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Critiques de Jean-Claude Bourlès (16)
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Passants de Compostelle

« C’est vrai que pour les gens, vous qui passez, les pèlerins, vous êtes forts. Et pourquoi? Parce que vous êtes capables de partir, comme cela, en abandonnant tout. Nous, on est là, autour de notre petite vie, et vous, vous êtes des hommes et des femmes de grands moments. Vous réveillez en nous des choses pour lesquelles nous sommes faits et que nous ne réaliserons jamais. Chacun est fait pour l’aventure humaine, mais combien la vivent ? »



Qui mieux que Sébastien Ihidoy, curé de Navarrenx (Béarn) à l’époque pouvait synthétiser l’esprit de ce livre particulier ? En 1995, au moment où Jean-Claude Bourlès le rencontre, il a déjà accueilli des centaines de pèlerins de Compostelle dans son presbytère. « Ecclésiastique au franc-parler, au regard malicieux et à l’accent rocailleux, il est de ce peuple de rudes Basques, intransigeant pour lui, généreux pour les autres » dit de lui l’auteur qui entame pour la deuxième fois le Chemin de Saint-Jacques après l’avoir parcouru deux ans plus tôt.



Bourlès nous livre ici le témoignage de dizaines jacquets, d’hospitaliers et de villageois rencontrés sur les 1700 kilomètres du Camino Francès reliant le Puy-en-Velay à Compostelle. Et, à travers ces regards croisés, il parvient à saisir dans toute son épaisseur la substance de ce pèlerinage pas comme les autres qui attire désormais des dizaines de milliers d’hommes et de femmes des cinq continents, année après année.



Mais poursuivons avec l’homme d’église basque, véritable étoile du berger de cet ouvrage : « Pour moi, le pèlerin, quel qu’il soit, est toujours un chercheur. Le chercheur d’une vie plus humaine (c’est le dénominateur le plus commun), un chercheur de sens, un chercheur d’étoiles, un chercheur de Dieu (parfois sans le savoir) qui, pour trouver sa part de vérité, prend des risques dans une époque où l’on fait tout pour nous protéger, nous garantir, jusqu’à l’asphyxie. Démarche à contresens, démarche absolue, comment voulez-vous que ce soit toujours bien compris?

Les pèlerins, je vais vous dire que je les reconnais au premier coup d’œil, dans la rue, dans un groupe, sans sac, bourdon ou insigne, changés, douchés, propres comme des touristes. Je sais que ce ne sont pas des vacanciers, ni des randonneurs, mais des pèlerins. Je les reconnais, oui. Dans l’église, samedi dernier, il y en avait trois. Je les ai découverts dans la foule, rien qu’aux regards. Les pèlerins ont le regard qui irradie. C’est incontestable. D’autres vous le diront. Non pas le regard brûlé par le soleil ou la fatigue, non, un regard d’ailleurs.

Ils irradient. Pourquoi ? Alors là... Sans doute ont-ils en eux une petite étoile. Parce que quelqu’un qui marche comme le pèlerin possède forcément en lui quelques rayons de l’astre qu’il est en train de chercher. Et c’est cette parcelle d’étoile qui brille dans leurs yeux. »



Trois jours de pérégrination plus tard, l’auteur français arrive à Roncevaux, du côté ibérique des Pyrénées et le discours ecclésiastique ne rencontre plus le même écho en lui : « Messe des pèlerins, célébrée par six chanoines dont le plus jeune doit frôler la cinquantaine. Dans l’homélie, prononcée en espagnol et en français, des mots me font sursauter : "Rachat de vos fautes... Souffrir pour plaire à Dieu... Marcher vers le pardon..." De quoi parlons-nous au juste ? Il me semble qu’il y a erreur sur le fond de la démarche. Tout au moins en ce qui me concerne. Je ne suis pas là pour être pardonné de je ne sais quoi ni pour souffrir. Le monde est déjà assez loqueteux comme cela sans lui rajouter une dose de malheur supplémentaire en mon nom. Je suis piégé par l’Espagne où je viens juste de poser mon sac. C’est, à la virgule près, le discours entendu deux ans plus tôt, phrases et mots sentencieux, déphasés de l’urgence quotidienne ! Je pique ma rogne, ronge mon frein, et passe une très mauvaise soirée, achevée par un repas d’arnaque comme j’en ai rarement vu. »



Connu pour son franc-parler, l’écrivain breton n’épargne pas davantage ses compatriotes : « Incontestablement, en certains endroits, le passage du GR 65 et sa fréquentation par les pèlerins ont fait naître des vocations corsaires (et c’est un Bretillien qui le dit !) Par exemple, dans un joli village quercinois, où une auberge « de style » propose aux malmenés de la draille des tarifs peut-être justifiés par la qualité des lieux, mais d’autant plus inusités qu’au prix de l’hébergement s’ajoute une caution « pour le ménage ». Le tout payable immédiatement, des fois que...

La piraterie ici se pratique à visage découvert, arbore un nom et un drapeau. Il n’empêche que les apparences ne retirent rien à l’arnaque et qu’une embuscade, même de style, demeure une embuscade. Le langage de l’hôtesse a beau se vouloir châtié, les marcheurs, randonneurs ou pèlerins, sont considérés pour ce qu’ils sont : des pousse-cailloux. Certains, étrillés par la chaleur et le causse, capitulent sans condition. D'autres refusent et partent. Ce que nous faisons, bien que rendus au sixième dessous. Belle leçon ! »



Au final, un témoignage fondamental pour comprendre l’esprit du chemin et mesurer la complexité des liens unissant (ou pas) les pèlerins aux sédentaires.
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Le Grand Chemin de Compostelle

Je viens de finir ce livre que j’ai failli ne pas lire... Et, je dois reconnaître qu’il m’a un peu ébranlé dans mon désir de « faire Compostelle » un jour. Voici pourquoi.



Tout d’abord, j’ai eu beaucoup de mal à m’habituer à l’écriture hybride de Jean-Claude Bourlès (JCB). En effet, il alterne récit du chemin, réflexions personnelles et digressions historico-sociologiques qui m’ont semblé assez lassantes au début.



Heureusement, j’ai persévéré et je ne le regrette pas. J’ai appris un tas de choses intéressantes comme, par exemple, le fait qu’à l’origine (IXe siècle), le Camino avait pour objectif de repeupler le nord de l’Espagne avec des chrétiens de toute l’Europe centrale et occidentale. Dans les vastes territoires plus ou moins libérés de la « menace » arabe, il y avait des terrains en jachère, des cathédrales à construire, bref, des places à pourvoir. Beaucoup de pèlerins se sont installés en Espagne où, au gré des opportunités, ils ont (re)fait leur vie.



Mais, ce que j’ai le plus apprécié dans cet ouvrage atypique, c’est le détachement avec lequel l’auteur évoque ses sentiments en chemin. Ainsi, Bourlès n’hésite pas à raconter la délicate cohabitation entre cyclistes et marcheurs : « Les relations toujours un peu houleuses peuvent, dans la seconde, devenir franchement difficiles et font voler assez bas, en cet endroit où on ne les attend guère, injures bras d’honneur et menaces. C’est comme ça, même ici. »



Un autre péril qui guette le pèlerin, c’est le doute : « même si le corps, parfaitement rodé, fonctionne comme une mécanique dispensée de douleurs, crampes et ampoules (...) C’est le psychisme qui, pour je ne sais quelle raison, renâcle. Une voix de contrebande ne cesse de me répéter que tout cela ne sert à rien, que je serais mieux chez moi, etc., etc. La décision de capituler n’a pas besoin de lieu. C’est ce qui rend le chant des sirènes si dangereux. »



Et de poursuivre : « Je suis de nouveau face à moi-même, assiégé de questions auxquelles, tôt ou tard, il me faudra répondre. C’est peut-être ce que l’on appelle un peu légèrement “l’heure de vérité”, ce moment où l’individu se doit de rendre des comptes à lui-même. Exercice d’introspection auquel, en principe, nul n’échappe dans les passages obligés que sont l’âge, la maladie, la mort ou certaines expériences, dont le pèlerinage. Instant de nudité absolue. Il me semble qu’après m’avoir tant appris sur lui-même, le chemin attend que je lui rende des comptes. Que je mette en règle en quelque sorte. »



Or, lorsque les tourments ne sont pas intérieurs, c’est le décor qui s’occupe de déprimer le marcheur : « La sortie de Leon est aussi longue que décevante. Décharges, ruines, cabanes de planches. Où sommes-nous ? Dans les favelas de Rio ? Comme tout cela me devient soudain insupportable ! Autant de mauvais goût, de saleté exhibée, de détritus abandonnés, de carcasses oubliées au hasard d’un terrain vague, dans un pays moderne qui prétend à juste raison jouer un rôle de premier plan en Europe ! Ou je rêve, ou l’on se moque de moi ! »



JCB mentionne aussi quelques rencontres avec des ex-immigrés espagnols dans l’hexagone : « La France, il ne la regrette pas. Comme il ne regrette pas d’y avoir passé vingt-cinq ans. Vivait dans le Nord. Près de Lille. Dit que les Français se montraient injustes avec les travailleurs migrants. Qu’on l’a toujours traité comme un moins que rien, jamais reconnu, régulièrement exploité, même des ouvriers. Quant aux syndicats ! “La France, pays des droits de l’Homme : laissez-moi rigoler ! Un truc d’intellectuel, oui, mais sorti des grands mots, la réalité c’est le coup de pied au cul et les menaces... Vous ne pouvez pas imaginer ce qu’ils m’ont en fait voir vos compatriotes.” »



Au bout du chemin, après des centaines de kilomètres de joie, de peine et de sueur, se présente la ville de Saint-Jacques de Compostelle. Et, contre toute attente, « chez les pèlerins rencontrés, ennui et déception font des ravages (...) C’est comme si la privation soudaine de l’effort et des heures de silence ne pouvait se combler (...) L’extraordinaire impression de vide dans laquelle je me consume se traduit par une agressivité injustifiée envers les autres... »



Alors, juste avant de prendre congé des personnes avec lesquelles il a fait un bout de chemin, c’est l’heure du dernier repas partagé en commun. « Fraternité de l’utopie, l’instant parfois prête à l’envolée lyrique. L’homme est bon, nous sommes tous frères, l’apôtre (Saint-Jacques) est bien là, et les temps changent. Nous levons nos verres, les larmes aux yeux, persuadés de vivre un moment capital de notre existence et c’est sans doute vrai. Mais, le monde n’est pas meilleur, la guerre poursuit son œuvre, et la misère régente les trois quarts de l’humanité... »



Qui n’a jamais passé de tels moments de pseudo fraternité ? A part des souvenirs qu’en reste-t-il quelques heures plus tard ? Que vont-ils changer dans notre vie et dans nos comportements à venir ?
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Frisson des départs

"Je voudrais te transmettre le frisson des départs dans l'allégresse des matins silencieux" comme dit le poète breton Xavier Grall qui a inspiré le titre de ce très bel ouvrage.

Livre à deux voix, deux visages, bretons d'origine ou de cœur.

Yvon Boëlle, photographe-voyageur a choisi parmi ses nombreux clichés de magnifiques évocations du voyage, routes ou chemins, rencontres ou solitude des grandes étendues sauvages .

Nous cheminons depuis la Bretagne vers ses voisins celtes , nous marchons vers le Mont Saint-Michel puis partons sur les chemins de Saint Jacques de Compostelle.

Les photos, en noir en blanc ou en couleurs transportent vers l'ailleurs , vers le rêve ou la méditation mais également vers l'autre, car si les paysages inspirent la contemplation, les portraits sont le reflet des échanges et du partage.

Les petits textes accompagnant les photos sont concis, allant droit au but et touchant de vérité et de sincérité.

Jean-Claude Bourlès, écrivain randonneur nous offre une réflexion sur le départ, à travers son expérience commençant dès l'enfance avec la découverte des récits de voyage, et je me suis revue aussi dévorant les livres de Jack London ou de Kessel lorsque le microcosme de l'enfance devient étouffant.

Son premier voyage, il le fera pour son service militaire en Allemagne et découvrira le plaisir de sillonner les chemins de la Forêt Noire.

Et plus que le terme de voyage, c'est celui de partir qui s'impose, ballade , randonnée , route ,périple, escapade ... les formes et les termes sont nombreux.

De ses nombreuses pérégrinations, il nous livre peu de choses, heureusement car sinon cela prendrait l'allure d'un catalogue rébarbatif de voyagiste .

C'est plus une analyse sur les motivations profondes , agrémentées de références littéraires.

Puis peu à peu s'ébauche l'empreinte de ses pas sur ceux des pèlerins, ici, tous les chemins ne mènent pas à Rome mais à Saint Jacques de Compostelle.

Sans oublier, une chose essentielle pour moi aussi, la musique qui rythme le pas et accompagne le marcheur , un élément indissociable du voyage .



Bref, vous l'aurez compris si vous êtes parvenus à la fin de ma critique, j'ai été conquise par nos bourlingueurs, mon sac est prêt mais je suis la seule à savoir s'il est rempli de bouquins ou de semelles de vent, peut-être les deux ?



Un grand merci à Babelio et aux éditions Salvator.



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Le Grand Chemin de Compostelle

Un seul avis sur le site de Babelio, assez surprise, bien que non car le livre date de 1993 et pourtant c'est à ce jour un livre qui reste intéressant à lire pour découvrir le chemin de Compostelle d'un moins une partie du chemin celui qui part de la frontière franco-espagnole pour aller au saint Graal tant convoité.



Un récit qui nous apprend beaucoup tout le long de la lecture au fil du chemin sur l'histoire, la géographie, l'architecture, c'est en cela que ce récit est captivant et intéressant. On ne retrouve pas comme beaucoup de livres sur le chemin toutes les balivernes, j'ai fait cela et ceci , j'ai mal aux pieds Etc... une évidence marcher autant ne peut que blesser le corps mais qu'en est-il de l'âme ?

on ne fait pas le chemin tous pour la même raison et l'auteur arrivé au bout de son périple ne le sait pas non plus. Il l'a fait voilà tout par besoin, ce besoin de dépouillement, sans doute, ce besoin de marcher dans les pas du passé retrouver un peu d'authenticité. Sans doute une nécessité de trouver un sens à sa vie...

"Je boucle mon sac devant la porte quand il termine en disant qu'ici on vit bien de pas grand-chose, et que c'est cela qui est important...Il répète : " c'est important parce que tu ne passes pas ta vie à courir après l'argent qui, de toute façon, ne servira à rien le jour où" S'il savait combien ses paroles rejoignent celles que je répète, chaque jour inlassablement, la voix qui m'accompagne !

Entre ce genre de réflexions qui nous laissent en méditation, et les extraits du carnet de route de Gisèle, on se surprend à vouloir rejoindre ce chemin.



"très beau matin d'été dans une nature exceptionnelle. Dans les champs, les paysans coupent les foins à la faux. Maisons anciennes, le chemin longe un torrent qu'il franchit à plusieurs reprises par une série de ponts de bois. Rude montée jusqu'au Cebreiro par le Camino Primitivo. Tranquillité et recueillement ne sont hélas pas à l'ordre du jour de ce haut lieu transformé en terrain de camping ! Que sera l'arrivé à Saint-Jacques !"



Voilà aussi le revers de la médaille et ce livre date de 1993 où l'auteur s'interrogeait déjà au devenir de ce chemin, le côté touriste, tapageur, commercial, font de ce chemin un lieu en perdition authenticité et de simplicité. Et effectivement l'arrivé à St Jacques fut une "déception" pour cette vision trop commercial, foule amassée dans cette ville.

"Chaleur, cohue, odeurs de parfums lourds, gras jusqu'à l’écœurement, parcourus par les pointes aigres de la sueur, je bats en retraite vers la porte. Attente. Le sermon traîne en longueur. il est question de mœurs, de désordre. "

Partir sur le chemin ce n'est pas une partie de plaisir, si ce n'est le plaisir d'accomplir un acte pour soi, un cheminement personnel vers une quête d'un "rêve" d'aboutir ce besoin de trouver.

"Cherche,

dans tout arbre nu

le poids de sa lumière

et au-delà de l'ombre

sa mesure de silence.

Cherche,

au bout de ton chemin

le vrai commencement."



Ce petit poème, résume en quelques lignes, les longs questionnements, les km avalés dans le silence, dans le vide, sans doute faut-il marcher pour trouver au bout de la route, un début de réponse.

Merveilleuse lecture, apaisante, tout en restant réaliste pour le côté parfois "aberrant des pèlerins" qui se prennent pour des superhéros, des touristes plus que des marcheurs. Il n'en est rien pour ce couple qui sont au cœur de ce récit, ils m'ont été sympathiques, un peu de mal de les quitter.



J'ai découvert cet auteur, et je m'en vais en quête sur ses autres récits.





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Retours à Conques, sur les chemins de Compost..

Quand certains font leur pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle, Jean-Claude et sa femme Gisèle ont pour objectif Conques, terre tant évoquée pendant leur voyage. Conques est une étape majeure sur le chemin de la ville sacrée espagnole. Peut-être que les noms parleront aux pèlerins qui liront ce carnet de voyage, pour ma part, je ne les connais pas mais ils m’ont fait penser aux villages lozériens que j’ai visité lors de quelques week-ends ou vacances.

C’est un roman plaisant mais un peu trop contemplatif car l’âme de Jean-Claude est assez rêveuse ! J’ai aimé les rencontres avec les villageois et hôtes lors des différentes étapes, les évocations de quelques événements historiques comme les fameux carnages de la bête du Gévaudan. A lire pour voyager dans une France rurale qu’on ne connait trop peu.

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Le Grand Chemin de Compostelle

« Dos cervezas, por favor »

Un objectif, atteindre Compostelle, un axe directeur, el camino, un moyen, a pedibus, une stratégie, se délester, intérieurement… Jean-Claude et Gisèle Bourlès se sont enfin lancés le 19 juin 1993, année jubilaire, sur l’antique tracé, le Camino francés, parfois bien mis à mal par l’urbanisation et les infrastructures routières. Après une brève introduction, une carte sommaire mais toujours utile permettant de visualiser l’itinéraire en Espagne avec les jalons des villes principales, le livre se chapitre naturellement selon les régions traversées : Navarre, Castille, Leon, Galice. Un index des noms de lieux et une bibliographie commentée en fin de volume auraient utilement complétés ce livre déjà conséquent en soi. Les journaux conjugués du couple marcheur, largement enrichis d’anecdotes, de réflexions et de considérations s’insérant dans la grande et la petite histoire sont de bonne tenue. L’esprit de « Giovanum-Claudum, Peregrinis de Sancti Jacobi » [Jean-Claude, pèlerin de Saint-Jacques] se lit entre les lignes. L’auteur a su s’immortaliser modestement dans son livre. On s’émeut ou on s’énerve selon ses dires, totalement conquis, même dans les atermoiements, les questionnements et les approximations de l’auteur. Certaines phrases possèdent l’allant et l’intensité d’une pensée en marche. Plusieurs remarques glanées dans le corpus ouvrent le regard du lecteur et donnent envie de se lancer dans la meseta pour traverser le désert afin de s’éblouir sous « une pluie torrentielle de lumière » dessinant « des ombres épaisses sur d’éblouissantes clartés » [Miguel de Unamuno]. Jean-Claude Bourlès n’use de rares citations qu’à bon escient afin d’accorder des visions complémentaires. Contrairement à bien d’autres opus sur le sujet, Le grand chemin de Compostelle est une superbe invitation à pousser les portes du vaste monde histoire « de se mettre en marche vers soi-même ». « […] passé la porte, le monde est beaucoup plus grand et beau qu’on nous le laisse croire. »
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Retours à Conques, sur les chemins de Compost..

A Santiago, j’y go !

Au creuset des rivières du Dourdou et de l’Ouche, depuis le modelé du terrain en forme de coquille émane le village sublimé de Conques qui aimante le cœur des pèlerins en chemin pour Compostelle. Le jacquet Jean-Claude Bourlès y déplie ses abattis, y repose son âme agnostique, y accroche ses rêveries. Ses voyages à Conques sont récurrents, ses amitiés fortes. C’est pourtant à pied, depuis Le Puy-en-Velay, empruntant la via podiensis, qu’il va écrire « Retours à Conques ». L’un des itinéraires majeurs du Camino francés n’est qu’un prétexte à la pérégrination vers la cité aveyronnaise. L’auteur va dérouler son carnet de route, égrenant les étapes, précisant les rencontres, émaillant le récit d’humeurs vagabondes et de digressions historiques. Le voyage décrit semble atemporel. Le lecteur, vivement appâté par la superbe mise en exergue de Giono : « Cette terre panique où je marchais… » reste toutefois sur sa faim, pressentant que le meilleur demeure à venir lorsque Jean-Claude Bourlès aura franchi le pas pour s’élancer vers Compostelle. Ses récits alors frissonneront autrement mais il ne faut pas bouder les apéritifs roboratifs : « Se dire que là où l’œil se perd et le sang s’affole, l‘esprit invente des repères : ne pas s’arrêter, ni à Conques ni ailleurs. […] Soumettre l’espace et le temps ; marcher vers Santiago ».
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Passants de Compostelle

« Des êtres de lumière »

Dans sa trilogie consacrée au camino où s’inscrit Passants de Compostelle, l’écrivain Jean-Claude Bourlès, jacquaire agnostique, retranscrit les paroles des pèlerins rencontrés en chemin et les témoignages des hospitaliers en les insérant avec fluidité et intelligence dans le déroulé du pèlerinage du Puy à Compostelle. Cherchant une réponse à la lancinante question : « Pour quelles raisons se trouve-t-on sur ce chemin-là ? », l’auteur rend compte de la multiplicité des réponses, toutes possédant un fragment d’une vérité protéiforme et insaisissable dans son ensemble. Naturellement chapitré en jalons jacquaires, « Le Puy-en-Velay » ; « Conques » ; « Moissac » ; « Navarrenx » ; « San Juan de Ortega » ; « O’Cebreiro », le passionnant récit s’empoigne avec l’histoire du pèlerinage qui s’insère dans la déambulation compostellane et s’enrichit des réflexions de l’auteur. L’écriture dense et pourtant légère où les mots ajustés pèsent leur poids de vérité, délivrent des phrases parfaitement ciselées, ramassées, signifiantes, émouvantes. Des témoignages essentiels (Raymonde Rodde, défricheuse de la via podiensis [voie du Puy] en Haute-Loire, Père Alain Thérondel, André, anonyme belge, etc.) avivent encore l’intérêt d’un livre profond et nourrissant, ancré dans son époque et pourtant atemporel comme en lévitation dans la « rude réalité à étreindre » : « Nous allons tous les trois, silencieux dans la sérénité des rues, escortés par le parfum des lilas et de la pierre chaude ».
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Frisson des départs

Un livre de photographies, accompagnées des textes autobiographiques sur le voyage de Jean-Claude Bourlès, et nous voilà embarqué dans un périple spirituel à travers les chemins de Compostelle entre autre.



De la Bretagne natale des deux auteurs en passant par l'Irlande, le Pays de Galles, le Mont-Saint-Michel, divers paysages français, l'Espagne et la Gallice, ils nous font découvrir des paysages et des territoires magnifiques.



Mais ce recueil photographique, c'est aussi l'occasion de traiter la question des départs. Pourquoi a-t-on besoin d'ailleurs ? Que cherche-t-on lorsque l'envie de quitter son chez-soi se fait sentir ? Autant de questions diverses très intéressantes, qui amènent une vraie réflexions spirituelles, presque philosophiques, autour du voyage.



Très beau livre, très belles photos, très beaux textes. Je vous le conseille sincèrement.
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Retours à Conques, sur les chemins de Compost..

C'est comme les bonnes sauces,les délayer ne donnent plus que de pales ersatz ! Aprés le"grand chemin de Compostelle" parcouru d'un certain souffle,ce titre accrocheur ne rèvèle qu'un chemin poussif qui se traine entre les ornières des redites : une France rurale qui se dèsertifie,un brin d'histoire (et encore si on résumait ce livre à un"guide de voyage" il serait minimaliste) sur les Templiers , on oublie même (heureusement) la bête du Gévaudan,quelques orages et surtout quelques pluies mais peu de rencontres humaines : bref une vaine tentative de remake d'un beau livre.
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Retours à Conques, sur les chemins de Compost..

Au cours de ma préparation à un périple à pied du Puy en Velay à Cahors, et même si 30 ans se sont écoulés depuis, ce livre joliment écrit m'a éclairé sur pleins de petites choses, une ambiance, un sentiment ou des impressions. En tout cas, il m'a permis de me plonger un peu plus dans ce projet.
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Passants de Compostelle

J'ai apprécié cette lecture, calme et tranquille, au gré des interrogations de l'auteur sur son propre chemin de Compostelle. Il profite d'un autre périple, accompagnée de sa femme, pour interroger les "passants de Compostelle" qu'il laisse parler de leur expérience, souvent riche et presque mystique. Qu'est-ce qui pousse donc tous ces pélerins ou marcheurs à se lancer sur le chemin ? Pourquoi Saint-Jacques de Compostelle attire-t-il autant de gens, si différents dans leurs motivations mais si proches lorsqu'ils arrivent enfin à Santiago ? Comment penser que de simple marcheur, on devient souvent pélerin ? Quelle est donc cette magie de Compostelle ?

On est bien en peine de répondre puisque chaque expérience est tout à fait personnelle, et résonne en chacun de façon unique. Le chemin est comme une parenthèse, un défi, un retour sur soi où l'on peut se redécouvrir, au rythme tranquille et scandé des pas sur la route.

Partir est un vrai défi, laisser toute une vie derrière soi, comme de simples oripeaux pour trouver un sens, lever les doutes et vivre - quelquefois douloureusement le quotidien des marcheurs - au plus proche de ses besoins essentiels : manger, marcher, dormir, réfléchir. Une expérience presque religieuse où l'on rencontre moins Dieu que soi-même pour certains, mais assez forte pour marquer durablement une vie. C'est un appel, quelque chose de mystérieux qui est à l'oeuvre. Au point que beaucoup repartent à nouveau sur le chemin.
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Frisson des départs

« Voir la lumière qui éclaire le monde ».

La tentation était forte, après avoir été happé par la lecture de la trilogie jacquaire de Jean-Claude Bourlès, de s’immerger dans « Le frisson des départs », œuvre conjuguée d’un écrivain et d’un photographe, le mot et l’image, en accord, à l’exemple d’une couverture frémissante où se dessine le vent dans la ramure échevelée d’un arbre solitaire. Yvon Boëlle sait habiter le monde et le faire vibrer dans son œuvre photographique. A chacune des régions et pays approchés, Bretagne, Irlande, Pays de Galles & Cornouailles, Mont Saint-Michel, France, Espagne, Galice, le photographe donne à lire une ou plusieurs feuilles de son carnet de route qui gagnent, à mesure, en profondeur, à l’exemple d’une rencontre évoquée au Montes de Leon ou encore lors de l’hommage rendu à la chanteuse lyrique Montserrat Figueras. Au mitan de ce beau livre, Boëlle et Bourlès convergent et pérégrinent chacun à leur manière jusqu’en Galice, un autre lieu où finit la terre (Cabo Fisterra en galicien). Jean-Claude Bourlès sait évoquer en une prose sobre et précise, retenue et vivante, son parcours de marcheur depuis les prémices lors du service militaire passé en Allemagne, dans la Forêt Noire, puis à travers des lectures, des conversations et la découverte de Conques et enfin le grand départ étoilé vers Compostelle. Un esprit celte lie les parcours, les pensées, les territoires. Le livre est émouvant quand il évoque l’allant des départs à son début et la retraite, l’âge venu, en toute fin de volume mais les textes et les photographies sont sertis entre deux joyaux mis en exergue, l’extrait du poème de Xavier Grall qui donne le titre du livre et une vieille chanson inuit : « seule une chose compte:/ Vivre pour voir se lever l’aube,/Voir la lumière qui éclaire le monde ».
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Le jour où Prosper Mérimée m'invita à sa table

Une nouvelle traitant de la venue de Prosper Merimée, archéologue Inspecteur Général des Monuments historiques, qui se déplace à travers l’Aveyron pour vérifier l’état de l’Abbatiale de Conques, l’église de Perse à Espalion en Aveyron…. L’auteur m’a transporté à l’époque de Monsieur Merimée et j’ai été complètement envoûté par cette rencontre, moi qui ai la chance de résider dans cette région.
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Le Grand Chemin de Compostelle

Bien qu'écrit il y a plusieurs années, ce livre m'a plongé au sein du chemin de Saint Jacques, décrivant sans ambages ce que l’auteur a vécu et éprouvé.

On remet alors en perspective ce qu'on a pu voir dans de magnifiques livres et le quotidien de ce pélerinage, loin de la ballade bucolique.
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Passants de Compostelle

c'est comme pour les sauces, quand on les dilue elles ne sont plus que de pales ersatz ! Aprés le"grand chemin de Compostelle" parcouru d'un certain souffle , ce retour sur le chemin de grande randonnée me semble poussif,sans intêret même sur le plan "guide de voyage" on a vu mieux et plus étoffé ; on se lasse dés le départ,ce chemin se traine entre quelques relais anciens qui cherchent désespèrément l'exotisme d'une france rurale mainte fois décrite dans sa désertification.
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