Manosque. entretiens avec Jean Carrière


Citations et extraits (93) Voir plus Ajouter une citation
Je me souviens de l'effet que m'avait produit le Quatuor en fa de Maurice Ravel. Et la Sonatine, plus encore. Ravel vous surprend, vous précipite dans le fil d'un discours déjà commencé, comme si vous ouvriez une porte sur une personne en pleine confidence fiévreuse - et vous savez immédiatement de quoi il est question, vous savez que quelque chose de grave et d'irréparable est déjà arrivé, le musicien n'a pris ni la peine ni le temps de vous y préparer. Ce début "en l'air", qui vous arrache au vol sur le quai comme un train lancé en pleine vitesse, me... m'empoignait avec la force d'une terrible découverte. Je crois, avec le recul, que c'était la découverte du Temps, dans son effrayante volatilité, et cette hâte déchirante avec laquelle une personne sur le point de mourir vous agripperait par le col pour vous dire : vite, vite, je n'ai que peu de temps pour vous raconter mon histoire, qui est aussi la vôtre... Tout est perdu, tout est perdu, mais je ne peux disparaître sans l'avoir dit, sans avoir parlé...
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Après tout, qu'est-ce qu'un roman, sinon l'exploitation sous quelque forme que ce soit des figures obsédantes qui hantent et qui gouvernent notre destin.
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Il demeura tout seul parmi ces jeunes Suissesses laiteuses; leurs mollets ronds, d'une rondeur enthousiasmante, succulents et charnus, leurs nuques frisottées, leurs lèvres pulpeuses mirent ses avantages en révolution. Il ne savait plus où donner des yeux, tant toutes étaient belles, et tant elles l'étaient du bout de leurs orteils à la tête.
Il se calmait. Ces filles tout de même... Elles étaient d'une autre race, elles respiraient la santé, la jeunesse.
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Une fois débarrassée de l'homme, (la terre) retournerait à ses origines païennes, n'en ferait de nouveau qu'à sa tête. Après un mauvais départ, la planète Terre allait se remettre à neuf, s'ébrouer, reconquérir son intégrité. Tout serait de nouveau comme à l'ère où les océans vierges n'avaient été labourés par l'étrave d'aucun navire.

2169 - [Le Livre de poche n° 5427, p. 379]
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La première neige de l'année tomba en abondance vers la fin novembre. C'était une apparition précoce qui entraîna le haut pays, et presque tout le Sud dans un hiver sans précédent : pression inouïe du silence, calfeutrant de son étoupe le sang au fond des oreilles.
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Prenons un exemple : un beau matin, des messieurs très calés décident qu'il faut soigner les crétins du Haut-Pays (tenus pour tels) : ces énergumènes baveurs et ravis qu'on rencontre parfois là-haut assis au pied d'un arbre, et qui ont avec les papillons ou le vent de mystérieux conciliabules, les empêchent de dormir. Soigner, c'est- à-dire essayer d'ajuster le comportement d'un zèbre qui vit au milieu de ses chèvres dans un isolement presque total, sur celui du premier couillon venu, et d'ailleurs parfaitement abruti par les cohues, le tiercé, les bistrots ou le cinéma. On voit qu'il ne s'agit pas du même animal. Guéris, c'est-à -dire bons pour l'abrutissement général, on les renvoie chez eux. (22)
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(Julien) se dit, de la façon la plus inattendue, que la seule chose intelligente à faire sur la terre était d'y rendre ne fût-ce qu'un seul être heureux.

2274 – [Le Livre de poche n° 5427, p. 439]
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On devrait toujours écrire un pistolet sur la tempe. Au moindre faux pas le coup partirait. Ingéniosité, calculs, ruses, tout cela nous perdrait, quand l'ingénuité nous ferait marcher droit.
(incipit).
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Avez-vous lu « Les Rêveries du Promeneur solitaire », de Rousseau ? Il raconte qu'après avoir été renversé un soir par un énorme chien, il passa en revenant à lui un des moments les plus délicieux de sa vie. Comme si la perte de mémoire momentanée provoquée par sa chute avait été payée de retour par une restauration de sa sensibilité. En somme, il faut mourir pour renaitre...

1664 - [Le Livre de poche n° 5427, p. 64]
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« Qu'est-ce qui se passe, dit Jourdan. Tout est vide, partout. Est-ce qu'il y a des gens malades par ici ? »
La petite secoua les tête et baragouina quelques mots de patois, mais le cheval semblait l'intéresser bien plus que toutes ces questions, et s'approchant, elle lui caressa le chanfrein en lui roucoulant à l'oreille des amabilités, à croire qu'ils étaient tous les deux de veilles connaissances ou gens du même bord. Après quoi, sans accorder un gramme d'attention au conducteur, elle attrapa lestement son panier de linge, et le collant encore ruisselant sous son bras, elle s'en alla, pieds nus et déhanchée, un bout de chanson aux lèvres, en tortillant son abricot, déjà hardi sous les plis de sa jupe. Il y avait, dans ce petit corps de quinze ou seize ans, dans son agilité, dans son insouciance, quelque chose d'implacable et de décidé qui le subjugua littéralement, et il suivit des yeux la petite paysanne jusqu'à ce qu'elle disparaisse, obliquant dans une traverse, sans avoir daigné gratifier d'un regard ce vieillard de quarante-deux ans.

1302 - [Le Livre de poche n° 5427, p. 27/28]
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