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Critiques de Jean Favier (58)
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Louis XI

Un fils de roi qui attend son heure en rongeant son frein peut-il aimer son père qui n'entend pas lâcher une parcelle de son pouvoir ? Ce qui est arrivé au futur Charles V, lieutenant du roi puis régent, en l'absence de son père Jean II le Bon captif des Anglais, un père empêché qui n'entendait pas néanmoins que son fils qui avait pourtant à faire face à la révolte d'une bourgeoisie en colère fît cavalier seul, le futur Louis XI l'a connu plus encore face à son père Charles VII, mais dans des circonstances qui ne furent pas les mêmes. D'abord, grâce à l'intelligence politique de Charles VII, les Anglais avaient été mis hors du royaume de France sauf à Calais (Jeanne d'Arc n'ayant fait elle que les stopper sur la Loire), et notre pays retrouvait la paix. Ce retour à la normale ne plaisait cependant pas à tout le monde et de grands seigneurs qui avaient tenté de se soulever contre le roi et avaient cherché à embrigader dans leur rébellion appelée Praguerie le jeune Dauphin Louis, qui ne savait pas prendre son mal en patience et espérait jouer un rôle par tous les moyens, fatigué qu'il était d'attendre que son père voulût bien lui céder la place.

Dans les sept premiers chapitres de son portrait de Louis XI, Jean Favier analyse dans le détail cette situation et revisite les rapports entre le père et le fils.

Après la Praguerie, Charles VII, comprenant qu'il n'avait aucun intérêt à laisser l'impatient Louis croupir dans l'inaction, l'investit de missions de confiance assez importantes - notamment sur l'échiquier alsacien et suisse où le Dauphin apprit beaucoup de choses, notamment à voir combien on pouvait gagner à laisser se battre les autres - mais en veillant toutefois à ne pas laisser cet ambitieux marcher sur ses plates-bandes.

Plus décidé que jamais à montrer de quoi il était capable, Louis finit par se replier dans son Dauphiné en affichant son intention d'y gouverner seul avec des hommes dévoués à sa cause (et normalement cela aurait dû se passer ainsi puisque le Dauphiné était la terre du Dauphin et n'appartenait pas au roi). Mais Charles VII ne supporta pas ce mouvement d'indépendance et voyant que son fils n'entendait lui rendre aucun compte, il fit intervenir son armée pour punir le récalcitrant et lui confisquer la terre qui lui revenait. Louis fut obligé de demander refuge au duc de Bourgogne, Philippe le Bon, dont il devint un obligé. Notons que l'opposition entre le fils et le père fit une victime importante : Jacques Coeur l'argentier du roi Charles qui, apportant secrètement son aide au Dauphin (il ne fallait pas insulter l'avenir), fut démasqué et obligé de s'exiler sur une île méditérannéenne en laissant derrière lui une partie de sa fortune qui était considérable.

Louis attendit que son père, qui eut un long règne, trépassât, et sitôt ce dernier mort, il rentra en France avec la ferme volonté de prendre sa revanche : il écarta sans aucun ménagement et sans aucune délicatesse beaucoup des collaborateurs de son père, qui étaient restés fidèles à ce dernier, ne garda que ceux qui pouvaient encore lui servir et plaça un peu partout aux commandes des gens qui le suivaient depuis longtemps.

Il montra là un esprit plutôt étroit et ne sut même pas reconnaître tout ce qu'il devait à son père : des finances rétablies, une unité territoriale reconstituée, une prospérité économique en train de revenir.

Cependant, après son sacre à Reims, il fit dans Paris une entrée qui lui montra que l'influence du duc de Bourgogne y était plus présente et comptait davantage que l'arrivée d'un roi dans la capitale de son royaume. Il continuait de faire son apprentissage et cela lui désignait, d'entrée de jeu, ceux avec qui il allait avoir par la suite à se mesurer, notamment le comte de Charolais, fils de Philippe le Bon, celui que l'Histoire connaît sous le nom de Charles le Téméraire.

Jean Favier a fait là un travail remarquable, qui se poursuit sur sept cents pages, où tout le règne de Louis XI nous est décrit par le menu.





François Sarindar, auteur de Charles V le Sage, Dauphin, duc et régent (2019)

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Les palais de l'Histoire

Lourde tâche laissée par l'historien Jean Favier à ses enfants - qui s'en sont bien sortis - que de leur confier ses mémoires, son journal et ses papiers personnels avec mission de publier ou pas des passages choisis par leurs soins après sa mort, survenue le 12 août 2014. La difficulté était d'autant plus grande qu'une partie de cet ensemble avait disparu et que d'autres extraits étaient destinés à rester confidentiels parce qu'ils auraient pu gêner certaines personnes encore en vie (la prudence dans ce cas s'impose en effet).

Mais, insistons-y, les héritiers de Jean Favier ont fait du beau travail.

Grâce à eux, nous avons en partage, ce livre publié post mortem, qui aurait pu s'intituler Palais de la Mémoire, selon le souhait premier de l'auteur, mais qui a pris finalement le titre bien trouvé de : Les palais de l'Histoire.

L'archiviste de formation qu'était Jean Favier nous a donc livré une partie substantielle des archives de sa propre vie, publique et privée, de son enfance jusqu'à sa mort.

On se souvient qu'il fut chartiste par goût du Moyen-Âge - l'École des Chartes était le repaire de passionnés du Moyen-Âge -, avant de devenir professeur de lycée à Orléans puis professeur d'université (de Rennes à la Sorbonne, en passant par Rouen), directeur des Archives de France (1975-1994) et des Archives nationales, et enfin président de la Bibliothèque nationale de France, de 1994 à 1997. Cela entre autres choses, ce qui montre la place qu'il put tenir dans la politique culturelle de notre pays. On se souvient aussi qu'il fut membre de l'Académie des Inscrptions et Belles-Lettres à partir de 1985, ce qui lui offrit également la chance de devenir le conservateur du château de Langeais.

Il a, de par ses multiples fonctions, approché beaucoup d'hommes et femmes politiques et il est, pour une part, à l'origine de la loi sur les archives votée en 1979, sous Valéry Giscard d'Estaing.

Il eut cependant, au milieu de toutes ces activités, le temps et le bonheur d'écrire.

On lui doit, en effet, quantité d'ouvrages sur le Moyen-Âge, et des portraits impériaux et royaux, de Charlemagne à Louis XI, en n'oubliant pas son travail sur Philippe le Bel.

C'est avec la même minutie et le souci du détail qui importe qu'il aborde ses souvenirs personnels, et l'on suit avec plaisir son parcours familial, estudiantin, littéraire, son goût pour la musique, etc. Au passage, Jean Favier nous rapporte quantité d'anecdotes, toutes plus éclairantes les unes que les autres, amusantes ou pas, car ses joies ont été grandes et les difficultés rencontrées aussi, qui ne nous sont pas épargnées.

L'ensemble est écrit avec précision et franchise, et l'on reconnaît chez son auteur l'honnête homme qu'il fut toujours.



François Sarindar, auteur de : Jeanne d'Arc, une mission inachevée (2015)

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Louis XI

Exceptionnel ! Pourquoi ?

Parce qu'on a ici "l'âme humaine", comme dirait Stefan Zweig, de tout le XV è siècle français, du moins de ses hommes qui ont fait l'Histoire.

.

Il s'agit surtout du combat de deux hommes. Louis XI, c'est pour moi Louis de Funès, et Charles le Téméraire pourrait être Gérard Depardieu avec une coupe au bol, comme à l'époque.

Mais voici...

Il était une fois un roi, timide au départ, qui a eu un fils vigoureux assez tôt. Ce roi, Charles VII avait un père, Charles VI, qui a dû laisser la régence à sa mère, Isabeau. Celle-ci n'était pas française, et ne saisissait pas l'enjeu de son rôle. Elle préféra faire la fête.Elle laissa les Armagnacs et les Bourguignons s'entre tuer : ce fut la maudite guerre civile. Henry V d'Angleterre en profita et s'associa aux Bourguignons pour reconquérir les territoires de Richard Cœur de Lion. Malgré des assassinats d'importance, Isabeau continua à laisser faire, déshérita même son fils Charles au profit du jeune roi Henry VI, qu'on s'empressa de mettre sur le trône à Paris.

Déshériter son propre fils ! C'est traumatisant, j'en sais quelque chose...

Charles VII, puisqu'il s'agit de lui, « le petit roi de Bourges », resta sans réaction jusqu'à environ 1435. La courageuse Jeanne D'Arc prit les choses en main, fit oindre Charles de la Sainte Ampoule à Reims : Charles était officiellement roi. Il y avait deux rois de France !

Après le sacrifice de Jeanne, Charles se transforma, prit conscience de son immense tâche...

La reconquête de la France !

Il devint un autre roi ; il devint « Charles le victorieux » ! Il repris Paris en 1436, et les victoires sur l'Anglais s'enchaînèrent.

Mais les Grands, toujours eux, reprirent leurs sales manies de conspirations, et entraînèrent le dauphin Louis avec eux ! Ce fut la Praguerie en 1445.

Les conspirations, complots, conjurations, Louis y prit goût, il avait 22 ans, il voulait être roi à la place du roi ! Et d'abord, il y avait cette Agnès Sorel, qu'est ce qu'elle faisait là, à côté du roi ; elle n'était pas sa mère ! L'épisode de la poursuite d'Agnès par Louis, sabre au clair dans le château, est raconté, romancé, dans mon livre, Panurge.

C'en était trop ! Vouloir assassiner la favorite ! Louis était un rebelle, un révolté : son père chassa le Dauphin dans le Dauphiné ! Se morfondant, le futur Louis XI s'amusa à gouverner le Dauphiné, et commença à tisser sa toile d'araignée, disent les mauvaises langues, à entretenir des relations, dirions nous aujourd'hui, notamment avec les Milanais....

Je vous laisse découvrir son caractère presque sympathique, puisque, comme De Gaulle plus tard, il avait « une certaine idée de la France », caractère finement analysé par Jean Favier, et, entre autres, son combat rusé contre Charles le Téméraire, qu'il a connu jeune, puisque son père, perdant patience, et voulant le ramener auprès de lui, Louis demanda asile à Philippe le Bon, le Grand Duc d'Occident, le duc bourguignon, père du futur Charles le Téméraire...



« Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage » aurait pu être la devise de Louis XI.
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Philippe le Bel

Philippe IV le Bel (1268-1314), c'est le roi de l'argent, dès son accession au trône en 1285. Marié à Jeanne de Navarre, il accroît son royaume de la Champagne et de la Navarre. Et immédiatement, il cherche les moyens de renflouer sans cesse ses caisses, car les dépenses qu'il engage sont énormes. Et, très vite, il trouve de puissants soutiens auprès des banquiers toscans Albizzo (familièrement appelé Biccio ou Biche) et Musciato (ou Mouche) Guidi Dei Franzesi, qui lui consentent un prêt de deux cent mille livres en 1294. Ces derniers siègent même à son conseil, ils l'aident à réclamer aux villes et aux Juifs des contributions fiscales "extraordinaires" et lui soufflent en 1295 l'idée de retirer au puissant ordre des Templiers le contrôle du Trésor royal et de le confier à ses propres agents et officiers. L'influence de Biche et de Mouche va aller en grandissant. Quand Philippe se lance dans un vaste programme d'imposition du clergé et quand le pape Boniface VIII s'insurge contre cette politique en brandissant une menace d'excommunication, Biche et Mouche poussent Philippe à réagir très vite et à faire peur au souverain pontife en faisant intervenir des hommes en armes chez ce dernier, à Anagni, le 7 septembre 1303. De même, quand le roi part faire la guerre en Flandre en 1302, et qu'il est battu à Courtrai, les deux hommes trouvent rapidement les moyens de préparer de nouvelles opérations et ce sera le demi-succès de Mons-en-Pévèle en 1304 et un traité qui permettra au roi de France de se donner comme gagnant de cette deuxième entreprise militaire contre les Flamands. Le 22 juin 1306, c'est sur les conseils de Biche et de Mouche que des milliers de Juifs sont expulsés du royaume et que leurs biens sont spoliés. Biche et Mouche auraient fait faillite la même année, et Philippe le Bel n'aurait pas levé le petit doigt pour eux, mais ils auraient très vite été remplacés dans la confiance du roi par les Peruzzi. Vient ensuite le tour des Templiers, qui sont arrêtés dans leurs commanderies, le 13 octobre 1307, sur un ordre transmis aux sénéchaux et aux baillis. Les chevaliers du Temple étaient les rivaux des banquiers et marchands toscans et lombards sur les places financières de l'époque. Les biens des Templiers sont mis sous séquestre puis cédés aux Hospitaliers, mais cette opération n'empêche pas le roi de s'attribuer une part du gâteau, et l'on dit parfois que le roi aurait réussi à détourner à son profit une somme de deux cent mille livres avant l'exécution des principaux dignitaires de l'Ordre en 1314. En 1309, les Lombards, à qui le roi doit des sommes colossales mais qui n'a pas les moyens de rembourser sa dette, sont chassés de France à leur tour, avec confiscation de leurs biens. Tout était bon, on le voit, pour se faire de l'argent.

Une autre manière de financer les projets de Philippe le Bel fut de jouer sur le poids et la valeur des monnaies, en faussant la teneur en métal précieux, en introduisant de nouvelles espèces, en dévaluant les monnaies en circulation.

Philippe fit flèche de tout bois pour arriver aux résultats qu'il se fixait et faire rentrer le plus d'argent possible.

Pourquoi croit-on qu'il s'entoura de légistes comme Marigny, Nogaret et Plaisians, et aussi de banquiers qui pénétrèrent jusque dans son conseil ?

L'argent est bien la clé d'explication de l'action de Philippe le Bel et de compréhension du personnage. Et c'est bien sous cet angle que Jean Favier a conduit tout son travail, qui ne pouvait pas qu'être une biographie ordinaire. Il faut prendre le temps de lire cet ouvrage pour prendre la mesure de son importance.

François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)

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Philippe le Bel

Autant Jean Favier sort désormais beaucoup de livres trop vite bâclés, autant il fut un temps où il publiait de magnifiques biographies historiques, et celle de Philippe IV le Bel en fait largement partie !

Une vraie biographie historique avec des problématiques à la fois concrètes et quotidiennes, mais aussi sociologiques et politiques, une vraie biographie historique comme on en fait désormais trop peu (Thierry Camous pour Romulus peut-être, mais cela devient rare), voilà ce qu'est le Philippe le Bel de Jean Favier. Sur le plan contextuel et purement événementiel, on ne peut pas changer grand-chose dans une telle œuvre puisque tous les faits majeurs sont connus depuis des lustres (et cela rend évidemment cet ouvrage toujours d'actualité du coup, mais cela limite les choses à critiquer ici), en revanche c'est l'analyse qui accompagne le flot de la narration qui désigne si une biographie historique l'est bien ou non. Là, Jean Favier montre bien qu'il est un des plus grands historiens de son temps, au moins par moments, puisqu'il nous démontre, si besoin était (et ces temps-ci il l'est), que son analyse historique est à la pointe de la recherche française.

Un exemple en la matière selon moi !
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Histoire de France, tome 2 : Le temps des p..

Une approche fouillée et méticuleuse de la période comme seul le travail documentaire et de recherches d'un historien de métier peut en produire.



Jean Favier réussit à proposer une initiation sans pour autant vulgariser. Cependant je pense qu'il faut déjà avoir une bonne connaissance générale du Moyen Âge ou être animé par l'envie d'apprendre pour vraiment apprécier ce qui pourrait passer pour un manuel universitaire un peu fastidieux.



Favier ne raconte pas une histoire, il ne narre pas un récit ; il fait l'histoire, il l'explique, il l'argumente, il la présente comme une équation partiellement résolue dont certaines inconnues ne le sont plus grâce aux recherches, aux sources historiques et à l'archéologie mais où demeurent tout de même des zones d'ombre.



Pour le féru d'histoire médiévale, c'est passionnant de mieux comprendre comment la déforestation, l'émergence des villes, l'organisation et la montée en puissance de la bourgeoisie, le morcellement du pouvoir, le système féodal et l'omnipotence des grands feudataires ont façonné décennie après décennie, siècle après siècle, le royaume de France.
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La guerre de Cent Ans

La guerre de Cent Ans, c'est d'abord le chef d'œuvre de Jean Favier, archiviste paléographe, docteur et agrégé d'histoire, professeur à la Sorbonne, puis directeur général des archives de France. Ce n'est pas rien.



Si Jean Favier est internationalement reconnu comme un historien éminent, c'est aussi parce qu'il a su faire sa part des innovations historiographiques toutes récentes, françaises et étrangères, autant qu'il a fait sa place à l'ancienne manière.



Son intérêt pour le temps long ne l'empêche pas de s'intéresser à l'horizon générationnel. Son souci de l'évènementiel ne lui fait pas perdre de vue les forces profondes. Il fait de l'histoire diplomatique mais aussi de l'histoire des relations internationales. Il est "historien-bataille" dans son intérêt pour la tactique et par la place importante qu'il apporte aux dits affrontements, mais il étudie aussi la stratégie et l'histoire des techniques. Loin de considérer une bataille ou le sacre d'un roi comme des "épiphénomènes", il s'intéresse pourtant de près à l'opinion publique, aux mentalités, à la démographie. Il insiste tout autant sur la complexité du système féodal que sur le prix des légumes et le montant des loyers.



Point important au vu du sujet, il donne toute sa vraie place, non seulement aux épidémies et aux "révolutions" parisiennes, mais remet aussi en perspective certaines idées reçues profondément ancrées, y compris chez les historiens, à propos de Jeanne d'Arc, de la construction de l'État et surtout de celle de la nation française.



Une fois ceci posé, et pour les moins fascinés par l'Histoire avec un grand H, de France ou d'ailleurs, il n'en reste pas moins que ce livre est un véritable tourne-pages, extrêmement bien-écrit (excessivement, dirons ceux pour qui l'Histoire doit être mal écrite pour être sérieuse et crédible), et on se prend au jeu, on lit cette guerre de Cent Ans comme un véritable roman à la Frank Herbert. Dune n'a certainement rien à lui envier...



Or le rôle premier de l'historien n'est-il pas de redonner au passé une substance et une vie qui nous le rend palpable, et qui sans trahison le rapproche de nous ?

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Le roi René

Jean Favier a trouvé intéressant de faire la biographie de René Ier d'Anjou (1409-1480), ce prince fastueux du Moyen Âge finissant et cet homme politique aux ambitions souvent déçues, amoureux des arts et des lettres, grand mécène, passé dans l'Histoire sous le qualificatif de "Bon roi René".

Fils de Louis d'Anjou et de Yolande d'Aragon, il épousa en 1420 la fille du duc Charles II de Lorraine, Isabelle, en 1420. Il devait devenir duc de Bar, parce qu'il était, par sa mère, le petit-fils de Yolande de Bar, et il fut préparé par son grand-oncle, le cardinal Louis de Bar, tenant du titre, à ses futures fonctions. Comme tout ce petit monde, il devait se déclarer du parti du duc de Bourgogne, tout en agissant officieusement dans l'intérêt de la famille d'Anjou. Jean Favier montre qu'il lui fut difficile de se défaire de l'alliance anglo-bourguignonne. Favier maintient cependant la fiction de la présence de René au sacre de Charles VII à Reims, le 17 juillet 1429. Cela paraît improbable : il n'allait quitter son campement au milieu de l'armée de Charles de Lorraine, qui faisait alors le siège de Metz, que le 20 juillet. Et ce n'est que le 3 août qu'il écrivit au régent Bedford pour lui faire savoir qu'il se considérait comme "libre de tout engagement" à son égard. Il rejoignit Charles VII a Provins entre le 2 et le 5 août, et il l'accompagne durant la campagne de l'Oise et le siège de Paris. Il fut le porteur de l'ordre royal intimant à la Pucelle de cesser les opérations devant les murs de la capitale en septembre 1429. Son intérêt fut d'essayer de se remettre en bons termes avec Philippe le Bon, mais ce dernier s'en méfia et lui suscita un rival pour le duché de Lorraine après la mort de Charles de Lorraine, et ce fut Antoine de Vaudémont qui devait battre René à Bulgneville.

Aida-t-il Jeanne la Pucelle en 1429 à gagner la cour du roi à Chinon. On n'en a pas la preuve directe, mais il dut probablement servir d'informateur auprès de sa mère, Yolande d'Aragon, qui se trouvait être la belle-mère de Charles VII. Et c'est un écuyer de sa maison, Jean Dieulouard, qui se trouva parmi le groupe des six hommes chargés par Robert de Baudricourt, le 23 février 1429, de mener Jeanne auprès du "Dauphin".

Il succéda à Louis III, son frère, en 1438, comme roi de Naples, mais fut détrôné en 1442 par Alphonse d'Aragon. Il eut encore la déconvenue de se voir retirer le gouvernement de l'Anjou par Louis XI en 1473.

Il termina sa vie en Provence, partageant son temps entre Aix et Tarascon, à partir de 1471. On lui doit le Cuer d'amour épris, ouvrage magnifiquement illustré, qui reste l'un des plus beaux de la fin du Moyen Âge.

François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)



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La guerre de Cent Ans

Qui mieux que Jean Favier, longtemps aux commandes des Archives de France, pouvait nous donner cette Guerre de Cent Ans (1337-1453), sujet qui n'avait pas été traité avec la même ampleur de vue depuis des décennies ? Longtemps, ce fut Édouard Perroy qui fit autorité. Puis, en 1980, Fayard qui avait déjà publié le Philippe le Bel de Favier, combla les lecteurs passionnés par le Moyen Age avec ce nouvel ouvrage. La Guerre de Cent Ans de Favier n'est pas que le récit d'une guerre. Derrière ce conflit, qui a des racines lointaines et qui semble démarrer comme un simple conflit féodal entre un roi d'Angleterre qui prête hommage au roi de France pour ses possessions continentales de Guyenne et un roi de France trop heureux de voir un autre roi prêter un serment devant lui, il y a autre chose qui se joue, et cela conduira un siècle plus tard les deux pays à séparer nettement leurs destinées propres. Dans les troisième et quatrième décennies du XIVe siècle, les souverains d'Angleterre et de France n'étaient pas des rois ordinaires : le premier, Édouard III, parce que petit-fils de Philippe IV le Bel par sa mère, devenue épouse du roi d'Angleterre Édouard II, se permit de changer la donne et se promit de défier un jour ou l'autre le roi de France en titre ; le second, Philippe VI de Valois, parce qu'en 1328, la lignée des Capétiens directs s'était éteinte, avait accédé au trône de France alors qu'il n'était que le fils de l'un des frères de Philippe IV le Bel, et cette situation inédite pouvait justement faire naître les prétentions de deux autres personnages, Édouard III d'Angleterre et Charles le Mauvais roi de Navarre. Le seul hic pour ces derniers était que la France exigeait de ses monarques qu'ils fussent en mesure de récupérer cet héritage non par la descendante féminine d'un roi mais seulement par voie masculine. Désormais, seule la solution armée permettait de régler ces différends ou tout au moins de bouleverser le jeu. Et, pour l'heure, c'était Édouard III qui avait le plus d'atouts dans sa manche. Il avait fait celui qui voulait empêcher les ateliers de tissage flamands de recevoir la laine des moutons anglais, matière première pour faire du drap et des vêtements. Il espérait ainsi entraîner les Flamands à se révolter contre leur duc, qui tenait pour le parti français, au motif que le roi d'Angleterre était mécontent du roi de France, comme ils l'étaient eux aussi. La combine marcha à merveille. Et ce n'est pas un hasard si le premier grand engagement du conflit, une bataille navale, eut lieu à L'Ecluse (Sluys), dans l'estuaire de l'Escaut, en 1340.



Cette défaite française sera suivie par bien d'autres : Crécy en 1346, où l'armée de Philippe VI fut humiliée, et Poitiers-Maupertuis en 1356, où le nouveau roi Valois, Jean II le Bon, fut fait prisonnier par le fils d'Edouard III, le Prince de Galles, appelé le Prince Noir. Un règne de sagesse sembla effacer tous ces désastres : Charles V, tirant les leçons des échecs de son grand-père et de son père, refusa d'engager le combat en terrain découvert avec les armées du roi d'Angleterre et de ses lieutenants et préféra, avec l'aide de son connétable breton Bertrand du Guesclin, reprendre ville après ville et château après château toutes les places que les Anglais avaient conquises ou qu'ils conservaient en France, à l'exception de Calais et de Bordeaux.



A la mort de Charles V, qui avait su aussi désamorcer un début d'insurrection bourgeoise dans la capitale avant même de monter sur le trône (révolte conduite par le prévôt des marchands, Étienne Marcel, qui voulait un contrôle rigoureux de l'emploi des fonds collectés par voie d'impôt pour que la royauté obtînt de meilleurs résultats sur le plan militaire que tout ce à quoi on avait pu assister), le royaume semblait pouvoir repartir d'un bon pied.

Mais le nouveau souverain, Charles VI, commit l'erreur d'inaugurer son règne en allant se battre contre les Flamands : ceux-ci conçurent contre les Français une haine qui n'allait pas s'éteindre de sitôt. Puis après de longues trêves avec les Anglais, l'arrivée d'un nouveau venu ambitieux, un membre de la famille des Lancastre, sur le trône d'Angleterre, connu sous le nom d'Henry V, nous valut la réouverture des hostilités et un nouveau désastre militaire à Azincourt (25 octobre 1415). Tout cela sur fond de querelle de plus en plus envenimée entre le duc d'Orléans, Louis, et le duc de Bourgogne, Jean Sans Peur, qui fit assassiner son rival en novembre 1407. Immédiatement, le comte d'Armagnac releva le gant au nom du duc lâchement abattu par une troupe de sicaires. Cette lutte acharnée se déroulait autour de la personne du roi Charles VI, qui avait par moments des accès de folie, et chacun, Armagnac ou Bourgogne jouait à etre son protecteur. Le roi d'Angleterre s'était engouffré dans cette brèche pour battre les Français et leur imposer les dures conditions du traité de Troyes (1420) : le fils de Charles VI et d'Isabeau de Bavière, le Dauphin, était déshérité, Henry V épousait la fille du roi de France et il devait devenir le successeur de ce dernier à la mort de Charles VI. Henry V décéda peu avant Charles VI, mais cela n'empêcha pas Bedford, frère du défunt anglais, de gouverner en tant que régent, dans l'esprit du traité de Troyes, en attendant le couronnement et la majorité politique d'Henry VI, fils d'Henry V et de Catherine de France.



Et c'est alors que Jeanne la Pucelle vint secourir le dauphin Charles, qui vivait sur les bords de la Loire et de la Vienne, et qui se voyait menacé dans son royaume de Bourges par l'arrivée d'une armée anglaise sous les murs d'Orléans. Jeanne écarta cette menace en mai 1429 et mena Charles jusqu'au lieu de son sacre, Reims, où il fut couronné le 17 juillet de la même année.

C'est ensuite que les chemins de Jeanne et de Charles divergèrent : il voulait effacer une faute politique, le meurtre du duc de Bourgogne, Jean Sans Peur, sur le pont de Montereau, un événement survenu dix ans plus tôt et auquel il avait assisté, et il cherchait à se réconcilier avec le fils de Jean Sans Peur, Philippe le Bon. Jeanne ne comprenait rien à tout cela, elle voulait d'abord vaincre les Anglais et les Bourguignons, devenus provisoirement des alliés, et elle cherchait à leur reprendre Paris, tentative qui échoua en septembre 1429. Faite prisonnière par Jean de Luxembourg à Margny en mai 1430, alors qu'elle tentait de venir en aide à la ville de Compiègne que le duc de Bourgogne voulait assiéger, elle sera un peu plus tard livrée aux Anglais, et envoyée à Rouen, où ceux-ci avaient installé le centre de leur pouvoir en France, pour la faire juger par un tribunal ecclésiastique afin qu'elle fût condamnée comme hérétique et sorcière, elle qui se disait prophétesse et bénéficiaire de l'audition de voix célestes et qu'elle fût brulée sur un bûcher, ce qui lui arriva en mai 1431.



Charles VII trouva toutes les solutions pour tirer le royaume de la situation catastrophique dans laquelle il s'était trouvé : payante, une fois de mauvais conseillers comme La Trémoïlle écartés, sa stratégie de paix avec les Bourguignons conduisit au traite d'Arras en 1435, à la reprise de Paris en 1436 puis à la reconquête de la Normandie (reprise de Rouen en 1449, puis victoire de Formigny remportée par le peu aimé mais indispensable connétable breton Arthur de Richemont), et enfin à l'entrée en Aquitaine, à la reprise de Bordeaux et à la victoire décisive de Castillon en 1453, tout cela étant rendu possible par la création de forces militaires permanentes (au lieu de ne compter que sur les levées du ban seigneurial) et par une véritable reforme fiscale pérennisant les levées d'aides.

La guerre de Cent Ans était enfin achevée sur le plan militaire. Il fallut plus de temps pour récupérer Calais, qui pouvait toujours servir de tête de pont aux Anglais ou de point d'appui pour réembarquer s'ils tentaient de revenir. Mais, trop occupés par leurs affaires intérieures et la guerre fratricide des Deux Roses, qui opposa York et Lancastre, les espoirs de reprendre les hostilités sur le sol francais finirent par s'évanouir.

C'est tout cela que nous conta avec brio Jean Favier, disparu en août 2014.

François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)
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François Villon

Découvrir un ouvrage de Jean Favier c'est l'assurance d'entrer dans l'Histoire, d'en suivre tous les méandres, d'en appréhender aisément tous les aspects.

Et ce livre consacré au grand poète écrivain Jean Villon ne déroge pas à cette certitude.

Il est un véritable livre d'Histoire, complet, accessible, érudit et passionnant.

Jean Favier est un formidable médiéviste, son ouvrage "le temps des principautés", deuxième tome d'une histoire de France complète parue sous sa direction, est une référence.

François de Montcorbier dit Villon obtient trois jours pour quitter Paris le 5 janvier 1463. Naguère condamné à la corde pour avoir trempé dans une méchante affaire de coup de couteau, il disparaît alors et entre dans la légende.

Il est banni pour dix ans mais lorsqu'un libraire parisien, en 1489, publie "le grand testament Villon et le petit, son codicille, le jargon et ses balades", plus personne ne se souvient avoir connu ce poète déjà fameux.

S'il vivait encore, Villon aurait à peine 60 ans.

Jean Favier entame le récit de la vie de François "Villon" de Montcorbier et il a, pour cela, interrogé nombre de témoins de l'époque, à travers des milliers de pages d'écriture médiévale, des pages de prose, du style de juristes, de marchands et de financiers.

Je suis François, dont il me poise,

Né de Paris emprès Pontoise...

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Pierre Cauchon : Comment on devient le juge..

Quand Régine Pernoud avait récupéré Jeanne d'Arc presque pour elle seule, Jean Favier n'avait pas pipé mot ; il s'était juste contenté de faire entendre quelques bémols au sujet de la Pucelle dans sa Guerre de Cent Ans sans se départir d'un certain respect et d'une certaine admiration pour la jeune fille. Il vit Régine Pernoud déchirer à belles dents le Charles VII et son mystère de Philippe Erlanger et préféra éviter de trop parler de Jeanne, comme si ce personnage le gênait un peu, non en lui-même mais pour ce qu'on en faisait. Est-ce cette stratégie de l'évitement qui lui fait consacrer à Pierre Cauchon, le juge de Jeanne, cette splendide biographie et analyse du positionnement politique de cet homme, qui n'était pas un traître à la France mais un loyal partisan de la solution de la réunion des deux couronnes de France et d'Angleterre sur la tête du roi Henry VI de Lancastre, choisi par la reine Isabeau de Bavière, Charles VI et Henry V, choix que le frère de ce dernier, Bedford voulut faire respecter avec le consentement d'hommes comme l'évêque de Beauvais ? Tout ou presque pouvait se justifier au nom de la paix proposée par l'envahisseur anglais très content de trouver des alliés dans la place.

On le voit se former comme l'ont été les maîtres en théologie de l'université de Paris, qui devaient beaucoup au duc de Bourgogne et à leurs alliés anglais. Jean Favier écrit à cette occasion quelques-une de ses pages les plus érudites.

Ne soyons pas trop sévères avec Cauchon et les gens qui lui ressemblèrent, d'autant que le recul historique peut nous permettre d'être moins passionnés.



Cela dit, le face-à-face entre Cauchon et Jeanne révèle un homme qui n'hésite pas à recourir aux moyens les moins scrupuleux pour amener Jeanne à faire le reniement du cimetière Saint-Ouen à Rouen et faire semblant de la sauver puis lui tendre avec d'autres le piège qui la conduira à être condamnée comme relapse ; en effet, l'affirmation qu'elle avait réentendu ses voix et la reprise de l'habit d'homme mènerent Jeanne tout droit au bûcher. Ici, comment ne pas rendre les armes devant cette jeune fille morte avec pour seule protection et comme seul linceul sa foi inébranlable.

Jean Favier lui a donc rendu un bel hommage, sans emphase.



Cauchon ne fut pas récompensé par les Anglais comme il l'espérait : il n'obtint pas l'archevêché de Rouen qu'il sembla convoiter un moment, et ne réussit à avoir que le siège épiscopal de Lisieux, maigre consolation.



Jean Favier ne lui cherche pas d'excuse : il explique les choses, les choix et les situations, et cela sans jugement préconçu.

Un travail d'historien objectif, autant que cela est possible.

François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)

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Histoire de France - Notre siècle : De 1918 à 1..

Cet ouvrage qui, il est vrai, a déjà 25 ans (le XXème siècle n'est plus "Notre Siècle", comme s'intitulait l'ouvrage au départ...), est un pavé de plus de mille pages, mais une référence de l'Histoire contemporaine, que j'ai d'abord étudié par morceaux avant de relire intégralement.

Chapitre après chapitre, La collaboration de Jean-François Sirinelli et de René Rémond permet de resituer les événements majeurs de notre temps dans son contexte culturel (la spécialité de J.F. Sirinelli), politique, intellectuel et religieux (celle de R. Rémond).

René Rémond use, dans un style concret et direct, de grilles de lecture qui fixent l'esprit autour de couples de concepts : unité et diversité, rupture et continuité... cela permet de mieux comprendre les événements, comment ils s'enchaînent... bien loin de l'apprentissage par coeur de mes années collège et lycée, mais pas non plus sur le modèle parfois trop désincarné de certains auteurs de l'Ecole des Annales. Cela reste donc agréable à lire.



A sa première parution en 1988, Le Monde commentait "l'histoire proche est la plus difficile de toutes, menacée à la fois d'étouffer sous le poids des documents et de dévier sous l'aiguillon de la mémoire. René Rémond échappe à ce double danger dans Notre siècle, son nouveau livre dont les mille et quelques pages se lisent aisément. (...) L'association d'un maitre spécialiste en politique et d'un disciple tourné vers la culture permet de dérouler l'évolution de la littérature, du théâtre, de la peinture, de la musique, du cinéma, en contrepoint de celle des gouvernements, des partis et des institutions. On regrette un peu que celles de la vie privée et de l'économie ne bénéficient pas du même traitement, leur dispersion au gré des débats et des crises rendant assez difficile d'en discerner les lignes générales. (je partage ce point de vue : d'autres ouvrages sont bien meilleurs sur le plan de l'Histoire économique)

Avant tout, ce livre remet en ordre un passé flou dans le souvenir ou troublé par des préjugés. Il touche à son apogée dans le tableau du régime de Vichy (même si sur ce point, Paxton reste la référence) .

La Troisième République et le centre droit au pouvoir bénéficient de rectifications d'éclairage. La Quatrième République aussi, et la gauche de l'époque, en la personne de Guy Mollet.

Sous la Cinquième République, le centre droit est à nouveau le principal avantagé du révisionnisme de l'ouvrage : l'importance rénovatrice des premières années du septennat de Valéry Giscard d'Estaing est justement soulignée, que les dernières ont plus ou moins dissimulée.

Plus important encore que ces corrections d'image, le mérite principal du livre tient à une remise en perspective de toute la période décrite. René Rémond excelle à percevoir les continuités profondes derrière les diversités apparentes. (...)

En disparaissant voici peu de temps, plusieurs de ces continuités nous font d'ailleurs mesurer l'ampleur du bouleversement de la fin de Notre siècle. "



Je ne peux citer tout l'article, mais c'est signé Maurice Duverger qui, sans partager les idées de René Rémond je pense, développe sans aucun doute une même finesse d'analyse quant à L Histoire politique du XXème siècle.
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Paris : Deux mille ans d'histoire

Jean Favier chez les éditions Fayard, c'est une grande histoire ... non pas d'amour, mais de gros sous, c'est certain. Avant de voir poindre Pierre Cauchon, Saint-Onuphre et consorts et deux ans après avoir bouclé son Histoire de France en six volumes, le fameux historien médiéviste français nous offrait une monographie particulièrement conséquente : Paris, deux mille ans d'histoire. Ouvrage à fort pouvoir publicitaire, cette synthèse est malgré tout impressionnante. Bien évidemment, on retrouve l'érudition inhérente à l'auteur ; bien sûr, les défauts sont ceux d'une monographie qui veut courir après l'Histoire sur environ deux mille années bien remplies. Bref, qu'on aime ou non l'auteur et/ou la capitale française, la tentative d'une monographie complète sur ce sujet est tout de même à saluer et l'ensemble se lit, certes à l'aide de longues pauses, mais sans indigestion. Impératif pour toute recherche sur notre vieille capitale.
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Philippe le Bel

De la Tour de Nesles à une monnaie unique, les prélats se succèdent à la barre pour en devenir accusé.

Le Temple est dissous d'une main de fer, l'équilibre de la puissance se rétablit.

Les liens d'hier avec la papauté se rompent et le siècle change.

Les monnaies se déstabilisent, les émeutes se font sourdre mais le pouvoir se tait et réprime.

Le renouveau se fait entre peurs et colères et une certaine idée de la monarchie absolue voit le jour.
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La guerre de Cent Ans

Un des hymnes à la joie dont Schopenhauer a le secret "aujourd’hui est mauvais, et chaque jour sera plus mauvais jusqu'à ce que le pire arrive" pourrait figurer au fronton de ce livre. La guerre de cent ans ou les quatre cavaliers de l'apocalypse.... Sans doute la période la plus noire de l'histoire de la France par la conjonction de calamités et de souffrance infligées à la population et leur durée, même si bien évidemment la France d'avant ce conflit et d'après était tout sauf un jardin d'Eden. Il n'est bien sur pas possible de résumer les événements savamment rapportés par l'auteur et dans un style très vivant. On rappellera qu'à l’origine il y a la catastrophe Aliénor d'Aquitaine et son patrimoine légué à la couronne d'Angleterre, cette crise de succession capétienne provoquée par l'orgueil irréfléchi de mâle des fils de Philippe le Bel, popularisé dans la saga des rois maudits. Dans ces événements il y a un parfum de théorie du chaos, là ce n'est pas l'aile du papillon qui déclenche la tempête mais le bruissement de robes d’épouses royale et princières enlevées qui entrainent la catastrophe...

Comme il est exposé dans ce livre eu égard aux us et coutumes de l'époque, la revendication d'Edouard III au trône de France n'était pas si infondée que cela. Ce qui est sur c'est que cette crise n'aurait pas pris cette dimension sans les querelles personnelles des "grands" du royaume de France. avides de pouvoir. On voit ainsi ai fil de ces décennies les nobles grands et petits, changer de camp, en permanence au gré des fortunes, des offres diverses.

On voit aussi les bourgeois et les populations urbaines, notamment à Paris en perpétuelle révolte, pratiquer la politique du pire pour des avantages corporatistes. Et dans ce contexte, on assiste à la passivité des souverains faibles d'esprit et de ressources, condamnés à louvoyer encore et encore dans des chemins tortueux à l'image d'un Charles VII. La figure de Charles V pourrait faire exception.

Plus qu'une guerre franco anglaise ce fut d'abord et avant tout une affaire franco-française, faut-il rappeler que l'université de Paris par exemple a condamné Jeanne d'Arc et a joué un rôle actif dans son triste sort ?

Sur le plan militaire alors qu'en théorie les forces étaient largement en faveur des Français, on assiste à une série de désastres où le destin d'un royaume se joiue en deux heures (Crécy, Poitiers...) par la conjonction d'incompétence et la suffisance des responsables de l'armée, de la légèreté des souverains.

Le lecteur aurait tort de voir le récit de ces événements affligeants comme une sorte de reportage dans le temps sur des mœurs d' australopithèques.

Avec cette avidité de pouvoir, de prestige, de richesse à tout prix, quitte à comploter, à trahir, en cette période actuelle de crise de civilisation majeure, le lecteur est en territoire très familier.

Ce livre mérite la note maxi par le travail monumental de synthèse de l'auteur qui rend accessible et compréhensible cette période et ses événements passablement alambiqués
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Les Plantagenêts : Origines et destin d'un em..

Un livre d'histoire très, très documenté, presque trop pour moi. Mais pas que. nous apprenons a travers une tonnes de noms, une partie de l'histoire de France qui n'est pas souvent abordée. Comme la naissance des " villes". La genèse de notre pays. Le rôle des féodaux etc....
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Les grandes découvertes : D'Alexandre à Magellan

Avis mitigé sur ce livre pourtant passionnant à bien des égards. Cependant, beaucoup de chapitres sont très intéressants et m'ont fait découvrir bien des choses ou au moins remis en mémoire des faits importants dans la construction de notre histoire mais d'autres, malheureusement, m'ont beaucoup moins plu également, un peu rébarbatifs pour certains, un peu laborieux pour d'autres.

J'aime beaucoup ce grand historien qu'est Jean Favier mais je me suis laissée avoir par le titre les Grandes Découvertes, pensant voyager à travers les mers et les océans, ce qui vrai pour une partie, mais Jean Favier a vu grand en parlant des Grandes Découvertes au sens large, c'est-à-dire de la découverte de la monnaie, des instruments de mesures, des hommes en général en passant par les religions et les mœurs de chacun, bref, les grandes découvertes du monde dans son entier.

D'où mon sentiment mitigé mais il faut tout de même avouer que Monsieur Favier reste un grand conteur, un grand historien et parvient à expliquer le monde justement d'une façon tellement simple qu'on le lit comme un roman!
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La guerre de Cent Ans

LE livre concernant la guerre de cent ans ! Jean Favier a analysé tous les paramètres de cette période...société, politique, économie, relations internationales, problème dynastique...Une grande leçon d'Histoire.
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Philippe le Bel

Il s'agit d'une étude extensive et savante sur le règne de Philippe le Bel par un spécialiste.

Le plan suivi n'est pas chronologique mais méthodique. Ce qui pose quelques difficultés au lecteur non suffisamment initié (tel que moi), surtout quand il s'agit de suivre le cours des évènements ou de se souvenir des noms propres (l'index aide, bien-sur).

Encore, plusieurs termes et notions nécessitent une connaissance préalable du droit médiéval, et le chapitre sur les monnaies de l'époque a été un peu compliqué.

Ainsi, un lecteur plus spécialisé aurait trouvé plus de plaisir. Mais celà ne veut pas dire que le lecteur profane n'en sort pas avec une meilleure compréhension de l'histoire de la France et de l'Europe médiévale.

J'en sors avec l'impression que Philippe le Bel a été un roi qui a aidé à l'affirmation de la monarchie française, vis à vis des autres nobles français et vis à vis de l'Europe et de la Papauté, mais, qui en même temps a eu plusieurs difficultés d'ordre financier et économique.
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La guerre de Cent Ans

Cet affrontement d’un siècle entre la France et l’Angleterre ( encore que ces dénominations soit sujet à caution) est d’un rare complexité par sa longueur , par les rebondissements et les péripéties, par l’entrelacement des allégeances féodales et des alliances circonstancielles . Le grand historien qu’est Jean Favier s’efforce de l’éclairer mais aussi d’en montrer le substrat social , économique et civilisationnel. Remarquable travail ;
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