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Critiques de Jean Hatzfeld (263)
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La stratégie des antilopes

Un livre que j'ai lu il y a quelques jours et je suis toujours sous le choc... Hatzfeld nous emmène au coeur du génocide rwandais à travers les témoignages de victimes mais aussi de bourreaux. A la fin, on ne peut s'empêcher de penser que la réconciliation est impossible et que cela peut recommencer...
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La stratégie des antilopes

Je n'ai pas lu les précédents livres de Jean Hatzfed, et n'avais entendu parler de ce livre qu'à cause du prix reçu et non de son contenu.

Je n'aime pas trop les témoignages habituellement. Mais là ce sont de multiples témoignages réunis et ordonnés par l'auteur, commentés, replacés dans le bon contexte, qui se lisent tout seuls. Enfin, si on peut dire.

Car ce qu'ils racontent ces rescapés et ces anciens tueurs ne se lit pas si facilement. Cette cohabitation forcée mais nécessaire nous est incompréhensible.

C'est fort, cela raconte un génocide méconnu.

Pour se souvenir, et chercher les raisons qui font que la vie continue.



Un livre à recommander pour que les petites histoires permettent que la Grande ne reproduise pas de si innommables massacres.
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La stratégie des antilopes

La stratégie des antilopes , titre qui m'a intriguée , attirée par son côté mystérieux , poétique , qui évoque hélas une réalité horrible , je parle du genocide rwandais , le massacre des Tutsis par les Hutus en 1994 .La stratégie des antilopes c'est ce qui a permis à certains de survivre , gibier humain traqué impitoyablement , devenus du jour au lendemain des personnes à tuer , certains ont couru sans relâche d'un endroit à l'autre , dans les marais et dans les forêts , comme le font les antilopes traquées

Ce livre qui n'est pas un roman mais plutôt une succession de témoignages , de paroles recueillies de survivants et de bourreaux , pas de sensationnel , pas de phrases choc mais les mots d'hommes et de femmes , des Hutus et des Tsutsis , qui doivent vivre ensemble , revivre ensemble plutôt dix ans après les horribles massacres à coup de machettes .

En effet , le gouvernement à décidé de libérer la majorité des anciens ´coupeurs ´ , c'est à dire , les Hutus qui ont massacré leurs voisins , amis , parfois même des parents .

Ce qui m'a interressé dans ce récit ce n'est pas le côté historique , pour ceux qui ça intéresse , il y a de nombreux articles disponibles sur internet , non c'est le côté humain , c'est de voir comment anciennes victimes et anciens bourreaux sont obligés de cohabiter .

Comment vivre près de celui qui a massacré votre famille ? , faut - il faire semblant de pardonner , faire semblant d'éprouver des remords pour les autres .

L'auteur ne dénonce rien , ne prend pas parti , tout au plus , donne la parole aux habitants qui doivent assister à des réunions de réconciliation , réunions voulues et monnayées par les pays occidentaux .

Et puis un des côtés fascinants de cette lecture , c'est de se rendre compte que la chance ou la malchance ne suit pas toujours une logique bienveillante , il y a des victimes qui ont tout perdu et qui ont pu reconstruire une vie meilleure qu'avant le massacre , d'autres qui peuvent à peine survivre car elles se retrouvent seules au monde , ce qui est inimaginable dans la mentalité africaine , des anciens bourreaux qui s'en tirent plus ou moins bien , toutes les cartes sont distribuées de façon totalement aléatoires .

On ressent aussi très fort le rôle important de la famille , de la réconciliation obligatoire entre les maris et femmes , la famille est le socle de la société et la réconciliation difficile mais nécessaire entre les deux ethnies , le pays a besoin de tous .

Toutes les personnes rencontrées disent qu'il faudra une génération pour que les blessures guérissent .Livre tout en nuances , en interrogations , qui oscille entre espoir et vision plus pessimiste de l'être humain , certains dans le camp des victimes , osent dire l'impensable , ce que nous occidentaux ne voulont pas entendre , un autre genocide est toujours possible , il faut si peu de choses pour que ça recommence .

Avant de terminer ma critique , je ne peux m'empêcher de mentionner le magnifique film Hotel Rwanda , un film inoubliable .

Voilà je termine ici ma critique , vous l'avez compris j'ai apprécié ce livre et vous le recommande .
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La stratégie des antilopes

Il s’agit ici d’écouter parler tous ceux là, les rescapés, les survivants, tous ceux qui ont usé de stratégies pour survivre aux tueries perpétrées contre leurs familles et les leurs lors du genocIde de 1994.

Ce livre est un documentaire, l’écriture est journalistique.

Je vis à Kigali et comme à chaque fois, je m’instruis, je recherche, je lis l’histoire des uns pour comprendre le comportement qui en découle... l’histoire des hommes. Mais il serait dommage de résumer le Rwanda à cela. Alors parfois je lis un peu jean hazfeld et parfois je m’arrête et je me divertis avec une àutre lecture. Pàrce que le rwanda ce nest pàs que celà..
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La stratégie des antilopes

Une œuvre magistrale, qui porte en elle toutes les voix d'un pays divisé à jamais. Jean Hatzfeld réussit l'exploit de s'effacer complètement derrière ses personnages pour nous livrer un témoignage complet, délicat et toujours juste des conséquences du génocide rwandais. La remise en forme des interviews est lumineuse, guidée par un esprit nuancé qui sait obtenir des éléments sans être indiscret. Tous les sentiments, toutes les humiliations sont mises à plat et pourtant le pathétique n'a pas sa place dans cet ouvrage, alors que le sujet s'y prêterait volontiers. C'est là toute la force et le génie de l'auteur qui prouve non seulement sa qualité d'écrivain mais aussi d'être humain.
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La stratégie des antilopes

J'avais beaucoup aimé "Une saison de machettes" et "Dans le nu de la vie", lus il y a longtemps. Malheureusement j'ai trouvé que ce dernier titre n'ajoutait pas grand-chose aux deux premiers.
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La stratégie des antilopes

Sujet difficile.



Comme toujours plongeant dans le livre sans en rien savoir, je me retrouve cette fois complètement ébahie.



Rwanda, mai 2003. Les tueurs hutus qui ont avoué leurs forfaits sont libérés, presque 10 ans après le génocide. Sous l'oeil hagard et incrédule des Tutsis qui ont survécu au massacre, ils reviennent chez eux. C'est la seule solution pour sauver le Rwanda du désastre économique, ces deux communautés, hutue et tutsie étant complémentaires dans la gestion de la terre et du bétail. Tueurs et rescapés sont condamnés à vivre ensemble en bonne intelligence...



C'est le troisième livre que Jean Hatzfeld consacre à ce sujet, Dans le nu de la vie et Une saison de machettes en évoquaient déjà deux facettes, livres qui comme celui-ci avaient été primés.



La stratégie des antilopes parle de la situation aujourd'hui. Récit entrecoupé de témoignages de tueurs et de rescapés, avec le vocabulaire craquant propre aux Africains. Je vous le conseille vivement.



Incrédulité, horreur, honte et culpabilité ont été mes sentiments lors de cette lecture. Où étais-je en 1994? Sur une autre planète? Pourquoi ça ne m'a pas interpelée, ou de si loin? Même sur l'île de Gorée, au Sénégal, dans la maison des esclaves, lieu duquel s'embarquaient les esclaves envoyés en Europe ou en Amérique, où j'avais été anéantie par ces mêmes sentiments, pas une pensée pour le Rwanda ne m'avait effleurée...



J'ai encore tellement à apprendre. Et à faire.



is@2008



http://bulleglob.lalibreblogs.be/archive/2008/01/27/la-strategie-des-antilopes.html



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La stratégie des antilopes

L’auteur, journaliste, retourne manifestement régulièrement au Rwanda depuis 1994, l’année du sinistre génocide au cours duquel 800 000 Tutsis ont été massacrés, coupés à la machette par leurs compatriotes, voisins, amis d’enfance hutus.

A la lecture de ce texte j’ai compris qu’il avait déjà écrit « Dans le nu de la vie » qui racontait par la voix des rescapés les 12 semaines épouvantables de tueries et dans « Une saison de machettes » la version des génocidaires rencontrés dans leur prison.

Quand en 2003, les portes de celles-ci s’ouvrent, c’est une ère nouvelle qu’entame le pays des mille collines, les milles collines quelle belle image pour désigner ce petit pays qui a vu une partie de son peuple se transformer en chasseur quand l’autre partie devenait le gibier…

Ce volume interroge sur la possible réconciliation des Tutsis et des Hutus car l’injonction vient du gouvernement. Il faut pardonner ! Mais comment y arriver ? Comment accorder à nouveau sa confiance ? Comment ne pas trembler quand au hasard d’un chemin, d’une piste on croise « l’avoisinant qui a coupé » toute votre famille, vous a poursuivi dans la montagne, pourchassé dans les marais ?

Jean Hatzfeld donne tout à tour la parole aux uns aux autres, parfois, leurs voix se mêlent donnant à comprendre toute la difficulté de ce défi. Car le Rwanda, si petit qu’il soit a besoin des bras robustes des Hutus, a besoin que les machettes défrichent les parcelles à l’abandon, que les forces hutues cultivent cette terre. Non pas que les Tutsis soient des feignasses, ce sont des pasteurs. Eux produisent lait et viande.

Il y a quelque chose de terrible que de lire les ressentis des victimes face à face à nouveau avec leurs bourreaux.

Il y a quelque chose de révoltant dans les excuses (Pas de pardon, non. Personne ne demande pardon !) que l’on devine peu sincères formulées par les génocidaires qu’ils avancent par calcul, pour sortir de prison, reprendre leur vie comme si quasiment rien ne s’était passé.

Il y a quelque chose comme de l’injustice à deviner le désarroi des rescapés qui voient les monstres d’hier redevenir prospères alors qu’eux tentent tant bien que mal de recommencer leur vie.

Il y a quelque d’effroyable de saisir le contraste entre la douceur du Rwanda et la folle brutalité du printemps 94.

Bouleversant !

Merci au Challenge Solidaire qui a suggéré la lecture de cet auteur que je ne connaissais pas. Je lirai probablement les 1ers récits qu’il a consacré au Rwanda

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La stratégie des antilopes

La stratégie des antilopes poursuit le travail engagé avec une saison de machettes puis dans le nu de la vie. Le temps du récit est si l'on veut passé, il s'agit maintenant pour Jean Hatzfeld de tisser des mots entre les êtres, entre bourreaux et survivants, qui doivent à nouveau cohabiter. Ce livre n'est donc plus tourné vers les événements, mais résolument porté à mettre des mots sur l'imprescriptible. Il s'agit de crimes contre l'humanité, mais aussi de regards de voisins revenus, rescapés ou libérés de prison. Le nombre invraisemblbale de bras abrutis par la besogne du génocide rend le chemin de la réconciliation multiple, complexe, et pourtant quotidien. Le pays ne peut se passer ni des uns ni des autres. Outre les instigateurs recherchés par la justice internationale, nombreux sont ceux qui sont condamnés à retrouver une vie normale, faite des regards de leurs voisins.

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La stratégie des antilopes

Ce livre est le troisième de Jean Hatzfeld sur le génocide au Rwanda. Le premier " Dans le nu de la vie " donnait la parole aux rescapés ( les Tutsies) de ce massacre de 1994. Le second "Une saison de machettes" nous livrait le témoignage des meurtriers (les Hutus) alors qu'ils sont en prison. La genèse du troisième part de la libération du pénitencier de Rilma en 2003 quand Ils reviennent s'installer sur leurs parcelles de terre a coté de leurs anciennes victimes. Le livre entremêle les témoignages des victimes et des tueurs douze ans après le génocide. Le Rwanda est lancé dans une politique de réconciliation car sans la force de travail des Hutus que deviendrait le Rwanda? Mais si cette réconciliation est souhaitable économiquement pour le pays , elle est impossible car qui pourrait imaginer que les rescapés peuvent voisiner avec ceux qu'ils ont vus dans les marais ou les forêts tuer leurs parents, leurs femmes, leurs maris, leurs enfants ? La politique les obligent a vivre en bonne entente mais on sent sous cette contrainte poindre des deux cotés l'envie et la jalousie. La question que l'on se pose a la fin de la lecture c'est :"Et si tout recommençait ?" car on sent que l'équilibre est précaire. On sent que la rancune et la colère sont toujours là et que les Tutsies et les Hutus ont beau cohabités , il suffit d'une étincelle pour que tout cela s'embrase de nouveau.

Quand on pose ce livre , on se dit que le problème du Rwanda ne sera pas réglé rapidement, il faudra attendre qu'une nouvelle génération arrive et qu'elle arrive a faire table rase de ce passé sanglant mais cela sera difficile.

Trés beau livre a la fois touchant , bouleversant et très dure
Lien : http://desgoutsetdeslivres.o..
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La stratégie des antilopes

La parole est donnée aux bourreaux et aux victimes pour savoir comment se passe, quelques décennies plus tard, l’après génocide et la mise en œuvre de la réconciliation. Les témoignages, bien que très variés suivant les personnes, sont souvent plein de sagesse.



Cependant, ce livre reste ce qu’il est, une photographie figée de l’âme et du cœur de chacun à un moment donné. Aucun recul, aucune explication qui puisse éclairer ce qui a pu se passer dans la tête de ces voisins qui, pour certains, se connaissaient depuis les bancs de l’école, ni sur l’organisation implacable de ces tueries (juste quelques allusions au détour d’une phrase).



Mais bien sûr, ce travail fait par l’auteur est indispensable.
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La stratégie des antilopes

J'ai passé près de quinze jours sur ce récit, parce qu'il m'était impossible de lire plus de deux chapitres de suite.



Il s'agit de témoignages de Rwandais des deux ethnies, recueillis plus de dix ans après le génocide qui a fait plus de 800 000 morts dans le pays. C'est le dernier opus d'une trilogie qui a commencé par "Dans le nu de la vie" (témoignages de rescapés du génocide) suivi de "Une saison de machettes" (témoignages de tueurs). Dans ce troisième volet, on retrouve les protagonistes des deux premiers.



La genèse de ce livre est une décision du gouvernement rwandais de libérer 40 000 détenus Hutus, condamnés en grande majorité pour leur participation au génocide de 1994. Jean Hatzfeld a éprouvé le besoin de retourner voir comment était vécue cette décision.



On peut imaginer l'émoi qu'a pu susciter la libération des tueurs au sein de la population Tutsie ! Une politique de réconciliation a été mise en place par le gouvernement mais à quel prix cette cohabitation est-elle possible ? Ces témoignages montrent à quel point il est compliqué et douloureux pour les rescapés de croiser dans la rue ou d'avoir pour voisins leurs anciens persécuteurs. Les blessures ne sont pas refermées mais il faut bien vivre ensemble ou du moins côte à côte.



Le livre évoque cette cohabitation mais revient aussi sur les massacres. Le point de vue des deux ethnies est exposé. On ne peut qu'être sidéré et écoeuré par ce qui s'est passé. Les survivants parlent des victimes en employant constamment le mot "coupé". C'est effrayant de lire dans un témoignage : "ma voisine et son bébé ont été coupés" ou "ils ont coupé ma soeur".



C'est une lecture certes éprouvante mais utile pour comprendre ce qu'a pu être le dernier grand génocide du XX e siècle. Il est également intéressant d'entendre les témoignages de l'après : la reconstruction et la réconciliation à la fois obligatoires et impossibles.



Ce n'est pas une lecture très gaie en cette période de Noël. En cours de lecture, je me suis demandée pourquoi je m'imposais cela. Je crois que si je suis allée jusqu'au bout, c'est parce je ne me sentais pas le droit d'abandonner ces rescapés. Je pouvais bien faire cet effort, comme celui d'écouter le témoignage des tueurs, pour essayer de comprendre comment une telle abomination avait été possible.



Un recueil de témoignages sur le génocide au Rwanda, éprouvant mais instructif.
Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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La stratégie des antilopes

Troisième volet de la trilogie rwandaise : une réconciliation entre bourreaux et victimes ?



Troisième volet de son terrible récit à propos du génocide rwandais. Après "Dans le nu de la vie" (2000), où il recueillait avec une extraordinaire sensibilité les témoignages des survivants des collines de Nyamata, puis "Une saison de machettes" (2003), où avec une étonnante détermination il parvenait à faire parler les génocidaires enfermés dans le pénitencier de Rilima, le voici qui relate en 2007, toujours principalement par la voix des acteurs eux-mêmes, le retour des génocidaires ayant avoué, graciés après 7 à 10 ans de prison dans le cadre de la politique officielle de réconciliation, sur le lieu de leurs "exploits", leurs réactions et celles des survivants confrontés à cette situation...



"On formait une ligne de deux mille prisonniers. Chemin faisant, on entendait des amitiés, des moqueries ou des railleries, raison pour laquelle on rentrait nos chants pour ne pas attiser l'attention. Je me disais dans mon for intérieur : C'est incroyable, avoir pitié de nous à ce point-là, ça ne devrait pas exister."



"Au centre, ce n'était plus chaud comme auparavant. La pauvreté et le découragement avaient nettoyé les petits cabarets des bons mots. Toutefois, je voyais que les deux camps avaient été sévèrement sensibilisés. Les Hutus avaient appris à raccrocher leur méchanceté, les Tutsis à raccrocher leur rancune."



"Au fond, qui parle de pardon ? Les Tutsis, les Hutus, les prisonniers libérés, leurs familles ? Aucun d'eux, ce sont les organisations humanitaires. Elles importent le pardon au Rwanda, et elles l'enveloppent de beaucoup de dollars pour nous convaincre."



"On demandait : que se passe-t-il de nouveau ? Les gouvernants épaulent les Hutus, ils ne nous regardent plus, ils ne nous considèrent aucunement. Comme on ne pouvait montrer de colère, on échangeait des blagues. On racontait : au fond, la chance aime les Hutus : ils tuent, ils ne sont pas tués ; ils s'enfuient au Congo, ils sont ramenés gratuitement ; ils vont en prison, ils sortent gras et bien reposés ; ils brûlent nos maisons, ils retrouvent les leurs sans anicroches, avec à l'intérieur les épouses pour cuire la marmite et faire les amitiés nocturnes."



Dans ce troisième volet, Hatzfeld, avec toujours le même art extraordinaire de susciter et sobrement mettre en scène les confidences, poursuit, avec peu à peu le recul que le temps introduit, sa bouleversante quête du comprendre et du rendre dicible l'indicible... Une œuvre qui remue nécessairement en grande profondeur le lecteur.

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La stratégie des antilopes

Comment survivre à la tragédie du Rwanda ??

A travers divers témoignages, habilement mis en scène, Jean Hatzfeld nous fait découvrir ce qu'a été ce génocide des tutsis par les Hutus

Ils se connaissaient, étaient voisins, anciens camarades d'école... mais une furie savamment orchestrée, s'est emparée des uns qui massacrèrent les autres

Comment peut-on vivre à nouveau ensemble après cela?

Le repentir et le pardon peuvent-ils être sincères?

Autant de questions qui sont abordées avec beaucoup de pudeur et délicatesse

Une bonne approche du Rwanda d'aujourd'hui

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La stratégie des antilopes

Livre interessant mais cependant decevant car pas assez bien presente au debut. L'ensemble reste confus.
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La stratégie des antilopes

Rwanda 2003, les Hutus ayant participé aux massacres des Tutsis sont libérés et reviennent vivre à coté des survivants Tutsis des massacres. La politique nationale de réconciliation l’a décidé, poussée par les grandes puissances qui ont financé la reconstruction et les programmes alimentaires.Jean Hatzfel a écrit en qualité de journaliste-écrivain deux autres livres sur le Rwanda. Il a publié « Dans le nu de la vie » en 2000, ouvrage dans lequel il collecte les souvenirs des survivants Tutsi. Deux ans plus tard paraît « Une saison de machettes » , dans lequel il « passe de l’autre côté » et retranscrit ses conversations avec des Hutus emprisonnés, condamnés pour crimes de guerre. N’ayant pas eu connaissance de ces deux autres livres, je ne les ai pas lu avant de lire celui-ci, trouvé par hasard.



L’auteur écrit dans « La stratégie des antilopes » un livre de témoignages des deux parties d’une part et de réflexions communes d’autre part sur cette réconciliation voulue par les pouvoirs publics, sur les conditions de la justice face à ce génocide, à tous les génocides.Témoignages d’une part des Tutsis qui se souviennent de ces semaines où, cachés dans les marécages, tels des animaux, ils craignaient l’arrivée des Hutus qui « coupaient » à la machette, ils fuyaient devant eux en courant dans tous les sens : « la stratégie des antilopes »…Il leur est impossible de pardonner, « Le temps nous oblige à tout avaler ». Ils ont l’impression que leur souffrance n’est pas reconnue : « La chance aime les Hutus : ils tuent, ils ne sont pas tués; ils s’enfuient au Congo, ils sont ramenés gratuitement ; ils vont en prison, ils sortent gras et bien reposés ; ils brûlent nos maisons, ils retrouvent les leurs sans anicroche, avec à l’intérieur les épouses pour cuire la marmite et faire les amitiés nocturnes »

Témoignages d’autre part des Hutus trop contents d’être libérés, qui parlent, mais ne demandent pas pardon, « J’ai été chargé, j’ai été condamné, j’ai été gracié. Je n’ai pas demandé pardon. Au fond, ça ne vaut pas la peine de demander pardon, s’il ne peut être accepté », qui minimisent ce qu’ils ont fait, qui en cachent une partie, qui oublient pour ne pas être de nouveau rattrapés par leurs crimes. Ils n’en parlent qu’entre eux.

Témoignages des deux parties qui suffisent largement à comprendre l’horreur de ce génocide : dans tous ces témoignages un mot employé par tous, acteurs comme victimes : le verbe « Couper »….Dans ces conditions cette réconciliation est-elle possible, est elle illusoire? Dans quelques décennies disparaîtront avec le temps, les survivants, mais la méfiance réciproque entre ces deux communautés disparaîtra t-elle ? Certes il y a des mariages inter-communautés, mais n’est ce pas une réconciliation de façade, une réconciliation fragile, dépendant d’aléas extérieurs? Le feu peut il repartir? Et là encore les témoignages sèment le doute. « La réconciliation, ce serait le partage de la confiance. La politique de réconciliation, c’est le partage équitable de la méfiance »

Un livre fort qui ne peut laisser personne indifférent, sur cette tragédie, une réflexion sur les conditions d’une justice presque impossible en réponse à ces génocides : « Rendre justice serait de tuer les tueurs, mais ça ressemblerait à un autre génocide, ce serait le chaos…..la justice ne trouve pas sa place après un génocide, parce qu’il dépasse l’intelligence humaine……on peut seulement regretter qu’ils ne montrent jamais ni regrets ni bon cœur «

« La justice passera par l’application de la loi et la loi jetterait le pays par terre »

.. Tout est dit…
Lien : http://mesbelleslectures.com..
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La stratégie des antilopes

La réconciliation peut-elle se faire sous la contrainte? Pardonner est-il possible quand on a vu sa famille se faire décimer et quand on a vécu au rang de bête traquée, la menace de la mort toujours plus proche?

C'est autour de ces questions que Jean Hatzfeld tente de nous faire réfléchir, sans jamais prendre d'autre parti que celui de rendre compte. Dans ce livre, les récits s'enchaînent. D'un côté ; ceux des Tutsis, qui racontent le génocide, vécu dans leur âme et dans leur chair. Avec des mots simples, ils nous entraînent dans l'horreur mais aussi dans leur périlleux exercice de résilience, sous fond d’obéissance à la patrie puisqu'on a décidé pour eux tous en libérant leurs bourreaux. Le pays doit continuer à vivre et a besoin de toutes les forces humaines. Cette abnégation dont ils font part m'a laissé sans voix.

Les récits des Hutus sont plus "policés". Ce sont des "repentants" aux yeux de leur pays et ils doivent agir en fonction. Si certains n'abordent pas les massacres, d'autres décrivent très bien comment il peut être facile d'emprunter le chemin de la haine et de suivre le groupe.

J'ai aimé cet ouvrage car il délivre une parole vraie, au plus proche, je le pense, de l'authenticité. L'auteur met en avant le contexte historique des années après le génocide.

Les récits des Tutsis forcent l'admiration et nous renvoient indubitablement à cette question: comment avons-nous pu laisser faire cela?

Un livre essentiel à mon avis, pour ne pas oublier.
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La stratégie des antilopes

« La stratégie des antilopes » est le troisième livre de Jean Hatzfeld consacré au génocide au Rwanda en 1994 et qui prend la suite des deux précédents, « Dans le nu de la vie » et « Une saison de machettes ». Si le premier était consacré au recueil des témoignages des rescapés et le second à ceux des tueurs hutus, ce dernier ouvrage revient, quelques années plus tard, vers tous les personnages des deux précédents tomes, hantés par le souvenir des fantômes qui les entourent désormais.



En janvier 2003, un communiqué officiel inattendu du président rwandais annonce à la radio la libération d'une première vague de 40 000 détenus, tous des grands tueurs condamnés pour génocide, dans six pénitenciers du pays. C'est suite à cette décision que le journaliste retrouve sur les collines entourant Nyamata la bande de Hutus qui a participé à « Une saison de machettes », au côté des rescapés tutsis qu'il avait interrogés dans son premier livre.

Car après le sang et l'horreur, un nouveau voisinage hallucinant s'instaure, celui des bourreaux et des victimes. Tous doivent réapprendre à vivre ensemble au nom de la réconciliation nationale. Cette « réconciliation » est avant tout politique afin de reconstruire un pays qui, pour se relever de ses cendres, a besoin des Tutsis tout comme des Hutus, si ce n'est plus. Parcelles en friche, femmes hutus trop longtemps seules, manque de cultivateurs,… si le pays doit renaître, cela ne peut être qu'avec l'aide des anciens tueurs qui sont une main d'oeuvre et une force vive non négligeable.



Jean Hatzfeld découvre et nous décrit cette cohabitation forcée jamais vue auparavant. D'un ton toujours neutre, l'écrivain interroge, observe et laisse avant tout la parole à ses interlocuteurs. Si l'amour et le respect du journaliste pour ce pays transparaît à travers ses mots, il reste clairvoyant sur la situation présente, extrêmement éprouvante pour les rescapés.

Contraints les uns comme les autres à se croiser, voire à se reparler, Hutus et Tutsis réagissent différemment mais tous ont eu des consignes de la part des autorités. Tandis que les tueurs doivent se faire humbles et discrets, serviables et repentants ; les rescapés, eux, doivent se montrer conciliants et montrer bonne figure… au nom de l'avenir du Rwanda. C'est seulement dans l'intimité de leur foyer que les rescapés osent exprimer au journaliste leur colère et leur tristesse, ainsi que leur immense frustration de ne pouvoir dire clairement ce qu'ils ressentent. N'ayant pas le droit de parler directement à un Hutu des tueries, ils sont lésés de leurs paroles tout comme de leurs émotions.

Si les « gaçaça », anciens tribunaux populaires remis en vigueur dans les villages face à la pénurie de magistrats, permettent aux victimes d'obtenir des aveux de la part des tueurs, ils restent controversés et insuffisants. Mise en scène, mascarade, beaucoup n'y voient qu'un moyen pour les anciens génocidaires de livrer une partie de la vérité mais surtout d'obtenir un pardon politique bien facilement gagné.



Ce troisième ouvrage nous décrit donc le Rwanda post-génocidaire, un Rwanda qui peu à peu reprend vie, retrouve les couleurs de ses marchés, s'ouvre à la modernité mais qui reste peuplé d'une population traumatisée et scindée en deux. Si la cohabitation, fragile, est bien là et révèle parfois des histoires encourageantes, la confiance n'existe plus entre les Hutus et les Tutsis. Les préjugés sur chacun sont d'ailleurs peut-être plus virulents qu'auparavant…Et il faudra certainement plusieurs générations avant que la vraie réconciliation ait lieu…

Enfin, dans ce livre, Jean Hatzfeld pose une question essentielle : comment se reconstruire lorsque l'on doit vivre au côté de son bourreau ? Livre sur le souvenir et le pardon, il est celui qui pousse la plus loin la réflexion sur l'humain.



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Où en est la nuit

Une enquête passionnante sur les mystères de la déchéance d'un grand sportif.
Lien : http://www.humanite.fr/29_06..
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Où en est la nuit

Alors, où en est la nuit ? Bah là il est une heure, je sais, je regarde mon réveil tous les six minutes, et je vais me coucher. Donc vous pouvez allez voir si le prix virilo a aimé ici :
Lien : http://prixvirilo.com/2011/0..
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